Kyu Goren ou l’homme qu’il se promettait de tuer ou de rendre terriblement malade. Il lui avait promis qu’il serait fort, et qu’il aurait bien vite son laboratoire, et au lieu de cela, il avait droit à un enchaînement d’événements aussi fous que dangereux sans une rétribution digne de ce nom. Plus que jamais, il avait la sensation que son honneur de grand médecin allait être bafoué. Il se promettait que suite à cet « entretien » où il allait exposer clairement son désir de rentrer à la maison, il retournerait dans la dite-maison. Mine de rien, même s’il ne l’admettait, il était encore sacrément jeune et déjà sa petite famille aux mœurs des plus étranges lui manquait.

- Je ne cesse de dépérir intellectuellement à vos côtés. Je retourne auprès de grands scientifiques pour apprendre ce qui me manque, mais également partager avec eux quelques-unes de mes découvertes !

Il répéta encore et encore la même phrase, se donnant du grand courage. En effet, suite aux multiples combats dont il avait pu être témoin, il avait pu se rendre compte d’une chose des plus incroyables : ceux qui maîtrisaient leur chakra étaient de véritables bêtes de combat, qui pouvaient écraser n’importe qui d’un simple poing. Sans aucune exagération, ou effet de scène bidon et sans danger !

Si quelques « brindilles » pouvaient faire de véritables miracles, il ne voulait guère tester la puissance de ce colosse à la musculature surdéveloppée. Une assurance qui allait grandissant lorsqu’il vit cette chevelure épaisse non loin, entre deux brumes. Il s’arrêta quelques secondes, inspira, expira, se racla la gorge, remonta ses lunettes et finit par s’approcher de l’homme.

- Bien le bonjour, ou le bonsoir, je devrais être à l’heure malgré cette maudite brume qui a faussé quelques pistes, disait-il. Je viens de quitter le groupe de Kumojins auquel vous m’avez attribué, et autant vous dire d’emblée, c’était le pire choix possible et imaginable. J’ai failli y laisser mon génie intellectuel en mourant précocement !

Kiseki fit les gestes dramatiques pour accompagner ces propos, en montrant ici et là quelques bleus ou encore égratignures. L’avantage lors de combat, on ne se préoccupait guère de lui dû à son jeune âge. Cependant, le petit apprenait toujours et encore, commençant petit à petit à gagner une certaine maîtrise de son chakra et de son corps. A bien le regarder, il avait grandi, sa voix commença petit à petit à être plus grave, voire étouffée, un fin duvet s’installait doucement mais sûrement au-dessus de ses lèvres et tout autour. Le petit grandissait et les entraînements quotidiens du groupe de mercenaires à qui Goren l’avait confié, ou encore les missions, ne faisaient qu’embellir ce garçon.

Son corps se développait et il y avait de bons espoirs pour qu’il soit aussi vif de corps que d’esprit. Un bon élément en somme, avec son potentiel.

- L’un des Kumojins a trahi l’autre Kumojin lorsqu’on avait plus ou moins le dessus sur les Shukajins. Autant dire, l’entrepôt d’armes tient toujours debout, l’un des Kumojins est blessé grièvement, l’autre s’est rendu librement aux Shukajins et on m’a laissé l’opportunité de fuir.

Il se tut, réfléchissant.

- Et aucune inquiétude sur mon identité. Ils ne savent guère qui j’étais, vu que j’avais gardé le masque que les Kumojins m’avaient donné tout au début.

Il se tut encore.

- Et puis entre nous, ils n’étaient pas très futés. Ils ont prétendu venir au nom de Konoha pour prévenir de l’arrivée de Kumojin. Je ne comprends pas la situation politique de ce monde, un sujet stupide à mon sens, mais cela n’a guère marché. Les Shukajins se sont aussitôt mis en garde.

Le rapport a été fait.

- Bien … je veux ma gratification ! réclama-t-il, en tendant la main, cependant à l’affût du moindre geste violent.

Il ne voulait pas perdre une main, tout de même.

Il aurait voulu répliquer qu’il était un « médecin » et que par conséquent, il n’était pas habilité à être dans un champ de bataille pour se battre mais plutôt pour « récupérer le reste ». En théorie, guérir, mais guérir était ennuyeux. Il préférait les blessés de guerre à qui il fallait amputer un bras ou deux ou encore trouver un remplacement à quelques organes. Cependant, le petit homme se tut. Il préférait observer le corps de ce Golem de Pierre, non pas par admiration, mais pour trouver une faiblesse ou une faille à sa constitution. Il n’avait pas encore oublié qu’il avait à battre cet homme, et pour ceci, il avait à outrepasser sa condition physique extraordinaire et clairement surhumaine. Là où un homme était mort dû à une piqûre d’un insecte très vénéneux, lui avait tenu sur ses deux pieds vaillamment.

- Pas d’effort, pas de gain, j’ai compris, j’ai compris !

Par contre, à son goût, il en avait bien souffert ces derniers mois. Il souhaiterait bien, enfin, obtenir juste rétribution pour tous ses efforts ! Incroyable mais vrai, cette récompense se présenta à lui à la seconde même, matérialisée sous les traits d’un corps mort. Il écoutait attentivement les dires de cet homme, enregistrant chaque information. Ainsi donc, ce cadavre avait été sous le contrôle des Furyous, et plus important, il détenait un sang apte à rendre tout humain fou.

« Mais c’est également un homme ! ». Il était un homme mort pour être juste mais malgré tout, il était encore « humain ». « A moins qu’un corps mort ne génère pas les mêmes choses qu’un corps vivant ». En soit, un corps mort ne générait plus du tout quoi que ce soit. Au contraire.

- Sauf si tu es en incapable ?

Les joues de Kiseki se rosirent. De colère, précisons. Il tapa sans tarder du pied, remonta ses lunettes, croisa les bras et lança un regard plein de défis à cet homme.

- Crois-tu que j’ai peur d’un vulgaire morceau de cadavres ? Penses-tu que je sois inapte ? Mes parents ont disséqué plus d’hommes que toi, dans leur vie, et j’en ai vu presque autant !

Oui, l’éducation de Kiseki avait été particulièrement peu scrupuleuse et catholique. Il était un danger certain pour toute âme honorable et vertueuse, mais il était surtout l’âme sœur de tout être perdu dans leur vice et pêché. Une éducation qui servait au plus haut point Goren, car il n’avait pas à essuyer des larmes, faire une quelconque morale ou encore chercher à mentir ou à aider à faire face à certaines réalités de la vie.

- Il faut tout d’abord conserver ce corps, en dehors d’un sceau. A terme, il va vraiment pourrir et on va vraiment perdre toutes les données importantes ! commença-t-il aussitôt à dire. Pour cela, il me faut … Beaucoup de choses.

Il lui fallait un laboratoire avec un équipement efficace.

- Il faut que j’arrête de courir aux quatre coins du monde, et que j’ai un laboratoire digne de ce nom ! Cependant, cela ne se construit pas tout seul. Puis-je récupérer le parchemin, et aller à Nami, où mes parents pourraient m’apporter leur aide ?

- Edo Furyou, hein … se murmurait-il, se promettant d’amasser autant d’informations que possible sur ces étranges êtres qui ont fait trembler le monde Shinobi à une « lointaine » - pas si lointaine, à bien réfléchir – époque ! Soit, tes règles !

Le petit scientifique ne pouvait pas laisser passer une telle chance. Et encore moins cracher sur le fait d’obtenir un laboratoire à Mizu no Kuni, terre de brumes et de plantes et de maladies tout aussi étranges les unes des autres ! Difficile de négocier de toute façon, car il manquait de force de frappe ou de charisme pour tenir tête à cet homme ! Il était également bien trop excité pour paraître l’enfant embêté et non content.

Il était heureux. Très heureux, à vrai dire.

- En plus, j’ai récupéré une mangrove mystérieuse lors d’une mission avec Kurasa ! Je pourrais aussi l’étudier et analyser le poison qu’elle distille dans l’air, éloignant toute forme de vie !

La fameuse mangrove aurait dû être détruite selon les ordres de Kurasa. Au lieu de cela, il l’avait conservé amoureusement dans un parchemin. Cependant, et c’était le risque malheureusement, il craignait qu’elle ait pu fanée ou être détruite dans cette dimension parallèle inconnue. Pourrait-elle toujours diffuser son odeur de rance ? Pourrait-elle à nouveau faire cracher du sang des poumons des hommes et femmes ?

- J’accepte ! Mais toujours à la condition de me laisser étudier ce que je veux ! Et je pourrais aider ou pas la bande de mercenaires qui s’est occupée de moi ? Mine de rien, ils peuvent apporter des informations scientifiques intéressantes !

C’était, finalement, lors d’une mission avec cette « bande » qu’il avait obtenu sa fameuse mangrove ! Autant continuer à profiter de leurs services, quitta à se faire encore un peu mal ou à courir, ou à risquer sa vie. Il commençait à en avoir l’habitude.

- Il faudra payer la bande de mercenaires, ils se sont occupés de moi ! disait-il.

Dans le fond, il avait une part de conscience. A imaginer mille tests sur eux en saupoudrant ou intégrant l’originale mixture dans leur repas ou boisson ! Il pouvait tout de même les remercier avec une petite rémunération en supplément, et surtout punir l’autre Brute de l’avoir autant abandonner ! Voilà sa pensée, au petit bonhomme.

- Bah oui que je continue mes entrainements au quotidien, voire même plus. Regardes ces muscles, disait-il en montrant ses petits bras.

Certes, cela n’était pas équivalent aux muscles d’Hiro ou de Goren, mais il n’était pas non plus une sardine. Il était en bonne voie d’être un bon combattant au corps-à-corps !

- Je cours plus vite, et même sur les arbres ou l’eau ! On se fait une course, que je serais le premier ! promit-il, extrêmement sur de lui ! Je grimperai cet arbre plus vite que toi !

Spoiler:

Le petit homme n’était plus étonné par les « basiques » même de la maîtrise du chakra comme la création de clones. Kiseki avait analysé avec beaucoup d’intérêt ces derniers pour en conclure que c’était avant tout une massa chakratique parcouru par un élément ou un « mixte » d’éléments. Dû à cette composition - qui n’égalait nullement la solidité de chair et de sang de l’humain – ils se détruisaient bien vite.

« Mais ils gardent, durant ce court laps de temps, toutes les compétences des originaux. Si ces derniers sont à l’abri, ils peuvent contrôler davantage leurs clones. S’ils sont occupés, les clones sont livrés à eux-mêmes et agissent selon un schéma prévisible inspiré de l’original » se disait-il, se ressassant son « propre » cours sur le « chakra ». Effectivement, il étudiait avec grand intérêt ce point-là, cherchant à comprendre comment l’anéantir ou le détruire, ou l’aspirer même.

- Comment ça, tous les coups sont permis ? Vous êtes tous énervants ! se plaignit-il presque aussitôt. En effet, pourquoi personne ne se limitait à simplement à « courir » ? Pourquoi fallait-il y mêler cette histoire de chakra, et de pouvoir spécial ou encore de spécialité. Bien, commençons !

Sans plus attendre, il fonça tout droit vers le but. En effet, tous les coups étaient permis et le signal avait donné sous le mot « commençons ». Il n’était pas très fier, mais il était assez malin pour comprendre qu’en jouant avec les règles, il allait perdre contre le Golem de pierre. Cependant, au fur et à mesure de sa course, il comprit qu’il perdrait du terrain.

Il ne tarda pas à invoquer un petit Kunai, qu’il n’hésiterait pas à faire glisser sur la peau du clone. Malheureusement, après l’avoir fait, il assista à l’inefficacité de son produit. Il se rappelait de la résistance exceptionnelle de son « patron » aux poisons. Il soupira, et assista donc au devancement de son coéquipier.

« Je n’ai pas le choix ! ».

Il concentra le chakra sous ses pieds pour donner une soudaine et forte impulsion qui le transporta à plusieurs mètres en moins d’une seconde. Il répéta l’action, en déposant ou éparpillant plusieurs parchemins derrière lui – comme des fleurs de cerisiers à vrai dire. Sans tarder, il activa le tout et une multitude d’explosions eurent lieu sur son sillage.

Persuadé de sa réussite, il ralentit un tantinet l’allure pour la moyenne, tentant maladroitement de reprendre son souffle. En effet, la dépense de chakra avait diminué grandement sa vitesse, l’amenant à une allure moyenne d’un civil. Ce n’était pas catastrophique, mais ce n’était pas formidable non plus !

Dans sa vie, il s’était pris des claques, des coups de pieds et des coups de poings mais jamais, ô grand jamais, aussi douloureuse que celle qu’il se prenait aujourd’hui. A bien réfléchir, s’il additionnait tous les coups encaissés depuis petit, cela ne serait guère équivalent à la force du Golem de Pierre. Autant dire, pendant quelques minutes – de très longues minutes – il ne savait où il était, qui il était, ce qu’il faisait, et ce qu’il se passait ! Tout n’était plus qu’un monde de couleurs et de formes flous, de sons et d’odeurs inconnus et son corps dérivait sans savoir s’il posait pied sur le tronc, ou dans le vide. Autant dire, perdu qu’il était, il se rendait à peine compte qu’il tombait dans le vide … Par contre, le craquellement de ses os lorsqu’il toucha le sol le ramena bien vite à la réalité.

- ARGH ! hurla-t-il, inconsciemment, et par réflexe humaine.

En bon médecin, il ne tarda pas à tenter de mettre une main sur son sac non loin. Peine perdue, c’était impossible qu’il bouge. Il comprit dès lors une de ses premières faiblesses : ses sceaux étaient toujours bien trop loin. Il fallait qu’il les ait près de lui …. Ou plutôt « sur » lui. A plusieurs reprises, il avait vu les hommes et femmes maniant le sceau s’en tatouer une quantité incroyable à même le corps. Il se promettait d’en faire. S’il n’avait pas fait jusqu’à maintenant, c’était qu’il n’était qu’un enfant qui raisonnait comme un enfant : quoi qu’il ait vu et malgré son éducation atypique, le monde était encore trop gentil et trop facile pour lui.

Malgré tout, telle une limace, il réussit à se traîner un peu sur ce sac, à sortir le parchemin qui lui permettra de mettre en place les premiers soins. Sans tarder, il l’applique là où les dégâts lui semblent le plus important soit le haut du corps, et le visage. Si l’enflamment du visage se calma bien vite, ce ne fut guère le cas pour les os. Leur « guérison » arrachait des grognements de douleur au jeune homme.

« Il faudrait que je développe de meilleures techniques de soins » se disait-il, et il se promit : à partir de ce jour, il allait arrêter de maîtriser les voies de guérison, et s’y pencher sérieusement pour pouvoir se guérir en cas d’événement de ce genre. Plus important, peut-être qu’un jour, il tombera sur plus fort que lui en médecine. Il avait tout intérêt à prendre les devants !

Lorsqu’il se releva au bout d’une demi-heure, entièrement guéri, il lança un regard noir à Goren.

- Je vais te dépasser ! promit-il.