Cette chaleur était tout bonnement affreuse... Kihran n'était pas encore entré dans le village mais je ne voulais pas l'attendre de l'autre côté des portes : il faisait bien trop chaud sous ce soleil de plomb !

J'étais plutôt en quête des quartiers qui nous avaient été réservé pour me reposer. Je longeais presque les murs des bâtisses pour espérer trouver un peu d'ombre même si j'avais l'impression que cela ne changeait pas grand chose...

Comment allais-je faire pour tenir le coup jusqu'à la fin des épreuves ? A peine étais-je arrivée qu'il me tardait déjà de rentrer dans mon pays de verdure pour quitter ce désert infâme ! Comment faisait les gens pour vivre ici ? Ils y étaient nés, c'était là toute la différence. Ils s'y étaient accoutumés mais ce n'était pas mon cas et vu l'élémentaire d'eau que j'étais cela ne serait sans doute jamais mon cas !

Je m'engouffrais dans un dédale de ruelle sans savoir où j'allais, des perles salines dégoulinaient le long de mon visage sous l'effet de la transpiration ce qui me confortait dans l'idée que j'allais sans doute me liquéfier si je ne trouvais pas rapidement un abri !

L'examen n'avait même pas débuté que voilà que j'affrontais déjà mon destin et que je bravais la mort ! Jamais je n'aurais cru que cela aurait été un climat si difficile... Avec un peu de chance j'allais un peu « m'habituer » au fil des jours ? En tout cas il n'était pas question de renoncer quoi qu'il advienne ! J'étais là pour prouver ma valeur et non pas renoncer au premier obstacle : un shinobi devait s'adapter à n'importe quel type d'environnement. Si je parvenais à survivre à celui-ci alors j'étais certaine de pouvoir le faire pour tous.

Chaque pas me semblait un effort plus important tandis que mes pas étaient de moins en moins espacés... Mon ombre était plus petite aussi mais cela devait être mon imagination. Et mes bras plus court tout comme mes mains... euh... Mais j'étais en train de rapetisser ?! J'étais vraiment en train de me liquéfier et de mourir ?!

J'écarquillais les yeux d'horreur avant de courir pour trouver par tous les moyens un endroit loin de cette chaleur ambiante ! Il me fallait de l'eau ! Je pourrais m'en imprégner et retrouver ma forme normale !

Guettant les rues tout aussi déserte que ce Pays, je finissais finalement par apercevoir un homme marchant en toute sérénité visiblement perdu dans sa lecture. Je m'approchais vivement de lui sous mon apparence juvénile qui devait laisser penser que je devais avoir dans les dix ans, pour l'interpeller.

« S'il vous plaît ?! »

Lorsque je réussissais finalement à attirer son attention après qu'il ait compris que je m'adressais bien à lui, je poursuivais , quelques peu prises de panique.

« Vous ne sauriez pas où se trouve les quartiers pour les participants à l'examen venant de Konoha ? »

Et sans même attendre de réponse je répliquais à la hâte :

« Vous n'auriez pas de l'eau aussi ? Ou un point d'eau quelque part ? C'est le désert mais quand même... »

Et dans ma précipitation je m'excusais poliment :

« Oh ! Désolé pour toutes mes demandes mais c'est vital ! Si je ne trouve pas d'eau je vais sûrement mourir alors... »

Mon regard suppliait le sien tout en cherchant à lui expliquer sans pour autant être vraiment clair sous l'effet de l'inquiétude quant à mon état.

« En fait, je ne suis pas vraiment une petite fille... J'ai rapetissé parce que le climat n'est pas vraiment propice à ma nature ! Vous devez trouvé cela complètement fou mais vous devez me croire ! »

Tu parles ! Il devait carrément me prendre pour une folle oui !

J'explicitais mes paroles avec un aperçu, espérant qu'il ne prenne pas peur et s'enfuit à toute jambe en me laissant là... Mon bras se dématérialisa en forme aqueuse tandis que j'observais toujours sa réaction.

« Vous voyez ? »

Je ne mentais pas et je n'étais pas bonne a enfermer non plus...

Mon père m'avait informé ce matin que Konoha et ses candidats à l'examen chûnin devaient arriver aujourd'hui à Suna. En sa qualité de Jônin émérite il était au courant. Pour moi, que ce soit aujourd'hui, demain, ou une heure avant le début des épreuves, c'était pareil. Je ne leur devais rien et peu pour moi l'envie de faire ami-ami avec certains d'entre eux. Ajoutez à cela Kumo, le Shukaï et des shinobis d'ailleurs, l'examen devenait international. Il me semblait d'ailleurs que ce genre d'événement arrivait peu de fois dans l'histoire. Bien que j'avais une dent contre les Konohajins, j'étais curieux de les découvrir sur le terrain. De même que tous les autres. Ce serait enfin voir en vrai certaines des choses que j'avais lu dans des bouquins.

Je revenais donc de chez Hasharu, où j'avais bu un thé à l'orange et lui avais demandé d'emprunter un des livres de sa librairie. Un roman historique où l'on suivait une petite fille dont les parents mourraient à une époque maintenant distante. La petite était crainte par chaque personne qu'elle rencontrait car on la croyait maudite à cause du drame qu'elle avait vécu. Perdre ses parents mystérieusement n'était pas banal. Et à travers son périple on avait un bon aperçu de son époque et de plusieurs pays. Une écriture très réaliste. Enfin bref... J'étais encore perdu dans cette lecture tandis que je vagabondais dans les rues et les ruelles de notre village. Ma nonchalance devait être à un haut niveau tant je ne me souciais guère de ce qui se passait autour de moi. Encore moins de l'accueil des Konohajins qui se faisait à l'heure actuelle. Mon pas était tranquille et je n'étais pas pressé.
J'entendis alors un s'il vous plaît. Il me fallut quelques longues secondes avant de comprendre qu'il m'était destiné et découvrir une fille d'une dizaine d'années aux cheveux bleus. Elle me semblait, à première vue, fragile et paniquée. Pourtant c'était un vrai moulin à paroles, elle n'attendait même pas mes réponses mais c'était sûrement dû à son état. Je compris alors qu'elle venait de Konoha, son bandeau parlait aussi pour elle, puisqu'elle demandait les quartiers qui leur étaient destinés. Un point d'eau aussi. Visiblement c'était vital pour elle, si bien qu'elle s'excusa d'être si speed et m'en informait même. Mourir ? J'en fus étonné, et rangeai mon livre dans l'une de mes poches, alors que jusqu'à maintenant je l'avais tenu dans ma main mais en la regardant elle. Un pincement au cœur et quelques pensées négatives vinrent me perturber au souvenir du ressenti que j'avais envers Konoha et ses ninjas. Mais vu son âge cette gamine ne devait être responsable de rien en lien avec les précédentes guerres. J'allais me résoudre à lui demander pourquoi elle allait mourir quand elle m'expliqua en me suppliant du regard que c'était dû à sa nature et que le climat l'avait fait rapetissée. Je fouillais dans mes méninges rapidement pour essayer de trouver une explication.

« Je... »

Elle me coupa par une démonstration, dématérialisant son bras en forme aqueuse. Elle semblait observer ma réaction avec insistance. Je venais enfin de comprendre. Cette fille était une Gogyou d'eau. Heureusement que j'avais lu un bouquin sur le mythe qu'ils pouvaient être. Ou crainte pour le plus grand nombre. Beaucoup de Gogyou subissaient le rejet des gens normaux de par leur nature. C'est donc grâce à mes lectures que cette petite Konohajin ne me paraissait pas être celle à détester. Car moi je trouvais que les rejeter n'était qu'une grosse connerie. Je la regardai sereinement. Mon étonnement était passé.

« Je vois très bien oui. Dites moi si je me trompe, mais vous êtes une Gogyou n'est-ce pas ? »

Je n'attendis pas sa réponse moi non plus et enchaînai pour la rassurer.

« Ne vous inquiétez pas on va vous trouver de l'eau ! Vous allez pas rester comme ça. Déjà... »

Déjà je pris la peine d'abaisser la température autour de nous en une dizaine de secondes pour qu'on ne sente plus la chaleur malgré le soleil.

« Voilà qui devrait vous soulager. Venez avec moi. » dis-je en souriant.

Elle me paraissait dans le besoin et pas le moins méchante. Que les autres Konohajins ne s'attendent à ce genre de petit geste de ma part. Mais elle... Kioshi ne pourrait pas dire que je manque de respect à nos invités avec ça ! On alla jusqu'à une échoppe qui vendait de l'eau parce que c'en était la source la plus proche. La première idée qui m'était venue. Le vendeur nous annonçait qu'il n'avait que trois bouteilles en réserve parce que le reste était réservé à un riche homme venu assister aux examens. Ils se foutaient de moi ! Je soufflai un peu agacé.

« C'est bon, je prends les trois bouteilles d'eau... »

« D'accord, 20 ryos ! »

Il se foutait encore plus de moi. Lui expliquer que c'était vital pour la jeune fille, femme, aux cheveux bleus, ne servirait sûrement pas à grand chose. Sans argent, pas d'eau.

« Comment ? Vous n'avez pas monté les prix vous par hasard ? » demandai-je accusateur.

Il me répondait que c'était l'effet touristique de l'examen chûnin. Qu'il fallait profiter. Ben voyons. Je fouillais dans mon porte monnaie pour en sortir les vingt ryos à lui donner. Je trouvais ça hors de prix, moi qui n'était pas dépensier, mais tant pis. Je lui tendis l'argent qu'il récupéra avant de me donner les trois bouteilles d'eau. Je nous amenais un peu plus loin à l'ombre avant de les tendre à la Konohajin.

« Voilà pour toi, tu peux tout boire si tu veux. »

Je me grattais la tête en pensant à ce que je venais de faire. Un tel acte de bonté avec une inconnue ne m'était pas habituel. Surtout une Konohajin. L'atmosphère devait déjà moins la faire souffrir, je continuais de maintenir la baisse de chaleur. Si j'étais pas exemplaire là Kioshi...

Finalement, le Sunajin ne s'enfuyait pas et mieux encore il semblait avoir quelques connaissances sur le cas des Gogyou, ce qui, malgré ma panique, ne m'empêcha pas d'afficher mon étonnement. Je n'eus pas vraiment le temps de l'affirmer que déjà il s'enquérait de mon état et m'assurait son aide. Je me sentais confuse de le déranger mais heureuse d'avoir croisé une âme charitable.

Étrangement, la température autour de moi sembla s'abaisser drastiquement pour devenir bien plus supportable. Surprise, je regardais autour de moi, pensant qu'un appareil quelconque le permettait, après tout ils avaient ici des Saibogu, puis tournait finalement mon regard vers lui tout en arquant un sourcil.

« C'est vous qui venez de faire cela ?! »

J'étais ébahie. Cela existait une telle maîtrise ? Peu importait en fait mais ce gars venait littéralement de m'offrir une vraie bénédiction. Dommage que je ne sois pas capable d'en faire autant moi même ou de l'avoir sous la main une bonne partie de mon séjour car cette faculté me serait d'une grande utilité !

Le jeune homme souriait tout en me demandant de le suivre pour aller chercher de l'eau, ce que je m'empressais de faire. Nos pas nous menèrent à une échoppe, le tout dans un climat qui ressemblait davantage à celui que je côtoyais au quotidien.

Les propos que tenaient le marchand était tout simplement aberrant... De l'eau il en avait mais elle était « réservée » à un individu riche qui avait pris soin d'en acheter presque tout le stock ! Ces rupins m'énervaient au plus haut point... Sous prétexte qu'ils avaient de l'argent ils se sentaient en droit de priver autrui de ressources pour le confort de leur propre petite personne... C'était vraiment le genre de comportement qui me dégouttait... Enfin bon, il restait tout de même trois bouteilles d'eau, ce qui devrait être suffisant pour me faire aller déjà bien mieux !

Le prix était d'autant plus exorbitant... J'imaginais alors que l'eau devait effectivement être une denrée rare dans ces contrées désertique d'où son tarif mais visiblement même le magicien du climat semblait surpris et se considérait volé... Ce à quoi le marchand répliqua que la venue de touriste était un bon moyen pour faire des affaires donc oui il ne s'était pas gêné pour accroître le prix de ses marchandises...

Non seulement je prenais du temps à cet homme mais également son argent... Eh ben, cela commençait bien... J'aurais pu difficilement faire pire...

Finalement, nous nous posions dans un coin ombragé tandis qu'il me tendait les bouteilles en m'assurant que je pouvais tout boire si je le voulais. Il n'avait donc visiblement pas soif... Ces bouteilles étaient comme le Saint Graal ! Mes yeux pétillaient presque de bonheur devant elles : j'étais sauvée !

Ni une ni deux, je débouchais la première bouteille et, plutôt que de la porter à mon gosier, la vidait au dessus de ma tête, me sentant presque renaître à son contact. Dégoulinante, j'attrapais la deuxième bouteille et lui fit subir le même châtiment, prenant soin de verser l'eau sur mes épaules, mes bras et mes jambes pour être certaine d'avoir humidifié la moindre parcelle de peau qui aspirait déjà le liquide pour se revigorer. Je bus en revanche la dernière bouteille normalement, la descendant rapidement.

Tandis que je buvais, je sentais mon corps se remodeler pour retrouver mon apparence normale si bien que je vérifiais en observant mes bras et mes mains qui semblaient bels et biens avoir retrouvé leur forme première. Pleine de joie d'être sauvée, je souriais sans vraiment m'en rendre compte avant d'observer le Sunajin, qui, pour ce spectacle étrange, devait me trouver encore plus bizarre encore qu'il n'avait pu le croire...

Gênée, je me grattais la joue distraitement tout en le remerciant.

« Euh... Merci... Pour tout ça. »

J'étais trempée de la tête au pied et puisqu'il semblait toujours maintenir une température suffisamment agréable, je ne risquais pas de sécher de sitôt. Quoi que j'eus l'impression, l'espace d'un instant, que les degrés remontaient un peu... Cela devait lui demander une certaine maîtrise et une consommation en chakra peut être pas négligeable...

« Ne vous sentez pas obligé de maintenir un climat correct... Vous en avez déjà suffisamment fait. » 

Et moi bien trop peu.

« Je n'ai pas énormément d'argent sur moi mais voilà déjà la moitié de ce que vous avez payé pour moi, je vous donnerais le restant par la suite. »

M'exclamais-je tout en tirant mon porte monnaie de ma poche et en lui donnant dix ryos.

« En tout cas merci infiniment, vous avez été un véritable ange gardien ! Je ne sais pas ce que j'aurais fais sans vous euh... Monsieur... ? »

Je ne connaissais pas son identité, peut-être allait-il accepté de me la donner afin que je puisse mettre un nom sur le visage de la personne qui m'était venue en aide.
Sans même attendre de réponse de sa part, je lui adressais un sourire et répliquais :

« Moi c'est Yell ! Est-ce que euh... je peux vous tutoyer ? Je ne voudrais pas paraître impolie mais j'ai dû mal avec ce genre de formule de politesse... Surtout que nous semblons environ du même âge... »

J'espérais que ma familiarité ne paraîtrait pas déplacée... J'avais toutefois remarqué que depuis que nous étions sortis de l'échoppe il avait naturellement changé la manière de s'adresser à moi et cela ne me dérangeait pas le moins du monde mais je me demandais si je pouvais en faire autant sans le froisser...

- Euh Oui... C'est bien moi.

C'était ce que je lui avais répondu quand elle s'était étonnée et m'avait demandé si c'était moi qui avait baissé la température ambiante. Je trouvais amusant de voir quelqu'un qui ignorait tout des dons des Yamada. Comme cela, je gardais une part de mystère. Tout comme je ne connaissais pas l'étendue de ses dons à elle.
Après ça, une fois les bouteilles achetées pour l'inconnue, dans notre coin d'ombre, la fille se vida la première sur la tête. Hein ? Mais elle ne buvait pas ? Il n'y avait personne autour de nous pour trouver cela bizarre et heureusement me disais-je. Il y avait juste moi. Bien que je n'eus pas de réaction extravagante pour traduire mon étonnement. On aurait dit qu'elle appréciait le liquide qui dégoulinait sur elle comme quelqu'un apprécierait de manquer après quinze jours d'abstinence. Même chose avec la deuxième bouteille. Au moins je me disais que mes sous n'étaient pas partis pour rien. Bien que ce soit peu important comparé à la vie de quelqu'un. La troisième, elle la but comme du petit lait, avec une telle soif que c'en était déconcertant... ou amusant. Un petit sourire de gêne m'apparut et je me grattais le cuir chevelu en apercevant ses formes féminines apparaître de plus belle à cause de ses vêtements mouillés. Et puis son corps redevenir adulte progressivement. Quelque chose qui n'était pas donné de voir à tout le monde. Qui l'aurait imaginé ? Je n'avais pas douté de la véracité de ses paroles avant ça mais là j'avais confirmation de plus belle. La jeune femme passa elle du sourire véritable à de la gêne et se gratta la joue. Elle me remercia.

- Oh, pas de soucis !

Pour la température, elle ne voulait m'obliger à rien.

- Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas bien difficile, je peux maintenir cela bien plus longtemps. Vous voulez sécher ?

La rassurai-je avec un air franc et rassurant. Je lâchais un peu de leste et la température gagna quelques degrés. Ses vêtements sécheraient ainsi plus vite et elle se sentirait peut-être plus à l'aise. Je lui refusais ensuite ses dix ryos. Son intention était honnête mais je ne tenais pas réelle importance à l'argent.

- Non gardez votre argent, vous en aurez besoin plus que moi ici. Vous n'êtes pas chez vous et le prix de l'eau n'est pas donné vous avez vu. Si vous mourrez par déshydratation parce que j'ai pris votre argent, mon geste n'aura servi à rien!

Sa main était pourtant déjà tendue pour me donner 10 ryos, mais je la repoussais gentiment.

- Alors j'insiste, gardez le.

Elle me qualifia alors d'ange gardien. Ce qui changeait des "sosie" qu'on me sortait régulièrement, ou encore "flemmard". Mais je n'avais aucunement la prétention de me prétendre "ange gardien"... Même si c'était gentil et plein de reconnaissance de sa part. Elle demanda mon nom mais répliqua de suite en déclinant son identité et en proposant que l'on se tutoie. Cela me fit rire un peu, car je n'aimais pas le vouvoiement aussi d'ordinaire. Je l'avais même tutoyer sans faire gaffe tout à l'heure.

- On peut se tutoyer oui ! Je préfère aussi, je l'ai même fait sans m'en apercevoir en vous donnant l'eau tout à l'heure...

C'était quand même plus naturel pour moi.

- Je m'appelle Yamada Tetsui ! Enchanté, Yell, souriai-je.

Je ne savais pas trop si lui serrer la main ou lui faire la bise étaient de mise. Alors je ne fis rien. J'avais beau ne pas le paraître, j'étais quand même un peu timide des fois. Je plaisantais donc un peu, avec légèreté.

- On dirait bien que mes capacités peuvent vous être utile par ici ! Mais m'appeler "ange gardien" est peut-être un peu poussé, même si j'apprécie, plaisantai-je

Que dire d'autre... Ce n'était même pas pour paraître fier. Pas du tout même. J'essayais juste de dédramatiser un peu sa situation. Puis de ne pas créer de silence trop long. Jamais je n'aurais imaginé que la première konohajin que e rencontrerai ne m'attirerait que de la sympathie et pas de haine ni de rancune.

Tetsui, c'était son nom, m'avait assuré que cela ne lui demandait pas trop d'effort d'influer sur la température autour de nous. J'étais à la fois rassurée de ne pas abuser en lui demandant trop d'effort et envieuse d'une telle faculté... Surtout ici. Comment faisait les non Yamada pour survivre dans de pareilles conditions ?!

Je ne connaissais rien de son clan même si le nom ne m'était pas inconnu puisqu'il me semblait que le Kazekage en faisait partie. Je n'étais pas vraiment une grande intéressée de la politique extérieure mais je m'étais tout de même renseignée un minimum sur le Pays qui allait m'accueillir durant la période de l'examen pour ne pas paraître plus larguer que je ne l'étais déjà...

Le climat s'était réchauffé un peu de part son initiative pour me permettre de sécher. Cela restait supportable et au moins je me sentais un peu plus à mon aise une fois au sec.
Lorsque je lui tendais la moitié de la somme qu'il avait dépensé, il l'a refusant en prétextant que j'en aurais plus besoin que lui ici ne serait-ce que pour m'hydrater au besoin justement mais bon je me sentais gênée de profiter de sa gentillesse et de son geste avenant sans même pouvoir le remercier d'une façon ou d'une autre...

J'étais rassurée, au moins lui aussi préférait le tutoiement, je ne passais donc pas pour une impolie.

« Enchanté aussi, Tetsui ! »

Lui répondais-je tout en esquissant un sourire. J'avais vraiment eu de la chance de tomber sur quelqu'un de si gentil.

« Je trouve au contraire que ce surnom est approprié ! Sans toi je serais peut-être évanouie dans une ruelle à l'heure qu'il est... ou pire ! »

Il ne s'en rendait sûrement pas compte mais il venait de me sauver la vie. En plus de le remercier pour les bouteilles je lui en devais une.

Toujours assis à l'ombre, je l'observais avec attention tout en le questionnant en veillant à ne pas m'imposer de trop...

« Dis moi Tetsui... Je ne connais pas vraiment les clans de Suna mais... Le Kazekage actuel est aussi un Yamada non ? »

Je n'en étais pas certaine alors autant en avoir la confirmation.

« Malgré son climat, votre village a l'air d'être animé. Je ne sais pas si c'est l'engouement autour de l'examen qui fait que c'est ainsi en ce moment mais j'ai vu bon nombre d'échoppe dans le centre ville et sur ce qui semblait être la place du marché. Vous possédez beaucoup de spécialité locale ici ? »

Je m'intéressais aux autres cultures à travers certaines de mes lectures déjà mais si je pouvais y goûter cela serait encore mieux !

« Est-ce que c'est vrai que la nuit le désert atteint des températures bien contraire à ce qu'elles sont en journée ? »

Ce fait était intriguant... C'était étrange de passer à de tels extrêmes.

« Si c'est vrai je supporterais sans doute bien mieux la nuit... »

Plaisantais-je.

« ça se boit vraiment du jus de cactus ? Ça doit être bizarre... »

Voilà que je jouais les piplettes et qu'en plus je jugeais leurs mets alors même qu'il m'avait aidé ? Beau travail Yell vraiment !

« Sans offense hein ! Tu étais en train de lire quand je t'ai dérangé... Tu veux peut-être retourner à ta lecture ? Je ne veux pas m'imposer et je me débrouillerais pour trouver mon point de ralliement pour me reposer...

Disais-je d'une voix faiblarde.
Il était sympathique et je n'avais aucune envie de rentrer maintenant mais je ne voulais pas non plus abuser de son temps...

Grâce à mes dons, ses vêtements semblaient déjà presque secs. Comme cela, Yell se sentirait sûrement plus à l'aise. Je pouvais comprendre que des vêtements trempés qui collaient sur la peau pouvaient gêner. Moi-même je n'apprécierais pas vraiment et utiliserais mes pouvoirs pour me sécher rapidement. Elle trouvait elle que ce surnom d' « ange gardien » était tout approprié. Je n'insistai pas là dessus et je la regardai en souriant. Je trouvais ça amusant en faites qu'une Konohajin m'appelle ainsi.

Maintenant nous étions assis l'un à côté de l'autre et c'est elle qui continua. Elle semblait vouloir animer la conversation. Comme moi un peu plus tôt.

« En effet oui, le Kazekage est en faites mon cousin ! Je le connais plus que bien.  »

J'espérais la renseigner en répondant ainsi. D'ailleurs, s'il y avait bien un seul Kazekage qui avait mon respect, c'était lui. Les autres n'étaient que des traîtres rongés par la noirceur qui se trouvait en eux. Les autres n'avaient fait que commettre des atrocités. L'un deux avait sûrement donné l'ordre de mission qui avait tué ma mère. Pourtant, devant Yell, mon visage était serein et reposé. La discussion prenait la direction des spécialités locales. Elle était curieuse, je l'appréciais déjà pour ça.

« Oui l'engouement est dû à l'examen, mais le village a toujours une once de vie même en temps normal. Si tu veux savoir, il y en certains ici qui mangent des scorpions grillés, moi je n'aime pas ça. Mais sinon nous avons quelques plats épicés, on peut même cuire des choses en les couvrant et en les enterrant dans le sable. Et puis il y a les fruits exotiques que l'on trouve dans les oasis, tu devrais les aimer, ils sont rafraîchissant et plein d'eau. »

Sur la différence de température entre le jour et la nuit :

« Oui c'est vrai. Mais je te conseille quand même de privilégier le jour, ou les endroits animés si tu te promènes de nuit. »

Nous avions des démons parmi nos rangs et je ne voulais pas qu'elle en croise un au moment de leurs crises. Sur le jus de cactus :

« Oui, ne t'inquiète pas, c'est pas ce que je préfère moi non plus ! »

Décidément elle avait beaucoup de questions. Alors je m'imaginais à sa place, si j'étais dans un village lointain je pense que je ferais pareil. S'informer et apprendre par les autres était un bon état d'esprit.
Finalement, Yell me demanda avec une voix moins assurée si je voulais peut-être reprendre ma lecture et ainsi la laisser se débrouiller. Elle semblait vraiment résolue à n'embêter le moins de monde possible. Je m'étirais alors les bras avant de lui répondre en me tournant vers elle.

« Non ne t'inquiète pas, si je voulais être tranquille je t'en aurais déjà informé ! » plaisantai-je pour la rassurer.

Je ne voulais pas spécialement rentrer chez moi pour le moment. Je me détournais d'elle pour regarder un peu au ciel.

« Et puis... je n'ai pas d'impératifs aujourd'hui donc... »

Donc je pouvais continuer à veiller sur elle.

« Je peux continuer à veiller sur toi si ça t'ennuie pas ! » souriais-je innocemment.

Pour connaître le Kazekage il le connaissait : c'était son cousin !

« Je vois ! … Ce n'est pas trop pesant ? D'avoir un membre de la famille assumant ce rôle je veux dire ? »

Tetsui m'en apprenait plus sur les spécialités culinaires de Suna. A l'entente des plats énoncés, je ne pus m'empêcher d'afficher tantôt un air surpris et tantôt dégoûtée tant cela me semblait invraisemblable de manger des scorpions par exemple...
Ce n'était pas un besoin vital pour moi de manger mais j'appréciais la bonne nourriture, je pourrais m'efforcer de goûter toutefois, ne voulant avoir un jugement hâtif simplement parce que cela paraissait étrange.

Lorsqu'il parla d'oasis je tentais d'imaginer à quoi cela ressemblait. Cela devait être une sorte de petit coin de paradis parmi l'enfer que représentait le désert... Un point d'eau, de la végétation, des fruits... J'espérais avoir l'occasion de voir cela de mes propres yeux !

« Eh bien il suffira que je ne me promène pas seule si je sors de nuit alors... »

Lui répondais-je quant à sa réplique sur les températures plus fraîches de nuit mais la plus grande sûreté de jour. Je l'avais regardé dans les yeux en disant cela tout en esquissant un sourire. Le sous entendu n'était pas vraiment fait pour être caché : j'appréciais sa compagnie. Il pourrait me faire visiter le village tout en me préservant du climat capricieux. Soudainement, la perspective de découvrir Suna et ses contrées désertiques m'enchantait davantage...

Tetsui était honnête au moins. Il m'affirmait que s'il avait voulu être tranquille il me l'aurait déjà dit ou me l'aurait fait comprendre. Cela me rassurait. Je n'avais pas a craindre de le gêner ou de m'imposer sans quoi il n'hésiterait pas à me le signaler. Il n'avait par ailleurs rien de prévu spécialement donc il me proposait même de « veiller » encore sur moi si cela ne me gênait pas. Moi aussi j'étais honnête.

« Cela ne me gêne pas du tout ! Je vais bien mieux grâce à toi et j'apprécie ta compagnie ! »

Disais-je en lui rendant son sourire.
Là dessus je me relevais et mettais mes mains derrière mon dos tout en lui proposant, enjouée :

« D'ailleurs, je t'en dois une pour les bouteilles et ton aide. Tu as refusé mon argent alors je t'invites à aller boire un verre ou manger un morceau si cela te dit ! »

Je tendais les mains dans sa direction pour qu'il les attrape afin de l'aider à se relever à son tour. Une fois debout, je commençais à marcher avant de me retourner vers lui et de me gratter légèrement la tête de mal aise.

« Euh... Tu connais un endroit sympa ? Ce n'est pas comme si je connaissais Suna... »

J'allais en effet difficilement pouvoir le guider si bien que je marchais à sa hauteur jusqu'au lieu de notre destination. Peut-être croiserions nous même des choses éveillant mon intérêt sur la route !

« Oh non ça va, on s'y fait. » lui avais-je répondu quand elle me demandait si ce n'était pas pesant d'avoir un Kazekage comme cousin.

Elle était sympa de le demander. C'est vrai que j'arrivais à me détacher de ce qui pouvait être un poids pour d'autres personnes. Ou un prétexte à chopper la grosse tête pour d'autres. J'imaginais Kira à ma place par exemple...
Yell était amusante quand je lui parlais brièvement des mets culinaires du pays, tantôt surprise ou dégoûtée, je ne jugeais aucunement ses réactions. Je détestais aussi de manger du scorpion. Ou encore des mygales cuites... Ces deux choses étaient parmi mes phobies, et la première avait tué mon frère.
Dans la suite de notre conversation, elle répondit qu'il suffisait qu'elle ne sorte pas seule de nuit en me regardant dans les yeux et en souriant. Ce à quoi je répondis par un sourire timide en la regardant moi aussi dans les yeux puis en fuyant son regard ensuite. Quelque chose venait de se passer mais je ne su dire vraiment quoi.

C'est ce facteur inconnu qui me poussa à lui proposer de veiller sur elle encore un peu. En faites, c'était juste un prétexte pour passer plus de temps en sa compagnie. Bien sûr je ne voulais pas non plus qu' il lui arrive quelque chose à cause de la chaleur et de sa nature élémentaire.
Elle me rendit mon sourire innocent en m'informant que ça ne la gênait pas et qu'elle appréciait ma compagnie. Cela me fit chaud au cœur. Ce dernier subissait quelques à-coups d'une chaleur que je ne contrôlais pas cette fois-ci, mais c'était discret et seul ce petit tambour de vie qui était miens pouvait le ressentir.
Alors elle se releva mains derrière le dos en me proposant d'un air enjoué, d'aller boire un verre ou manger un morceau. Sa position lui donnait un air innocent. Puis elle me tendit les mains pour que je me relève moi aussi. Surpris par le geste je fixai pendant quelques rapides secondes ses deux mains avant de les attraper pour me lever. Profitant ainsi d'un doux contact. Peut-être se rendrait-elle compte que mes mains étaient plus chaudes que la moyenne. Surtout que je maintenais encore un léger contrôle de la température ambiante pour qu'elle se sente bien.

« J'accepte ta proposition ! » répondis-je avec joie.

Elle commençait déjà à partir mais se stoppa en se grattant la tête. Je riais de la voir comme ça, demander si je connaissais un endroit sympa parce qu'elle ne connaissait pas Suna.

« Oui suis-moi ! »

Je la guidais à travers les rues, en plein soleil, mais elle n'avait rien à craindre de lui avec moi. En route je lui demandais par exemple :

« Tes amis ne sont pas avec toi ? Tu es venue seule ? »

Ou encore :

« La route n'a pas été trop difficile jusqu'à Suna ? »

Les réponses m'intéressaient, assurément. Après ça, nous arrivions enfin devant le Musée de Suna. Endroit où j'avais effectué une de mes premières mission de genin en la compagnie de Chikamatsu Akage. Juste en face de ce musée, il y avait un petit café-restaurant. L'endroit était fréquenté mais assez calme à cette heure-ci. Cela me semblait bien. Nous pénétrions dans l'enceinte du lieu et je choisissais de la mener à l'intérieur plutôt qu'en terrasse. Pour lui procurer un peu de repos à l'ombre. Enfin nous nous asseyions dans un coin à côté d'un aquarium dans lequel vivaient quelques poissons de couleurs. Il y avait des plantes vertes et les banquettes sur lesquelles on pouvait s'asseoir nous créent sinon un peu d'intimité pour parler tranquillement.

« Ça te convient ? » Souriais-je naturellement.

Une légère musique d'ambiance se jouait d'ailleurs. Il s'agissait d'une femme qui jouait du Koto, agenouillée sur un coussin. On la voyait souvent se produire ici.

« Avant de commander, je te conseille le thé à l'orange, c'est celui que je préfère... On pourrait prendre quelques fruits ou gâteaux secs avec ? Je te laisse voir, choisis ce qui te donne envie ou ce que tu voudrais goûter cependant. C'est toi qui ne connaît pas notre village après tout il faut que tu profites ! » plaisantai-je légèrement enjôleur.

J'avais toujours pour habitude de me montrer naturelle et agir sans faux semblants pourtant j'avais en général du mal à être totalement moi même face à un inconnu : parce que ce n'était pas comme si j'étais vraiment habituée à fréquenter beaucoup de monde... Ma nature élémentaire avait plutôt tendance a faire fuir ceux que j'approchais dans l'intention de m'en faire des amis : mais avec Tetsui c'était différent... C'était aussi facile que lorsque je me trouvais avec Kihran, mon meilleur ami de longue date.

Il fallait dire qu'il ne m'avait pas jugé ni même repoussé en comprenant ce que j'étais. Il m'était même venu en aide et s'était ouvert à moi pour me parler un peu de sa vie à Suna ou du village en lui même : oui j'appréciais vraiment sa compagnie, il était doté d'une grande sympathie et se révélait être une personne intéressante que j'avais envie de connaître davantage.

Lorsqu'il m'observa en souriant après mon sous entendu peu dissimulé de passer du temps avec lui, je sentis une certaine chaleur m'envahir l'espace d'un instant. Celle ci n'était pas désagréable, au contraire, elle était assez apaisante : rien a voir avec la morsure du soleil. Je ne pouvais cependant pas la qualifié...

Après quelques instants, il accepta finalement ma proposition, ce qui me ravie, tandis que je prenais ses mains au creux des miennes pour l'aider à se redresser. Elles étaient douces et chaudes mais d'une chaleur elle aussi mesurée : cela n'avait rien d'inconfortable. Je me demandais si c'était sa maîtrise de la température qui lui en octroyait une naturellement élevée ou si c'était parce qu'il était toujours entrain de maintenir celle autour de nous de manière plus supportable pour moi. Grâce à cela, je me sentais d'ailleurs bien mieux !

Finalement, il me guida dans mon ignorance de trouver un endroit sympathique alors que je ne connaissais absolument pas le coin. Au moins, j'avais eu le mérite de le faire rire dans ma maladresse...
C'est ainsi que nous traversions les rues de Suna qui, pour moi, se ressemblaient toutes ! C'était un vrai labyrinthe dans lequel je n'arriverais, pour le moment, aucunement à me repérer... L'architecture de Suna était bien différente des ruelles de Konoha.

Tetsui profita de la marche pour me poser quelques questions auxquelles je répondais sans hésitation :

« Eh bien, mon meilleur ami participe aussi à l'examen mais il était encore loin dans la file pour passer vos portes. Vu la chaleur, je ne me sentais pas de l'attendre en plein soleil... C'est pour ça que j'ai commencé a avancé à la recherche des quartiers dans lesquels mon village pourrait se reposer mais finalement j'ai sous estimé la chaleur... La suite tu la connais... »

En effet, puisque c'était lui que j'avais trouvé sur mon chemin.

« C'était un véritable enfer... »

Commençais-je en lui adressant un regard gênée.

« La traversée du désert était vraiment compliqué pour la plupart d'entre nous mais pour moi d'autant plus. J'ai bien cru que j'allais devoir jouer les distributeurs pour tout le monde grâce à ma maîtrise du suiton... Ils étaient tous assoiffés et la traversée a durée pas loin de trois jours... Nous avons essayé d'avancer également de nuit pour que cela soit plus supportable mais bon... Heureusement que l'examen n'a pas lieu tout de suite car toute ma délégation est épuisée. Enfin bon, vous cela vous aurait arrangé ! »

Blaguais-je.
Nous n'aurions pas été des cibles difficiles dans le cas contraire...

Après encore quelques minutes de marche, nous parvenions là où il voulait me conduire. L'endroit était calme et très accueillant. Son ambiance posée et sereine m'allait parfaitement. J'appréciais son initiative de nous mener à l'intérieur où il faisait bien plus frais et le fait également que ce ne soit pas bondé de monde me rassurait : je n'aimais pas vraiment être mêlée à une grande foule.
A côté de notre table entourée d'une banquette d'angle où nous prenions place sur chacun des deux côtés, se trouvait un aquarium qui me fit instantanément étirer un grand sourire. Les poissons qui s'y trouvaient était multicolores et semblaient presque tourner dans leur bocal au rythme de la musique. Cela me peinait un peu de les voir enfermer là dedans alors qu'ils auraient pu nager en toute liberté dans le cours d'un ruisseau mais puisque nous étions à Suna, ils étaient assurément mieux ici que n'importe où ailleurs.

J'usais de ma maîtrise suiton pour distraitement faire bouger l'eau a ma convenance de façon imperceptible, mis à part pour Tetsui et moi même. Cela me détendait d'être en présence de mon élément. Kihran aurait aussi aimé cet endroit pour les plantes qui y étaient disposés...
Toutefois, je ne m'y attardais pas davantage et écoutais les propos du Yamada.

«  Oui, c'est parfait. »

Lui disais-je pour approuver son choix tout en lui rendant son sourire.
Il me recommanda ensuite le thé à l'orange qui était celui que lui même préférait et proposait de l'accompagner avec quelques fruits ou gâteaux secs tout en me précisant de prendre ce qui me faisait envie pour découvrir les spécialités culinaires locales.
Je posais mon regard sur la carte du lieu. Il y avait beaucoup de choses que je n'avais jamais mangé de ma vie... Quant à savoir si cela me donnait envie... Peau de serpent grillée, émincé de viande de vautour, scorpions ou tarentules grillés, le fameux jus de cactus... Comment dire. Ce serait certainement plus la curiosité de goûter qu'une véritable envie d'en manger qui me pousserait dans mon choix.

Lorsque la serveuse arriva je n'étais pas vraiment décidée mais effectuais tout de même mon choix :

« Je prendrais des nouilles sautées au serpent et un thé a l'orange s'il vous plaît. »

Voilà c'était fait ! Au moins, même si je n'aimais pas, j'aurais au moins eu le mérite de goûter.
Tetsui commanda à son tour. Lorsque la serveuse s'éclipsa avec nos commandes, mon regard se perdait sur la joueuse de koto qui donnait réellement un plus à l'ambiance: j'étais fascinée par un tel instrument. Seulement, cette dernière se trouvait dans mon dos et a moins de me contorsionner sans cesse pour la regarder, j'optais pour une autre solution : à savoir glisser sur la banquette pour me retrouver à côté de Tetsui, face à la bonne direction.

« Qu'est-ce que c'est beau... »

Disais-je presque dans un murmure alors que mon regard étincelait presque d'admiration. Je pensais alors à mon propre instrument, resté à Konoha avant de poser mes yeux sur Tetsui de nouveau.

« Tu joues d'un instrument ? Moi je fais du violon depuis que je suis enfant. »

Un autre instrument à corde donc...

« Lorsque tu as envie d'être seul avec toi même que fais-tu ? Tu lis, j'imagine ? »

Ce n'était là qu'une simple supposition, je ne le connaissais pas assez pour pouvoir l'affirmer.

« Eh bien moi je joue du violon. Cela me détend. C'est un peu mon exutoire. Je veux dire par là que, pour moi, la musique est une autre manière de communiquer son état d'esprit. C'est un langage qui signifie beaucoup lorsque l'on sait le décoder... »

Il ne le savait pas jusqu'ici mais a présent il ne pouvait plus douté de ma passion pour la musique. Le son du violon avait un je ne sais quoi d'apaisant : passant de la joie à la mélancolie facilement, je le trouvais « gracieux » : si on pouvait toutefois qualifié un instrument de la sorte.

La serveuse revenait après quelques instants avec nos commandes, nous adressant un sourire qui en disait long en constatant mon changement de place. Je sentais le rouge pivoine me monter au visage tandis que je tentais de me justifier maladroitement.

« Je ne pouvais pas voir la joueuse de koto de ma place... »

J'avais également envie d'ajouter : c'est tout ! Rien de plus ! mais elle souriait de plus bel en me disant que je n'avais pas à me justifier. Bon sang... bonjour la honte. Je ne m'étais pas rendue compte jusque là que mon déplacement pouvait être mal interprété, bien trop absorbée par mon envie de voir la musicienne à l’œuvre mais désormais je ne voyais plus que cela si bien que je n'osais même plus adresser le moindre regard à mon invité. Je le posais finalement sur mon assiette, comme si j'allais avoir une grande révélation dans le bouillon qui accompagnait mon plat...

Je me raclais légèrement la gorge, toujours gênée vis à vis de Tetsui et de ce que lui avait pu penser de mon approche à laquelle il s'attendait sans doute pas, et me décidais à goûter à mon plat. Il était sacrément épicé si bien que j'attrapais mon verre et tendais mon index au dessus pour en faire jaillir un filet d'eau pour le remplir et le porter à ma bouche pour ôter le feu qui s'y installait. J'aurais pu tout aussi bien pu prendre la carafe mais... elle se trouvait du côté de Tetsui et je me voyais mal croiser son regard pour la lui demander.

J'essayais toutefois de détendre l'atmosphère :

« Eh ben ! C'est sacrément épicé ! »

Disais-je en lui exprimant finalement de nouveau un coup d’œil, bien que discret.
J'aurais dû m'en douter que les contrées désertiques aimaient relever leurs plats...

Yell m'avait gratifié d'un sourire pour m'assurer que l'endroit était parfait. Si ça lui allait ça m'enlevait déjà un poids. Cela aurait d'emblée été fâcheux et gênant si elle n'avait pas aimé là où je l'emmenais. Tandis qu'elle regardait la carte du menu je la contemplais en repensant à ce qu'elle m'avait dit plus tôt sur le chemin jusqu'ici. Que le voyage avait été très dur du fait de sa condition élémentaire, « un véritable enfer » selon ses mots. Je pouvais bien le croire. Et pourtant j'étais de ceux pour qui la traversée du désert était des plus faciles, parce dès mes premières années on m'avait appris à dompter la chaleur. Je pensais aussi au fait que son meilleur ami participait aussi à l'examen. C'était une bonne chose pour elle, elle pourrait ne pas se sentir trop seule ici à Suna avec son ami. Et moi, même moi, je n'avais jamais eu de meilleur ami. Pas jusqu'à maintenant en tout cas.

Elle fit finalement son choix et je détournais mon regard de son visage quand elle releva la tête pour commander. Son choix comportait le thé à l'orange que je lui conseillais et cela me ravissait qu'elle m'ait écouté. Je commandais alors aussi en demandant la première chose qui me venait à l'esprit et que j'aimais bien manger.

« Des nouilles aux crevettes et aux légumes ainsi qu'un thé à l'orange s'il vous plaît. »

La serveuse nous laissa et Yell se tourna vers la joueuse de Koto pour finalement se rapprocher de moi en venant s'asseoir à côté, comme cela j'imaginais qu'elle pouvait mieux voir. J'entendis donc son murmure de fascination vis-à-vis de la musicienne avant qu'elle ne me regarde pour me demander si je jouais d'un instrument et ce que je faisais quand j'étais seul avec moi-même. Elle me disait qu'elle jouait du violon et s'imaginait que je lisais pour occuper mes moments.

« Je trouve ça bien que tu joues du violon, peut-être que tu me montrerais si tu l'as apporté ? Quoique je ne le vois pas sur toi et j'imagine que tu l'aurais sans doute si tu l'avais apporté.... »

Je souriais puis continuais.

« Je lis oui, tu as bien vu ! (un peu gêné de n'avoir aucun mystère pour elle) J'aime beaucoup apprendre sur l'ailleurs de ce monde et les cultures de chaque pays du Yuukan, j'aime aussi l'histoire, et j'aime l'art. Il m'arrive de faire un tour au musée juste à côté pour admirer certains vestiges archéologiques ou des œuvres d'art. Mais je ne joue pas d'instrument. Mon clan était nomade avant de venir ici et jouer d'un instrument aurait vraiment été du luxe en plein désert. » plaisantais-je.

Je trouvais ça important d'avoir une passion et elle en avait une. Cette passion devait qui plus est lui permettre de s'évader de temps en temps. D'après ce que j'avais lu sur les Gogyou, ils n'étaient pas très bien accueillis... La serveuse revint avec nos plats et boissons et nous adressa un sourire complice que je ne compris pas dans un premier temps, jusqu'à ce que je vois le rouge pivoine du visage de Yell. Maladroitement nous essayions de nous justifier en même temps :

« Ce n'est pas ce que vous pensez, elle voulait voir la joueuse de koto ! »

On avait utilisé la même excuse au même moment. Et je me mis à rougir sans rien contrôler alors que mon corps gagnait en température si bien que cela se ferait remarquer par celle qui était juste à côté de moi sans que je puisse y faire quelque chose. L'instant d'après je regardais tantôt mon assiette, tantôt la musicienne ou l'aquarium et risquais quand même un léger regard de côté sur Yell. Ce malentendu avait eu pour effet d'activer ma timidité et je sentais mon cœur battre tant je me concentrais sur moi-même pour combattre la gêne. C'est elle la première qui après avoir goûté son plat et bu de l'eau, rompit le silence qui s'était installé.

« Tu trouves ? Désolé si tu n'aimes pas alors... Mon plat est moins épicé si tu veux. »

J'affichais une moue en disant ça, sans doute parce que j'imaginais qu'elle était déçue de ce qu'elle venait de commander. J'avais donc proposé indirectement mon plat et si elle le préférait j'étais prêt à le sacrifier. Bien que j'adore ce que je venais de commander. Aussi je pris la carafe d'eau pour remplir nos deux verres et je la replaçais au centre, pour qu'elle puisse l'attraper plus facilement si elle le désirait. Je me raclais la gorge, essayais de la regarder dans les yeux en me tournant vers elle mais détournais bien trop vite mon regard en étant peu sûr de moi.

« Tu sais.. j'avais bien compris que tu avais changé de place simplement pour mieux contempler la musicienne. »

Du rouge semblait réapparaître sur mon visage et encore cette sensation de chaleur que je ne contrôlais pas venait s'emparer de mes membres et du côté gauche de ma poitrine.

« Je ne me faisais pas d'idées contrairement à la serveuse si ça peut te rassurer. Même si j'apprécie la confiance que tu me portes en te mettant à côté de moi... »

Je tentais à nouveau de retrouver ses yeux puis me rappelais mon assiette et je pris le temps de porter à ma bouche quelques nouilles et une crevette.

Tetsui avait trouvé cela bien que je jouais d'un instrument et il souhaitait même que je lui en face la démonstration. J'eus une moue boudeuse :

« Mmh... Je ne l'ai pas emmené... Je suis venue a Suna pour l'examen : je ne voulais pas passer pour une touriste qui croyait se la couler douce en emportant de quoi se détendre... »

Pourtant jamais je ne m'étais séparée de mon violon et j'avoue que cela me manquait déjà de ne plus pouvoir en jouer.
Le Yamada, quant à lui, lisait beaucoup et s'informait sur tout un tas de choses. J'imaginais qu'à force de dévorer des livres il devait connaître énormément de chose. C'était étrange et drôle à la fois parce qu'avec la nonchalance et le flegme qu'il semblait pourtant avoir jamais je n'aurais pu croire qu'il était du genre érudit. Mais cela me plaisait !

Il était vrai que ma question était un peu stupide... Puisqu'il était issu d'un clan de nomade il n'aurait pas pu se procurer d'instrument de toute façon...

Finalement lorsque la serveuse arriva pour nous mettre dans l'embarras, Tetsui se justifia de la même façon que moi, le tout en rougissant lui aussi, comme pouvait en attester la température qui s'était subitement élevée à mes côtés...
Son mal aise renforçait le mien et j'avais beau chercher à changer de sujet en évoquant mon plat, cela ne suffisait pas vraiment à faire redescendre la pression...

Cela dit, je ne savais pas vraiment comment interpréter sa propre réaction, similaire à la mienne... J'aurais pu très bien prendre cette réflexion à la légère et même à la rigolade : cela aurait été bien plus simple mais j'étais gênée justement parce que Tetsui ne me laissait pas indifférente... Je ne voulais pas qu'il puisse mal juger mon déplacement à ses côtés qu'il avait peu être perçu de manière trop direct en croyant à un rapprochement de ma part... Je ne voulais pas qu'il puisse avoir une opinion erronée de moi et pourtant il avait réagit de la même manière que moi... Cela voulait-il dire que... Non... Je partais sans doute trop loin dans mes réflexions pour ne pas changer...

Je retrouvais mes esprits au moment où il semblait peiné pour mon plat que je jugeais trop épicé, me proposant même le sien qui l'était apparemment moins.

« Oh non ! Ce n'est pas que je n'aime pas... Juste que je n'ai pas l'habitude de manger si épicé. Hormis cela je n'aurais jamais cru que du serpent serait vraiment mangeable... Et pourtant c'est même plutôt bon. »

Excepté le feu qui irradiait ma bouche.
Je bus dès lors plusieurs gorgée du thé a l'orange que je savourais tout en portant son effluve à mes narines. L'arôme d'orange était vraiment très présent et j'adorais cette odeur.

Je me sentais apaisée jusqu'à ce que Tetsui juge bon de remettre l'affaire sur le tapis en m'affirmant, toujours mal à l'aise, qu'il avait compris que je voulais simplement mieux voir la musicienne et qu'il ne s'était pas fait d'idée comme avait pu s'en faire la serveuse.
Je tenais ma tasse de thé entre mes deux mains, perdant mon regard dans son contenu tout en étant à la fois mal à l'aise et soulagée. Après tout il me l'avait dit non ? Si quelque chose le dérangeait il n'hésiterait pas à me le dire... Je supposais donc que si cela avait été le cas pour mon déplacement « envahissant » il m'en aurait fait part et puisqu'il ne l'avait pas fait...

Mon regard croisa de nouveau le sien lorsqu'il avouait apprécier la confiance que je lui portais et lui prouvait en m'installant à ses côtés.

« Comment pourrait-il en être autrement ? Tu m'as sauvé la vie... »

Il ne semblait pas se rendre compte du geste héroïque qu'il avait eu un peu plus tôt. Je ne pouvais que faire confiance à l'homme qui m'avait prêté assistance non ?!
La situation avait été gênante mais il n'y avait pas non plus mort d'homme et nous n'allions pas en faire tout un plat si bien que je parvenais finalement à me détendre de nouveau et me montrer plus naturelle en arborant un nouveau sourire plein de sens.

Le temps semblait presque s'arrêter à cet instant et je ressentais une nouvelle vague de chaleur comme un peu plus tôt tandis que mon cœur manquait un battement. Lorsque je m'en rendis compte mon regard dévia instantanément du sien pour se reporter sur ma tasse dont je bus une nouvelle gorgée.

Pour ne pas me terrer dans le silence une nouvelle fois alors qu'il avait commencé à déguster son plat, je lui demandais :

« Est-ce que je peux goûter ? »

Lorsqu'il me donna son approbation, j'essuyais mes baguettes sur ma serviette et m'approchais un peu plus de lui pour me trouver a porter de son plat qu'il ramena vers moi. J'attrapais quelques nouilles et une crevette et soufflais un peu dessus pour refroidir le tout et manger à mon tour.

« C'est délicieux. En effet, ton plat est moins relevé que le mien mais j'ai déjà eu l'occasion de manger des nouilles aux crevettes ! »

J'avais au moins découvert le goût du serpent et je comptais bien découvrir d'autres saveur le temps de ma présence à Suna.
Je retournais à mon assiette, la dégustant plus lentement pour ne pas assommer mon palais, alors que je n'avais, du coup, pas bougé de ma place, si bien que mon coude tapait dans le sien pendant que nous mangions, me faisant me décaler de quelques centimètres. Toutefois, cette réaction là n'était pas suscitée par gêne mais bien par confort.

« Tu as parlé du musée tout à l'heure. J'aimerais bien aller y faire un tour un jour... Si tu y vas assez souvent tu voudrais bien être mon guide ? »

J'allais presque ajouter : il ne faut pas que cela te dérange. Mais je ne le faisais pas parce qu'il m'avait assez dit qu'il me le ferait savoir si jamais donc ce n'était pas nécessaire de m'excuser à tout bout de champ et tant mieux car j'étais de nature spontanée.

Mon regard se posait de nouveau sur le sien, interrogateur.

« J'imagine que cela regorge d'histoire ! Ça m'intéresse d'en savoir plus sur Suna et le reste du Yuukan. »

Expliquais-je avant d'ajouter.

« Tu sais, je suis originaire de Kawa no kuni, le pays des Rivières et mes parents et moi avons été contraint de déménager plusieurs fois à cause de... enfin à cause de ce que je suis mais nous sommes toujours restés non loin de là bas jusqu'à venir à Konoha alors que le village était sur pieds depuis peu. Du coup je n'ai jamais vraiment quitté mon coin et voir des endroits tels que Kaze, si différents de Hi no kuni, cela me donne envie d'en apprendre plus sur les contrées du Yuukan. »

Et puisque lui aussi semblait s'y intéressé et même avoir beaucoup lu sur le sujet, peut-être serait-il à même de me donner quelques informations à ce sujet.

« Tu as aussi dit faire parti d'un clan nomade. L'étiez vous seulement autrefois ou même toujours aujourd'hui ? J'imagine que Suna est désormais votre port d'attache non ? Vous ne sillonnez plus le désert ? Vous vivez tous dans la même demeure ? »

Un peu comme c'était le cas pour les Hayashi, le clan de mon meilleur ami Kihran.

« A Suna aussi les clans disposent de leur propre quartiers ? C'est ainsi a Konoha mais je ne suis pas très au fait : mes parents sont de simples civils qui vivent dans une maison tout à fait modeste. »

L'idée même qu'une famille entière se regroupait dans le même quartier me paraissait à la fois géniale car ils étaient tous proches les uns des autres mais aussi peut-être un peu étouffant... Chez Kihran, tout le monde savait entre leurs murs la moindre chose qui arrivait à l'un d'entre eux : cela se répandait comme une traînée de poudre ! Bonjour l'intimité... Ce n'était pas quelque chose à laquelle j'étais habituée. D'autant plus que Tetsui partageait le sien avec le Kazekage...

J'étais attentive à ses réponses, posant un coude sur la table en calant ma joue sur mon poing tout en m'étant tournée vers lui, le regard rivé au sien, voulant réellement en apprendre davantage.

« Tu vis avec tes parents ? Moi non. J'ai déménagé dans mon propre appartement il y a quelques temps pour qu'ils aient leur tranquillité. Ils en ont suffisamment bavé à cause de ce que je suis alors... au moins si quelqu'un veut me blâmer et vient jusqu'à chez moi pour me le faire savoir, ils n'ont pas a être mêlé à l'histoire et peuvent souffler. »

Ils s'étaient suffisamment sacrifiés pour moi par le passé, il était temps qu'ils soient exemptés de tout ça et puissent enfin profiter de la vie sans être pointés du doigt.

« Cela ne m'empêche pas d'aller leur rendre visite très souvent : nous sommes très proches. »

Concluais-je dans un sourire empreint de l'affection que je pouvais leur porter.

Elle semblait souffrir de manger ce plat fort épicé, mais me rassura en précisant qu'elle n'avait juste pas l'habitude et que c'était même plutôt bon. Une gorgée de thé à l'orange avait semblé lui apaiser le palais. J'étais au moins soulagé sur ce point, mais pas moins gêné et intimidé par le reste. Sa réponse fut cependant concentrée sur du positif et je compris qu'elle me faisait déjà confiance car je lui avais sauvé la vie. Nos regards avaient pu se croiser à cet instant puis elle sembla se détendre en affichant un sourire des plus naturels. Mes yeux restèrent bloqués dans les siens, comme attirés. Puis sur son sourire. Jusqu'à ce que finalement elle détourna son regard pour regarder sa tasse. Mon cœur subissait quelques pincements à nouveau. Et mon sourire s'activa de lui-même pour lui montrer ma bienveillance à son égard et la fin du moment de gêne qui s'était installé.

Quand je commençais à goûter à mon plat elle demanda si elle pouvait goûter. Ce que j'acceptais, et juste parce que c'était elle. N'importe qui d'autre aurait eu droit à un refus. Mais cette Yell semblait me faire changer mes habitudes, tout paraissait différent et j'avais trouvé naturel de lui dire oui pour qu'elle goûte. Elle se rapprocha donc et une discrète effluve de son parfum me vint aux narines. Sans rien dire je le trouvais agréable.
Par la suite nous nous remettions chacun à nos assiettes quand son coude toucha le mien à plusieurs reprises. Elle se décala comme si de rien et je laissais échapper un rire discret. Maintenant, on parlait du musée, et elle voulait que je sois son guide. Je n'avais pas le temps d'en placer une qu'elle se justifiait quant à sa curiosité sur l'histoire, sur Suna et le reste du Yuukan. Des choses qui firent écho aux choses que j'aimais moi-même. Je la laissais continuer de parler sur Kawa no Kuni en regardant son visage et ses lèvres bouger de temps à autre. Un léger sourire d'admiration sur mon visage. Quand elle eut terminé, je lui répondis avec entrain.

« Si tu es curieuse alors je serais ton guide oui, compte sur moi ! » 

Avant de rajouter :

« Je comprends ton désir d'apprendre des choses sur les contrées du Yuukan. J'ai exactement le même. En faites, c'est pour ça que je lis beaucoup de livres sur la culture et les légendes de certains territoires. C'est aussi comme ça que j'ai pu deviner pour... pour toi. (je lui souriais à ce moment là) Et comme toi je me suis rarement aventuré en dehors du pays où je suis né. »

La discussion se poursuivait naturellement sur mon clan. Elle s'interrogeait.

« Que de questions dis moi ! Si tu veux, le clan Yamada n'est pas originaire de Kaze. Nous venons de partout à la fois, un groupe de voyageurs s'agrandissant et voyageant à travers tout le Yuukan. C'était il y a très longtemps. Et encore bien longtemps avant que je ne naisse, le clan est arrivé à Kaze et son désert et a décidé d'y rester. Petit à petit nous avons appris à contrer les effets de la chaleur et à la contrôler. (je cherchais ses yeux en continuant) Quand je suis né nous étions encore les habitants du désert, des nomades... Puis Suna s'est crée et nous l'avons rejoint. Il y a pas longtemps, l'ex dirigeante du clan est partie avec ceux qui étaient nostalgiques pour sillonner le désert à nouveau. Depuis c'est mon cousin Kioshi a pris les rennes sur demande de Mitsune. On vit dans des tentes aménagées, ce sont de vraies maisons qui ont juste une forme différente. Oui les clans ont leurs quartiers ici aussi. »

J'avais trop parlé. Son regard à elle était rivé au mien. Je me sentais bien. Je pris donc le temps de boire plusieurs gorgées de mon thé et de manger quelques bouchées de mon plat qui refroidissait déjà. Dégueulasse un plat froid. Je remédiais à cela avec la paume de ma main qui agissait comme un cuiseur au dessus de mon assiette. Tout en plaisantant avec Yell sur le côté comique que cela pouvait avoir de son point de vue.

Ses parents étaient eux encore en vie et c'était bien pour elle puisqu'être gogyou rendait cela encore plus important. Elle me demanda si je vivais avec les miens tandis qu'elle ne vivait plus avec les siens mais restait très proche d'eux. Son sourire traduisait l'amour qu'elle leur portait.

« C'est une bonne chose si tu les vois encore et reste proche d'eux. Tu as de la chance ! »

Je ne voulais pas y penser mais cela venait contre mon gré remplir ma tête. Je n'avais plus qu'un père. Et plus de mère. Mon assiette à nouveau fumante ne me faisait donc plus envie. Le rappel de sa mort et de sa perte étaient trop présents en ce moment même. Je regardais mon assiette et Yell puis posais mes baguettes.

« Ma faim s'en est allée je suis désolé. C'est pas de ta faute. Parler de ça m'a juste rappelé que je n'avais plus qu'un père... Et combien j'aimerais encore pouvoir passer du temps avec ma mère moi aussi... »

Je me réfugiais sur mon thé et sa chaleur en essayant de chercher quelque chose dans le regard de Yell. Ce n'était pas sa faute. C'était la mienne de penser à ça. Je ne voulais pas lui afficher un air triste trop longtemps, bien que ce fut trop tard pour cela. Mais quand même, après quelques gorgées de mon thé, je le reposais, regardais cet aquarium sans vraiment le regarder puis à nouveau Yell. Mes yeux et un sourire timide traduisaient toute la gêne que j'avais de lui avoir fait part de cela. Et de gâcher ce bon moment.

Un grand sourire illumina mon visage lorsque Tetsui affirmait être d'accord pour jouer les guides au musée. Il semblait plutôt heureux de tenir ce rôle, près à partager ses connaissances diverses avec moi. Mon regard se perdait dans le sien, une fois de plus, ravie qu'il ait accepté et que cela me permette de passer un autre moment en sa compagnie que j'appréciais vraiment...

C'était un passionné d'histoire, lisant des livres sur le sujet et d'autres pour se tenir informé d'une quantité de chose. Cela me fascinait. Je ne dévorais pas autant les livres mais je comprenais ce qu'il ressentait lorsqu'il s'évadait de la sorte parce que je réagissais de la même manière et avec la même passion lorsque je me détendais en jouant de la musique. Lorsque nous étions dans notre bulle, plus rien autour ne nous atteignait : il n'y avait plus que nous et la soif d'apprendre tout en se détendant.

Il m'expliqua alors que c'était grâce à ses lectures qu'il avait compris ce que j'étais : une Gogyou. Il me souriait tout en disant cela, ce qui me permit de me sentir à l'aise. Je n'avais aucune honte d'être ce que j'étais. J'étais même plutôt fière de mes capacités mais les autres en parlaient généralement sur le ton du reproche, excepté quelques personnes, dont faisait partie Tetsui qui se moquait éperdument de ma nature. J'étais simplement Yell à ses yeux et cela signifiait beaucoup pour moi... Ce genre de réaction était dès plus rare.

Lui non plus n'avait que rarement quitté son pays natal. Il me raconta alors l'histoire de son clan. Des nomades s'étant réunis au fil des ans pas seulement a Kaze pour finir par s'y installer avant de rejoindre Suna alors que lui même était plus jeune. Une partie de son clan avait d'ailleurs décidé de retrouver cette situation par nostalgie, préférant leur mode de vie antérieure. Le clan était donc divisé entre ceux étant restés à Suna et les autres, repartis sillonné le désert.
Je me montrais très attentive à ce qu'il me disait : c'était très intéressant en plus de me prouver qu'il avait également confiance en moi pour bien vouloir me parler des siens de la sorte. Après tout, je venais d'arriver et n'étais qu'une inconnue...

Le fait qu'il me dise que j'avais décidément beaucoup de question me fit faire une moue gênée, me pinçant les lèvres tout en portant mon regard ailleurs. Toutefois, je retrouvais mon naturel lorsqu'il poursuivait son discours en évoquant que désormais, le chef du clan au sein du village, n'était nul autre que le Kazekage. Ce n'était pas si étonnant finalement... Qui était plus à même de diriger son clan que celui qui officiait en tant que Kage en personne ?
Le fait que Tetsui m'apprenne que les Yamada vivaient dans des tentes ne me surprenait aussi qu'à moitié.

« Oh c'est chouette ! Vous pouvez comme ça garder une certaine attache à vos racines ! »

Ils s'étaient intégrés à Suna mais n'avaient pour autant pas reniés leur origine : je trouvais cela formidable.
Je buvais une nouvelle gorgée de mon thé tout en l'écoutant toujours, m'imaginant à quoi pouvait bien ressembler ce quartier aux allures chaleureuses.

A force de parler, son plat avait refroidi si bien qu'il usait de ses capacités pour le réchauffer en portant sa main au dessus de son assiette qui ne tarda pas a être de nouveau fumante. Je n'avais pas loupé une miette du spectacle, fascinée par cette capacité. Il pouvait jouer avec la température et moi réhydrater... Je ne pouvais pas m'empêcher de voir la complémentarité de nos facultés bien que la sienne avaient l'ascendant sur la mienne...
Il m'observait comme pour évaluer ma réaction alors que mes yeux se portaient de nouveau sur les siens et que ma tête reposait sur mon poing tout en esquissant toujours un sourire.

« C'est fascinant... Et bien pratique ! »

Commentais-je. J'avais abordé la question de nos familles et je sentis tout de suite que l'atmosphère changeait. Son regard, jusqu'ici si pétillant, s'était terni et assombri. Mon sourire s'effaça aussitôt alors que je comprenais que je venais de toucher un point sensible malgré moi. Je m'en voulais de n'avoir pas su anticiper ce genre de réactions face à une question pareille mais comme d'habitude j'avais été bien trop entraînée par mes émotions sans prendre le temps de réfléchir dans ma spontanéité.
Et alors, ce mal aise que j'avais perçu dans son regard, ressortait à travers ses paroles. J'avais de la chance de les voir et d'être proches d'eux... oui c'était vrai... Je n'osais imaginer la situation s'ils disparaissaient... Cette idée et le fait de le voir désormais si attristé, me fendait le cœur et me plongeait moi aussi dans le chagrin couplé à la compassion.

Tetsui posa ses baguettes : il n'avait plus faim. Il tentait de me rassurer en me disant que ce n'était pas ma faute mais je ne pus m'empêcher de répliquer aussitôt, avant même de savoir de quoi il retournait vraiment.

« Si... C'est ma faute... Je... J'ai ma famille et je n'ai pas pensé que cela pourrait être un sujet délicat... Je suis désolée. »

Mes yeux étaient rivés sur la table, je me sentais mal à l'aise d'avoir évoqué ce sujet et susciter en lui des souvenirs désagréables alors que nous discutions paisiblement... Pourquoi avait-il fallu que je le questionne ? J'étais vraiment trop bête...

Son père était là mais sa mère non... Il aurait tout donné pour pouvoir l'avoir encore auprès de lui, je le voyais dans son regard qui cherchait le mien comme pour s'y appuyer. J'affichais une moue peinée alors qu'instantanément ma main vint se poser sur la sienne que je cajolais avec mon pouce pour lui signifier ma compassion et mon soutien. Je m'approchais un peu plus de lui et passais mon bras libre autour de ses épaules tandis que je laissais reposer mon menton sur celle au plus près de moi, continuant de le regarder tout en gardant ma main sur la sienne.

Je ne savais que dire dans ces moments là... J'étais beaucoup plus à l'aise avec les gestes que la parole pour exprimer ce genre de chose.
Au même moment, le son du koto disparut pour laisser la place à un autre groupe local au son très apaisant : bien moins morose que pouvait l'être le son du koto, cela tombait à point nommé donc.

Ma main posée sur son épaule caressait son dos pour l'apaiser également. Je lui adressais un sourire bienveillant, n'aimant guère le voir dans cet état et m'excusant par la même occasion.

« Pardonne moi... Changeons de sujet, cela vaudra mieux... »

Je ne possédais pas cette chaleur qui lui était propre mais je faisais de mon mieux pour le réconforter.

« Et si on allait prendre un peu l'air ? »

Lui proposais-je après quelques instants encore comme ça. Je m'écartais doucement et laissais le compte pour notre repas ainsi qu'un supplément en guise de pourboire sur la table avant de me lever. Je regardais Tetsui avec attention pour voir s'il allait mieux et s'il se sentait capable de sortir où s'il préférait rester à l'intérieur et finalement nous sortions.
Je marchais à ses côtés, à l'ombre, le silence s'était installé de nouveau entre nous... décidément. J'essayais bien de changer de sujet mais il n'arrivait pas à se sortir le reste de la tête malgré ses légers sourires.

Je lui pris la main et le conduisait sur un banc que j'avais repéré pour nous poser dessus. Elle était toute chaude, une fois de plus. Cependant, je n'avais pas non plus le cœur à m'y attarder cette fois. Je caressais le dos de sa main tout en le questionnant du regard, une moue toujours peu joyeuse et surtout inquiète sur le visage.

« ça va aller ? … Tu sais... Parfois parler des choses douloureuses, cela peut soulager... Si tu as le besoin ou l'envie d'en parler n'hésite pas. Je suis là. »

Cela semblait sûrement absurde vu de l'extérieur. Je ne le connaissais depuis quelques heures et voilà que je m'adressais à lui comme sa confidente à qui il pouvait tout dire... Tout était si facile et naturel avec lui. J'avais l'impression de le connaître depuis toujours...

Je la laissais parler et s'excuser, dire que c'était de sa faute. Le chagrin me rattrapait, mais il n'avait pas à la toucher elle. Pourtant il semblait le faire. Son visage semblait peiné, et c'était à cause de moi. Vraiment désolé Yell... Je restais silencieux de longues secondes en regardant l'aquarium et son poisson, quand une main douce et agréable se posa sur la mienne. Mon cœur fit un bond. Le pouce de sa main caressait doucement la mienne. Le visage encore triste, je pris la peine de regarder celle qui naturellement me rassurait par son contact chaleureux. Son bras s'enroula sur mes épaules et son menton était posé sur l'une d'elle tandis qu'elle me regardait. Mes yeux tristes étaient plongés dans les siens si bleus, si purs et si réconfortants à cet instant. Avec tout ça le temps semblait s'arrêter et je me perdais dans un cocon de douceur pour essayer de laisser s'en aller mes souvenirs malheureux. Une de ses mains me caressait même le dos et c'était agréable. Quand à moi je réchauffais l'intérieur de mon corps discrètement, ce que je faisais habituellement quand je me sentais mal ou triste. Pour essayer de me sentir mieux.
La musique changea pour laisser place à une musique aussi calme, mais plus joyeuse dans la mélodie. Yeux dans les yeux, Yell me gratifiait d'un sourire bienveillant que j'essayais de lui rendre timidement pour l'en remercier. Son contact m'était vraiment agréable.
Après quelques instants...

« Ne t'excuse pas, c'est moi... Je veux bien aller prendre l'air oui, merci. » dis-je dans un mélange de gêne et de reconnaissance pour sa compréhension.

Enfin l'air... le soleil coupait presque tout coup de vent aussi léger était-il. Nous marchions côte à côte, elle à l'ombre, dans un silence dont j'étais le seul fautif. J'étais avec elle et dans mes songes. Je lui souriais de temps en temps pour apaiser mon visage et son ressenti par rapport à cette situation. Soudain elle attrapait ma main et m'emmenait sur un banc au calme. Nous étions ainsi face à face au soleil et elle caressait le dos de ma main, bien agréablement. Son regard me questionnant avant de me demander si j'allais bien et si je voulais en parler. Elle était là pour moi. J'avais l'impression à ce moment qu'elle me connaissait depuis toujours, et réciproquement. Que nous étions si proches, alors que cela ne faisait que quelques heures. Gêné par sa proposition de me livrer à elle, je fuyais un peu son regard, tirant légèrement la grimace en regardant au sol et puis au loin. Le soleil tapait et cela me faisait du bien. Pour la soulager je fis quelques mudras de la main qui me restait de libre pour abaisser la température tout autour du banc. J'en avais même absorbé une partie. Mon corps devait être chaud sans que cela ne soit désagréable au toucher. Je regardais à nouveaux nos mains liées et lui souriais naturellement.

« Oui ça va aller ne t'en fais pas... Si je t'en parle cela va plomber l'ambiance à nouveau. Tu le veux vraiment ? Une autre fois si tu y tiens. »

Je parvenais grâce à elle à laisser ces mauvais souvenirs s'en aller. De toute façon maman n'était plus là et rien ne pouvait changer cela.

« Je m'excuse vraiment d'avoir gâcher ce bon repas avec toi... et merci beaucoup pour l'invitation ! »

Et pour avoir apaisé mes maux. Mon père n'y arrivait que rarement. Personne n'y arrivait en temps normal. Et ceux qui me comprenaient comme Kioshi étaient trop peu présents et n'étaient pas du genre à réconforter sans cesse. Yell y parvenait en un rien de temps.

«Surtout, merci pour ça. »

Je ramenais nos deux mains à hauteur de visage et déposais un baiser de douceur sur la sienne pour accompagner mes mots. En même temps je trouvais mon geste drôle car peu habituel et cliché. Si bien que je la regardais en rigolant légèrement et en rougissant, mais je trouvais cette gêne agréable et stimulante. C'était venu tout seul.

« Excuse moi c'est venu comme ça ! »

Son regard était fuyant, son visage était à la fois gêné et triste... Ce n'était pas tellement la réaction que je souhaitais susciter en lui affirmant qu'il pouvait se confier mais je ne voulais de toute-façon pas le forcer à se livrer. Au moins désormais il le savait et s'il voulait en parler alors il le pouvait sans crainte d'être jugé.

Pourtant, malgré son mal aise, il continuait de penser à mon confort et abaissait la température autour de nous pour me rendre cela plus supportable. Ce geste emplie de sympathie me fit étirer un nouveau sourire. Il était déprimé et voilà qu'il pensait tout de même à moi malgré tout... C'était vraiment quelqu'un de bien et d'attentionné... J'appréciais sa sollicitude et sa présence à mes côtés : tout semblait plus simple.

Sa main était toute chaude et réchauffait la mienne sans la brûler. Ce contact avait quelque chose d'apaisant. J'avais moi même engagé ce geste dans ce but et voilà qu'il en faisait de même pour moi... Je commençais à me demander qui apportait du réconfort à l'autre... Finalement nous nous sentions visiblement tous les deux coupables pour le mal être ressenti par l'autre...

Après quelques instants, un sourire vint illuminer de nouveau son visage : ce qui me rassurait. Il m'assurait ne pas avoir envie d'en parler pour le moment, ne voulant guère gâcher le moment.

« Je préfère que l'ambiance soit pesante mais que tu puisses te sentir soulagé quelque part plutôt que de garder tout cela pour toi... »

Ce n'était jamais bon. Tant pis pour l'ambiance, c'était son bien être qui m'intéressait.

« Mais je ne veux pas te forcer alors si tu veux cela peut-être plus tard. »

Je respectais sa décision mais je me sentais toujours peinée de savoir qu'il était affecté.
Il s'excusait pour avoir « gâcher » le bon déroulement de notre repas et me remerciait pour ce dernier par la même occasion, ce à quoi je lui répondais par un nouveau grand sourire :

« Oh mais de rien ! C'était avec plaisir ! »

Je marquais une pause avant d'ajouter, l'air un peu plus hésitant :

« Ne te culpabilise pas, j'ai aussi ma part de responsabilité dans tout ça... »

Si je n'avais pas évoqué ce sujet à la légère, jamais nous aurions dû à en passer par là...
La suite se passa si vite que je n'eus pas vraiment le temps de réellement bien l'assimiler. Il me remerciait également pour le soutien que je lui avais apporté a travers mes gestes, désignant nos mains liés tandis qu'il déposait un baiser sur le dessus de la mienne. Surprise, je déglutissais et fuyais la scène du regard un instant, tout en sentant le pourpre envahir mes joues. J'étais à la fois gênée par l'inattendu de son geste mais également heureuse de ce dernier si bien que ma propre chaleur augmenta et que j'étais presque sûre que l'on pourrait apercevoir de la fumée s'échapper de mon corps tant mon élément devait s'évaporer sous les effets de cette montée soudaine d'adrénaline.

Lui aussi semblait dans le même état d'esprit que moi. Je craignais que cela ne nous plonge une nouvelle fois dans le mutisme mais il renchérissait rapidement pour « s'excuser » en évoquant que cela lui était venu naturellement : ce qui eut le don de renforcer le rouge de mes joues. Le fait qu'il dise cela ne signifiait qu'une seule chose : il semblait aussi attaché à moi que je l'étais envers lui... Je trouvais cela surréaliste... Comment c'était possible ? Je veux dire... Nous nous connaissions que depuis quelques heures et pourtant j'étais déjà aussi lié à lui que si je le connaissais depuis des lustres ! Tout cela était une sensation très étrange... J'étais au moins aussi proche avec lui que je pouvais l'être avec Kihran, mon ami d'enfance et meilleur ami...

Mes mots étaient comme bloqués dans ma bouche... Je ne parvenais plus à dire quoique ce soit pour exprimer cela. Qu'aurais-je pu dire de toute façon ? « Ce n'est rien » ? « Ne t'en fais pas » ? «  Ne te gêne pas... Recommence... » ? Si bien que je préférais ne rien dire et opter pour un changement d'ambiance. A regret, ma main quitta la sienne avec rapidité pour aller attraper le livre qu'il lisait quand je l'avais rencontré, voyant sa forme à travers son kimono. Mon geste était précis et véloce mais je pus tout de même sentir son torse sous mes doigts l'espace d'une seconde.

L'objet en main, j'affichais un sourire espiègle et observais l'ouvrage un bref instant avant de tendre le bras dans la direction opposée à lui même pour l'empêcher de le reprendre.

« Tu le veux ? »

Le questionnais-je tout en tirant légèrement la langue, joueuse.

« Viens le chercher ! »

Autant dire que cela ne serait pas simple de le récupérer... Peut-être même que j'allais le garder ! J'aurais un souvenir temporaire de cette rencontre avant de le lui rendre ultérieurement... Je n'allais pas tarder à devoir rentrer et si je pouvais garder un petit quelque chose pour me remémorer ces instants passés... Je n'allais pas m'en priver !

J'avais choisi de ne pas lui répondre quand elle avait insisté en disant préférer une ambiance pesante si je pouvais être soulager. Je lui avais juste fait comprendre que ça irait pour moi. De sa part, c'était une preuve de plus qu'elle semblait donner de l'importance à mon bien être. Mais c'était décidé pour moi, nous en parlerions plus tard, peut-être.
D'après sa réponse suivante, j'avais eu la certitude qu'elle m'avait invité avec plaisir, puis qu'elle se considérait tout autant responsable de la mise en route de mon chagrin. Je le pensais encore, c'était de ma faute et non la sienne. Je devais vraiment arrêter de ressasser une histoire de peine appartenant au passé. Ou en tout cas ne plus y penser avec autant de tristesse, mais sereinement.

Nous revoilà maintenant au baiser que je venais de déposer sur sa douce main. Je la tenais encore et je ne pouvais que remarquer le rouge envahissant ses joues, elle fuyant la scène du regard. Et comme le contact était toujours là entre nos mains, je perçu brièvement une augmentation de température dans son corps. Et ce même si je n'avais pas des dons aussi aiguisés que mon père pour la perception sensorielle de la chaleur.
Puis je m'étais excusé pour signaler que c'était venu tout seul, histoire de décomplexer la situation et de prendre plus ou moins de plaisir à cette situation gênante mais stimulante. En faites, le rouge de ses joues ne fit qu'augmenter... Pendant un court instant elle ne prononça aucun mot et je savourais cet instant de communication silencieuse entre nous deux.
Mais sans que je ne puisse rien prévoir, d'un geste vif sa main passa sous mon kimono pour s'emparer du bouquin que je lisais plus tôt. Je n'avais pas manqué de subir un léger frisson dont le point de départ était l'endroit où sa main était rentrée en contact avec la peau de mon torse. Ce qui eut pour effet de me faire sursauter subitement sans que je ne puisse rien cacher. Elle avait déjà le bras avec le livre dans la direction opposé.

« Hé ! »

Elle voulait jouer. Sa langue tirée en était la preuve. J'essayais de l'attraper en tendant le bras mais sans résultat. Puis on se leva et elle commença à s'élancer en arrière et moi à sauter vers elle à plusieurs reprises. Je soufflais un peu lassé mais amusé à la fois.

« Très bien, jouons à chien et chat, tu ferais mieux de courir ! » dis-je avec un sourire espiègle.

C'est ainsi que nous nous trouvions à sauter de toits en toits dans le village de Suna, à courir de rues en rues aussi, parmi l'air et le vent chaud des hauteurs. Peu importait autour de nous. Moi je voulais juste récupérer mon livre ! Je ne l'avais pas encore fini non mais oh. La suivre ainsi par les airs était amusant en revanche et je devais l'avouer. Cela ne rendait que plus excitant le moment où je l'attraperais enfin. Du quartier marchand on se retrouvait dans le quartier Ketsueki. Je n'avais pas fait attention à la direction qu'on prenait. Je savais naturellement qu'il ne valait mieux pas les embêter. Nous étions sur un simple toit de bâtisse et à quelques mètres devant nous on voyait un manoir de grande taille, entouré d'un jardin certainement pas aussi verdoyant que ceux de Konoha. J'avais heureusement réussi à attraper le bras de Yell avant qu'elle ne saute encore plus loin.

« Attention, nous sommes dans le quartier des Ketsueki, et c'est leur manoir. On les compte parmi les plus cruels et perfides de Suna. »

Alors je lui souriais chaleureusement.

« On fait demi-tour ou tu veux prendre le risque ? »

Je venais maintenant d'empoigner sa main comme si nous marchions côte à côte, mais nous étions immobiles face à une vue sur le manoir. Mon pouce venait la caresser doucement, sans doute pour la rassurer. Je la regardais.

« C'est d'accord tu peux garder le livre si tu y tiens ! Mais tu y prends soins comme à la prunelle de tes yeux et on quitte tranquillement ce quartier pour aller au suivant, bien plus accueillant ! »

Elle avait gagné cette partie ! Mais j'appréciais vraiment sa compagnie et notre complicité si naturelle et pourtant si nouvelle. C'était nouveau pour moi.

Il essayait d'attraper son livre... mais en vain. Il fallait dire que je ne céderais pas si facilement ! Après toute cette tension et ces émotions accumulées en un laps de temps si réduit j'avais besoin de me défouler en décompressant et cela passait pour moi par la taquinerie.

Il s'élança vers moi tandis que je reculais, gardant toujours une distance certaine avec lui pour l'empêcher de récupérer son dû. Ce comportement semblait à la fois l'agacer et l'amuser si bien que je poursuivais ma manœuvre. Si cela ne l'avait fait que suer je me serais arrêtée : le but était que lui aussi s'amuse et se détende ! Cependant, c'était même lui qui renchérissait en proposant de jouer a chien et chat ce qui nous faisait atterrir sur les toits que nous dévalions à toute vitesse !

Il faisait brusquement plus chaud mais je parvenais à ne pas en souffrir car j'étais , pour le moment, concentrée sur mon objectif. Les rues se succédaient, tout comme les différents cadre qui s'offraient à nous. Le marché et ses senteurs exquises ainsi que sa foule, des ruelles plus calmes et peu fréquentées, un énorme manoir planté au milieu de nul part un peu plus loin.

J'étais fascinée par ce bâtiment, oubliant un instant que j'étais traquée pour me focaliser dessus avant de sortir de ma rêverie et être stoppée dans ma course par Tetsui qui m'avait rattrapé et qui me maintenait même par le bras. J'étais persuadée qu'il allait tenter d'attraper son livre si bien que, lorsque je réalisais ce qu'il s'était passé, je tendais mon autre bras tenant le livre loin de lui.

Toutefois, ce n'était pas ce qu'il cherchait à faire. Il m'expliqua, d'un ton sérieux, qu'il fallait faire attention car cette résidence appartenait aux « Ketsueki » qui étaient, semble-t-il, une gangrène mal intentionnée de Suna...

« Cruels et perfides ? Mais... Pourquoi ne sont-ils pas enfermés alors ? Enfin... Quel est leur pouvoir ? »

Comment le village pouvait garder entre ces murs des individus qu'ils jugeaient eux même dangereux ?

« Ils sont vraiment dangereux où ils sont juste mal vus pour je ne sais quelle raison ? »

Je me méfiais des rumeurs mettant des gens à l'écart, y étant moi même sujette pour mon propre cas. Cependant, puisque Tetsui le disait alors même qu'il n'avait rien trouvé à redire sur ma propre condition, je ne voyais pas pourquoi il irait dénigré un clan jugé différent sans raison apparente...

Finalement, il me demanda si je préférais faire demi-tour où si nous prenions le risque... J'aurais été tentée d'y aller quand même, étant joueuse et curieuse, mais les propos de Tetsui me faisaient douter et quand sa main pris la mienne et que son pouce la caressait comme pour me réconforter et m'apaiser cela me confortait dans mon choix.

« Ok... Faisons demi tour alors. »

Lui disais-je tout en lui adressant un faible sourire qui témoignait de ma compréhension. C'était comme si je m'apprêtais à franchir une zone défendue et de me faire prendre sur le vif sans même savoir qu'elle était inaccessible...

Cependant, mon sourire se fit plus franc lorsqu'il s'avouait vaincu pour le livre. Il concédait à me le laisser, à condition que j'en prenne soin. Cela signifiait qu'il avait suffisamment confiance en moi et d'attachement pour prendre ce genre de décision, lui qui était un féru de lecture. Ce geste me toucha d'autant plus si bien que, machinalement, je porta le livre contre ma poitrine, heureuse d'avoir récupérer quelque chose de cette rencontre, avant d'ajouter avec empressement :

« Je te le rendrais quand je l'aurais lu, ne t'en fais pas. »

Je ne comptais pas le lui subtiliser indéfiniment non plus mais cela me faisait plaisir de pouvoir l'avoir et constater de moi même ce qui intéressait et passionnait Tetsui.
Ce dernier proposait d'ailleurs que l'on rejoigne un quartier plus accueillant, ce qui me fit immédiatement penser aux quartiers Yamada bien que je ne pouvais en être certaine... Cela pouvait tout aussi bien être une place sympa dans le village... Mais bon au fond j'espérais que ce soit son quartier, comme ça, non seulement je saurais où le trouver, mais en plus j'allais enfin voir à quoi ressemblait l'aménagement des tentes de ces nomades ! Il me tardait de le découvrir.

Si telle devait être notre destination alors un réajustement s'imposait, bien que ce soit à contre cœur : je séparais nos mains liées pour descendre du toit tout en gardant ma bonne humeur :

« Je te suis ! »

Il n'était pas question de s'afficher de la sorte auprès de sa famille … Cela laisserait supposer d'un lien un peu trop... proche et même si j'en avais envie : ce n'était pas vraiment le cas. J'étais déjà attachée à lui après seulement quelques heures en sa compagnie et mon esprit me demandait à quoi je jouais alors que je choisissais de l'ignorer. Jamais dans ma vie je n'avais eu un si grand feeling avec quelqu'un si ce n'était avec Kihran. Tout comme je n'avais pas voulu laisser passer ma chance à l'époque, je ne voulais pas non plus passer à côté de cette opportunité, même si tout cela était tout de même bien différent de la façon dont s'était construit mon lien avec mon meilleur ami... Peut-être parce que nous n'étions que des jeunes enfants alors qu'aujourd'hui, mes ambitions étaient plus grandes...

Tetsui me rejoignait dans la rue et m'escortait jusqu'au lieu qui voulait me montrer. Quand des tentes se dessinèrent au loin devant moi, je sus que j'avais vu juste.

« Wahou... »

Lâchais-je, bouche bée. C'était impressionnant à regarder. Il ne s'agissait pas là d'un vulgaire campement avec des petites tentes plantées façon camping : cela ressemblait plus à des tentes impressionnantes comme l'on pouvait voir dans les batailles. Pourtant, il n'y avait rien d'hostile en ce lieu, bien au contraire, cela semblait très chaleureux, à l'image même des Yamada.
Des personnes entraidaient les plus jeunes, d'autres jouaient au shogi ensemble ou encore éclataient de rire dans une accolade fraternelle... C'était beau à voir. Je me sentais bien dans cet endroit semblable à un petit havre de paix malgré le contexte militaire du village caché du sable.

Certains regards convergeaient dans notre direction et étaient plus particulièrement focaliser sur moi, ce qui me faisait étirer un fin sourire alors que mon regard se montrait fuyant. Tetsui était salué par certains d'entre eux : c'était une grande famille.
Pour autant, je restais confiante car je n'avais pas honte de ce que j'étais et... de toute façon, ce n'était pas comme s'ils pouvaient le ressentir. Les Inuzuka flairaient bien vite ma nature mais les Yamada... Il y avait plus qu'à espérer qu'ils ne veuillent pas jouer a : « qui hausse sa température le plus haut » pour ne pas que je m'évapore devant eux...
En pensant a cela, machinalement, je me rapprochais de Tetsui, comme rassurée par sa présence et sur le fait qu'il ne pourrait rien m'arriver même si certains s'amusaient effectivement avec leur pouvoir clanique...

« Non, enfin je veux dire... on ne les dénigre pas. Suna est un village shinobi de toute façon et chacun y a sa place c'est certain. Les Ketsueki de Suna font leur travail et ils le font bien. Mais ils n'hésitent pas à se montrer des plus cruels et sans pitié pour le faire. »

J'ajoutais moins sérieusement.

« Après j'en connais une qui est très sympa avec moi ! Et ils manient le sang. »

Je pensais bien évidemment à Yami, pour qui j'avais aussi beaucoup d'affection, comme si elle était une membre de ma famille. Elle était quelqu'un qui s'intéressait à moi et à mon ressenti par rapport à certaines choses. C'était elle qui avait proposé de m'aider à dénouer le mystère de la mort de maman. Une première. Une chose qui m'avait réellement touché bien que j'aie refusé pour qu'elle se concentre sur la guérison de sa maladie. Mais une chose que même Kioshi ne m'avait pas proposé. J'espérais qu'elle allait bien aujourd'hui. De ce que mon cousin m'avait rapporté, elle était... changée. Et ce n'était pas que positif, chose qui me chagrinait, mais je ne pouvais pas encore en juger par moi-même.

Yell acceptait finalement de me suivre. J'étais rassuré. Au moins nous ne risquions pas de croiser un Ketsueki un peu trop fou. Elle eut le sourire aussi que j'accepte pour le livre, et le monta jusqu'à sa poitrine, sans doute pour signifier que ça lui importait beaucoup. Elle promettait de le lire et de me le rendre. Je lui offrais un sourire franc et hochais la tête. Au fond, son geste venait de me faire fondre. J'aimais vraiment beaucoup cette fille... que m'arrivait-il bon sang ?

« C'est d'accord, je ne m'en fais pas. »

Une fois en bas, elle me suivait jusqu'au quartier des Yamada où je voulais l'emmener. Je me doutais qu'elle était curieuse à propos de mon clan et qu'elle ne s'inquiète pas, au milieu de toutes ces tentes, la chaleur était très agréable et tempérée car beaucoup de Yamada régulaient la chaleur. Ce n'était pas bien loin mais le chemin se fit dans le calme, en toute complicité me semblait-il. Je me sentais bien avec cette fille. Avec elle je me sentais neuf, j'avais un peu moins la flemme de tout, parce que sa présence rendait les choses différentes, agréables et uniques. Et puis jamais il ne m'avait semblé m'attacher à quelqu'un, une femme, de cette manière. Surtout aussi rapidement.
Elle lâcha même un petit « wahou » quand les tentes furent en vue, me faisant sourire par la même occasion. Nous pénétrions dedans simplement et je la laissais se faire son idée elle-même. Observer, regarder, apprendre, elle était là aussi pour satisfaire sa curiosité. Elle serait bien la seule ninja de Konoha que j'inviterais à découvrir l'intérieur de mon clan. Que les autres aillent se faire voir et aient la surprise lors des examens pensais-je brièvement. Je connaissais plus ou moins tout le monde ici et on me salua au passage, la politesse bien chaleureuse nous était propre. Je leur rendais le salut en souriant.

« Voici Yell du village de Konoha, je lui fais visiter un peu ! » expliquai-je

« Oh ! Bienvenue parmi nous Yell, nous sommes râvis ! » s'exclama un senior très sympathique.

Si bien qu'à partir de ce moment, parce qu'elle était accepté par l'un d'entre nous, elle l'était par tous. Les saluts s'adressaient donc aussi bien à elle qu'à moi dorénavant. Nous avancions d'un pas vraiment tranquille, sans nous presser, quand soudain Yell se rapprocha de moi comme pour se mettre en sécurité.

« Tu ne crains rien, ici les Yamada régulent la température pour qu'il fasse bon tu ne sens pas ? » lui demandai-je. « Allez viens par ici ! »

Je tirais discrètement sa main pour que cela ne se remarque pas trop. Nous arrivions devant la tente de Kioshi.

« Voilà la tente du Kazekage, mon cousin, il est comme un frère. »

Puis à une dizaine de mètres, celle de mon père.

« Voilà celle de mon père. »

Il était en ce moment même en train de diriger l'équipe de surveillance de la Voie illusionnée avec Jinaï, la Akuzu. En faites il n'était donc pas si loin que ça d'ici.

« Et... voici la mienne ! Comme tu peux le voir, nous vivons tous très proches les uns des autres. C'est l'esprit nomade qui reste en nous. » souriais-je.

Je restais planter là, elle avait ainsi vu à quoi ressemblait mon quartier et ses tentes. Je n'osais cependant pas lui faire visiter l'intérieur de la mienne. Cela pourrait être trop mal interprêté.

« Bon ! On peut continuer donc, à moins que tu ne sois curieuse de voir comment c'est à l'intérieur... Et si tu veux te reposer un peu sans l'agitation du quartier résidentiel où je t'emmènerais plus tard, tu peux aussi. Je me ferais silencieux tu as ma parole. Il me suffira par exemple de prendre un autre bouquin et de te laisser te reposer. »

Je souriais un peu plus timidement. Je pensais vraiment ce que je disais. Il n'y avait pas une once de calcul ou de mauvaises intentions dans ma proposition. Juste lui montrer comment c'était et indirectement lui en apprendre un peu plus sur moi. C'était inconscient, et j'aimerais pouvoir en apprendre autant d'elle...

Tout en avançant dans le quartier Yamada, je repensais à ce que Tetsui m'avait dit sur les Ketsueki : perfides, froids, cruels... Autant d'adjectifs bien contraire à ce que j'avais sous les yeux, auprès des manieur de la chaleur.
Pourtant, il m'avait dit en connaître une qui se montrait très sympa avec lui, ce qui avait le don de m'inquiéter... Et si elle le manipulait ? J'avais peine a croire que des gens comme eux avaient de notions de sociabilisations... D'autant plus lorsqu'on savait qu'ils maniaient le sang... Un art bien lugubre mis entre les mains d'un clan qui le semblait tout autant... Cela ne devait pas donner des choses très belles à voir... Mon cœur se serra à cette idée mais si Tetsui disait qu'ils s'étaient bien acclimatés a Suna et qu'ils servaient bien le village alors je tâchais de ne pas m'en faire...

Notre marche se poursuivait parmi toutes ces tentes. Tetsui me présenta à un petit groupement tandis qu'un ancien m'adressa un franc sourire en me souhaitant la bienvenue tout en m'assurant qu'ils étaient ravis de faire ma connaissance. Il parlait au nom de tous les autres, comme un patriarche qui savait précisément que les siens partageaient son avis puisqu'ils étaient une grande famille unie et soudée.

« Enchantée monsieur. Merci pour votre accueil. »

Répliquais-je tout en inclinant légèrement le haut de mon buste en signe de politesse et de respect tandis que mon expression témoignait de ma sincérité, mes yeux bleus luisants de joie.

Nous poursuivions notre route, si bien que dorénavant, aussi bien Tetsui comme moi même, pourtant inconnue, étaient salués. Je souriais et rendais les salutations : heureuse de ce climat chaleureux.

Mon Yamada guide remarqua ma prise de distance inconsciente et me rassurait en affirmant qu'il n'y avait rien à craindre car les siens rendaient la température plus supportable ici : c'est vrai que je le sentais. Il faisait nettement plus doux dans le quartier, cela était facilement supportable comparé à ce que j'avais pu subir en arrivant ou sur les toits en m'enfuyant avec le livre.

Sa main attrapa doucement et discrètement la mienne tandis que nous continuons jusqu'à passer devant la tente du Kazekage. J'étais impressionnée de me trouver juste là, devant la tente du symbole de Suna si bien que je regardais ma tenue et espérais ne pas avoir à le croiser, bien que je ne doutais pas de la sympathie du cousin de Tetsui ni même de sa simplicité mais... je n'avais guère une tenue des plus appropriée pour rencontrer un Kage...

Heureusement, visiblement les présentations ne seraient pas pour aujourd'hui puisque nous remontions l'allée jusqu'à la tente de son père pour finalement se retrouver devant la sienne. D'extérieure, elle était semblable aux autres si bien que je me demandais comment j'allais faire pour la retrouver lorsque je reviendrais ici : parce que j'allais revenir, je le savais.

« Je vois ça. C'est une bonne chose que vous soyez si soudés. Il est rare de voir un clan où tout le monde s'entend bien. »

Lui répondais-je quand il affirmait qu'ils vivaient tous proches les uns des autres du fait de leurs origines nomades.

Le temps sembla s'arrêter quelques instants ensuite alors qu'il n'osait plus rien dire... Devions nous prendre congé ? J'étais pourtant drôlement curieuse de voir à quoi cela ressemblait à l'intérieur et je m'apprêtais même à jeter un œil rapide pour satisfaire ma curiosité mais Tetsui choisi ce moment pour m'expliquer la suite des événements : nous pouvions aller ailleurs ou bien rentrer là dedans où je pourrais me reposer un peu avant qu'il m'accompagne jusqu'aux quartiers destinés à la délégation de Konoha.
Lorsqu'il affirma se montrer discret et lire tranquillement, cela me faisait étirer un nouveau sourire :

« Tu es chez toi alors fais ce que tu veux. Il y a aucune raison que tu agisses en fonction de moi ! »

S'il voulait lui même se reposer ou faire du bruit eh bien qu'il le fasse. Je trouvais toutefois son attention craquante... Mon cœur se réchauffa une nouvelle fois légèrement, de manière, je l'espère, imperceptible. J'avais envie de passer du temps avec lui et ne plus m'en séparer. C'était une sensation très étrange mais l'idée même de devoir irrémédiablement le laisser vaquer à ses occupations alors que je rejoindrais ma troupe Konohajin me serrait le cœur dans un étau et me dictait de profiter encore plus des instants passés en sa compagnie. De toute façon je venais d'arriver alors... j'allais le revoir n'est-ce pas ?

Tetsui tira un pan de la tente pour me laisser entrer en première. Ce que je découvrais était, à mon sens, somptueux. Des tentures étaient accrochées et retombaient comme d'épais rideaux à la fois décoratifs et créant une séparation entre les différentes « pièces ». Des luminaires étaient suspendus, une étagère était bien fournie en livre si bien que ceux ne pouvant y tenir reposaient sur le sol de façon ordonnée. Des poufs étaient installés sur les tapis au sol et j'apercevais également un lit parsemés d'oreillers ainsi qu'une baignoire dissimulée à demi par une autre tenture tendue. Il se dégageait de cet endroit un climat détendu et chaleureux, encore une fois. De l'extérieur, il n'était pas vraiment possible de s'imaginer le genre de petit coin de paradis, de havre de paix, que pouvait contenir ces maisons sommaires mais tout aussi confortable : j'étais conquise par leur ingéniosité.

« C'est magnifique. »

Disais-je en posant le regard partout tout en avançant doucement avant de me retourner vers Tetsui.

« Avoir un endroit comme cela pour soi ne donne pas vraiment envie d'en sortir. »

Plaisantais-je. Je comprenais encore mieux pourquoi il dévorait des livres ici : l'atmosphère qui y régnait était propice à la détente.
Il m'invita a m'asseoir sur le lit si je le désirais tandis qu'il s'installerait sur l'un des poufs pour reprendre une lecture. En effet... le lit m'appelait. J'étais éreintée par toute cette marche dans le désert et tout ce qui s'en était suivie mais je ne voulais pas non plus abuser de son hospitalité si bien que je décidais de m'installer moi aussi sur un pouf à côté de lui. Il lisait un autre livre tandis que j'ouvrais celui qu'il m'avait prêté. J'en lisais quelques pages, apprenant déjà des choses fascinantes sur diverses contrées du Yuukan avant que mes yeux ne s'alourdissent peu à peu par le sommeil, me faisant relire plusieurs fois le même passage sans vraiment l'intégrer. Finalement, je perdais la lutte et mes yeux se fermaient peu à peu tandis que ma tête se posait sur l'épaule de Tetsui...

Fort heureusement, ma proposition de rentrer dans la tente n'avait semblé éveillé aucune fausse idée. Au contraire, un sourire s'étirait sur le visage de la douce konohajin. Cet instant serait sans doute marqué dans mon esprit. Nous devant ma tente, moi un peu timide, et elle avec son sourire. Une image dont je me rappellerais comme de beaucoup d'autres aujourd'hui. Après tout on me disait souvent que je me rappelais de tout et que j'avais une mémoire d'éléphant, ça embêtait ceux qui voulaient me jouer des tours. Mais là je retenais ces moments d'une tout autre façon. Quoi qu'il en soit, je lui rendis son sourire.
Je tirais donc un pan de l'entrée de ma tente pour qu'elle y pénètre en premier. Elle s'avança lentement et observa avant d'annoncer que c'était magnifique. Étonnant de la part d'une étrangère qui n'était pas du clan Yamada, mais pas moins réconfortant pour moi. En effet la plupart des gens à Suna, ne comprenaient pas et avaient une image erronée de ce que pouvaient être nos tentes. Cette image était peut-être renvoyée par Kioshi qui possédait l'habitat le plus vétuste. Les autres devaient en faire une généralité mais ça ne nous touchait pas vraiment. En faites, nous n'avions rien à nous reprocher par rapport aux Kawaguchi ou à d'autres qui ne comprenaient pas la pluralité et la diversité des modes de vie. Il n'y avait pas que le leur. Mais bon... je me fichais bien de tout ça tandis que Yell se trouvait ma tente et qu'elle était mon invitée. Je m'avançais pour la rejoindre.

« Haha oui c'est parfois le cas ! Mais si le monde ne se résumait qu'à ma tente je serais bien triste ! »

Je n'aurais jamais rencontré une si jolie fille venue d'ailleurs par exemple.

« En tout cas, si tu veux te reposer, le lit est là. Alors ne t'inquiète pas pour moi, tu dois être éreintée de ton voyage... »

Je le lui montrais de la main puis allais m'asseoir sur l'un des deux poufs côtes à côtes devant la table basse. Puis je la regardais pour voir ce qu'elle décidait.

« Bien sûr ce n'est pas une obligation ! » plaisantai-je un peu taquin.

Elle vint finalement s'asseoir à côté de moi. Je ramassais un livre posé sur la table, que j'étais en train de lire en ce moment. Je lisais souvent deux, ou même trois livres en même temps pour alterner et voyager à plusieurs endroits à la fois. Peut-être que était-ce un symptôme du rêveur ?
Celui-ci n'était rien d'autre qu'un recueil de poésies d'un poète originaire des régions neigeuses vers le Shukaï. Elles traitaient de divers sujets, certaines étaient plus parlantes que d'autres à mes yeux, mais j'aimais pas mal son style et l'utilisation des mots qu'il faisait. Je me plongeais dans l'une d'elle après avoir regardé Yell à côté de moi et lui avoir souri. Ce moment était l'occasion de voir si nous pouvions supporter des moments de silences comme celui-ci. Des moments de sérénité dans lesquels on pouvait dire bien plus de choses qu'en parlant. Et justement ! Je la vis ouvrir le livre qu'elle m'avait emprunté pour en lire quelques pages. Un sourire de satisfaction naissait sur mon visage tandis que moi-même je lisais mon ouvrage. C'était cela le langage du silence dont je parlais. Celui des actions et des gestes, celui du non-dit qui en disait beaucoup. Et juste en lisant à mes cotés, Yell venait de me faire une des plus belles déclarations. Mon cœur s'échauffait un instant et puis je me sentais au mieux. Cette ambiance complice me plaisait. Alors nous lisions toujours et quelques instants plus tard sa tête se posa sur mon épaule.

* J'aime beaucoup Yell mais j'en demandais pas tant tu sais ! * pensais-je.

Je croyais qu'elle était éveillée et venait posait sa tête consciemment pour je ne sais quelle raison. Jusqu'à ce que je comprenne que non, en écoutant sa respiration qui était celle d'une personne endormie. Un soupir de soulagement sortait de ma bouche, je ne savais pas pourquoi. Peut-être que j'avais envie de son contact mais que la vitesse exceptionnelle à laquelle tout se passait m'inquiétait. Oui pour être honnête, les choses ressenties par mon corps depuis ma rencontre avec Yell n'étaient pas sans me perturber l'esprit. Puisqu'elles n'étaient pas rationnelles. J'attendis quelques minutes comme ça, avec Yell sur mon épaule. C'était certains, elle dormait profondément et dans un calme notable. Mon lit était juste là-bas, c'était bête qu'elle ne puisse profiter du repos qu'offrait un véritable confort... Je dégageais lentement et délicatement sa tête de mon épaule sans la réveiller. Maintenant elle était presque allongée de côté, la tête sur le pouf. Mes bras vinrent se glisser sous ses cuisses et sous ses bras pour la soulever et aller la poser sur un côté de mon lit. Là. Je ne la couvrais pas car elle devait déjà avoir assez chaud. Elle pouvait dormir autant qu'elle voulait ici. Bien sûr je prendrais soin de la réveiller avant la nuit pour l'emmener à ses collègues pour ne pas qu'ils s'inquiètent de ne pas la voir.

Se faisant, j'allais servir un verre d'eau que je posais sur la table de chevet à côté. Puis toujours avec mon livre, je venais m'asseoir sur un coussin que je plaçais par terre à côté du lit et du côté où dormait Yell. Je me plaçais donc dos à elle et m'adossais sur le bord sur lit. Yell était juste derrière, toute proche. Je me replongeais dans ma lecture. Un bâillement d'abord, puis quelques autres ensuite et je m'endormis finalement moi aussi. À même le sol et même pas sur un lit. Celui-ci était pour Yell aujourd'hui.

Konoha, mes parents, Kihran, tout autant de choses que j'aimais et qui accompagnaient mes songes. Il y avait toutefois une nouvelle personne qui occupait mon esprit.
Le subconscient était capable de bien des choses étranges : comme celle de nous faire rêver de certaines situations vécues dans la journée. C'était ce qu'il m'arrivait.
J'avais véritablement l'impression de revivre des heures de ma journée, quelques peu modifiées alors que les songes ne duraient sensiblement qu'une poignée de secondes.

Je me revoyais, sillonnant le désert avec mes camarades pour parvenir jusqu'à Suna : cet enfer stérile. J'avais bons nombres d'appréhensions, devant faire face à une problématique plus grande encore que les autres : comment un corps élémentaire d'eau pourrait tenir dans une telle fournaise ? Allais-je m'évaporer ? Jamais je n'avais été confrontée à un climat si particulier si bien que je ne m'étais jamais posée la question en plus de ne pas en connaître la réponse.
Pour faire mes preuves je devais toutefois m'y résoudre : la fierté de réussir malgré mon handicap concernant le climat n'en serait que plus gratifiant.

Et voilà que les portes du cauchemar tout juste franchies, dans un élan d'agonie en me voyant mourir à petit feu, un sunajin avenant m'avait prêté assistance dans mon problème, sans hésiter. J'aimais bien ce Sunajin. Il était cultivé, réfléchi, posé et ouvert d'esprit et j'avais remarqué tout cela en l'espace de seulement quelques heures en sa compagnie...
Finalement, l'étendue de sable avait bel et bien âme qui vive et n'était pas si pénible...

Plusieurs battements de cils m'extirpèrent de mes pensées, me laissant ouvrir mes yeux sur un lieu que je ne connaissais pas vraiment mais déjà si familier et rassurant. J'étais posée sur un lit sans me souvenir de m'y être endormie et la silhouette que je pouvais apercevoir face à moi, posée a même le sol, me confirmait que je me trouvais bien chez lui. Rêvais-je encore ? J'étais pourtant en train de lire un livre avant de me retrouver là... Quelle heure était-il ?
Tetsui était lui aussi profondément endormi malgré sa position qui ne devait pas être très confortable... Le songe se poursuivait donc sinon que ferais-je ici ?

Distraitement et doucement, mes doigts passaient dans la chevelure châtain du Sunajin. Mon regard se porta sur la table de chevet sur laquelle figurait un verre d'eau, ce qui me fit étirer un sourire peu affirmé à cause du sommeil. Même dans mes rêves il était pleins de bonnes intentions. Il s'assurait de mon confort au détriment du sien alors même qu'il était chez lui.

De ma main libre, j'attrapais le verre d'eau que je bus d'une traite. Cela me faisait un bien fou : une sensation revigorante m'envahissait tandis que j'étais en phase avec mon élément et qu'un Yamada temporisait les choses en créant une certaine climatisation. Mon esprit semblait se rassembler à cet instant. Tout était... trop réel pour n'être qu'un rêve. Par réflexe, j'éloignais ma main des cheveux de Tetsui mais lui aussi semblait retrouver ses esprits... trop tard...

Confuse, je me relevais du lit subitement pour lui faire face un peu plus loin :

« Désolée je me suis endormie... Il faut croire que toutes ces émotions m'ont fatigué plus que je ne le pensais... »

Mon regard croisait le vide avant de le porter sur le sien :

« Je te remercie pour ton accueil. C'est vraiment dépaysant un cadre de vie comme celui-là... Merci Tetsui. »

Je n'allais pas plus abuser de son hospitalité.

« Oh...un dernier petit service... Pourrais-tu me conduire aux quartiers réservés à ma délégation si tu sais où ils se trouvent ? »

Il était sûrement temps pour nous deux de nous remettre de nos émotions.

Je fus réveillé par une douce sensation. C'était un contact chaud, discret et tendre. Peu importe ce à quoi je rêvais ou cauchemardais dans mon sommeil, j'en étais tiré de manière bien confortable. Plusieurs secondes durant j'étais aux anges, jamais je n'avais connu un réveil pareil. Je ne comprenais pas d'où ça venait. Finalement quand j'ouvris les yeux, enfin tiré de mon sommeil pour de bon, je me levais en douceur pour découvrir plus loin et face à moi une Yell un peu confuse. S'était-elle réveillée il y a peu elle aussi ? Peut-être juste avant moi... Je me demandais si j'avais bien fait de la mettre sur mon lit et si elle n'avait pas trouvé ça un peu osé, ou bizarre. Oui, je venais de me réveiller et je pensais déjà à ça. Elle était toute aimable et s'excusait de s'être endormie, prétextant un trop plein d'émotions. Mais son voyage devait bien y être pour quelque chose. Et puis... j'étais d'accord, nous avions fait pas mal de choses aujourd'hui. Pourtant le temps était passé si vite... Je ne répondais rien dans l'instant, je l'appréciais juste, quand elle trouva mon regard pour me remercier.

« Je t'en pris, tout le plaisir était pour moi ! »

Son dernier souhait était que je la mène au quartier de sa délégation. Quel débile j'étais, j'avais oublié que je devais l'y emmener à la base. Je fis mine de rien et répondais d'un air assuré.

« Je t'y conduis quand tu veux, les tiens vont commencer à s'inquiéter si ils ne te voient pas arriver... »

Une pointe de regret sur le bout de la langue quand même. Mais il fallait bien retourner à la réalité.
Je me dirigeais tranquillement vers la table basse pour y saisir le livre que Yell m'avait emprunté un peu plus tôt. Se faisant, je m'avançais devant elle pour le lui donner simplement.

« N'oublie pas ça. Si tu n'as pas ton instrument, peut être qu'un peu de lecture te changera les idées. »

Je regardais l'heure et m'apercevais qu'il était presque dix-sept heures. Alors en route !
Dix minutes plus tard nous marchions dans les rues de Suna en direction des quartiers destinés aux konohajins. On y arriva en un gros quart d'heure. Le moment était venu de se dire à bientôt.

« Voilà tes quartiers, les tiens doivent déjà y être, je te laisse ici si tu veux bien. »

Je ne voulais pas me mêler à Konoha comme je ne les portais pas dans mon cœur. Je regardais avec insistance Yell. Elle était l'exception.

« Il faudra que tu me rapporte le livre un jour ou l'autre hein ? » souriais-je.

Je me grattais la tête un peu plus gêné maintenant car cette rencontre touchait à sa fin.

« Je ne sais pas quand je te reverrai, mais si tu as un autre soucis tu sais où me trouver moi et les miens. Bonne chance pour l'examen j'imagine... »

Je ne partais cependant pas tout de suite, je voulais écouter tout ce qu'elle pourrait me dire avant que je ne m'en aille.

Je ne pus m'empêcher d'arborer un petit rictus gêné lorsque Tetsui accepta de me raccompagner tout en disant que les « miens » devaient s'inquiéter. Je me grattais dès lors machinalement la tête de mal aise :

« Oh... A vrai dire personne ne m'attend ni ne doit s'inquiéter pour moi et où je suis rendue... Excepté mon meilleur ami sans doute. »

Après tout, je n'avais bien que lui qui me portait un quelconque intérêt. Pour les autres je n'existais pas et personne ne me connaissait dans la délégation à vrai dire hormis Kihran...

« Tu en sais désormais bien plus à mon sujet qu'eux... 

Puisqu'ils ne savaient rien.
Une moue peinée s'affichait sur mon visage quelques instants avant que Tetsui ne s'approche de moi ,pour me remettre le livre que je lui avais subtilisé puis emprunté, tout en me réconfortant à travers une lecture qui me changerait sans doute les idées sur tout ça et sur le fait que je n'avais même pas mon violon avec moi pour faire passer le temps.
Je lui adressais un sourire pour le remercier. Il était très avenant et je n'avais pas l'habitude de ce genre de sollicitude à mon encontre, ce qui me touchait d'autant plus.

Finalement, il ouvrait la marche, me menant jusqu'à mes « quartiers ». Non pas que je sois vraiment impatiente d'y aller car la compagnie de Tetsui m'était bien plus sympathique mais il fallait bien... Et puis j'étais suffisamment fatiguée pour juger qu'une petite sieste ne serait pas de trop pour me préparer en vue de l'examen chuunin qui s'annonçait être un calvaire pour moi.

Le trajet fut silencieux. Nous n'avions vraisemblablement rien à dire et nous contentions de profiter de l'instant : c'était du moins ce que je faisais. Le simple fait de marcher en sa compagnie avait quelque chose d'apaisant et réchauffait mon cœur.

Après un bon quart d'heure le point de ralliement était en vue. Tetsui émettait visiblement une réserve à s'aventurer plus près encore des Konohajins mais je pouvais le comprendre : je n'aurais pas aimer non plus m'aventurer parmi des étrangers qui vous observent sous toutes les coutures.

Le moment des au revoir ou des adieux approchaient et l'atmosphère semblait s'alourdir d'un cran par le mal aise.
Je souriais aux propos du Yamada concernant son livre tout en lui répondant d'un air solennel , les yeux plongés dans les siens :

« Je n'y manquerais pas... »

Ce livre... Il m'assurait de le revoir un jour puisque je devrais le lui rendre. Non seulement j'allais prendre soin de le lire mais en plus il était mon passeport pour retrouver Tetsui : nul doute que je chérirais cet ouvrage comme la prunelle de mes yeux.
Comme s'il songeait à la même chose que moi, il évoquait ne pas savoir quand me revoir mais que, en revanche, je savais où le trouver si jamais j'avais un autre soucis... comme le besoin de le retrouver peut être ?

J’acquiesçais avec un franc sourire satisfait teinté d'une certaine tristesse, je devais bien l'avouer.

« Merci, c'est gentil. Je m'en souviendrais. Bonne chance à toi aussi pour l'examen même si j'imagine que tu t'en sortiras bien plus brillamment que moi. »

Je ne mettais pas en doute mes capacités mais le fait était que le climat à lui seul parvenait à me nuire alors les épreuves en elles mêmes... J'avouais craindre le pire.

Le livre dans une main, je m'approchais un peu plus de lui et déposais un bisous sur sa joue avant de ponctuer mon geste avec mes paroles :

« Merci pour tout Tetsui. J'ai adoré passer du temps en ta compagnie. »

Je marquais une pause avant de poursuivre dans un élan de courage :

« J'espère que l'on pourra passer d'autres moments du même genre, tous les deux... »

J'esquissais un nouveau sourire et commençais à m'éloigner, le cœur lourd, en me retournant une dernière fois à mi chemin pour lui adresser un signe de la main.
Une fois dos à lui, j'observais le livre, heureuse d'avoir pu conserver quelque chose de cette rencontre et qui me permettrait de patienter jusqu'à ce que je puisse le retrouver.