Rencontre fortuite, discussion opportune |Miko|

Rentrant du Pays du Bois, où il avait rencontré sa nièce, l’homme chevauchait avec une petite troupe l’encadrant pour le voyage du retour. Il faudrait encore quelques jours pour rejoindre le Pays de la Terre ; en particulier avec ce détour à Tori no Kuni. Un désir de voir les oiseaux ? Pas vraiment, en vérité. C’était surtout une question stratégique. Le Pays des Oiseaux était certainement celui qui causerait le plus de problèmes par la suite. Attaché au système féodal, fidèle à son Seigneur, sa mort n’avait entraîné qu’une énorme surprise suivie d’un profond ressentiment. Autant dire que le passage de l’Empereur serait un premier test pour voir la réaction de la population.

Dans les premiers villages croisés, il était apparent que les relations ne seraient pas simples. Même s’il n’était que de passage, notre Kamui ne restait qu’un Empereur de l’Ombre. Personne ne connaissait vraiment son visage. En vérité, personne ne connaissait l’Empereur et le monde Ninja. Dans ce système profondément féodal, on ne pouvait pas espérer que le bas peuple connaisse le véritable sens de « Ninja ». C’était des agents de l’Ombre, demeurant quasi-invisibles pour la populace, n’interagissant qu’avec l’ancienne Seigneurie et son administration. Qu’ils ignorent qui étaient ces hommes n’était donc pas une surprise. Alors comment juger de l’avis de la populace ?

Par le sentiment général qui y pesait. Avec l’élimination des Seigneurs féodaux, on aurait pu s’attendre à une large crise intérieure, où chaque Pays serait alors voué à sombrer et à attendre dans la crainte l’Ordre Nouveau. La chance avait voulu qu’il n’en soit pas ainsi. Dire qu’il n’y avait eu aucun mouvement révolutionnaire serait un mensonge. Ce dernier était particulièrement présent dans deux pays : le Pays des Oiseaux, et le Pays de la Terre. Là où le poids seigneurial était le plus fort. Mais trois points avaient joué en faveur du nouveau Régime : le premier était une importante propagande, dénonciatrice quant aux agissements des différents Seigneurs Féodaux. Certes, parler de leurs crimes et de leur intention ne touchait que peu le bas peuple qui ne comprenait pas vraiment ces histoires de politique, de frontières, de lutte intestine … . Le deuxième point était la disparition d’impôts militaires. Avec l’élimination des Daimyos, la levée de fonds pour engager des troupes de défenses n’était plus nécessaire, et on pouvait dire que cela avait été ressenti comme un soulagement pour les plus pauvres.

N’oublions pas le dernier point. Le fait que les Daimyos aient été assassinés par des Ninjas signifiait qu’une force inconnue et invisible dominait dans l’Ombre. Aussi, même si les personnes se satisfaisaient de la situation actuelle, elles n’osaient trop en dire, de peur de voir la Rage Noire fondre sur eux et leur accorder un mauvais chatiment.
En passant dans ces régions à cheval avec sa petite escorte, notre quinquagénaire n’entendait pas se faire remarquer. Il serait certainement identifié comme un personnage important, mais rien de plus. Au mieux, les rumeurs les plus folles parleraient de lui comme le futur maître du monde. Pas de quoi s’y attarder, donc.

Traversant le petit village au galop, la troupe continuait sur une route boisée. Encore quelques jours avant d’atteindre la frontière. On pourrait même accélérer le rythme pour passer par Suzume, traverser la forêt de Fukurou et rejoindre le Pays de la Terre en deux jours. Ce serait donc une bonne nouvelle … .

Un signe de la main, et les chevaux se cabrèrent. La petite troupe fit une halte, pendant que l’Ancien se tenait en tête, contrôlant sa monture, et scrutant les lieux. Un préssentiment ? Une ombre ? Un élément du décor le gênait. Il devait ya voir entourloupe. Faisant comprendre à son équipe qu’elle le suivrait désormais à distance, et malgré les traits de réticence adoptées par les membres de l’escorte, il fut décidé qu’il en serait ainsi. La chevauchée semblait donc se faire en deux groupes ; Kakeshuou Samui se trouvait en tête, une dizaine de mètres devant ses compatriotes. Il fit stopper sa bête une seconde fois.

~ Pourquoi ne pas se montrer plutôt que rester dans l’ombre … . Ca ne pourra finir que dramatiquement si la situation reste telle quelle … .

Kusa, Ame, et maintenant Tori. Elle voyageait plutôt pas mal récemment. Et malheureusement pas pour faire la route des vins. Quoique. Elle aurait pu. Elle ne passait plus son temps à faire des petites missions sans grand intérêt. Son job à Kusa et particulièrement la fin de celui-ci lui avait rapporté un bon petit pactole. La moitié de la fortune des Daimyos du pays. Pas mal. Elle n’avait pas fait les comptes avec précision. Mais avait stocké le tout dans des parchemins. Assez rudimentaire comme pratique mais qu’y pouvait-elle si les Daimyos étaient une espèce qui s’apparentait à celle des dragons des contes et légendes qui aimaient amasser tout l’or qu’ils pouvaient rassembler pour se vautrer dedans.

Elle allait devoir prochainement passer à la banque. Mais devait avouer ne pas avoir de contacts fiables en dehors de Hi et Ame. Assez embêtant. Pour l’heure elle n’y était pas. Un autre territoire du Shukai. Dont la tête était également tombée pour ce nouvel Empire. Réjouissant. Mais elle s’était montrée curieuse d’une part … et d’autre part, perdue ainsi en pleine forêt elle attendait quelqu’un. Un membre du Shoraizen. Elle avait reçu un message d’Hiriko récemment lui rappelant qu’elle avait des devoirs malgré tout en tant que membre. Ce n’était pas la première fois qu’elle rejoignait un inconnu comme ça dans un pays étranger. Étendre l’influence de l’organisation, recruter d’avantage de gens. Les raisons différaient d’un endroit à un autre. Pour l’heure elle fumait sa cigarette au point de rendez-vous, adossée à un arbre au bord de la route dans la direction d’où le bonhomme devait débarquer. Elle détestait quand ils étaient en retard.

Et pourtant elle ne s’était elle-même pas pressée depuis la ville la plus proche au sud d’où elle était venue. Étant rapidement sortie des sentiers, elle avait exploré les sous-bois d’un intérêt dont elle ne démordait pas. Et même si elle s’avouait déçue devant le manque d’exotisme des races d’insectes de cette région du monde, elle s’était tout de même donné de quoi s’occuper. Pondeuses placées avec plusieurs ouvrières, chakra canalisé pour s’assurer la survie de cette nouvelle ruche dans ce nouvel habitat, elle avait ajouté à sa liste de pays … contaminés … Tori no Kuni. Elle savait ce qu’elle faisait quelque peu dangereux pour l’écosystème des endroits auxquels elle ajoutait méthodiquement de nouvelles espèces d’insecte mais elle détournait toujours le problème en implantant des insectes non nuisibles, peu envahissants et jouant un rôle majeur dans la pollinisation. Elle était vraiment d’une gentillesse à toute épreuve. Écrasant son mégot entre ses doigts, elle le jeta par terre et sortit une nouvelle cigarette tout en cherchant son briquet. Elle était sûre de l’avoir placé dans son paquet pourtant.

Le trouvant enfin, elle tenta de l’allumer en vain. Plus de gaz. Connerie. Essayant plusieurs fois d’allumer la cigarette qu’elle laissait à présent pendre à son bec, avec seulement l’étincelle que provoquait le briquet, elle abandonna alors que les bruits de chevaux qu’elle entendait arriver se turent avant de reprendre. Un seul cavalier s’avançait maintenant. Le contact ? Mauvaise route. L’entendant l’apostropher et la menacer à moitié, elle soupira. Ce n’était pas lui et la vue du bonhomme qui lui adressait la parole le confirma. Monté sur son étalon, il n’avait rien à voir comparé aux habituels freluquets du Shoraizen.

Comment mettrai-je ma tentative d’embuscade en branle si vous m’obligez à trahir ma présence ici … Monseigneur.

S’inclinant d’une fausse révérence dans ses vêtements de voyage, l’Aburame tenait dans l’une de ses mains la cigarette éteinte et dans l’autre le briquet inutile. Roulant des yeux tout en se redressant, Miko soupira silencieusement.

Je suppose que mon camouflage n’était certainement pas à la hauteur de vos ...

Arquant un sourcil alors qu’elle sentit le chakra de son interlocuteur, l’Aburame laissa son dernier mot trainer. Comme si elle avait voulu vérifier par elle-même et s’en était retrouvée surprise.

… Compétences …

Un homme pas courant. Un ninja en habits du dimanche. Elle s’était attendue de lui qu’il ne soit qu’un petit nobliau. Le Daimyo n’était plus, il aurait pu être son père. Ou son grand-père. Ou oncle ou frère. Enfin la liste pouvait être longue et elle ne connaissait en aucun cas les clans et familles qui dirigeaient le pays des oiseaux.

L’apparition de l’inconnue sur la route provoqua un sursaut chez la garde qui manqua de peu d’accélérer le pas pour se placer entre le mystérieux contact et l’Empereur. Mais un mouvement de la main assez clair suffit à les tenir en arrière. Notre Kakeshuou s’était douté de la réaction qui serait la leur. Pour éviter tout malentendu et toute rixe future, il s’était directement interposé. Pour l’instant, nulle raison de se montrer aussi offensif. L’individu, qui qu’il puisse être, restait pour l’instant en retrait, et poli. Même s’il devait s’avouer être un adversaire, notre homme pourrait tenir assez longtemps pour que ses gardes se portent à son secours. Et il faut bien avouer … qu’il ne comptait pas nécessairement sur eux pour régler cette affaire.

Toujours sur son canasson, notre quinquagénaire observait de sa hauteur la personne s’étant débusqué ainsi. Hormis ces vêtements amples, et ces mots porteurs de respect et de retenue, l’Ancien ne savait trop comment juger cette entrée en scène. Elle avait parlé d’embuscade ; était-ce destiné à son encontre ? Attendait-elle quelqu’un d’autre ? Et cette cigarette, et le briquet dans l’autre main. L’aurait-il surprise dans son irrésistible envie de fumer ?
Créons un contact et imposons une relation de confiance et de retenue en cette heure. Bien qu’équipé d’un seul bras, notre homme faisait un mouvement ample de la manche droite, et laissait son membre s’enfoncer dans les plis de ses vêtements ventraux, pour finalement trouver l’objet métallique souhait. La petite boîte qui fit son apparition prit son envol vers la jeune femme. Des allumettes ?! Il n’en restait plus que trois ! Pas intérêt à se planter !

L’homme reposait son bras sur le pommeau de la selle.

~ J’ignorais qu’il y avait du monde à embuscer sur ces routes de campagne … . J’espère qu’il ne s’agissait pas de moi, et que ces allumettes seront un pot-de-vin suffisant pour m’épargner … .

De l’humour ?! Notre Kamui s’essayait à la blague pour adoucir la situation ?! Et depuis quand notre homme n’était-il plus un sanguinaire se jetant sur chaque opportunité de combat ? La perte de son bras avait du le rendre faible ; ou encore le fait d’être à la tête de l’Empire lui avait donné plus de sang froid. C’était certainement ça … . Mais non, voyons !! Pourquoi croire que cet homme n’était qu’un Buveur de Sang, rêvant de Mort et de massacres ?! L’Ere des Guerres Claniques avaient certes été sanglantes, mais cette époque était révolue. Et si ce n’était pas Devoir, jamais le Samui n’avait contribué à un quelconque massacre illégitime et illégal ! Bref … .

Avec cette première entrée en scène, notre homme était resté patient. Il lui accordait un court instant, afin qu’elle prenne ses marques, prenne son petit plaisir par une bouffée de tabac. Pour être un fumeur occasionnel, l’Empereur savait qu’on ne devait pas interrompre cette demie seconde si précieuse et si appréciable par d’autres futilités extérieures. Maintenant que cette pause était prise, il était tenté d’en savoir un peu plus. Après tout, il devait bien avouer qu’il restait lui-même intrigué. Et la femme n’avait pas répondu à tout … .

~ Je reste quand même curieux. A part un homme comme moi de passage ici, alors que personne ne pouvait le prévoir, je ne vois pas qui pourrait s’attarder sur cette route miteuse … .

Voilà un point intéressant ! Notre homme, que ce soit au regard ou à la sensation, avait bien senti cette puissante aura. Raison principale qui lui avait permis de reconnaître la présence d’une personne dissimulée auparavant. Ses capacités de Senseurs étaient plus précieuses qu’on ne pouvait le penser. Mais la question restait entière. On pouvait envoyer n’importe qui pour une embuscade. Mais ce qui était commun, c’était d’envoyer un assassin en fonction de la difficulté de la tâche. Aussi, à part pour éliminer l’Empereur sur cette route, qui pouvait bien être assez puissant dans les environs pour susciter les intérêts d’une personne aussi combattive … ? Pas le Daimyo, j’espère ! les hommes de noter Kamui s’en était déjà chargés ! …

~ Donc je précise ma question : qu’est ce qui peut bien motiver quelqu’un comme vous à tendre une embuscade ? Pour qui, et dans quel intérêt ?

Des questions basiques, oui, je sais. Dans le même temps, on ne peut qu’attendre des questions simples et élémentaires pour une première rencontre.

Attrapant le paquet en vol avec sa seule main valide, elle ouvrit la boite entre ses boites, découvrant les quelques allumettes restantes. Bien moins pratique qu’un briquet mais tout aussi efficace. Peu dérangée par le fait d’être manchote, elle cala la boite avec son moignon et craqua l’allumette contre celle-ci, faisant jaillir une petite flamme dans un crépitement. Allumant la cigarette qu’elle tenait à présent entre ses lèvres, elle éteignit le petit tison en l’agitant et referma la boite. Un pot-de-vin ? Supposant qu’il les lui offrait, elle glissa le tout dans sa poche et souffla enfin la fumée qui s’était amassée dans ses poumons.

Eh bien, eh bien quelle autorité. Pour l’argent principalement. Quant au commanditaire, je ne connais pas son nom.

Elle avait beau se moquer de lui, il avait au moins eu la décence d’attendre la fin de son petit manège avant de se remettre à parler. Ce genre de personnes était rare. Ou bien elles étaient fumeuses tout comme elle.

Probablement le Shukai … J’ai entendu dire qu’ils s’étaient mis en tête de couper plusieurs têtes par-ci par-là dans les pays auxquels ils avaient juré fidélité. Vous ne seriez pas le Daimyo du pays à tout hasard non ? Si vous tentez de fuir les terres de cet « Empire », vous prenez la mauvaise direction si vous voulez mon avis.

Continuant dans son humour douteux, elle en était venue à passer le temps, chose qu’elle n’aurait jamais été intéressée de faire avec autrui avant. Enfin … Tout ça risquait de mal finir s’il ne comprenait pas le second degré bien caché qu’elle dissimulait dans ses boutades.

On m’avait prévenue d’une telle escorte, mais pas de votre manque de prudence à vous détacher de vos gardes.

Fumant avec un petit sourire au coin des lèvres car se trouvant plutôt amusante dans sa conversation, l’Aburame continua dans sa lancée.

Mais ne vous en faites pas, il existe une autre solution. Votre proposition de pot-de-vin … Est assez intéressante.

Quitte à jouer la comédie, autant tenter quelque chose. Qui sait, elle parviendrait peut-être à se faire de l’argent de poche. Bien que le pactole des Daimyos de Kusa lui assurait déjà une petite retraite confortable.

Mais il vous faudra bien plus que deux-trois allumettes… merci au passage. Des propositions pour acheter votre laisser-passer ?

Peut-être y mettrait-il du sien et avait-elle vu juste dans ses suppositions basées sur presque rien. Mais bon il ne fallait pas qu’elle se fasse des idées. Peu sûr qu’il capitule et vide ses poches surtout avec le petit bataillon derrière lui mais bon …

Plus cette personne lui parlait, plus il appréciait son caractère effrontée. Peur de rien, une femme solide comme un roc pouvant affronter tout ce qui se mettait sur son chemin ! Certains n’avaient pas froid aux yeux ; peu parmi eux avaient de bonnes raisons d’agir ainsi. Mais pour le coup, Kakeshuou était prêt à dire que cette personnalité lui plaisait. Voyant les boutades défiler à vitesse grand V et l’humeur rester légère, notre Empereur était même prêt à concéder un sourire moqueur ! Il aimait les personnes avec du mordant ! …

Mais visiblement, les points communs étaient plus nombreux que prévus. L’apparition de ce misérable moignon en disait aussi long sur la kunoichi. Si elle était frivole et impétueuse, elle pouvait aussi en payer le prix fort. Il fallait sans doute être sans cœur ou profondément hargneux pour faire du mal à une femme. Naturellement, le vieux quinquagénaire n’aurait pas hésité une seconde, si cette inconnue se présentait comme ennemie : ce ne serait pas la main, mais la tête qui aurait volé ! Mais encore une fois, ce genre de coïncidence était presque comique !

Comment prendre ces petites attaques verbales ? Sur le ton de la rigolade ? Ou fallait-il revenir à quelque chose de plus sérieux ? Après tout, il s’agissait d’une rencontre fortuite, menant à une discussion hasardeuse certes mais opportune ! Il y a toujours du bon à tirer de ses voyages. Voire de potentiels alliés ! C’était dans ce genre de conditions que le Kamui avait rencontré l’un de ses plus proches collaborateurs. Etait-il face à un doppleganger ? Faisons l’essai de la réponse, pour voir où cela va nous mener.

~ Je ne vois pas pourquoi je souhaiterais fuir l’Empire ! Après tout, un Roi ne fuit pas son Château, n’est-ce-pas ? En attendant, si vous êtes surpris par l’escorte, sachez qu’elle est davantage protocolaire, et j’estime n’avoir besoin de personne pour me défendre, malgré quelques problèmes physiques … . Que vous partagez, semble-t-il.

Toujours accroché au pommeau de sa selle, l’homme scrutait le visage de la combattante. Elle aurait deviné son identité ? Quoi, parce qu’il était escorté ? Non, elle était visiblement au courant de quelque chose de plus. Et le fait qu’elle mentionne les Assassinats des Daimyos alors que les contrées étaient encore sous le coup du blocus intérieur montrait qu’elle avait été plus proche de l’action qu’on ne l’aurait cru au premier regard.

Elle se disait prête à être achetée ? Une simple mercenaire en somme … . Mais l’Empereur avait-il encore besoin de cela ? Sa tournée venait de lui prouver que tout s’était passé pour le mieux et que, bientôt, un Ordre Nouveau règnerait sur ces terres. Lui fallait-il vraiment des hommes ? C’était une femme, certes … . Inutile d’entrer dans les détails.
Mais le jeu continuait ! Et si la mystérieuse guerrière de l’Ombre souhaitait à ce point connaître les limites et les risques que son interlocuteur était prêt à prendre, elle serait sans doute surpris … .

~ Obtenir un laisser-passer sur ces terres semble très compliqué à l’heure actuelle … . Avec le blocage des informations, la pression que met l’Empire, j’avoue ne pas avoir pensé que ce serait à moi de payer … . Et je ne dispose pas de mes coffres sous la main … . Un homme comme moi ne peut vous proposer que ce dont il dispose. Accompagnez-moi et vous serez payé en fonction des compétences que vous pouvez m’offrir. Acceptez les allumettes et un peu de tabac si cela vous suffit. Sinon, hormis mon cheval que je ne consens pas à céder, je crois bien n’avoir que mon corps et sa force à vous offrir … en fonction de ce que vous voudriez en faire … .

Heuuuuuuuuu il nous parle de quoi, là, le Papy ? En jouant ce jeu ridicule mais comique pour deux adultes vaccinés et consentants, où comptait-il amener ce duo ?!
Et était-il vraiment prêt à jouer ce jeu jusqu’au bout ? Ne risquait-on pas de revoir surgir la Bête si le danger le guettait de trop près … ?

Un Roi au sein d’un Empire ?

Arquant un sourcil, l’Aburame s’avouait pour le coup surprise de la réponse de son interlocuteur. Aurait-elle en face d’elle l’Empereur lui-même ? Elle devrait l’admettre, la surprise serait plus que grande. Quoiqu’il en était, sa compagnie restait agréable, même si au vu des conditions de leur rencontre, celle-ci semblait plus qu’éphémère.

Je serais tentée d’accepter que vous vous offriez à moi … L’Empereur Glaçon lui-même. Mon prisonnier … vous vaudriez sûrement une jolie petite somme. Mais encore faudrait-il que je trouve un acheteur …

Si tant est qu’elle s’en sortait, une escorte, un opposant assez conséquent … Rien ne jouait trop en sa faveur pour le coup. Et puis … Le Shoraizen ne serait pas très content si elle se ratait et elle échouerait de ce fait dans son infiltration de l’organisation.

Pensez-vous que vos vassaux réuniraient la rançon demandée ? Ou plus simplement, avez-vous des ennemis encore ou sont-ils déjà tous enterrés ?

Ce Genin qu’elle avait rencontré à Kusa était contre ce régime, peut-être y avait-il déjà certains de ses congénères qui fomentaient une rébellion dans l’ombre. Et peut-être que ces rebelles étaient pour certains d’entre eux fortunés …

Malheureusement, je ne pense pas que je vous accompagnerai. J’ai toujours eu pour mot d'ordre de ne pas monter des étalons inconnus. Quand bien même le cavalier est plus qu’intéressant … à tout point de vue.

Jetant le mégot écrasé entre ses doigts, elle le dévisagea de haut en bas avec un petit sourire avant de finir sur une moue déçue.

Mais bon, deux manchots ensemble, l’aventure ne vaut probablement pas le coup d’être tentée.

~ Toute aventure ne vaut le coup que si on la prend, non ? Et les manchots sont toujours capables de prouesses ! Notre survie dans ce monde en est la preuve irréfutable.

Le tout était dit sur le ton de l’humour. Mais il y avait du vrai là-dedans. Lorsqu’il avait perdu son bras, l’Empereur avait ressenti de grandes difficultés à maintenir sa puissance. Cela lui avait rappelé le douloureux souvenir de son danjeon, brisé il y avait plusieurs dizaines d’années lors de la bataille sur Haï no Kuni. Il en avait beaucoup souffert à l’époque ! Devoir tout réapprendre depuis le début, sous les conseils de certains Anciens du Clan avait été pire qu’une insulte. Mais ce n’avait été dans son histoire qu’une étape pour le rendre plus fort, plus déterminé dans sa tâche future.

En revanche, les propos concernant un potentiel enlèvement avaient fait écho chez le Kamui, et ce dernier avait préféré attendre un peu avant de montrer un sourire moqueur qu’on ne lui aurait prêté pour rien au monde ! Il était loin, le Kakeshuou Samui capable de rire, de partager et de sourire à ses semblables, qu’il soit de sa Race ou seulement de sa compagnie. Était-ce l’âge qui l’avait rendu plus sévère ; plus froid ? Sa « malédiction » y était certainement pour quelque chose. Mais c’était avant tout le poids des responsabilités, et une expérience pleine de souffrances, de frustration et de stoïcisme qui l’avait réduit à ce faciès de marbre et à cette dureté qui façonnait sa légende … . A maintenant soixante ans, cet homme saurait-il aller plus avant avec cette rigidité qui était la sienne ?

Quoi qu’il en soit, il pouvait toujours répondre à Miko sur ses remarques … et certainement la décevoir au plus haut point !

~ Et pour en revenir à la rançon, je crois bien que personne ne serait prêt à payer un rond ! Quand on fait le choix de s’accaparer le pouvoir sans demander l’avis des autres, on se fait très peu d’amis et énormément d’ennemis ! De ce que je sais, il y a déjà deux organisations cherchant à me faire la peau ; mon propre Clan m’a dit que si mes actions amenaient le moindre doute, je serais tué ; et je ne parle même pas des autres Villages qui ne verront pas d’un bon œil un Empire Ninja naissant !

Les faits étaient avérés ! D’après ses réseaux d’informations, l’homme savait qu’une organisation interne au Shukaï fomentait déjà sa destitution et souhaiterait détruire l’Empire de l’intérieur pour un caractère moins « despotique ». Sa propre Race l’avait mise en garde, alors que sa propre petit-fille prenait le pouvoir en promettant sa mort si cela était nécessaire, et Kakeshuou ne se trouvait de tête que peu d’alliés pouvant lui apporter un moindre soutien.
Mais ces choses-là étaient données d’avance. Il serait idiot de croire que le Kamui s’était lancé dans cette entreprise sans y réfléchir. Dans son Coup d’État, il avait naturellement imaginé les différents scénarii possibles, qui accorderaient une plus grande paix aux Nations-membres. Un nouveau Triumvirat ? Il ne les protègerait pas des problèmes passés, ni des soucis futures ; un Kagenat comme dans les autres Villages ? Cela suffirait-il, et pourrait-on ainsi gérer l’ensemble des petits Pays ? Une démocratie ? On va arrêter là les mauvaises blagues … . L’Empire figurait comme seule solution répondant à tous les critères.

Et à cet instant, il demeurait surpris ! Il ne se serait jamais attendu à en dévoiler autant sur ce qu’il était, sur sa position et sur sa condition à une parfaite inconnue. Était-ce le hasard ? ou fallait-il vraiment ce genre de rencontre complètement inédite pour qu’il se révèle ? Peu importe ; il ne commettait que rarement cette erreur. Seul l’avenir savait ce qui pouvait advenir de chaque action. Sans doute celle-ci lui coûterait cher … . Sans doute pourrait-il en tirer profit ! En tout cas, cette rencontre lui avait plu ! Chose rare … .

~ Je ne vaux rien monétairement parlant, donc. Mais ce serait un tort de croire que je ne vaux que de l’or. Cette rencontre m’a été plaisante, et même si je ne suis pas de votre « intérêt », j’aimerais rester dans votre esprit … . Qu’avez-vous entendu dire de l’Empire jusqu’à présent ? Pour peu que les rumeurs se soient propagés, évidemment … .

Un drôle de bonhomme … Sous ses airs farouches, il semblait avoir la blague facile. Enfin. Probablement pas avec tout le monde vu ses ordres vis-à-vis des Daimyos, ce gamin mécontent et d’autres. Son clan, deux organisations ? En effet, ses ennemis semblaient être nombreux. Ce qui voulait dire que sa tête devait valoir son pesant d’or. Mais l’or … Elle en avait assez depuis la rentrée d’argent colossale de Kusa sur son compte en banque.

Si cela peut vous rassurer, je ne crois pas que mon organisation vous ait déjà mis sur son bingo book.

Lui laissant la parole à nouveau, elle se cala dos à l’arbre, craquant légèrement ses doigts à l’aide de son pouce d’un air distrait. Elle trouvait également sa compagnie plaisante mais … n’était pas du même monde que lui. Du moins. Ne l’était plus. Elle battait la campagne, s’enivrait avec des inconnus pour oublier sa situation et avait juré allégeance à un homme qui représentait une menace envers Konoha et qu’elle avait décidé de garder à l’œil. Lui ? Au vu de sa suite, de son accoutrement et de son ton conquérant, il semblait issu d’un autre univers. Un monde d’obligations, d’excès et d’honneur. Petit soupir.

Peut-être seriez-vous moins un homme à abattre si vos supporters avaient été plus nombreux. J’ai entendu parler de putsch. De coup d’état … Bon, vous me le confirmez-vous-même. Mais, vos fidèles ne me semblent pas nombreux, il y aurait pas mal de mécontentement.

Bon, coup de bluff et extrapolation des paroles du gamin. Mais bon, il semblait en effet menacé de toute part d’après ses propres dires.

J’en ai d’ailleurs croisé deux d’entre, une grande tignasse rousse et son acolyte dont les cheveux tiraient sur le rose pâle. Ils étaient semble-t-il chargés de tuer le Daimyo de Kusa no Kuni et sa femme. Le plus balafré des deux m’a sorti un petit speech sur la corruption du couple seigneurial. Avant de les torturer. J’avoue que je vous imaginais plus sanguinaire que vous ne le paraissez pour le coup.

Soupirant, elle se frotta la nuque.

Je ne vous cache pas que je sais réellement que penser d’un homme ayant trahi les Daimyos auxquels il avait prêté allégeance et les hommes qui le considéraient comme leur égal. Oh il est souvent bien facile de justifier ses choix derrière de grands discours prônant la paix, la justice et l’équilibre. Cependant vous en conviendrez, votre image n’est probablement pas au mieux de sa forme et ce peu importe vos raisons. Dictateur, opportuniste, Empereur auto-proclamé. Mais bon. La trahison, les épreuves de force, tout cela fait malheureusement partie trop intégrante de notre monde en tant que ninjas. Entre vous et moi, je n’ai jamais pensé que votre système de Triumvirat tiendrait encore bien longtemps. Vous avez agis le premier, voilà tout. Après de là à faire de votre Alliance, un Empire … Empereur, Kage, quelle différence vraiment ? Les Daimyos sont bien trop ignorés dans les décisions des autres villages ninjas. Au moins vous avez définitivement coupé vos attaches avec vos différents seigneurs, mais j’avoue ne pas réellement voir la différence entre votre nation et celle des autres. Oh il y a je pense quelques nuances, certes, mais le fond doit sans aucun doute rester le même.

~ Hahahahahaha j’adore les individus avec un tel franc-parler ! Décidément, tu ne mâches pas tes mots – et j’aime bien ça ! …

L’homme, toujours à cheval, était amusé de ces réflexions. Avoir sa tête mise à prix ? Qu’il soit menacé de mort ? Qu’importe ! C’était non seulement déjà le cas dans un camp ou dans l’autre, mais l’Ancien y prenait presque goût désormais ! Il savait que sa vie dépendrait de deux facteurs majeurs : sa capacité à tout faire pour survivre ; et la détermination de ses adversaires à mettre fin prématurément à sa carrière. Peu importe combien ils sont, ils peuvent toujours venir ! En ce qui le concernait, il avait quelques pièges et atouts qu’il gardait pour lui.

En attendant, la réflexion quasi philosophique de la Nuke-Nin restait intéressante. Il est vrai que, lorsque l’on venait de l’extérieur, on ne pouvait pas tout saisir, tout comprendre. Les suppositions allaient bon train, et on ne pouvait rien faire pour y mettre fin. Après tout, c’était l’ordinaire de l’homme que de discuter de choses dont il ignorait tout. Avec l’Assassinat récent des Daimyos de l’Alliance, certains cèderaient certainement à la panique. D’autres tenteraient de se rapprocher du nouveau Pouvoir pour s’en tailler une part, ou pour en détruire sa tête. Les derniers se laisseraient porter par le flot de la rivière. Et ils étaient la plus grande partie à être concerné par ce dernier état de fait.

~ Je n’ai pas organisé ce coup d’État pour obtenir la confiance des autres. Je me contente de m’appuyer sur ceux qui partagent ma Foi, et suivent mon Idéal. Les Daimyos étaient pantins de leurs propres ambitions, incapables de comprendre le but de l’Alliance même qu’ils avaient créé. Finalement, c’est en les tuant que j’assure la pérennité de leur rêve ! Et par chance, les gens préfèrent observer et attendre plutôt que de foncer et de s’opposer à tout : mon élection a déjà été confirmé par vote populaire. Ce qui met de mon côté beaucoup plus de sympathisants qu’on ne le croie … .

L’homme ne doutait pas. En vérité, ce n’était pas une question de doute. Les choses « étaient ». Il n’y avait pas besoin de chercher à les changer, à la transformer ou à forcer le destin. Ce genre de bouleversement s’opérait naturellement : pourquoi se presser ? Être sur liste noire ? Si ca vous fait plaisir ! Cela n’empêchera pas le Vent de souffler, et notre Empereur d’avancer.

L’homme tirait sur la bride de son canasson. Visiblement, il initiait un mouvement rotatif, en direction de sa garde qui s’était déjà suffisamment distancée pour permettre cette discussion sans interruption. Comptait-il mettre fin à l’entretien ? L’intérêt qu’il avait porté pour cette femme s’était-il estompé au fil de cette conversation ? Probablement pas. Il en fallait déjà beaucoup pour éveiller l’intérêt du vieux briscard. Ce n’était pas le genre de chose qui mettait aussi peu de temps à s’estomper. En revanche, il ne fallait pas oublier que le désormais Maître incontesté des lieux était en tournée d’inspection pour l’examen de quelques « travaux finis ». Il ne pouvait donc pas rester éternellement ici.

En revanche, la dernière réflexion sur la comparaison Empire/Kagenat restait intéressante, et méritait au moins une réponse toujours aussi franche et directe de la part de votre serviteur.

~ Je te laisse juger de l’avenir et de ce que l’Empire démontrera. Tu as raison : mon discours semble être le même que les autres. Mais contrairement à ces mêmes personnes, je ne compte pas me cacher derrière un système Ninja conduisant à notre perte, et à garder mes mains propres. La différence entre les Kages et moi ? L’espace à administrer n’est pas le même ; la politique menée non plus. Les Villages Ninjas sont avant tout au service de Daimyos qui financent et décident dans l’Ombre. L’Empire saura se mettre au service de l’intérêt général et de la Paix universelle. Si je me trompe ou me fourvoie … je détruirais cet Empire de mes propres mains.

Un petit coup de talons dans les hanches de notre destier. L’homme effectuait son demi tour, sans complètement offrir son dos et sa vulnérabilité à la jeune femme. Il n’était peut-être pas sur une liste d’hommes à abattre ; mais il faudrait être idiot pour ne pas profiter d’une opportunité ou d’une autre. La bête montée commençait à marquer le pas pour rejoindre le reste de la troupe.

~ En attendant, mon Empire est toujours ouvert à toute personne à la recherche d’un idéal et d’un véritable avenir, plutôt que d’une maigre et folle survie sans but ni passion. Nous aurons certainement l’occasion de nous revoir !

Sur ces paroles pleines de sous-entendus et d’attentes, notre homme accélérait le rythme et rejoignait sa garde pour poursuivre son voyage.
Il ne s’attendait sans doute pas à ce que les faits lui donnent autant raison.

**Contenu sponsorisé** Informations

» Nostalgie Opportune [PV : Shinobis de Kumo]
» Rencontre fortuite ?
» Un rencontre fortuite [ft. Shinichi]
» Une rencontre fortuite [Aoji']
» Une rencontre fortuite [Shuji]

Rencontre fortuite, discussion opportune |Miko|

Rencontre fortuite, discussion opportune |Miko|

Sujets similaires

Sujets similaires