Je m'incruste, hein? [Kotori]

♫:

Ça fait à peine quelques jours que j'ai été autorisée à quitter l’hôpital de Suna et la première chose que j'ai faite c'est me rendre au Kenkyuujo. Les mois de rééducation et de guérison m'ont privée des petits plaisirs de la vie, parmi lesquels le simple fait de bricoler dans mon atelier. Rester allongée? Très peu pour moi! Je ne suis pas de celles qui aiment se laisser guider par l'existence. J'aime savourer mes instants de paix, bien sûr. Mais rien ne remplacera jamais l'extase procurée par une invention qui fonctionne et qui - bonus ultime - peut servir à mon prochain. Le seul soucis c'est que je dois me balader en béquilles! Ouais, c'est chiant! Mais au moins je ne m'éclate pas la tronche à tout bout de champ parce que je n'arrive pas à mettre un pied devant l'autre. Je suis encore faible, certes, mais je suis toujours en vie! Et finalement je préfère me concentrer sur la chance que j'ai eu de survivre plutôt que sur la malchance qui m'a menée sur les traces de ce gros psychopathe à Ki no Kuni...

Après avoir retrouvé mes marques dans mon atelier et tapé la causette avec la plupart des petits robots que j'ai créés - le plus souvent sans que ce soit un véritable dialogue par ailleurs - c'est déjà l'heure de la pause déjeuner. Et comme je crève de faim je suis parmi les premières à rejoindre le réfectoire du Kenkyuujo pour profiter du plat du jour. Ce qui est certain c'est qu'on mange mieux ici qu'à l'hosto! Ça aussi, ça me manquait! Et puis je vais pouvoir en profiter pour revoir mes collègues et peut-être même Oniri. Cette dernière est venue me rendre visite plusieurs fois pendant ma convalescence et ça m'a fait super plaisir! Mais je n'aime pas particulièrement être dans le rôle de la blessée pour qui on s'inquiète. Là, au moins, de ce côté-là je n'ai plus de soucis à me faire...

En ayant eu rapidement marre de mes béquilles - c'est archaïque ces machins bordel! - je les ai troquées pour Chappie qui peut aisément me transporter dans ses puissants bras. C'est pratique pour économiser mes forces et puis aussi pour me ménager un accès plus rapide vers la nourriture. Après tout un droïde aussi massif a le don de pousser les gens à s'écarter. Pas par peur, non! Mais par prudence je dirais plutôt! Mes inventions sont connues pour être parfois... heu... imprévisibles? C'est donc sans grande difficultés que j'arrive enfin au niveau de la nourriture et que je tends mon bol pour qu'on le remplisse de canard laqué - cliché? - et de nouilles aux couleurs différentes. Miam, ça sent bon!

Ceci fait je me dirige vers l'une des tables occupées. J'ai choisi celle où se trouve une jeune femme que je connais surtout de vue même si son nom m'échappe encore pour le moment. Le docteur a dit que les pertes de mémoire étaient tout à fait normal après un traumatisme comme celui que j'ai subi. C'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde, ça! Je vais pouvoir utiliser cet argument à mon avantage quand je n'aurai pas envie de faire quelque chose! Il n'y a pas que des désavantages à se faire tabasser vous savez?

*Je me demande si ça va fonctionner avec Oniri-senseï, tiens!*

Toujours est-il que je me retrouve pratiquement à hauteur de ma collègue quand un problème de le système directionnel de Chappie le fait tout simplement s'effondrer en avant. Heureusement il a le réflexe de me balancer en avant pour éviter qu'il ne m'écrase. Enfin heureusement... Disons que ça reste une expérience désagréable hein? Mais ce qui ne tue pas rend plus fort qu'il paraît. Celui qui a dit ça n'a visiblement jamais rencontré Chappie...

Bref, je m'explose lamentablement sur la table de la jeune femme et j'emporte dans la foulée son repas et toutes les choses disposées devant elle. Je tombe ensuite sur le sol et me retrouve avec des nouilles plein les cheveux! Ouch! Je sens mes blessures protester au même titre que ma fierté tandis que je retrouve mes esprits. Mon premier réflexe, outre le fait de pousser une grimace, est celui de relever les yeux vers ma collègue. Comment s'appelle-t'elle déjà? Katanashi? Shitanaka? Quelque chose dans le genre, non?

- "Hey!" c'est une entrée en matière comme une autre... "Désolée pour ça Natakashi! C'est Chappie, il... heu... disons que j'ai un peu foiré sa programmation pour certains trucs!"
- "Je s'appelle Chappie!" qu'il se permet de protester, l'autre.
- "Ouais, parfaitement! Tu vas pas échapper à la révision mon gros!"
- "Je s'appelle Chappie!" ha mais il s'entête en plus!
- "Bien sûr que non! Va plutôt chercher à manger pour Nashitaka et moi tu veux bien? Comme si on avait déjà pas assez faim!"

Il répète à nouveau sa - seule - phrase fétiche et s'en va s'en trop demander son reste. J'en profite pour me relever avec peine et me glisser sur la chaise en face de la demoiselle. L'idée qu'elle puisse ne pas apprécier ma présence ne m'effleure même pas l'esprit. Je pousse une nouvelle grimace quand ma jambe boiteuse proteste à nouveau puis lui tends la prothèse qui remplace mon bras pour les présentations d'usage:

- "Moi c'est Lina, enchantée!" je lui décoche un petit sourire contrit, ne sachant pas si elle connaît mon prénom. "J'espère que tu ne m'en veux pas trop? Si je peux faire quelque chose pour me faire pardonner, dis-le sans hésiter! Je ferais n'importe quoi! Enfin... presque!"

Là c'est plus ou moins le moment ou j'essaie de détendre l'atmosphère tout en faisant de mon mieux pour ne pas prêter attention aux regards désapprobateurs des autres. Je sais que je suis une catastrophe ambulante, pas la peine de me le rappeler! Je tapotes mes doigts ensemble en un signe évident qui trahi ma nervosité. Je n'ai pas vraiment envie de me faire une ennemie de plus alors que je tiens avant tout à être entourée d'amis. Allez Lina, trouve quelque chose à dire!

- "Ce sont tes vrais cheveux?" Rhaaa mais quelle idiote je fais! Elle porte sûrement pas une perruque. "Et sinon... heu... ça se passe la vie?"

Il y a des fois ou je me dis que je devrais prendre des cours de relations sociales. Non que je manque d'envie de discuter avec les autres. C'est plutôt que je ne sais pas vraiment y mettre les formes. Je suis maladroite, bêtement. Mais il paraît que ce genre de chose se travaille alors bon... J'adresse un sourire éclatant à la demoiselle tout en me demandant quelle sera sa réaction. J'espère qu'elle ne va pas m'en retourner une...

Depuis mon arrivée à Suna, je ne me suis jamais faite d’amie de mon âge. On peut simplement dire que je ne suis pas doué pour communiquer, je veux dire… J’ai pratiquement du mal à simplement saluer les autres… Remuant mes baguettes dans le bol de nouille que j’avais devant moi. C’était fade à mon gout, comme ma vie qui s’était résumé à apprendre après mon arrivée dans ce pays de sable sans rivière, ni mer… Je soupirais alors seule sur ma table au réfectoire… J’avais pourtant essayé de me faire des amis, mais bon, je n’arrivais pas à savoir si on pouvait se qualifier d’amis.

Je saluais tous ceux que je rencontrais, surtout quand il s’agissait de membre de clan… Aussi, je connaissais les noms et visage du peu de personnes qui étaient présente dans le réfectoire. Une fille, qui si je me souviens bien est mon ainée et simple à retenir par son bras mécanique… Entra au réfectoire porté par un genre de robot. J’aurais du mal à la considérer comme tel au vu de son apparence, ses deux couettes faisaient vraiment enfantines.

L’action suivante était-elle digne d’un ninja ? Non, surement pas… Cependant il arrive souvent que l’écart de comportement entre les missions et les quartiers libres soient véritablement différent. Et puis, elle était blessé, ayons un peu de pitié. Elle gicla pour ainsi dire mon bol, mes nouilles fades, mon plateau, mes baguettes, etc… Je ne détestais pas recevoir des éclaboussures de liquides de manière faciale…

Lina, si je me souvenais correctement de son nom, m’adressa la parole, visiblement, elle ne visait pas vraiment une table autre que la mienne… Cela me rendait quelque peu heureuse qu’une personne vienne me parler pour autre chose que des salutations ou du moins, informellement. Natakashi… Si près du but, elle aurait été parfaite en étant un peu plus petite, comme une enfant, ou un petit garçon. Mais elle était suffisamment mignonne pour que je lui pardonne.

Je zappais la conversation. Elle semblait discuter avec son robot qui répétait seulement une seule phrase… Je tapais légèrement mon poing comme un marteau dans ma paume, me disant avoir compris qu’elle était comme une enfant qui parlait à ses jouets. Quoique le jouet semblait répondre correctement aux ordres… Je me demandais comment ce genre de truc fonctionnait.

Elle s’assit devant moi et se présenta finalement. Je répondis d’un simple hochement de tête, elle semblait déjà me connaitre et moi aussi, pas besoin d’être impoli et de lui signaler que ce n’était pas nécessaire. Je ne lui en voulais pas du tout, elle était amusante et puis si elle me propose de faire n’importe quoi, je pourrais démonter son robot non ? Elle n’aura qu’à le remonter plus tard.

Elle semblait souffrir et me tendait sa prothèse… Elle… Je ne bougeais pas, ne mouvant que mes yeux en direction de cette main… Que me voulait-elle ? Me montrer son bras ? Attiser ma curiosité ? Elle me posa ensuite les questions les plus étranges du monde. Je pris dons la prothèse par le bout des doigts avec ma main droit pour essayer de déduire l’éventuel fonctionnement de celle-ci. Prenant la parole pour répondre à ses questions.

- Je ne vois pas de problème, j’apprécie les éclaboussures liquides, mes cheveux sont réels et ma vie ne se passe pas très bien et en plus tu t’y incrustes.

… Comment ? J’étais bien trop inspirée par son bras et ai mal formulé ma phrase… RAAAH, je voulais dire que j’étais contente qu’elle vienne… Je venais de bloquer en tenant sa main, réfléchissant à comment résoudre ce problème…

- Je ne souhaite pas entendre ton avis. Disais-je alors que je voulais lui dire que j’avais fait une erreur…

Je devais garder mon calme… Pourquoi est-ce que je n’y arrivais pas dans mes pensées, mais que j’y arrivais en apparence ? Je devais détendre l’atmosphère par un moyen ou un autre…

- Ton bras doit être pratique pour gérer les besoins sexu…

MAIS PAS CE GENRE DE DETENTE ! Me disais-je en tenant toujours son bras, quoique... Derrière son apparence trompeuse il ne fallait pas oublier qu'elle était plus âgée que moi. Je sais !! Je sortais une serviette d’un des compartiments de mes vêtements et commençait à nettoyer son bras en faisant des mouvements de bras de va et vient…

- Je vais t’astiquer le bras. Disais-je l’air on ne peut plus sérieux… Parce que parler ne sécher ou nettoyer ça sonnait mal à mon oreille pour une machine. Et puis, les gens apprécient les blagues légèrement perverses… Enfin je crois.

♫:

Je m'étais attendue à peu près à tout comme réaction. De la colère, de la rancune ou même de la violence. Si la première remarque de mon interlocutrice sembla un instant me conforter dans cette impression, la suite me donna en revanche rapidement tort. D'un certain côté c'est rassurant de voir qu'il y avait des gens encore plus bizarres que moi! Désormais je pourrais utiliser "l'argument Natakashi" pour prouver à Ogami qu'il existe bien des gens à Suna plus étranges que votre humble servante. Mais il ne me croirait sûrement pas...

Par contre je ne sais pas trop comment réagir dans cette situation. Bordel, je suis sensée dire ou faire quoi? D'habitude c'est moi qui me retrouve dans le rôle de la fille qui a quelques soucis dans ses relations sociales. Et voilà que je me retrouve dans la peau de la personne normale, confrontée à quelqu'un qui semble exprimer tout ce qui lui passe par la tête. Pourquoi est-ce qu'il n'existe pas un manuel Saibogu pour expliquer ce qu'on est sensé faire dans pareil cas de figure? Pour l'instant le seul truc qui me vienne à l'esprit se résume à un seul verbe: fuir!

Sauf qu'elle semble trouver un intérêt tout particulier à ma prothèse et qu'elle a décidé de ne plus la lâcher! La poisse! Déjà que j'aime pas qu'on touche à mes affaires en temps normal... Mais là, c'est carrément moi qu'elle touche! Enfin, plutôt l'assemblage de métal et de pièces complexes qui remplacent mon bras perdu.

- "Heu..."

Je ne sais pas vraiment quoi dire d'autre. J'ai bien essayer, je ne vois pas! Mais on atteint encore un pallier supplémentaire sur l'échelle de la bizarrerie quand elle ajoute que ma prothèse doit être bien pratique pour gérer les besoins sexuels. Bon ok, elle n'a pas terminé sa phrase! Peut-être qu'elle s'est tout de même rendu compte qu'elle touchait du doigt un sujet un brin... embarrassant. Mais de toute façon ce qu'elle cherchait à dire est tellement évident qu'elle n'avait pas vraiment besoin de la terminer.

Je rougis sans m'en rendre compte et frotte ma main libre sur l'arrière de mon crâne pour exprimer ma gêne. C'est le genre de sujet que je n'aborde jamais avec les autres, ça! Alors bien sûr, il y a quelques avantages à avoir un bras mécanique quand on se sent un brin seule. Mais hé, c'est mon jardin secret ça! Si j'avais voulu l'exposer j'aurais sûrement déjà écrit un livre!

- "Ben... c'est que j'y ai jamais vraiment pensé en fait!" Hou la menteuse! C'est carrément testé et approuvé! "Et puis il est multifonctionnel mais il n'a pas encore de vibreur intégré alors bon... Du coup j'imagine que la bonne vieille méthode reste encore la meilleure!"

Je m'en tire plutôt pas trop mal je trouve! Pour un peu j'aurais envie de m'incliner comme une artiste devant un public en folie. Sauf qu'en l'occurrence nos collègues ont l'air de se foutre totalement de ce qu'on raconte. Et c'est pas plus mal tout compte fait! Mais bordel, pourquoi c'est toujours à moi que ça arrive ce genre de trucs? J'en viens même à me demander si je n'ai pas la personne la plus étrange de tout Suna en face de moi, c'est dire! Faut dire qu'ici on a un peu érigé la bizarrerie en dogme...

Et voilà qu'elle se met à m'astiquer le bras! Là j'ai un peu l'impression que la partie mécanique de ma personne est en train de se faire violer. Je fais quoi? Je hurle? Bah non ça va attirer l'attention! Mais d'un autre côté je ne peux pas la laisser m'astiquer comme si de rien n'était. J'ai beau essayé de penser à autre chose, peine perdue. Du coup j'opte tout de même pour un retrait prématuré et j'agite mon bras de haut en bas pour me libérer.

- "Tu me rends mon bras s'il-te-plaît?" j'ai presque honte d'oser me manifester. "C'est pas que j'en ai besoin mais.. un peu quand même!"

Bah ouais, c'est pratique un bras! J'ajuste mes couettes histoire de donner le change et regrette d'avoir congédié Chappie si vite! Après tout j'aurais pu le laisser "discuter" à ma place et j'aurais pu en profiter pour partir me planquer dans le désert. Maintenant je vois mal ce que je pourrais prétexter pour justifier mon départ! Bon ben... à la guerre comme à la guerre, hein? Quand on ne sait pas comment relancer une conversation il vaut toujours mieux y aller avec les sujets bateaux! Classique mais efficace!

- "Et sinon? À part astiquer des trucs c'est quoi tes passions dans la vie?" voilà, elle a réussi à me contaminer! Merde! "Enfin j'veux dire... tu travailles sur quoi en ce moment? Si je me trompe pas nos ateliers sont presque voisins c'est ça? Et pourtant je n'ai pas la moindre idée de ce que tu peux bien développer! Tu me racontes?"

Parler à un Saibogu de ses recherches, c'est l'assurance de se lancer dans une longue discussion. Mais tout le temps qu'elle passera à parler, c'est autant de minutes gagnées pour préserver mon bras de ses assauts lubriques. Je jette un rapide regard à Chappie et je remarque qu'il n'a pas du tout progressé dans la file d'attente menant à la nourriture. Pire encore: cet imbécile laisse passer tout le monde devant lui! Mais bon ça c'est ma faute en fait puisque je l'ai programmé pour qu'il fasse passer les humains avant lui. Du coup ça sert à rien d'espérer qu'il joue des coudes pour nous apporter à manger...

Je décoche un sourire autant gêné que nécessaire pour rassurer mon interlocutrice quant à ma capacité à l'écouter. Quelque chose me dit que je ne suis pas au bout de mes surprises...

Je l’avais gênée ! Aaaaahh… Mais elle me répondit tout de même. Qu’est-ce que je suis sensé comprendre… Pouvait-elle être moins indécise dans ses choix ? Soit gênée ou répond normalement ! Non, du calme, si elle a répondu… C’est que ça lui va, enfin, j’espère.

A peine cette réflexion terminée, Lina extirpa son bras de mon emprise d’un mouvement simple, mais efficace vu ma manière de tenir son bras. Enfin, efficace, au point de vue du temps, niveau énergie dépensée, ce n’était pas trop ça. Mais encore une fois… Ne pouvait-elle pas choisir simplement ? Et puis en soit, si elle n’était pas perverse, elle n’aurait probablement pas comprise mon sous-entendu avec astiquer… Enfin, je répondis quand même quand elle me demanda de lui rendre son bras :

- D’accord.

Comment ça d’accord ? Dans ce genre de situation je suis sensé dire désolée ou quelque chose du genre… Tant pis, ce qui est dit est dit, je peux rien y faire. Et puis, je comprends, on peut pas laisser une autre fille jouer avec ses jouets, enfin, je dis ça… Je n’ai pourtant aucune connaissance pratique de la chose… C’est juste que mon amour pour les blagues perverses est plus grand que mon amour propre…

Mince… Lina venait de tuer la conversation sans que je me rende compte, il fallait rapidement que l’une de nous deux la relance et pour mon plus grand bonheur, elle, qui devait être une personne sociable, réussit à le faire rapidement. Remarque, j’avais presque tué la conversation en lui astiquant le bras… Je m’efforçais à la regarder dans les yeux lorsqu’elle reprit la parole.

Elle me proposa des sujets on ne peut plus simple… Comment ai-je fais pour ne jamais y penser auparavant ? Les passions de l’interlocuteur, précisant ici au vu de notre clan commun, le bricolage… J’ai envie de pleurer, me disais-je en rangeant ma serviette… Premièrement par la gentillesse de Lina, secondement parce qu’à ce moment, c’était le vide intersidéral ! Rien, absolument rien à démonter ! Je n'apprenais qu’en démontant du matériel et je n’avais rien pu démonter depuis quelques semaines. Je me résolus donc à placer une blague. Je gardais mon visage calme et levais ma main droite devant moi :

- Malheureusement, mes recherches se résument actuellement à essayer de me satisfaire seule. Disais-je en incluant mon pouce entre mon index et mon majeur.

Au moment de ma réponse, son regard était tourné en direction de son robot… Ce dernier était capable de faire la queue, sans blagues sous-entendu, seul, en ayant simplement reçu l’ordre de la part de sa maitresse, sans blagues sous-entendu. Complètement différent d’une marionnette, celui-ci m’intriguait grandement, suffisamment pour que je ne puisse m’empêcher de penser à voix haute :

- Et j’apprécierais réellement pouvoir inclure ton robot dans mes recherches…

Bien entendu, je ne voulais rien dire de sexuel à ce moment-là. Je voulais simplement pouvoir démonter ce robot afin de découvrir son fonctionnement, apprendre et peut-être m’en inspirer… Mais dans cette situation, je n’avais pas fait attention et créer un superbe sous-entendu.

♫:

Elle me prend encore une fois à contre-pied et à nouveau je ne sais pas vraiment comment réagir. Je suis plutôt une fille extravertie mais elle me devance largement lorsqu'il s'agit de parler de sujets que je juge relever de l'intimité. Et en plus elle est plus jeune que moi! Je me sens un peu comme une vieille qui se rend compte que la nouvelle génération n'a aucun tabou. Quoique... Peut-être que c'est tout simplement elle qui est étrange et non pas le reste de ses contemporains. D'un autre côté si cette discussion me met mal à l'aise elle a aussi l'avantage de varier mon quotidien.

*Si on m'avait dit que je passerais ma pause déjeuner à parler de ce genre de choses...*

Bon après quand elle dit qu'elle cherche surtout à se satisfaire seule je suppose qu'il y a bien une connotation derrière. Mais peut-être que c'est moi aussi qui ai l'esprit mal tourné. Ouais non en fait, le signe qu'elle me fait avec ses doigts ne laisse plus trop de place à l’interprétation. Alors? Qu'est-ce que je réponds à ça hein? J'aimerais bien que quelqu'un s'incruste à notre table pour dissiper un peu cette pression que je me mets toute seule sur les épaules. Après tout le sexe est un sujet comme un autre pas vrai? En fait c'est sûrement parce que je ne suis pas un experte dans ce domaine que je me sens aussi mal à l'aise. Être dépassée de la sorte, c'est assez inhabituel pour moi. Mais je suppose qu'on ne peut pas être douée en tout n'est-ce pas?

- "Je suis certaine qu'un beau jeune homme se dévouera pour te donner un coup de main!" voila, même dans cette situation je ne peux pas m'empêcher de vouloir aider. "Je connais un garçon très sympathique et plutôt mignon qui sera sûrement ravi de t'aider! Toshiro Ogami qu'il s'appelle! Ça te dit quelque chose? Si tu veux je peux toujours lui demander de... heu... se pencher sur ton petit problème? Il adore rendre service en plus!"

Je m'avance peut-être un peu trop en partant du principe qu'Ogami acceptera! Mais d'un autre côté je ne risque pas grand chose à lui demander! Et puis c'est pas non plus comme si c'était un énorme service que je lui demande d'autant plus que Kotori est mignonne! Bref, à voir!

Je jette un nouveau regard à Chappie et remarque qu'il n'a toujours pas avancé. À ce rythme on va devoir aller se servir nous même. Idée peu réjouissante dans la mesure où j'ai toujours un peu de peine à me mouvoir avec mes béquilles. Il va vraiment falloir que je me bricole quelque chose pour y remédier. J'oublie cette idée lorsque mon interlocutrice ajoute qu'elle voudrait inclure le robot dans ses "recherches". Je fronce les sourcils, suspicieuse. Est-ce qu'elle veut coucher avec mon Chappie? Ou elle en a besoin pour quelque chose de plus conventionnel?

-"Ben c'est à dire... pourquoi tu en aurais besoin exactement?"

Je n'ai rien contre le fait de donner un coup de main tant que ça reste dans le domaine professionnel. Mais j'aimerais avant tout savoir ce qu'elle a exactement en tête! Déjà de un, m'assurer que Chappie ne risque rien! De deux et dans le cas où ce serait bel et bien à des fins de recherches conventionnelles, qu'elle n'utilisera pas sa technologie pour créer des armes. Et de trois, qu'elle est réellement digne de confiance.

- "Tu sais Chappie a beau être un robot c'est aussi un ami à mes yeux! Je ne le vois d'ailleurs pas comme une machine mais comme une "personne" à part entière! Du coup je suis un peu réticente à le laisser seul avec quelqu'un sans savoir ce qu'il fait ou ce qu'on lui fait! Ce n'est pas que je te fasse pas confiance hein?" ben... un peu quand même en fait! "Mais je préférerais garder un oeil sur lui, au cas où! Il est parfois imprévisible en plus alors bon..."

Mouais... C'est sûr qu'il agit bizarrement parfois mais c'est à cause de mes recherches pour créer une véritable intelligence artificielle capable de ressentir des émotions et d'en partager. Projet un peu mis de côté suite à mon hospitalisation et mon travail sur le train qui pourrait un jour relier Suna à la capitale. J'imagine un instant Chappie transformé en jouet sexuel et je chasse rapidement cette idée de mon esprit. C'est trop bizarre!

- "Vu comme c'est parti on est pas près de manger alors voila ce que je te propose. Tu l'as remarqué, j'ai eu un petit incident!" un véritable euphémisme! "Donc tu pourrais aller chercher ton repas et le mien et on irait grignoter dans ton atelier! Sur place tu pourras m'expliquer plus en détail ce que tu as derrière la tête!"

Pour le coup je serais gagnante! On éviterait d'attirer l'attention avec notre discussion tout sauf conventionnel et je pourrais aussi m'assurer qu'elle ne fait rien de mal à Chappie. Le tout en lui rendant service comme elle le demande. J'espère juste que je ne vais pas me retrouver à observer mon robot et la demoiselle s'envoyer en l'air et qu'elle a bien une idée de recherche professionnelle en tête. Dans le cas contraire j'improviserai, bêtement...

A postériori, je me dis que je devrais vraiment être fière de mes blagues grivoises. Des surdouées comme moi, il y en a assez peu, surtout que j’étais parfois capable de le faire sans m’en rendre réellement compte.

De mon point de vue, Lina ne me semblait pas spécialement mal à l’aise, au contraire, elle me répondait et cela m’emplissait jusqu’à déborder de jouissance… Ou de joie, mais ça sonne moins drôle. Toshiro Ogami, un nom que j’étais largement prête à oublier, car bien plus intéressé par… Chappie ? Il me semblait qu’il s’agissait là du nom de ce qui m’emplissait aussi bien que précédemment, mais d’intérêt.

Lorsqu’elle me demanda ce que je voulais en faire, je me demandais ce qu’elle voulait que j’en fasse ? Je n’avais pas encore bien réfléchie à la conversation sur le moment, aussi, je ne comprenais pas que j’avais créé un quiproquo plutôt drôle et dont j’ai tout de même légèrement honte.

Je comprenais donc des mots qu’elle me disait, qu’elle était peut-être légèrement possessive de son invention, si elle en était bien la créatrice. Ce qui était tout à fait normal, qui se permettrait de donner gratuitement des informations aux autres ? Pas moi en tout cas et aucun ninja digne de ce nom. Mais elle me donnait surtout l’impression de chercher des mauvaises excuses. J’appréciais Lina, aussi, je n’estimais pas que c’était grave de se chercher des excuses. Et il était bien évident qu’elle ne me faisait pas confiance, mais c’était normal et je lui étais déjà reconnaissante d’être venue m’adresser la parole. Malheureusement, je ne pus m’empêcher de marmonner sans être certaine du volume de ma voix :

-Tu serais donc prête à me prêter une personne, mais pas un robot que tu considères comme une personne…Tch! Claquant la langue par habitude.

Rien d’hostile, ou du moins pas d’attention hostile, juste une réflexion qui sort de la mauvaise manière, comme avoir la diarrhée… Je ne m’en rendais compte qu’après coup et lorsque Lina me demanda d’aller chercher nos repas, je m’y attelais acceptant directement :

- D’acc, comme ça on pourra s’amuser dans mon atelier~

Je me dirigeais donc pour prendre la place du robot dans le boulot. La modernisation a fait que les outils, pantins et robots prennent doucement la place des humains, eh bien… On a encore du temps devant nous n’est-ce pas.
Je me retrouvais donc assez rapidement à prendre des repas pour Lina et moi, certaines personnes me laissèrent aimablement passer lorsque je fis un commentaire à propos du manque de politesse des personnes ayant dépassé le robot. Rien de fait exprès.

- Je vous prendrais donc 2 bol de nouilles au canard laqué ! Extra salé, sucré, poivré, pimenté etc… Comme d’habitude s’il-vous-plait.

J’étais un genre d’attraction lorsque je mangeais mes plats extra, mais pour les cantiniers ou peu importe comment on doit les appeler… Rien de nouveau, ils me voyaient déjà manger des quantités extraordinaires, enfin, quelqu’un de normal ne mangerait pas ce que je mange en épices et sauces.
Une fois servie, je me dirigeais vers le robot.

-Chappie c’est ça ? Demandais-je en me demandant s’il était capable de comprendre les sous-entendus. On va faire un plan à 3 avec Lina tu viens ? Disais-je avant de reprendre la marche en direction de la table où était posée Lina.

♫:

Bon alors j'ai décidé quelque chose! À chaque fois que Takanashi me fera un commentaire que je ne comprends pas, je lui répondrai par un "c'est pas faux..."! Une réplique passe partout et neutre qui ne m'attirera pas l'inimité de mon interlocutrice. Du coup lorsqu'elle me dit que je serais prête à prêter une personne mais pas un robot que je considère comme une personne, je vois là un moment rêvé pour feinter!

- "Heu... C'est pas faux..."

Voilà! Faut juste avoir un regard convaincu et un air assuré et le tour est joué! J'accompagne même ma réplique d'un léger sourire. Bon, je n'ai toujours pas compris pourquoi elle croit que je prêterais un humain. Mais le génie prends bien des formes et peut-être que dans le cas de Tanikasha il s'exprime bizarrement. Je ne vais pas seulement la juger sur son manque de capacité à communiquer après tout. Et puis je ne suis pas non plus un exemple de normalité il faut dire...

Elle remplace Chappie dans la file d'attente et ce dernier vient me voir. Comme d'habitude il ne peut pas s'empêcher de me questionner sur la jeune femme. C'est qu'il est plutôt curieux. En fait c'est plutôt comme ça que je l'imagine parce que dans le fond, je ne suis pas certaine de comprendre vraiment ce qu'il me dit lui aussi. Tiens, il irait bien avec Nashikata tout compte fait...

- "Je s'appelle Chappie?"
- "Une vraie tarée, j'te jure..." mes épaules s'affaissent. "Je comprends pas la moitié de ce qu'elle me dit ou même pourquoi elle le dit. Mais elle est plutôt cool!"
- "Je s'appelle Chappie?"
- "Ha ça... T'as plus trois semaines non plus maintenant c'est à toi de prendre tes décisions de temps en temps! Sur ce coup-là tu te démerdes!"

Et le voila qui va retrouver Natikashi! Il a l'air de bien l'apprécier lui aussi. Tant mieux! Ha ben la voila qui reviens avec nos repas. Je salive rien qu'en posant les yeux sur les nouilles fumantes qu'elle a eu la gentillesse d'aller chercher. Chappie quant à lui se contente de l'attendre suffisamment prêt pour que je puisse entre la suite:

Le soucis c'est qu'elle juge bon de placer une remarque sur un plan à trois. Bim, au milieu des autres membres du clan. Chappie, lui, ne comprends évidemment pas ce qu'elle veut dire par là et tourne sa caméra un court instant vers moi avant de reporter son attention sur Tikashina:

- "Je s'appelle Chappie? Je s'appelle Chappie!"

Et il faudra qu'elle se débrouille avec cette remarque. Peut-être qu'elle fera comme moi et interprétera les propos du robot à sa guise. Si c'est le cas je sens qu'on est pas près de s'ennuyer avec ce duo.

- "Allez hop mon gros, porte-moi!" il s'exécute, évidemment. "Direction le palais des plaisirs de Natishika!"
- "Je s'appelle Chappie?"
- "C'est pas faux..."

Lui aussi il faudra qu'il se débrouille avec ça! En fait je crois que je vais simplement me poser en spectatrice et regarder tranquillement la suite des événements. On se dirige alors vers la sortie du réfectoire et on attend que notre nouvelle amie bizarre nous ouvre la voie. Direction l’inconnu!

Décidément, Lina était vraiment une personne aimable, engageant la conversation, sympathique, mignonne et elle répondait positivement à mes blagues ! Que demander de plus ? Elle allait même probablement me laisser étudier son robot et peut-être son bras si ça ne va pas trop mal.

Hum, la question que je me posais était plus simple que toute les réflexions que je me disais jusqu’à maintenant : Est-ce que le robot Chappie voulait vraiment dire quelque chose ou ne faisait-il que répéter la même phrase encore et encore ? Le plus étonnant est qu’il semblait, car je n’étais pas sûre qu’il le fasse exprès, capable d’utiliser un ton en parlant, souvent interrogatif, parfois autre. S’il le faisait exprès, cela voulait-il dire qu’il pouvait essayer de communiquer, mais qu’il n’avait pas d’autres moyens ? Et puis comment synthétisait-il le son qu’il émettait ? Etait-ce une voix préenregistrée dont il changeait le pitch pour obtenir le son voulut ou synthétisait-il sa voix à partir d’ondes ?...

- Lina…san. Disais-je en ayant presque oubliée qu’elle était mon ainée. Allons-y. Repris-je en efforçant un léger sourire.

Je n’ai jamais été bien expressive et ce sourire était une des seules expressions que j’étais capable de faire par moi-même. J’ouvrais la marche, essayant de trouver quelque chose à dire alors que mon cerveau était en pleine réflexion sur le fonctionnement de Chappie… Je ne trouvais vraiment pas grand-chose. Je jetais alors un coup d’œil sur Lina qui était portée par Chappie. Je me demandais presque si je ne pouvais pas lui dire mon prénom… Mais le fait que je l’appréciais ne voulait pas forcément dire que je pouvais lui donner toute ma confiance. J’allais donc poser quelques questions à propos de Chappie avant qu’on arrive à mon atelier.

- Je me demandais, est-ce que Chappie possède sa propre voix ? Ou est-elle une voix enregistrée puis modifiée ? … La question peut te paraitre stupide, alors si tu ne veux pas y répondre, tu peux fermer tes lèvres du haut~

En effet, ce genre de question pouvait me paraitre stupide. Autant que de demander à un prestidigitateur de révéler ses secrets… Je me tus donc durant le reste du trajet avant que l’on arrive à la porte de mon atelier. Je sortais la clé de sous ma jupe. C’était en quelque sorte une blague privée pour que les gens voyant ça se demandent d’où je sors la clé. Qu’ils ne s’inquiètent pas, je suis blanche et pure, les seules choses d’obscène chez moi sont les blagues. Pour la pousser jusqu’au bout, je sors un chiffon pour essuyer la clé. Pousser la blague, rien d’autre. J’ouvre la porte révélant l’intérieur de mon atelier… Qui était plongé dans l’obscurité. Je m’y sentais mieux et je pouvais y travailler tranquillement.

- Vous pouvez fermer la porte derrière vous ? Je préfère qu’il n’y ait pas de lumière pour s’amuser~

♫:

En chemin Kotori m'interroge sur le module vocale de Chappie. Il est vrai qu'un robot qui s'obstine à répéter la même phrase constamment à de quoi attirer la curiosité et les questions qui vont avec. Et, comme d'habitude, ma consœur a le don pour faire des phrases étranges. Aussi je hausse un sourcil lorsqu'elle me dit que si je suis gênée je peux tout à fait occulter la question. Enfin, plutôt fermer mes "lèvres du haut!". Elle fait ce genre de remarques avec tant de légèreté et de spontanéité que je me doute bien que c'est quelque chose de naturel chez elle. Mais ça reste tout de même très étrange pas vrai?

- "En fait Chappie avait un modulateur vocal plutôt efficace à l'époque. Il avait plusieurs phrases différentes en mémoire et une de mes inventions lui permettait de les combiner pour lui donner un semblant de capacité à s'exprimer. Mais le truc c'est que j'ai foiré une expérience et un boulon lui a traversé la boîte crânienne!" je lui montre du doigt un trou colmaté au niveau de sa tête d'acier. "Du coup la zone qui gérait sa voix a été pratiquement entièrement détruite. J'aurais pu tenter de le réparer mais la moindre fausse manipulation aurait effacé sa mémoire et je me serais retrouvée avec un robot complètement différent. Du coup j'ai préféré le laisser tel quel et juste réparer les dégâts apparents. Et puis je le trouve attachant comme ça! C'est rigolo d'interpréter ce qu'il dit!"
- "Je s'appelle Chappie?"
- "Oui oui, c'est bien de toi qu'on parle!"

On arrive finalement à l'atelier de ma collègue et je la regarde avec des yeux ronds sortir la clef de sous sa jupe avant de l'essuyer. Non, je ne veux même pas savoir d'où elle la sort! Bien que j'ai tout de même une petite idée sur le sujet hein? Je vois Chappie baisser sa caméra vers les jambes de la demoiselle puis se tourner vers moi. Arf!

- "Je s'appelle Chappie?"

Expliquer ce genre de choses à un robot c'est un peu comme parler de la façon dont on fait des enfants à... ben, des enfants. Faut trouver une parade! Et vite!

- "Non, c'est... heu... une technique humaine ça! On peut cacher des trucs dans des petites cavités pour éviter de les perdre! Tu comprendras peut-être un jour!"
- "Je s'appelle Chappie!"
- "Toi aussi t'es bizarre, j'te rappelle!"

Toujours est-il qu'on a enfin accès à cet atelier. C'est un peu l'endroit qui défini ce qu'est un Saibogu tout comme la chambre défini un être humain. Le bordel qu'il y a, le matériel qu'on peut y trouver, la façon dont le tout est organisé... Autant d'informations précieuses qui me permettraient peut-être de me faire une idée plus précise de Kotori et des recherches qu'elle mène. Sauf que pour le coup son espace de travail est complètement plongé dans l'obscurité. Normal vous me direz, c'est bien d'économiser l'énergie! Mais c'est sans compter sur sa façon d'être si particulière et la remarque qui ne manque pas de suivre.

- "Tu t'amuses dans le noir, toi?"

Et là, paf, je saisis enfin! Elle ne m'a pas menée ici pour me montrer ses recherches mais bien pour s'envoyer en l'air avec moi. Et dire que j'avais espéré éviter ce genre de situations. Je sais bien qu'elle est parfois obscène dans sa manière de s'exprimer mais je pensais que c'était juste une sorte de défaut de fabrication. Pas qu'elle avait les pensées qui allaient avec...

Mais si je suis évidemment gênée par cette situation c'est plus la peur qui me domine en cet instant. Toute cette obscurité me rappelle Ki no Kuni et les sévices que j'y ai subis. Je dors la lumière allumée maintenant tellement le noir me replonge dans ces souvenirs que je voudrais éviter. Alors être enfermée dans un endroit clos sans la moindre lumière n'est pas vraiment pour me rassurer. Je sais déjà que l'expérience va être pénible. Je n'ai pas le choix si je veux préserver ma santé mentale, je dois refuser!

- "Je préférerais qu'on allume la lumière plutôt! Je ne connais pas ton atelier et comment le matériel est disposé à l'intérieur alors j'aime autant éviter de me cogner partout dans mon état. Sans compter que Chappie pourrait très bien renverser des trucs sans faire exprès. Il le fait déjà dans mon propre laboratoire quand il y a la lumière allumée alors là ce serait carrément l'anarchie, tu peux me croire!"
- "Je s'appelle Chappie!"

Bien sûr qu'il proteste puisque je suis en train de mentir pour gagner un argument supplémentaire dans le but de ne pas me retrouver seule dans le noir avec cette perverse. Mais il peut bien me sauver la mise de temps en temps, non? Je suis sa créatrice après tout! Et puis bon, le fait qu'il ne puisse pas exprimer ce qu'il a envie de dire est plutôt un bon point en l'occurrence! Encore une bonne raison de ne pas le réparer! Qui sait, il pourrait toujours servir de faire valoir à l'avenir.

- "En fait tu veux coucher avec moi, c'est ça?" la question qui me brûle les lèvres est enfin sortie. "Parce que pour être honnête je ne vois pas trop ce qu'on pourrait faire d'autre dans le noir..."

Autant être fixée avant d'entrer dans l'antre de la perverse! Je me suis déjà faite avoir par manque de préparation dans le passé et j'ai appris de mes erreurs. Bon bien sûr ma vie n'est pas en danger et je pourrais sûrement passer un moment agréable avec la demoiselle, je n'en doute pas. Mais c'est que je n'ai pas vraiment la tête à ça ces temps et surtout beaucoup de boulot qui m'attend.

- "Tu aurais pu me le demander directement tu sais? Tu aurais gagné du temps et moi aussi!"

Ma remarque reste neutre puisque je ne donne pas vraiment mon avis sur le sujet. Je me contente d'exposer des faits irréfutables et laisse le soin à la demoiselle de confirmer l'idée qu'elle a en tête ou au contraire de me faire prendre conscience de mon erreur de jugement. Allez savoir, c'est peut-être moi qui me fait des idées après tout. Mais... j'en doute...

Je reste donc sur le pas de la porte et jette de vagues regards curieux à l'intérieur de l'atelier sans toutefois arriver à percevoir autre chose que l'obscurité. C'est que même si je n'ai guère envie de m'envoyer en l'air je reste curieuse de savoir ce que peut bien renfermer cette pièce!

Elle avait continué tout le long de parler à Chappie, je comprenais l’envie de garder l’état actuel de son ami robot qu’elle considérait comme une personne qu’elle ne pouvait et ne voulait pas me prêter. Tch… M’enfin, je pouvais comprendre, même sans le vouloir.

J’aurais cependant appréciée pouvoir comprendre ce que Chappie voulait dire, je cachais mon sourire dans mon écharpe suite à ma blague plutôt réussie visiblement, ce même sans avoir besoin de le faire, car je n'étais pas du genre très expressive en fait. Je répondais donc à la première question de Lina par un simple :

-Oui.

Elle me demanda ensuite rapidement à ce que j’allume la lumière… Chose que je préférais ne pas faire par habitude. Et puis au vu des travaux que j’avais fait sur la lumière, il était peut-être mieux de ne pas le faire… Ses yeux pourront s’habituer au noir et peut-être même que Chappie avait une lumière NORMALE intégrée ?

Il sembla dire quelque chose d’un air mécontent suite à ce que racontait Lina… Je comprenais aisément donc qu’il n’appréciait pas qu’on raconte des mauvais épisodes sur lui, mais j’en avais assez vu pour comprendre qu’il n’était pas le plus habile de tous les robots… Décidément, Lina était d’une influence toute particulière sur moi, je commençais à comprendre ce qu’elle voulait dire par voir Chappie comme une personne, en fait, c’est cette maladresse qui créer de l’empathie envers la machine ! Ce qui fonctionne assez bien.

Et donc… Lina fît finalement preuve de plus d’audace que moi. Je veux dire, au final je ne fais que rigoler, rien de sérieux ! Sa première phrase me fît donc comprendre qu’elle voulait éclaircir les choses et son but était probablement de refuser ma blague au vu de ses réactions depuis le départ, mais cela ne fût que pure spéculation ! Elle m’expliqua que j’aurais pu être directe ! Elle était donc d’accord avec ça ?! Je rougissais d’un coup… Détournant le regard vers le bas, la bouche dans l’écharpe je reprenais ensuite la parole.

-Je… Euh je… Désolé, je ne faisais que rigoler, je voulais simplement avoir la possibilité d’étudier les mécanismes de ton robot et éventuellement de ton bras… Je… Ce n’était que des blagues perverses.

Je me retournais alors pour cacher mon visage… Dégageant la surface d’un petit meuble en faisant tomber des outils et autres objets métalliques au sol afin d’y poser nos bols.

-T-Tu as raison, je devrais allumer la lumière pour éviter les malentendus n’est-ce pas ? Je fais ça de suite !

J’appuyais alors sur l’interrupteur qui se trouvait juste à côté de la porte, au-dessus de ce même meuble, en regrettant amèrement cette action… Lina, Chappie et moi faisions donc face à l’intérieur de l’atelier lorsqu’une lumière des plus aveuglante s’alluma… Mes rétines rétrécirent instantanément pour bloquer le plus de lumière possible, mais j’étais très sensible à cela, étant nyctalope, je pouvais aisément voir dans le noir, mais mes yeux étaient donc plus faible face aux fortes luminosités…

-AAAAAAARGGH ! Criais-je en reculant et me roulant en boule au sol pour cacher mes yeux. La lumière ! Eteignez la lumière ! Viite ! VIIIIIIIIIIIITE !

Je restais au sol quelques secondes attendant avant de me préparer à ouvrir les yeux et sortir de ma position de cloporte… Quelqu’un avait éteint la lumière, mais j’étais toujours aveuglée. Je me tournais dans la direction où étaient Lina et Chappie dernièrement, les larmes aux yeux, le visage toujours rouge…

-Hum… Voilà pourquoi je ne voulais pas allumer la lumière… Repris-je simplement, souriant légèrement.

Je tâtonnais à quatre pattes au sol, toujours aveugle avant de sentir mon visage se trouver contre quelque chose de tiède. Je compris immédiatement que c’était les jambes de Lina, reculant brusquement…

-DESOLEE ! M’écriais-je en retombant couchée sur le dos… Je… Laisse-moi juste le temps de recouvrir ma vue… Disais-je en déplaçant mes mains sur mon cœur, les yeux fermés…

J’essayais de me souvenir de mon atelier… Le désordre total, des prototypes de torpilles, de cannons portatifs, de lampes à très hautes intensités, etc… Et des outils éparpillés au sol…

-Il devrait y avoir une lampe torche au sol quelque part dans un rayon d’un mètre près de l’entrée… utilise ça si tu veux y voir quelque chose… Ensuite, tu pourras t’installer où tu veux pour manger.

Je devais reprendre mon calme… Je ressentais mon rythme cardiaque anormalement élevé, aussi, j’allais rester comme ça un petit moment.

♫:

Et bien me voila rassurée: Taka se contente de blagues obscènes sans pour autant avoir une idée derrière la tête. Je sens la pression s'envoler et je lâche un léger soupire qui exprime à merveille mon soulagement. Je déteste devoir dire non aux gens pour quoi que ce soit. Je n'aurais pas alors à décliner quoi que ce soit et encore moins des avances. Dès lors on en revient à ce que je souhaitais: une simple visite de l'atelier de l'une de mes consœurs. Je suis toutefois un peu gênée de lui avoir posé cette question car c'est finalement moi qui me retrouve dans le rôle de la demoiselle avec une idée derrière la tête.

- "Ha bon..." ouf! "Bon ben moi aussi je m'excuse, j'avoue que j'étais certaine que tu avais une idée derrière la tête! Mais puisque nous sommes claires à ce sujet on peut passer à autre chose! Allez, fais-moi visiter!"

Et la voila qui allume enfin la lumière. J'ai tout juste le temps de poser le regard sur ce qui apparaît dans le labo avant que la jeune femme se mette à crier. Je sursaute tant je suis surprise par cette réaction. Je cherche tout d'abord un éventuel danger et ma main se porte presque automatiquement vers le revolver accroché à ma cuisse. C'est alors que je remarque que c'est la lumière et uniquement la lumière qui est a l'origine de la panique et de la douleur de la jeune femme. Je veux bien, c'est pas agréable d'allumer d'un coup la lumière quand on est habitué à l'obscurité. Mais de là à en souffrir...

Ma consoeur me supplie presque d'éteindre la lumière et je m'exécute rapidement une fois que Chappie m'eut portée jusqu'à l'interrupteur. J'appuie dessus et l'atelier retombe dans l'obscurité. Je demande ensuite à Chappie de me poser sur le sol et je m'approche, inquiète, de la jeune femme. Et lorsqu'elle relève vers moi un regard empli de larmes et que je la voie ainsi prostrée quelque chose se produit en moi. Ce n'est plus de l'inquiétude qui m'habite mais bien une violente irritation. Je sens une colère sourde se répandre dans tout mon être et mon air bienveillant s'efface presque aussitôt.

J'active le petit projecteur dans la paume de ma prothèse au moment où je sens un visage s'écraser contre mes jambes. Je baisse alors les yeux et éclaire la Saibogu tout en lui décochant un regard sévère. Elle me rappelle d'extrêmement mauvais souvenirs. Cet état de faiblesse, cet air perdu... Je devais être pareille lorsque j'ai été torturée. Je crois comprendre ce qu'elle peut ressentir mais ça m'irrite! Je lui attrape le col avec mon bras mécanique et je la relève sans aucune douceur pour la remettre sur ses jambes!

- "Ne courbe jamais l'échine, jamais! Que ce soit face à l'ennemi, l'inconnu ou même la lumière! Tu es une Saibogu et une shinobi de Suna! Et à Suna on ne laisse pas la peur vaincre ou le faiblesse triompher! On se relève, toujours! Et on fait face!"

En réalité ce n'est pas elle que je fustige mais bien mon propre comportement à Ki no Kuni. Par faiblesse j'ai sûrement mis les gens en danger et voir quelqu'un d'autre se comporter ainsi, ça me met face à mes propres erreurs. Les circonstances sont différentes, c'est certain. Mais c'est peut-être parce que j'ai l'impression de me voir moi-même que je réagis de cette manière.

- "Compris?"
- "Je s'appelle Chappie?"

La remarque de mon robot me fait prendre conscience de ce que je suis en train de faire et je relâche la demoiselle tout en faisant péniblement en pas en arrière. Mais qu'est-ce qui m'a pris? Est-ce le sang étrange que cet homme m'a injecté à Ki no Kuni? Est-ce que j'ai changé à ce point? De quel droit je me permets d'agresser ainsi une collègue? Ce n'est pas... moi! Et Chappie s'en est bien rendu compte. Sa caméra reste braquée sur moi et j'ai l'impression qu'il me juge et m'analyse à la fois.

- "Je... Excuse-moi! Je ne sais pas ce qui m'a pris!" j'ai merdé! "Attends..."

Je m'agenouille avec peine à ses côtés et fait apparaître une gourde que je lui tends. La compensation est plutôt dérisoire mais peut-être qu'elle lui fera du bien. Elle n'a pas l'air du tout dans son assiette et j'ai encore ajouté à son malheur en me comportant comme une véritable pétasse. Est-ce que j'ai à ce point changé? Est-ce que quelques heures sombres de ma vie ont suffit à m'éloigner de l'empathie que j'ai en général pour les autres? Je suis perdue...

J'allume la lampe torche que ma collègue m'a indiquée et en dirige le rayon vers le plafond. Puis je referme la porte pour atténuer la lumière du couloir. Je ne sais pas si les conditions sont suffisamment propices pour que la jeune femme se sente à l'aise mais je ne vois pas comment faire mieux. Je me décide finalement à m'installer à côté d'elle, toute envie de manger ayant disparu. Je passe ensuite un bras autours de ses épaules, me sentant toujours aussi coupable. J'espère qu'elle pardonnera un comportement que je n'arrive pas moi-même à expliquer. Vous savez ce profond sentiment de malaise qui découle d'une action que vous regrettez? Et bien dans le mille, c'est exactement ce que je ressens en cet instant...

- "Explique-moi Takanisha... Pourquoi est-ce que tu as réagis comme ça quand la lumière s'est allumée?" c'est pour le moins étrange. "Tu es photosensible?"

Malgré toute la gentillesse que j'essaie de déployer pour rassurer la jeune femme et me racheter, je sens que ce ne sera guère suffisant. Je fais alors signe à Chappie de s'approcher tout en m'apprêtant à faire ce que j'ai toujours refusé de faire jusqu'à présent.

- "Écoute... Mange un peu et ensuite tu pourras jeter un coup d'oeil à Chappie si tu le souhaites, d'accord? Pareil pour mon bras..."

Ça m'ennuie profondément pour être honnête mais je lui dois bien ça! Je ne sais pas vraiment que dire de plus pour tenter de me racheter. Je me suis excusée et j'ai accédé à ses souhaits. Je tire une cigarette de ma poche et la porte à mes lèvres avant de l'allumer. J'en tire une longue bouffée pour me calmer et reprendre moi aussi mes esprits. Puis je serre un peu plus la demoiselle contre moi comme si cette promiscuité pouvait l'aider à aller mieux...

Nnng…. Errrmm… Les yeux fermés je ressentis quelque chose attrapé mes vêtements pour me soulever… Je le savais, j’ai fait quelque chose pour l’énerver, elle avait certainement mal aux jambes, alors bon… Je gardais donc le silence en l’entendant m’engueuler à propos d’abandonner… Me refroidissant immédiatement… Je soupirais alors intérieurement. Comme je le pensais, choisir le nom Takanashi était le bon choix. De cette manière, j’avais l’impression de restreindre la partie "douce" de ma personne et je ne parle pas de parties sensibles.

Je ne détestais pas la gentille Kotori, mais elle n’était pas suffisante pour survivre dans ce monde… Etais-je devenue Takanashi lorsque j’ai arrêté de montrer mes sentiments ? Ou ai-je arrêté de montrer ces derniers en devenant Takanashi… Je gardais les yeux fermés le temps d’être sûre que ma vue revienne. Et répondis donc à Lina d’un simple hochement de tête lui montrant que je comprenais à peu près ce qu’elle voulait dire.

Je pensais que je pouvais dire la vérité à Lina, lui expliquer que je m’appelais Kotori, que Takanashi n’était qu’un choix pour me résoudre à être plus sérieuse… Sans abandonner les blagues, mais moins faible, moins niaise, mais visiblement j’avais tiré une conclusion hâtive sur cette possibilité. Moi qui pensais pouvoir me comporter tranquillement au moins à un endroit que je considérais comme chez moi… Peut-être m’étais-je purement et simplement trompée en considérant cet endroit comme tel.

-D’accord. Répondis-je après Chappie sans essayer de comprendre ce que celui-ci disait. Je ressentais une certaine amertume dans ma voix… Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même pour avoir fait un jugement hâtif… Mais c’était plus compliqué que ça.

Mes larmes coulaient, simple réaction physiologique pour aider les yeux à récupérer. Cette réaction abusive de ma part n’était là que par la sensation de sécurité que je ressentais ici… Une réaction honteuse pour une kunoichi, je l’admettais. Dans ces conditions, Lina avait raison. Elle me relâcha alors, avant de commencer à s’excuser. Pourquoi cela ? Avait-elle tort ? Elle était mon ainée, elle avait vécu bien plus que moi. Je ne savais pas ce qui lui arrivait, aussi je me tus.

Assise au sol, j’entendais Lina s’asseoir à côté de moi… Enfin, de toute évidence, il s’agissait d’une personne qui s’asseyait. J’ouvrais lentement les yeux pour voir qu’elle avait allumé la lampe torche et fermé la porte. Elle plaça ensuite son bras sur mes épaules et s’approcha étonnement après tout ce qu’elle m’a dit… Je n’avais pas de problème avec le skinship, mais sans abuser. J’avais refusé de lui serrer la main… Bon, je l’avais astiqué parce que les liquides et les mécanismes ne vont pas ensemble, j’ai juste profité pour ajouter une petite blague !

Je m’éloignais un peu, gardant son bras sur les épaules, mais créant une distance de sécurité entre nos deux visages. Je n’allais pas changer de comportement parce qu’elle m’avait disputée… Au contraire, j’allais garder le même comportement à cause de ça. J’efforçais donc un sourire léger, désormais certaine que la relation que j’aurais voulu avec elle n’était pas possible.

-J’accepte vos excuses ! Répondis-je fièrement. Mais ne vous inquiétez pas, cette lampe est un prototype ayant pour but d’aveugler, ce n’est pas encore spécialement au point, mais au moins ça fonctionne sur moi ! Mes yeux sont relativement sensible à la lumière, tant que celle-ci est propice à la copulation il n’y a pas de problème ! Mais je ne veux pas être sous les feux des projecteurs lors de l’acte. Disais-je feignant avoir retrouvé l’énergie.

C’est ça, c’était mon comportement naturel, rien de plus, rien de moins, elle n’était qu’une connaissance, sympathique certes, mais je ne pourrais probablement pas lui faire confiance. Je l’écoutais simplement, sans me soucier réellement de Chappie… Mais j’accepterais volontiers son offre. Elle me serra un peu plus, je penchais la tête pour essayer de rester éloignée.

-C’est ça mangeons. Disais-je me levant pour récupérer les bols… La nourriture allait me paraitre plus fade que d’habitude, mais tant pis… Tenez, on doit récupérer nos mucus, autant pour mes yeux que pour ailleurs ! Ce n’est pas une simple gourde qui pourra s’occuper de tout. Dis-je lui tendant un bol.

Je commençais à manger et effectivement, les nouilles me parurent fades. Je reprenais la parole, car évidemment, elle était moins mignonne qu’elle en avait l’air.

-Au fait, je m’appelle Takanashi, essayez de ne pas trop vous tromper, Lina-san… Je n’avais pas vraiment l’appétit, aussi, au lieu de m’alimenter, j’essayais d’alimenter la conversation. Vous savez, j’ai pour habitude d’apprendre le fonctionnement des systèmes en les démontant… Etes-vous certaines de vouloir me confier Chappie ? N’est-il pas important à vos yeux ?

Une odeur de fumée ?... J’attrapais rapidement sa cigarette avant de l’écraser au sol, des gouttes de transpirations perlant sur mon front…

-Haaaa….Haaa… Ah ! Désolé, c’est juste que je ne veux pas que l’on explose par mégarde, vous voyez, je travaille sur des prototypes de torpilles, des bombes pouvant exploser sous l’eau… Alors si on leur fournit du feu, on ne pourra pas empêcher l’explosion même en bloquant l’approvisionnement en oxygène… C’est aussi pour ça que j’empêche la lumière du soleil d’entrer : je ne peux pas me permettre de laisser le moindre risque de feu non contrôlé…

Je respirais fortement suite à cette action… Décidant de reprendre mon repas en bouche…

-Ah ! Par contre, je veux bien ouvrir votre bras ! Il est probablement moins précieux sentimentalement que Chappie, puisque vous ne l’utiliser pas lorsque vous ouvres les jambes… Ah ! Ne vous inquiétez pas ! J’arrive à remonter environ 60% des objets que je démonte !

Je ne m’étais pas vraiment rendu compte, mais je m’étais mise à vouvoyer Lina que je tutoyais jusqu’alors…

♫:

Et voila, j'ai réussi à me la mettre à dos. Où elle se méfie en tout cas! Ce n'est pas vraiment qu'elle fuit une proximité qui se veut aussi bienveillante qu'innocente qui me gêne mais plutôt le fait qu'elle se mette à me vouvoyer. Forcément réceptive à sa réaction suite à ma comportement, ça ne m'a pas échappé. Elle a posé de nouvelles barrières entre nous et j'ai bien peur qu'il faudra au minimum un peu de temps avant qu'elle se décontracte...

- "Je vois..."

Je ne vois pas quoi répondre d'autre à son explication. Je retire mon bras lorsqu'elle se lève pour aller nous chercher nos bols et je mange en silence jusqu'à ce que Nashitaka reprenne la parole. Enfin, Takanashi. Je note dans un coin de ma mémoire son prénom et confirme d'un signe de tête que j'ai entendu.

- "Tant qu'à faire moi c'est Lina, pas Lina-san ou un truc du genre! Tu peux m'vouvoyer si ça te chante mais je préfère le tutoiement, tu sauras! C'est plus convivial...."

Elle m'explique que pour comprendre les systèmes elle doit les démonter. C'est parfaitement logique en soi mais il est bien évidemment hors de question qu'elle touche à Chappie de cette manière. Je lui adresse un sourire gêné en me demandant comment lui refuser poliment la destruction de mon robot après l'avoir traitée injustement.Mais elle se rabat sur mon bras avec des arguments qui sont plutôt convaincant. Ok, deal!

- "C'est bon pour moi, fais-toi plaisir!" quoique... "En fait si tu pouvais éviter de démonter le dérivateur de puissance ce serait quand même pas mal. Il est tout neuf et j'ai pas trop envie d'exploser avec lui!"
- "Je s'appelle Chappie?"
- "Non, pas toi! Mon bras!"

Je crois que je m'habitue aux remarques graveleuses de Taka puisque je réalise après coup qu'elle a parlé de mes cuisses. Peut-être que je pourrais m'y habituer tout compte fait! Je demande à Chappie de bien vouloir nous éclairer avec son projecteur pour que ma collègue puisse jouer avec mon bras dans les meilleurs conditions.

- "Parle-moi un peu de ces torpilles tu veux? Tu comptes les lancer comment? Tu as conçu un véhicule ou une sorte de lanceur aquatique?"

C'est qu'elle a réussi à éveiller ma curiosité avec ses armes! Le sujet me passionne de plus en plus depuis que j'ai envie de me venger du ou des responsables de mon hospitalisation. Peut-être que Taka va m'inspirer pour mes propres créations allez savoir!

- "À part ça il arrive quoi aux quarante pour cent que tu n'arrives pas à remonter?"

J'espère qu'il s'agit de simples bugs et pas de dysfonctionnements plus ennuyants. J'ai pas spécialement envie que mon bras mécanique commence à me retourner des claques...

Je préférais aussi le tutoiement, mais je ne pouvais pas me le permettre dans toutes les situations et j’estimais m’être trompée en commençant pas la tutoyer. Je n’étais cependant pas suffisamment têtue pour continuer de l’appeler Lina-san alors qu’elle me le demande. Je continue de manger mes nouilles, dans ces conditions, je ne me faisais plus vraiment plaisir à manger mes nouilles extra, j’avais l’impression de simplement manger pour assimiler des nutriments, de faire le plein à une machine.

Lina accepta alors que je démonte la prothèse qui lui servait de bras. Comprendre ce genre de mécanisme me semblait intéressant et me permettrait très probablement d’avoir des idées de prototypes ou autres… Elle m’expliqua qu’il fallait cependant faire attention au dérivateur de puissance… Je ne savais absolument pas ce que ça pouvait être, alors j’allais tout de même faire attention à tout ce que je ne connaissais pas. Je n’avais pas envie de courir de risque et surtout pas avec des explosifs présent dans la salle.

Je sortais alors de mes vêtements mes tournevis, clé Allen/BTR, une petite boite à plusieurs compartiment pour ranger les différentes petites parties comme les vis et boulons, cutter, réglet et autres outils, tel que des outils isolé pour l’utilisation sur les appareils électriques ou des outils de mesures divers et varié. La quantité de compartiments cachés dans mes vêtements me permettait de porter sur moi tout ce qui était nécessaire dans diverses situations. Je posais donc tous mes outils au sol de manière aléatoire, mais j’étais du genre à vivre dans mon bordel et savoir où se trouvait ce sont j’avais besoin dans celui-ci. Sous la lumière de Chappie, je ne commençais donc pas tâter le bras de Lina.

-Je veux bien vous en parler mais n’hésitez pas à m’arrêter si pendant que je démonte votre bras je m’approche de quelque chose que je ne devrais pas toucher. Hormis cela, ne m’aidez pas. De ma main gauche, je montais mon écharpe jusque devant mon nez pour me concentrer. Tandis que je continuais de tâtonner sur le bras de Lina.

Je ne répondis pas de suite, j’étais bien trop concentrée sur l’analyse dans un premier temps. Je mémorisais la forme initiale du bras, l’emplacement des caches, des vis et autres informations utiles que je pouvais sentir du bout de mes doigts. Une fois cela fait, je prenais un tournevis plat pour tester le son, sentir si l’intérieur était plutôt creux ou plutôt plein. Je continuais lentement mon analyse en reprenant la parole :

-Pour mes torpilles voyez-vous, je n’ai pas encore préparé de lanceur aquatique. Le système actuel permet qu’elle s’active au lancer. Lorsque l’eau commence à faire tourner les pales, celle-ci se mettent à tourner tout simplement et accélèrent petit à petit pour atteindre leurs vitesses de pointe en quelques secondes. Ce système fonctionne grâce à la petite taille de ces torpilles… Mais une force bien plus grande serait nécessaire pour lancer des grandes torpilles… J’aurais alors besoin de créer un lanceur dédié. La densité de l’air ne permet par l’activation des pales comparées à la densité des liquides. Il y a aussi une manière de régler la direction verticale des projectiles, je m’explique : un simple mécanisme touchant à l’équilibre du projectile est inclus à l’intérieur de celui-ci. Le réglage de base de celui-ci permet au projectile de se rééquilibrer à l’horizontale lorsqu’il entre dans un liquide… Je pense qu’il serait donc aussi possible de laisser tomber une plus grosse version d’assez haut dans l’eau. L’accélération de la chute donnera la puissance nécessaire pour que l’eau fasse tourner les pales, puis le projectile se rééquilibrera dans l’eau pour aller verticalement dans la direction désirée… Mais je n’en suis pas encore à là. Dans son état actuel, le projectile pourrait donc servir d’anti personnel et d’anti matériel léger.

Je fis une pause pour finalement planter mon tournevis dans une vis et commencer à enfin démonter de bras. J’enlevais quelques vis avant d’enlever la première plaque du bras, révélant d’autres plaques et quelques fils. Il était logique que le fonctionnement ne soit pas révéler dès le départ. Lina me posa alors une question qu’elle aurait peut-être dû me poser avant.

-Hum… généralement, lorsque je n’arrive pas à remonter un objet, celui-ci devient plus ou moins inutilisable. Certains appareils ont déjà pris feu pendant que je les remontais, d’autres étaient incapable de se mouvoir, quelques explosions, mais rien d’important… Enfin je crois. Mai au vu de la composition du bras… Il y a plusieurs possibilités et la probabilité que quelque chose arrive ou non est multiplié… Je veux dire, le système est assez compliqué. Il est possible que rien n’arrive, à hauteur de 60%, possible qu’un feu arrive dans les 40%, une explosion, que le bras ne puisse plus bouger, que je le remonte mal… Etc… Et il y a aussi la probabilité que tout cela arrive en même temps.
Je m’arrêtais là pour le moment, je devais à nouveau analyser l’emplacement des diverses vis, fil et autres caches.

-Je me demandais d’ailleurs, vous avez fabriqué ce bras vous-même ? Y a-t-il des armes installé à l’intérieur ? Histoire que j’y fasse attention. Peut-être même des pièges ? Il y en a dans mes torpilles pour qu’elles explosent si démontée de la mauvaise manière.

Je me rabattais sur un cache un peu plus haut, m’approchant légèrement de son visage. Je relevais les yeux pour voir ce qu’elle regardait avant de rapidement détourner le regard à cause de la distance qui séparait nos visage et de m’éloigner légèrement.

-Euh… N’hésitez pas à parler. Maintenant que l’on a commencé, j’aurais du mal à me concentrer si le son n’est pas constant. Que ce soit de vous, Chappie ou même votre avis sur moi.

♫:

Et voilà! Lancez un Saibogu sur une discussion portant sur le sujet de ses recherches et vous obtenez une réponse aussi longue que passionnée. C'est un peu ce que j'avais espéré à vrai dire puisque je l'ai moi-même lancée sur le sujet des torpilles. Ce sera peut-être le moyen de détendre un peu l'ambiance qui s'est détériorée depuis mon saut d'humeur. Et puis je ne mentais pas, je suis réellement intéressée par ces armes aquatiques.

J'écoute plus ou moins attentivement tout ce que Taka me dit, donc. Sauf que je ne quitte pas du regard ses doigts qui se promènent sur ma prothèse et j'essaie en même temps d'anticiper les manipulations dans lesquelles elle va se lancer. Je ne suis vraiment plus du tout certaine que c'était une bonne idée de l'autoriser à jeter un coup d'oeil sur le fonctionnement de mon bras. D'autant plus que les statistiques de ma collègue ne sont de loin pas exceptionnelles lorsqu'il s'agit de remonter correctement quelque chose.

- "Ton projet a l'air prometteur..."

Je suis tellement concentrée sur ce qu'elle fait que je n'ai pas vraiment retenu toutes les spécificités de ses torpilles. Qu'importe, j'ai l'idée générale. Et puis je suppose qu'elle ne m'en voudra pas si je suis un brin absente puisqu'elle reconnaît elle-même qu'on risque d'exploser ou de prendre feu. Et je tiens à la vie, moi! Du coup je préfère largement regarder ce qu'elle fait plutôt qu'écouter ce qu'elle dit. Ce n'est qu'une question de survie dans le fond...

- "Oui, des armes..." j'émerge et réalise qu'elle m'a questionné sur les dangers qui pourraient se terrer dans ma prothèse. "Heu... Non non pardon! Je l'ai prévue pour en être équipée en cas de besoin mais elle n'en a aucune pour le moment. Et il n'y a aucun piège non plus!"

Ce qui ne signifie pas pour autant qu'elle ne représente pas le moindre danger. J'ai prévu quelques modifications lorsque je l'ai imaginée et parmi elles une sécurité pour m'assurer que personne ne puisse me la voler. J'hésite un instant à en parler à Taka puis me dit qu'il vaut mieux jouer la carte de la prudence. Avec toutes les cartes en main ma jeune collègue pourra peut-être éviter de faire une catastrophe...

- "Je l'ai dessinée pendant que j'étais à l'hopital mais c'est mon père qui l'a construite. On peut dire que c'est un travail d'équipe et de famille à la fois!" un léger sourire puis je tapote du doigt au niveau de l'attache de mon bras. "Il faut veiller à ce qu'il soit continuellement alimenté en chakra sans quoi le système est prévu pour se désactiver puis exploser. Rien de compliqué en soi, il suffit que la prothèse reste reliée à mon corps!"

On s'inquiétera au moment où elle se mettra à cisailler dans les câbles de l'accumulateur à Chakra. Mais comme c'est le plus gros, qu'il est rouge vif et qu'il traverse tout le bras, je me dis qu'il est inutile de lui faire remarquer que ce n'est pas quelque chose à cisailler. Si elle a été acceptée chez les Saibogu c'est qu'elle n'est pas stupide...

Et voila qu'elle me demande de parler! Et elle ajoute que ça l'aide à se concentrer. J'ai presque envie de relever pour vérifier que c'est bien le bruit d'une conversation qui l'aide et non pas le silence. Vu qu'elle a pour le moins un léger problème pour exprimer correctement ses pensées, mieux vaut être certaine. Je ne remarque pas le léger regard qu'elle me lance puisque je suis concentrée sur ce qu'elle fait.

*Allez vite, trouve un sujet!*

Taka propose que je lui donne mon avis sur elle et vu que la perspective de faire parler Chappie dans le vide me semble un plan encore plus foireux...

- "Bah écoute je sais pas trop quoi te dire!" je parle avec elle depuis moins d'une heure. Que dire d'elle? "Il y a bien ton petit soucis psycholinguistique qui saute aux yeux mais à part ça tu me sembles une fille plutôt sympathique. Même si tu refuses de me tutoyer depuis que je t'ai secouée tout à l'heure je dois dire que je passe plutôt un agréable moment en ta compagnie..."

Ouais, un moment agréable ET stressant! Parce que je ne suis toujours pas rassurée par ma collègue et son taux de réussite. Et puis je n'aime pas vraiment parler dans le vide de toute façon! Si elle arrive mieux à se concentrer avec du son, tant mieux pour elle. On a tous nos petits trucs à nous pour se focaliser sur les choses. Mais le mien c'est plutôt le silence.

Je n'oublie pas pour autant que le bien être mentalo-concentrationesque de ma collègue va aussi influer sur ses éventuelles bévues. Après une courte réflexion j'en arrive à la réflexion que la vie est plus précieuse que l'ouïe et le respect de la musique. C'est pourquoi je lève brièvement le regard vers mon robot.

- "Tu veux nous chanter un truc?"
- "Je s'appelle Chappie!"
- "Exceptionnellement, oui!" je soupire. "Mais j'insiste bien sur le exceptionnellement!"

Je grimace en arrivant pas à croire que j'autorise mon robot à "chanter". Chappie s'est découvert un "don" pour le chant il y a peu et c'est... comment dire? Un massacre! Ca revient à enterrer la musique et aller pisser sur sa tombe. Mais puisque Taka veut du son... Je tente de me concentrer le plus possible sur le travail de ma collègue tout en me préparant mentalement au suicide artistique qui va venir...

- "♫ Je s'appelle Chappiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie, piiiiiiiiiiie, pieeeeeeeeeeee! ♫ Je s'app, je s'app, je s'appelle! ♫ Chappie!" tuez-moi je vous en prie! " ♫ Chappie! ♫ Chappie! ♫ Je s'aaaaaaaappeeeeeeeelleeeeee Chaaaaaaappie! ♫ Je s'appelle Chappiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie, piiiiiiiiiiiiie, piiiiiiiiiie!"

Et dire qu'il se met même à régler son régulateur antigravité pour donner l'impression de "sautiller" en l'air. J'ai l'impression que mes oreilles vont se mettre à saigner et que le sens de l'ouïe ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir. Tout comme la moindre sensation de bonheur ou d'espoir... L'apocalypse musicale vient de commencer!

- "♫ Jeeeeeee s'appeeeeeeelle Chappie! ♫ Pie, piiiiiiiiiiie, piiiiie! ♫ Je s'appelle! ♫ Je s'appelle! ♫Je s'appelle Chappie! ♫ Piiiiiipipiiiiiiiiipipiiiiiiiiiiiiiiiiiipiiiiiiiiiiiiiiii! ♫ Chappie! Je s'appelle..."
- "TA GUEULE!" merde, j'ai craqué! "TA GUEULE PUTAIN, TA GUEULE!"

Je tourne un regard désolé vers mon "ami" puis Taka mais il y a quand même des limites dans la vie que je ne suis pas prête à dépasser. Laissez mon robot chanter, par exemple! Ok, je vais parler alors!

- "Je s'appelle Chappie?"
- "Mais pas du tout mon grand! C'est pas toi que je déteste, c'est le chanteur qui sommeille en toi!"
- "Je s'appelle Chappie!?"
- "T'enflammes pas! J'ai pas dit qu'il était bon!"
- "Je s'appelle Chappie!"
- "Tu sais ce que j'aime chez toi?"
- "Je s'appelle Chappie..."
- "Moi non plus!"

Donc, un sujet de conversation! J'ai tellement cru que j'allais mourir que je n'ai même pas remarqué que je me suis à nouveau énervée. C'est donc comme si de rien n'était que je relève finalement le regard des doigts de Taka pour l'observer un petit coup:

- "En fait tu sais tirer?" bonne question, ça. "Je m'y suis mise que dernièrement mais je me débrouille plutôt pas trop mal d'après ma senseï. Bon bien sûr il reste encore du travail hein? Mais quoi qu'il en soit c'est plutôt triste de m'entraîner seule. Alors si ça te tente..."

Je fronce les sourcils et l'observe encore un instant avec suspicion avant de baisser les yeux pour voir ce qu'elle fabrique.

- "Ceci j'espère que tes armes ont un meilleur pourcentage de survie que les trucs que tu remontes! Les prothèses Saibogu font des miracles mais je ne tiens pas particulièrement à en porter d'autres. Et toi non plus j'ima..." mais!? "Touche pas ça!"

Elle a découvert l'une des balises d'Oniri. Je ne sais pas trop comment ça fonctionne et je n'ai jamais vraiment cherché à le savoir à vrai dire. Tout ce que je sais c'est que ça m'a sauvé la vie et ça me suffit amplement pour ne pas avoir envie de l'endommager.

- "C'est un truc de ma senseï et si tu l'endommages ce sera pour ma gueule! Et touche pas non plus au boîtier gris à côté sinon ça va inverser les contrôles de la prothèse! En fait.. En fait ce serait pas mal si tu pouvais éviter de bidouiller tout ce qu'il y a dans l'avant-bras maintenant que j'y pense..."

Je ne pouvais que me taire et cacher mon expression à l’aide de mon écharpe lorsqu’elle parla… Aucun problème… Serait être optimiste pour ma part. Ce bras était un travail de famille, de sa famille… J’arrivais à limiter ma tristesse à un sourire peiné sous mon écharpe et des yeux humides… Des souvenirs quelconques remontaient en moi… Souvenir qui me paraissaient déjà flous. Elle n’était probablement pas au courant et je ne voulais pas attirer plus de problèmes que nécessaire sur moi.

Moindrement concentrée sur ce que je faisais, j’accélérais le démontage du bras. La raison était simple : j’analysais moindrement par manque de concentration, réduisant le temps d’analyse et donc le temps des pauses que je prenais pour réfléchir au fonctionnement du bras… En continuant ainsi, je ne ferais que démonter ce bras et non pas apprendre quoique ce soit.

Comme si ce n’était pas suffisant, Lina m’asséna un genre de coup de grâce lorsqu’elle parla de moi… Mettant aisément en avant la distance que j’avais décidé de prendre dans l’éventuelle relation que nous aurions pu avoir… C’était de sa faute… Elle était celle qui avait réagi de manière exagérée, mais je ne pouvais m’empêcher de penser que j’étais la fautive. Je ne savais rien sur elle, j’en savais bien plus sur moi-même et c’était donc plus facile ainsi. Probablement, ce silence de ma part était surtout pour me protéger. Ce n’était que de l’auto satisfaction.

Je redescendais vers l’avant-bras pour continuer la dissection, dévissant, rangeant les différentes vis et caches sur le sol de manière à me souvenir les emplacements lors de la remonte… Malheureusement, je ne pouvais dire si je le faisais correctement, distraite par mes pensées pessimistes.

Durant mon inattention, un massacre musical se lança… C’était le robot… Je me demandais qui pouvait avoir la bonne idée d’apprendre à un robot à chanter, mais cette personne était une imbécile… Etant celle qui avait demandé à avoir un fond sonore, je regrettais amèrement ce choix… Mon problème n’était pas le silence ou quoique ce soit, mais maintenir mon état : lorsque je commençais à travailler, si il y avait des sons ambiants, il était mieux pour moi de continuer avec ces mêmes sons ou du moins la même intensité sonore… Si je commençais dans le calme, je préférais continuer dans le calme… Une habitude étrange, mais j’étais ainsi.

Lina craqua avant que je ne le fasse… Du moins, lorsque j’allais demander si elle pouvait lui demander de s’arrêter, elle s’énerva visiblement, m’arrêtant dans le processus. J’étais étonnée lorsqu’elle cria alors que j’ouvrais la bouche sous mon écharpe. Les yeux grands ouverts et étonnée, cela m’aida à me détendre un peu. Je souriais alors sous mon écharpe en reprenant mon rythme initial d’analyse.

L’action suivante fût la plus étrange du monde… De mon point de vue, elle m’avait posé une question des plus étranges… Est-ce que je savais tirer ? TIRER QUOI ?! AVEC QUOI ! J’étais extrêmement embarrassée de mes pensées. Je feignais ne pas avoir été atteinte de ces mauvaises pensée… Mais je ne pouvais que me retenir toute seule… Je me retenais comme je le pouvais alors qu’elle parlait, ralentissant considérablement mon avance. J’allais alors toucher avec mon tournevis à quelque chose que je ne connaissais absolument pas dans ce bras… Elle m’arrêta, je m’arrêtais, je posais mon outil.

Alors qu’elle m’expliquait quelque chose, je repensais à cette histoire de tir en rougissant… Etait-ce possible que… Lina soit un homme ? Ce n’était pas à exclure… Elle avait certes l’apparence d’une fille, mais je ne savais pas ce qu’elle ou il a bien pu vivre… Mes désillusions étaient les plus étranges que je n’avais jamais eues… Je m’imaginais Lina tirer un coup avec sa sensei. Lentement, je mettais d’abord ma main droite devant mon visage à cause de mal de tête que je m’étais donnée… Avant de ma cacher le visage de honte avec mes deux mains. Je me devais de lui demander ce qu’elle voulait dire par tirer… Mais surtout je me rappelais qu'elle n'avait pas l'air d'être contre mes blagues lorsqu'on arrivait à mon atelier... Peut-être que la raison était là! Lina voulait tirer un coup!

-Je… Que vouliez-vous dire par tirer… Seul, je veux dire…

Bien entendu, il était possible qu’elle veuille parler de lancer ou de tir comme pour les canons, mais voilà, je ne pouvais m’empêcher de demander ainsi. Et puis, des tirs à l’aide de canons… Je n’avais pas l’habitude et je n’estimais pas en avoir besoin au vu du son que ceux-ci faisaient en tant que ninja.

-Ah ! Je ne veux pas dire que je ne veux pas, c’est juste que je ne suis pas sûre d’être prête pour ça…

Je reculais pour m’asseoir en tailleur, enlevant finalement les mains de mon visage pour voir l’expression de Lina. Je détournais évidemment le regard en croisant le sien…

-Je… Je pense que je vais commencer à monter votre bras… Il est peut-être mieux de ne pas prendre de risque !

Disais-je en voulant simplement terminer la conversation de honte… Je reprenais mon tournevis, voulant de nouveau avancer lorsque je tombais en avant… Désordonnant certaines parties du bras de mon ainée… Je commençais à paniquer.

-Ah ! Euh… Je… Désolée !

J’avais les bras qui tremblaient en prenant les différents morceaux qui se ressemblaient. Je me souvenais légèrement du début… Mais toutes les dernières parties étaient mélangées dans mon procédé cognitif…

-Je… Je ne sais pas si je pourrais remonter tout ça…

(#) Sujet: Re: Je m'incruste, hein? [Kotori] Jeu 3 Sep 2015 - 4:29

♫:

Lorsqu'elle me demande ce que j'entends par "tirer seule", je me contente d'un regard entendu pour toute réponse. Je suppose qu'elle a compris depuis un moment que je n'avais pas ce don si particulier qui consiste à rendre mes phrases tendancieuses. Sa façon d'être ne me dérange pas particulièrement mais... ce n'est pas la mienne. Aussi différentes que le soleil et la lune, ça ne signifie heureusement pas que nous ne pouvons pas être complémentaires.

Et puis je suis davantage concentrée sur la survie de ma prothèse que sur les remarques de la demoiselle de toute façon. Pour l'instant elle semble avoir démonté les divers éléments avec efficacité et les pièces sont soigneusement disposées sur le sol. C'est un point plutôt encourageant même s'il ne suffit pas à lui seul à me rassurer. D'ailleurs elle s'écarte de moi et se couvre le visage. Est-ce qu'elle a... honte de sa remarque?

- "Quand j'ai tiré pour la première fois j'étais aussi convaincue que je n'étais pas prête pour ce genre de choses! Si Oniri-senseï ne m'avait pas poussée à le faire je n'aurais jamais eu l'idée de me rendre au stand de tir, d'ailleurs..." je hausse légèrement les épaules. "Et maintenant j'avoue que j'ai un peu du mal à m'en passer! En plus d'être utile à la survie le tir est aussi une activité amusante. C'est chouette pour se détendre après une dure journée ou pour évacuer les petites frustrations quotidiennes."

Je délaisse mon observation des différentes parties de mon bras pour relever brièvement les yeux vers elle:

- "Je ne te force à rien ceci dit! Mais si une fois tu as envie d'essayer tu n'as qu'à venir me voir, d'accord?"

Là encore j'essaie de me rattraper pour ma réaction violente de tout à l'heure. Mais pas seulement! Je suis sincère en lui disant qu'elle peut venir me voir. Je ne suis sûrement pas la meilleure des professeurs en ce qui concerne l'art du tir mais j'ai au moins l'avantage d'être patiente. Du moins en théorie... Parce que lorsqu'elle se rapproche à nouveau de moi avec son tournevis puis trébuche en éparpillant les composants de ma prothèse, j'ai toutes les peines du monde à me retenir de lui sauter à la gorge.

Je sens à nouveau cette pulsion de violence exploser en moi et l'envie de lui faire du mal s'insinuer dans mes pensées. Je suis à nouveau surprise par cette réaction qui ne me ressemble pas et fais de mon mieux pour la maîtriser. Je sers le poing et ferme les yeux, dents serrés. Ce n'est que quelques instants plus tard que je me permet de dévisager à nouveau Takanashi. Qu'est-ce qu'il m'arrive bon sang? Une erreur est acceptable! Encore plus quand elle est involontaire. Je ne suis plus moi-même...

- "Je.. Bon!" je soupire. "Rassemble tous les composants d'accord? Je t'expliquerai ensuite dans quel ordre remonter la prothèse!"

Je ne l'ai jamais fait moi-même mais je suis familière avec la façon de travailler de mon père. Puisqu'il l'a construite et en suivant sa logique, j'arriverai sans doute à faire en sorte que la maladresse de ma collègue ne prête pas à conséquence. Cette fille est décidément très bizarre! Elle semble douée, certes. Mais elle est si étrange que je me demande comment elle a pu être acceptée au sein des Saibogu...

- "Commence par assembler le gyroscope!" je désigne un tas de pièces sur sa droite. "Fais bien attention à ne pas endommager le stabilisateur horizontal en le remontant!"

Je garde un oeil sur ce qu'elle fait avant de me rappeler qu'elle est plus concentrée lorsqu'elle parle ou que je parle. Cette fois je compte bien ne pas lui laisser un instant de répit pour m'assurer que je sortirai de cet atelier avec un bras en parfait état de marche.

- "Dis, tu ne m'as pas parlé de ton parcours en fait! Comment est-ce que tu t'es retrouvée Saibogu?"

Une question simple appelant certainement une réponse autrement plus compliquée. Mais que voulez-vous: plus elle parle, moins elle fait de conneries. Partant de là...

(#) Sujet: Re: Je m'incruste, hein? [Kotori] Jeu 3 Sep 2015 - 5:28

J’observais les pièces éparpillées, le désespoir dans mes yeux n’étaient probablement pas visible depuis les positions de Lina et Chappie. Cela m’arrivait étrangement souvent… J’avais de nombreux problèmes dont je connaissais l’existence et dont je n’avais pas trouvée de solution. Parmi ceux-ci, mon caractère, ma manie de penser à voix haute et ma maladresse… J’allais réfléchir plus tard à propos de la proposition de tir.

Je n’étais pas spécialement maladroite, il s’agissait plutôt de dire que mon adresse nécessitait certaines conditions… Et donc il fallait que mon état ne change pas durant mes manipulations. Je poussais un soupir de désespoir… C’était probablement la perte de concentration suite au discours à propos d’amour et d’amit… De famille.
Il valait peut-être mieux laisser la remonte à quelqu’un de compétent. Je n’avais perdu aucune pièce, je les avais simplement désordonnées… Mais Lina se résolut à m’expliquer la remonte. Je relevais le visage vers elle… Une lueur d’espoir.

Je rassemblais alors à une place toutes les pièces désordonnées, résolue à réparer ce bras… Dans un premier temps, assembler le gyroscope… Qu’est-ce qu’étais un gyroscope ? Je pouvais être maladroite et beaucoup d’autre chose, je n’en avais pas moins confiance en mon intelligence. Je ne connaissais pas le nom des pièces que je n’avais pas encore eu l’occasion d’étudier, mais ce n’était pas spécifiquement compliqué. Réfléchissant aux bases du mot, un gyroscope devait servir à observer ou comprendre une rotation. En éliminant toutes les parties connues, je pouvais aisément deviner quel composant était le gyroscope.

Je pris donc les quelques pièces, les remontant avec pure logique. Je pourrais me baser sur ma mémoire, mais ce n’était pas dans mes habitudes. Je faisais de même en remontant petit à petit le reste. Afin de garder ma concentration, il fallait que je garde mon état actuel… D’un point de vue émotionnel, c’était étrange mais logiquement, il valait mieux que je reste triste si je voulais réussir l’opération. Et la bonne question fût posée… J’inspirais légèrement.

- Mon père était un Saibogu, mais si ce n’était que ça. Il est mort durant la grande guerre, aussi, je n’ai absolument rien connue de cet homme. Peut-être m’a-t-il porté étant bébé, peut-être ai-je dis papa avant maman. Mais comme le montre mon taux de réussite à la remonte d’objet, je ne me base pas sur ma mémoire pour le faire. Je possède une mémoire assez mauvaise, c’est pourquoi je me base sur la logique pour démonter ou remonter des objets. Mais je n’ai découvert cela qu’assez tard. J’ai vécu mon enfance sur une ile du sud avant que ma mère ne m’emmène à Suna.

Je continuais la remonte calmement. Je n’allais pas m’effondrer en larme pour aussi peu.

- Je déteste ce pays… Kaze no kuni… J’ai toujours adoré me mouiller et cela n’est pas chose simple par ici. Depuis mon arrivée, je me contente de douche. J’aurais tellement adoré avoir une petite rivière où nager... Je m’arrêtais de parler un instant. Mes sentiments envers ce pays s’apparentaient plus à de la colère et je ne devais pas continuer comme ça, je risquais de faire une maladresse. La première chose qui me fît m’approcher des systèmes Saibogu, fût un oncle qui me passa une boite à musique pour me consoler suite à mon arrivée dans ce pays. La première chose que je fis fût de démonter cette boite. Je ne savais pas ce qu’étais un tournevis, ni une vis… Mais je voulais apprendre et j’ai donc commencé à démonter cet objet avec un couteau pointu. J’ai continué à apprendre le fonctionnement des outils, la physique etc… On m’expliqua assez tôt que j’avais des problèmes, aussi, j’ai dû aller voir un spécialiste. Ce n’était pas un réel problème : je pensais principalement logiquement. Je regardais Chappie… Je suis encore loin de pouvoir faire ce genre de création, mais j’ai confiance en ce que l’on m’a expliqué : J'ai des capacités, mais ma manière de pensée n’est pas normale. J’ai compris ce qu’ils voulaient dire. Ma manière de penser les systèmes technologiques est différentes, mais pas pour autant inefficace, simplement, j’ai beaucoup de mal à apprendre normalement. Je continuais de remonter lentement, mais surement le bras, accélérant petit à petit. Ma mère aussi était morte. Mais je n’avais pas besoin de lui dire. Je regardais avec jalousie Chappie… Peut-être pourrais-je un jour fabriquer un genre de robot qui pourrait être mon ami.

-Je te laisse conter ce que tu veux, je ne pense pas pouvoir te conter plus à mon propos. Repris-je en la tutoyant à nouveau sans y faire attention.

(#) Sujet: Re: Je m'incruste, hein? [Kotori] Mar 8 Sep 2015 - 6:34

♫:

L'histoire de Takanashi se révèle bien plus intéressante que je m'y attendais. Si je suis bien évidemment désolée de savoir qu'elle a perdu son père pendant la guerre, je me focalise davantage sur ses explications quant à sa manière de penser. Elle est différente, c'est certain! Je l'avais vu dès les premières secondes de notre rencontre. C'est le genre de chose qui saute aux yeux!

*Mais la différence est parfois la marque du génie, non?*

J'en viens à me demander si je n'ai pas jugé trop rapidement l'adolescente. Après tout les quelques erreurs qu'elle a faites en remontant mon bras n'en sont peut-être pas. Sa conception des choses semble différente mais ça ne veut pas pour autant dire qu'elle a tort. S'il y bien une chose que j'ai comprise pendant mes années d'études au sein des Saibogu, c'est qu'il existe des centaines de façon de concevoir quelque chose. C'est ce qui fait toute la beauté de la technologie.

J'en suis encore à réfléchir sur le sujet quelques longues secondes après qu'elle m'ait demandé de lui parler de moi. Mon histoire est plutôt banale je dois dire et si ça ne me dérange pas de la raconter, j'estime qu'il y autre chose à faire de cette conversation pour le moment.

- "Je te parlerai de moi une autre fois si tu veux bien..." je lui désigne mon bras à moitié remonté d'un signe de tête. "Oublie les instructions que je t'ai données d'accord? J'aimerais que tu remontes ce bras en réfléchissant comme tu le fais d'habitude s'il-te-plaît!"

C'est sûrement risqué mais je pourrai l'arrêter si jamais elle commet une erreur qui pourrait mettre notre vie en danger. D'un autre côté j'avoue que malgré les risques je suis curieuse de voir de quoi elle est capable. J'étais si convaincue que ma façon de faire était meilleure que je n'ai même pas envisagé que le sienne pouvait être plus efficace.

- "Tu sais, penser différemment n'est pas une mauvaise chose en soi!" je lui adresse un léger sourire. "C'est le propre des génies que de se démarquer de la masse!"

Je ne sais pas vraiment si je la complimente ou si je ne fais qu'exposer un simple fait. J'en saurai plus dans les minutes qui suivent. Quoi qu'il en soit je sais déjà que j'aimerais avoir son avis sur certains sujets. Et notamment pour le projet central de mes recherches. Toujours attentive à ce qu'elle bidouille, je relève le regard vers elle:

- "Je ne sais plus si je t'ai dis que je construisais un véhicule capable de tirer de lourdes charges en fait? J'ai.. quelques problèmes dans sa mise au point pour être honnête! Je progresse hein, attention!" mon ego me pousse à préciser ce point. "Mais je me dis qu'avec ta manière de penser ton avis pourrait m'être utile. J'ai besoin d'un autre point de vue! De ton point de vue!"

Je me rallume une clope tant je suis passionnée par cette discussion. En oubliant que la demoiselle m'a déjà refusé ce plaisir il y a quelques minutes. Qu'importe, un bon dialogue s'accompagne soit d'une cigarette, soit d'un bon café. Ou alors d'un verre d'alcool mais ça c'est une autre histoire! Et puis ma collègue est mineure!!!

- "Voilà ce que je te propose: tu remontes mon bras et ce soir je t'invite au resto! Je te parle de mon projet sans te montrer le moindre plan et j'aimerais que tu me dises comment toi tu t'y prendrais pour le mener à bien! Ok?" je lui tends ma main biologique après avoir vissé ma clope entre mes lèvres. "Et en échange je te laisse bidouiller Chappie sous ma supervision! Ou alors je peux même t'aider à créer ton propre robot! Vendu?"

Le deal est plutôt honnête il me semble. Qu'est-ce qu'elle en pense, elle?

(#) Sujet: Re: Je m'incruste, hein? [Kotori] Mer 9 Sep 2015 - 8:59

Je me concentrais sur la tache devant mes yeux en entendant Lina parler, ne l’écoutant pas vraiment, je ne comprenais pas immédiatement ce qu’elle me disait. Elle voulait m’offrir une opportunité… Peut-être par pitié et par considération, mais j’allais tout de même la saisir. J’allais donc mettre tout mon sens logique en essayant, non pas de remonter un bras, mais d’en construire un. De toute évidence, les pièces qui avaient été utilisées étaient de bonne qualité, dans ces conditions, je ne pouvais pas estimer travailler avec des ressources limités, mais plutôt avoir la chance de travailler avec du bon matériel.

Mon écharpe devant ma bouche, je pris une longue inspiration, posant un instant mes tournevis et clés afin d’inspecter tout le matériel… J’avais définitivement oubliée comment j’avais démontée ce bras… Mais c’était avec des essais que mes méthodes s’amélioraient. La théorie n’était que pour mes bases. Je créais avec les pièces plusieurs lignes et colonnes, les arrangeants dans un ordre des plus simple : les pièces me paraissant importantes étaient proche de moi, les caches et diverses vis étaient éloignées.

Je reprenais la remonte après avoir jeté un coup d’œil au visage souriant de Lina. Je n’étais vraiment pas douée en relation humaine, mais je m’entrainais tous les matins à essayer de sourire ainsi. Quelqu’un ayant des bases en mécanique et électrotechnique aurait probablement pu remonter ce bras tel un puzzle, malheureusement, j’en étais incapable. Il y avait bien des emplacements à l’intérieur de ce bras, semblant spécifiques pour certaines parties, mais d’autres pouvaient s’y emboiter en forçant un peu… Et je ne voyais que le fonctionnel dans un système, aussi, j’essayais donc de construire un bras… Bien entendu, certaines parties étaient retournées à leurs places d’origines : la plupart des composants de mouvements propre aux articulations.

Elle me dit quelque chose à propos d’un véhicule, je n’y payais pas vraiment attention, hochant simplement la tête. La question était maintenant la distribution de l’énergie… Les parties pour distribuer l’énergie aux articulations se ressemblaient, tout en étant différentes, calibrés avec diverses puissances… Il était normal que ceux devant déplacer de plus grandes parties nécessitent plus de puissance, mais pour les doigts… Je les remontais donc en priorisant l’index et le majeur.

Je sentais une odeur alors que je continuais… Utilisant le bout plat de mon tournevis, je fis une attaque d’estoc en direction de la bouche de Lina, visant la cigarette qui se fit couper. La panique ne se voyait pas sur mon visage, mais dans mes yeux, ma respiration et ma transpiration, j’écrasais ensuite avec ma main le morceau de cigarette au sol pour l’éteindre, tant pis pour les brûlures.

- Haaaaaa… Haaaaaa… Je… J’accepte. Tu m’en expliqueras plus le moment voulut… J’inspirais et expirais difficilement. Je… ne devrais pas tarder à terminer ce bras, mais je pense qu’il faudrait ajouter des lames éjectables à ces doigts… Ou un équivalent.

Je continuais, encore quelques pièces et normalement toutes les fonctions étaient de nouveau là, il ne manquait qu’un test avant de remonter les caches et protections.

- Peux-tu tester les mouvements afin de voir ce qui va et ne va pas ? Je ferais quelques ajustements si nécessaire, ensuite il ne manquera qu’à remettre les caches.

Je me calmais un peu le temps de laisser Lina essayer ses mouvements… Peut-être que j’avais tort précédemment, il y avait des choses à essayer…

-Je… Je veux bien essayer le tir, je veux voir le fonctionnement des armes et munitions. Disais-je timidement en baissant mon écharpe, momentanément soulagée de tout ce stress de ne pas avoir explosée et plus ou moins réussi à remonter le bras…

(#) Sujet: Re: Je m'incruste, hein? [Kotori] Jeu 10 Sep 2015 - 4:29

♫:

Comment qu'elle a écrasé ma clope!!! Bon d'accord, c'est son atelier et donc son droit de le faire. Mais je suis à deux doigts de dégainer comme je le remarque une fois la surprise passée: ma main libre s'est posée sur la crosse de mon arme et je l'ai légèrement retirée de son holster. Je m'empresse de la remettre à sa place en espérant que ma réaction instinctive aura échapper à ma collègue. Faut dire aussi que frapper si près de ma bouche avec un tournevis ça a de quoi vous mettre un minimum sur la défensive...

- "Ha oui, la clope... Pardon!"

Oui oui je sais, il y a des explosifs partout! Bon, donc: elle trouve que je devrais ajouter des lames éjectables au niveau des doigts de ma prothèse. Il y a quelques semaines j'aurai refusé catégoriquement, arguant que mon but n'est pas de tuer ou blesser mon prochain mais bien de l'aider. Maintenant... Je ne suis plus certaine que ce soit une mauvaise idée à vrai dire. J'ai acquis douloureusement la conviction que plus on porte d'armes et plus on a des chances de s'en tirer. C'est un calcul barbare mais qui s'applique à merveille au monde dans lequel nous vivons. C'est triste mais c'est simplement la vérité...

- "Pourquoi pas, tiens!" je hausse les épaules pour marquer mon hésitation à ce sujet. "Tant que ça ne gêne pas la motricité des doigts et que ça n'atténue par leur efficacité pour les travaux de précisions je suppose que c'est envisageable..."

Je me pencherai sur le sujet plus tard et certainement pas en compagnie de ma jeune collègue. Vu la difficulté qu'elle a à remonter mon bras c'est plutôt logique à mon sens de ne pas l'embarquer dans sa modification. Et puis ce n'est de toute façon pas ma priorité pour l'instant! Je compte bien utiliser l'esprit brillant ou étrange de Takanashi pour le Borosando. Le reste n'est que fioriture à côté de ça...

Je m'exécute lorsqu'elle me demande de mouvoir mon bras pour vérifier que tout fonctionne et qu'elle puisse le cas échéant apporter les modifications nécessaires. Je remarque assez vite que la distribution d'énergie fonctionne à merveille comme en témoignent les petits voyants verts qui clignotent au niveau de mon épaule. Un bon point! Par contre il y a un petit temps de latence dans la réaction de ma prothèse. Rien de très grave en soi mais c'est le genre de chose qui risque de me poser des problèmes à l'avenir. Toujours est-il que j'estime déjà que c'est pratiquement un miracle que ma prothèse n'ait pas explosé vu ce que ma collègue m'a raconté sur ses expériences. Du coup...

- "Tout est parfait!" je lui décoche un sourire. "Remets les caches et on est bonnes! Ne restera plus qu'à lui donner un bon coup de nettoyage et il sera encore plus propre que neuf!"

Voilà, j'espère qu'elle a eu ce qu'elle désirait. Ce n'était sûrement pas une si mauvaise chose de la laisser bidouiller mon bras puisqu'elle me tutoie à nouveau. Peut-être que ma réaction de tout à l'heure n'est plus qu'un mauvais souvenir pour elle. Et qu'il ne gênera en rien une probable future collaboration! Tant mieux! Même si j'ai changé à cause des événements de Ki je n'en reste pas moins très attachée au maintien de bonnes relations avec mes camarades de clan. Vu la réputation qu'on semble avoir auprès de certains villageois ou Shinobi il vaut mieux se soutenir entre Saibogu...

- "À la bonne heure!" pourquoi veut-elle tirer, maintenant? "Je doute qu'il nous reste assez de temps pour aller au champ de tir une fois qu'on aura terminé le repas au restaurant. Mais on peut toujours remettre ça à demain si tu n'es pas trop occupée! J'aurai sûrement un peu de temps en fin de journée si Oniri-senseï ne m'as pas embarquée dans une mission ou un entraînement! Dans tous les cas je te donnerai rapidement des nouvelles, ne t'en fais pas!"

Je me redresse et fait encore quelques mouvements avec mon bras quand elle a terminé de placer les caches puis me dirige vers la sortie de l'atelier. J'ai encore quelques trucs à faire avant la fin de la journée et l'après-midi est déjà bien engagé. Le temps passe plutôt vite quand on est en bonne compagnie. Et ça se vérifie encore une fois...

- "On dit vingt heures devant la statue du Kazekage? Celle qui est décapité, là!"

C'est un peu un des mystères de Suna, ça: comment la représentation de Yamada Kioshi a-t'elle pu finir dans cet état? Et ce n'est pas la première fois qu'elle est vandalisée! La première fois on l'a carrément déboulonnée pour la traîner à travers le village. Il se passe quand même des trucs bizarres dans le village caché du sable... Je m'assure que le lieu et l'heure de rendez-vous conviennent à ma cadette puis tourne les talons pour disparaître. J'ai hâte d'être à ce soir!

<=====<>=====>

Je suis arrivée quelques minutes en avance. Un casque sur les oreilles pour entendre au mieux la musique que j'affectionne, divers documents sous le bras que je n'ai pas eu le temps de sceller, j'attends avec impatience ma jeune collègue. Est-ce qu'elle viendra, au moins? Ce n'est certes pas un rendez-vous galant mais ça n'empêche en rien un éventuel lapin. Peut-être que je lui ai fait peur même si elle n'en a rien montré sur le moment. Allez savoir...

- "Ce sera quand même moins rigolo de dîner toute seule..."

Logique, quand tu nous tiens... Pour l'occasion je me suis faite belle ou plutôt présentable. Mes parents ont estimé que je représentais le clan au même titre que mes collègues. Et de ce fait qu'il était plutôt mal vu de se balader avec de la graisse sur le visage et un accoutrement aussi étrange que le mien. Du coup j'ai pris sur moi pour être coquette. Exit les couettes et les vêtements dépareillés. Cette fois je suis en robe - ce que je me sens conne! - et mes cheveux roux coulent librement sur mes épaules et le sommet de ma nuque. J'ai l'impression d'être une clown ou quelque chose dans le genre...

- "Heureusement que le ridicule ne tue pas..."

Je m'installe finalement à la base de la statue du Kazekage, en tailleur. Plus qu'à attendre maintenant...

(#) Sujet: Re: Je m'incruste, hein? [Kotori] Jeu 10 Sep 2015 - 15:55

L’expression qu’elle me donna lorsque je lui parlais de tir était une expression que je comprenais comme : "Pourquoi réponds-tu maintenant à ça ?"… J’ai su assez tôt que je réfléchissais à mon propre rythme et cela m’a toujours complexé ! J’avais bien compris qu’il n’était pas possible de le faire après notre repas, le faire quand elle serait disponible était amplement suffisant vu que mon emploi du temps n’était généralement pas très chargé… Mais je ne pouvais pas faire ce genre de remarque alors que ce genre de problème survenait à cause de mes pensées bordéliques.

Elle me donna rendez-vous, je répondis d’un simple hochement de tête affirmatif. Avant qu’elle ne quitte mon atelier… Me retrouvant seule dans le noir… La première chose que je fis fût de chercher des pièces pour essayer de créer un gyroscope… Ce genre d’instrument serait utile pour mes torpilles.

Je me perdis donc quelques heures dans des expérimentations. Certes, j’aurais pu acheter un gyroscope, ou demander à un ainé Saibogu de m’en fournir un, mais l’idée était d’abord de bien comprendre le fonctionnement du système avant de l’utiliser, et quoi de mieux que de retracer la création de l’objet.

Le monde étant relativement bien fait, je ne terminais pas aisément le gyroscope, mais l’avancé du système était bien entamé lorsque mon ventre me souffla qu’il commençait à avoir faim… Mon horloge biologique me soufflait qu’il était environ 19h, à plus ou moins 30 minutes, aussi, il fallait que je me prépare… J’avais pour habitude de longuement réfléchir lorsque je me préparais à quelque chose de nouveau…. Comme sortir manger avec quelqu’un que j’ai connu le jour même… Certes, il s’agissait de "famille" mais tout de même !

Je fermais mon atelier avec le clé cachée sous ma jupe avant de foncer vers ma chambre… Il fallait que je trouve quelque chose et vite… Je ne pouvais pas me présenter avec ma tenue habituelle, mais est-ce qu’une tenue formelle était nécessaire ? Je regardais les vêtements que j’avais à ma disposition hormis mes copies de ma tenue favorite… Des kimonos, short, mini short, jupes, t-shirt, pull… Les kimonos me semblaient trop formels… Les autres vêtements pas assez ! Je cherchais donc…. Pour trouver une petite robe une pièce… Blanche avec un serre taille noir et… Un cache décolleté ?

Ce genre de vêtement respirant l’innocence ne m’allait pas… PAS DU TOUT. Mais est-ce que j’avais vraiment le choix ? Il s’agissait là de mon unique tenue qui ne semble ni trop habillée, ni pas assez… J’enfilais donc cette tenue, hésitant à porter mon écharpe, je me retenais donc de la prendre. Je devais aussi me décider…

Pouvais-je avoir confiance en Lina ? Elle disait qu’elle allait m’inviter… Mais cela voulait-il dire que je devais prendre mon argent ? Elle n’avait en aucun cas spécifié qu’elle allait me payer le restaurant, simplement m’inviter, peut vouloir dire m’accompagner et cela peut se limiter à ça ! Dans le doute… Je prenais mes économies avec moi. J’étais une spécialiste pour cacher mes affaires sur moi, même avec peu de vêtements, alors cacher un peu d’argent n’était pas un problème.

Fin prête, je sortais de chez moi… Légèrement en retard, j’avais pour habitude d’essayer d’arriver au moins quinze minutes à l’avance. J’arrivais donc… Avec une dizaine de minutes de retard. Je vis la petite silhouette de Lina près de la statue, assise dans une position qui n’allait pas avec sa tenue.

Je trouvais que celle-ci lui allait pourtant à ravir, elle qui était plutôt mignonne, un peu comme…

- Une enfant…

J’étais en face d’elle, à quelques pas… Il n’était pas possible qu’elle ne m’entende pas.

- Ah ! Euh, nan, ce… Ce n’est en aucun cas péjoratif ! Je veux dire, Lina-san est mignonne ! Ah, non, pas dans ce sens-là, je veux dire comme une enfant ! C’est mignon les enfants ! C’est énergétique et euh… D-Désolé d’être en retard…

Je rougissais, même sans spécialement changer d'expression, le sang me montait à la tête... Paniquée, je baissais les yeux.

Spoiler:

(#) Sujet: Re: Je m'incruste, hein? [Kotori] Ven 11 Sep 2015 - 9:41

♫:

Ha ben la voilà! Je m'attendais plus ou moins à des salutations mais certainement pas à ce qu'elle me qualifie d'enfant. Ça rajoute encore à mon malaise Déjà que je ne suis pas habituée à porter des robes... Mais si en plus j'ai droit à des compliments - ou ce qui y ressemble - je vais vraiment commencer à tirer la tronche. Pourquoi est-ce que je ne lui ai pas demandé de dîner au laboratoire, plutôt? On se serai fait un bon petit plat de la cantine et on aurait pu discuter dans l'intimité de nos laboratoires. Mais non, il a fallu que je lui propose d'aller manger à l'extérieur. Bon ça c'est ma faute, j'avoue...

- "Merci... je crois!"

Ouais, que dire d'autre? Il faut quand même que je la remercie pour sa remarque. Elle aurait pu dire que j'avais l'air d'un Yamada ou quelque chose dans le genre. Je baisse le regard pour observer sa propre tenue et constate qu'elle l'a met plutôt en valeur. Elle est encore jeune mais je suppose qu'elle deviendra une femme splendide d'ici quelques années. De quoi faire tourner la tête des mâles de Suna!

- "Toi au moins la robe te va bien!"

Enfin... de mon point de vue. Je ne suis de loin pas une experte dans le domaine de la mode et je crois que ça se remarque au premier coup d'oeil quand on me croise. Du moins en temps normal. Je regrette parfois de ne pas être un garçon. Eux au moins ils peuvent s'habiller plus ou moins comme ils veulent. Nous, les femmes, on doit répondre aux attentes de la société: être coquette, épilée, jolie... Ce qui est sûr c'est que c'est la dernière fois que je me fringue comme une poupée. Ho ça oui!

- "Bon allez, il commence à faire faim là! Je connais un petit resto sympa à deux pas d'ici! Il n'est pas très grand mais l'ambiance y est sympa et ce soir il y a des musiciens de Tori qui y jouent! Motivée? J'adore écouter un peu de musique en mangeant!"

Je lui saisis la main et l'entraîne à ma suite. Je la libère quelques secondes plus tard tout en gardant un rythme de marche rapide. Quand j'ai faim, il vaut mieux ne pas me faire attendre. Et comme ces derniers temps j'ai de la peine à maîtriser mes nerfs ça n'arrange rien! Est-ce que c'est le sang de Furyou qui coule dans mes veines ou simplement le fait que je suis moins tolérante? Je n'aurai pas la réponse ce soir de toute façon alors autant éviter d'y penser...

- "Voila, c'est là!"

Je désigne fièrement un restaurant-bar et les deux places que j'ai pris la peine de réserver! On s'installe en vitesse et je commande une bouteille de Saké. Je la place ensuite entre nous deux! Elle est jeune et ne devrait sûrement pas boire. Mais je ne suis pas sa mère et je suis pour la liberté des gens, leur capacité à choisir eux-mêmes ce qui est bon ou non pour eux. Donc qu'elle se serve si elle le désire!

- "Le steak de dromadaire et tout simplement dé-li-ci-eux ici! je te le conseille! Bon..."

Je fais un peu de place sur la table puis me ravise. Non, je ne vais pas lui montrer les plans du Borosando tout de suite! D'abord j'ai besoin de son avis sans l'influencer en quoi que ce soit. Je ne sais pas si elle s'attendait à un moment de détente mais ce qui est certain c'est que c'est une sorte de dîner d'affaire à mes yeux! On n'est pas là pour s'amuser! On est des Saibogu, pas des Akuzu!

- "Alors! Comme je t'ai dit, j'aimerais construire un véhicule qui roulerait sur des rails. Et l'objectif c'est qu'il soit capable de tirer de lourdes charges! J'ai bien une idée sur la manière de lui fournir la puissance nécessaire pour ça mais tu t'y prendrais comment, toi? Sachant que l'utilisation de chakra comme carburant est à proscrire, les chauffeurs du Borosando ne seront probablement que de simples civils. Il faut donc trouver une alimentation différente de celle qu'on utilise habituellement pour nos inventions!"

Je me sers un verre de saké et le sirote à quelques reprises avant de le reposer face à moi.

- "Pour te donner une idée, il faudrait que la tracteuse ne dépasse pas les cinq mètres de large. Pour la longueur, c'est égal! Je t'écoute..."

Le fait que je ne lui donne pas plus de renseignements, c'est normal. Peut-être qu'elle trouvera une idée différente de celles que j'ai déjà explorées. Après tout c'est surtout pour ça que je l'ai invitée au restaurant, non? Je suis curieuse de voir si son esprit... différent est capable de me surprendre...

(#) Sujet: Re: Je m'incruste, hein? [Kotori] Ven 11 Sep 2015 - 19:32

Je ne savais pas comment le prendre, mais j’étais plutôt heureuse que Lina ne le prenne pas trop mal. Elle me faisait penser à une mignonne petite fille, probablement la raison pour laquelle je ne lui en voulais pas malgré le fait qu’elle se soit mise en colère contre moi. Elle me complimenta sur ma robe, ce qui fit légèrement monter mon sang à ma tête avant que je ne la suive jusqu’au restaurant.

On arriva donc à un endroit que je ne connaissais que de vue. J’étais quelque fois passé devant, mais j’avais vécu une vie plutôt humble, ne sortant jamais pour manger à l’extérieur. Mes fonds passaient en priorité pour mes recherches, mes expériences. Heureusement, j’avais avec le temps, économisé quelques mois d’avance et garder cette argent pour des situations d’urgences. Aussi j’étais prête si le besoin de payer par moi-même se faisait sentir. J’avais même assez pour payer pour Lina si nécessaire !

On prit donc place et Lina commanda directement du saké… Son apparence me faisait parfois oubliée qu’elle ne buvait probablement pas que des jus de fruits. Le problème fût le suivant : elle plaça la bouteille à équidistance de nous deux… Eeeeet… Cela était probablement une invitation à boire. Je regardais aux alentours, me demandant si des gens n’allaient pas nous observer étrangement suite à cet acte qui relevait du détournement de mineur… Et visiblement, rien.

Encore une fois, j’oubliais que Lina pouvait paraitre plus jeune que moi et que donc, si les gens voyaient un problème dans cette situation, cela ne concernerait pas que moi, mais Lina aussi.

Alors que j’hésitais à demander une carafe d’eau, Lina me conseilla un plat, ce à quoi je répondis simplement :

-J-Je prendrais comme toi…

Ses gestes furent assez étranges, puis elle entama la discussion. Lançant instantanément ma réflexion. Un véhicule roulant sur des rails… Au vu de notre pays, il faut une solution par rapport au sable, même si celui-ci ne devrait gêner que peu, il faut quand même le prendre en compte. Pas de chakra et donc une alimentation spécifique… Pour créer une rotation… Avec un maximum de 5 mètres de large et aucune limite de longueur… La marge d’erreur est conséquente, il était possible d’utiliser des dispositifs assez lourds… Une fois certaines que Lina me laissait la parole, je me mis à penser à voix haute :

- Un véhicule qui roulerait sur des rails… Je pense que nous n’avons pas d’alternative autre que de le faire rouler, ainsi, il faut créer une force de rotation… Le couple ne sera probablement pas un problème, il suffira d’adapter le mouvement avec de la mécanique simple, des engrenages de diverses tailles feront probablement l’affaire… Le plus gros problème serait l’énergie utilisée… Un liquide et un système de clapet fonctionnerait bien… De la vapeur ? Avec les quantités d’eau dont nous disposons dans le désert… Un circuit fermé peut-être… Comme ça, il n’y aurait pas de perte d’eau.

Dans mon intense réflexion, ma gorge nécessitant du liquide, je me servais un verre sans prêter attention au fait qu’il s’agisse d’un liquide que je n’avais jamais bu auparavant… je ne bu pas directement, respirant un petit coup avant de reprendre la parole :

-En faisant chauffer l’eau dans un système à clapet permettant de créer une force avec la vapeur, puis de récupérer l’eau en la condensant… Cela fonctionnerait plutôt bien… Le problème suivant serait d’utiliser un combustible… Du charbon ? N’y a-t-il pas de meilleure alternative…

Je buvais donc trois gorgée du liquide qui me brûlait la gorge… Le gout n’était pas mauvais, mais mon sens du gout désignait le fade comme mauvais. Je ressentais la chaleur monter dans mon corps… je réfléchissais à toutes les sources de chaleur que je connaissais… Utiliser des explosions était hors de question, la puissance, difficilement contrôlable, la formation serait longue et fastidieuse et cela créerait une opportunité pour des attentats… Je fermais les yeux, les bras croisés…

-Le soleil… Dans le désert, il y a de longues périodes sans nuages et le soleil brille toute la journée. En utilisant celui-ci, il devait être possible d’alimenter le système en chaleur durant au moins 10h par jour et ce minimum durant les mauvaises saisons… Ainsi, nous utiliserions moindrement le charbon… le problème en utilisant le soleil, sera probablement la longueur du système… En utilisant de simples panneaux noirs, la chaleur ne sera pas très grande… Je regardais Lina dans les yeux…

Continuant ma réflexion, je réfléchissais à d’autres matériaux pouvant conduire la chaleur. Divers alliages de métaux me vinrent en tête, mais je ne trouvais pas grand-chose… Le cuivre semblait un bon choix.

-Malheureusement, la durabilité d’une éventuelle peinture noire reste à vérifier, surtout avec le sable pouvant éventuellement atteindre ce genre de panneau… Utiliser autre chose que des panneaux pourrait aussi être une bonne id… Des miroirs ! M’exclamais-je. En utilisant des miroirs ne pourrions-nous pas obtenir un bon niveau de chaleur ? Il suffirait d’orienter les miroirs vers un seul et unique point, alimentant le conducteur thermique de manière à chauffer l’eau et faire tourner le système entier !

Je ne m’étais pas vraiment rendu compte, peut-être était-ce l’effet de la boisson, mais j’étais levé, les deux mains sur la table, penchée en avant, mon visage assez proche de celui de Lina… Me rendant compte de la situation, je reculais pour m’asseoir en toussant un coup.

-Hem... J’ai peut-être d’autres alternative, mais cette option me semble la plus efficace pour le moment… Le sable pourrait abimer les miroirs, dans ces conditions, placer les miroirs en parabole et mettre une large vitre au-dessus pour empêcher la circulation d’air entre l’intérieur et l’extérieur protégerait les miroirs tout en gardant la chaleur plus longtemps une fois que le soleil ne fournira pas assez de lumière. Qu’en penses-tu peut-être veux-tu que je cherche une autre solution ?

(#) Sujet: Re: Je m'incruste, hein? [Kotori] Lun 14 Sep 2015 - 10:02

J'avais vu juste! Tellement juste qu'un large sourire se dessine sur mon visage au fur et à mesure que ma vis-à-vis exprime son opinion au sujet du Borosando. J'ai déjà pensé aux panneaux solaires mais j'avoue que son idée de miroirs n'est pas bête du tout. Je demande alors un crayon au tenancier et dès qu'il est en ma possession je commence à griffonner quelques schémas ou calculs sur la nappe qui n'a bientôt plus rien de blanc.

Il est vrai que la puissance des rayons du soleil peut être destructrice et pourvoyeuse d'une énergie souvent étonnante. Tout le monde s'est amusé à brûler des insectes grâce à une loupe dans sa jeunesse, non? La chaleur engendrée lorsque l'énergie solaire est focalisée pourrait tout à faire fournir la puissance dont j'ai besoin pour le train. C'est à creuser! S'il semble toutefois évident qu'il faudra trouver une source d'énergie alternative pour la nuit, le problème de l'alimentation en journée me semble presque résolu.

- "Pourquoi n'y avais-je pas pensé?"

Mon murmure est presque plaintif. Je n'apprécie pas forcément le fait que d'autres Saibogu explorent des pistes que je n'avais pas songé à exploiter. Mais au final c'est bel et bien le développement de Suna et des conditions de vie de ses habitants qui me tient à coeur. Je ne suis pas de celles qui réfutent les idées des autres sous le prétexte fallacieux qu'elles ne viennent pas de moi. Kotori a soulevé des points intéressants et je ne compte pas laisser mon ego m'empêcher d'y réfléchir. Aussi lorsqu'elle me demande ce que je pense de ce qu'elle vient de me dire, je n'hésite guère avant de hocher la tête vigoureusement:

- "J'en pense que tu es une véritable génie Taka! Sincèrement!" c'est un peu dur de le reconnaître mais ça semble un fait établi. "Tu m'as donné assez de pistes pour occuper mes prochaines semaines de recherches! Je crois qu'on tient quelque chose d'intéressant! En fait j'en suis pratiquement certaine!"

Notre commande arrive peu de temps après - quelle efficacité de la part du cuisinier - et les plats éclipsent les schémas que j'ai dessinés. Depuis qu'on m'a injecté ce sang aussi noir qu'étrange j'ai une faim de louve. Et cette dernière s'exprime à nouveau dans la manière que j'ai de dévorer mon steak. Je l'accompagne de saké sans la moindre modération ou presque. L'excitation consécutive aux propositions de ma cadette me pousse à profiter de ma soirée et à me détendre. Le travail peut bien attendre un peu dans la mesure où l'adolescente m'a fait gagner un temps précieux.

- "Dès demain je commencerai les tests sur les miroirs même si je crois que ce ne sera qu'une simple formalité. Le procédé n'est pas nouveau même si ça prendra tout de même un peu de temps pour l'appliquer sur le projet qui nous intéresse! Crois-moi, tu seras la première informée de mes progrès! C'est la moindre des choses!"

Je remplis son verre d'alcool sans même m'en rendre compte! Elle a bien mérité de se détendre un peu la petite! Les discussions dérivent peu à peu de la technique à d'autres plus personnelles, plus légères. Et lorsque la fin de soirée approche je paie sans hésiter les deux repas, comme promis. J'ai hâte d'être demain et de pouvoir commencer de nouvelles recherches pour le Borosando.

- "On se croise demain au labo, d'accord?" je dépose un baiser sur sa joue. "Encore merci!"

Je lui adresse un dernier signe de la main puis retourne en gambadant chez moi! J'ai hâte de raconter à Chappie ma soirée. Il ne comprendra certainement rien mais je suis comme ça: quand je suis excitée, je ne peux m'empêcher de partager l'objet de ma joie à tout ce qui m'entoure! Vivement demain!

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Je m'incruste, hein? [Kotori]

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