A Kawa no Kuni, une ville dont le nom m’importait peu, mais qui était surnommée la mégalopole, faisait depuis quelques temps parler d’elle. Là-bas, un quartier entier, Kurebasu, était tombé aux mains des individus les plus malsains de ce monde, faisant ainsi du lieu un repère de nukenins, mercenaires et autres bandits en tous genres. Dans ma quête de puissance, et de recrues pour me dresser contre Kumo, j’ai naturellement été porté vers ce coin, visiblement prédestiné à ma requête. Je faisais d’importants détour par rapport à mon itinéraire entre le quartier général et le pays de la foudre, mais le jeu pouvais en valoir la chandelle. Si je trouvais assez de repris de justice, de mercenaires, de types ne désirant que le chaos ou haïssant le village des nuages, mon simple coup d’éclat pouvait vite devenir un raz-de-marée submergeant le pays. Après tout, c’est ce que j’espérais.

J’avais contourné le pays du feu pour aller jusqu’à celui des rivières et éviter ainsi les contre-temps inutiles avec des konohajins en mal d’action. D’habitude, j’aurai frôlé Konoha pour mesurer un peu ma notoriété, mais là, j’avais mieux à faire, et un détour m’éviter ainsi de mauvaises surprises. Je faisais voyage à vive allure, pressant le pas et ne prenant que de rares pauses pour des besoins vitaux. Kurasa avait déjà disparu depuis tellement longtemps… Raaah ! Rien que de repenser aux barreaux cloisonnants une cellule, j’en devenais fou, et je repartais instantanément. Kumo nous le paiera…

Après un trajet au pas de course, je posais enfin le pied dans la mégalopole. Il y avait un monde fou, témoin de l’activité économique dans la zone. Je n’étais pas étonné, et j’étais persuadé que toute la contrebande n’était pas pour rien dans cette forte affluence. Je m’engageais ensuite dans le quartier déserté des honnêtes gens. Une atmosphère bien plus sinistre régnait là. Mais étrangement, j’étais bien plus à l’aise ici. Pour un hors-la-loi, Kurebasu était un synonyme de tranquillité d’esprit. Ici, aucun village n’était prêt à faire une descente, aucun seigneur ne risquait de s’y engager. C’était on ne peut plus agréable finalement… Je pénétrais dans un bar, aux apparences miteuses. A l’intérieur, les regards des poivrots et des bandits se tournaient vers moi. Personne ne parlait, mais les regards en disaient longs. Je m’approchais ensuite du bar, avant de m’adresser au patron, derrière le comptoir.

« Je cherche la “Grande Grue”. »

D’où je sortais ce nom ? C’était le petit boss du mercenariat à Yu no Kuni qui me l’avait donné. Il avait compris que j’avais besoin d’un contact sérieux avec qui m’entretenir, et j'espérais ne pas tomber sur un abruti, ou une vieille blague. Sinon, je retournerai à Yu lui faire bouffer ses dents.

Portant un regard oblique vers son client, le barman paraît intrigué. Qu’est ce qu’il vient faire ici, cet olibrius ? Tu n’as pas l’impression de t’être planté de décor ? Ici, c’est un bar, pas un lieu pour speed-dating ! Les renseignements, c’est soit avec une consommation, soit dehors. Il n’y a pas d’autre choix possible !

Mais ce nom, bien particulier, de la « Grande Grue » a droit à une réponse plus emprise de sérieux et de compassion. On ne se fait pas envoyer brouter ailleurs après avoir prononcé ce nom : ce serait envoyer paître les affaires de cette Diablesse, et elle pourrait racheter l’établissement pour le simple plaisir de le brûler plus tard … . Rejetant son torchon sur l’épaule, et laissant glisser un verre sur le comptoir jusqu’à l’invité, il le rejoint à pas lents, comme pour juger de sa personne. Les yeux et la barbe grise du bonhomme se plongent sur le faciès de l’étranger. Tu veux voir la Renarde aux Mille Profits ? N’as-tu pas peur d’être vendu par la suite … ?

« Pour tous ceux qui cherchent la Grande Grue, il faut se rendre au « Renard Rouge ». C’est un tripot qu’elle dirige et où elle réside … »

Saisit rapidement le torchon et frappe le comptoir avec, comme pour le nettoyer.

« Mais tous ceux qui s’y rendent ne la voient pas forcément … et n’en ressortent pas forcément en forme … »

A bon entendeur, Yamanaka !