Enfin ! Tout juste promu et libéré quelques jours de ses obligations ninjas, Namiko avait décidé de quitter le pays pour voyager un peu. En fait, quand il vagabondait avec sa famille pour fuir la guerre, il voyait le voyage comme une contrainte. Or, depuis qu’il avait trouvé un foyer à Kumo, cela lui manquait un peu. Voir tout le temps les mêmes paysages, ressentir le même climat, parler aux mêmes personnes, avoir les mêmes habitudes chaque jour, il voulait un peu se changer les idées. Ainsi, il décida d’aller vers le village de la plus grande nation la plus proche de son pays : Konoha. Plus jeune, il avait déjà traversé la forêt à maintes reprises. D’ailleurs, il y avait fait quelques rencontres qu’il n’avait pas oubliées. En réalité, c’était un peu pour cela qu’il avait fait la route jusqu’à ce point précis. Il ne l’avait dit à personne, puisque de toute manière c’est un garçon très discret et secret, mais il voulait revoir quelqu’un. Cette personne avait de nombreuses chances d’être à Konoha. A l’époque, il avait quatorze ans et le souvenir qu’il avait d’elle était inoubliable. Oui, c’était une fille. Si sa mémoire était bonne, elle était un peu plus âgée que lui, les cheveux rouges et agréable à regarder. Il se souvenait aussi de ce qui les avait liés : sa maladie. Enfin ce n’était qu’un détail, il espérait que ce ne soit plus qu’un mauvais souvenir aujourd’hui. En tout cas, il arrivait au village de la Feuille conquérant. Namiko avait juste prévenu sa famille et était venu seul.

La route avait été un peu longue. Il avait fait la majeure partie à pied mais par chance il put faire un bout de chemin avec un sympathique fermier qui l’accepta sur sa calèche. Le médecin avait aussi passé une nuit dans une petite auberge familiale. Il avait d’ailleurs pris le temps pour une consultation imprévue. En effet, au milieu de la nuit, sachant qu’il était eisei-nin vu qu’il l’avait mentionné lors d’une discussion, on était venu le réveiller pour soulager une petite crise d’asthme d’un enfant. Bienveillant, Namiko avait évidemment accepté. Sa nuit agitée fut courte car il s’était levé de bonne heure pour atteindre Konoha aux aurores.

Un soleil radieux accompagnait son arrivée. Depuis longtemps il avait pu déceler les portes du village à l’horizon. Ces mastodontes de bois étaient impressionnants. C’était un symbole de la puissance du pays. Quand il atteint son but, il dut comme tout étranger se présenter. Namiko portait son bandeau autour du bras, en évidence. On pouvait donc facilement voir de quel village il provenait. Sereinement, il s’approcha du poste qui servait à surveiller l’entrée.

- Bonjour. Je viens de Kumo et j’aimerai entrer dans votre village. Je ne suis pas envoyé, je viens de mon propre gré.

Il n’avait pas donné la raison de sa venue mais il tenait à expliquer qu’il ne venait pas en tant que diplomate ou autre.

C’est un homme assez étrange qui aborda Namiko. Oui étrange car grâce à ses capacités d’analyse, le médecin repéra un détail frappant chez lui : il avait des trous à certains endroits de son corps ! Le garçon n’avait jamais vu cela. Sûrement une particularité de clan, pensa-t-il. Ce n’était pas très attrayant, un peu inquiétant même. Il portait aussi une capuche et un masque sur le bas de son visage. Un style original que ne manqua pas de relever Namiko qui lui aussi était souvent jugé pour cela. Celui-ci semblait très méfiant à son égard. En même temps, comme tous les ninjas de Kumo, le chônin avait entendu parler des tensions entre Konoha et Kiri. D’après les rumeurs, la guerre était proche, ce n’était qu’une question de temps. On comprenait pourquoi les mesures de sécurité à l’entrée du village étaient renforcées. Déjà que les menaces extérieures étaient nombreuses, il ne fallait pas qu’elle vienne également de l’intérieur. Cependant, en y regardant de plus près, Namiko n’avait rien de dangereux. Une démarche nonchalante, une voix amicale, il n’inspirait pas la peur. Cependant, quand on lui demanda le motif de sa venue, il dut se résigner à répondre.

- Je viens rendre visite à une famille. Je ne suis pas sûr qu’elle soit dans le village mais pendant la guerre elle vivait dans la forêt. Laissez-moi voir si elle a trouvé un foyer ici, je ne resterai pas longtemps.

Voilà c’était dit. Il n’avait pas menti, et c’était véridique il ne pouvait rester longtemps car le devoir l’appelait à Kumo. Cette famille qu’il cherchait, les Iwasaki, d’après ses souvenirs elle était très débrouillarde. Nul doute qu’elle avait survécu à la guerre. Il était même presque certain qu’elle avait trouvé en Konoha en foyer. C’était des gens soudés, le genre de personne que Namiko appréciait. Ils se protégeaient les uns les autres et ne faisaient pas de bruit, des personnes respectables selon lui.
Finalement, le médecin décida de dévoiler concrètement sa requête. Après tout il n’avait rien à perdre. Cependant, même s’il ne trouvait pas ce qu’il cherchait, il aurait voulu entrer pour se reposer et reprendre des forces. Un petit peu pour visiter aussi car il n’avait jamais visité ce village.

- En fait, je cherche la famille Iwasaki. Vous les connaissez peut-être ?

Comme Kumo, ce village était récent. Normalement, toutes les familles se connaissaient plus ou moins. Avec un peu de chance, il l’aiguillerait et son problème serait réglé. Le médecin attendait la réponse avec un peu d’impatience. Cela ne se voyait pas physiquement, mais à l’intérieur il sautillait comme un enfant devant un sachet de bonbons. Cela faisait des années qu’il ne l’avait pas vu. Avait-elle changé ? Il ne savait pas. Est-ce qu’elle se souviendrait de lui ? Aucune idée non plus. Or, ce serait une immense déception pour lui s’il ne le trouvait pas ici…

Au loin, Namiko la vit arriver. Une démarche féminine qui ne manqua pas de faire tourner la tête à plusieurs passants. Elle avait grandi, plus femme que fille désormais. Sa beauté n’avait pas changé, elle faisait toujours le même effet au jeune homme qui eut l’impression de retourner deux années dans le passé. Nami paraissait aussi beaucoup moins affecté par la maladie, peut-être avait-elle disparu ? Rayonnante, elle s’approcha du médecin, qu’elle reconnut au premier abord. Namiko fut soulagé qu’elle se rappelle de lui. Cela aurait été un cuisant échec si elle ne se souvenait même plus de sa personne. Comme lors de la première rencontre, le scientifique était sous le charme. Cependant, il avait un plus d’expérience et ne perdait pas ses moyens comme autrefois. Bien qu’il ne soit pas devenu un coureur inépuisable ni un Don Juan, il avait appris, comme tous les adolescents de son âge. Détendu, il lui fit un grand sourire.

- Oui c’est bien moi, Nami. Tu ne te trompes pas. Dit-il en rigolant légèrement. Je t’avais dit qu’on se reverrait un jour alors j’ai profité de mes congés pour faire un tour à Konoha en espérant te trouver. Et je suis content de t’avoir retrouvé aussi rapidement. Ajouta-t-il en souriant.

Une raison plutôt simple, un peu folle peut-être. Faire tout ce voyage pour voir une fille qu’il avait vu une seule fois, cela pouvait paraître dingue. Seulement, ce n’était pas n’importe quelle fille, elle ne l’avait pas laissé insensible et Namiko gardait son souvenir dans un coin de son esprit. Enfin, il espérait qu’elle ne le prenait pas pour un malade. Ses intentions étaient bonnes, il voulait simplement la revoir. Trop cérébral, c’était sûrement le défaut du chûnin. Il réfléchissait trop et se posait parfois des questions inutiles, comme à cet instant. C’était un trait de son caractère très intéressant mais qui dans certaines situations étaient vraiment gênant. En tout cas, Namiko avait changé sur certains points depuis leur rencontre. Plus athlétique déjà, plus sûr de lui et plus à l’aise avec les gens, son rôle au sein de son village l’avait poussé à s’ouvrir. Il prenait sa tâche au sérieux et il avait de l’ambition. Même s’il arborait toujours un style particulier et qu’il avait un tempérament calme, on peut dire qu’il avait acquis en maturité.

- Tu es donc une konohajin désormais ? Ta famille aussi est ici ? Je suis content de te voir, tu es toujours la même que dans mes souvenirs. Dit-il enthousiaste.

Namiko n’avait pas osé dire qu’elle était toujours aussi belle, trop timide pour cela. Sa famille, elle devait être aussi dans le village pensa-t-il.

Namiko fut soulagé d’entendre que toute la famille de Nami avait survécu à la guerre et habitait désormais à Konoha. Finalement, tous s’était bien terminé pour eux. Il fut heureux aussi qu’elle constate qu’il avait grandi. Il n’était plus le jeune garçon hésitant qui l’avait timidement soigné. Même si dans le fond, il restait une part de cet enfant. Le médecin s’amusa à observer qu’elle n’avait pas perdu de sa bonne humeur lorsqu’elle vint se positionner près de lui pour comparer grossièrement leur taille. Le chûnin était un petit homme, la différence n’était pas très grande.
Soudain, une voix connue du scientifique s’éleva. Namiko eut le temps de lever les yeux pour apercevoir à sa grande surprise sa sensei. Mais oui ! Le scientifique manquait à tous ses devoirs et avait oublié qu’Ozuka était aussi à Konoha. S’il ne l’avait pas croisé par hasard il n’aurait même pas pensé à la retrouver, quel tête en l’air ! Sur un toit, elle l’observait comme si elle venait de le prendre en flagrant délit. En fait, c’était un peu le cas, le chûnin se sentit un peu gêné de voir sa sensei alors qu’il était avec Nami. Agacé, il se gratta machinalement l’arrière de la tête et remercia intérieurement la belle de s’éloigner un peu pour le laisser gérer la situation. La Fleur de Cerisier avait un caractère imprévisible et il en était bien conscient. Elle s’approcha de lui et le questionna sur ses agissements.

- Yosh Ozuka. Je suis juste de passage pour quelques temps. Je venais rendre visite à une amie. Il jeta un regard vers Nami. Quant à mon jutsu médical, j’ai profité de ton absence pour m’entraîner un peu, tu serais surpris des résultats. Ajouta-t-il calmement. Et toi ? Tu rentres bientôt ?

Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fait de mission avec sa sensei. Oui, Ozuka était toujours sa sensei car elle était monté de grade en même temps que lui, elle était désormais jûnin. Même s’il avait des soupçons sur le fond de sa personnalité, Namiko l’aimait bien. Les deux s’entendaient sans être forcément de grands amis. En la voyant, le jeune homme pensait à lui, dans quelques temps. Il espérait prendre la tête d’une équipe et guider ses élèves comme elle l’a fait. En tout cas, il avait hâte qu’elle revienne au village. Comme il l’avait mentionné, le médecin avait progressé et voulait qu’elle le constate. Ce n’était pas dit ouvertement mais il y avait une petite compétition entre lui et son autre élève Ryûsai.
Nami revint vers eux, avec une petite surprise pour lui. Un laissé-passé ! Grâce à ça il pouvait circuler sans craindre qu’on le soupçonne d’espionnage ou autre. Namiko était content de voir que son amie appréciait sa venue et qu’elle souhaitait discuter plus longuement. D’ailleurs, il décida de la présenter à sa sensei.

- Merci beaucoup Nami, tu me rends un sacré service. Au moins je ne passerai pas pour un espion. Dit-il en rigolant légèrement. Je te présente Ozuka, ma sensei. Il se tourna vers la jûnin. Voici Nami, une amie rencontrée pendant la guerre. Sa famille a accueilli la mienne quelques temps.

Les présentations étaient faites. Voyons maintenant comment elles allaient réagir. Namiko appréhendait le caractère sulfureux de la Fleur de Cerisier.

Au fur et à mesure qu’Ozuka parlait, la mine de Namiko semblait se décomposer. Mais à quoi elle jouait ?!? Son attitude était complètement dévergondée et elle avait l’air de prendre un malin plaisir à mettre son élève mal à l’aise. Ses sous-entendus douteux et cette manière de l’aborder étaient inhabituels. Le médecin se demanda un instant si elle était sincère ou pas. Non, elle s’amuse, pensa le chûnin. Il fallait dire qu’il commençait à cerner son caractère impulsif. Elle savait très bien manipuler les gens et jouer avec sa cour. Evidemment ses atouts naturels l’aidaient fortement et elle avait un certain talent pour la comédie. Bien que Namiko ne doutait pas qu’elle puisse être heureuse de le voir, de là à dire qu’il lui manquait et que c’était une immense joie… Son petit numéro ne marchait pas. Cependant, cela aurait paru encore plus stupide d’essayer d’expliquer quelque chose à Nami qui devait se demander quel genre d’énergumène il était devenu. Il ne fallait surtout pas qu’elle se doute des sentiments qu’il pouvait avoir pour elle. Par conséquent, il se tut et subit le petit manège de son sensei.

Les choses s’empirèrent lorsqu’elle s’adressa à Nami. Elle insinua qu’ils étaient quasiment intimes. Quoi ?? Namiko n’avait jamais vu une femme aussi autoritaire et sournoise. Jamais il ne pourrait être intime avec quelqu’un comme elle. Elle s’entendait soi-disant bien avec lui et elle ne cessait de tenter de le manipuler comme elle le faisait à cet instant. Ozuka était une marionnettiste d’exception qui jouait avec ses pantins. Sûrement y arrivait-elle à la perfection avec beaucoup de jeunes homes mais Namiko n’était pas assez stupide pour cela. En tout cas, son intervention venait de ruiner sa rencontre avec Nami qui, gênée, préféra se retirer pour les laisser seul. Le médecin ne sut pas si elle venait d’inventer un prétexte pour filer mais il était abattu. La Fleur de Cerisier venait de faire une entrée dans sa blacklist. Il lui jeta un regard noir qui en disait long. Heureusement, le cœur de la konohajin était bien plus pur que son homologue kumojin et elle proposa tout de même à Namiko de le revoir plus tard. Celui-ci poussa un ouf de soulagement intérieur.

- Ce sera avec plaisir, je te contacterai très vite. Il fit un signe de la main en guise d’au revoir.

Puis, il se tourna vers sa sensei. Il fit un pas vers elle et posa sa main sur son épaule en passant derrière son dos, tout en gardant une distance tout à fait respectable. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être aussi tactile mais il fallait rentrer dans sa danse. Qui sait ? Peut-être qu’elle aimait ça ? Il approcha sa bouche de son oreille et murmura.

- Je vois très bien ton petit jeu et je suis bon joueur donc je ne m’énerverai pas. Par contre, j’espère que tu l’es aussi, à bon entendeur…Sensei. Il insista fortement sur la fonction de celle-ci.

Elle avait gentiment dépassé les limites et professeur ou pas, Namiko venait de lui laisser devenir qu’il ne comptait pas se laisser faire.

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