— Serveuse, encore !

Jetant un regard à la personne qui traversait la salle avec un plateau à la main, Kanpeki attendit de recevoir un énième exemplaire du breuvage alcoolisé qu'elle buvait. Voilà maintenant plusieurs heures que la jeune femme s'était mise à boire. Ne tenant pas l'alcool par manque d'entraînement, la rebelle était déjà saoule, ses yeux étant injectés de sang, une expression hilare apparaissant sur son visage avachit sur la table. Mais pourquoi était-elle là à s'essayer à de nouvelles expériences, me direz-vous ? Et bien la Saibogu était en quelque sorte cachée ici, au milieu de cet endroit qu'elle n'avait jamais côtoyée. De qui ? Et bien, voilà un moment maintenant, que la brune avait aperçue un Shinobi remettre un parchemin à son Père. Un Ordre de mission, pour elle. L’intéressée, l'avait seulement entraperçue, mais elle était quasi-sûre de ce qu'elle avançait.

C'est donc tout naturellement qu'elle chercha désespérément un endroit où elle pourrait trouver refuge. Une place que ses parents, ou même ce messager, n'auraient jamais pensés qu'elle y mette les pieds. Elle avait donc franchie la porte du Heaven's Night, le bar le plus branché du quartier. Cependant, qui disait vouloir rester à cet endroit signifiait aussi une obligation à la consommation. Bah oui, cette boîte se devait de faire du profit ! Kanpeki avait donc profité de l'occasion pour commander ses tout premiers verres de saké. Et bizarrement, elle trouva le liquide particulièrement goûteux et agréable. Cependant, elle ne tarda pas à avoir les joues rouges et à sentir des troubles de la vision.

Etant dans un état libertin que la Mécanicienne n'avait jamais expérimentée, elle se sentait différente. Du genre à profiter de la fête. C'est sans grande surprise qu'elle gagna la piste de danse d'une démarche vacillante. Bouteille de saké à la main, elle buvait à grande gorgée le liquide à base de riz, qui dégoulinait le long de ses lèvres, tout en dansant comme une idiote, se mêlant alors aux autres danseurs et danseuses de la boîte. Pour le reste tout se déroula dans la normalité absolue, quand soudain, la jeune femme fit le geste de trop. Se sentant capable de tout faire sans la moindre gêne, elle n'hésita pas une seule seconde à porter sa main sur le derrière d'une des serveuses qui passait dans le coin. Choquée et n'ayant jamais signée pour se faire toucher de la sorte, celle-ci alla chercher la sécurité. Deux énormes gorilles arrivèrent devant la Saibogu toujours dans un état qu'on ne lui avait jamais connu.

Attrapant la Metal Beast et la soulevant, cette dernière se sentie immédiatement menacée !

— Azy... Lâchez-moi là... Où j'vous défonce ! Hips... Tous les quatres... Euh... tous les dix... euuuh. Bref, j'vous baise ! 'Savez pas qui j'suis...

Voyant que ses assaillants ne la lâcheraient pas, Kanpeki ne se fit pas prier. Déployant son armure, elle activa ses propulseurs pour regagner le sol. Un sourire féroce, s'afficha sur son visage. Car une petite bagarre était toujours le bienvenue ! Se concentrant, elle utilisa les ressources de son armure et ses capacités physiques pour frapper habilement ses deux tortionnaires. Souple et aidée des réacteurs de Metal Gear, elle arriva à frapper les visages de ses assaillants à l'aide d'une rotation rapide de son propre corps. Les victimes s'envolèrent et s'écrasèrent dans le décor. L'un retomba sur les chanteurs Onkyoton et l'autre s'écrasa sur le bar créant alors un vacarme cristallin dût à la destruction des verres.

Sortant ses mitrailleuses de ses avants-bras, la Saibogu mit en joue le reste de l'assemblée.

— Qui c'est qui m'cherche des noises maintenant ?! Hein ?! J'touche des culs si ça m'chante !

Le chaos. C’était vraiment le mot. Les clients quittaient le lieu en hurlant, et en paniquant. Les employés se pressaient dans chaque refuge. Les gardes du corps s’entassaient dans la salle principale. Posée tranquillement à son bureau, à faire encore et encore les comptes – les affaires n’étaient guères bonnes avec les mesures de sécurité de Suna -, Tsukiko avait sursauté aux premiers cris.

- Que se passe-t-il ?, demanda-t-elle au vieux Kawaguchi qui n’était guère loin.
- Il semblerait qu’une Saibogu mène la vie dure à tes hommes, disait-il tranquillement. Restes maîtresse de toi-même Tsukiko.

Elle n’écoutait déjà plus, claquant la porte au nez, laissant le vieil homme dans cette pièce sécurisée. Le pas pressé, le regard noir, la mâchoire crispait, Tsukiko n’était guère le modèle de calme qu’on aurait imaginé. Cependant, contrairement à d’habitude, il n’y avait nul sable volante dans les parages, nulle trace de « chakra » incontrôlable, nulle trace d’animosité. C’était avant tout une colère froide, une colère qu’on maîtrisait tant bien que mal.

« Je ne cesse de leur dire d’arrêter de donner de la boisson après un certain niveau. Que nous ne sommes pas un vulgaire bar. Que nous ne pouvons pas nous autoriser ce genre de bordel ! J’ai mon bordel à l’arrière, plus plaisant, bordel de merde ! » S’insurgea-t-elle intérieurement durant tout le chemin.

Lorsqu’elle arriva, elle ne tarda pas à analyser la situation. Ses hommes blessés, aucun mort et aucun client blessé … Hormis quelques petits dégâts, rien de bien grave. Elle se permit de souffler un peu. Un souffle pris de court par la Saibogu des plus explosives.

- Si tu permets …

Et sans un mot, quelque grain de sable s’envola à droite et à gauche, détraquant du mieux qu’ils pouvaient les différents appareils Saibogu. Aussi beau et puissant soit ces armes, leurs faiblesses étaient leurs mécanismes essentiellement. Il suffisait que des grains se logent dans deux ou trois points centraux ou points qui tournoient ou bougent pour que l’arme ou l’objet se bloque, voire se détracte entièrement.

Cependant, Tsukiko n’allait pas seulement détraquer les inventions et attendre gentiment la vague suivante. Elle enchaîna aussitôt sur un tout autre style de combat : l’illusion. Et plus particulière l’illusion visuelle. Et sans plus tarder, elle tenta de capter le regard de la demoiselle – même une seule petite seconde afin de la plonger dans un genjutsu des plus soporifiques – littéralement. A priori, la demoiselle – avec la quantité d’alcool bue – n’avait pas grande possibilité de deviner qu’elle dormait dû à une Illusion.

Tsukiko espérait.

Et après ? Après, elle allait tout bonnement gentiment et agréablement montrer à la petite qu’on ne détruisait pas et on ne touchait pas à ses gens sans quelques représailles.

— Ah ! 'Suffit que je défonce vos deux armoires à glaces pour que vous fermiez vos gueules ! Si j'avais su j'laurai... Hips... Fais avant !

Toujours dans son monde, Kanpeki avait en plus totalement faux ! En effet, l'endroit était en mouvement de panique ! Les danseuses fuyaient, retenant le peu de tissu qui recouvrait leur corps fin, tandis que les clients venus profiter de la fête, sautaient par les fenêtre de l'établissement en priant pour survivre à ce braquage. Des cris de populace horrifiés se faisaient entendre dans tout le quartier rameutant la foule autour du club.

Riant aux éclats, la Saibogu savourait sa victoire. Quand elle eut fini, les seules personnes présentes étaient celles qui, trop peureuses, s'étaient planquées sous les tables et autres abris à proximité. Subissant soudain un coup de fatigue, son rire s'effaça peu à peu. Toujours en armure, la jeune femme s'assit sur le sol parsemé de débris de verres et autres détritus laissés par les clients en fuite. Se rendant compte qu'elle avait encore la bouteille à la main, elle la porta immédiatement à ses lèvres avec une expression enfantine sur le visage. Cependant c'est avec étonnement qu'aucun liquide ne coula. Interloqué, elle jeta un regard à l'intérieur de la bouteille vernie. La retournant complètement, elle fut déçue de voir qu'aucune goutte ne tomba. Grognant presque, elle se leva tant bien que mal, et se dirigea vers le bar d'un pas lent.

C'est alors, qu'elle entendit des crissement à l'intérieur même de son armure. Même dans son état, la jeune femme pouvait sentir que ses mouvements étaient beaucoup plus dur à exécuter. Levant son bras, elle tenta de le plier, le même son désagréable se fit entendre et l'articulation avait du mal à s’exécuter. Quelque chose empêchait son corps d'agir correctement. C'est alors qu'elle éternua. La vision brouillée, elle n'arriva pas à discerner les grains de sables qui se promenaient tout autour de la Mécanicienne. Promenant son regard injecté de sang sur son environnement, elle vit une silhouette indistincte.

— T'es qui t... ?

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que la jeune femme tomba dans les pommes. L'alcool n'y était pour rien, cependant, cette dernière ne soupçonna pas du tout les symptômes artificiels d'une Illusion. C'est donc sans relever aucune des anomalies à cause de sa condition actuelle, que la brune s'écroula de tout son long sur le sol dans un concert métallique. Des ronflements bruyant se firent alors entendre de la victime de Morphée par l'intermédiaire du micro de la Metal Gear.

Elle dormait et pour de bon...

- Tsukiko, que comptes-tu faire dans ce terrain d’entraînement ? demanda son mentor Kawaguchi.
- Je ne compte pas la laisser partir sans lui montrer ce qu’il en coûte de s’attaquer à mon bar. A ma propriété.
- Je doute que cela soit une action intelligente.

Elle savait ce qu’il allait dire : un Shinobi se devait de préserver ses forces ainsi que cacher autant que possible ses atouts militaires. Malheureusement, ayant beaucoup appris à ses côtés en quatre mois, elle n’avait nullement gagné cette maturité. Plus important, cette rage qui l’avait tant caractérisé ces derniers mois – verrouillée à triple tour au plus profond de son âme – continuait malgré tout à la hanter en l’influençant de temps en temps. C’était à l’époque où elle aurait laissé partir ce genre de stupides personnes, en « espérant » récolter de la bonté.

Plus maintenant. Si on l’embêtait, elle n’hésiterait pas à fermer les clapets par tous les moyens.

- Bonjour. Ou devrais-je dire Bonsoir.

Le chakra avait été dissipé. Par contre, l’alcool était toujours présent. En effet, le trajet entre le heaven night et le terrain d’entraînement n’avait duré que trente minutes, en comptant le fait qu’elle avait mis un peu d’ordre dans le bar. Cependant, dû à cet événement, elle avait compris quelque chose. Elle n’allait pas pouvoir réussir à gérer ses multiples établissements seule : il fallait comprendre le système, il fallait s’investir pleinement dans sa communication et ses chiffres ou encore savoir créer des liens avec les clients ou avec les potentiels informateurs. Il lui fallait un homme de main compétent et performant. En effet, en plus de maintenir les établissements, il se devait de les développer … comme Tsukiko désirait, en somme pour faire des sous mais également pour obtenir différentes informations sur la zone.

Mais où trouver une telle personne ?

- C’est quoi ton problème à foutre en l’air mon bar hein la Bourrée ? T’as un petit nom la Bimbo Frustrée ? Toujours est-il que je prends en otage ce bandeau Shinobi, tu viendras le récupérer en repayant tous les dégâts que tu as occasionné dans mon bar.

Les bandeaux n'étaient pas facilement délivrés. A leur façon, c'était un puissant "objet" pour ceux qui s'en emparaient. Imaginer un Déserteur qui le récupère, et qui se fasse passer pour un Sunajin qu'il n'est pas, et qu'il infiltre ainsi le village? Ajoutons à cela que suite à l'affaire du Saibogu qui avait aidé Rei, ce genre de demande était traité avec plus de sévérité.

- Je t'enverrais le montant à l'adresse du clan Saibogu directement ?

Elle ne savait guère comment se passer chez les Saibogu. Au sein des Kawaguchi, le chef de clan récupérait une grande partie des demandes relatives à ses membres, et prenait les mesures et sanctions en fonction. En soit, c'était plus centralisée chez les manieurs du sable, le plus concentré même dans tous les clans de Suna.

Un mal de crâne. C'est avec une horrible douleur à la tête que la Saibogu se réveilla. Ouvrant doucement les yeux, elle sentit le contact brûlant du sable sur ses joues. Était-elle encore au Heaven's Night ? S'aidant de ses bras, elle tenta de se relever tant bien que mal. Ne portant plus son armure à cause de l'absence d'alimentation, Kan' pouvait sentir les grains dorés lui coller à la peau. La vue encore brouillée, elle leva ses pupilles d'Or vers le ciel. Finalement, elle se décida à observer son environnement. A moins que le Club ait été totalement rayé de la carte, elle ne se trouvait plus à sa position antérieure. Quelqu'un l'avait déplacée. Elle se souvint vaguement d'une silhouette. Était-ce cette personne la responsable ? Fort probable.

Poussant un râle de douleur face à son maux de tête, la Mécanicienne entendit alors une voix qui lui semblait lointaine. Se tournant en direction du son, elle put apercevoir une forme. Plissant les yeux et se penchant afin d'améliorer son acuité médiocre du moment, Kan' se rendit compte que c'était une femme. Une blondinette au visage de glace. Se frottant les pupilles d'un geste rapide des deux mains, la Bourrée essayait de voir si cette personne n'était pas le fruit de son imagination. Ce n'est qu'après plusieurs essais, qu'elle se rendit compte que tout les éléments présents étaient réels.

Finalement, son interlocutrice continua. De toute évidence, cette dernière semblait remontée face à notre protagoniste. Quoi ? Elle était aussi une défenseuse des droits de la femme au travail ? Elle n'avait fait que toucher une paire de fesses rebondies, nom d'Ichibi ! Ne saisissant pas la totalité des mots prononcées par la blondasse, l'attention de la Mécanicienne fut alors captée lorsqu'elle vit un bandeau frontal. Son bandeau frontal ! Comment s'était-elle procurée ça ? Jetant un regard à son bras droit, elle vit avec stupéfaction que c'était vraiment le sien... Découvrant ses dents, la Saibogu grogna en direction de cette femme qui se croyait réellement toute permise ! Après tout, les dégâts du bar étaient minimes ! Craquant des jointures, une veine se dessina sur la tempe de Kan', montrant qu'elle commençait à se mettre sérieusement en rogne.

— Ecoute moi bien la Blondasse : On va faire mieux. Tu m'rends mon bandeau, et j'te promets - Une promesse de vraie de vraie, croix de bois, croix d'fer toussa toussa - que j'te casserai pas la gueule.

Agacée par la situation, Kanpeki haussa le ton et continua :

— Et puis t'es qui bordel pour m'faire chier ?! J'faisais la fête, peinarde, et toi tu viens, tu m'embarques, comme ça au calme, et tu m'ramènes dans c'trou pommé. C'quoi ? T'es une copine de la meuf que j'ai tâtée ?

C'est alors qu'elle se souvint du "Mon bar". Quoi ? La patronne des lieux ? Non, Kan' n'y croyait pas. Suffisait de la regarder pour s'en rendre compte. S'approchant vers l'inconnue d'un pas titubant, la Saibogu commença à rire de façon idiote puis tendit le bras dans la direction de son bandeau.

— Bon allez... Rends moi l'bandeau et j'abîmerai pas ta p'tite gueule.

Elle avait instauré des règles d’or dans son bar. Tout d’abord, aucun client ne devait en sortir avec les pieds devant, plongé dans un coma éthylique. En effet, il fallait dès lors discuter avec les autorités sanitaires, ou encore avec la famille ou les proches et souvent, c’était le bar le fautif et non la victime n’ayant pas arrêté de commander plus que de raison. Cela apportait une mauvaise réputation. Ensuite, aucun ne devait être assez soul pour ne plus comprendre un seul de ce qui se disait. A nouveau, ce genre de client avait une sale tendance à oublier de payer, ou alors prétendre ne pas comprendre pour ne pas payer. Souvent, ils souhaitaient gagner à l’usure, et partir sans payer un seul ryo… ce qui était encore une fois mauvais pour les affaires. Certes, « moins » vendre n’était pas « économique » ou « efficient » mais sur le long terme, elle perdait plus à gérer des cas problématique comme ça ! En effet, entre les dégâts au bar ou encore la clientèle perdue … Les dégâts pouvaient variés de minimes à irréparables. Ce soir, ils étaient moyens.

- Je suis la patronne de l’employée et plus important, la patronne des lieux. Cela m’est égal que tu effleures ou que tu te fasses quelques employés dans les rues, ou toilettes ou même fauteuils, qu’importe.

L’arrière du bar était un club de strip-tease réservé aux VIPs. Quant aux employés, ce n’était guère des Saints ou des Moines, autant dire qu’elle ne se leurrait pas sur les magouilles qui pouvaient se passer ici et là. Tout ce qui l’importait était que cela « travaille » à la fin, et que cela n’apporte pas d’ennuis supplémentaires – maladie, querelle amoureuse, bâtards … etc -.

- Par contre, j’aime moins qu’on apporte des dégâts ou encore qu’on effraie ma clientèle. J’ai mon bar brisé, j’ai des gardes en congé maladie, des soins sur mon compte, j’ai des employés supplémentaires à payer et j’ai perdu beaucoup de profit en fermant un peu plus tôt.

Elle se tut, en regardant la demoiselle tituber.

- Mais je doute que tu comprennes un mot, ce soir.

La Saibogu désirait ardemment son Bandeau – quoi de plus normal, n’est-ce pas ? – et écoutait à peine ce que Tsukiko disait. C’était toujours ainsi dans ces situations : c’était le coupable qui avait raison, et la victime qui avait tort !

- Absolument pas. Saibogu, une facture sera envoyée à ton chef de clan et une fois que tu te seras acquittée de celle-ci, je te rendrais le bandeau.

Plus elle parlait, plus elle s’éloignait.

Chiante, c'était le mot. Voilà longtemps que la Saibogu n'avait pas rencontrée une personne aussi campée sur ses positions. Cette femme était déterminée, et même sous son état d'ébriété, Kanpeki arrivait à le discerner. Cependant, n'allez pas croire que les dires de la Gérante du Heaven's Night eurent le don d'intimider notre protagoniste. C'est en grognant comme un animal acculé, que la Rebelle écouta, à demi, les paroles de son interlocutrice. Et malgré tous les mots qu'elle proféra, le résultat ne changea pas. Cette Inconnue souhaitait absolument résoudre ce problème à sa manière. Comme quoi, l'Intimidation et les menaces avaient été inefficaces des deux côtés...

Tendant toujours le bras en direction de son bandeau dans l'espoir de l'avoir dans le creux de sa main, la Chuunin continuait d'avancer, la bouche pâteuse en direction de sa kidnappeuse. Fronçant les sourcils, elle remarquait que cette garce reculait à chaque pas que la Saibogu faisait. Décidément, elle la voulait sa tarte ! Voyant que la Blondasse n'avait en aucun cas envie de lui rendre son bandeau gratuitement, mais bien en souhaitant lui faire payer ses "divagations", la Brune regarda sa future proie avec dédain. Penchant sa tête sur le côté, elle parla sur un ton qu'elle voulait calme malgré la colère qui bouillonnait en elle. Frémissant de bas en haut, elle n'arrivait pas à cacher ses véritables émotions.

— Tu sais que ton bar ça s'ra le dernier de tes soucis quand j'en aurai fini avec toi, Pouffiasse ? Tu sais pas à qui tu t'adresses ! J'suis Saibogu Kan' maggle ! La Kunoichi la plus puissante et la plus stylée d'Suna ! Les salopes dans ton genre j'les bouffe en 5 secondes piles, tous les jours ! Pas une de plus, pas une de moins !

Sur ces mots un "tantinet" vulgaire, la Kunoichi se recouvrit de son armure de combat grâce à l'intermédiaire de son tatouage dorsal. Alors que le casque se refermait sur son visage déformé par la rage, la Saibogu continua. Micro obligeait, le ton de sa voix était plus synthétique. Robotique.

— Ça t'en bouche un coin, hein ?

Tanguant à cause de l'alcool, la Rebelle avait du mal à rester stable, ce qui lui faisait perdre pas mal de crédibilité devant son adversaire. Poussant des jurons en essayant de trouver une pose solide, elle y parvint enfin après plusieurs minutes à se battre contre le sable et son ébriété... Il y avait quand même plus impressionnant comme scène...

Quasiment de profil à la Blonde, Kan' mit cette dernière en joue. Une mitrailleuse surgit alors de son avant-bras dans un concert mécanique. Désormais, elle tentait le tout pour le tout ! Si cette Inconnue n'abandonnait pas ici et maintenant, la Saibogu n'aurait plus d'autres choix que de passer à l'action... A son plus grand plaisir.

— J'te le répète encore une fois, branleuse de mes deux couilles : Tu m'rends mon bandeau. Ou j'te jure que tu vas revoir la Grande Guerre Shinobi s'abattre sur ta gueule de pétasse.

Les dès étaient jetés.

Spoiler:

« 5 minutes, ni plus ni moins ? Quelle régularité, à croire qu’elle ne s’améliore guère ». Régularité sonnait bien trop faux lorsque l’on mettait Saibogu dans la même phrase. En effet, il n’était guère un secret pour quiconque que les membres de ce clan sont réputés pour leur imagination fertile et leur capacité à surprendre à plus d’une reprise l’entourage, voire même leur « propre » entourage. Les marionnettistes étaient dans les mêmes veines, aussi débrouillardes et aussi inventives … et aussi insubordonnés. Définitivement, régularité et discipline n’étaient pas adaptées pour ces deux clans. A bien y réfléchir, c’était seulement et uniquement les Kawaguchi qui étaient aussi « psychorigide » de la hiérarchie et du règlement. Une mentalité qui avait plus que déteint sur la blonde et qui modifiait profondément chacune de ses relations avec autrui.

La brune qui osait l’insulter, l’haleine sûrement puante d’alcool, se couvrit d’une armurerie métallique bien étrange. Tsukiko ne fit que soupirer devant la stupidité du combat. Cependant, elle ne s’en moqua pas pour autant, et ne sous-estimait nullement l’adversaire. Un alcoolique était bien trop imprévisible et dangereux … et une Saibogu Alcoolo doublement imprévisible et dangereux !

« Sincèrement, de vrais casse-têtes ! ». Tous les Saibogu rencontraient avec un grain dans la tête, sans aucune exception quoique peut-être une certaine blonde des plus hauts placés actuellement. Cependant, entre Saibogu Lina un tantinet trop idéaliste avec des idées de robots sincèrement douteuses, Saibogu Satoshi qui semblait être un visionnaire idyllique qui abandonnait sans honte une grande partie de ceux qu’il avait dû gérer protéger, Saibogu Kan’ – alias Kanpeki, notre Metal Beast – qui balançait ses outrageux seins en insultant vulgairement les passants ou encore Saibogu Notsuu qui était un vrai petit bosseur aux lunettes peu aimable. Au total, cinq Saibogu rencontrés, quatre grandes galères…

- Si tu souhaites. Tu gagnes, tu récupères ton bandeau. Par contre voilà ma seule gentillesse. Tu paieras les dégâts, gagnante ou perdante.

Tsukiko n’était pas tête brûlée au point de tout parier sur un combat. Elle aurait pu parier son argent – chose qu’elle fait régulièrement – mais pas l’argent qu’on lui devait. On faisait une bêtise, à nous d’en assumer les conséquences, n’est-ce pas ?

Sans plus tarder, la Kawaguchi mit à nouveau en exécution sa technique d’avant : celle pour endormir ? Absolument pas pour l’unique raison qu’elle voulait un peu se dégourdir. Un combat bon enfant, sans grand dégât … Promis juré. Ainsi donc, il ne restait qu’une technique : celle qui infiltrait sournoisement chaque rouage ou chaque mécanisme d’une manière ou d’une autre de l’armure de notre Bimbo Favorite ou encore de son imposante mitrailleuse.

« Et au cas où … » se disait-elle. Un imposant hérisson de sable prit forme, ses pics acérés pour déchiqueter ou le corps sablonneux pour engloutir, pour aussitôt foncer sur Kanpeki.

La blonde n'aurait pas d'autre chance. Elle devait abdiquer maintenant, où elle n'allait pas tarder à sentir la colère d'une Mécanicienne en pétard. Chaque seconde qui passait amorçait peu à peu le moment où la Saibogu déclencherait sa mitrailleuse de combat. Semblant être décidée à ne pas abandonner, la patronne du Heaven's Night eut même le culot de relever le défi de la Rebelle. Blague ou bobard ? La Mécanicienne pencha plus sur la première réponse lorsqu'elle vit un hérisson fait de minéral surgir aux côtés de sa créatrice. Restant bouche bée pendant quelques secondes devant le ridicule d'une telle invocation, la Chuunin ne tarda pas à se tordre de rire.

Des larmes coulant le long de ses joues, la Brune n'arrivait plus à se contrôler. Martelant le sol sableux de ses poings, elle ne pouvait plus être sérieuse devant cette inconnue. Finalement, sa crise de rire se calma progressivement. Et tout en se relevant, elle tenta d'effacer ses larmes de joie. Cependant, son masque étant fermé, elle se rendit compte de la stupidité de la chose... Corrigeant son erreur, elle ouvrit ce dernier et effectua le geste qu'elle avait voulue faire quelques secondes plus tôt. Refermant le dispositif, elle refit face à son adversaire. Kan' s'était calmée, cependant, elle ne pouvait s'empêcher de ricaner lorsque ses pupilles ambrées retombaient sur l'animal Kawaï.

— T'es sérieuse ? Tu veux t'mesurer à moi. Moi, la Metal Beast. Avec ce... CETTE MERDE ?! BWAHAHAHAHAHA !!

Et c'était reparti. l'alcool n'arrangeait en rien le caractère de la Saibogu qui devenait complètement barge, amplifiant chacun de ses ressentiments. Et aux yeux de la bourrée, cette animal grotesque était une source d'amusement, de fou rire dans sa condition.

Toussant en plein milieu de la manifestation de sa joie, on aurait presque cru qu'elle allait s'étouffer et s'effondrer. Heureusement, elle pallia rapidement à ce problème et se dressa à nouveau, plus ou moins droite en direction de son adversaire. Là remettant en joue grâce à sa mitrailleuse, elle parla :

— Bon allez. Assez rigolé ! J'vais t'atomiser !

Activant le mécanisme déclencheur de l'arme, cette dernière commença à vrombir. Cependant, quelque chose clochait. Voyant l'engin trembloter, c'est dans un sursaut de surprise qu'elle vit une balle sortir dans une volute sableuse, qui émergeait tout droit... de son canon ?! En tout cas, chose était de constater que les projectiles dévièrent totalement de leur destination en s'enfonçant dans le décor. Ayant l'horrible sensation d'assister à un événement "déjà-vu", elle grogna en direction de la Blonde. Etait-elle la responsable, ou ce dysfonctionnement était le résultat de sa crise de fou rire incontrôlable ? Pestant, elle savait qu'elle n'avait pas le temps de se poser des questions.

Contractant ses muscles, elle fonça en direction de la Blondasse en rageant. Cependant, durant sa course, elle ressentit exactement les mêmes problèmes qu'avant son évanouissement : Les articulations de son armure semblaient gênées, la ralentissant dans sa course. Il n'y avait pas de doute, cette femme était probablement la responsable.

— Son ! Active les boosters, on va lui faire sa fête !
— A. VOS. ORDRES.

S'exécutant, les propulseurs de la MG commencèrent à étinceler d'une lueur bleutée. Ayant pour unique but d'augmenter la vélocité de ses prochains coups, Kan libéra soudainement la sauce.

— Bouffe ça !

Visant le visage blanc bec et trouble de la Blondasse, La Saibogu ne porta aucunement attention à l'animal qui se trouvait à ces côtés. Grosse erreur, puisque ce dernier étant sans doute prêt à contre-attaquer pour protéger sa maîtresse...

Spoiler:

L’idiote se moquait d’elle et de son hérisson. Certes cela pouvait être drôle quand on savait le niveau d’expérience de Tsukiko mais que dire, elle affectionnait malgré tout cette technique. C’était l’une de sa première, et surtout réalisée à une époque innocente et insouciante. Elle voulait, d’une manière ou d’une autre, encore se rattacher à quelques éléments de son passé. Autant dire qu’elle appréciait peu qu’on se moque de cette technique-ci… Et appréciait moins de se prendre des coups violents au visage. Le sang l’aveuglait, la tête lui tournait, les tympans tapaient comme des cymbales et le monde n’était plus qu’une difformité !

Instinctivement, elle profita de la courte immobilité de la Saibogu pour la manœuvrer le sable à même sous ses pieds. En effet, les grains s’accumulaient suffisamment sous la plante des pieds pour tourner l’adversaire dans une toute autre direction, le déstabilisant au passage. Elle profite de ce petit moment de flottement pour pousser d’un coup de pied au loin Kan’.

Au final, Tsukiko était une combattante à distance … et elle allait vite le prouver. L’hérisson encore intacte se dirigea tout droit vers la brunette, l’éloignant toujours un peu de sa maîtresse jusqu’à sa destruction finale. A cette dernière, une toute autre surprise attendait la Bimbo, mais d’ici-là, elle avait encore d’autre souci dont se préoccuper.

Une Saibogu sans équipement était une Saibogu vulnérable. Tsukiko continuait encore et encore à injecter petit à petit un peu de sable dans chaque rouage ou équipement dans l’unique but de gagner du temps. Elle pourrait en finir « vite » à bien y réfléchir, mais elle ne voulait pas non plus blesser à mort une ivrogne. Elle aurait eu moins de scrupule pour une dame consciente, par contre. En effet, Tsukiko comprit bien vite qu’elle avait là une experte Fuinjutsu – une spécificité du clan Saibogu – et du corps-à-corps – au vu de la maîtrise des coups.

La bouche en sang, craintive d’avoir perdu ou non une dent – ce n’était clairement pas « glamour » - Tsukiko tenta de parler. Aussitôt, elle comprit. Si les dents étaient plus ou moins intactes, la mâchoire s’était prise un véritable coup, l’obligeant à parler de « travers », avec un accent étrange. Plus important, petit à petit, une douleur lancinante se répandit, de la mâchoire aux dents et des dents aux oreilles …

- Prochains tours, c’en est fini de toi.

Un simple regard entre elles suffisaient pour que Tsukiko disparaisse dans un petit nuage de poussière. Et attende son heure, en bougeant, profitant de chaque instant où la Saibogu est distraite pour changer de position … Surprise, surprise. Dans ce silence qui peut peut-être s’installer, Tsukiko éclata non loin un bout de rocher.

Spoiler:

Dans le mille ! Son assaut faisant mouche, un sourire féroce se dessina sur les lèvres de la Saibogu qui pouvait sentir le contact du métal sur la mâchoire fragile de son adversaire. Des gouttes de sang s'écrasant sur son casque, elle sut que son combo avait largement fait sa part du marché. Pfff, si cette femme ne savait même pas esquiver une attaque aussi simple, il n'y avait aucune raison que Kan' ne gagne pas. Cependant, un détail interpella la Rebelle : La patronne du Heaven's Night n'était pas tombée. Elle avait prit l'attaque de plein fouet. Et pourtant, elle avait presque le culot de tenir encore sur ses jambes ? Dans son état ? Ce genre d'attitude eut le don d'énerver la Brune qui s'apprêta à repasser à l'attaque. Sonnée comme elle était, cette probable Kawaguchi, ne pourrait rien y faire. En tout cas c'est ce que la Mécanicienne crue.

Quelle ne fut pas sa surprise quand elle sentit la masse sableuse se mouvoir sous ses pieds, rendant son équilibre déjà bancal, totalement instable. Mais cet événement ne fut rien quant à sa stupéfaction qui précéda le coup de pied direct qu'elle reçue en plein estomac, l'envoyant glisser quelques mètres plus loin. N'arrivant plus à joindre un pied avant l'autre et toujours sous l'emprise de l'alcool, Kan' tomba en position assise sur le sol doré, dans un concert métallique étouffé par la sol granuleux. Se redressant avec le plus grand mal à cause du Sable qui pénétrait chaque recoins à nus de la MG, la Saibogu pesta lorsqu'elle vit un nombre incalculable de ces grains couler au niveau des articulations de sa carapace. Essayant de plier ses coudes, elle lutta contre sa propre armure pour se remettre sur pied. Et elle y arriva. Cependant, ses jambes tremblaient violemment, non pas à cause de la fatigue, mais à cause du corps essayant de prendre le pas sur l'Exosquelette. L'armure étant infestée et bloquée par le Sable, Kanpeki devait lutter pour que cette dernière réponde à ses mouvements pourtant simple. A ce rythme, elle allait s'épuiser bien vite... La sueur perlant sur son front, elle tenta de réfléchir à une solution malgré son esprit embrouillé.

C'est alors qu'une boule faîte de pique fonça droit sur elle. Heureusement, Sonzaï n'était pas altéré par la présence de sable, il put facilement identifier le problème offrant ainsi à la Saibogu la chance d'esquiver. Cependant, la perception des distances et le reste de ses capacités oculaires troublées, Kan' ne s'attendit pas à sentir un choc violent et épineux au niveau de son estomac bien plus tôt que prévu. Expulsant de l'air et de la salive à l'impact, elle tomba sur le dos en essayant de retenir l'animal artificiel à l'aide de ses mains avant qu'il ne franchisse complètement l'armure. Mais difficile de retenir une bête dont le corps était essentiellement recouvert de piques. Pestant, la jeune femme pointa le bras où trônait sa mitrailleuse défectueuse. Hurlant de rage, elle tira bien plus qu'une rafale sur ce tas de grain compact. Autant le sable rendait ses tirs imprécis à quelques mètres de distance, autant avec un canon collé sur sa face, la création de la Blonde ne pourrait pas s'en sortir indemne.

Une fois l'animal pulvérisé, elle se redressa, le souffle court. Forçant de toutes ces forces pour se relever malgré le sable présent dans son Armure, elle fit face à son adversaire. Ça ne dura qu'un instant. En un clignement d'oeil, l'ennemie de la Saibogu disparue tout simplement de son champ de vision. Tournant la tête du mieux qu'elle pouvait de chaque côtés du champ de bataille, Kanpeki grinça des dents, s'attendant à se faire attaquer dans son angle mort à tout instant. Non. Il fallait qu'elle agisse avant. Elle en avait assez de se faire dominer ! Elle n'avait pas envie de perdre ce combat !

— Tu veux jouer à cache-cache ?! Très bien ! Cache toi autant qu'tu veux ! J't'attends d'pied ferme ma vieille !

Elle alla même jusqu'à enlever son armure de combat qui était désormais plus un poids qu'autre chose. Posant un genou à terre, elle porta une de ses mains à son ventre blessé. Les pics de l'animal avaient bien réussis à traverser la couche métallique de sa protection. Se sentant en position de faiblesse, elle se releva. Puis, entre deux inspirations, elle continua, gueulant à l'adresse de la Blonde.

— Allez amène toi ! Regarde, j'ai même pas b'soin d'mon armure pour te baiser ! Qu'est-ce que t'attends pour te montrer ?!

A bout de souffle, titubante, Kanpeki savait qu'elle n'était pas en position de force.

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Son hérisson était détruit. Loin d’être triste, cela ne l’avait inspiré que davantage. Le grand souci d’un sable « brut » soit à disposition comme le désert lui-même, cela demandait plus de temps pour le maîtriser dû au lien à établir. Au contraire, le sable crée par sa personne était tout simplement plus malléable … parfaitement adapté au pouvoir des plus créateurs des Kawaguchi. En effet, le Sunaton pouvait servir d’arme pour aussitôt devenir de défense à la seconde suivante. Aucune invocation ou temps n’étaient nécessaire.

- Là. Admets ta défaite, et accepte de payer une bonne fois pour toute, espèce d’Ivrogne Vulgaire.

Ainsi donc, elle se dévoila, attirant le regard de la Saibogu vers elle, ainsi que l’attention autant que possible. Tsukiko faisait également exprès d’attiser la colère. Certes cela pouvait être dangereux, poussant l’adrénaline de chacun, mais c’était également un merveilleux sentiment poussant tout homme et femme à commettre de véritables bêtises.

- Tu disais quoi déjà ? Des poufiasses comme moi en cinq minutes, ni plus ni moins ? Aucun doute, il semblerait que l’amélioration de tes capacités ne soit guère une priorité. Je dirais que tu stagnes … voire régresses.

Tout en parlant, elle fit discrètement des mudras dans son dos même, se concentrant totalement sur le sable de son défunt hérisson ou encore des multiples rouages dévastés de l’armure de la Saibogu. Ainsi, consciente ou non, deux tentacules de sable se dirigèrent droit vers la brunette, de dos, pour s’emparer des deux jambes. L’idée était tout simplement qu’elle soit attrapée, pour être valsée non loin avec une technique toujours propre à son clan. En effet, au lieu de compresser sa proie dans du sable, elle pouvait tout autant la balancer contre un rocher ou un tronc pour lui exploser un crâne ou quelques membres. En l’état actuel, Tsukiko allait se limiter à jeter comme un chiffon malpropre sans trop de dégâts si ce n’est des bleus, égratignures et écorchures au sol.

- Je t’ajoute la facture de l’hosto’, signala-t-elle avec cette mâchoire à la géométrie étrange.

Elle espérait que ce n’était pas des dégâts « définitifs ».

Grinçant des dents, Kanpeki essayait tant bien que mal à tendre l'oreille dans le but d'entendre ne serait-ce qu'un son, un indice qui lui permettrait de repérer cette Blonde. Cachée par un Jutsu que la Rebelle ne connaissait pas, cette dernière se demanda si son adversaire ne s'était pas tout simplement enfuie. Ses doutes s'envolèrent lorsque la voix de la Patrone du Heaven's Night retentit non loin de sa position. Afin de montrer que ce n'était pas un mirage où une hallucination, la Kawaguchi réapparue. Le regard défiant, la Rebelle se tint prête à faire face à son adversaire. Sa colère montait au fur et à mesure que les paroles de son ennemie résonnaient à ses oreilles. Elle n'aimait pas être prise au dépourvu et encore moins qu'on lui montrait qu'elle s'était loupée. Tendant le poing dans la direction de la trouble-fête, un majeur anarchiste était quant à lui bien dressé par rapport à ses confrères soumis.

— J't'emmerde...

Le ton employé était faible. Intérieurement, elle voulait encore se battre. Elle ne voulait pas perdre face à cette poupée Barbie qui jouait avec ses nerfs. Cependant, elle eut à peine le temps de terminer sa phrase qu'elle entendit le sifflement du sable. Baissant les yeux, la surprise put se lire sur son visage suant lorsque elle se sentie quitter le sol à cause de deux lianes sablonneuse. Secouée par la prise qu'exerçaient les tentacules, elle fut projetée sur le sol. Roulant sur le sol de manière répétée, la jeune femme tenta de se relever. Totalement déboussolée et ayant encore plus l'impression de tanguer, elle ne put s'empêcher de vomir. Toussant et toujours en position de quadrupède sur le sol, elle entendit la dernière phrase prononcée par la Kawaguchi. Tournant lentement la tête dans sa direction, le visage de la Saibogu était empli de détermination. Essuyant les restant de suc gastrique qu'elle arborait sur ses lèvres d'un revers de la main, elle se leva en titubant.

— Tu m'prends pour qui ? Avançant dans la direction de son adversaire, sa main posée sur son ventre blessée, elle continua. Tu m'prends pour qui ? Finalement, elle s'élança en usant de ses dernières forces. TU M'PRENDS POUR QUI BORDEL ?!

Elle voulait la faire taire. Sa voix l'énervait. Avec une envie irrépressible de lui faire mal, la Saibogu fonça sans prendre aucune précaution. Poings brandis, elle partait encore pour viser ce visage de Princesse. Elle voulait l’abîmer ! Elle voulait gagner ! Depuis toujours, Kanpeki avait été une femme qui cherchait la victoire dans tout ce qu'elle entreprenait. Et ce combat ne dérogerait pas à cette règle. Elle y mettrait tout son cœur, son envie et ses forces. En tout cas c'est qu'elle ressentait.

Visuellement, le Spectacle était misérable. La jeune femme manquait de chuter à chaque pas qu'elle faisait. Manquant d'élan, son futur coup n'aurait pas un impact suffisant pour ne serait-ce qu'inquiéter la Kawaguchi. Elle avait gagné. Mais ça, la Brune refusait de l'accepter.

Si le début avait été un tantinet pimenté et excitant, la fin était tout bonnement pitoyable. Il a suffi d’une « petite secousse » pour que la Saibogu crache tripe et sang dans une flaque jaunâtre ou verdâtre des plus épaisses. Elle venait tout bonnement de vomir, à quatre pattes, le visage tordu de douleur comme de dégoût. Le fait qu’elle se relève pour tenter encore de se battre fatigua tout bonnement la Kawaguchi. Ce n’était ni une combattante à sa hauteur – sa condition d’Ivrogne n’aidait pas – ni une personne sage qui aurait compris qu’abandonner serait bien meilleur que continuer à se ridiculiser de la sorte. En somme, un combat perdu.

- Suno, ramènes-la aux quartiers de son clan. Pour ma part, je vais à l’hôpital puis au bar pour établir des factures et arranger ce qui peut être arrangé, dit-elle avec difficulté, la mâchoire l’élançant toujours plus.

Une plateforme sablonneuse apparut sous ses pieds, et c’est avec un rythme doux, non brusque qu’elle se mit en route de l’hôpital, ignorant royalement la misérable course de la brunette. En passant non loin de la brunette, Tsukiko montra que le Bandeau de la Saibogu était encore et toujours entre ses mains.

- Récupères-là quand tu auras décuvé, et avec un petit sac d’or.

Non loin, le vieil homme qui ne cessait de suivre la Kawaguchi, et qui obéissait – ou surveillait si l’on voulait –, s’approcha de Kanpeki, tendit une main rassurante. Son ton était doux, ses traits amicaux et ses mains chaleureuses. Il était un des meilleurs senseurs de son clan, et il ressentait parfaitement les mille émotions de la brunette.

- Je partage ces sentiments des jours, et je me dis qu’elle a beaucoup à apprendre de la politesse et du respect, finit-il par dire en souriant et en lançant un clin d’œil complice. Laissez-moi vous raccompagner, voulez-vous bien ?

Qu’elle le veuille ou non, le senseur allait la suivre, noter son adresse, plaider pour que Tsukiko rende le bandeau en échange de ces informations récoltées en une seule nuit – adresse, et nom, c’était bien mieux qu’un bandeau « anonyme » et « volé » ou, selon Tsukiko, « tenu en gage ».

Ignorée. Tout bonnement ignorée. Alors qu'elle s'était élancée en direction de la Kawaguchi pour frapper une bonne fois pour toute de ses maigres forces, son adversaire s'en alla. Posée sur un nuage doré, elle fit un détour et quitta la zone de combat. S'arrêtant dans sa lancée, Kan' regarda la lâche quitter le champ de bataille. Se tenant droite avec le plus grand mal, ses épaules bougeaient au fur et à mesure que ses poumons se remplissaient. Ses yeux étaient incrédules, indignés. Elle allait la laisser ? Comme ça ? Par pitié ?! Un déshonneur pour la Saibogu qui se sentait humiliée.

— REVIENS ICI ! C'EST... Toussant, elle se plia en deux, réveillant sa douleur au ventre. Relevant son visage marqué par la douleur, elle continua. Un quasi murmure s'échappa de ses lèvres. C'est loin d'être fini...

Rageant intérieurement, elle retomba sur les genoux. Reniflant et crachant, elle frappa du poing le sable. Hurlant de rage, elle réalisait qu'elle s'était fait battre à plate couture, par une gamine. Une garçe blonde qui n'aurait pas eu la moindre chance si elle n'avait pas été dans un état d'ébriété. Et oui, de mauvaise foi, elle accusa l'alcool. Ce n'était pas sa faute. Seulement celle de ce breuvage qu'elle avait absorbé pour la première fois ! N'ayant pas récupéré son bandeau, elle se jura d'aller le récupérer quand son corps lui même aura retrouvé des forces. Pour le moment, elle avait encore la tête qui tournait, lui faisant perdre la notion d'équilibre. Une main au front, la Saibogu tenta de se relever. C'est alors qu'une main entra dans son champ de vision. Posant ses yeux fatigués sur la possesseur de cette dextre, elle discerna un vieille homme. L'inconnu commença à parler, partageant son ressenti sur la voleuse de bandeau. Finalement, il termina sa phrase en proposant à la Mécanicienne de la ramener. La réponse ne se fit pas attendre.

— J'peux me démerder seule. Ayant encore une part de fierté, elle gifla le membre du nouvel arrivant, et se redressa sans son aide. Maintenant casse toi, l'ancêtre.

Titubante, faire un pas devant l'autre était synonyme de douleur pour Kanpeki, qui maudissait à chacun de ses mouvements la blonde qui la faisait vraiment douter maintenant. Des défaites, la Brune en avait essuyé, mais celle là... n'avait pas été prévue. Grinçant des dents alors qu'elle repensait au combat qui s'était déroulé quelques instants plus tôt, la jeune femme se mit en route vers la maison d'Aki.

Elle allait récupérer, s'entraîner. Et quand elle serait prête, elle retrouverait son adversaire et elle l'écraserait. S'en faisant la promesse, elle reprit de l’aplomb. Cette blondasse ne l'emportera au Paradis ! Foi de Bi Kami Kanpeki Saibogu alias Metal Beast !