Une nouvelle journée se levait sur les montagnes de Kaze no Kuni.
Le soleil brillait d'une lumière éclatante, éblouissant toujours plus ceux qui osait aventurer leur regard sur celui-ci. Malgré toutes les années qu'ils avaient passés au sein de cette région, la communauté Gogyou avait ses réfractaires à ce genre de climat. Jamais ils n'avaient songé à se séparer, au grand jamais, mais pourquoi ne pas penser à reprendre la route de nouveau pour chercher un espace de vie plus clément ? Les jeunes supportaient davantage que les aînés cette température, alors que les vieillards ne cessaient jamais de ronchonner et de pester face à tout ce sable. Pourtant, ils étaient bien contents de profiter de la sécurité dans laquelle ils vivaient depuis qu'ils s'étaient installés dans ces hauteurs. Le lac Kaze, lorsqu'il était vide de fréquentation, offrait un cadre superbe, tout autant que l'oasis situé sur l'autre flanc des montagnes.

Comme à son habitude, Ether squattait au temple parmi les moines du vent.
Discrètement cachée au-dessus des piliers de l'entrée du site sacré, elle guettait le touriste.
Une journée n'était jamais bonne si elle ne commençait pas par une blague. Et c'était l'heure de la bêtise. La jeune femme faisait toujours preuve d'une impressionnante patience lorsqu'il s'agissait de trouver quelqu'un avec qui s'amuser. Consciente qu'elle ne devait pas être vue, le divertissement se faisait à sens unique. Jamais elle n'avait adressée la parole à un étranger à son clan - hormis les moines - ou ne s'était montrée à l'un d'eux. Elle ne connaissait pas l'échange qu'était une conversation avec un inconnu. Sachant qu'à ses yeux, ces religieux en toge étaient autant membres de sa famille que cette dernière elle-même, ils n'étaient plus des étrangers depuis bien longtemps. Et c'était de ça dont elle avait besoin; voir de nouvelles têtes, et éventuellement rencontrer des gens de son âge.
Au sein de sa tribu, elle était la seule de cette génération. A sa naissance, beaucoup avait péri lors des accouchements ou au cours de fausses couches. Nombreuses avaient été les femmes qui avaient été tuées lors de leurs nombreuses fuites, mortes en couches ou bien trop malmenées pour que l'enfant vive ou voit le jour tout simplement. Dû à sa condition d'élémentaire de vent, Ether n'avait eu presque aucun mal à sortir, et n'avait heureusement pas tué sa mère au passage. Au final, les enfants de l'époque n'en était plus à présent, et ceux qui étaient nés depuis leur sédentarisation temporaire avaient moins de la moitié de son âge. Ce qui ne l'empêchait pas de jouer avec eux pour autant, les faisant voler à quelques centimètres du sol, leur lançant des charades et autres devinettes à répétitions, ou tout simplement faire des parties de cartes. Malheureusement, parmi les jeunes enfants, il n'y avait aucun élémentaire comme elle. Au total, au sein de leur communauté, ils n'étaient que trois à posséder ce don. Son père Hélios, l'aîné Alecto et elle-même. C'était peu, bien trop peu. Mais cela leur permettait de ne pas se faire repérer trop facilement, ce qui était un atout non négligeable !

"Ether, Ether, Ether, tu nous r'fais un tour ?"

"Ouaiiiis, r'fais une tornade de vent !"

"Fais-moi flotteeer !"

Mais malgré ces enfants avec qui jouer, Ether s'ennuyait.
C'est pourquoi elle était perchée en hauteur, prête à emmêler les pieds du prochain touriste qui viendrait au temple. Les heures passèrent, et la jeune fille finit par s'endormir sur son support de pierre. Quand soudain, quelqu'un vint. Elle se redressa sans attendre et se tint prête à commettre son méfait, un sourire ravi sur le visage. Oh chouette, des gens avec qui jouer ! Pourtant, elle eut soudain un mauvais pressentiment. Ce n'était pas de simples touristes, elle ressentait du chakra en eux. Et merde pensa-t-elle. Il lui fallait se replier, car même si elle était d'une nature immensément joueuse, elle n'était pour autant imprudente. En toute discrétion, elle n'utilisa pas la moindre de ses capacités et s'extirpa de cette embrouille sans attendre. Elle attendit une dizaine de minutes derrière une colonne avant de s'enfuir par les montagnes escarpées. Ether ne prenait jamais le même chemin et faisait toujours quarante mille détours pour éviter d'être suivie. Mais cette fois-ci, elle ne voulut pas rentrer. Elle n'avait joué de tours à personne, comment cela pouvait-il être une bonne journée ?!
La gamine, frustrée, décida de faire finalement demi-tour et de se diriger vers le village le plus proche, en l'occurrence, Tsuyu Hana. Dès l'instant où elle quitta les montagnes, elle cessa d'utiliser ses capacités pour éviter d'attirer l'attention. Ce qui ne l'empêcha pas de gambader d'un pas léger à travers le désert, sifflotant des chansons apprises dans des livres et entendues ensuite sur les routes. Elle risquait moins sa vie dans les petits villages isolés que les grandes villes. Avec un peu de chance, peut-être qu'il y aurait un restaurant qui feront des gnocchis !

Revigorée par la simple idée de manger des pâtes et de jouer avec des gens, elle accéléra le pas et chanta avec davantage d'enthousiasme.

"... Le ninja de Suna se lave pas, comme celui de Konohaaaa !
... Et celui de Kumo, est gros coooomme uuun caaachaaalooooot !"

J'étais en planque depuis quelque jours déjà dans une chambre d'hôtel dont la fenêtre donnait directement face à la résidence de ma cible. Il s'agissait de Toryuchi Rikumo, un homme supposé impliqué dans un trafique des prostituées qui sévissait depuis maintenant plusieurs mois dans la région. Jusque là nous n'avions guère prit la peine de nous interposer dans ce genre d'affaires restant au demeurant mineur et sans incidence. Malheureusement depuis peu ce dernier s'étendait de plus en plus jusqu'à lorgner non loin des murs de la capitale. A partir de là, nous ne pouvions plus permettre à cette gangrène de se propager davantage. J'étais dès lors chargée d'enquêter sur ce réseau afin d'y mettre en terme. Ce que j'y avais découvert fut plus grave que je l'imaginai. Il n'était pas uniquement question de proxénétisme, mais bel et bien d'esclavagisme. Des femmes venues de divers régions du continent étaient acheminées par conteneur depuis la capitale portuaire comme de vulgaires marchandises puis étaient revendues aux plus offrants. On trouvait de tout parmi la clientèle. De riche bourgeois aux nobles, en passant par les hommes importants et politiciens. Démarquer et interpeller ces derniers serait une autre histoire, une autre mission.

Pour l'heure je devais m'attaquer au cœur du problème, à savoir cet homme qui se pavanait dans sa richissimes demeure rempli de gardes. Depuis le début mon objectif avait été de rassembler les preuves contre-lui ce qui ne fut pas difficile. Je n'avais eu qu'à le suivre jusqu'à un lieu de rendez-vous pour filmer la scène et enregistrer le tout à l'aide de ma caméra. A présent il ne me restait plus qu'à l'interpeller, cependant je savais que ce ne serais pas une mince à faire et que ses gardes me tomberaient certainement dessus tandis qu'il prendrait la fuite. Aussi attendais-je simplement mon heure, tranquillement accoudée contre le rebord de ma fenêtre, lunettes de soleil posées sur le nez, un verre de jus de fruit dans la main, j'observais docilement la demeure en contre-bas, usant de mes facultés sensorielles pour suivre les déplacements de ma cible à l'intérieur. Nous approchions bientôt de la fin de journée. Le soleil déteignait progressivement sur l'horizon lointaine, embrasant l'ouest dans un halo de couleurs d'ambres, d'ocres et d'ors. A mesure que l'astre diurne déclinait la vie commençait progressivement à s'agiter dans cette petite ville. Loin de l’incandescence ardente des rayons de la journée les étables commençaient à prendre place le long des marchers. Les habitants étaient de plus en plus nombreux à circuler dans les ruelles. Il m'arrivait parfois d'entendre les grognements de deux chiens en train de se battre quelque part dans le quartier voisin.

L'air restait toujours aussi chaud. Il faudrait encore attendre quelques heures avant qu'il ne se rafraîchisse afin de nous présenter une température plus abordable. Moi j'attendais patiemment l'avènement de la nuit. C'était à partir de là que ma mission pourrait reprendre et avec un peu de chance s'accomplir une bonne fois pour toute. Et ce ne fut un temps plus tard que je vis ma cible sortir de sa demeure escorté par deux hommes. J'eus un sourire narquois, satisfaite qu'il daigne enfin s'offrir à moi. Je rabattais le capuchon de mon gilet sur ma tête et caressai discrètement la cross des pistolets docilement ranger dans les holsters attachés à mes cuisses avant de me mettre en route. Je gardais une bonne dizaine de mettre de distance avec ma cible afin de la suivre en filature. Cette dernière se dirigeait avers le centre ville. Je ne pressai guère le pas, prenant le temps de me mêler à la foule. Les systèmes de traçages intégrés dans mes lunettes de soleil me permettait de ne pas le perdre de vue. Petit à petit je me rapprochai de lui. En l'ayant analysé sa façon de procéder durant des heures je pouvais dors et déjà affirmer qu'il ne se rendrait pas sans opposer de résistance ou tenter de fuir. Afin d'éviter tout débordement je n'avais d'autres choix que de tenter de l'atteindre par surprise.

Je n'étais désormais plus qu'à deux pas dans leurs dos, la foule était de plus en plus abondante, même à cette distance je ne pouvais facilement éveiller les soupçons. Alors, discrètement, je lançai vers l'avant un mini explosif uniquement destiné à attirer l'attention. Je plongeai la main dans ma sacoche pour en ressortir un petit disque métallique crochu qui n'était autre qu'un dispositif de taser. Au moment de l'explosion, j'appliquai ce dernier sur la nuque d'un des gardes, qui s'effondra au sol dans une série de spasmes. Le bruit de la détonation parvint à couvrir celui de l'homme à terre. La foule s'écarta alors devant la scène. Le deuxième garde se retourna brusquement. Avant qu'il n'ait le temps de réagir j'empoignai son bras pour le maintenir et lui administrait aussitôt un croché du droit. Le coup fut suffisant pour le sonner, mais pas pour le mettre à terre. Ce n'était pas vraiment dans mon habitude d'agir aussi directement. Sans doute manquais-je de patience, où peut-être cherchais-je une occasion de me défouler sur quelque chose. C'était irresponsable et dangereux, j'en avais confiance. Mais sans savoir pourquoi je trouvais cela gratifiant. J'avais oublié à quel point il était agréable de se sentir forte.

Toryuchi se retourna à son tour. Il m'adressa un regard désarçonné qui ne suffit pas à traverser l'opacité des mes lunettes de soleil. Je lui répondis d'un sourire narquois. Le trafiquant eut le réflexe de bondir en arrière et de se saisir d'une jeune femme visiblement assez distraite pour ne pas se rendre compte de la situation. Elle avait une peau mate propre au habitant du désert, ainsi que des cheveux dors qui n'était pas sans évoquer le sable des dunes. Il sorti d'une dague pour la placer sous la gorge de la demoiselle. Moi j'avais déjà dégainai Ivory et pointait son canon dans sa direction. La foule se mit à fuir tout en criant. Je n'étais qu'à deux-mètres de lui. Il m'était impossible de rater mon tire. Il était impossible qu'il lui tranche la gorge à temps.

-Vous semblez plutôt rapide. Cependant la justice à finit par vous rattraper. Allez-vous accepter de vous rendre sagement ?

Toryuchi serra les dents. Ses yeux d'ébènes me foudroyèrent de défit. Cette fois-ci je ne souriais plus. Mon expression était froide et implacable.

-Soit. Je vous ai laissé votre chance...

J'armai mon arme, prête à faire feu...

"... Feuille, petite feuille.
Que veux-tu ? Voler, je peux te faire vibrer.
Vers d'autres horizons, je peux t'emmener... Feuille, petite... J'ai faim tiens.", fit Ether à elle-même.

Elle avait envie de gnocchis !
Le soleil tapait sur ses épaules heureusement protégées par son écharpe en toile usée. Elle possédait ce tissu depuis tant d'années, qu'elle était incapable de se souvenir où elle avait bien pu l'obtenir. Mais qu'importe, le principal était qu'elle était d'une utilité incomparable. La jeune femme marchait depuis déjà plusieurs heures. La chaleur se faisait encore plus insistante depuis qu'elle avait décidé, par sécurité, de quitter le lit de la rivière. Elle traversait une longue étendue de sable. Si Tsuyu Hana était sûrement à égale distance de son camp que l'était Suna, la première destination était plus assurée d'être sans risque que la seconde. Si la demoiselle continuait le chemin à pied, elle risquait fort d'y être encore dans trois jours. Bien décidée à manger des gnocchis et trouver quelqu'un avec qui jouer ou apprendre des trucs sympas, elle s'évapora dans la seconde pour se laisser porter par le vent. Wuhuuuu ! La gamine tourbillonnait, faisait des cabrioles et fredonnait toujours. A cette allure, elle pourrait éventuellement avoir l'après-midi pour se promener et visiter les lieux. Puis manger et JOUER !
Si son pouvoir était en soi une tare pour certains, jamais Ether ne l'avait regretté. Être aussi légère que l'air, glisser parmi la fraîche brise du matin... Comment pouvait-t-on vouloir se débarrasser d'un tel don ? C'était la meilleure chose qui pouvait lui être arrivée. Et il s'en était passé des choses depuis sa naissance... Mais oublions ! Le plus important est de s'amuseeeer ! L'élémentaire faisait partie de ces gens qui, malgré après avoir vu les cadavres de ceux qu'elle aimait, de voir disparaître petit à petit des gens qu'elle avait côtoyé une partie de sa jeunesse, choisissait d'occulter ces souvenirs. Elle n'oubliait pas, mais faisait tout comme. C'était pourquoi elle était aussi innocente, aussi candide. De cette manière, elle avait l'impression que tout allait bien, qu'elle était autant en droit de vivre parmi les autres que ces derniers eux-mêmes. Si elle était ignorante sur bien des choses de la vie quotidienne - ses lacunes sociales étaient relativement... grandes - elle n'était pas idiote pour autant. Elle en donnait seulement l'impression par sa crédulité exacerbée. Mais elle n'en restait pas pour autant incroyablement agaçante par moment. Jouer, jouer... Elle ne pensait qu'à ça, ainsi qu'à ses satanées charades. Puis le Uno, AH ce Uno ! N'ayant jamais été réellement en contact avec quelqu'un de son âge, elle était resté au stade social de l'enfant qui cherche seulement un compagnon de jeu.

Ce ne fut qu'en milieu d'après-midi qu'elle arriva enfin à la ville civile.
Bien entendu, elle finit le chemin à pied pour ne pas éveiller les soupçons. Houlà, mais avec l'heure qu'il était, elle ne rentrerait pas avant la nuit! Ou alors, il lui fallait repartir tout de suite... Oui mais non, elle n'avait encore rien grignoté, et puis, il y avait tellement de choses à voir avant de partir et... peut-être que quelqu'un voudrait bien faire un Uno avec elle. Consciente qu'elle ne devait pas se comporter de manière trop louche, elle fit de son mieux pour paraître normale, ou tout du moins, ressembler à une simple touriste en vadrouille. Mmh, mais il serait plus raisonnable de repartir, ses parents allaient s'inquiéter si elle ne revenait pas avant la nuit. C'était la règle... Oui mais les règles sont pas drôles, et sont surtout faites pour être brisées ! Bien sûr qu'elle ne voulait pas causer de peine à sa famille, mais ce n'était pas une vie de rester dans ces montagnes. Elle voulait découvrir le monde, voir les gens danser, les écouter parler, les observer pêcher, courir, sauter !
Ce fut avec un visage émerveillé qu'elle arpenta les rues de Tsuyu, s'arrêtant à la moindre échoppe, demandant qu'étaient ce fruit et ce légume, et cette tapisserie, c'est une carte ? Et ça là, c'est quoi, un gros poisson ? OH, et ça, ça se mange, ça s'avale, on peut jouer avec ? Et puis, et puis, vous avez des gnocchis ? Hé dites, pourquoi ce monsieur a pas de tee-sirt ? Et cette dame, elle est pas beaucoup habillée. Ah mais il fait chaud, c'est normal ! ... Elle travaille ? Elle travaille dans l'attente ? Attendre, c'est un métier ? Ah, ah bon. Bon ben cool alors ! ... C'est une bonne situation "attendre" ? Y'a pas de bonne ou de mauvaise situation vous dites ? Ah, d'accord. Bon, bah je vais y penser alors, merciiii !
Ether ne savait plus où donner de la tête tant elle voyait de choses. Elle volait d'échoppes en échoppes - c'est une image hein, elle marchait juste en sautillant - posant tout un tas de questions à tous les marchands, avant de parfois s'asseoir à l'entrée d'une ruelle, ou légèrement en hauteur, pour observer les passants. Ils étaient tous si différents, et pourtant, ils vivaient tous ensemble. Leur ressemblait-elle au moins un petit peu ? Personne ne l'avait arrêtée ou abordée, cela signifiait donc qu'elle ne semblait pas être un danger à leurs yeux. Mais... C'est génial ! Et si elle allait demander à ce petit garçon si il voulait jouer au Uno ? Elle descendit de son piédestal et sautilla jusqu'au garçon, avant de s'agenouiller, un grand sourire chaleureux et amusé sur le visage.

"Hé petit, tu veux jouer au Uno ?
Mais avant... Mon premier est une partie du corps, mon second n'est pas épais.
Et mon tout est un animal marin ! Elle est très facile !"

Le petit garçon la regarda, légèrement effrayé.
Dans les secondes qui suivirent, une femme accourut, s'empara de l'enfant et lui envoya en plein visage des avertissements. Ether fut assez surprise d'une telle réaction. Ne touchez pas à mon fils ? ... Mais, je veux juste faire une partie de cartes avec lui, c'est marrant, non ? ... Non ? Pourquoi criait-elle ? Sa devinette était-elle trop dure ? Ether ne comprenait pas. Quel était le problème ? Je... Oui, oui d'accord. Je ne jouerais pas avec lui. Et la dame partit, scandalisée. L'avait-elle prise pour une voleuse ? Personne ne vole les enfants, ça se fait pas. Et puis... A quoi ça sert ? Cet évènement n'était pas suffisant pour lui faire prendre conscience que ce n'était pas ainsi que l'on abordait les gens, et que, si, les vols d'enfants existaient. Légèrement perturbée par ce qui venait seulement de se passer, elle regarda partir durant quelques secondes le duo d'humains, interrogative. Avant de finalement rapidement oublier pour continuer sa visite effrénée. Elle entrait dans les magasins, touchait à tout, reposait tout, harcelait de questions, puis se jetait chez le suivant pour refaire exactement la même chose. Ce n'est que lorsque une envoûtante odeur vint lui chatouiller les narines, que son estomac se mit soudainement à crier famine. Gnocchiiiiis... Ether, un sourire jubilatoire sur le visage, trottina en sifflotant, reniflant avec avidité. Elle se faufila à travers les rues, fouillant et cherchant. Après quelques minutes de recherches acharnées, elle découvrit enfin la source de cette entêtante effluve. La nuit était tombée et le monde affluait dans les rues. Des gens étaient déjà attablés, se régalant de leur repas. Mais... Qu'est-ce qu'ils mangeaient ? Ce n'était pas des gnocchis. Alors quoi ? Intriguée, la demoiselle voulut entrer découvrir ce nouveau met.

Trop occupée à écouter la voix de la curiosité couplée à celle de la faim qui tiraillait son organe digestif, l'élémentaire n'entendit aucunement les bruits d'explosions non loin de sa position. Des cris, puis une bousculade et... HEEEEEEEE ! Non, non, j'ai faim, laisses-moi goûteeeeer, c'est si près et pourtant si loin... Ether voulut se retourner, mais un objet coupant vint se poser contre sa gorge et elle s'immobilisa par réflexe. Il voulait jouer à "touches-moi si tu peux" ? Oh oui, elle adorait ce jeu ! Ah mais non, elle était en public, elle ne pouvait pas rendre sa gorge venteuse, ça éveillerait tout de suite les soupçons. Et si elle disait qu'elle maîtrisait le ninjutsu affinité vent ? Mh, non, trop risqué. Que voulait ce monsieur ? La tuer, pour quoi faire ? Que lui avait-elle fait ? Elle ne faisait que se promener, personne n'avait été blessé par sa présence !
La demoiselle n'avait jamais vu ou vécu une prise d'otages, elle ne comprenait donc absolument pas ce qu'il se passait. Mais lorsqu'elle vit une femme débouler de nulle part, un pistolet pointé dans sa direction, Ether comprit encore moins ce qu'elle vivait. Pourtant, pas un instant elle ne s'affola. Elle se contentait seulement de regarder la nouvelle venue, puis le monsieur qui la tenait, avant de faire un grand sourire. C'était assurément le jeu dont ses parents lui parlaient depuis qu'elle était petite ! Un mélange de "touches-moi si tu peux" et "essaies seulement de m'attraper" ! Concrètement, c'était le nom que sa famille avait donné à leur fuite, pour que Ether ait la sensation de jouer et non d'être en constant danger de mort. Sauf que, à force de vouloir tout lui aseptiser, l'élémentaire avait parfois du mal à différencier le vrai du faux. La justice avait finit par rattraper le monsieur et il devait se rendre ? Oh oh, une pièce de théâtre en plein air ! Elle en avait fait pleins avec ses petits camarades marmots. ça signifiait donc qu'ils étaient en pleine répétition. Trop bien !

"Bonsoir ! C'est un jeu alors ?
Moi aussi j'peux j..."

Le trafiquant, surpris qu'elle ouvre sa bouche, ramena davantage la lame contre sa gorge, jusqu'à légèrement l'entailler. Aouch, hé mais ça fait mal ! Ether comprit enfin que tout ça n'avait rien d'un jeu. Elle se devait d'être sérieuse au moins rien qu'une fois. Toujours enthousiaste, elle fit un sourire à la femme qui les tenait en joue, avant de finalement s'adresser au méchant monsieur qui l'avait à peine égratigné.

"Mon premier se fait avec les pieds. Mon second est une boisson chaude. Mon troisième est une sorte d'acarien. Et mon tout est ce que tu es."

Profitant de l'incrédulité de l'homme, ainsi que de sa taille plus élevée que la sienne, elle écrasa d'abord son pied, lui arrachant un misérable petit cri, et lui donna ensuite un coup de boule avec l'arrière de son crâne. Puis en s'accroupissant, elle le déstabilisa d'un glissement de jambe avant de tranquillement se relever. Elle récupéra le couteau et posa un pied sur le criminel des rues.

"Perdu ! La réponse était pathétique.", lui lança-t-elle en riant.
"Elle était simple pourtant !"

Elle lui donna finalement un coup de poing pour l'assommer.
Saignant toujours très légèrement, elle récupéra un morceau de bandage d'une de ses mains et l'enroula autour de son cou. Se souvenant soudainement de la présence de cette inconnue, elle se retourna vers elle. Si il semblait qu'elles étaient de la même corpulence, "la femme au pistolet" était tout de même vachement plus baraquée qu'elle. Woaaah, les bras ! Ses vêtements lui donnait un air hyper classe, limite commando. En revanche... Pourquoi porter des lunettes de soleil quand il fait nuit ? Ether l'observa de son air de curieuse, les yeux grands ouverts, toujours ce grand sourire d'enfant sur les lèvres.

"Oh, t'as trop la classe ! ... Vous avez trop la classe ?
Hé ! ... Pourquoi t'as des lunettes de soleil avec cette lune ? Elle éclaire trop ?
Tu veux jouer au Uno et manger des Gnocchis ? ... Ou juste manger des gnocchis ?
Tu sais ce que c'est qu'ils font dans cette assiette qui sent bon ? ... Euh, désolée. Bonjour ? Bonsoir ? Sa... lut ?", finit-elle sur un ton gêné.

Toujours très active, Ether se rendit doucement compte qu'avec son comportement, elle semblait ennuyer son interlocutrice. Houlà, elle avait pas l'air très commode... Peut-être qu'un simple merci lui suffirait ? Oui mais... C'était la première fois qu'elle parlait à quelqu'un. Elle voulait continuer, apprendre à communiquer avec les gens, et elle avait déjà commencé à parler avec celle là ! N'était-ce pas ainsi que l'on débutait une conversation ?

"Meeer... ci ?
Tu veux, vous voulez de l'aide pour tous les porter, ou tirer, je ne sais pas ?", dit-elle en pointant également les gardes au fond.
"Non pas que vous n'ayez pas l'air de pouvoir les porter toute seule hein ! Non, non ! Vous avez de sacrés bras et... Non c'est pas ce que je voulais dire...
J'peux recommencer ? ... Bonjouuur ?"

Mais en fait, c'était hyper dur de parler aux gens !
C'était plus facile de s'imaginer des conversations dans sa tête ou d'observer les autres le faire...

Cette petite savait étonnement se battre. J'étais la première surprise. Celle-ci avait certainement reçu un entraînement pour devenir Kunoichi et ce malgré son apparente et profonde insouciance. Parvenue à se déjouer de son agresseur, mettant ainsi par l'occasion ma cible hors service la jeune femme déblatérai désormais une suite de propos sans queue ni tête. Elle ne tenait visiblement pas en place en plus d'avoir la maturité d'une enfant de cinq ans. Je me demandai même un instant si elle n'était pas autiste. Toujours fut-il qu'en retour de réponse elle n'eut qu'une expression imperméable à toute émotion. Ceci étant j'étais en mission et je ne pouvais me permettre de me laisser distraire par ce genre de détail insignifiant.

-Tu ne devrais pas rester. C'est dangereux ici.

Des paroles qui sonnèrent creux. Au vu de son comportement elle n'en aurait cure. Cela valait seulement la peine d'essayer. Je rabaissai mon arme avant de me rapprocher du corps inerte de Toryuchi. Prête à le porter pour le ramener à qui de droit, à savoir les gardes de la prison d'Odaichi, je fus cependant interrompue par un léger bip sonore provenant des détecteurs implanté dans mes lunettes de soleil. Cela venait de derrière-moi. Sitôt, je me précipitai sur la gamine pour nous faire tomber sur le côté. Un éclaire fila juste au dessus de ma tête manquant de nous griller sur place. A peine retombée je m'empressai de rouler sur moi-même de sorte à pouvoir pointer mon arme en direction du point de départ de l'attaque. L'un des gardes s'était relevé sans mal. Le fait que mon coup n'était pas réussi l'assommer s'expliquait désormais de lui-même. Analysant le corps de mon ennemi, mes indicateurs relevèrent la présence de chakra dans son corps. Il s'agissait d'un shinobi sûrement doté de faculté sensorielles pour avoir été capable de se soustraire à ma vigilance.

Sans plus attendre je pressai sur la détente à deux reprises, laissant les balles filer hors du canon dans une suite de bruits de détonations semblables à des coups de tonnerres. Il usa une nouvelle fois de son affinité raiton, créant un chant magnétique pour stopper les projectiles avant qu'ils ne l'atteignent. Un bref regard autour de nous me permit de combattre que la rue était désormais déserte. Tant mieux pour moi, même s'il y avait encore cette gamine à mes côtés que j'allais devoir protéger. Aussi fis-je de nouveau feu, vidant les trois autres balles de leur chargeur. Ceci n'ayant que pour but de l’acculer sans lui laisser le temps de riposter. Je voulais également attirer l'attention sur-moi de sorte à ce qu'il ne s’empenne pas à l'autre petite.

-Casse-toi ! Grondais-je à l'encontre de celle-ci.

La protéger et combattre en même temps était une tâche considérablement plus ardu que si je devais affronter mon ennemi seule en face à face. D'un simple clignement d'yeux j'activai mes autres systèmes d'analyse de sorte à pouvoir anticiper sa prochaine attaque. Un nouvelle éclaire fila, mais je le vis venir longtemps à l'avance. J'effectuai un salto sur le côté tout en dégainant ma deuxième arme. Deux nouveaux coup partirent sans apporter davantage d'effet. Le raiton était vraiment une affinité gênante pour les Saibogu.

L'autre gamine continuait son petit manège. Elle n'en faisait qu'à sa tête et n'écoutait pas ce que je lui disais. Pis encore, elle se m'était désormais sciemment en danger sans réaliser qu'elle pouvait être gravement blessée. Grimpant au-dessus d'une bâtisse elle espérait certainement faire diversion pour me laisser le champ libre. C'était tout à son honneur, sauf qu'une part de ma responsabilité impliquait sa sécurité et je ne pouvais pas permettre qu'il lui arrive quelque chose. Hors la situation devenait de plus en plus intense. Les nombreux éclaires qui formait l'armure raiton du garde étaient de plus en plus intense, cela pouvait se sentir et se voir. Le sable à ses pieds commençait à se transformer en plaque de verre éparse en raison de la chaleur. Cette fois-ci, sans qu'il n'eut à lever la main dans ma direction ce fut plusieurs jet de foudre qui convergèrent dans ma direction. Mon équipement étant toujours actif je parvins à en esquiver une partie, mais fut brûlée par une attaque qui frappa mon épaule de plein fouet.

Le cuir de ma veste servit d'isolant pour absorber une partie du choc qui se retrouva brûler à l'endroit et sur les pourtours de l'impacte. Je fus éjecté en arrière, roulai par terre et me rattrapais en posant un genou à terre. Mes muscles étaient engourdis par l'électricité si bien qu'il ne me serait pas possible d'esquiver le prochain assaut. De son côté l'autre gamine continuait de faire ses pitreries. Elle ne comprenait pas qu'une diversion aussi évidente ne suffisait pas pour leurrer un shinobi expérimenté. Je serrais les dents, m'efforçant d'analyser la situation avec calme pour le peu de temps qui me restait avant que notre ennemi ne réplique. Je fis circuler mon propre chakra raiton dans mon corps afin de palier à l'engourdissement de mes muscles puis détacher un des modules attachés à mon poignet pour l'envoyer sur le garde.

Ce fut précisément à cet instant que son ultime assaut survint. Une vague d'éclaires se répandit autour de lui pour se diviser en deux parties et fondre sur nous. A en juger par son expression facial il semblait à bout. Cela ne m'étonnait guère, comprendre avec une telle intensité consommait forcément une quantité phénoménale d'énergie. Mais il venait de signer son arrêt de mort. Le dispositif que je venais de lancer tomba au milieu de vague et aspira littéralement cette dernière jusqu'à la faire disparaître. Durant un court laps temps aussi bref que le battement d'aile d'un faucon, l'homme se retrouva à « nu », sans la moindre protection contre mes attaques. Et je ne le fis guère attendre. Le canon de mon arme était déjà pointé dans sa direction. Nous étions à moins d'une vingtaine de mètre l'un de l'autre. Je ne pris pas vraiment le temps de viser, mon geste était plus qu'instinctif. Une pression sur la détente et la balle partie pour venir lui perforer le crâne. Il mourut sur le coup, laissant dans sa chute quelques gerbes de sang et de cervelles filer par ce trou qu'avait tracé le projectile.

Je restai complètement stoïque devant cette mise en scène morbide. Sans prendre la peine de soupirer, je laissai mes muscles se relâcher un peu ce qui ne m'empêchait pas de rester sur le qui-vive, m'attendant à ce que de nouveaux danger surgissent d'entre les ruelles. Mon regard balaya les environs et je satisfaites de constater qu'il n'en était rien. La place principal était toujours déserte. Désormais il n'y avait plus que moi et cette petite trouble fait. Avant d'aller à sa rencontre je me dépêchai de menotter ma cible, ainsi que le deuxième garde qui l'accompagnait sans oublier de sceller leur chakra. Cela fait j'allais me présenter face à la jeune femme qui me surplombait du haut de son perchoir. Le soleil détachait progressivement son voile de lumière pour laisser place à celui de la nuit. Il semblerait que mon intervention ait troublé les futurs festivités nocturnes, mais au moins le village n'aurait plus à redouter ce réseau criminel et pourrait vivre en paix.

-Puis-je savoir qui vous êtes ? Ne m'avez-vous pas entendu lorsque je vous ais dit de fuir ? Vous vous êtes mises inutilement en danger, un éclaire aurait tout aussi bien pu vous toucher et vous tuer sur le coup. La vie n'est pas un jeu et encore moins la mort.

Le ton de ma voix se faisait neutre, même si teinté malgré tout d'une teinte de reproche. Cette fille nous avait toutes les deux mises en danger. Toute cette histoire aurait pu mal tournée. Nous pouvions nous estimer chanceuse qu'aucun civile n'ait été impliqué dans cette affaire.

-Dites-moi également d'où est-ce que vous avez appris les arts Shinobi. Je suis de Suna et je ne vous ais jamais vu au village. Êtes-vous une errante ? D'où venez-vous ?

En ma qualité de Kunoichi du village caché du sable, il m'incombait d'en savoir davantage sur les utilisateurs du chakra non répertorié au sain de la nation du vent. Je tenais également à m'assurer que cette gamine ne soit plus une source d'ennui pour les autres.

Spoiler:

Un examen ! Un examen de ninja ! Vous vous rendez compte ? Ce serait super intéressant, moi qui ne suis jamais allé à l’académie, qui ais tout appris en famille, ça pourrait être très enrichissant que d’y participer. L’info avait été relayée dans le journal partout dans le monde, même à Mizu no Kuni ! En plus c’est Suna qui organise ça, semble-t-il. C’est là-bas que j’ai fais mes débuts d’aventure en plus, et là-bas que j’ai fais la rencontre de Nozomi puis du Shoraizen. Du coup forcement c’est un pays plutôt important pour moi. Le voyage débuta à Shu, une des petites villes portuaires de l’archipel, à destination de Tsuyu Hana, un village côtier de Kaze no Kuni. La dernière fois c’était à Odaichi, c’est bien ça change. Peut-être qu’un jour j’aurais fait tout le littéral du pays sableux.

Le voyage fut long. Très long. Trop long … Certes pour une telle distance, le prix n’était pas très élevé. Mais bordel qu’est-ce qu’on était mal installé ! Des sièges en bois, même pas d’accoudoir ni possibilité de se coucher. Une semaine à bord d’un navire marchant reconvertit à la va-vite en bateau de tourisme, même par beau temps, ça vous use les nerfs. Promis. Même le plus calme des moines aurait eu des envies de meurtres dès le début du voyage, si une mère de famille n’avait pas eu l’excellente idée d’occuper les esprits par la musique. Banjo, trompette, guitare et cymbales, de quoi nous faire passer pour une belle bande de rigolo partout où le vent emmènerait les sons.
C’est bien connu, le temps passe plus vite quand on s’amuse ! J’en ai même profitée pour apprendre quelques notes. Figurez-vous que c’est bien plus difficile qu’il n’y parait ! Ça fait mal aux doigts en plus parce qu’il faut pincer les cordes bien fort, ça évite les « bzouing » désagréables. Mais du coup, au bout de quelques minutes on a le bout des phalanges tout rouge et extra-sensible. Le propriétaire de l’instrument disait que c’était normal, qu’avec de l’entrainement ça allait se dissiper. Il est marrant lui, quand on regarde ses doigts on dirait qu’il a des croutes de peau à cet endroit, des cornes. Ça perd toute douceur lors d’une caresse …
Les repas aussi ! Ils manquaient cruellement de préparation ! Du saumon le matin, du saumon le midi et du saumon le soir. Avec si on a beaucoup de chance, un crabe ou une langouste péchée en chemin. De quoi se répéter en boucle au moment de fouler enfin le sol de Kaze no Kuni :

« Plus jamais … non plus jamais … »

Et bien entendu on recommencera, comme pour tout.
Enfin, sitôt arrivé nous descendîmes en vitesse, ne souhaitant que fuir ce bout de bois flottant à voile coute que coute. En ce qui me concerne j’avais tellement mal au dos que les sacs de riz d’un des marchands qui récupéraient ses marchandises, me parut aussi moelleux qu’un nuage. Me voilà en mode larve, un bras sur le visage pour me protéger les yeux du soleil. Incapable de bouger alors que le pauvre civil souhaitait récupérer son bien et retourner bosser.

« Ouais ouais … deux minutes s’il vous plait … »

C’est tout ce qu’il eut comme réponse. Pas très combatif le monsieur, il préféra continuer de décharger ses autres marchandises avant de revenir insister. Et là seulement je daignai me bouger le cul. Soyons sympa quand même, faudrait pas que sitôt arriver, je me fasse mettre dehors par les autorités.
Quelques minutes passèrent ensuite, durant lesquelles je cherchais un moyen de me rendre à Suna autrement qu’à pied. Il y a deux ans de ça, la traversée du désert avait été faite ainsi, et ce ne fut pas une des meilleures balades. Quand tout à coup, alors que j’achetai un tissu qui me permettrait de me couvrir les épaules et le crâne de ce soleil de plomb, des hurlements retentirent non loin. J’eus tout juste le temps de payer, qu’en quelques instants les rues se vidèrent. Merde alors … Attendez, des coups de feu ? Qu’est-ce qui se passe … Essayons d’en savoir plus sans attirer l’attention, la raison reste la même que pour les sacs de riz.
Le voile brun enroulé comme une écharpe sur toute la partie haute de mon corps, seuls mes yeux ressortaient. Mode incognito !

On s’approche en silence du lieu d’où semble provenir le vacarme explosif. A droite personne, à gauche personne, sur les toits peut-être ? Ah non attendez, il y a des voix un peu plus loin, dans la rue d’en-face. Sur la pointe des pieds, à défaut de connaitre des techniques de dissimulation efficaces, je vins me coller au mur perpendiculaire à la scène. Deux sons féminins brouillaient le silence des lieux. L’une devait être assez jeune, voire très jeune, l’autre était bien plus posée. Quoi qu’un peu sur les nerfs semble-t-il. En inclinant la tête légèrement, je pus voir à quoi chacune ressemblaient, car la deuxième me disait quelque chose. Comme un souvenir vague.
Effectivement il y avait une jeune fille, à la peau aussi bronzée que la mienne, blonde également, yeux bleus aussi. Mon dieu, trop de similitudes !! Par contre elle n’avait pas l’air bien grande, ni très futée. Ça au moins ça n’est pas pareil, héhéhé. L’autre demoiselle était plus sérieuse. Des cheveux blonds, encore oui, avec des yeux ambrés et une peau plus clair. La tenue des deux demoiselles indiquait sans aucun doute qu’elles étaient du coin, des habituées des lieux. Mais zut, cette tête me dit vraiment quelque chose … Je l’ai déjà croisée cette fille, mais où ? Rah, mémoire en carton !

« Excusez-moi, vous savez ce qui se passe ici ? Je faisais des petites courses puis tout le monde a disparu quand il y a eu des explosions et des tirs … Je fais comment moi maintenant pour aller à Suna ? »

Cette fille était visiblement à côté de la plaque. Après avoir avisé un instant, confuse, les lambeaux de cervelles éparses du garde étalés aléatoirement sur le sable, son attitude avait changé du tout au tout pour redevenir aussi jovial, comme s'il ne s'était jamais rien passé. J'en vins à la conclusion que cette fille était soit complètement sotte, soit qu'elle faisait preuve d'un déni profond à l'égard du monde qui l'entoure.

-Il serait temps de te réveiller petite. La vie n'est pas un jeu. Un homme vient de mourir. Tu ferais certainement mieux de rentrer chez-toi. Suna n'a pas besoin d’insouciante dans ton genre.

Je parlais avec une certaine indifférence, sans pour autant avoir l'impression de me montrer mauvaise avec elle. Au contraire je lui rendais service en lui conseillant indirectement de ne plus chercher à se mettre en danger dans l'avenir, même si je me doutais que son esprit décalé ne saurait capter la subtilité de mes dires. D'un autre côté j'avais encore de nombreux choix à fouetter. Je ne pouvais me permettre de perdre mon temps à baby-sitter une gamine.

-Bien, à présent rentre chez-toi et dans l'avenir tâche de ne pas te mêler de ce qui ne te regarde pas...

Ces paroles avaient pour but de conclure cette brève mais périlleuse rencontre. Seulement à peine eus-je le temps de poser le pas qu'une nouvelle personne s'était jointe à la conversation. Une femme de grade taille aux yeux bleu et emmitouflées dans des vêtements de façon à masquer son visage. Elle pouvait cacher son identité, mais certainement pas son chakra. Je l'avisais de derrière mes lunettes de soleil, le visage dur en parti caché par le capuchon qui couvrait ma tête. Elle me demande ce qui se passait ici. Cette fois-ci ce fut l'ironie de l'évidence qui prit le dessus sur la droiture.

-Je faisais simplement un peu de ménage. Cela ne se voit pas ?

Dis-je en désignant avec une certaine désinvolture le cadavre gisant sur le sable à seulement trois-mètres de nous. Les deux autres hommes reprenaient lentement consciences mais étaient déjà menotté par des liens anti-chakra. Suite à ce désordre, les services de sécurité de la ville ne tarderaient pas à rappliquer.

-Si vous tenez tant que ça à aller à Suna. Allez-y à pied. Tout du moins en espérant qu'on vous y laisse entrer une fois arrivé.

Je ne savais pas qui était cette femme et cela m'importait peu. Actuellement j'agissais en tant que Juunin de Suna partie en mission et non en tant que conseillère à la défense. Mes équipes, ainsi que le Kakumeigun se chargerait d'accueillir cette étrangère comme il se devait.

-Vous non plus vous ne devriez pas rester ici. D'autres shinobi ne vont pas tarder à arriver et risquent de vous interroger étant donné que vous vous trouvez sur les lieux de cet affrontement.

Un regard sur l’une, puis sur l’autre. Difficile de savoir à qui s’adresser. Quoi qu’en fait, non ça n’a rien de dur. La plus petite n’avait pas l’air assez mature pour donner une réponse précise, contrairement à la plus grande.
Piouf punaise, qu’est-ce qu’il fait chaud ici n’empêche … Tant pis pour le mode incognito, je crève trop de chaud avec tout ce tissu, et puis ça empêche de respirer convenablement en le gardant sur le faciès.

« Je faisais simplement un peu de ménage. Cela ne se voit pas ? » Répondit la blonde à lunette pendant que je me découvrais le visage.

Elle a pas l’air très aimable. Mais cette voix, cet air hautin, ça me rappelle vraiment quelqu’un. C’est chiant ça, être sûr d’avoir déjà vu quelqu’un mais être incapable de dire qui. La fillette rajouta que le monsieur avait refusé d’être sage, ce qui expliquait son état. Je suivis le sens de son regard pour tomber sur un cadavre a qui il manquait une partie du crâne. Un frisson me parcouru l’échine, suivit d’une petite vague de dégout. C’est vraiment crade ces morceaux de cervelle dispatchées ici et là dans le sable …

« Effectivement … Au moins là il se tiendra tranquille. »

C’est tout ce que je pouvais rajouter comme commentaire, avec un petit haussement d’épaule. Qu’est-ce que vous voulez dire de plus ? Qu’il avait pas beaucoup de neurone pour son âge ? Disserter sur la couleur de son sang mélangé à la poussière ? Ah bordel faut que j’arrête de regarder ça je vais vomir.
Ensuite il fut question de Suna. L’une disait que je n’avais qu’à y aller à pied, l’autre accusait la première d’en venir justement. Le contraire aurait été étonnant vu son style et sa dégaine. Les Saibogu, c’est le genre de clan qu’on ne voit que par ici. Dieu merci je n’avais encore jamais eu besoin d’en affronter un, mais d’après ce qu’on dit, ils sont particulièrement difficile à avoir. Trop polyvalent, trop imprévisible.
Par contre la petite là, elle vient d’où ? Elle possède du chakra, ça se sent. Ce n’est donc pas une simple villageoise du coin. Je vous précise ça parce qu’elle m’adressa maintenant la parole pour poser tout pleins de questions en même temps. Un véritable moulin à parole ! Ou alors c’est parce que je suis fatiguée du voyage, mais même avec ça je vous assure qu’elle pourrait assommer quelqu’un juste en causant.

« Hum, moi c’est Milly. Et … »

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’elle me tourna le dos pour s’incliner face à l’autre femme et la remercier de l’avoir aider. Vraiment bizarre cette gamine. Oula, revoici qu’elle m’adresse à nouveau la parole ! Il est où le bouton off sur cette créature ? Faut l’arrêter là, je commence déjà à avoir un mal de tête avec tout ça.

« Hein de quoi ? Attendre ? Attendre quoi ? » Je ne comprenais rien à ce qu’elle racontait, à tel point que je m'en massai les tempes. « Attend attend, ralentit. T’as quel age déjà pour parler comme ça ? Et c’est quoi ton nom ? … Hum nan laisses tomber. » Je relevai les yeux vers la miss à lunettes. « Aller à Suna à pied, je veux bien mais déjà à partir d’ici je ne sais pas par où aller. Et puis j’y vais pas pour rien. »

Je déballai d’une poche dans mon dos une feuille de journal pliée et repliée sur elle-même qui parlait d’un examen chûnin international.

« Vous en avez certainement entendu parler, non ? Le soucis c’est que je ne viens d’aucun village. Nukenin comme on dit. Ils ne me laisseront jamais entrer, et encore moins y participer si j’y vais seule. Surtout depuis les vagues qu’il y a eu à Suna … Avec la perte du Kazekage, et d’autres trucs. On dit que les sunajins sont devenu vachement parano. »

Je l’observai un peu plus intensément, en même temps qu’attendre sa réponse.

« On ne se serait pas déjà croisées quelque part ? Je suis certaine de vous avoir déjà vu, mais où et quand … Toi je t’ai jamais vu par contre, une fille pareille ça s’oublie pas. » Terminai-je à l’attention de la survoltée.

Cela pouvait d’ailleurs être autant un compliment qu’un reproche. Laissons planer le doute à ce sujet. Sa réaction dira normalement comment elle l’aura prit.

La petite gamine se montrait toujours aussi effrénée, à présent j'essayai de ne plus trop prendre cas d'elle. Son comportement commençait à me taper singulièrement sur le système. Elle qui n'avait visiblement rien de mieux à faire que de bavasser en continue sans laisser aux autres le temps de souffler. Nous étions toutes deux passés à quelques cheveux d'une mort certaine et elle ne pensait toujours qu'à s'amuser. Cependant, mon éducation m'empêcha de l'ignorer lorsqu'elle s'inclina respectueusement devant moi en me remerciant. En guise de réponse j'inclinai légèrement la tête en faisant preuve d'une certaine noblesse dans le geste.

Je relevais les yeux vers cette étrange femme dont les dernières paroles éveillèrent en moi un indescriptible sentiment de familiarité au point de me demander si elle ne cherchait pas à influencer mon jugement par ses mots. Si elle n'avait pas faite cette remarque je ne me serais sans doute jamais aperçue de rien. Ma tête se penchant de trois quarts comme si l'aviser sous un autre angle aurait put me permettre de la reconnaître.

-Votre visage me dit en effet quelques choses. Quel est votre nom? Dis-je d'un ton neutre.

C'était assez agaçant de ne pas parvenir à se souvenir. Avait-il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise rencontre. Je détournai un instant le regard, pensive. Autour de nous la nuit était définitivement tombée autour de nous, mais comme on pouvait s'y attendre les ruelles étaient entièrement désertes ce qui donnait aux environs des aspects de ville fantôme. Régulièrement le vent se soulevait, balayant quelque grains de sables et faisant claquer les tentures des établis marchandes. Quelques silhouettes félines fugitives se dessinaient parfois le long des murs pour aussitôt disparaître tantôt derrières des tonneaux empilés, tantôt entre deux bâtisses. L'ardeur du crépuscule s'était totalement éclipsé au profit d'un firmament étoilé chantant et scintillant. Si cette journée s'était achevée de manière sordide la nuit qui allait suivre se présentait de bonne augure. Peut-être aurais-je la chance de profiter de ce splendide cadre durant mon trajet de retour à Suna. Mais avant cela il y avait le travail. Encore le travail. Toujours le travail... Je devais finir de régler cette affaire et m'occuper du cas de cette errante.

-Je vous avouerai que j'ai du mal à saisir quel pourrait être votre intérêt à participer à un ce genre d'examen. En tant que Kunoichi n'appartenant à aucun village il vous sera impossible d'avoir accès à une quelconque forme de promotion.

Et encore, si ce n'était que cela. Son comportement était des plus suspects. En tant que responsable à la défense j'avais à cœur la sécurité de mon village.

-En vous présentant avec de telles motivations devant la Voie Illusionnée vous vous ferez certainement rebuter et ce dans le meilleur des cas. L'autre étant que vous pourriez vous faire arrêté et interrogé. En fonction des résultats vous seriez soit gentiment raccompagnée vers la sortie, soit envoyé directement en prison. Tout du moins, ce serait uniquement dans l'éventualité où vous auriez quelques choses à vous reprocher ce qui n'est certainement pas le cas j'imagine. N'est-ce pas ?

Mes derniers mots se tintèrent d'une pointe d'ironie. A mes yeux les Nukenin et les Errants étaient à tous mettre dans le même paniers. S'ils n'avaient pas rejoint un village c'est qu'il y avait une certaine raison à cela. Autrement dit, ces derniers ne peuvent être digne de confiance. Cette femme me disait quelque chose certes, mais je n'allais pas me laisser aveugler par une simple impression. Je gardai tout de même cette suspicions pour moi, préférant laisser à cette femme le loisir de deviner le sous entendu présent dans mes dernières paroles.

Elle est contente. Sérieusement, elle est contente que je lui sorte qu’elle est trop bizarre pour passer inaperçue. Décidément cette fille respire la bonne humeur. Un peu trop sans doute. On dirait moi après une bonne nuit de sommeil bien revigorante. C’était particulièrement déstabilisant, gênant même. Elle a trop d’énergie, juste trop. Il est où le bouton OFF là-dessus ?
A côté de ça, on avait la flingueuse toujours aussi méfiante. En gros, deux caractères, deux façons de pensée totalement opposées. Une narrateur avisée vous dirait que c’est simplement dû à leurs expériences. L’une ayant vécue énormément de chose, de problème, s’est ainsi forgée un caractère froid limite associable en guise de protection. Alors que l’autre sortirait plutôt d’une enfance ampli d’amour et de sécurité, ignorant encore tous les dangers de ce monde. Mais ce serait possiblement déplacé, nous n’en ferons donc rien.

La sunajin ne comprenait pas ma motivation pour un tel examen, appuyant sur le fait que je ne pourrais de toute manière pas participer sans provenir d’un village. Elle ajouta même que je risquais un interrogatoire dès mon entrée, dans le meilleur des cas, ou un emprisonnement. Sa petite pointe d’humour narquoise à la fin de sa tirade me fit hausser les épaules, tandis que la petite blonde allait voir ailleurs.

« Non en effet je n’ai rien à me reprocher. Je n’ai encore tuée personne, sauf si on doit compter les phacochères, les lapins et autres petites bestioles qui m’ont servi de repas. Vous pouvez demander aux types de Konoha, ils m’ont fait subir un interrogatoire aussi, il n’y a pas longtemps. On sait jamais, je pourrais être une terroriste … »

J’étouffai un petit rire. Ce n’était pas très intelligent de sortir ça avec l’ambiance actuelle. Encore plus si je dois compter sur cette fille pour arriver à Suna. La mission c’est de la convaincre de m’aider, pas de m’arrêter.
Ether revint de son escapade, s’asseyant à nouveau sur son tonneau. Elle ne tarda pas à intervenir, expliquant à la fois la raison de sa petite balade, et proposant la suite de la soirée dans un endroit plus convenable. Un restaurant. Oui la miss avait faim. Normal vu l’heure cela dit, et même si elle est haute comme trois pommes, faut bien qu’elle mange. J’avoue ne pas avoir tant de raison à refuser cette invitation. L’unique détail qui me fit tiquer. C’est lorsqu’elle m’appela « Milly-sans-vêtement ». Pourquoi ? Je ne suis pas toute nue, que je sache. D’accord ce n’est pas grand-chose à comparer de la Saibogu, mais de là presque me traiter d’exhibitionniste … sale naine va.

« Une seconde. » Lui répondis-je en levant l’index. Je cherchai mes mots, le regard allant sur la pistolero avant de finalement revenir sur Ether. « J’arrive, si tu peux nous réserver au moins deux places, ce sera sympa. Prévoies-en trois au cas où. Merci. »

Puis je fis à nouveau face à la troisième blonde du groupe. Où est-ce que je l’ai déjà vu ? C’est dingue ça … C’est une Saibogu, aucun doute à ce sujet. Il serait alors déplacé de ma part que de ne pas ajouter plus d’information. Si en plus ça peut aider d’une quelque manière que ce soit.

« Je suis chef du clan Kaguya. Milly Kaguya. Je suis déjà venue ici il y a plusieurs années, j’avais même participée à une mission en me présentant sous un faux nom. Je ne pourrais pas vous dire lequel, je ne m’en souviens plus. Par contre je n’étais pas toute seule, il y avait une sunajin avec moi, qui vous ressemble d’ailleurs. Mais avec plus de … heu … d’amabilité. » Un nouveau petit haussement d’épaule s’ajouta à la conversation. « Ouaip c’est ça, mais c’était il y a longtemps. J’ignore totalement ce qu’elle est devenue … »

Je marquai une pause, les yeux toujours fixés sur cette femme. Mon organisme mémoriel fonctionnait à plein régime sous ma boite crânienne. Comme pour un puzzle mais avec un temps imparti. Les morceaux de souvenir se reclassent doucement, dans le bon ordre. La réponse à toutes ces interrogations arrive mais cela va prendre encore quelques secondes sans doute.

« Pour vous répondre, je tiens à participer à cet examen non seulement pour évaluer mon niveau, car n’étant jamais allé à l’école je ne sais pas vraiment ce que je vaux. Mais en plus pour retrouver cette fille à que je considère comme une amie et que j’ai laissé à l’époque devant les portes de Suna. Je lui avais promis de lui rendre visite un jour. » Oh mon dieu tous ces souvenirs qui refont surface à toute vitesse !! « Ça y est, je crois me souvenir de son nom. Onigiri Saibogu. Ça vous dit quelque chose ? »

Si je ne me plante pas, son prénom ressemblait beaucoup à ces petits gâteaux de riz garnis. Des petits gâteaux très bons d’ailleurs.

La petite me remercia pour la représentation. Cette fois-ci je ne pus retenir un soupir d'exaspération. Aurait-elle trouvé cela aussi amusant si la balle avait explosé son crâne à elle ? Je n'en étais pas certaine. Je préférai cependant la laisser à sa niaiserie infantile ou plutôt à son dénie flagrant. J'avais plus important à accomplir que m'occuper des cas de conscience d'une parfaite inconnue. Cependant je fus prise d'un élan de protestation qui ne vit jamais le jours lorsque l'autre femme lui demanda de réserver trois places pour le restaurant.

Comptaient-elles sérieusement m'inviter ? Toujours fut-il que je ne pris pas compte de la précédente boutade de la grande avec son histoire de Konohajin. Je détestai que l'on se moque de moi. Seulement la conversation prit déjà un ton plus léger lorsqu'elle évoqua une rencontre il y avait de cela bien des années. En effet cette dernière me parlait de plus en plus et de vieux souvenir ressurgissaient en moi. Désormais son visage et le contexte m'apparaissaient clairement. Il était difficile de constater que je puis m'en souvenir après tout ce qui m'était arrivé depuis lors.

Je ne fus cependant que peu convaincu par les raisons qui la poussait à participer à l'examen. Évaluer ses capacités alors qu'elle se prétendait chef du clan Kaguya ? N'avait-elle rien de mieux à faire ?

-En effet je me souviens de vous Milly. Mais vous ne m'aviez pas donnez votre véritable nom à l'époque.

Ce faisant je rabattais mon capuchon derrière ma tête, secouant ma chevelure puis retirai mes lunette de soleil. Désormais elle serait plus à même de me reconnaître, tout du moins si cela était encore possible. J'avais énormément changé ces trois dernières années, peut-être trop même. Ma peau pâle s'était matifiée pour s'adapter à la chaleur du désert. Ma chevelure n'était plus immaculées et tirait de plus en plus sur le cendrée comme si je vieillissais avant l'âge. Malgré que je m'appliquai à conserver au mieux ma féminité je ne pouvais nier que mes traits s'étaient endurcis. Et puis par dessus tout, mon œil aveuglé barré du cicatrice témoignaient des affres de le vie qui avaient assiégée mon corps et mon âme. Et ce n'était que la partie immergée de l'iceberg. La totalité de l'histoire était plus profonde et s'apparentait à une lente descente aux enfers dont j'étais finalement parvenue à remonter.

En effet je remontais, mais celle, cette Milly n'avait pas changée. Elle semblait être toujours la même qu'à l'époque.

-Que devenez-vous depuis le temps ? J'imagine que vous avez de nombreuses chose à raconter.

Si comme elle le prétendait, elle était vraiment à la tête de ce clan de barbare issu de la brume alors cela signifiait qu'elle pourrait m'être utile. Tout bien réfléchit, j'envisageai de reconsidérer son offre indirect de restaurant.

-Puisque c'est vous je suis prête à prendre un peu de mon temps pour discuter. Pourquoi n'irions nous pas prendre ce repas ensemble ? Mes recherches de ces derniers jours m'ont plutôt épuisée. J'ai besoin de me changer les idées. Permettait-moi juste d'effectuer mon rapport au prêt de la garde de la ville et retrouvons-nous à l'endroit convenu.

Opportuniste ? Plus que jamais oui. Mais même si je doutais de l'authenticité de son titre, de part le caractère barbare qu'on attribuait à son clan les infos qu'elle pourrait me fournir sur mizu saurait se révéler utile. J'en étais certaine.

Lorsque la nudiste l'apostropha pour lui demander de garder deux places, trois au cas où la sunajin se déciderait, le visage de la gamine s'éclaira de joie et elle laissa échapper une petite exclamation trahissant son excitation.

Spoiler:

Elle trépigna sur places quelques secondes, avant de finalement se ruer à l'intérieur du restaurant comme si elle n'avait pas mangé depuis une semaine.

"J'SUIS DE RETOUR !!!
Trois places s'il vous plaîîîîîîîît ! ... La table au fond là-bas, j'prends celle là !"

Elle courut jusqu'à son but et sauta sur l'un des deux bancs.
La table se trouvait au fond de la pièce, dans un coin, de sorte à être quelque peu à l'écart mais pas trop. Le bout de bois servant de support était entouré d'un banc contre le mur, et d'un autre qui était adjacent à un second mur donnant sur une autre table. C'était un système de sorte à avoir légèrement d'intimité lors d'un repas. La jeune femme était accroupie sur sa place, puis se coucha de tout son long avant de finalement s'asseoir convenablement. C'était pas très confortable comme endroit... Ether avait l'habitude de manger à même le sol, parfois sur une natte, le clan n'ayant pas jugé bon de créer ce genre de meubles considérés comme bien trop lourds et inutiles lors de leurs déplacements. D'un côté, ils n'avaient pas tort, fuir avec une table, c'était pas franchement le top. Et puis, manger par terre permettait une meilleure communion avec la nature ! La demoiselle attendit plusieurs minutes sans voir arriver quiconque. Au bout d'une dizaine de minutes, elle commença à s'ennuyer. Après s'être roulée la tête plusieurs fois sur la table, elle se leva et vint s'asseoir à celle d'un groupe d'hommes sans même demander la permission. Ils la regardèrent d'un air hébété avant de lui demander de se tirer. L'élémentaire, toujours souriante, sortit de son écharpe à sa taille plusieurs vieux paquets de Uno et commença à les mélanger.

"Celui qui me battra au Uno, pourra lui-même m'éjecter... Alors, on joue ?!"

Enthousiasmés à l'idée de botter le cul de cette impertinente enfant, ils se prirent au jeu et prirent leurs cartes. A mesure que les parties défilaient, Ether ne cessait d'être la première au classement. Mais par quelle magie possédait-elle autant de +4 ?!! Il y eut des soupirs, de l'agacement, puis finalement des rires et les parties s'enchaînaient dans une étrange bonne humeur.

"Et alleeez, tu ne joues pas !"

"Aha, mais je te contre, donc toi non plus tu ne joues pas !

"Pfff, amateurs, j'en ai un aussi !"

"Bien essayé, mais vous non plus vous ne jouez pas !"

"Raaaah, c'est toujours sur moi qu'ça tombe..."

La Gogyou s'amusait énormément en attendant l'arrivée de ses camarades d'un soir. Mais en attendant de pouvoir manger, elle apprenait à se sociabiliser. Certes, s'inviter à une table et imposer un jeu de cartes n'était pas la meilleure des manières qui soit pour se faire des amis, mais en attendant, tout le monde riait avec elle !

"Eeeet... +4 !"

"Hé hé, mais j'en un aussi !"

"Pareil, boum !"

"Et moi encore un !"

"Vous avez cru m'avoir encore cette fois ? Bah non, dans vot' face les gars !"

"Dommage pour toi, j'en ai un encore."

"ça tombera pas sur moi cette fois ! Et paf !"

"Et bah pas sur moi non plus ! A toi gamine !"

"Mmh... Oh tiens, mais qu'est-ce que c'est que ça ? Ah bah c'est un +4 !"

"ET MERDE ! Encore sur moi... J'vais finir par croire que j'suis maudit."

Décidément, il n'avait pas de chance celui là.
Mais Ether avait toujours de quoi se défendre pour se sortir d'une telle situation. Aaaah, ce que l'on s'amuse !

« En effet je me souviens de vous Milly. Mais vous ne m'aviez pas donnez votre véritable nom à l'époque.

- Abon ? Ah peut-être, c’est possible … ça remonte à trop loin … »

Elle ôta ensuite sa capuche et révéla son visage entièrement. Le mien s’éclaircit aussitôt d’un large sourire quand je la reconnue. Comme pour Nozomi je voulu lui sauter au cou, lui faire un gros câlin de retrouvaille, mais deux points m’en empêchèrent. Le premier étant qu’elle avait toujours son arme à feu à la main, un accident est si vite arrivé. Et le second c’était elle, Oniri. Oui elle ne s’appelle pas Onigiri comme le plat, mais bien Oniri. Ça ressemble beaucoup mais ce n’est pas pareil !
La miss avait changée. Mes souvenirs avaient beau être encore un peu flou, il me semble que ses cheveux étaient plus blancs à l’époque, et sa peau était nettement plus claire aussi. Je m’en souviens ça faisait tache sous tout ce soleil. Plus étrange encore, la grosse cicatrice qu’elle avait sur son œil gauche, qui remontait légèrement sur son arcade sourcilière et descendait sur sa pommette. Borgne. J’en restai bouche bée. La sunajin d’il y a, heu, trois ans environ, avait laissé place à une guerrière usée par les combats. Où est donc passé le charme du désert ? Quel gachi.

« Que devenez-vous depuis le temps ? » Demanda-t-elle, me coupant dans mon observation. « J'imagine que vous avez de nombreuses choses à raconter. » J’haussai les épaules, l’air de dire qu’il n’y en avait pas tant que ça finalement. « Et puisque c'est vous je suis prête à prendre un peu de mon temps pour discuter. Pourquoi n'irions nous pas prendre ce repas ensemble ? Mes recherches de ces derniers jours m'ont plutôt épuisée. J'ai besoin de me changer les idées. Permettez-moi juste d'effectuer mon rapport au prêt de la garde de la ville et retrouvons-nous à l'endroit convenu.

- Pas de soucis. Je te … heu … je vous retrouve au restaurant ! »

Nous nous séparâmes juste après. Je restai cependant sur place, à la regarder disparaitre. Qu’est donc devenue la gentille Oniri ? Celle qui m’avait même proposée d’intégrer Suna à la fin de notre mission commune. On dirait vraiment une autre personne dorénavant. Vraiment quel gâchis. Et puis pourquoi on se vouvoie ? Ce genre d’appellation c’est avec les gens qu’on ne connait pas normalement.
Un soupire et je fis demi-tour, direction le fameux restaurant. Un gros boucan s’en échappait d’ailleurs, avec des crises de fou-rire à répétition. Ça faisait tellement contradiction avec le calme morne qui régnait dans les rues depuis la fusillade qu’on ne pouvait pas le louper. En passant la porte, la raison de ce vacarme se présenta comme une évidence. Ether, à table avec quatre hommes bien musclés et barbus, en train de jouer aux cartes. Difficile de croire qu’on puisse s’éclater autant avec de simples bouts de papier cartonné. Une bonne baston c’est quand même plus vivifiant, le plaisir des phalanges contre une mâchoire qui craque, ou le souffle coupé lors d’un revers dans le ventre. La poussière en guise de maquillage après un croche-pied. Ça au moins c’est fun.

Mais ils ont l’air de bien s’éclater quand même. En regardant de plus près, il semble que ce soit un jeu où il faut mettre des cartes une par une au milieu de la table. Selon la couleur ou le chiffre dessus. Ça doit être ça le Uno dont elle parlait tout à l’heure. Mais pourquoi ils re-piochent des cartes ? Le but ne serait pas de ne plus en avoir ? Etrange … On n’a pas ça à Kiri, nous. Ni au Shoraizen, c’était plutôt belote, ou solitaire, ou même les échecs. Mais pas ce Uno.
Mouais, préférant ne pas passer pour une inculte, j’allais m’assoir à une table au fond de la pièce, dans un coin. Adossée contre le mur, sur un banc, ça manquait de confort. Le sac de riz du marchant était quand même plus agréable. Il n’y a pas un coussin qui traine quelque part ? Mmh, uniquement celui du pianiste. Car oui il y a un piano à droite du bar, et un type terriblement frêle qui y joue, le cul dans l’unique coussin de l’établissement. Tss … Est-ce que je vais le lui prendre ? Mmh il faut avouer que c’est tentant ; mais nan ça ne pourrait qu’amener les problèmes, et ils ont l’air de vraiment s’amuser tous, alors tant pis.

« Vous désirerez quelque chose à boire mademoiselle ? » Vint demander une serveuse toute vêtue de marron et de blanc. Style femme du désert, voyez-vous.

« Volontiers, un bébé rose s’il vous plait. Et est-ce que vous pourriez m’apporter trois menus ? Mes amies ne devraient plus tarder à arriver. »

Elle acquiesça, fit un aller-retour pour déposer trois cartes de menu sur la table, et ensuite s’occuper de ma commande. Plus qu’à attendre qu’Ether veuille bien arrêter, et qu’Oniri revienne.

Nous venions tout juste de nous séparer que les équipes d'interventions arrivèrent sur les lieux. Elles ne perdirent pas de temps pour embarquer les trafiquants et faire le nettoyage dans les ruelles, notamment avec ce qui restait du garde traversé d'une balle dont des nombreux lambeaux de cervelles étaient éparpillés sur le sable. Je fus interrogée par les autorités et du effectuer un rapport avant que l'on ne me laisse tranquille. Cela me coûta plus d'une heure, mais une fois le tout en règle et cette mission accomplis je pus retourner vaquer à mes occupations. Et je comptais bien jeter mon dévolu sur Milly, en sachant qu'il me serait probablement possible de lui soutirer certaine information concernant Kiri. Elle était la chef de son clan, elle savait forcément des choses.

C'était donc plus dans cet optique que dans l'idée de me faire réellement plaisir que j'allais la rejoindre au restaurant qui avait été convenu. Ce dernier était plutôt typique de ce que l'on pouvait trouver dans le désert, avec des murs et ses tables en terres cuites. Un peu de mobilier était présent notamment du côté du bar du restaurant. Le bois était une ressources rares dans le désert que nous savions tous apprécier à sa juste valeur. Ce dernier était rarement gâché et exploité au mieux de façon à être le plus utile possible.

Des lampions fixés au plafond servait de principal source d'éclairage. Cette ville était bien trop reculé pour avoir accès à l'électricité où à l'eau courante. C'était précisément pour cela qu'elle se trouvait non loin du grand fleuve de Taïga traversant le désert de nord en sud. A dire vrai l'essentiel de la population de Kaze se concentrait autour ainsi que bord de la mer, là où les conditions de vies étaient plus propices au fleurissement de la vie. Le bar restaurant était assez bondé à cette heure-ci. Peut-être n'avais-je finalement pas tant gâché que cela la soirée pour les habitants de cette-ville. Je passai presque inaperçu en entrant à l'intérieur.

Seulement quelque regards qui convergèrent dans ma direction, essentiellement dû aux armes que je transportais sur-moi. Peu importait les origines, les connaissances et la personnalité, les Saibogu attisaient toujours la curiosité. En balayant la salle du regard j’aperçus rapidement Milly assisse à une table, sirotant tranquillement un cocktail. Sur celle en face se trouvait la petite hyperactif qui... était en train de jouer à un jeu de carte avec des ouvriers aux allures de sacrés gaillards. La scène semblait donner dans le surréalisme tant on imaginait assez mal ce genre d'individus prendre plaisir à jouer à jeu pour enfant. Leur genre étant plutôt les bras de fer et le bagarre de rue. Je restai quelques secondes à observer ce spectacle incongru avant de finalement venir m'asseoir à la table de la Kaguya.

-Je vois que vous n'avez pas attendu pour passer commande. Dis-je avec un sourire.

Suite à quoi une serveuse vint à moi pour me tendre la carte. Je choisissais rapidement un cocktail sans alcool puis attendait à mon tour. Le repas serait choisi plus tard. De temps à autre je jetais un coup d’œil en direction de la petite afin de m'assurer qu'elle en viendrait pas nous importuner, tout du moins dans l'immédiat.

-A présent, dites-moi. Est-ce seulement l'examen Chuunin qui vous emmènes ici ? Ou y a-t-il d'autre raison ? Je vous avouerai que j'ai toujours du mal à concevoir l'intérêt de faire tout ce chemin pour seulement tenter d'évaluer vos capacités. Il en existe bien d'autre. Sachant que les Errant, même s'il n'ont rien à se reprocher, ne sont pas forcément vu d'un bon œil dans l'enceinte d'un village.

La conversation était lancé. Allait-elle soupçonner quelque chose de moi ? Je me le demandais. Visiblement elle ne semblait pas avoir connaissance du poste que j'occupai au sein de Suna. A ses yeux je n'étais que Oniri la simple Sunajin et non Oniri la responsable de la sécurité d'un village caché militaire.

-Trois années se sont écoulées depuis notre première rencontre. Qu'avez-vous fait entre temps ? Qu'êtes vous devenu ? J'imagine qu'en tant qu'Errante vous avez eux la chance d'apprendre et découvrir de nombreuses choses du mondes. Je ne puis en dire autant moi qui suis cantonnée à mon village.

Mes derniers propos n'étaient pas factices, car quelque part au fond de moi, ils sonnaient comme une forme de jalousie bien réelle.

-Je ne pense pas vous avoir déjà tutoyé. Et je préfère qu'il en reste ainsi. Cela fait partie de mon éducation et je n'apprécie guère aller à son encontre.

D'autant plus avec les personnes que je connaissais à peine ce qui était, en l’occurrence, le cas avec cette femme. Nous avions effectué une petite traversée du désert ensemble mais c'était tout. Je la rencontrai à nouveau trois ans plus tard et j'avais simplement l'impression d'avoir une étrangère face à moi ce qui n'était visiblement pas le cas pour elle. Elle se montrait trop familière ce que je n'appréciai qu'à moitié.

Seulement mon attitude changea lorsqu'elle m'offrit cette sculpture en os à l'effigie des fameuses mangroves. Yusuke m'en avait un jour parlé désireux que je puis un jour les contempler. C'était à proprement dit tout ce que j'avais comme souvenir de lui. L'objet me renvoya un instant à cet époque où j'avais perdu la vue de mon œil. Je me saisissais du présent, le tortillant entre mes doigts pour l'examiner sous toute les coutures.

-Merci... murmurais-je. Je le terminerai moi-même...

Après l'avoir contemplé je le posai sur un coin de ma table. La serveuse arriva à ce moment là, ma boisson en main. Je bus une première gorgée assez fruité avant de reprendre la parole.

-Si j'ai bien compris vous désirez que je vous fasse entrer à Suna...

L'ironie étant qu'elle demandait cela à la fois à la meilleur et à la pire personne. En effet j'étais la plus apte à répondre à sa demande, mais aussi la plus réticente. Je n'avais, à proprement dit, aucune raison de l'autorisé à faire cela. Il en valait de la réputation et de la sécurité de nombreuses personnes.

-Et qu'aurais-je à gagner en retour ? Vous faire participer à l'examen n'est pas dans l'ordre logique des choses. D'autant plus s'il s'agit du Chef du clan Kaguya dont la réputation n'est plus à faire.

Je tenais également à soulever ce point précis avec elle.

-A ce propos. Est-ce bien vrai ? Pardonnez-moi si je vous brusque, mais de mémoire les Kaguya sont vu comme de terribles combattants barbares. Hors vous ne semblez aucunement répondre à ce genre de critère. Dans ce cas comment avez-vous pus en prendre la tête ?

Je pus une nouvelle gorgée pour me donner de la contenance, faisant plus ou moins semblant de m'intégrer au contexte. En réalité, j'avais à peine bu le contenue de mon verre.

-Excusez une fois encore la légèreté de mes paroles. Cependant si ce que vous dites est vrai et que vous êtes en effet à la tête de ces farouches guerriers, alors que faites-vous si loin d'eux ? Le rôle d'un Chef de clan n'est-il pas justement d'encadrer ce dernier ? Leur refuge ce trouve bien à Mizu. D'autant que les rumeurs courent comme quoi Kiri allait être reconstruit...

Le sujet était plutôt bien mené. Malheureusement j'avais l'impression de parler vainement tout en doutant de la véracité de son titre, ne serait-ce que pour toutes les raisons citées plus hauts.

Nous échâmes un regard silencieux pendant que la serveuse apporta la commande de la sunajin. Puis elle refit un court topo de la situation, que j’acquiesçai d’un mouvement de tête. Elle ajouta qu’elle préférerait qu’on en reste au vouvoiement, dommage.
Elle demanda ensuite ce qu’elle avait a y gagner. Flute, je n’avais même pas envisager cette réponse. Bon au moins ça voulait dire qu’elle ne refusait pas. Certes elle n’acceptait pas non plus mais ça laissait une petite chance. Cela dit elle ne cachait pas son incompréhension et on ne pouvait pas lui en vouloir. C’est vrai que je n’ai absolument pas ma place dans un tel événement, si ce n’est prouver autant aux autres qu’à moi-même que je ne suis pas simplement une capricieuse morveuse bruyante. Il n’y avait qu’à voir les têtes de nombreux Kaguya quand j’ai pris la tête du clan, une bonne partie restait sceptique de part mon jeune âge et mon comportement.

« C’est vrai que ça peut paraître louche, comment une gamine comme moi pourrait ne serait-ce qu’imaginer devenir la chef, la big boss, el patrõn d’un clan aussi barbare ? C’est tout simple, je suis différente d’eux. Tu … pardon, vous l’avez remarquez vous-même. Et c’est cette différence tout en me pliant aux coutumes qui a fait pencher la balance. Hélas chez nous, le chef n’a rien qui permette de le reconnaître, rien pour se démarquer hormis sa présence. Je n’ai donc ni couronne, ni tatouage, ni quoi que soit sous la main pour te le prouver. Mince, pour vous le prouvez, si ce n’est ma bonne foi. Pardon hein mais j’ai vraiment pas l’habitude de vouvoyez des gens avec qui je m’entendais suffisamment bien pour qu’ils me proposent autrefois d’intégrer leur village … »

Je cherchai, par cette dernière phrase, à lui montrer l’absurdité de la situation sans pour autant la forcer à aller à l’encontre de son éducation, comme elle dit.
Elle demanda aussi comment est-ce que j’avais pu prendre la tête du clan. J’haussai les épaules en attrapant mon verre et répondit juste avant de boire la dernière gorgée.

« J’ai simplement tuer la personne qui voulait me tuer. Ça marche comme ça chez nous, le pouvoir s’obtient par un duel à mort. »

Tout simplement. C’est clair, rapide, bref.

« … alors que faites-vous si loin d'eux ? » Reprit-elle, visiblement encore perturbée. « Le rôle d'un Chef de clan n'est-il pas justement d'encadrer ce dernier ? Leur refuge se trouve bien à Mizu. D'autant que les rumeurs courent comme quoi Kiri allait être reconstruit … »

Je fronçai un moment les sourcils. Les nouvelles vont sacrément vite, dites donc. Certes il aurait été difficile de cacher longtemps un projet d’une si grande ampleur, m’enfin c’est toujours surprenant de voir qu’une personne qui ne se souvient presque pas de moi en sache autant là-dessus. Ça a quelque chose d’injuste …
Ether revint soudainement dans la discussion. Tiens, elle a fini son jeu de carte ? J’avais même pas remarquée. Effectivement ses potes de soirée étaient partit. Enfin, dire qu’elle revient dans la conversation, c’est vite dit, sans vouloir faire de mauvais jeu de mot. Parce que sa présence se résumait à dire qu’elle avait déjà été à Yu no Kuni, et à siroter sa boisson à côté de nous.

« C’est un projet, en effet. Rien ne dit qu’il va effectivement aboutir, il faut voir comment ça va se dérouler au fil des semaines futures. Kiri pourrait être reconstruite, oui. Comme elle pourrait ne pas l’être finalement. Un tel projet, d’une telle ampleur, je préfère ne pas m’avancer sur son état avant que ce ne soit confirmé. Je préfère éviter les mauvaises surprises. Donc pour le moment ce ne sont que des rumeurs. »

Il valait mieux calmer le jeu tout de suite à ce sujet. Sans pour autant nier la possibilité qu’elle ait raison. Laissons le doute s’installer, c’est le mieux à faire.

« Pour le reste, tu sais peut-être … rah merde … vous savez peut-être que le clan n’est pas au mieux de sa forme. Ce que je fais ici y est donc intimement lié. Je peux pas vraiment vous en dire plus, question de sécurité, de confiance. Vu que vous refusez même qu’on se tutoie, ce n’est pas la peine d’imaginer que je vous en dise plus sur mon clan. Restons logique. Donc tout ce que je pourrais dire, c’est que Suna n’a rien à craindre de ma présence dans le coin, ni de ma participation à cet examen. »

J’étais sérieuse, et je commençai à en avoir marre de cet interrogatoire. Vraiment marre. Surtout qu’elle, elle ne donnait aucune info en retour. Rien, elle se posait là en personnalité supérieure, jouant sur le fait que j’avais besoin d’elle pour en abuser. Ça ne ressemblait vraiment pas à l’Oniri d’avant. Non cette femme n’avait plus rien à voir avec celle d’autrefois.

« Et toi, quoi de neuf depuis le temps ? Oui j’en peux plus du vouvoiement, alors tant pis … Je t’ai raconté tout ce que j’ai fais depuis notre dernière rencontre, à toi. Qu’est-ce que tu deviens au sein de ton village désertique ? »

La serveuse débarqua juste après, s’excusa pour la gène, déposa la carte des plats et repartit aussi sec. Mon regard se tourna alors vers la petite blonde enfantine.

« Tiens, je te laisse choisir pour moi, je ne connais pas du tout les spécialités de ce pays. Tu viens d’où toi d’ailleurs ? Tes parents sont dans le coin, pour laisser une petite fille comme toi se balader innocemment dans un monde si dangereux ? »

Peut-être que ça les intéresserait de venir à Kiri. On cherche du monde, on recrute activement. Mais ça faut pas le dire.

Si je comprenais bien, il me serait impossible de tirer quoique ce soit d'elle sur l'instant. Elle avait beaucoup parlé pour finalement ne dire que peu de chose. Et puis remettre cette histoire de vouvoiement sur le tapis avait surtout réussi à m'énerver. Décidément il lui en fallait peu pour la perturber. Nous ne nous étions rencontrez qu'une seule fois, mais elle se comportait comme si nous avions gardés les chameaux ensemble toute notre vie. Ce genre de comportement était assez puéril. Je devinai d'avance qu'elle ne survivrai pas longtemps en étant aussi naïve au milieu de ce clan de barbare. Il suffirait que ses membres usent de subterfuge pour l'attirer dans un lieu isolée et lui tomber dessus à plusieurs afin de l'éviscérer sur place. Notre monde était ainsi fait et cette femme ne semblait pas le réaliser.

Une bonne trahison ne lui ferait certainement pas de mal. Et dans un sens j'étais prête à la lui offrir, même si je ne pouvais nullement lui garantir un quelconque avenir après cela. Quoi qu'elle dise, quoi qu'elle pense et ce peu importe ses excuses : J'avais besoin de ces informations sur Kiri. Elle ne voulait pas parler tout comme je n'étais pas disposée à la faire parler. Les circonstances ne jouaient pas en ma faveur, il me fallait donc m'adapter. A mes yeux comme à ceux de nombreuses personnes Kiri ne devrait jamais revoir le jour, car il s'agirait d'une puissance supplémentaire à redouter. Il fallait être sot pour souhaiter la résurrection de ses anciens ennemis. J'étais donc déterminée à tout faire pour que ce projet avorte. En rentrant à Suna il me faudrait avoir une discussion avec le Kazekage afin de prendre les mesures adéquats.

-Dans ce cas si vous ne tenez pas à en parler je ne puis que respecter votre choix. Dis-je en reprenant un gorgée de mon cocktail faisant fit de son tutoiement. Mais nous en sommes toujours au même point. Personnellement je n'ai rien contre le fait de vous faire venir à Suna. Seulement il n'a jamais été prévu de faire participer des Ninja Errant à l'examen, d'autant plus des Chef de clan issu d'une ancienne nation rival. Si vous tenez à venir, je suis prête à vous soutenir. Cependant apporter quelque chose au village, et ce d'une quelconque façon, pourrait grandement plaider en votre faveur. Je vous laisse y réfléchir, mais sachez tout de même que je suis prête à vous aider pour cela.

J'insistai bien sur ce dernier point même si en réalité c'était elle qui allait m'aider et ce bien plus qu'elle ne l'imaginait à cet instant. A ce moment là la serveuse revint pour nous tendre la carte des menus. Ne sachant pas ce qui se faisait de mieux dans les environs la Kaguya me demanda de passer commande. La petite Ether nous avait soudainement rejoint et écoutait notre conversation avec attention. Elle semblait étonnement calme. Cela était assez déroutant. Comme quoi cela prouvait tout de même qu'elle en était capable. Dès lors je demandai à ce que l'on nous serves à toutes les trois une spécialité faite à base de scorpion et de riz cuit ensemble, saupoudrés de nombreuses épices le tout mélangé et parfumé par quelques plantes comestibles du désert. Il s'agissait d'un plat assez populaire que les nomades se plaisaient à cuisiner car les ingrédients étaient facile à trouver.

-Quant-à moi... Que dire si ce n'est rien de particulier. Depuis j'ai réussi mon examen chuunin puis ait acquis mon titre de juunin dans la foulée. J'ai fabriqué des engins de transports me permettant de traverser très rapidement le désert. De ce fait on me demande fréquemment de le traverser de long en large pour accomplir diverses missions. Même si Suna a subit de nombreux attentats au cours de l'année dernière nous pouvons nous vanter de vivre dans un pays des plus paisibles. La criminalité ainsi que les problèmes ne cessent de décroître avec l'intervention des Shinobi de Suna, ce qui semble ne pas être le cas de Mizu. J'ai récemment cru comprendre que l'empire avait envahit les terres de l'eau pour soit-disant les pacifier. Vous ne devez certainement pas voir cela d'un bon œil.

L'Empire faisait également partie des nations que je gardais à l’œil, même si à mon sens, tous les autres pays méritaient que l'on se méfie d'eux. Non pas parce qu'ils étaient tous dangereux, mais parce qu'ils représentaient une potentiel menace, proche ou lointaine pour Kaze. Et en tant que Kunoichi mon rôle était d'anticiper sur l'avenir. Après quelque minute la serveuse revint avec nos assiettes. Une bonne odeur d'épice s'en dégageait. Rien que cela me suffisait pour deviner que le tout avait été cuit à point.

-Vous m'en direz des nouvelles. Cette fois-ci je m'adressai aux deux femmes assise à la table. [color=#A49400]Bien que j'imagine que l'une de vous s'y connaisse déjà. Je me tournais la tête vers Ether. Vous ne nous avez pas non plus racontez votre histoire. C'est à en quelque sorte à votre de tour de le faire, mais s'il vous plaît, faite le calmement. Il n'est pas nécessaire de se montrer aussi énergique lorsqu’on veut communiquer avec autrui.

Je m'efforçais de m'adresser à elle comme à une adulte et non comme une enfant de cinq ans, d'autant plus que nous devions avoir toutes les deux dans les mêmes âges.