Une rencontre avec Monjara Shinji était prévue. Peu après son retour. J’avais bien reçu sa lettre et il me semble qu’elle recelait au moins une information d’ampleur concernant le pays de l’Eau : les motifs de l’Empire. Tel que je l’avais compris, il s’agissait bel et bien d’invasion. Cependant, une information de taille me fut livrée : celle de la création de Kirigakure no Sato, le village de la Brume. Cette information de taille appelait plusieurs interrogations de la part du dirigeant que je suis. Diriger c’est prévoir. Mizu sous le contrôle de l’alliance des pays neutres, monstre difforme ayant peu à peu pris la mesure d’un Empire. Un Empire encore fragile, du fait de sa naissance récente, mais… un Empire tout de même. Avec toutes les consonances que peuvent prendre ce terme. Pouvais-je tolérer que cet Empire, déjà au portes du pays allié de Tetsu, sur le continent, soit par ailleurs maître de l’archipel ? Il me semble que non. Quel dirigeant digne de ce nom pourrait concevoir pareille chose ? Prenez une carte géopolitique du monde actuel et regardez les positions déjà très avancées de l’Empire. Observez l’impressionnante domination territorriale du Shukai si d’aventure ils devaient disposer de Mizu dans leur giron. Ce serait l’Empire à l’ouest et l’Empire à l’est. Quasiment l’omniprésence. Si les autres villages pouvaient souffrir cette présence étouffante, moi, je ne concevrais pas. Encore moins l’idée d’une Kiri sous domination du Shukai. J’aime mieux la Brume indépendante, bagarreuse et fière qu’une Kiri fer de lance d’un Empire. Le mieux pour Kumo est qu’aucune de ces deux entités ne voie le jour. Le cas échéant, il me faudrait me battre pour que la nouvelle Kiri naisse indépendante du Shukai. Dure mission. Mes opposants diront surement qu’au lieu de me mêler des affaires intérieures je m’intéresse aux choses extérieures ne me concernant pas. Mais n’ai-je pas démontré à suffisance qu’agir était le meilleur moyen de protéger Kumo ? La politique intérieur impacte sur celle extérieure et vis versa. Agir à Mizu est là une option risquée. Mais un risque que je veux prendre et que je dois prendre dans l'intérêt de la Foudre. L'on ne dira pas de moi que je suis le Raikage qui a laissé l'Empire s'accroitre. Je préfère encore perdre une guerre et mourir au front. Les konohajins et les sunajins, s’ils ne faisaient pas déjà des courbettes devant l’Empereur, pourront remercier les kumojins, plus tard, pour les sacrifices des leurs pour le bien de tous. Car si ces deux peuples manquent de vision, la lucidité est clairement kumojine. C’est bien l’équilibre mondial qui risque d’être rompu d’ici quelques saisons. Et nous l'avons pertinemment entrevu.

Le Monjara été arrivé. Toujours aussi raffiné. J’admire son attitude de calme absolu. Il est difficile de percer à jour les mystères de cet être. Mais pour l’heure je me constate de ce qu’il me montre à travers les actes qu’il pose pour ou en défaveur de ma personne, de Kumo ou de Kaminari. Et jusqu’ici… Rien à signaler. Voilà qui lui vaut d’ailleurs de gravir les échelons si rapidement.

« Salutations Shinji. Assieds-toi je te prie. »

Un moment de silence, le temps qu’il prenne place, puis je pris en main les discussions.

« Merci pour ce rapport. Je dois dire que tu ne fais malheureusement que confirmer mes soupçons. Je me serai bien passé d’une avancée du Shukai vers Mizu. Cependant, la création de Kiri est une chose que je n’ai pas vu venir. Quel intérêt le Shukai aurait-il à recréer Kiri ? En mon sens, l’Empereur n’y gagnerait que peu de choses. »

Un nouveau silence, le temps de laisser mon interlocuteur rebondir sur ces propos.