Voilà que toute cette histoire de ninja commençait à devenir sérieuse. Aujourd'hui, Kaori avait rejoint une équipe. Il avait déjà fait la rencontre de son sensei, Hiko, qui lui avait fait passer un test relativement aisé. Bien évidemment, il le passa brillamment. Mais il n'était pas au bout de ses peines, loin de là. Il croyait s'en tirer aussi facilement, mais son maître lui avait demandé d'être présent sur le terrain d'entraînement à seize heures. À peine avait-il rejoins l'équipe en passant une épreuve, qu'il devait maintenant participer à une préparation. Il y avait fort à parier que l'autre membre de la team sera présent. Un certain Taisa Fuka qui d'après Hiko se battait à l'aide d'une épée. Chose peu commune que Kaori n'avait encore jamais vu dans sa courte vie de ninja. Mais il appréhendait tout de même cette rencontre, car s'il s'était immédiatement entendu avec Hiko - qui a approximativement le même âge que lui - cela ne serait pas forcément le cas avec Fuka qui lui est un adulte. Cette différence d'âge pourrait devenir une barrière, ce qui serait un problème pour l'équipe. L'Ishii ne voulait justement pas devenir un poids, il fera tout pour se faire accepter par son aîné.

Il avait quitté le terrain d'entraînement plusieurs minutes après Hiko, prenant le temps de manger la récompense qu'il avait reçu pour avoir passé le test. Il était directement retourné chez lui pour se reposer et être en forme pour le rendez-vous de cette après-midi. Il avait quelques heures devant lui, il préférait ne pas se fatiguer avant de réellement passer à l'action. Ce qui signifiait rêvasser sur le canapé du salon en attendant que sa mère rentre et lui prépare à manger. Après tout, il n'allait pas s'entraîner le ventre vide. Cela pourrait réduire significativement son efficacité.
L'enfant était endormi quand sa mère pénétra dans la maison. Elle ne se priva pas de claquer la porte derrière elle pour réveiller son fils, en faisant mine de ne pas l'avoir vu. Ce dernier tomba presque du canapé en sursautant. Il se redressa, fixant sa mère avec des yeux à moitié clos. Elle comprit dans son regard, mais surtout grâce au bruit s'échappant de l'estomac de l'enfant, qu'il avait faim. Ni une ni deux, elle se mit aux fourneaux.

« Au fait m'man, j'ai rencontré mon sensei ce matin ! Il est super cool, et il a quasiment mon âge. Mais c'est un Taichou, t'imagines ! Cette aprèm on va s'entraîner avec son autre élève, du coup faut que je mange bien. »

Pendant que le repas cuisait, sa mère se rapproche de lui pour l'embrasser sur le front et le féliciter. Elle qui n'était qu'une civile, comme son mari, elle était énormément fière de son fils. Elle était sûre qu'il accomplirait de grandes choses et sera respecté de tous, bien qu'ayant un pouvoir des plus spéciaux. Mais au moins, ça faisait son originalité.
Le déjeuner fut rapidement prêt et Kaori put l'engloutir dans la salle à manger accompagné de sa mère qui s'était fait un petit plat. Quant à son père, il mangeait sur le lieu de son travail. Il ne le voyait que le soir, ou le matin s'il se levait assez tôt. Il aura tellement de choses à lui dire ce soir et il pourra lui raconter l'entraînement.

L'Ishii profita du beau temps pour se reposer jusqu'au rendez-vous dans le jardin derrière la maison, au bord de l'étang. En revanche, il ne fit pas l'erreur de s'endormir une nouvelle fois puisqu'il se devait d'être à l'heure. Ainsi donc, lorsque l'heure approcha il monta prendre ses affaires dans sa chambre. Il garda la même tenue puisqu'elle convenait parfaitement pour ce qui l'attendait, mais il prit soin de prendre des sacoches et étuis ninja avec lui. Il était prêt. Sans plus attendre, il se mit en marche pour rejoindre le terrain d'entraînement. Il ne partit pas trop tôt, pour ne pas avoir à attendre une fois là-bas. Après tout on lui avait donné une heure précise, pas besoin d'arriver avec de dizaines de minutes d'avance. Seize heures moins cinq minutes. Parfaitement ponctuel. Hiko était déjà là, mais il ne remarqua pas Fuka.

« Yooooooooosh ! Hiko ! » cria-t-il en faisant un signe de la main à son ami.

Le Taisa rentrait tout juste d’un petit entraînement dans les terres. La foule aventurant le centre-ville et les terrains d’entraînement pouvait être gênante et surtout impacter légèrement sur ses capacités. Lui qui devait s’habituer à contrôler la soif de Samehada, la présence d’autres personnes à proximité pouvait coûter cher à certains. A commencer par le sabreur qui serait alors susceptible de se faire virer de la Capitale à grand coup de pied.

Le Shozaichi lui offrait un refuge contre ceux qui devaient vouloir sa tête à l’extérieur. Il n’était pas pressé de gagner des responsabilités au sein du Shûkai. Seule la puissance l’importait. S’il devait rester au bas de la hiérarchie en contrepartie, il s’en foutait éperdument. Il n’oubliait pas son premier objectif de base en s’étant présenté ici. La recherche de celui qui avait forgé l’épée si mystérieuse. Ce n’est qu’après qu’il y avait vu également l’opportunité d’échapper aux chasseurs de tête que son propre père avait dû mettre à ses trousses. Pour son petit village d’ignorants ayant vénéré Samehada pendant un bon moment, la disparition de leur relique par le fils d’un des hauts prêtres du temple avait dû faire mauvais genre. Son paternel devait avoir envie de laver son honneur par la tête de sa progéniture. Une famille tout à fait charmante. Un soupir le gagna alors que ses pensées lui venaient à l’esprit.

Ce qui faillit lui coûter un petit valdinguage sur le carrelage lorsqu’il rentra chez lui. heureusement que son style de combat se basait en partie sur la gestion des réflexes. Au moment où son talon droit perdit l’équilibre, il réagit à quart de tour en s’aggripant à la poignée de la porte pour éviter la chute. Ceci fait, il put se pencher sur l’origine de sa glissade ridicule. Un bout de papier qu’il attrapa et qu’il emmena dans la pièce à vivre. Il déposa son séant sur une chaise à sa table pour lire la missive sereinement.

L’écriture était assez scolaire. Presque enfantine. Un regard en bas de la feuille lui confirma ce qu’il pensait. C’était Hiko. L’identité de l’expéditeur étant résolue, il se mit à prendre connaissance de la lettre. Apparemment, celui qui avait été nommé comme son senseï souhaitait fixer un rendez-vous pour réunir l’équipe. Ce qui laissait sous-entendre qu’un autre malheureux avait dû être piégé dans cet effroyable traquenard. Un petit sourire aux lèvres, Fuka termina sa lecture pour alors découvrir l’heure de rendez-vous ainsi que le lieu. C’est en levant la tête qu’il réalisa qu’il devait faire vite s’il souhaitait arriver à temps.

Il n’avait pas eu le temps de souffler au final. Filant à travers les maisons et les toits, sa vitesse développée grâce au Taïjutsu lui servit énormément pour arriver aux terrains d’entraînement en un temps record. Il devait avoir à peine quelques minutes de retard à tout casser. Reprenant paisiblement son souffle, il s’avança vers les deux autres silhouettes présentes. L’une qu’il ne connaissait que trop bien comme étant celle de Hiko et l’autre plus étrangère déjà mais très proche de celle du « senseï ». Une rencontre qui s’avérait prometteuse alors que le souvenir de la première rencontre avec le Sairyo revenait en tête au Taisa. Il ne put d’ailleurs réprimer une remarque en se souvenant ce jour-là de sa méprise sur l’identité du gamin. Lui qui à l’époque avait pris Hiko pour un collègue à lui attendant leur senseï, lorsqu’il vit l’autre gamin aujourd’hui, il s’adressa directement à celui qu’il connaissait pour lui demander :

- Et c’est ton supérieur lui c’est ça ? Enchanté de te rencontrer en tout cas ! Je me nomme Fuka. On attend quelqu’un d’autre ?

Il perçut la voix de l’épée à l’intérieur de son crâne grommelant :

- Te voilà réduit à faire du baby-sitting petit…C’est pathétique…

L'heure du rendez-vous venait d'arriver et il n'y avait que deux personnes sur le terrain : Hiko et Kaori. Aucun signe du fameux Fuka. Apparemment la ponctualité n'était pas son fort. Il fallait tout de même garder à l'esprit que cette rencontre était seulement prévue depuis ce matin et peut-être qu'il n'avait pas eu le temps d'en prendre connaissance ou de se préparer convenablement. Imaginez qu'il ait été en pleine mission, son retard était compréhensible. Il finit par pointer le bout de son nez quelques minutes plus tard, tout en faisant une pointe d'humour. Peut-être pas forcément appréciable, puisqu'il critiquait en quelque sorte l'âge d'Hiko. Mais ce sarcasme fit tout de même sourire Kaori. Il était peu courant d'avoir un sensei tel que celui-ci et il valait mieux en rire. Pour l'Ishii ce n'était pas un fait important puisqu'ils avaient sensiblement le même âge, donc il préféra sourire à la question rhétorique de son coéquipier. Hiko répondit de suite avec une certaine ardeur, on pouvait sentir qu'il n'aimait pas les retards. Et la prochaine fois que cela se produire, la personne responsable ne s'en tirera pas indemne comme Fuka aujourd'hui. La gorge du nécromancien se serra quelques secondes, il restait figé sur place. Son sang avait été glacé par la réplique de son sensei. Le pire, c'est qu'il l'avait dit tout en gardant le sourire. Il avait même fait un clin d'œil à Fuka. Mais quel était le réel visage de cet enfant ?

« Yosh Fuka-san moi c'est Kaori, enchanté. » puis, il se retourna vers Hiko : « Promis sensei, je ne serais jamais en retard ! »

Son interlocuteur ne se fit pas prier pour reprendre son discours là où il l'avait précédemment arrêté. Maintenant l'entraînement allait pouvoir commencer. Il n'était plus question d'un test aisé comme celui de ce matin où Kaori devait simplement arrêter une attaque. Là, il fallait asséner un coup à Hiko. Mais cela ne s'arrêtait pas là...Car il ne se laisserait pas faire. Il venait de disparaître, totalement. Tel un fantôme, il s'évapora. Il y avait fort à parier que cela soit une technique - en même temps qu'est-ce que ça pourrait être doute ? -. La tâche allait être ardue. Comment le toucher si on ne pouvait pas le voir ? Le petit Kaori devra se creuser les méninges pour trouver une réponse et coopérer avec son nouvel allié : Fuka. D'ailleurs il n'y avait pas réellement prêté attention, mais ce dernier était muni d'une imposante épée. Un bretteur ? Hiko lui en avait brièvement parlé, mais il n'avait pas plus de détails. S'il en voulait, il devra les demander.

« J'ai pas grand chose pour le débusquer, du moins tant qu'on le voit pas. Mon pouvoir c'est la nécromancie et à part faire apparaître des cadavres ou des bouts de corps, nécroser des membres ou autres, j'peux pas faire grand chose pour le moment. Je peux peut-être te booster avec différents morceaux, un bras et un œil en plus ça te dit ? Et ton épée, tu peux faire quoi avec ? »

C'est sûr que dit comme ça, cela pouvait faire peur. Mais il pouvait réellement invoquer un bras et un œil supplémentaire pour Fuka. Il pourra être beaucoup plus efficace au corps à corps et sera capable de couvrir une plus grande zone grâce à un champ de vision et d'action élargit. Le jeune garçon ne pouvait rien faire d'autre, si ce n'était bombarder les environs avec des projectiles en espérant toucher son sensei. Il pouvait bien utiliser des parchemins explosifs pour soulever de la poussière et espérer le révéler, mais cela réduirait grandement leurs visions. Il ne pouvait pas réellement agir avant de mettre en place un plan avec son coéquipier. Enfin, il pouvait toujours lancer une petite attaque pour sonder les environs tout en réfléchissant. Ce n'était pas une technique consommant énormément de chakra, il pouvait donc s'en servir. Ainsi après quelques mudras, des doigts possédant des ongles acérés apparurent d'un sceau de Kaori et furent projeté dans les alentours. Avec de la chance, cela pourrait toucher. Même si l'Ishii n'en était pas convaincu, qui ne tente rien n'a rien. S'il s'était penché sur la réaction à avoir face à cette situation, il n'avait pas pensé à la façon dont son maître avait disparu. Qu'est-ce que cela pouvait être ? Certes de l'invisibilité, mais quel type de technique ? Kaori n'en connaissait pas beaucoup. Récemment il avait découvert ce qu'était le Kuchiyose grâce à Hoheinheim-sama, mais là cela ne pouvait être cela. Clairement pas du Ninjutsu, l'Ishii savait que Hiko maîtrisait le Suiton mais il n'était pas possible de disparaître de cette façon avec cette affinité. Ou alors il n'était pas assez renseigné. Il y avait fort à parier que c'était un domaine encore inconnu pour l'enfant, puisque pour lui cela s'apparentait tout simplement à de la magie. Il espérait que Fuka ait les réponses nécessaires, car pour le moment il pataugeait complètement.

Spoiler:

Le sourcil se haussa légèrement sur l’arcade sourcilière du Taisa alors qu’il se faisait réprimander par un simple gamin. Du haut de sa vingtaine il observa le petit blondinet qui venait de lui faire remarquer qu’à un prochain retard de sa part, il finirait avec un « gage ». Délicieusement mature à souhait… Après l’exaspération de son épée, cette dernière était partie dans une hilarité totale en constatant l’état d’esprit de son porteur :

- Gi, gi, gi ! Te voilà la risée de cet Empire petit. C’est tellement pitoyable ! Réduit à te faire sermonner par une demi-portion comme lui.

Fuka mâchonna ses mots d’insulte à l’attention de son arme. Elle était insupportable par moment. Le Taisa n’accueillit donc la nouvelle de son « senseï » que par un simple soupir assez court. Mais heureusement, le Taichou leur expliqua alors la teneur de cette rencontre qui consisterait en un test. Comme si le bretteur n’avait pas dû en subir un déjà. Il ignorait ce qu’il en était pour le petit môme à ses côtés mais il y avait fort à parier qu’il ait subi la même chose.

Il devait donc y avoir une autre véritable raison à cet entretien. Et elle était assez évidente pour que Fuka la devine. C’était un simple test pour évaluer leur travail d’équipe en duo. A peine le Sairyo avait expliqué la teneur du test qu’il disparut. Un de ses tours favoris tiens. Il ne manquait jamais de l’utiliser. Ce qui arracha un sourire au Taisa. Ce n’était pas trop le moment et lui-même ne se l’expliquait pas mais c’était bien ce qui venait de se dérouler sur son faciès. Mais il fallait se concentrer immédiatement pour rentrer dans le vif du sujet. Son coéquipier se mit à lui parler.

Il lui résuma ses compétences et les éventuelles solutions qu’il voyait. Un gamin qui utilisait de la nécromancie. Sympathique comme tout. La révélation provoqua un léger étonnement chez Samehada qui se mit à penser d’un coup :

- Curieux le môme. Un mélange de ton blondinet qui te sert de maître et le Fou.

Sans prêter attention à cette remarque, Fuka analysa la situation à son tour avant de répondre. Il fut interrompu par le mouvement de son allié du jour qui avait usé d’un jutsu pour balancer des projectiles. Saisissant la garde de l’épée, il était prêt à frapper. Le nabot avait trouvé quelque chose ! Mais il ne lui fallut pas longtemps avant de comprendre qu’il avait tiré dans le vide sans vraiment savoir où viser. Il réprima un nouveau soupir. Il se mit à ses côtés et s’adressa finalement à lui :

- Pour commencer…

Sa main s’abattit sur la nuque du petit garçon. Plus précisément sur son col. Il l’empoigna fermement et le souleva sans trop de difficulté pour l’amener dans son dos. Ou vu sa taille, au niveau de ses jambes. Mais ce n’était qu’un détail ! Toujours est-il qu’il reprit rapidement la parole pour expliquer son geste :

- On évite de tourner le dos à son adversaire. Au moins comme ça, il nous surprendra un peu moins. Ensuite pour tes capacités, elles sont assez limitées. Tout comme les miennes. Sinon il ne nous ferait pas subir un tel test. Il sait de quoi nous sommes capables ne t’en fais pas. Je n’ai pas non plus de moyen pour repérer sa trace.

Alors qu’il parlait, il continuait de scruter l’entourage pour tenter d’intercepter un léger déplacement de poussière ou un son qui viendrait par là. Il scrutait les environs de son côté. Il ne regardait jamais en arrière, laissant son angle mort à la surveillance de son acolyte avec qui il continua de communiquer. Mais il le fit cette fois ci à voix un peu plus basse, après s’être accroupi pour être à son niveau. Toujours dos à dos, il lui tint ce discours :

- Mise à part en tapant à l’aveuglette, on ne peut grand-chose. Ton idée de tout à l’heure n’était pas idiote. C’est juste que sur une si petite surface, c’est inutile. Voilà ce que je te propose donc. Tu couvres le maximum de la zone en face de toi et je me charge de déblayer le plus gros.

L’enfant comprendrait bien vite ce qu’il entendait par là. Attendant son consentement, il finit finalement par se lancer. D’un mouvement de la cheville, après avoir effectué un bond en avant, il se mit à tournoyer. Ses chevilles continuèrent de décrire des pirouettes afin de perpétuer le mouvement tout en décrivant un arc de cercle. Il délimitait ainsi la zone autour d’eux. Samehada en main, si Hiko se tenait dans le champ d’action de la lame, il ne tarderait pas à le toucher. Si le gamin de son côté bombardait le reste de la zone à coup de projectiles comme il l’avait fait tout à l’heure, ils avaient une chance d’y arriver. Une brève chance…

Spoiler: