Il était tôt. Très tôt. Le Soleil ne s'était même pas réveillé. Les rues de Suna étaient vide de monde. Seuls les marchands les plus matinaux commençaient d'ors et déjà à balayer l'entrée de leurs échoppes pour se préparer à recevoir leurs futurs clients. Dans le centre ville de Suna, à l'entrée du quartier Gourmet, une jeune femme s'extirpait silencieusement du restaurant où elle logeait. Par manque d'argent, Hasü avait proposé ses services dans ce bâtiment. Le salaire n'était pas fameux, mais pour rééquilibrer la balance, la Belle avait reçu le gîte et le couvert de la part de son patron : Le père d'Emishi Nourishi. Un geste généreux de sa part, qui avait résolu tous les problèmes de logement de la Chanteuse. Malheureusement, la charge de travail ne donnait pas beaucoup d'occasion à la rousse de s'adonner à son nouveau passe-temps : L'entraînement. Son échec sanglant face au mystérieux blondin sur le toit de l'Ergastule lui avait donné la rage de se surpasser. Ses temps de pause n'étant pas satisfaisant pour se perfectionner, la jeune femme s'était décidée à pratiquer l'Art Ninja vers 3h-4h du matin.

Emmitouflée dans un manteau à capuche, l'Espionne marchait d'une démarche tranquille à travers les rues du Sable. La température était encore très basse mais ne tarderait pas à grimper en flèche dans quelques soixantaine de minutes. La froideur et la chaleur soudaine était quelque chose de commun dans le Désert et la Koken commençait à en avoir l'habitude. Hasü ne faisait aucun effort pour se dissimuler. Ses talons résonnaient légèrement sur le sol damé, lorsqu'elle jeta un regard aux alentours pour vérifier que personne ne l'avait suivi. N'ayant aucun individu à ses trousses, la DJ continua son chemin vers les terrains d'entraînement. Cependant ses yeux ne virent pas l'Ombre sur les toits envoyée par le Kakumeigun, qui ne l'avait pas lâché d'une semelle depuis sa sortie du restaurant. Depuis sa libération de l'Ergastule, la jeune femme était inlassablement surveillée par les Forces Spéciale et à l'heure actuelle, elle n'y avait vu que du feu.

Arrivée à destination, la Demoiselle gagna le centre de la zone. Rien n'avait changé depuis sa dernière visite, toujours ces mêmes murs de pierres qui donnaient cette impression de confinement, ces dunes de sable et les quelques palmiers qui apparaissaient ci et là pour donner une touche chlorophylle à cet environnement morne. S'asseyant en tailleur dans la masse sableuse encore froide, la jeune femme commença à malaxer son chakra. Sentant l'énergie Spirituelle dans son abdomen, la Belle commença à diriger la masse chakratique dans chacun de ses membres. Maîtriser cette force était une chose que la Demoiselle tentait de perfectionner. Une fois qu'elle saurait s'en servir elle pourrait faire surgir son affinité Sonique à travers tous les pores de sa peau... Mais ce n'était pas gagné. Actuellement, elle arrivait à mélanger l'énergie avec ses cordes vocales, ses tympans mais pour le reste, c'était un tantinet compliqué. Elle avait même du mal à marcher sur l'eau, c'est pour vous dire...

La nuit... Le silence, l'obscurité, la tranquillité... Autant de qualités qu'elle nous offrait et que j'appréciais à leur juste valeur. À part les patrouilles et les soulards il n'y avait guère de monde qui s'aventurait dans les rues à ces heures tardives. Et ceux qui foulaient le sol des terrains d'entraînement étaient encore moins nombreux. C'est donc avec une attention toute particulière que je gardais le regard rivé sur la jeune femme assise en tailleur au milieux de l'un d'eux. Sa physionomie était déjà intéressante en soi mais c'était surtout la couleur de ses cheveux baignés dans la douce clarté de la lune qui me captivait. Les rousses étaient très rares à Suna et cette jeune femme soulevait en moi un certain désir...

Mais ce dernier n'était pas de nature charnelle ou relevant de l'un de ces bas instincts qui caractérisaient tant de mes compatriotes mâles. Non, je la désirais pour ma collection. Une pièce de choix au milieu de mes autres cadavres favoris. Elle serait parfaite! Ho oui! Toutefois il était hors de question de la tuer pour l'instant car la demoiselle était surveillée. Je ne l'avais tout d'abord pas remarqué mais une ombre l'observait depuis un toit proche. Je ne l'aurais d'ailleurs sûrement pas remarqué s'il avait tenté de se cacher de moi. Mais pour l'instant toute son attention était rivée sur la rousse à quelques mètres de là.

*Intéressant...*

Son teint et le fait que je ne l'ai jamais vue tendaient à prouver qu'elle était une étrangère. Et visiblement elle n'avait pas su prouver ses bonnes intentions à la voie illusionnée sans quoi elle serait libre de ses mouvements. À moins que chaque étranger soit surveillé désormais. Vu les derniers événements, ça aurait pu être plausible. Quoi qu'il en soit si elle était de passage il fallait que j'agisse vite sous peine de la voir disparaître. Et je ne comptais pas la poursuivre dans un autre pays comme je l'avais fait pour Shinji. Dès lors...

- "Salut!"

Je venais de me réceptionner à côté d'elle après mon saut. Suffisamment pour qu'elle puisse estimer que mon intervention était un danger. C'était toujours révélateur de voir comment les gens réagissaient et ça valait les plus longs des discours. On pouvait voir ce que les gens valaient à leurs actes, non à leurs paroles. Pourtant ces dernières étaient parfois nécessaires...

- "Je suis Sasori!" indiquai-je. "Et toi tu es qui? À part un danger potentiel pour le village?"

Un regard en direction de l'ombre qui surveillait la demoiselle pour corroborer mes propos et je reportai mon attention sur elle. Lui parler n'était pas forcément une bonne chose puisque notre rencontre allait être consignée dans quelque rapport rédigé par son chaperon. Mais je me foutais pas mal du Kakumeigun et puis je n'enfreignais aucunes règles.

- "Que fais-tu ici?"

Question nette, sans artifices. Elle restait néanmoins volontairement vague puisque je souhaitais en apprendre le maximum sur elle. Que faisait-elle à Suna et sur le terrain d'entraînement à une heure aussi tardive. Elle avait assurément un physique captivant mais pouvait-on en dire autant de sa personnalité?

C'est dans le silence et la concentration que la Koken poursuivait son entraînement. Voilà déjà quelques dizaine de minutes qu'elle manipulait le chakra à travers ses méridiens et les symptômes de la fatigue se faisaient sentir : Sueur coulant le long de sa peau fragile, respiration de plus en plus bruyante. La Belle commençait à atteindre ses limites. Pleine de volonté, elle tentait de repousser ses barrières mentale. Elle voulait devenir une Sunajin, elle voulait faire plaisir à Eichi. Et pour cela, elle devait s'investir de toute ses forces. Depuis qu'elle avait donné la lettre de recommandation, que son amant avait écrit à son égard, pour qu'elle puisse rejoindre l'Académie du village, Hasü avait commencé à en baver sérieusement. Comme l'avait prédit son aimé, l'école l'avait totalement prise en grippe, et avait, en plus, du cursus habituel, ajouté, rien que pour elle, des exercices supplémentaire. Combat inégaux, parcours physique à la limite de l'impossible pour sa constitution. La Demoiselle avait presque eut l'impression de reposer les pieds à l'Ergastule. Malgré tout, la jeune femme n'avait rien lâché. Les nerfs solide, elle avait subi sans broncher, sans répondre. Sa charge de travail au restaurant n'avait pas arrangé les choses... Éreintée, ses capacités à servir le client s'étaient amoindries. Si elle continuait dans cette voie, il se pourrait bien que sa période d'essai ne satisfasse pas le Père d'Emishi.

C'est alors qu'elle capta une voix. Soudain, une personne apparut brutalement, juste à côté d'elle, dans une éclaboussure de sable. En pleine méditation, la Rousse ne put s'empêcher de lâcher un cri de surprise. Sursautant, elle tomba sur le dos. Se redressant en s'aidant de ses coudes, elle put apercevoir une silhouette. Ses yeux s'habituant à l'obscurité, elle arriva à décrire ce nouvel arrivant avec précision. C'était un homme encapuchonné. Vêtu de couleur sombre, ses habits étaient amples et long. La Belle pouvait voir sa peau blanche refléter les rayons lunaire. Depuis son arrivée à Suna, c'était la première fois qu'elle voyait une personne qui possédait à peu près le même genre d'épiderme qu'elle. Un voyageur ? Dans cette noirceur provoquée par l'heure, Hasü n'arrivait pas à discerner le bandeau frontal de ce gars. D'un air naturel, sans même se remettre en question quant à son entrée plutôt... inhabituelle, il se présenta. Souhaitant connaître celle avec qui il comptait discuter, ce dernier lui demanda son identité. Pas vraiment un maître dans l'art du tact, la silhouette ne put s'empêcher de rajouter une remarque dès plus désagréable aux oreilles de la rouquine. Il ne se connaissait que depuis quelques minutes mais la Demoiselle savait que le courant ne passerait pas de la meilleure des manières entre eux. Sa surprise se muant en colère silencieuse, Hasü posa un regard défiant vers ce dénommé Sasori :

— Hasü.

Elle suivit du regard celui de l'intrus. Ses pupilles émeraudes captèrent alors la présence d'un membre des forces spéciale du village. C'est à ce moment qu'elle comprit d'où est-ce que ce gars avait tiré sa conclusion offensante. Toujours aussi gentleman, le jeune homme lui demanda sans aucune politesse ce qu'elle faisait ici. Il l'aurait dit de manière bien plus vulgaire que la Demoiselle n'aurait pas fait la différence.

— Ça ne se voit pas ? Je m'entraîne.

S'épongeant son front suant d'un revers de la main, la rousse tenta de s'affirmer. Essayant de ne pas cligner des yeux, elle regarda Sasori d'un air farouche :

— Vous savez, il y a ce qu'on appelle des portes d'entrée. Après je peux comprendre que vous n'êtes pas un fan des banalités humaine... Mais ce terrain est grand. Vous auriez, au moins, pu avoir l'amabilité d'atterrir ailleurs !

Le ton de sa voix se haussa. Sa colère montait plus vite que prévu : Le stress des derniers événements, le manque de sommeil, la peur causée par cet homme et la fatigue que sa méditation en étaient les éléments déclencheurs.

— Et puis merde. Qu'est que vous faites ici, monsieur Sasori le Désagréable ?