Il y avait des jours comme ça où Daiga se détestait. C’était la pure vérité, justifiée par des handicaps parfois trop lourds à porter. Son manque d’empathie, sa communication quasi-impossible avec autrui, son atout héréditaire qui lui jouait parfois des tours… Tout ceci le faisait parfois hésiter sur la vie qu’il avait prise. Mais comment se venger de tout ce qu’il avait du endurer auparavant sans devenir un des Sunajins les plus connus et respectés ? Impossible, même pour quelqu’un qui se devait de reposer sur certains aspects de l’humain, au dépend de tant d’autres…

Et pour devenir connu et respecté, cela passait par des entraînements intensifs, et également par l’acquisition d’une renommée au sein du village. Et pour y arriver, il y avait bien entendu les missions. C’était assurément la chose la plus primordiale dans la vie d’un ninja. Sans elles, pas de salaire, pas d’expérience, par de reconnaissance… Mais encore faudrait-il en obtenir une. Et ça malheureusement c’était une autre affaire.

Il avait essayé de se présenter aux instances qui attribuaient les ordres de mission. Mais cela ne s’était pas passé comme il aurait voulu…

« Excusez-moi, vous pouvez répéter ?
─ La tarte… citron c’est sûr. »

Les deux gradés se regardèrent. Alors que l’un se demandait sérieusement si ce drôle de Genin n’était pas en train de se payer sa tête, l’autre eut comme un déclic et regarda dans un de ses nombreux dossiers avant de pointer un nom parmi tant d’autres.

« Ah je me disais bien ! C’est Akuzu Daiga, le pauvre est autiste… Désolé mais on a du mal à te comprendre… Essaie de trouver une solution. »

Et Daiga s’en alla. Bien entendu, il s’était dit qu’il pourrait s’acheter de quoi écrire pour se faire comprendre, mais il n’avait malheureusement plus assez d’argent. C’était assez regrettable, car c’était justement l’attribution d’une mission qui pourrait également régler ce souci d’ordre financier.

Non loin de l’échoppe où il pourrait obtenir du papier et de quoi écrire, il croisa un shinobi qui semblait être dans la même tranche d’âge que lui. Il s’en approcha, dans l’espoir de se faire comprendre malgré l’intuition que ça ne serait qu’un échec de plus.

« Nuit, citron sûr. »

Grosse période de creux en ce moment puisque mon équipe shinobi était quasiment en pause. Eichi était occupé sans cesse par son nouveau rôle de conseiller ou il partait en mission à droite à gauche, laissant le recrutement de nouveaux genins en attente pour l'équipe Shinkirô, ainsi que mon entraînement personnel.
Il n'y avait véritablement que du côté du clan Yamada que je pouvais trouver de quoi faire comme une ou deux combine à maîtriser avec notre don. Les aînés se montraient présents pour les plus jeunes et c'était agréable à voir. Je l'avais toujours su et ils me l'avaient montré plusieurs fois après la mort de ma mère. Je n'étais pas seul. Mon clan sera toujours là. En grandissant j'avais compris que ce devait être réciproque. Les autres sont là pour toi mais tu dois être là pour eux quand ils en ont besoin. " Il n'y a pas qu'un seul soleil " disait-on.

Il était donc normal que j'aie pas mal de temps à tuer ces temps-ci en me promenant dans Suna. Je lisais aussi plus de livres que d'habitude, j'étais pote avec le libraire qui m'aimait bien parce que je venais souvent le voir. Il commençait même à me prêter certains vieux livres que je pouvais aller lire ailleurs, posé sur un toit ou ailleurs dans les hauteurs du village. Plus j'étais haut et plus je sentais le vent chaud de notre pays dans lequel je me sentais bien.

C'était d'ailleurs ce que j'étais en train de faire en ce moment. Je lisais la dernière page d'un livre débile, un invendu, sur l'histoire d'un shinobi de Kaze no Kuni qui passait un pacte kuchiyose avec des éléphants avant de devenir l'un des ninjas les plus puissants et sage du pays du vent. Ce héros s'appelait Nuzuro. Il était l'un de ces personnages fictifs qui était là pour vendre du rêve aux lecteurs. Fictif ? En tournant la dernière page, j'aperçus une note en bas de celle-ci : " Inspiré d'une histoire vraie de vraie, la mienne, pour vous mes lecteurs adorés ! <3 <3 =) ". La barre se dessinait sur mon front en même temps que je le lisais. Sérieusement ? L'auteur devait être un sacré phénomène, mais son nom n'était pas indiqué. Je m'imaginais deux secondes que ce fut ce Nuzuro lui même ou un équivalent dans le monde réel puis réfutais cette idée.
Livre en main je sautais de toits en toits avant d'atterrir devant la librairie. J'allais voir Hasharu pour lui dire que son livre était vraiment vite fait. Il me répondit alors :

- M'étonne pas ! J'en ai même qu'un exemplaire... Le type qui l'a écrit était venu me le donner il y a de ça deux ans. C'était un vieil ermite avec un bandana sur lequel était dessiné un éléphant, un drôle de look. Mais il avait le bandeau de Suna aussi. Il m'a dit qu'il partait s'installer sur la côte pour officier là bas en tant que shinobi du village. Sorte de retraite bien mérité qu'il disait. Qui sait ce qu'il est devenu et s'il écrit toujours des livres !

Savoir tout ça changeait la donne.

- Ouais mais je suis un peu critique avec ce que je lis aussi...

C'était peut être vraiment une histoire inspirée de faits réels. Affaire à suivre ? Qui sait...

- Il mérite que je m'y attarde un peu plus tout compte fait.
- Comme tu veux mon gars.
- Merci, à la prochaine Hasharu.

Je marchais ensuite le long de la rue pour rejoindre une perpendiculaire et alors que je passais à pas lents - j'étais pas pressé - devant une échoppe dans le thème du livre qui vendait du matériel, un autre shinobi de ma tranche d'âge vint m'interpeller avec des mots sans rapport entre eux. Je voyais vite fait qui il était mais sans plus. Ma mine affichait clairement que je comprenais rien à ce qu'il voulait me dire.

- Daiga c'est ça ? Désolé mais je comprends pas...

Ayant stoppé ma marche, je souriais légèrement pour essayer de comprendre malgré tout.

- Il te faut un truc ?