J’attendais sur un terrain vague de l’île de cendre. Le vent soufflait dans mes cheveux comme si le dieu du zéphire avait décidé de se déchainer. Mes mèches volaient et fouettaient l’air alentour. Je ne portais plus ma tunique noire mais si je l’avais fait, il y a fort à parier que cette dernière m’aurait emporté au loin sous l’effet parachute qu’aurait provoqué le vent. Un vent qui était crieur de bon sentiment en cette soirée d’automne. J’étais conscient que le fait de me trouver sur ce terrain vague était en soi un pas vers le danger et le mystère mais cet Alyzée me confortait étrangement.

Nozomie m’avait envoyé un message par pigeon voyageur m’annonçant l’arrivée imminente de son chef pour me rencontrer. J’allais enfin rencontrer l’homme qui avait réussis à enrôler la jeune doctoresse. J’avais plusieurs fois entendu parler de cet être charismatique qui, semblait-il, rassemblait des nukenins. Dans mon milieu, l’information était primordiale et je ne pouvais laisser filtrer de telles rumeurs sans m’assurer de leur validité. J’avais donc ordonne le commencement d’une enquête à propos de ces racontars. Mes larbins n’avaient pourtant rien réussis à dénicher. Comme quoi le chef de ce groupuscule savait se montrer professionnel.

Je me tenais là, debout comme un piquet. Scrutant l’horizon. Devant moi se trouvait une forêt remplie d’arbre morts et calcinés par les nombreuses éruptions du volcan de l’île. Je me perdis dans leur contemplation lorsqu’une ombre sortit de leur feuillage inexistant. Marchant à cadence rapide, l’ombre se fit silhouette jusqu’à se faire homme réel. L’inconnu progressa jusqu’à s’arrêter à quelques mètres de moi. Nous nous décrivîmes quelques secondes du regard avant que je ne pose ma main sur mon sabre, comme pour la reposer. Je pris alors une voix vindicative :

« C’est donc toi le chef de ce groupuscule qui fait tant parler de lui ces derniers temps ? »

Il répondit à la question, puis je me rapprochai de lui. Lentement, sans trop me brusquer, je fis quelques pas dans sa direction. Je le gardai à l’œil, n’étant pas à l’abri d’une trahison de dernière minute. J’avais besoin de savoir à qui j’avais à faire et pour cela il me fallait me rapprocher. L’homme portait un masque à gaz, comme tous les ninjas contrôlant ce fameux gaz empoisonnant de Konoha. Je compris alors qui était cet homme. J’avais en effet entendu parler d’un intendant de Konoha qui se serait retrouvé déserteur suite à des évènements malencontreux. Je me surpris à m’identifier un peu dans sa personne et son histoire mais je m’abstins de dire quoi que ce soit. Je lui tendis une main amicale, l’air de quémander un signe d’alliance ou au moins d’entente.

« Katano Yusuke… »

Je le savais malin. Je le voyais dans ses yeux. J’aurais voulu que notre relation se fasse confiante dès le début mais tout un rituel compliqué nous obligeait à passer par toutes les étapes des rapports humains et nous ne pouvions outrepasser ces quelques cérémonies ennuyeuse. Il le savait comme moi, nous avions à discuter. Je voulais lui parler de mes plans, en savoir plus sur les siens. Après tout, nous étions d’un même camp. Et même si l’idée de travailler de cor avec un autre traitre ne m’enchantait guère, il me fallait avouer que j’avais besoin de son aide. Je l’invitais donc à marcher avec moi. Prenant la direction du village le plus proche, nous débutâmes par traverser le terrain vague.

« Il y a des choses dont nous devons converser. »

Kurai Hikari... Katano Yusuke... Kyu Goren... C'était eux, mes cibles. Loin d'être dans des idées meurtrières, je pensais plutôt à une alliance. En effet, j'avais pu savoir de source sûre qu'ils étaient à la tête d'une organisation Nukenin grâce à Nozomi, qui était devenue depuis peu... Ma petite-amie ? Ma femme ? Je n'arrivais pas à mettre un nom sur notre relation. Nous n'étions pas mariés, mais pourtant, c'était mon seul lien affectif sans masque pour l'éternité.

Nous nous étions déplacés ensemble sur l'île de la cendre, bien que son état ne fût pas très encourageant. Je lui avais pourtant demandé de rester tranquille au Shôraizen le temps que son pouvoir se stabilise au sein de son corps. Elle avait besoin de repos, mais avait insisté pour m'accompagner dans cette rencontre avec Katano Yusuke.

Bien que j'eusse cédé à cette demande, j'étais resté ferme sur le fait qu'elle devait rester dans un petit village, non-loin du lieu de rencontre, afin de prendre un peu de repos. L'île de la Cendre n'était pas très hospitalière, et il lui fallait un maximum de repos, d'autant plus qu'elle avait insisté pour ne pas avoir de masque à gaz, ce qui lui aurait au moins permis de relâcher sa concentration au niveau du contrôle de sa marque du destructeur.

M'avançant vers cette silhouette, j'étais vêtu d'un long manteau noir à capuche. Mes yeux étaient d'une couleur temporaire ébène, de même que pour mes cheveux. Regardant attentivement l'Homme, je pouvais y reconnaître la description que m'avait faite Nozomi. Un blond aux yeux bleu, relativement musclé portant des sabres à la ceinture. Une arme redoutable d'un clan ancestral de Kiri : les Sabreurs. Du Bingo Book de Konoha, j'étais au courant que Yusuke possédait des sabres de cendres. Autant dire que, sur ce terrain, il avait indéniablement l'avantage... Ce fut lui qui prit la parole en premier.

« C'est effectivement le cas. »

Ma voix était calme, un son métallique sortant du masque à gaz. Démunis d'émotions, le ton pouvait paraître froid ou non-intéressé. Mais ce regard intense sur lui traduisait simplement un ton d'une neutralité absolue. Il s'avança vers moi, restant méfiant. Nous étions tout deux sur nos gardes, car après tout, nous étions tout deux des criminels recherchés. Puis il tendit sa main que j'inspectais rapidement...

« Sabakyô Seitô. »

Ma main serra la sienne d'une poigne forte et déterminée. Ce rituel social était crypté de significations inconscientes. Déjà, c'était une forme d'accord mutuel. Ensuite, c'était aussi un moyen de dévoiler des facettes de notre personnalité de façon tout aussi subtile... Le contact avec la sienne fut bref, mais plein de sens... Prenant la direction du village, il explicita le pourquoi de notre rencontre.

« Effectivement. Mais avant cela, nous avons à faire... »

Je restais silencieux tandis que nous nous avancions vers le village. À sa bordure, comme prévu, il y avait Nozomi. L'observant rapidement, j'avais au moins l'espoir qu'elle eut la possibilité de reprendre des forces. Puis je m'avançais vers elle avant de dire...

« Nozomi, c'est bien lui ? »

Je devais en avoir le cœur net. Sa réponse positive me fit comprendre que j'avais en face de moi Katano Yusuke en personne. Ni un clone, ni un Henge. Une personne en chair et en os. Me retournant vers lui, je le fixais.

« Je suis désolé de cette précaution, mais je ne peux prendre aucun risque. De ce que j'ai compris, tu connais bien cet endroit. Connais-tu un endroit plus... Sécurisé pour parler ? Je n'aime pas les oreilles indiscrètes. »

Hep:

Spoiler:

Nous avions marché quelques minutes. Minutes pendant lesquelles je toisais mon nouvel interlocuteur du regard. Il était intriguant à tous les niveaux. Il avait une dégaine de vainqueur et de leader mais possédait en plus de cela une qualité indispensable à tout bon chef : il avait du charisme. Il parlait tout comme moi pour exprimer le strict nécessaire. Il ne se perdait pas dans de tristes descriptions de la vie ou dans les potins quotidiens. Je pouvais sentir son sérieux et son pragmatisme jusqu’au plus profond de mon être. Tout comme moi, cet individu était un chef, d’aucun l’aurait remarqué à plus d’un kilomètre.

Nous arrivâmes à la bordure du village. Je pus alors constater avec surprise que la jeune Nozomie se tenait là, au beau milieu de la route, droite comme un militaire qui attendait son affectation à une mission. La voir aussi disciplinée, cela me chagrina quelque part. Je ne pensais jamais à la discipline dans mes rangs mais apparemment, mon nouveau collègue avait d’autres résolutions sur la question. Je suivis Seitô jusqu’à près de Nozomie et fixai la jeune fille avec un regard curieux. Quelque chose avait changé chez elle. Dans sa manière d’être, dans sa manière de se tenir. Son chakra pourtant demeurait le même que dans mes souvenirs ou du moins l’intensité de ce dernier était resté identique à la Nozomie du passé. Mais quelque chose s’était passée et la Nozomie que je connaissais n’était plus. Une nouvelle personne en face de moi… Plus froide et plus distante.

Seitô demanda à son acolyte si j’étais bien celui que je prétendais être. Dans de telles circonstances, je ne pouvais pas lui reprocher de faire attention et de prendre toutes les précautions. Dans un sens, je savais moi-même quel danger je pouvais représenter et bien qu’il était nukenin également, cela ne garantissait rien. Je me préparais donc à me soumettre au test que Nozomie aurait voulu exécuter sur ma personne mais alors que je m’attendais à une aiguille ou à un truc dans le genre, la jeune fille se contenta de me saluer, un petit sourire neutre en guise de garniture.

« Tu as changé Nozomie… J’espère que tu te portes bien. »

Je tournai la tête vers Seitô et déroulais dans un même temps un parchemin sorti de la poche arrière de mon pantalon de ninja. Je l’étalais au sol et le dépliais. Il était large, suffisamment pour nous entourer moi et mes deux compagnons dans le cercle en son centre. J’émis cependant un dernier avertissement avant tirer les deux compères à l’intérieur du sceau.

« Je m’apprête à partager avec vous des informations sensibles sur moi et mes alliés, je sais que vous savez ce que cela signifie. Mais dans le doute, je préfère vous prévenir des risques. Je ne suis pas de ceux que l’on aime trahir. Contrairement aux villages, je n’ai aucun scrupule à faire souffrir un homme sans le tuer. »

J’avais prononcé cette phrase avec une neutralité telle qu’elle sonnait plus comme une menace de mort imminente qu’à un avertissement. Le message était cependant passé et je n’avais plus à me faire du souci sur ce point là. Tous les trois dans le cercle, je m’entaillais le doigt de mon kunaï et une goutte tomba sur le sceau.

L’instant d’après nous étions dans les locaux de mon organisation. Ils ne devaient pas savoir dans quel secteur de l’île nous nous trouvions, mais ce n’était pas plus mal au fond. Le parchemin étant placé au milieu de la salle de réunion, il y avait autour nous trois tables rondes entourées de chaises. Je m’approchais de l’une d’elles et tirais deux chaises vers l’arrière.

« Asseyez-vous, je vais chercher des bières. Il nous faut être à l’aise si nous voulons parler tranquillement et ne rien oublier. »

Je ne fis pas attention à leur réaction. Je me dirigeai vers le petit frigo situé dans un coin de la pièce et constatais avec amusement que toutes les bières n’avaient pas encore étés englouties par mon compagnon de tous les jours. Le Golem avait donc prévu que j’aurais besoin de ma réserve. Je saluais pour une fois son abstinence. Prenant trois bières donc, je refermais le frigo d’un revers du pied et retournai à la table où je pris place.

« Avant toute chose, parlez moi un peu de votre organisation, si c’est une organisation… Je vous assure que plus vous m’en direz, plus je partagerais avec vous. J’ai le sentiment que nous partageons un but commun et Nozomie ici présente à ma confiance pour m’avoir déjà sauver la vie… »

Les choses allaient enfin devenir sérieusement intéressantes.

Spoiler:

Il salua Nozomi avant de déplier un parchemin en forme de cercle. Bien que je ne dispose plus de ma maîtrise du Fuînjutsu, j'étais encore capable de décrypter, et de lire en travers des lignes des Sceaux. Celui-ci était, contre toute attente, un sceau de déplacement très évolué. Bien que je doute qu'il puis-ce l'utiliser en combat, il était probablement suffisamment sophistiqué pour limiter les effets sur le corps après la téléportation. Quelque chose de bien plus complexe que mon Hiraishin...

Faisant clairement une menace, je restais totalement de marbre face à ce discours. Non pas que je ne prenais pas au sérieux ce chef d'organisation réputé, mais plutôt que j'en avais déjà vu et subis, des méthodes de tortures... Entrant au sein du cercle, et après avoir imbibé le sceau de son sang, nous voilà au sein de ce qui semble le QG du Kurai Hikari. Loin d'être une citadelle comme le Shôraizen... Intéressant.

Proposant de nous asseoir avec une boisson, je regardais Nozomi d'un air perplexe. Prenant place sur la chaise, je le laissais revenir avec les bières, avant d'annoncer tout simplement qu'il avait confiance en Nozomi, et qu'il fallait que je présente mon organisation. Mais avant ça, je devais remettre certains détails... Au clair. Déposant un peu plus loin la bière pour des raisons évidentes, je continuais.

« Je comprends ce point de vue de prendre des mesures en cas de trahison. Mais bien que je fus un temps Intendant de Konoha, village réputé pour sa clémence, je n'hésiterai pas à mettre un point final à cette organisation, en commençant par faire tomber la tête de son chef désigné. Mais vu que je ne suis pas ici pour tuer, je n'enlèverai donc pas ce masque. »

La couleur était donnée. Fixant le Sabreur, tous ici devait comprendre que la situation était plus que sérieuse, et que chacun des parties n'hésiterai pas à mettre fin à l'existence de l'autre si ce dernier tentait quoi que ce soit. En bref, un avertissement nécessaire à toutes réunions passées en catimini, concernant les deux grands criminels du moment.

« Nous sommes effectivement une organisation. Où plutôt, un regroupement de Shinobi aux objectifs divers mais tendant tous dans la même direction. Pour la plupart, des Ninjas déchus du noirâtre Système Shinobi qui se pratique actuellement. Ex-Kumojin, Sunajin, Shukaijn, ou Konohajin. Ex-Jônin, Genin ou Errants, cela n'a aucune importance. Tout ce que vous êtes au Shôraizen se résume à ce que vous êtes vous, la personne, et non pas le fils d'un Ninjas prestigieux, ou le membre d'un clan réputé. »

Je faisais une pause, avant de reprendre.

« Nous n'avons aucune règle. Au vu de notre diversité, elles sont bien trop rigides et ne correspondent pas toujours à ce que vous êtes vraiment. C'est pourquoi nous sommes basés sur 6 principes : Liberté, Loyauté, Volonté, Unicité, Perfectionnisme et Sacrifice. Pour notre système interne, il s'agit de 13 généraux, dont un dirigeant, chacun remplissant une fonction précise. Voilà ce qui conclut tout ce qui concerne l'administratif. Quant à notre but... »

Mon regard se fit plus intense, avant d'annoncer...

« Il s'agit de mettre fin au Système Shinobi actuel, complètement corrompu jusqu'à la moelle, en libérant les Ninjas sous le joug des villages et en détruisant ceux qui les diriges : Les Shinobi avides de pouvoirs, plus connue sous le noms de Kage... Ainsi que tout ceux profitant de ce système impur. »

Je faisais silence...

« Voilà, notre but. »

Mon regard laissait voir que j'avais fini... C'était maintenant à son tour de parler, où à Nozomi de me compléter.

Spoiler:

J’avais écouté sans interruption les paroles de mes deux invités. Seito avait quelque chose de dangereux dans le regard. Il n’avait pas compris ce que je venais de lui dire et avait par dessus le marché, répondu par une autre menace. Je ne lui en tenais pas rigueur, il devait montrer qu’il dominait au moins autant que moi. Néanmoins sa réflexion me fit intérieurement sourire. Ces deux personnes qui avaient pénétré sous mon invitation dans la tanière du loup avaient l’air particulièrement sûre d’elles-mêmes. J’avais, par expérience, compris que trop d’assurance ne menait qu’à la perte de sa propre vie. Mais ce jour-là n’était pas le bon pour leur apprendre cette leçon. J’écoutais donc et enregistrais autant d’information qu’il m’était possible de le faire. Il fallait que je me montre prudent et conciliant à la fois, j’en avais bien conscience.

Lorsque tous deux eurent terminés, je leur jetais un regard profondément neutre, cherchant à m’assurer que je n’allais pas les interrompre. Ensuite, je saisis les deux bières qu’ils avaient rejeté avec nonchalance et les portais près de la mienne. Il allait sans dire que j’allais terminer le trio d’ici la fin de la conversation. Goren m’ayant entrainé à avoir une bonne décente.

« Non désolé, je n’ai pas ce genre de boisson. Je vis de manière assez spartiate et les douceurs comme le thé ou le jus d’orange ne font malheureusement pas partie du quotidien. »

La bière était notre seul réconfort. Ou du moins était-ce le seul réconfort de mon compagnon. Il n’était pas là ce jour là mais mes pensées l’accompagnaient. Je le savais assez malin pour ne pas faire irruption ici, je l’avais prévenu de la visite de ces dignitaires de l’organisation concurrente et il avait eu l’air intéressé. Il m’avait d’ailleurs prié de faire preuve de tact et de prudence. En ces temps de troubles, on ne pouvait faire confiance à personne.

« Il est peut-être temps pour moi de parler du Kurai… »

Une profonde inspiration suivit cette phrase prononcée avec neutralité. Je portais la bière encore pleine à mes lèvres et la reposais sur la table. Lentement je repris le fil de mes idées.

« Deux chefs sont au pouvoir en ce moment, moi et Kyu Goren. Nous dirigeons l’intégralité des membres. Il s’occupe d’ailleurs des membres en formation. Moins diversifiés que vos rangs, les nôtres comptent surtout des Nukenins. En ce moment même certains d’entres eux parcourent le monde. »

Un nouvel arrêt, une nouvelle humectation des lèvres par la bière. Un nouveau regard. Il fallait saccader mon discours pour lui donner plus de sens.

« Notre but est de ramener ce monde à son état primaire. L’Homme étant naturellement belliqueux et vicieux, nous trouvons hypocrite le fait que les nations se voile la face sur cette vérité : l’homme est une créature d’instinct et a besoin de s’opposer aux autres. Or nous respectons avant tout la vérité et pour cela nous voulons la même chose que vous, la destruction du système actuel. »

Je lançais un regard sur la bague de Nozomie. Elle avait quelque chose de particulièrement représentatif. Il me semblait d’ailleurs sur le moment que ce n’était pas très prudent d’agir ainsi, de se démarquer des autres avec cette bague. Toujours est-il que je ne me gardais pas d’en faire la remarque de manière camouflée :

« Nous n’avons pas de signe distinctif. Je connais mes membres et ils se connaissent entre eux. C’est amplement suffisant. Néanmoins, il est certain que beaucoup d’entre eux aimeraient que les choses commencent à changer… »

Je pris une nouvelle pause. Je n’avais pas envie d’aborder tout de suite le sujet mais la situation le demandait. Et puis si nous étions interrompu, peut-être valait-il mieux aborder la question tout de suite. Je pris donc une nouvelle gorgée, finissant ainsi ma première bière avant de me lancer :

« Nous voulons faire bouger les choses rapidement avant que le monde ne décide de s’allier contre nous. Ca ne tardera pas à arriver, croyez moi. Aussi j’aimerais que lorsqu’il tentera de nous détruire, nous soyons prêts. C’est la raison pour laquelle je vous ai fait venir ici. J’ai le sentiment que votre camp et le mien pourraient bien faire la différence dans le conflit à venir. »

Erreur monumentale. Mon regard se posa discrètement sur Nozomi, qui avait dévoilé un peu trop vite une partie de notre système interne : les Bagues. Un code qui se devait de rester secret, tout du moins, au sein du Shôraizen. Mais cette erreur fut rapidement suivie d'une autre erreur : celle de me mettre en position d'omniscience et de pluralité des disciplines de façon non-complète. Cela me plaçait dans une position de faiblesse, et offrait à mon adversaire le moyen de savoir comment m'affaiblir...

Reposant mon regard sur Yusuke, je continuais d'écouter avec attention son discours. Le Kurai Hikari, une organisation ayant pour but de mettre à jour la vérité primaire de ce monde. Une vérité bien pessimiste, mais réaliste, que dépeigner le chef de ce même mouvement avec une dextérité, rapidité et précision redoutable. Oui, je devais bien l'avouer, j'avais en face de moi quelqu'un d'une carrure solide, avec une volonté capable de vaincre la mort en personne.

Mais ce pessimisme lui offrait aussi une certaine vision très proche de la réalité. Comme je le pensais, la personne que j'avais en face de moi était intelligente. Elle savait, tout comme quoi, que notre alliance n'était qu'une réponse à une réalité implacable : quand les Furyou tomberont, nous serons tous deux les prochains sur la liste. Et l'Homme, avait un dicton pour lutter contre ce fait : l'union fait la Force. Inconsciemment ou consciemment, nous savions qu'il fallait faire de nos deux organisations d'un monde libre et d'une réalité non-utopique.

Parce que, au fond, c'était contre quoi nous luttions tout deux : l'utopie des villages Ninjas. Ils nous avaient promis une paix, et nous avions reçu que la mort, la souffrance et la haine. Même à l'extérieur, je pouvais me rendre compte qu'il n'y avait aucun salut, seul le désespoir. J'en étais conscient avant mon entrée au village de la Feuille, et après tout ce temps passer à son service, rien n'avait changé.

« Effectivement. Lorsque les Furyou tomberont, nous serons indéniablement les prochains sur la liste. Je pense aux villages, mais aussi à d'autres personnes de l'extérieur qui profite de ce système. Donc ce qu'il nous faut, c'est un moyen d'enrayer cette alliance entre nations, qui semble forte mais qui est, en tout point, très fragile. Crois-moi, pour avoir été Intendant de Konoha, je sais à quel point tout ceci est fragile. »

Mon regard se posa sur Yusuke, avant de continuer.

« La solution la plus viable serait de semer la Zizanie dans ces alliances. Par des preuves d'actes semblant immoraux, et variant d'un village à l'autre. De ce fait, il suffit d'apporter cette preuve à la masse populaire pour provoquer une réaction en chaîne, et enrayer cette force unie. »

En soit, diviser pour mieux régner.

« De par ce trouble, le doute envahira le cœur des ninjas. Et qui dit doutes, dit questionnement. Qui dit questionnement dit remise en cause du système, la recherche d'une alternative. Et c'est là que nous intervenons. Lorsque les Ninjas chercheront une alternative, nous leur donnerons l'opportunité de saisir cette alternative, et de là, le système s'autodétruira de lui-même. Nos forces gonfleront tandis que celle de nos détracteurs seront en baisse... »

J'avais effectivement bien réfléchi à la question.

« Cette autodestruction mènera probablement à une division du monde : Ceux avec nous, et ceux pour le système. De là, les Ombres n'auront d'autres choix que de prendre des risques... De là... »

Je serrais mon poing.

« Leurs têtes seront définitivement tranchées et le Monde en sera unifié. »

Je croisais ensuite les bras, laissant un petit silence, avant de reprendre.

« Mais pour commencer, il nous faut des preuves compromettantes... Des idées ? Des pistes de recherches ? »

C’est avec un intérêt poussé que j’écoutais mon interlocuteur. Il était toujours assis et cela marquait bien l’entente qui s’était installée. Nous avions fini de nous menacer, et le temps des réelles négociations était venu. Comme je l’avais prédis, le chef du Shoraïzen se rangeait de mon côté pour ce qui était de la conception de l’avenir de nos groupuscules. Nous serions bientôt les cibles du monde et notre seule chance de survie était de nous entraider. Mon interlocuteur s’étala ensuite en explication de stratagème. Il semblait insinuer que le seul moyen de casser cette alliance entre shinobi qui s’était formée était de monter les villages les uns contre les autres. Il fallait à tout prix que nous devenions plus unis qu’eux, que nous n’ayons pas les mêmes faiblesses. Il établissait des stratégies politiques avec un brio que je n’avais encore jamais vu. Il avait la rapidité d’esprit des grands hommes en plus du charisme certain qu’il imposait. Il m’apparaissait comme évident qu’il avait dû se pencher à plusieurs reprises sur la question.

Le jeune homme termina son discours par des phrases dont je ne savais plus vraiment si elles m’étaient adressées ou s’il se les répétait à lui même. Son poing sur la table se serra instinctivement à mesure qu’il terminait de parler. Je pouvais entrevoir toute la rancune et la colère qui emplissait son cœur. Son village l’avait trahi, il avait fait partie de l’élite et maintenant il était relégué au rang de banni. C’était une belle histoire que la sienne, mais la suite n’en serait que plus majestueuse.

« J’ai actuellement des agents dormants au Shukaï et à Suna. Il me semble que dans le système actuel, ces deux villages sont les plus enclins à faillir, à douter de leurs alliés. De plus, j’ai le sentiment profond que des choses vont se produire dans un avenir proche. Le monde va changer et nous nous devons d’être aux premières loges. »

Je marquais une pause. Je saisis la bière en face de moi et bus encore une gorgée. Cet entretien me donnait soif. Il m’intriguait et éveillait tous mes intérêts profonds. Je m’amusais presque.

« Vous et moi, quelque part, nous nous ressemblons. Je partage votre vision du monde, peut-être pas dans sa finalité mais tout du moins dans son ensemble. Vous êtes un ninja puissant avec des alliés imposants. Je suis un ninja puissant avec des alliés tout aussi imposants. Je suis certain que nous pourrions, si nous nous en donnions la peine, sceller une alliance entre le Kurai et le Shoraïzen, travailler de concert. Aussi j’en ai assez entendu pour savoir ce qu’il me reste à faire. Je n’aime pas faire trainer les choses en longueurs. »

Je bougeais les bières en face de moi sur la gauche et je tendais ma main sur la table. Appuyant mon coude sur le bois de celle-ci, je levais la paume de ma main pour inviter mon interlocuteur à la saisir. En attendant qu’il se lance, je me remis à parler, j’avais oublié un détail important.

« D’ailleurs, il y a quelques chose que j’ai oublié de mentionner… je vais bientôt mourir. Très prochainement, dans un combat contre un ninja influent ou contre un puissant Furyou. Je vais décéder et partout dans le monde on parlera sans doute de ma mort et de la victoire des villages. Sachez néanmoins que même si je ne serais plus là, mon idéal et bien d’autres choses demeureront. Aussi, vous devrez vous référez à Goren, mon associé. Il est difficile d’acquérir sa confiance mais je suis sûr que vous y arriverez… »

C’était vrai, j’allais mourir. C’était prévu. Prévu depuis le commencement. Je ne pouvais lui parler de mon plan dès maintenant. Je ne pouvais faire mention de Suna, de l’assassinat de ce personnage influent. Il fallait que cela reste secret. De plus, je voulais assister à sa réaction quant à l’annonce de ma mort. Je voulais être sûr qu’il continue de servir nos intérêts communs même si la barrière de la mort nous séparait.

« Vous l’aurez compris, cette alliance n’est pas une plaisanterie, elle va au delà de la mort. Si on s’engage, c’est pour le combat d’une vie. Et même au-delà… »

Il n’avait maintenant plus qu’à empoigner ma main, comme toute alliance se faisait au temps des hommes ordinaires. Là il n’y avait pas de signatures ou de contrats, juste la parole d’un homme en chœur avec celle d’un autre.

J'observais attentivement la réaction de mon interlocuteur, comme il avait observé attentivement la mienne. Ce qui était sûr, c'était que Konoha avait eu une bonne raison de craindre les menaces du premier chef du Kurai Hikari. Des agents dormants à Suna et au Shukai ? Rien que ça ? Cela faisait déjà deux cibles gangréner, il ne manquait plus que Konoha et Kumo. Pour la feuille, je pouvais compter sur Gekei Pô, une collaboration à double tranchant, mais qui m'étais pour l'instant favorable.

Ne restait plus que Kumo, un des villages le plus facile à faire tomber, mais pas sans preuve. Et c'était justement les preuves qui nous manquaient... Une fois en notre possession, il serait très facile de les transmettre à ses agents « Dormants » de façon discrète afin d'apporter un doute dans les hautes-sphères... Mais tout cet exercice était beaucoup plus facile à dire qu'à faire...

Il me tendit ensuite sa main. Une poignée de main afin de sceller une alliance inébranlable, mais avant cela, je vis qu'il avait encore quelque chose à me dire. Et une information relativement importante : il avait prévu sa mort. Mais à la différence de beaucoup de Ninja se confrontant vers un destin inévitable, lui laissait entendre qu'il avait trouvé une... Alternative. Où tout du moins, que cela ne serait pas la fin.

« Très bien, Katano Yusuke... »

Je le regardais d'un air compris, enlevant mon gant de protection, et défaisant mes bandages.

« J'accepte cette alliance, et même par-delà votre mort. Bien que j'ignore pourquoi, j'ai le pressentiment que votre âme continuera d'exister pour notre idéal et continuera d'influer sur l'histoire de notre monde... »

Le fixant d'un regard compris, la phrase dissimulait le fait que je doutais bel et bien de sa mort véritable. Le monde Shinobi était un monde étrangement complexe... Et il avait était mainte fois prouvée que les arts Ninjas permettaient d'accéder à l'immortalité, alors pourquoi pas de survivre face à la mort ? Un simple regard compris suffisait à faire entendre que je m'en doutais, mais que je n'avais ni envie de savoir comment, ni envie d'être mêlé à cela. Néanmoins, que même après sa mort, je continuerai dans cette voie et ne retournerai pas ma veste.

Empoignant sa main avec une force traduisant une volonté de fer, j'en déduisais que l'entretien touchait à sa fin, après tout, nous avions tout les deux une certaines masses de travail dû à la gestion de nos organisations respectives.

« Néanmoins, avant de partir, j'ai une question... »

Le fixant dans les yeux, j'annonçais tout simplement.

« Vous avez parlé d'agent dormant au Shukai et à Suna, qu'en est-il de Kumo et de Konoha ? »

Une simple interrogation qui m'avait fait tilt dans son intervention.

L’instant sembla dura des heures. La main débandée de mon nouvel allié s’était glissée dans la paume de la mienne et une pression forte s’exerça alors sur mon membre. Le chef du Shoraïzen avait décidé qu’il s’allierait avec moi, pour le meilleur comme pour le pire. Dans notre monde cependant, il fallait surtout prévoir le pire. Désormais le Kurai Hikari n’était plus seul et nous avions trouvé un allié en la personne de ce Seitô. Il allait mettre ses moyens à notre disposition et nous allions mettre les notre à la sienne. C’était aussi simple que ça. Simple, vrai, unique et instinctif : tout ce que j’aimais.

L’entretien touchait à sa fin. Néanmoins, Seitô ne se contenta pas d’un silence funèbre pour filer, il avait encore une question. Il plongea son regard vénéneux dans le mien et me posa une question qui n’en était pas une. Sur le coup, je fus surpris. Si j’avais voulu faire mention de Konoha ou de Kumo, je l’aurais fait. Cà n’avait pas été le cas, je le croyais suffisamment malin pour deviner que je ne voulais pas en parler. Néanmoins son insistance me dérangeait sur le moment. Soupçonnait-il quelque chose ? Etait-il possible qu’il ait eu vent de certaines informations confidentielles. J’en doutais fortement. Pour moi, il était impossible que des infos aussi sensibles aient pu filtrer. Ou en tout cas, cela n’aurait pas été par moi ou Goren. Impassible, je lui rendis son regard.

« Kumo est intouchable pour le moment, la vaillance de ses shinobis et leur esprit patriotique les rends imperméables à la corruption. Pour ce qui est de Konoha, nous avons bien tenté d’établir un contact mais il semble que ceux qui ne soient pas partis avec vous demeurent au cœur pur. »

C’était fait, j’avais répondu à sa question. Il allait pouvoir s’en aller le cœur léger, pensant que je lui avais tout dit. Mais que pouvais-je bien faire d’autre que mentir par omission. Kumo était mon allié, tant qu’il me serait utile. Mais ce n’était pas vraiment Kumo, plutôt l’un de ses plus proéminents ninjas. Aussi le risque en devenait-il plus grand encore. Je n’étais pas un traitre et un secret est un secret. Je ne pouvais satisfaire Seitô sans trahir Zennosuke et si je trahissais Zennosuke c’était bien la preuve que je pourrais trahir Seitô à tout moment. J’étais en quelques sortes piégé dans une spirale dont aucune issue n’était la bonne.

« Il est maintenant temps de nous séparer je suppose… »

Je me levais et leur présentais d’un revers de la main un parchemin collé contre le mur. Il suffisait de le déplier et d’y imposer son sang pour que celui-ci vous transporte vers son homologue situé sur un toit de l’un des ports de Hai no Kuni. Mais bien sûr ils savaient comment l’outil fonctionnait et il savaient l’utiliser. Ils allaient partir et ce serait le commencement d’une nouvelle aire pour nos deux groupuscules. Une aire de sang et de souffrance.