Kawaguchi Tsukiko était furieuse. Quoique « fureur » était un vrai euphémisme. Si l’alliance commerciale avec Konoha était enfin conclue proprement, d’autres éléments perturbateurs avaient vu le jour. On aurait pu imaginer le Saibogu en première ligne mais absolument pas. Non, l’élément perturbateur de tout premier ordre était Ishikawa Taku, l’élève assigné contre gré. Ce dernier ne cessait de contre dire à ses ordres, ayant abandonné le Chalet pour faire tout un chemin en solitaire jusqu’à Konoha, avait osé interrompre – ou du moins intervenir – durant cette discussion instructive avec la Hokage fraîchement nommée, et humilier Tsukiko ainsi que tout Suna avec son attitude !

« JE LE HAIS ! » hurla-t-elle intérieurement, rêvant presque secrètement d’être dans un Genjutsu où elle pourrait hurler et détruire n’importe quoi sans qu’on l’entende, sans qu’on le sache. En fait, elle ne pensait même plus à un Genjutsu mais clairement à une bonne claque à la Sunajin – et davantage à la Kawaguchi – à ce gosse mal éduqué, et à plus d’une reprise son sable s’était agité, cherchant indirectement à s’entortiller autour d’n bras ou d’une jambe du garçon. Malheureusement, impossible de malmener ce gosse avec quelques ANBUS envoyés par Konoha pour récupérer le document d’alliance commerciale.

Elle ne pouvait pas faire preuve d’une quelconque violence gratuite … Non.

« Saibogu, insecte dans la nuque, élève espion … Je nage en plein délires. Je dois être dans une putain d’illusions machiavélique ! ». Une pensée qui vagabondait et persistait dans son esprit au fur et à mesure qu’elle se dirigeait à vive allure vers Suna. Elle aurait désiré accélérer davantage l’allure mais clairement les ANBUS préconisaient un bon rythme. Ils avaient raison … Mais ils n’avaient pas un clan en crise d’indépendance sur les bras, eux ! Encore moins à vivre avec le fait que depuis des semaines, elle s’était trimballée avec un insecte scarabée au cou ! Et surtout pas avoir à se trimballer un élève aussi indiscipliné et aussi empoté en terme d’espionnage.

« Je vais l’éduquer ce gamin. Il va m’entendre … Il va me sentir plutôt » se jura-t-elle, imaginant chaque os craquer dans son sable … Pour la première fois, c’était un doux son. Les rares fois où elle souriait à l’égard de Taku, un jeune homme qui pouvait être effrayé car le sourire n’était nullement bienveillant ou agacé. Un brin trop « amusé ».

« Mais chaque chose en son temps … ». La Voie Illusionnée se présenta non loin. Elle soupira longuement, et expliqua de long en large aux différents membres ANBUS que les procédures d’entrée pouvaient être rigides – Tsukiko ne les connaissait pas encore, si changement suite à la mort de la Godaime. S’ils n’étaient guère à l’aise, ils ne disaient rien, n’ayant pas d’autre choix que s’acclimater.

« Le temps d’une signature » se disait-elle …

Finalement, elle arriva aux portes de Suna. La Voie Illusionnée impressionna ces nouveaux arrivants, tentant vainement de voir ou comprendre cet immense mur de sable.

- Kawaguchi Tsukiko, et voici des émissaires de Konoha pour l’alliance entre nos deux villages, et nos deux pays, annonça-t-elle aux gardes, en lançant un regard plus ou moins entendus à ces derniers. Le genre de regard qui disait « traitez les biens mais sachez surveiller ! ».

Si les ANBUS attendaient, prêt à être pris en charge, elle fut surprise par une nouvelle.

- Vous avez à passer les procédures.

La surprise passée, elle acquiesça. Cependant … son impatience avait atteint des apogées.

- Appelez immédiatement Yamada Kioshi, dites que c’est une situation urgente au nom de Suna, et de Kaze no Kuni. Je ne peux dire davantage mais c’est au sujet de la sécurité de Suna.

Ce n’était peut-être pas la « sécurité » à proprement parler mais cela concernait malgré tout un cas très important pour Suna. Et hormis Kioshi et Kibo, elle ne voulait en parler à personne. Si le garde hésitait, elle insista longuement, n’hésitant pas à le foudroyer du regard ou à le faire culpabiliser en indiquant que chaque seconde comptait, et qu’il était l’acteur. Cela fini par convaincre un des gardes qui se dirigea bien vite pour porter ce fameux message à Kioshi. Tsukiko était impatience … mais apeurée également. Allait-il venir ? Allait-il l’ignorer ? Allait-il la serrer dans ses bras ? Allait-il la haïr ? Quel que soit les raisons, il avait ses raisons. Cependant, elle espérait qu’il faisait la différence entre le privé, et le professionnel. Les griefs dus à son attitude lâche, elle préférait en discuter plus tard.

Finalement, il apparut. Sa tenue nomade, ses cheveux … On dirait que rien n’avait changé et pourtant, Tsukiko voyait dans son regard et son expression qu’il n’était plus celui qu’elle avait connu. Lui aussi avait changé …

Elle retint sa respiration. Il était approché. C’était déjà ça, n’est-ce pas ? Cependant, qu’en sera-t-il du reste ? Elle regarda autour. Où était donc Kibo, celui qui aurait dû être comme une ombre, à toujours et constamment veiller sur lui ? Etait-il encore en voyage ? Prenait-il à la légère ce que la Kawaguchi avait demandé ? Quel que soit la raison, elle n’appréciait pas cela. Pas du tout …

- Kiosh… elle se tut, se rendant compte de son « erreur » éventuel. Il n’était plus seulement un maître ou un ami, mais un Kazekage. Kazekage-sama, disait-elle en respectant tant bien que mal les usages.

C’était étrange. Trop étrange. Ce nouveau titre, qu’apportait-il exactement ?

- Il faut que je vous parle en privé. C’est urgent, et important, finit-elle par dire télépathiquement.

Indirectement, elle semblait vouloir l’intimité de l’illusion. Elle aurait pu l’instaurer, ayant plus ou moins améliorer cette compétence nouvelle mais elle avait l’impression « d’imposer ». Or, à cet instant, c’était à lui d’imposer les conditions et nul autre.

- Qui vous a dit que je désirais passer en travers de la procédure ? dit-elle d’une voix étranglée. Je vous avais demandé d'interroger chacun, moi y compris.

Elle voyait au corps de Kioshi qu’il se retenait. Oui, il la haïssait et il avait fortement raison. Oui, il souhaitait la frapper ou la gifler, et il pouvait. Il avait toujours été là dans ses mauvais moments, et elle avait été absente dans son pire moment. Elle remarqua à peine Yami, jeune fille aux principes douteurs que Tsukiko n’aimait guère voir traîner autour de son maître. A nouveau, où était Kibo ?

Es-tu entrée en contact avec un ninja d’une autre nation ?
Oui.

Est-ce que durant ton voyage tu as été à Konoha ? Au Shukaï ? A Kum ? Dans le reste du monde ?
Konoha, et le reste du monde. Notamment le Pays des Sources pour aller « récupérer » Kibo.

As-tu rencontré là-bas des personnes étant susceptibles de vouloir causer du tort à Suna ?
Non. Mais j’ai entendu des choses susceptibles de causer du tort à Suna. Volontairement ou non, je ne pourrais le dire.

As-tu eu l’intention de nuire à Suna ?
NON !

En as-tu l’intention aujourd’hui ?
Non…

Es-tu revenue à Suna avec de bonnes intentons ?
Oui. J’ai apporté la preuve écrite d’une alliance commerciale, une information de valeurs et peut-être des négociations pour une alliance militaire.

As-tu vendu des informations de Suna à quelqu’un ? Si oui, lesquelles ?
Seulement le fait que nous avons changé de Kage, en expliquant les circonstances.

Consentiras-tu à faire un rapport détaillé au Kakumeigun des informations que tu as récolté durant ton voyage ?
Non. Je ne fais confiance à personne, et j’ai mes raisons que tu… vous comprendrez.

As-tu quelque chose à voir de près ou de loin avec l’assassinat de Zanshi ?
NON ! Elle était forte et formidable. Elle allait apporter un souffle nouveau à Suna … Quelque chose de nouveau, quelque chose de paisible … La liberté.

Pourquoi avoir brûlé le papier contenant l’héritage de Zanshi ?
La Godaime venait d’être tuée. Les conseillers, enfin les précédents je voulais dire, sont morts dans une explosion. On ne savait pas quand le futur Kazekage serait voté, et encore moins « comment » et en combien de « temps ». Si les Conseillers seront maintenus ou non ... Si quelqu’un connaissait l’identité des futurs conseillers, ceux qui doivent illustrer la démocratie auprès de notre Kage, ceux qui vont aider Suna à se développer … Si cette personne désirait du mal à Suna, pourquoi n’aurait-il pas profité de la situation pour également tuer ces personnes, instaurer la terreur à nouveau au sein de Suna, des Shinobis et des Civils ? Profiter de cette peur pour introduire une autre catastrophe et horreur ? J’ai brûlé pour protéger d’une éventuelle autre attaque les Conseillers, comme les Civils. L’héritage n’était pas perdu pour plusieurs raisons. Je connais les noms et je n’ai aucune raison de mentir. Les civils ne sont pas morts, ils pouvaient revoter. Et s’ils votaient d’autres têtes, cela voulait tout simplement dire que les noms initiaux n’étaient pas faits pour un tel poste, dans de telle situation de crise. Enfin, un double pouvait être caché quelque part, encore. La preuve est que nos conseillers se sont maintenus. Wada Eichi en conseiller Stratégique et Tactique et Saibogu Oniri en Conseillère à la Défense. Cela n’a pas été un grand grief, et je suis heureuse de le savoir.

*

- As-tu ne serait-ce que l’ombre d’un regret pour être partie à ce moment ? De m’avoir abandonné, toi qui te disais être mon alliée, mon amie ?

Si ses précédentes réponses étaient tombées avec fluidité, et sincérité – elle n’avait nullement menti sur ces intentions ou cette histoire de papiers brûlés -, elle ne put ouvrir la bouche à cette dernière question. Elle commençait à trembler, ses traits se décomposaient petit à petit … Le regret était là, mais caché jusqu’à maintenant derrière diverses excuses.

- Je le suis. Malheureusement, pour le bien des êtres aimés, on est souvent amené à faire de dur choix. J’ai perdu un à un ma famille et mes amis, et j’ai pleuré avec les vivants, et j’ai attendu … Encore, et toujours. J’attendais une vie meilleure avec ces personnes mais au lieu de cela, c’était une autre catastrophe. Je suis lasse de perdre des gens en attendant ce qui n’arrivera pas. Et j’avais peur. Vous étiez le candidat idéal pour être Kazekage, vous étiez la personne la plus proche et la plus apte à connaître Zanshi, à faire vivre son héritage. Vous auriez pu être une cible aussi.

Voilà l’ennui : tout le monde pouvait être une cible de cette ombre menaçante et cachée. Trois attentats, dont deux très liés en terme de procédés et de cibles.

- Je ne voulais pas rester. Car j’aurais vu votre état, et je n’aurais pas pu partir. Plus jamais. Or, je ne veux pas vous perdre, vous aussi. J’ai regretté tout au long du chemin, j’ai failli faire demi-tour et peut-être même que des jours, je n’osais plus imaginer ce retour. Avoir à vous faire face, à vous que j’avais promis des choses. Je suis l’alliée, mais alliée ne veut pas toujours dire un réconfort. Il semblerait. Je m’en suis rendue compte durant ce voyage. Et ce regret, même si présent, a été atténué quand j’ai appris une chose terrible à Konoha. Des choses se passent, encore. Et Suna, vous, pouvait être lésé.

La vie offrait des choix. Le choix de rester et de réparer ce qui allait être détruit. Ou alors le choix de partir et empêcher une autre destruction. Chacun des choix avait son lot de joie, et de pleurs. L’un était la joie de supporter un être cher mais avec la peur de le perdre à tout instant. L’autre était le regret de l’abandonner, mais avec la joie d’apporter quelque chose à lui.

- Si je n’étais pas votre amie, je ne serais pas revenue aussi vite. Je vous l’ai déjà dit, et je le dirais. Vous êtes ma seule famille à Suna, la seule raison pour laquelle je reviendrais encore et encore. Je vous ai fait du mal, je me rends compte. Et mes excuses seront vaines, je le sais. Mais au moins, j’aurais le plaisir de savoir que vous savez ce qui se trame à Suna, que vous saurez vous en prémunir … Que vous saurez vous protéger.

Elle préférait attendre avant de continuer. Voulait-elle pleurer ? Oui. Mais elle ne pouvait pas, n’est-ce pas ? Avait-elle honte ? Terriblement, mais comment pouvait-elle le montrer et l’exprimer ?

Spoiler:

- Des choses susceptibles de causer du tort à Suna ? Développe… Et tu écriras le rapport pour moi dans ce cas.
- Cela concerne un clan puissant de Suna. Notre accord avec Konoha se basait sur ce clan-ci, mais il semblerait qu’il désire son indépendance et ne partage plus les idéaux de Suna. Une nouvelle transmise à toutes les Nations, hormis à nous. Pour Konoha, Nous perdons un argument essentiel, et devenons de simples clients avec de l’argent. Pour Suna, le jour où cela se sera … ce n’est qu’un autre coup à subir, encore des civils à rassurer.

En somme, il suffisait qu’un autre propose plus ou mieux en terme de condition ou de prix pour que Suna, et Kaze, se retrouve à nouveau dans une situation délicate en terme de ressources et approvisionnement. C’était un danger d’un retour à la case départ … Elle préférait ne pas développer davantage en donnant des noms. Elle le dira, loin d’éventuels oreilles. Elle l’écrira, et à Kioshi de décider de ce qu’il aura à faire.

- Je ferais un rapport détaillé avec mon avis … S’il intéresse.

Elle se tut, commençant petit à petit à être gagnée par la fatigue de ce long voyage.

- L’alliance commerciale de Konoha … Elle n’était pas vraiment terminée. Il manquait une signature officielle. Je pensais me limiter à cette signature, et vos apporter le document ou vous l’envoyer. Puis … Trouver un moyen de mieux protéger ceux que j’aime.

Un projet qui a été mis à mal, et davantage maintenant qu’elle sentait l’étau se refermer autour d’elle. En rentrant à Suna, elle avait signé un sorte de contrat de résidence d’une très longue durée. Encore. Cependant, elle n’abandonna nullement la dernière idée, et déjà savait comment y parvenir. Cela allait exiger beaucoup de patience … Soit, elle n’était guère pressée. Les ennemis l’avaient constamment à l’usure, elle les aura également de cette façon. Chaque chose en son temps, n’est-ce pas ?

- J’ai découvert que Konoha avait changé d’Hokage. C’est Aburame Miko qui dirige dorénavant. Une femme forte, aux idées claires, qui semble accepter éventuellement une idée d’un partenariat également militaire. La proposition a été faite, accompagnée d’une possible rapprochement avec Suna en travers d’un examen chunin commun. Mon rôle, à cet instant, est seulement de vous transmettre ce message, les documents prouvant que l’alliance est conclue et nécessite uniquement votre signature pour renvoyer à Konoha avec les ANBU, ainsi qu’un enregistrement pour vous prouver des agissements d’un clan au sein de Suna.

En somme, la demoiselle ne venait pas les mains vides. Loin de là.

- Je suis partie car je ne peux pas vous protéger ! finissait-elle par dire, énervée devant l’entêtement de cet homme. J’ai toujours été là pour enquêter, ou pour réparer les dégâts de Kyoshi Rei et je ne sais quoi d’autre encore ! Et vous, vous n’avez cessé de me protéger ou de me suivre … Hormis ramasser les pots cassés, hormis n’être qu’une source d’ennuis ou d’inquiétudes, je n’ai rien fait d’autre pour vous ! Je suis partie pour amener Kibo bien plus fort que moi. Je suis partie pour pouvoir trouver un moyen de vous protéger ! Car ici, on ne trouvera rien. Ou alors surprendre.

Entre ces quatre murs, il se passait bien trop de choses pour pouvoir trouver des alliés ou une force et surprendre ces ombres. Elle avait à patienter, encore.

- J’ai pu vous apporter des alliés, ceux qui peuvent réellement faire une différence, ceux qui peuvent apporter une réelle aide et non de simples larmes. Konoha a une armée, des clans puissants, des ressources, des informations que nous n’avons pas … Si vous voulez bien les rencontrer au cours d’un examen chunin, vous comprendrez bien vite tout cela. Lorsque l’on fera face à un attentat, ou à une guerre … Et en tant que Kazekage, aussi terrible soit les événements, c’est le peuple que vous avez à servir. C’est un peuple que vous avez à aider. Ce n’est pas au peuple de vous consolez, malheureusement. Si je peux vous aider à être fort ou influent, haïssez-moi si nécessaire.

Voilà son propre verdict. Elle se détestait mais si cela été nécessaire. Elle n’était malheureusement guère douée à discuter avec Kioshi, ou tout autre personne qu’elle aimait. Elle se rendait compte ces jours-là.

Et elle écouta le verdict. Chunin. Certes, cela pouvait être honteux mais cela était égal pour Tsukiko. Sa véritable punition était sa conscience déchirée entre son cœur et son devoir, entre ses principes et ses croyances. Quand ni l’un ni l’autre ne pouvait cohabiter, il fallait en sacrifier un … et cette mort-ci d’une part de notre être était terrible. La question était la suivante : quelle partie avait-elle abandonné ?

- J’accepte la sanction, dit-elle d’une voix calme, n’indiquant qu’indirectement qu’un tel changement de titre ne lui faisait ni chaud ni froid. Ce n’était pas un titre qui l’avait empêché d’agir pour le bien de Suna en proposant de multiples développements et améliorations, et ce n’était pas un titre qui l’avait empêché d’agir stupidement. Titre ou non, elle continuera à agir comme elle pensait bon pour Suna.

Cependant, si elle se fichait de ceci, et si Kioshi pensait seulement calmer les ardeurs et craintes des Civils en ne montrant l’exemple, ni l’un ni l’autre n’était en mesure de déterminer l’impact sur le clan, et les relations de cette dernière avec celui-ci. Déjà, non loin, deux Kawaguchi se dirigeaient vers la bâtisse, attendant tranquillement à l’extérieur.

- Les documents pour la signature de l’alliance commerciale sont dans mes affaires, posées non loin. L’enregistrement en question également. Chacun doit retourner à Konoha.

Qu’il n’ait guère l’envie de le garder.

- Notre partenariat est la chose la plus importante et qu’on rende ce qui est à rendre.

Qu’il ne fasse pas le contraire. L'enregistrement, qu'il l'écoute une fois uniquement et rend le tout.

Et puis une autre cassure. Elle le sentait. Les choses avaient changé. Par sa faute … Mais si c’était pour le bien de tous, elle se fichait. Elle devait s’en ficher. Sinon, jamais elle n’avancera. N’est-ce-pas ?

- S’il vous plaît…

Ne détruisez pas votre future force sur un coup de tête …

Tête baissée, elle finit par quitter la pièce en question. Elle n’avait guère la force de parler ou d’argumenter davantage, ressentant toujours plus intensément la fatigue des plusieurs jours ou semaines d’insomnies et de voyages. On disait qu’elle allait être bridée de son chakra, encore, jusqu’à ce qu’elle retrouve la confiance du peuple.

« J’ai commis une erreur mais j’ai apporté une force non négligeable. Si cela ne suffit pas, qu’ai-je encore à apporter ? » En somme, elle avait davantage l’impression que c’était la confiance du Kazekage et non d’un peuple qu’elle avait à gagner. La paranoïa poussée à bout au vu des récents événements, elle s’interrogeait sur la sanction. Etait-ce un Geta pan de ces Ombres insaisissables ? Comptaient-ils davantage souiller son nom et en faire la meurtrière d’un crime non commis, malgré un interrogatoire sincère ?

« Seul l’avenir nous le dira ».

Elle put voir Oniri.

- Bonjour, se contenta-t-elle de dire pendant qu’on appliquait cette procédure.

Elle aurait voulu faire un commentaire mais se retint, car elle n’était peut-être pas en position. Le commentaire en question ? Que faisait donc la Conseillère à appliquer un à un une procédure alors qu’elle devrait dépenser temps et énergie à imaginer des plans ou à former des hommes et des femmes ? Que se passait-il donc à Suna ? Etait-ce sa jeunesse et donc son inexpérience, ou alors y avait-il un problème plus profond ?

« Pourtant … Les deux derniers attentats n’ont pas eu une perte militaire. Nous avons toujours nos effectifs » se disait-elle.

- Aburame Miko est la nouvelle Hokage. Elle souhaiterait obtenir davantage d’information sur une prothèse. Il semblerait que vous en aviez déjà parlé.

Elle se tut à nouveau, regardant dans le vide, écoutant d’une oreille tout ce qui était dit. Son attention fut davantage « dispersée » ou plutôt « concentrée » sur un même point lorsqu’elle vit deux figures connues par une fenêtre, non loin de ce bâtiment. Deux membres éminents de son clan…

« Mauvais signe. Très mauvais ». Cependant que faire ? Elle ne pouvait pas retourner derrière. Elle ne pouvait pas non plus fuir indéfiniment, surtout une fois qu’un Kawaguchi avait « ciblé ». Nous sommes dans le désert, n’oubliez guère. En somme leur Royaume, leur Terrain de Chasse ou de Jeux. Chercher à fuir était stupide.

- Conseillère, je vous conseille de gaspiller davantage énergie et temps à améliorer les défenses au lieu de les appliquer un à un. Nous avons suffisamment d’officiers pour faire ce travail-ci. Votre temps, et vos conseils, sont précieux, finit-elle par dire calmement, sans une once d'orgueil ou de "supériorité". C'était un conseil bon enfant en somme.

Un seul et dernier mot avant de se jeter tout droit dans l’enfer des Kawaguchi.

Spoiler:

Je ne voulais pas vraiment croire à cette scène qui se déroulait sous mes yeux. Voir Kioshi dans cet état me faisait mal. Je savais qu'il souffrait. Tsukiko lui était si proche et il se sentait certainement trahis malgré les intentions louables, mais mal organisée de la Kawaguchi. L'interrogatoire se succédait et moi j'étais dans la pièce voisine à aviser de la situation depuis mon écran. Au moins ne s'était-elle pas tournée les pouces durant son départ.

J'aurai cependant tant souhaitée qu'elle agisse en d'autres circonstances. Aujourd'hui encore je n'arrivais pas à expliquer son comportement déplacé. Peut-être était-ce une crise. De ce que je savais elle était passée par des moments difficiles qui auraient aisément put perturber son jugement. Cet instant désagréable passé nous nous retrouvions avec des informations forts importantes et l'interrogatoire s'acheva. Elle sortie de la salle j'ouvris la porte de la mienne pour l'inviter à me rejoindre, m'efforçant du mieux que je pouvais à l'aviser avec gravité.

-Bonjour Tsukiko asseyez-vous ici.

Je lui présentai une chaise face à mon bureau. Suite à cela je faisais le tour pour me placer debout dans son dos. Sans plus attendre je commençai pas défaire le bandage qui entourait mon bras pour révéler une suite de tatouage couvrant ma peau.

-Comme le veux la procédure tes pouvoirs vont vous êtres retirés durant plusieurs mois. Vous pourrez-toujours les récupérer selon des cas de figures particuliers en venant me voir.

Les marques sur mon bras fonctionnaient ainsi. Il s'agissait d'un tout nouveau principe. Actuellement j'étais la seule à l'employer à Suna. Il ne consistait pas à sceller le chakra, mais bel et bien à absorber tous les pouvoir de l'utilisateur pour les enfermer dans le creux de ma main. Ainsi posais-je ma paume au niveau de sa nuque. Les sceaux se rependirent sur son corps, drainant ses facultés avant de retourner se concentrer en une nouvelle inscription dans ma paume. J'attendis le nom d'Aburame Miko. Celui d'une personne qui m'était légèrement familière. Elle avait finalement prit mon idée de prothèse au sérieux.

-Soit, j'entrerai prochainement en contact avec elle. Cela pourrait encourager les relations amicales que nous entretenons déjà avec le pays du feu .

Elle s'éloigna ensuite tandis que je m'appliquai soigneusement à refaire mon bandage. Malheureusement pour elle sa dernière remarque me fit l'effet d'un coup de couteau enfoncé dans le dos. Je ne savais pas vraiment à quoi elle jouait. Mais une fois encore elle agissait de façon totalement déplacée face à la situation. Toujours sans la regarder, occupée à refaire mon bandage, je lui répondis d'une voix neutre.

-Je vous remercie pour vos conseils avisés ex-conseillère, mais je pense savoir comment mieux faire mon travail que vous.

Dis-je calmement en laissant clairement sous entendre tout ce que ces propos impliquaient. Il fut un temps oùce genre de réplique était monnaie courante venant de moi. Par chance j'avais grandi, mais il n'en demeurait pas moins se caractère intransigeant. Je ne prenais plus aucun plaisir à agir ainsi, cette fois, s'était avant-tout pour la remettre à sa place, lui faire comprendre ses erreurs et lui apprendre à agir en conséquence.

-Et puis, j'espérai retrouver une amie partie après un long voyage. Visiblement je mettais trompée.

Le ton de ma voix se montrait cette fois-ci plus amer. J'étais déçue par son comportement. Terriblement déçue. J'avais été la dernière à l’apercevoir avant qu'elle ne quitte Suna. Elle m'avait fait part de son initiative. A l'époque nous n'étions que de simples chuunin. Et je n'avais pas approuvé, la mettant même en garde sur ce qu'elle encourait. Elle n'en avait eu cure et aujourd'hui, après son retour voici tout ce qu'elle trouvait me dire... Je refoulai une boule de pression qui venait m'immiscer dans mes nerfs. Tout le stresse lié au travail, le manque de sommeil de ces derniers mois, la perte de Zanshi pesaient de plus en plus lourdement sur mes épaules. Je la laissai partir sans ajouter le moindre mots. Après quelques minutes je quittai ma salle pour rejoindre celle où se trouvait encore Kioshi . En l'état il avait besoin de bien plus de réconfort que moi.

Une fois la porte refermée derrière-moi je lui adressai un regard fatigué. Il ne dit mot et moi non plus. Je m'approchai alors pour poser une main affectueuse sur son épaule avant de l'étreindre en posant ma joue contre la sienne.

-J'aurai aussi voulue qu'il en soit autrement.

Pourquoi tout devait-être toujours aussi compliqué ?