J’avais eu droit à quelques jours de repos après la mission Spéciale. Le temps de nous reposer, de mettre les choses en perspectives, mais surtout de laisser la direction de Konoha digérer les évènements. Il fallait bien avouer que mes actes n’avaient rien à voir avec ce qu’on pouvait imaginer de la vie honorable d’un Shinobi. J’espérais que mes décisions ne nuiraient pas à mes pairs, mais j’étais prêt à faire valoir mon point de vue. Malgré quelques inquiétudes, j’avais peu de regrets sur ce que j’avais fait. J’avais pris la décision la moins coûteuse pour nous, celle qui nous permettait de réussir la mission. Baku semblait bien moins préoccupé de moi, il se remettait de quelques blessures, mais rien de bien grave. J’avais laissé l’animal libre, pendant plusieurs jours, pour lui donner le temps d’être un chien et de relâcher la pression. Dans mon cas, je préférais m’occuper des affaires du Clan, des tâches manuelles, de m’occuper de la fourrure, de la viande, aider ma mère avec sa meute, etc.

Après plusieurs heures, les mains un peu endolories par le travail de la peau, je me levais et me préparais à m’éloigner. Les hommes ne sont que des hommes et ils ont une vessie. Je m’apprêtais à m’éloigner quand un homme de Seika s’approcha de moi, alors que je m’isolais un peu. Il s’approcha de moi en silence et, à distance, me tendit une lettre avec le sceau officiel de l’Hokage. Je hochais la tête et pris la lettre, oubliant momentanément mon envie d’uriner à cause de la curiosité. Je pris le papier et le saluais d’un simple hochement de tête. Sans plus de cérémonie, il s’éloigna. J’examinais un peu le papier, sans l’ouvrir, avant de le plier et le glisser dans ma poche sans autre singerie. Après avoir cédé à mes besoins, je revins à ma tâche pour saluer les autres Inuzuka et m’éloigner vers ma roulotte. En voyant la lettre, probablement, que j’avais sorti de ma poche, Baku m’emboîta le pas.

Sans tarder plus longtemps, malgré le froid de l’hiver, je m’assis dans les marches et ouvris l’objet de ma curiosité. Une simple convocation, mais livrée par les Forces Spéciales. Je fronçais les sourcils en me demandant ce que l’Hokage pouvait bien me vouloir. Une rétrogradation ? Une bonne tape sur les doigts ? Une demande d’explication ? Je hochais la tête lentement, conscient que c’était la nervosité qui parlait. Je pris une grande inspiration en regardant Baku pour lui caresser la tête et lui gratter les oreilles en le secouant un peu. Je m’habillais, sans mes armes, pour me rendre directement au Palais. En quelques minutes, j’y étais, le visage un peu luisant à cause de l’effort. Mon chien haletait derrière moi. En entrant, je me dirigeais directement vers le lieu du rendez-vous, avec l’aide d’un des fonctionnaires du Palais.

- « Vous m’avez demandez, Hokage. J’espère que Baku ne vous dérangera pas ? »

Je savais que les fonctionnaires étaient toujours nerveux de voir un chien, surtout avec l’allure un peu « pouilleux » de Baku. La dernière fois, l’Hokage n’avait jamais eu rien contre lui, mais je ne savais pas si le ton durcissait. Il est vrai que la dernière fois la maîtresse de Konoha voulait attendrir les membres du Clan Inuzuka, mais cette fois, les choses avaient pu changer. C’est avec un peu d’agacement que je devais admettre que les Inuzuka ne s’en tiraient pas mal et y prenaient goût. Moi-même, jusqu’à maintenant, je n’avais pas vu de problèmes majeurs et l’Hokage respectait grandement notre besoin d’indépendance en tant que Clan.

Je regardais la salle. C’était la deuxième fois que j’y entrais et Baku se faufila par l’entrebâillement de la porte avant moi. Il se dirigea immédiatement dans la salle avant de s’arrêter net, le nez dans les airs, et renifler avidement. De mon côté, j’observais la femme assise sur un trône que je lui connaissais trop bien. Du lierre, des plantes et tant de choses qui me rappelaient toujours la joie enfantine d’une gamine qui rêvait de devenir Reine de la Forêt. Pourtant, je savais que tout cela cachait certainement de solides défenses, peut-être à cause de ses allures presque naïves. Encore après toutes ces semaines, je me demandais si le bouquet de fleurs envoyé au Raïkage était innocent. La réponse de l’Hokage me sembla étrangement poli, peu directe, presque agaçante. Ce n’était pas justifié de le ressentir, mais ce fut le cas. Je hochais silencieusement la tête avant de m’asseoir.

- « Merci… Enfin, merci, au nom des miens. »

Je désignais le bol d’eau en guise d’explication. Je savais que Baku se tiendrait plus tranquille, mais surtout qu’il pourrait se détendre. La dernière fois, je devais avouer être plus nerveux, plus méprisant, mais surtout moins juste avec l’Hokage. Je ne lui donnerais pas mes excuses, j’espérais qu’elle le savait. Les gens de Konoha aimaient les mots, mais pas les nôtres et, sur ce point, je serais inflexible. Il y a des moments pour les caprices et les luxes, il était plus naturel pour moi d’agir ainsi, j’espérais que la dirigeante ne ferait pas de caprice. Mais en toute honnêteté, je ne me faisais pas trop de soucis.

Alors qu’elle parlait, je ne sentis pas de fierté particulière. Ce qu’elle disait, je n’avais pas besoin de l’entendre pour le savoir. Non, j’avais surtout un nouveau respect, car je savais que certains de mes choix, comme pendant la mission spéciale, auraient pu être vu comme perfide. Mais pas elle, elle se contentait de ne rien ajouter sur mes choix, les résultats parlaient d’eux-mêmes. Je devais la remercier, jamais jusqu’à maintenant elle n’avait semblé vouloir imposer sa volonté. Elle était prête à écouter celle des autres. Vu l’absence de commentaires sur la mission, je comprenais qu’elle était encore à analyser la situation. À la nouvelle de ma promotion, je fronçais les sourcils et clignais des yeux. Je relevais mes lunettes en essayant de comprendre. Ce qui me choquait le plus, c’était la confiance des deux hommes, surtout du martyr qui, contrairement à moi, était fier de Konoha et ne la jugeait jamais ouvertement.

- « Je… Je dois vous remercier ? Je veux dire… Les Genkaï ? Qu’est-ce que c’est ? »

Je devais avouer qu’elle avait franchement piqué ma curiosité. Je laissais mes mains descendre mollement sur la table, lâchant enfin mes lunettes. Baku, à côté de moi, réagit à ce moment en levant la tête. Il venait lui aussi de sentir le changement de ton et d’ambiance. Curieux de voir ce qu’il devait faire, en voyant l’immobilité et le silence, il reposa ses pattes pour boire le reste du bol.

[Tu n’as pas dix lignes ! Non, je blague. xD ]

Elle désigna la pièce et je fronçais les sourcils. Je comprenais bien ce qu’elle voulait dire, mais tout cela me semblait confus pour la hiérarchie de Konoha. Je devais bien avouer que je n’y comprenais pas toujours quelque chose. Elle sembla comprendre que je réfléchissais, car, immédiatement, sans laisser une moindre seconde de silence, elle poursuivit ses explications. Des explications qui me semblaient d’autant importantes que je ne parvienne pas à comprendre comment une telle chose était possible quand je voyais toutes les structures de l’armée et les fonctionnaires courir par les fenêtres du Palais. Encore un peu sous le choc, je levais la main, paume vers elle, en l’agitant un peu de bas en haut pour lui signaler, un peu impoliment, de me laisser quelques secondes.

- « Vous… Vous parlez uniquement du Palais ou plus largement encore ? Je veux dire, je comprends que vous vouliez une section dévouée à la protection des têtes pensantes de Konoha, mais… Enfin, c’est bien de cela qu’il est question, majoritairement ? »

Je devais avouer qu’une telle confiance me semblait absurde. Non pas que je n’estimais pas l’Hokage, j’avais appris à l’apprécier, c’était justement le problème. Je l’estimais assez pour savoir que, si je ne parvenais pas à comprendre cette décision, ce n’était pas parce qu’elle était mauvaise, mais bien parce que des éléments m’échappaient. Je veux dire, je ne suis un Konohajin que depuis quelques mois, je fais parti d’un Clan qui reste en relative isolation et je n’avais pas toujours fait preuve du même « patriotisme » que Teichirô. Je fronçais de nouveau les sourcils après avoir écouter la réponse, ma deuxième question sur le bout des lèvres.

- « Je suis désolé, je comprends que vous voulez me montrer quelque chose, je le sais. Je crois que je vais apprendre beaucoup en le faisant. Je ne veux pas vous manquer de respect, mais… Les Seika ne s’occupent-ils pas de votre protection et des menaces à votre égard ? Je veux dire, c’est une tâche qu’ils ne peuvent plus accomplir ou vous préférez tout simplement des spécialistes ? »

Plus je parlais, plus le ton étonné, presque impoli au début, devenait franchement curieux. J’avais la désagréable impression de manquer un élément et je le ressentais. Je pris une inspiration pour absorber la nouvelle. Je jetais un regard vers Baku qui avait cessé de boire et venait de poser ses pattes sur la table. Il pencha la tête de côté en nous observant curieusement. Je lui grattais la tête avec un sourire amusé, le remerciant mentalement de m’avoir rappeler à l’ordre. Ensuite, délicatement, je le repoussais en bas avec un petit grondement de mécontentement de sa part qui me fit rire.

- « Excusez moi, Hokage, je suis un peu sous le choc. Croyez moi, je veux surtout bien comprendre pour faire ce que j’ai à faire. L’autre question que je me pose, c’est… Vous êtes au courant de mes capacités et de ma « spécialité ». Vous estimez que je suis le plus apte à assurer cette fonction, j’imagine ? Vous êtes consciente que vous protéger, si vous me permettez de le faire, je le ferai à ma manière, de façon pro-active… Si on peut dire. Je veux être sûr que si j’agis ainsi, ma manière ne sera pas jugé comme inappropriée. »

Je venais de reprendre mes esprits. Mes questions fusaient de manière ordonnée maintenant, mais je devais avouer que j’étais frustré de ma propre faiblesse. Je pinçais les lèvres de frustration, mais je ne m’inquiétais pas pour l’Hokage. Je savais que cette simple rencontre était un bon test et que j’en apprendrais beaucoup. Je laissais un peu le silence s’épaissir. La difficulté de la tâche ne m’inquiétait pas en soi, je savais que je pourrais la faire, mais je voulais être sûr que ma future conduite était celle demandée. Je devais avouer que de nombreuses questions au sujet des Seika étaient soulevées, mais elles attendraient quelques réponses à mes autres questions.