Elle était blessée. Ses jambes s'étaient dérobées sous son poids. Ce n'était pas si grave. Elle pouvait encore combattre, mais ne pourrait plus fuir désormais. J'ignorai sa véritable identité et je m'en moquai. Qu'elle soit Saibogu au ou non, qu'elle soit une traîtresse ou non, ces détails n'auraient plus d'importances une fois que je lui aurais ôté la vie.

Mes crocs se plantèrent dans ma lèvre inférieur jusqu'à en laisser le sang glisser sur ma langue. Le goût était acre, la douleur présente. Je me sentais vivante. Il m'en fallait plus... Je continuai d'arpenter avec agilité les décombres sinueuses étouffées par la pluie de cet orage ténébreux, telle une bête en chasse. Plus rien n'avait d'importance si ce ne fut le minimalisme de l'instant présent. Un éclaire déchira le ciel, me permettant d’apercevoir le visage neutre de ma proie. Elle qui ne laissait trahir aucun signe de peur... Combien de balles lui faudrait-elle recevoir avant que ses traits ne soient déformés par la panique ?

Les énergies mystiques de la nature continuait de déverser massivement dans mon corps. Le pouvoir qu'elles m'octroyaient était sans précédent. La chaleur m’enivrait, la frénésie également. Je voulais que cela jamais ne cesse. Je voulais l'utiliser sans commune mesure. Je voulais exister à travers elle. Et pour mon plus grand bonheur une nouvelle âme égarée vint se joindre à cette partie de chasse. Saurait-il se montrer plus à même de me tenir tête ou courberait-il l'échine aussi rapidement que sa consœur ?

Cachée entre divers monceaux de ferrailles déformées je laissai lentement courir l'extrémité de mes griffes le long de mon corps, cherchant avec délectation qu'elle arme serait la plus appropriée pour me faire connaître le vertige de la traque. Voir sans être vu, tapis dans les ténèbres, n'êtes qu'une ombre cauchemardesque à l'imagination de ces misérables créatures... Quelle jouissance...

Alors que je m'apprêtai une nouvelle fois à sévir, une semblant d'écho parvint à mes oreilles. Cette voix. Elle me semblait si lointaine en même temps qu'elle éveillait en moi un sentiment de familiarité. Allions-nous être rejoint par une troisième proie ? Seulement... En était-elle vraiment une ? Dans mon esprit se dessina soudainement la silhouette brumeuse de la confusion. Cet instant de doute faillit me coûter mon labeur.

Le nuage soulevé par cet homme ne tarderait pas à être écrasé par la pluie battante, mais je ne pouvais me permettre de les perdre. Le souffle mesuré, une légère expiration par les narines me permit d'amorcer en moi cette nouvelle série de changements. Je me laissai engorgé par l'ivresse des sensations que m'accordaient mes nouveaux sens. Mes yeux devenus aveugles me permettaient désormais de voir bien au-delà de ce qui était permis. Tout n'était plus que flot impétueux d'énergies circulants aux travers de l'espace et de la matière. Ainsi les vis-je s'éloigner de moi, chevauchant cette bête mystique venue d'ailleurs.

Oubliant cette voix qui m'avait appelé je m'élançai, empreinte d'une certaine euphorie devant cette perspective de traque. Plus qu'alléchante, elle nous fit quitter les décombres ravagées de ce géant mécanique et nous éloigner de l'Arbre Dieu. Rapidement le métal laissa place à l'écorce humide de cette gigantesque ossature Sylvaine qui allait définir mon terrain de chasse. Comme s'il faisait partie intégrante de moi je n'hésitai pas à utiliser mon équipement afin de me mouvoir avec aisance et vélocité au travers de ces feuillages. Combinant l'utilisation des grappins et des propulseurs fixés à ma taille j'usai de l'environnement comme point d'ancrage afin de m'élancer à vive allure. Parfois il m'arrivait de prendre appuie sur quelques branches afin de rebondir de plus belle. Mes gestes et postures n'avaient plus rien d'humain.

Hors tout s'accordait parfaitement de concert. Mes capacités sensorielles me permettaient de clairement définir le décor autour de moi malgré l'allure folle à laquelle je m'élançai et la tempête qui continuait de s'acharner sur le pays. Elle n'était pour moi tout au plus qu'une petite gêne alors qu'elle se présentait certainement comme un véritable fléau pour mes proies qui demeuraient malgré tout le centre de mon attention. Je parvins sans mal à les dépasser et ce avec un plaisir non dissimulé.

Ce faisant, j'envoyai à une dizaine de mètre devant eux trois petit dispositifs qui déployèrent chacun un jeu de cinq explosifs qui adhérèrent aux arbres. Dès lors le simple fait de poursuivre leur cours suffirait à les conduire à leur perte. Une fois cela fait je réutilisai mon équipement afin de rebrousser chemin et me retrouver derrière l'équidé galopant. Je m'appliquai sans plus attendre leur tirer dessus à intervalles irrégulières de sorte à les mettre sous pressions et les obliger à foncer droit vers mon piège.

J'imaginai aisément cette scène. Les voir souffrir, agoniser après que les explosions aient réduit leur chair en lambeau. Il me tardait de pouvoir contempler cela de mes propres yeux, d'éprouver plus que jamais ce sentiment de supériorité devant ces vermines rampantes.

Et comme pour annoncer ce future carnage je sentis mes joues de déchirer laissant ma mâchoire se déboîter et donner naissance à une gueule monstrueuses serties de crocs.

Le son saccadé des sabots fracassant l’herbe mouillé se mêlait à celui de la pluie battante et du tonnerre. Le trio filait au galop à travers cette épaisse forêt en partie saccagée elle aussi par le tremblement de terre. A l’instar du chemin allé, l’environnement ravagé rendait l’avancé du groupe plus que difficile. Il perdait du temps précieux à éviter les divers obstacles alors qu’Aokiji pouvait sentir que leur poursuivant se rapprochait dangereusement. La tension était palpable et l’angoisse d’une confrontation imminente perturbait assez le Samui. L’âme de ce dernier était toujours synchronisée avec celui de cette « chose » au chakra obscur. Elle semblait user d’une technique assez astucieuse pour se mouvoir dans cette forêt. Des bruits métalliques se faisaient entendre au loin, indiquant la position de la bête. Par moment, le blond tournait la tête en espérant apercevoir leur ennemi, mais celui-ci semblait toujours tapi sous son manteau d’invisibilité. C’est alors qu’Aokiji perçut quelque chose d’étrange. Leur poursuivant allait passer à l’action.

« Ascaroth ! Stop ! »

Le Samui avait pu anticiper un assaut adverse, pourtant rien ne s’était produit, en apparence du moins. Par chance, il sa technique sensorielle était encore active.

« Elle est devant nous… Et maintenant… »

Aokiji pouvait clairement percevoir le chakra de l’ennemi, mais également anticiper ses mouvements à l’aide de sa synchronisation des âmes. C’est ainsi qu’il put ainsi se préparer à ce qui allait suivre.

« Ascaroth, ton armure ! Vite ! »

Le Samui quant à lui agrippa Tenmei et descendit de la monture. Un bras autour de la taille de la jeune femme et l’autre pointant en direction de l’ennemi. En effet, une dizaine de projectiles furent projetées en leur direction. Il s’agissait d’une attaque multi-cible et très rapide à laquelle Aokiji riposta avec une technique relativement similaire. Les doigts de sa main libre mimant une arme à feu, de fines balles aqueuses jaillirent alors et se percutèrent à certaines de celles adversaires. Les autres foncèrent vers l’ennemi se trouvant en face. Ascaroth avait lui user de sa peau très résistante pour se défendre sans grande difficulté des quelques projectiles qui lui étaient destinées.

La tension était encore un peu descendue mais le danger était encore présent. Aokiji relâcha son enfreinte sur Tenmei et fixait l’espace vite devant lui. L’ennemi était encore et toujours invisible, ne semblant pas décider à se montrer au grand jour. Un silence assez angoissant s’installa alors. Seul le son de la pluie et des occasionnels coups de tonnerre rythmait ce face à face. Le Samui se tourna alors vers la jeune femme et lui murmura en inclinant la tête.

« Tu peux repérer l’ennemi grâce à ta technologie, n’est-ce pas ? Il semble utiliser une technologie à similaire à la tienne. Serais-tu capable de l’identifier clairement ? Cette chose fait-elle partie de ton clan ? Pourrais-tu le confirmer ? »

Le jeune homme reporta ensuite son attention vers l’adversaire, puis fit quelques pas en avant.

« Tenmei, comment te sens-tu ? Il semblerait que la confrontation soit inévitable. Tu devrais rejoindre le campement. Je vais m’occuper de cette chose. Fais gaffe, je pense qu’elle a placé des pièges dans les environs un peu plus tôt… Quant à toi, qui que tu sois, ton camouflage est inutile face à moi. Montre-toi et affronte-moi comme un homme. »

En effectuant le voyage aujourd’hui, Aokiji était loin de s’imaginer qu’il allait se retrouver dans une telle situation. Si l’adversaire était effectivement un Saibogu, cela voudrait dire qu’il s’agit d’un Sunajin et donc d’un allié. Quelque chose ne tournait pas rond et le Samui était décidé à découvrir quoi.

Resumé:

Quelques gouttes d'eaux au milieu d'un orage. Mes sens aussi affûtés soient-ils ne me permirent pas de les discerner. Et telles les balles que j'utilisai moi-même, les projectiles vinrent se loger dans ma chair. Un dans ma cuisse, l'autre dans ma hanche, un dans mon buste et l'autre érafla une de mes pommettes. Le sang se mit à couler le long de mon corps.

Celui sur mon visage, je l'essuyai en passant simplement ma langue dessus, amusée ; pensant finalement que ces petites gouttes n'étaient en rien comparable à l'acier de mes armes. La douleur de ces blessures dérisoires étaient d'autant plus insignifiantes face à la furie chasseresse qui servait d'enclume pour marteler mon âme. Les pourtours de ma gueule s’étirèrent afin d'arborer ce qui se voulait être un sourie carnassier. Cet homme était plutôt mignon bien que pitoyable par son discours. D'un bond agile je m'engouffrai dans les décombres de la forêt entourant ces petites proies perdues. Les paroles de l'homme ne firent qu'attiser mon plaisir du jeu.

-Me montrer ? Pourquoi faire ? Le son de ma voix n'avait plus rien d'humain. Il était comme un murmure glacé. Une ode à la suave perfidie qui se détachait à peine des éléments déchaînés tout autour de nous. Cette fille... Elle m'appartient, elle est ma proie. Toi aussi tu peux en devenir une... Si tu restes ici...

Et c'était précisément ce qu'il faisait. Il prétendait me voir où plutôt me ressentir. Mais quand bien même cela ne suffisait pas. Même conscient du danger un agneau restait un agneau tandis que, tapis dans l'ombre, la louve veillait.

Je continuai à tourner tout autour d'eux, usant des feuillages et du climat comme subterfuges supplémentaires. Ils ne voulaient pas fuir? Soit, dans ce cas ils n'auraient tout simplement plus aucune opportunité pour fuir. Sans plus attendre je décrochais deux nouveaux dispositifs pour les envoyer de part et d'autres des environs. Les pièges désormais disposés, ils n'avaient d'autre choix que de rebrousser chemin s'ils voulaient y échapper. Une seule issue au-dessus de laquelle était suspendue une épée de Damoclès.

Mes paupières s'ouvrirent à nouveau, concédant ma lecture des énergies du monde au profit de ma vision nocturne. Un nouveau chargeur s'enfonça dans mon arme pour faire feu dans l'instant. Quelques coup de tonnerres qui résonnèrent de plus bel à l'image de ceux qui faisaient trembler les cieux. Quatre balles adressées aux premiers abords à l'équidé, mais qui rebondirent dessus pour se diriger directement vers la jeune femme blessée.

Résumé:

— Bah... Où est ce qu'ils vont ces deux là ?

Ce furent les mots de la Brune alors qu'elle voyait au loin les deux Shinobis s'en aller sur le dos d'une créature aux atours surnaturels. La confusion pouvait se lire sur le visage de la Saibogu, alors que les fuyards dépassaient les restants de végétation pour s'enfoncer plus en profondeur dans le pays. Quelque chose n'était pas clair, et ce n'est que maintenant que Kan' se rendait compte de la chose. Consciente qu'elle ne pourrait pas les rattraper sans user de la Metal Gear, la jeune femme l'invoqua rapidement. A peine son casque se referma sur son visage interrogateur, qu'elle s'envola dans un petit écran de fumée causé par les réacteurs.

Vu d'en haut, la pluie réduisait le champ de vision de la Mécanicienne, sans compter cette flore chaotique qui n'arrangeait en rien les choses... Cependant ce n'est pas en se fiant à sa vue qu'elle les dénicha. Non. C'était grâce à son ouïe. Non pas qu'elle avait une bonne oreille, loin de là. Cependant des coups de feu à répétition qui résonnaient à plusieurs mètres de leur point d'origine étaient plus qu'audible. Pas de doute, ces deux là essayaient de fuir quelque chose. Mais quoi ?

Se dirigeant vers la zone des tirs, elle arriva rapidement à leurs rencontre. Descendant rapidement, elle put voir les mêmes personnes. Plus les mètres qui les séparaient se faisaient peu nombreux, plus la Brune pouvait voir leurs états. De toute évidence, la jeune femme qui se trouvait aux côté d'un blondin était en piteux état. Arborant une arme qui tiltait beaucoup trop Saibogu au goût de Kan', cette dernière haussa rapidement un sourcil. D'où est-ce qu'elle sortait un tel engin ? L'avait elle volée à une personne de son prestigieux clan ? Des tonnes d'insultes se baladaient dans son esprit qu'elle n'hésiterait pas à cracher à la face de l'handicapée. Cependant, la situation étant critique, elle se retint... Se posant en douceur sans se douter que le danger qui menaçait ce duo se trouvait toujours à proximité, la Bête de Métal interpella le groupe.

— Hoy. Inclinant sa tête masquée sur le côté, elle montra bien qu'elle observait la voleuse de technologie. T'as trébuchée ou quoi ? Souriant derrière sa carapace de métal, elle continua. Non, plus sérieusement, j'me doute qu'y'a un truc qui cloche. Reste à savoir si vous êtes des méchants ou des gentils.

S'approchant tranquillement en direction de la jeune femme, elle commença à analyser ses blessures du regard. Elle n'était pas médecin, cependant ce qu'elle vit eut le don de la surprendre... C'était des impacts de balle. Pas des Kunaïs ou même des Shuriken. Non. C'était de bonne grosse bastos que quelqu'un lui avait tiré dessus... ou, peut-être qu'elle s'était mutilée ? Secouant la tête face à cette idée absurde, la Saibogu garda tout de même ses interrogations pour elle. Cependant, une chose était sûre : c'était de la technologie Saibogu. Pas de doute là dessus.

Rapidement, une petite liste des membres Créateur envoyés à Ki se dessina dans l'esprit de la Rebelle. Mais à ses yeux, certains et certaines ne pouvaient pas être incluse. En réalité, Kan' refusait de d'insérer une personne : Oniri. Cette dernière était réfléchie, mâture et pas une bourrine qui avançait en tenant compte de ses sentiments. Non. La personne qui avait fait cela était sans doute un Shinobi qui, comme la blessée, s'était accaparé leurs secrets. Peut-être que le coupable était un des assassin de la Kazekage ? Ne pouvant écarter aucune hypothèse, la Guerrière termina simplement :

— Vous avez été poursuivis, c'est ça ?

Tenmeï confirma l’hypothèse du blond, ils affrontaient un membre du clan Saibogu. Leur adversaire quant à lui ne se montra pas très coopératif. La provocation d’Aokiji ne semblait pas avoir eu l’effet escompté. L’ennemi, toujours invisible à l’œil nu, s’était maintenant camouflé derrière les épais feuillages aux alentours. L’obscurité et la pluie battante réduisait considérablement la vision de chacun. Le Samui pouvait néanmoins percevoir le chakra de leur poursuivante. Tenmeï restait sa cible. Cependant, le jeune homme était surpris d’un tel acharnement. La nature de leur adversaire restait également inconnue. Aokiji en était sûr, il ne s’agissait pas d’un humain, du moins, pas tout à fait. Or, il ne s’agissait pas non plus d’une entité démoniaque comme il en avait déjà rencontré auparavant. Malheureusement, le blond n’avait pas le temps de tergiverser, du moins, leur opposant ne lui en laissa pas le temps.

Une fluctuation dans le chakra de l’ennemi alerta le Samui. Le monstre allait passer à l’attaque. Cependant, contrairement à la fois précédente, la bête avait usé de l’environnement pour dissimuler plus efficacement son assaut. Aokiji fut donc impuissant face aux tirs ennemis. Quatre balles furent tirées, puis, ricochant sur la carapace d’Ascaroth, celles-ci finirent leur course dans la chaire de TenmeÏ. Le Samui se précipita vers elle. Sa vie ne semblait pas en danger dans l’immédiat, mais elle ne pourrait pas rester dans cet état indéfiniment. Le jeune homme comprit alors qu’il était temps d’élever le niveau. La fuite n’était plus une option, il fallait neutraliser cette chose à tout prix.

« Ascaroth, Tenmeï… »

Alors qu’Aokiji allait passer à l’action, il fut interrompu par un nouvel inconnu. Celui-ci était vêtu d’une armure doté d’une technologie devenant un peu trop redondante depuis son arrivée près de l’arbre géant. Une autre Saibogu ? Oui, car à en juger par la silhouette de cette personne et la tonalité de sa voix, il s’agissait d’une femme. Elle s’approcha alors du groupe. Le Samui fut tout d’abord sur ses gardes, mais il ne ressentit aucune animosité dans l’esprit de cette personne. Elle questionna tout de même l’intégrité du groupe.

« Méchants ou gentils ? Je pourrais te retourner la question, Saibogu. »

Aokiji la laissa ausculter Tenmeï. Elle était peut-être médecin. Si ça se trouve, elle possédait un gadget permettant d’extraire des balles et arrêter l’hémorragie. Visiblement non. Mais sa venue pourrait s’avérer intéressante. Maintenant qu’il y avait une autre Saibogu à leur côté, comment allait réagir la chasseuse ?

« Nous sommes des envoyés du Shûkai. Tu es une Sunajin, n’est-ce pas ? Nous sommes donc alliés. Nous n’avons pas beaucoup de temps donc je vais être bref. Nous sommes poursuivis par un ennemi à la nature encore inconnu. Il use d’un camouflage assez élaboré et il est vraisemblablement en train de nous observer à l’heure où je te parle. Je vais devoir mettre fin à ce jeu de cache-cache. Rapprochez-vous tous le plus possible de moi si vous ne voulez pas être blessé. »

Leur adversaire pensait avoir l’avantage du terrain, mais c’était sans compter le Kekkei Gekai d’Aokiji. Une pluie battante, des bourrasques de vent, tous les éléments étaient réunis pour la création d’une technique Hyôton. Suite à une série de mudras, les gouttes de pluie se mirent à tournoyer autour du groupe créant un grand cylindre aqueux. Puis, usant du chakra Fûton, le Gouverneur utilisa la puissance du vent pour transformer l’eau en neige. En quelques secondes, ce mélange explosa autour du groupe, créant ainsi une gigantesque vague de neige balayant les alentours telle une avalanche. Cette dernière faucha les arbres de la zone, créant ainsi un chaos énorme. Quelques explosions étouffées se firent entendre alors qu’une épaisse couche de neige s’était formée sur plusieurs kilomètres à la ronde. Leur poursuivant devait se trouver enseveli et, s’il était encore en vie, il avait perdu ses arbres et ses feuilles pour se camoufler. De plus, maintenant que le sol était couvert de neige, il leur serait plus facile de le repérer grâce aux traces de pas dans la neige.

Au centre, le groupe du Shûkai, accompagné de la Sunajin.

« Ascaroth et Tenmeï, fuyez jusqu’au camp. Prévenez Yuki de la situation. »

Tenmeï était sa proie, il n’allait donc surement pas la laisser lui glisser entre les griffes. Toujours synchronisé à l’âme de la bête, Aokiji anticipait le moindre mouvement sous la neige. A la moindre menace, il comptait bien la cueillir.

Resumé:

Encore...

Encore...

Encore...

Venez tous autant que vous êtes...

Plus de sang, plus de proies. Qu'ils viennent, qu'ils approchent ! La mort guettait leur pas. Cette nouvelle arrivante, ignorante qu'elle était, ne comprenait pas qu'elle venait de se jeter droit dans la gueule du loup. Son trépas était assuré, mais elle serait la dernière à tomber. Je devais d'abord m'occuper de casser mes premiers joués.

Mon plan fonctionnait plutôt bien. En m’acharnant sur la plus faible de sorte à lui causer de multiples blessures j'assurai un handicap certain à ceux qui étaient censés la protéger. Nul ne pouvait combattre efficacement tout en veillant sur quelqu'un. Ces misérables, leur attachement allait leur coûter cher. S'ils l'avaient laissé là et tenté de s'enfuir, sans doute auraient-ils pu survivre. Mais ils venaient de passer leur chance. Quoi qu'il en fut, la venue de cette individue en armure n'y changerait rien.

Je me laissai glisser le long d'une branche, jusqu'à parvenir à l'arbre en face. Il me fallait bouger, rester en mouvement permanent. Ainsi, ils ne pourraient jamais m'avoir, tandis que chacune de mes balles continueraient d'atteindre leurs cibles.

Puis soudainement, j'éprouvai un frisson glacé me courir l'échine. La température dans l'atmosphère commença à changer. Je pus clairement la ressentir, cette sensation de froid glisser sur ma peau. Mon regard demeurait rivé sur mes cibles. Cet homme prenait lentement le contrôle de la tempête. Rapidement la pluie battante céda place à des flocons de neiges qui s’amassèrent en grande quantité autour de leur créateur au point de créer une véritable tornade. Je pouvais réagir, j'en avais la connaissance et les capacités mais il m'était impossible de faire le lien entre ces deux parties. Ici, je n'étais pas faite de savoir, mais d’instincts et de prédations.

Et ce même instinct m'incita à fuir devant la déluge qui s'apprêtait à s'abattre sur-moi. Je n'eus cependant rien le temps de faire, tenta vainement de me protéger avec le décor, celui-ci fut violemment happé par une gigantesque avalanche. Mon seul réflexe fut de me protéger le visage avant d'être emportée. De multiples débris, comme des branches et des fragments d'écorces s'enfoncèrent dans ma chair et je me cognais à plusieurs reprises contre les divers éléments du décors. Je ne respirai plus, je ne voyais plus rien et ce durant un long moment. Enfin, lorsque je cessai d'être malmenée en tout sens, j'envoyais mes griffes creuser la neige pour remonter à la surface. L'orage était de retour. Le paysages, ravagés, avait été totalement transformé en une immense étendue neigeuse. La pluie finirait par chasser cette dernière avec le temps, mais en attendant il ne me restait plus aucun endroit pour me cacher.

Cependant, la traque ne faisait plus partie de mes priorités. Haletante, je m'arrachai de mon tombeau de neige, sentant de vives douleurs assaillir chaque partie de mon corps. Je tentai de me redresser mais mes jambes se dérobèrent sous mon poids. J'étais exténuée. A présent ce n'était plus la frénésie, mais la crainte qui m'habitait. Déglutissant avec difficulté, je me rendis compte que ma bouche avec retrouvé son apparence normal, il ne s'agissait plus d'une gueule. En pensant ma langue dessus je constatai que mes dents étaient toujours pointues.

J'enfonçai avec difficulté mes griffes dans mes blessures de sorte à arracher les quelques éclats de bois logé à l'intérieur. Là encore les plaies n'étaient pas particulièrement profonde, mais la douleur plus que présente. Le sang coulait désormais en abondance le long de ma peau couleur acier. Je me relevai péniblement en prenant appuie sur la carcasse d'un arbre arraché. Quelques mèches de mes longs cheveux trempées retombèrent devant mon visage. Je voulu les renvoyer en arrière, mais je ne réussi qu'à me mutiler davantage en raison de mes griffes.

Le souffle court, je sentais mes forces progressivement me quitter. L'Arbre n'était plus à mes côtés et je n'étais pas parvenue à capturer mes proies. Étaient-elles loin ?

Confuse, j'usai de ma vision nocturne pour épier l'environnement tout autour de moi. A cet instant je vis une silhouette venir dans ma direction. Cet homme, c'était encore lui et... et il me voyait. Je réalisai tardivement que mon camouflage n'était plus actif. Acculée, je bondissais sur l'arbre renversé qui me servait jusqu'alors d’appui, faisant un instant fit de mes blessures. Accroupis, adoptant une posture sauvage, je conservai cet air menaçant tout en m'apprêtant à empoigner l'une des armes attachées dans mon dos. Un sifflement sinistre s'échappa de mes lèvres en guise d'avertissement. S'il osait m'approcher...

L’avalanche avait complètement recouvert la zone de neige. Pourtant, la pluie battante, couplé à la température ambiante la faisaient fondre à vue d’œil. Suivant l’ordre d’Aokiji, Ascaroth fuit avec Tenmeï et emmena cette dernière au campement afin de rejoindre Yuki. Le Samui quant à lui était toujours sur place, accompagné de cette Sunajin qui avait jaillit de nulle part et le monstre toujours enseveli sous la glace, mais plus pour longtemps. Elle était encore vivante, le Gouverneur pouvait clairement ressentir sa présence, et de manière beaucoup plus précise que précédemment. C’est alors qu’il comprit que le camouflage de cette chose était surement tombé. De plus, le temps ne jouait pas en sa faveur. Plus elle restait cacher sous la neige, plus elle risquait de tomber en hypothermie. Aokiji jeta un rapide regard à la Sunajin, puis soudain il y eut enfin du mouvement. Le monstre s’était enfin décidé à sortir de sa cachette, dévoilant ainsi sa véritable apparence pour la première fois depuis le début de la traque. Comme le Samui l’avait pressenti, il s’agissait bien d’un monstre, de sexe féminin en juger par sa silhouette et visiblement en piteuse état. Le jeune homme observait attentivement la bête tenter de se remettre sur pied, en vain. Soudain, elle finit par remarquer la présence du blond, ce qui, instinctivement, l’incita à bondir et se mettre sur ses gardes. Elle avait encore de la ressource, du moins, c’est surement ce qu’elle voulait leur faire croire. Mais à en juger par sa respiration irrégulière et ses membres tremblotants, elle n’était pas du tout en état de faire face à Aokiji.

Ce dernier s’avança alors en direction de l’ennemi, le regard confiant face à la santé de celui-ci. Cependant, son expression devint alors plus sérieuse lorsque l’adversaire empoigna l’une de ses armes, que le jeune homme pouvait clairement voir désormais. A en juger par l’aspect de cet équipement, elle était bien une Saibogu. Aokiji s’arrêta net, ne voulant pas en venir aux mains, du moins pas pour le moment. Il voulait tout d’abord en savoir plus sur cette chose qui les avait pris en chasse jusqu’ici.

« Qui es-tu ? Ou devrais-je dire, qu’est-ce que tu es ? Et pourquoi nous as-tu attaqués ? Je te laisse une seule et unique chance de t’exprimer. Libre à toi de laisser passer cette faveur. Mais sache que si tu souhaites garder le silence, je te transformais en glaçon avant même que tu ne dégaines une seule de tes armes. Puis je te décongèlerais et je recongèlerais autant de fois qu’il le faudra et ce jusqu’à ce que tu parles… »

Le Samui avait utilisé un ton menaçant. Il voulait se montrer provocateur et susciter une réaction. Elle avait de toute évidence une attitude bestiale et Aokiji attendait donc une réaction instinctive. Sans réellement l’admettre, il cherchait juste une excuse pour pouvoir se défouler sur ce monstre qui l’avait pris pour un lapin apeuré.

A peine les paroles de son interlocuteur lui parvinrent aux oreilles que la Saibogu changea immédiatement sa posture en quelque chose de plus offensif. Tournant lentement la tête dans chaque directions, ses pupilles dorées étaient à la recherche du fameux ennemi. Ainsi donc, ils avaient réellement été pourchassés par un Shinobi invisible. A cette pensée, la Bête pesta : Elle ne pouvait pas vraiment aider ce type à dénicher leur ennemi commun. Des idées, elle n'en manquait pas... Cependant, aucune de ses solutions ne feraient dans la finesse. Sans compter que la source illimitée de Chakra offerte par l'Arbre Mère n'affectait plus la Mécanicienne qui sentait clairement le coup de barre. Il lui restait assez d'énergie pour lancer deux-trois techniques, mais ça s'arrêtait là. Elle n'avait pas assez récupérée pour espérer tenir un combat régulier.

Finalement, son interlocuteur s'adressa à la créature et à celle qui la chevauchait. De toute évidence, ce combat serait un 2v1 et non pas un 3.5v1... Dommage. Prête à protester à ce départ de cette potentielle voleuse de savoir, Kan' se retint lorsqu'elle vit un véritable tourbillon d'eau s'enrouler autour d'eux. Sur ses gardes, une question simple s'interposa dans son esprit : Qui était l'auteur de cette technique ? Un simple regard en direction du Blondin et la jeune femme sut tout de suite qu'il en était le créateur. N'ayant pas besoin de se protéger les yeux d'un bras grâce à son casque, elle put voir la cristallisation des gouttes en flocon. Drôle de pouvoir. Un Kawaguchi, sauf qu'il manipulait la neige ? Peut-être que sa couleur de cheveux n'était pas du au hasard non plus. Les combattants créateurs de sable étaient aussi blonds...

Cette attaque massive emporta le décor chaotique dans une avalanche d'ivoire. La blancheur de la neige se mêla rapidement à la boue et le spectacle vacilla entre la pureté des flocons et la salissure de Ki. Le Shukajin avait été sur la même longueur d'onde de Kan. Elle même avait pensé à cette stratégie qui ne faisait pas dans la finesse. Quand on ne pouvait pas voir un adversaire, détruire la zone était souvent l'élément qui permettrait de le dénicher.

— Pas mal Blondin.

Une moue satisfaite sur le visage, elle suivit ce dernier qui avait sans doute aperçu quelque chose. Joignant les côtés du manipulateur Blanc, elle vit une créature à la silhouette féminine. Une bouche normale montrait tout de même que sa dentition n'était faite que de canines. Mais bizarrement, cette chose lui disait quelque chose. Les armes Saibogu qu'elle détenait lui mirent la puce à l'oreille. Croisant les bras, Kan resta silencieuse et observa l'Animal acculé en attente d'une réponse. Putain... Mais qui était cette Succube ? Ce visage, malgré tout ces aspects bestial, lui disait vraiment qu'elle l'avait déjà vue quelque part...

La pluie hurlante glissait le long de mon échine. Mon corps était trempée et mon âme souillée. Cet homme se complaisait dans ce retournement de situation. Il pensait être à la hauteur, pensait pouvoir me dominer... Qu'il était pathétique. Ses paroles ne m'atteignaient pas le moins du monde. Elle me semblait si lointaine, sans saveur, sans intérêt. Tout au plus ce n'était qu'un amas de son sans ordre ni raison étouffé par les sifflements de la tempête. Je tentai de calmer ma respiration, m'efforçant à faire fit de la douleur alors que mon sang se répandait abondamment en de fins filets écarlates sur l'écorce humide de l'arbre qui me servait à la fois de perchoir et de refuge.

Dans les secondes qui suivirent une personne vint lui venir en aide. Il s'agissait d'une femme. J'ignorai pourquoi, mais j'en étais certaine. Elle aussi... Allais-je devoir la combattre ? Un oui, mais deux... Le doute s'empara de moi, à mesure que l'ombre de la fatigue se profilait sur chaque parcelle de ma chair les fondements de ce plaisir belliqueux qu'était le pouvoir m'abandonnaient. Je fus prise d'un sursaut. Un instant de flottement suivit d'un égarement des plus total. Je regardai autour de moi. Où étais-je ? Qui étaient ces personnes ? Ils me menaçaient. Ils étaient dangereux... Je le sentais... L'une de mes cornes se désagrégea pour subitement tombée en poussière. Mes griffes parcouraient le long de mon dos, à la recherche d'une arme valide. Pourquoi n'arrivais-je plus à réfléchir ? De simple mécanique qui auraient du m'être instinctif me coûtait un effort psychique qui ne l'était pas. J'étais cependant parvenue à établir un bref plan dans ma tête. En signe de reddition j'éloignai ma main de mes armes, laissant mon autre bras pendre le long de mon corps. J'étais accroupis en posture défensive.

-D'accord... Vous avez gagner.... Je vais... tout vous dire... Je suis...

Je ne pris jamais la peine de terminer ma phrase. De mon autre main je mettais empressée d'envoyer deux explosifs dans leur direction. Tandis qu'ils étaient encore dans les airs, j'usais de mes capacités pour me rendre sourde et aveugle, ainsi que d'une troisième pour me permettre de détecter leur présence malgré l'obstruction de mes sens. A mis chemins les deux projectiles firent leur œuvre non pas en explosant, mais en s'activant. L'un créa un important flash lumineux qui dura plusieurs seconde tandis que l'autre émit une violente détonation sonore. Dans le même temps je bondissais en arrière, aucunement affectée par cela. Alors que je me trouvais encore dans les airs je dégainai mon fusil court et pressai la détente à deux reprises sur chacune de mes cibles. Mes blessures ne me permirent pas d'encaisser le recul des tires, ni de me réceptionner une fois en bas. La souffrance fut mienne, et je retombai lamentablement. Les débris de la forêt en firent davantage, tandis que je me heurtai contre eux avant de retomber dans la neige. Je fus prise d'un soubresaut, ma respiration se coupa avant de reprendre aussi brusquement. Je me redressai difficilement avant de m'adosser contre un arbre.

Ils avaient réduit à néant l'environnement qui faisait mon avantage, mais la tempête ne jouait toujours pas en leur faveur. Même si j'étais proche d'eux, ils ne pourraient voir à plus de quelques mètres. Ne sentant plus capable de me déplacer je rassemblai mes dernières forces pour redevenir invisible. Je lassai également de part et d'autres les deux dernières bombes piégées qui me restaient avant de laissait retomber ma tête en arrière le long de l’écore. Ma poitrine se gonfla pour mieux laisser sortir un soupir de fatigue. J'avais l'impression que le décor oscillait tout autour de moi et il faisait soudainement si froid...

Ce sentiment. Était-ce de la peur ?

La bête resta stoïque face aux menaces. Quelle insolence. Même dans ce piteux état, elle continuait de narguer le Samui. La nature quant à elle reprenait ses droits à vue d’œil. La pluie battante avait fait fondre une grande partie de la neige générée par Aokiji. Cependant, malheureusement pour l’ennemi, la repousse des arbres déracinés par l’avalanche n’allait pas être suffisamment rapide pour recommencer son jeu de cache-cache. Elle se retrouvait donc faite comme un rat. Il ne lui restait donc plus qu’à baisser les armes et se rendre. Son corps semblait plutôt en accord avec cette alternative. En effet, ce dernier semblait se désagréger, sous les yeux impuissants de son détenteur. Ils arrivaient enfin à l’épilogue de cette course mortelle. La chose semblait enfin s’être décidée à capituler et décliner son identité par la même occasion.

Du moins, c’est ce qu’elle aurait fait si elle avait eu un peu de jugeote. Cependant, elle préféra s’acharner et défier l’inévitable. Dans une manœuvre désespérée, elle balança deux projectiles, surement explosifs, en direction de la Sunajin et le Samui. Pensait-elle vraiment les avoir avec une technique aussi basique et redondante ? D’un mouvement de main, Aokiji souleva un peu de neige restant à ses pieds pour créer un miroir de glace. Il devait néanmoins avouer que son opposante l’avait pris par surprise. Il avait fait l’erreur de baisser sa garde. S’il avait gardé sa synchronisation de l’âme, il aurait pu mettre en place une meilleure protection que ce simple miroir. Il espérait juste que la Saibogu alliée serait en mesure de se protéger. Cependant, sans toute attente, les grenades n’eurent pas l’effet anticipé. Une vive lueur jaillit lors de l’explosion, couplée à un bruit assourdissant, tel un ultrason. Le miroir atténua quelque peu la lumière aveuglante, mais le jeune homme fut impuissant face à la bombe sonore.

« La garce ! »

Elle les avait bien eus sur ce coup là et elle ne semblait pas vouloir s’arrêter là. La bête jaillit et pointa son arme en direction du binôme. Un autre stratagème ? Ou s’agissait-il cette fois-ci d’une attaque directe ? Aokiji ne pouvait pas se risquer à la laisser les emporter avec elle dans la tombe. Joignant ses deux mains, puis les dressant face au miroir, le Samui modifia celui-ci d’un mouvement circulaire, créant ainsi un dôme de glace qui le recouvrit lui et la Sunajin. Cette technique était initialement prévue pour protéger une seule personne. En l’élargissant pour protéger la Saibogu, le Gouverneur était tout à fait conscient que la robustesse de son dôme allait être amoindrie. Il espérait juste que cela soit suffisant. Et ce le fut, plus ou moins. La cloche de glace vola en éclats sous les assauts de l’ennemi. L’onde de choc propulsa le binôme quelques mètres en arrière. La défense Hyôton avait par chance encaissé une certaine partie des dégâts.

Aokiji se releva maladroitement, désorienté dans un premier temps par les grenades puis par l’onde de choc. Sa vision était assez floue et il ne semblait toujours pas avoir retrouvé son ouïe. Par-dessus le marché, le monstre semblait s’être enfui…

« Tss… Non… Pas si vite… »

Le Samui utilisa ses compétences de Mamoru pour repérer la fuyarde. Elle n’allait pas s’en sortir à si bon compte. Mais en réalité, elle n’était pas allée si loin. Le blond ne pouvait clairement la discerner, mais elle semblait immobile sur une écorce d’arbre. A en juger par son niveau de chakra, elle avait usé de ses dernières forces. Mais, elle l’avait prouvé tout au long de cet affrontement, elle pouvait se montrer très imprévisible. Aokiji effectua donc une série de mudras, puis jaillit hors du sol un démon vêtu d’une longue cape noire et un chapeau haute forme.

« Ravi de vous revoir, Aokiji-sama. »
« Baalzephon. Notre ennemi se trouve sur cet arbre plus loin. Enchaine-la. Elle est plutôt mal en point, elle ne devrait pas poser trop de résistance, mais restons prudent. »
« Emprisonner un ennemi déjà à terre ? Il doit vraiment être spécial dans ce cas. Mais soit. »

De longues chaines jaillirent alors sous la cape du démon, prenant pour cible l’écorce sur laquelle se trouvait la succube. Cette dernière se retrouva alors enchainée à l’arbre alors que le Samui posait le genou à terre pour reprendre son souffle.

« Nous allons la ramener au campement. Toi, la Saibogu, tu peux nous accompagner si tu le souhaites. Qui sait quelle autre bête étrange se cache dans ces bois. »

Résumé:

Kan' n'avait toujours pas bougé. Elle observait cette chose qui était totalement à leurs merci. La Saibogu n'était plus sur ses gardes. A ses yeux, l'animal n'était plus vraiment en état de faire quoi que ce soit. L'heure des réponses étaient arrivées et elle espérait que leur prisonnière aurait les mots qui satisferaient sa fière personne.

Mais quelle ne fut pas la surprise de cette dernière lorsque l'acculée se lança dans une dernière action de baroud d'honneur. Envoyant deux projectile, la Brune pesta face à son imprudence. Elle ne s'était pas préparée à une attaque de la plus faiblarde du trio ! Avant même qu'elle puisse prononcer une insulte, une onde sonore puissante ainsi qu'un éblouissement lumineux firent leurs entrée. Instinctivement, elle baissa la tête en apposant ses mains sur ses oreilles déjà couverte par son casque.

— Merde !

Un craquement se fit entendre et la jeune femme releva immédiatement ses pupilles dorées devant elle. Un dôme de glace l'encerclait, elle et son allié. Ce dernier en était d'ailleurs le créateur. Kan' grognait presque : Elle avait été totalement impuissante. Si le Blondin n'était pas intervenu, elle n'aurait sans doute pas pu se tirer d'affaire. La logique aurait voulu qu'elle le remercie, mais sa fierté était une barrière qu'elle ne voulait pas briser. C'était son refuge. La seule chose qui la rendait combative, redoutable.

C'est donc sans un mot qu'elle regarda monsieur Glaçon s'emparer de leur proie en tout simplicité. Encore une fois, ce dernier, en plus d'utiliser de la glace à profusion, il était aussi une sorte de... Sorcier ? En tout cas, ce type louche pouvait invoquer de drôles de créatures qui avaient le don d'hérisser l'échine de la Saibogu.

Finalement, ce dernier se tourna vers la Guerrière, qui n'avait pas cessée d'observer intensément cette bête au visage si familier. Derrière son casque, elle hocha la tête. Oui, pour sur qu'elle allait le suivre. Elle voulait savoir où est-ce que cette pseudo-femme s'était accaparée autant d'arme à feu de conception des Ingénieurs.

— J'vous suis. Mais j'tiens quand même à mettre les points sur les culs. Cette meuf -ou chose, j'en sais foutrement rien- est une voleuse de Technologie. Y'a pas l'ombre d'un doute qu'elle a eu accès à des plans ou autre conneries confidentielle de mon Clan. C'est cool d'ailleurs, vous allez l'interroger toussa toussa... Mais. A ce moment, le ton de la voix de la Guerrière se fit plus lourd, agressif, sauvage. Elle est une propriété de Suna, et c'est mon village seul qui appliquera la sentence. Du coup, j'vais être sympa : J'vous laisse lui poser vos questions à la con et ensuite, j'l'embarque, direction Ergastule. C'est non négociable mon gars. Elle s'apprêta à reprendre son chemin, lorsque subitement une nouvelle pensée surgie de nulle part. D'ailleurs, j'serai tentée d'emmener la salope en sang agonisante de tout à l'heure. Parce qu'une Shukajin avec ce genre de matos... C'est pas net, tu captes ?

Où étais-je ? Que ce passait-il ? Pourquoi me retrouvais-je dans un état si lamentable ? La douleur provenait de toutes parts, mais cela ne me gênai guère car, dans un sens elle me rappelait que j'étais encore en vie. Adossée contre ces décombres je lançai des regards égarés dans toutes les directions. La pluie battait si fort qu'il m'était impossible de voir à plus de quelques mètres. Tout autour n'était que noirceur insipide, frisson glacé et désolation. La fatigue comme la détresse, bien que présente, ne parvinrent pas à atténuer ce sentiments de désarroi. Je n'osai pas y penser pourtant cette image me revenait continuellement à l'esprit. Comment cela avait-il put arriver ?

-Lina...

Pleurais-je ou s'agissait-il simplement de la pluie abondante qui coulaient le long de mon visage ? Ne sachant que faire je posai mes mains sur mes tempes, comme si cela pouvait me préserver de quoique ce soit. D'autres souvenirs défilèrent dans ma tête. Il ne s'agissait pas vraiment d'images, mais plutôt de sensations si confuses et contradictoires que je me demandai si elles venaient de moi. Je ne pensais pas pouvoir de nouveau éprouver ce plaisir belliqueux à faisant souffrir et dominer autrui. C'était comme si j'avais effectué un bond de plusieurs années dans le passé. Pourtant je le sentais. Cela avait toujours été là au fond de moi. Cette rancune amer, ce désir de vengeance à l'égard du monde qui m'avait tant fait souffrir. Pourtant je pensais valoir mieux que cela, mais le fait que j'ai été incapable de protéger mon élève semblait me confirmer le contraire.

« Pardonne-moi... »

Je me mordis nerveusement l'intérieur de la joue. Des morts il y en aurait toujours. Le monde dans lequel nous vivions était ainsi fait et malgré ma volonté pour étouffer mes sentiments je restai humaine. Enfin, tel était ce que j'essayai de me dire... L'image de son visage était toujours présente dans mon esprit, mais cette dernière semblait lentement se faire ronger par les désirs lâches et capricieux de mes démons qui hurlaient en moi. Ce poids était soudainement devenu si lourd à porter. Je tentai de calmer ma respiration. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je ne me sentais pas le courage de bouger, je n'en avais guère l'envie à dire vrai.

Je serais certainement restée immobile durant des heures, attendant finalement que la pluie s'arrête, quitte à mourir de mes blessures si un bruit de tintement métallique ne m'avait pas sortie de mes pensées. L'instinct de survie prédominait sur ma santé et mes ressenties tant et si bien que dans un élan inespéré je tentai d'effectuer une roulade sur le côté pour esquiver. Ce ne fut pas suffisant. De multiples chaînes, surgit de nulle part, s'enroulèrent autour de mes membres et de ma taille. Ma situation de prisonnières ne durant qu'un temps. Mes liens étaient fait de chakra et ne manquèrent pas d'activer les explosifs que j'avais disséminés. Cinq détonation assourdissantes déchirèrent la nuit. Des volutes de terres et de boue volèrent dans le ciel. Je perdis l'équilibre et tombai en arrière, mais me relevai aussitôt poussée par l'élan du désespoir. Un bond maladroit me permis de prendre un peu hauteur sur un tronc d'arbre décharné. Ma vu était trouble, l'environnement continuait de danser autour de moi. Je pus pourtant distinguer ce trois silhouettes en face.

-Si vous voulez vous battre, ce sera jusqu'à la mort...

Le ton de ma voix était à peine audible. Je me demandai même s'ils étaient parvenus à m'entendre. Je me présentai fièrement à eux, humaine, mais en piteux état. Mon corps tremblant était couvert de sang et de bout. Mes vêtements débraillés tombaient en lambeau. Les restants de chaînes enroulés autour de mes membres me donnait des airs de bête en fuite. Mon épaisse chevelure trempée me collait à la peau. Mon visage était dur et déterminé faisant mon possible pour cacher le fait que je tenais à peine debout. Il m'était impossible de fuir, mais il était hors de question que je perde où que je me laisse capturer par ces individus quel qu'ils furent. Je préférai mourir libre que vivre entre les mains d’autrui. Dès lors la voie menant à mon salut passerait par l'affrontement. En objet se trouvait entre mes doigts recroquevilliez. Une simple pression de mon pied nu suffit à libérer un sceau qui se répandit sur l'écorce. Ils ne pouvaient le voir à cette distance. C'était ma dernière chance.

Alors que Baalzephon se chargeait d’apporter la touche finale à son étreinte sur la démone, la Sunajin en profita pour exprimer son point de vue sur la situation. Selon elle, cette chose devrait être jugée et condamnée par le système judiciaire du Village du Sable. Aokiji l’écoutait attentivement et comprenait d’une certaine manière où elle voulait en venir. En effet, si on tournait la situation dans l’autre sens et qu’un Samui avait été vu en train de commettre de tels délits, il en aurait été de soi que celui-ci soit jugé sous le régime de l’Empire et plus précisément encore, par le clan. Cependant, il y avait une chose que le blond ne pouvait envisager, il s’agissait de la partie concernant Tenmeï. Le jeune homme ne connaissait que très peu de chose sur cette Saibogu, si ce n’est le peu d’informations contenu dans son dossier militaire. Au de-là de cela, elle faisait partie du Shûkai, il était donc hors de question que Suna mette –ou remette ? – la main sur elle.

« Cette voleuse de Technologie, comme tu l’appelles, est de toute évidence de la responsabilité de ton village, tout comme ses actes. Nos deux nations sont alliées, donc imagine un peu les répercussions diplomatiques si on apprenait que Suna avait laissé une telle créature s’emparer d’un tel savoir et s’attaquer à ses alliés qui plus est. Cependant, je veux bien fermer les yeux sur ce point, si tu en fais de même pour ma compatriote qui, je tiens à le préciser, n’est en rien une voleuse. Qu’en dis-tu ? »

Aokiji espérait s’être montré suffisamment convaincant. Malheureusement, il n’eut pas le temps d’entendre la réponse de la Sunajin. Des explosions détonnèrent un peu partout, créant une certaine confusion. Encore un tour de cette cinglée ? L’onde de choc souffla le petit groupe, libérant la démone de son étreinte. En y regardant de plus près, le Samui se rendit compte que le monstre avait complètement changé d’apparence. A vrai dire, la succube était devenue, ou redevenue, humaine, sous les regards ébahis des protagonistes. Elle se tenait là, débout en face deux avec cette insolence qui la suivait depuis le début de leur interaction. Cette jeune femme était décidément coriace. Mais qui était-elle ? Aokiji avait eu une nouvelle fois la naïveté de baisser sa garde, pensant que l’ennemi avait enfin baissé les bras. Cependant, il avait utilisé une quantité énorme de chakra depuis le début du combat. Il n’était plus au top de sa forme, mais il devait mettre fin à cette mascarade.

« Ma patience a des limites, femme. Je commence sérieusement à en avoir marre de toi. Au diable la justice. Je t’ai épargné jusqu’à maintenant, à tort. Ton insolence te conduira à ta perte. Baalzephon, oublie les étreintes. Transperce-la avec ta chaine ! »
« Oh ? Une condamnation à mort ? C’est dans mes cordes. »

Une nouvelle chaîne sortit en lévitant lentement sous la cape du démon. A son extrémité, une pointe tranchante prenant pour cible la survivante. Cette fois, c’était la fin… ?

Apparence de Baalzephon:

Une requête. Une chance d'obtenir ce qu'elle voulait. Même si, pour une fois dans sa vie, Kanpeki avait fait preuve de bon sens et ses arguments avaient un certains poids. Nul doute que le Shukajin se devait de faire la balance entre le pour et le contre... Attendant une réponse, la Saibogu jeta un regard en coin à la créature qui avait bizarrement, beaucoup moins l'air effrayante. Redevenait-elle humaine, petit à petit où est ce que c'était la distance qui la séparait de cette chose qui lui jouait des tours. Elle n'eut pas le temps d'étudier cette question , que le manieur de glace parla. Et les premiers mots qui traversèrent ses lèvres satisfirent la Rebelle. Cependant, la joie fut de courte durée puisqu'elle n'aurait pas le lot qui allait avec, à savoir, la femme évacuée quelques minutes plus tôt. Pestant, Kan montrait bien qu'elle n'était pas contente de ce refus, mais le marché était équitable. De toute manière ça ne faisait que retarder l'échéance où cette meuf finirait derrière les barreaux à son tour. La Mécanicienne irait la chercher au Sozaichi s'il le fallait.

Un regard mauvais en coin en direction du Blondin, elle s'exprima à son tour :

— Pfff, tu ne fais que retarder la chose mon gars. Tu sais que...

Kan' ne put jamais finir sa phrase. Une situation de déjà vu se matérialisa. Un concerto d'explosion se fit entendre dans la zone, effaçant momentanément le son de l'averse. Se protégeant en mélangeant son chakra à son armure, la Saibogu apostropha la responsable d'un oeil furibond, alors qu'à côté, son allié s'apprêtait à en finir. Chose que la Brune ne souhaitait absolument pas ! D'ordinaire, elle aurait suivi cette idée, mais là, cette suspecte était un trop gros poisson pour qu'elle la laisse simplement mourir. Mais cette envie de sauver cette inconnue -plus si inconnue que ça finalement- s'accentua lorsqu'elle reconnue la personne qui se dressait tant bien que mal devant elle.

— Que... Quoi ? Oni...?

Une oeillade à son voisin et elle put voir que son invocation allait finir le boulot. Laissant parler son instinct, Kan' plaça ses avant-bras au dessus de sa tête en se mettant sur la trajectoire de la chaîne de l'humanoïde. Un choc métallique puissant retentit dans la zone, faisant plier les genoux de la Saibogu à lui en faire grincer des dents.

La Rebelle était confuse. Qu'est-ce qu'il se passait ici ? Pourquoi Oniri était le monstre ? Elle n'y comprenait que dalle. Mais sa loyauté envers cette dernière était plus forte pour qu'elle ne se pose pas plus de question quant à son camp. Elles étaient des Saibogu. Les membres d'une même communauté. Une communauté que la Mécanicienne voulait protéger. Sa colère monta, mais à cause de qui ? Oniri ou ce gars ? Sans doute un peu des deux, pourtant, c'est bien le Shukajin qui en prit pour sa pomme. Les lèvres de l'Ingénieuse étaient frémissantes.

— Puuuu.. UUUTAIN ! Repoussant la chaîne en expirant de toute ces forces, elle se remit dans une position confortable. En tout cas suffisamment confortable pour engueuler l'Homme Hivernal. Quand, j'te dis que j'la veux vivante, C'EST PAS POUR QU'T'ESSAYE DE LA BUTER DEUX SECONDES PLUS TARD, ENCULE !

La respiration lourde, les épaules molles, la jeune femme se retourna subitement vers celle qu'elle avait protégée. Et la frappa d'une bonne droite. Fatiguée comme elle était, elle ne pourrait pas esquiver ce coup. Tout ce que Kan' voulait actuellement, c'était la mettre K.O pour la ramener au village en un seul morceau. A voir ce que le Shukajin avait prévu. Regardant, son idole au sol, elle posa ensuite ses yeux ambrées sur son allié des Pays Neutre.

— On va faire un deal. Finalement, j'viendrai pas chercher l'autre meuf de tout à l'heure, jamais, croix de bois, croix de fer, toussa... Mais j'veux que tu laisses tomber si t'avais prévu un interrogatoire pour celle là. D'un doigt, elle pointa Oniri Saibogu, fille du plus célèbre des Ingénieurs, conseillère à la Défense du Sable et Héritière d'Isild... Ah non, pas ça par contre. Toutes les informations détenus par cette salope sont et resteront la propriété de Suna. Et cette fois, c'est non négociable.

Se baissant, elle s'apprêta à mettre la femme aux cheveux d'ivoire sur son épaule. Un long chemin les attendait.