Cela faisait quelques temps maintenant que je m'étais ménagée depuis ma sortie de l'hôpital pour suivre les conseils avisés des médecins mais je devais dire que je commençais à en avoir marre... J'allais rouiller comme une machine enraillée si je continuais sur cette lancée ! Non il me fallait m'entraîner !

Je me dirigeais donc d'un pas assuré vers les terrains d'entraînements alors que le soleil était à son zénith. Cela n'en serait que plus éprouvant et il n'y avait que dans la sueur et le sang que l'on forgeait sa puissance ! Ma faux a double lames fixée dans mon dos, je commençais à réfléchir à quelles techniques j'allais pouvoir perfectionner et comment j'allais appréhender mon style de combat... Depuis l'annonce de l'aggravation de ma maladie, j'évitais d'user de mon sang et je cherchais donc à me renforcer avec d'autres aspects comme me l'avait suggéré mon père.

C'était l'heure du déjeuner et les terrains étaient vides... excepté la présence d'Eichi qui semblait là depuis quelques temps déjà. Son torse luisait de sueur, laissant ses muscles saillants agrémenter ses mouvements alors qu'il perfectionnait visiblement son art du taijutsu. Il semblait concentré et je ne savais même pas s'il m'avait remarqué. Je m'installais dans les gradins l'observant un instant de la tête aux pieds alors que j'imaginais d'ici son sang pulser dans ses veines dilatées par l'effort et la chaleur.

Amusée, je sortais une petite fiole de ma sacoche et en buvait son contenu avant de ranger le récipient vide. Le nom d'Eichi était écrit sur cette dernière. Je me délectais de l'arôme du nectar tout en l'observant d'un regard perfectionniste.

« Tes jambes ne sont pas bien droites... »

S'il n'avait pas remarqué ma présence jusqu'ici, maintenant c'était chose faite.

« Tes épaules sont beaucoup trop en arrières ! »

Je le laissais poursuivre ses mouvements malgré tout alors qu'il m'ignorait complètement.

« Que comptes-tu faire avec cette posture Eichi-kun ? Brasser de l'air … ? »

Je lui adressais un regard taquin et amusé par la situation.
Je me redressais et attrapais la gourde qui était posée un peu plus bas parmi ses affaires avant de la lui lancer.

« Tu devrais peut-être faire une pause Eichi-kun... »

Je ne comptais pas apprendre le taijutsu mais en aviser les mouvements pouvaient déjà s'avérer être une bonne analyse pour anticiper au mieux les gestes rapides et précis de mes ennemis qui l'utiliseront...

• Tu as peut-être raison, faisons une pause. Alors tu me conseilles en Taïjutsu maintenant ? Tu ne souhaiterais pas plutôt l'inverse ?

L’environnement était étouffant et des ondes de chaleurs étaient perceptibles tout autour de nous. En tant qu’habitants de Kaze nous avions cependant l’habitude de cette température qui se montrait impitoyable pour les amateurs. Il était aisé de le constater car même après tant d’efforts, Eichi refusait sa gourde pour s’hydrater alors que le premier venu ce serait jeté dessus comme s’il s’agissait du saint graal tout puissant.

La gourde n’eut même pas le temps de finir sa course que son possesseur l’avait fait exploser en l’air. Lorsque je quittais l’objet du regard, Eichi était déjà assis à mes côtés sans même que je ne me rende compte qu’il ait bougé. En cela ceux qui maîtrisait le taijutsu était redoutable car s’il avait eu une lame, il aurait pu aisément me trancher la gorge avant même que je n’aurais eu le temps de ne faire quoi que ce soit. Pour autant, il ne valait plus rien à distance et c’était précisément ce que j’employais comme style de combat.

J’écoutais son discours et me fendais d’un sourire avant de rectifier :

« TU dois faire une pause : moi je n’ai encore rien fait. »

La suite de sa phrase m’amusait tout autant.

« Je te donne simplement des conseils avisés si tu veux t’améliorer. Je ne connais effectivement rien au Taijutsu mais j’ai pu observer des personnes qui l’utilisaient et leur technique était assez différente de la tienne… Quant à dire laquelle est à la meilleure… »

Je n’avais aucune idée de qui de lui ou des autres s’y connaissait le plus, pour autant je m’imaginais aisément que chacun possédait son propre style dans un même domaine.

Eichi semblait essoufflé : signe qu’il s’agitait néanmoins, bouger beaucoup ne signifiait pas pour autant se mouvoir efficacement sans placer des coups inutiles, mais cela il devait le savoir.

« Moi aussi je suis venue m’entraîner mais analyser ne fait aussi pas de mal et cela reste une autre forme d’entraînement. »

Son corps esseulé et suintant de sueur posait un regard interloqué sur le flacon portant son identité alors qu’il me demandait si j’avais obtenu sa permission pour le récolter.

« Je suppose que c’est un maigre paiement face au mur que tu as détruit… Je n’ai fait que récupérer ce qui a résulté de cet excès de colère… »

Mon visage était taquin en évoquant ces faits inattendus.

« Concernant le goût tu n’as cas essayé et tu le sauras... S’il était si mauvais je ne l’aurais pas vidé d’une traite… Et puis j’aime pouvoir prendre la température des personnes que j’ai en face de moi… »

Je lui adressais un regard pénétrant tout en m’amusant à jouer avec le fluide écarlate de son corps sans même qu’il ne s’en aperçoive. La pression de son sang augmentait vers ses tempes et, même s’il ne pouvait pas percevoir ce changement il pourrait sans aucun doute constater de la petite migraine que je faisais s’installer en lui. Cependant, je stoppais bien vite mon petit manège, n’ayant pas envie de m’amuser avec lui : j’avais des choses plus importantes à faire.

Je me redressais donc et me dirigeais face aux mannequins. J’attrapais ma faux dans mon dos et l’agitais avec agilité devant moi tout en l’imprégnant de mon chakra fuuton pour créer des lames d’air qui fusaient sur ma cible et l’entaillait de toute part tout en soulevant du sable. Je créais ensuite un bouclier fuuton devant moi en faisant tournoyer ma faux. Mon arme de nouveau stockée dans mon dos, je composais des mudras avant de créer une grande bourrasque de vent qui empêchait quiconque d’avancer dans ma direction. Le sable se soulevait de manière plus conséquente et obstruait la vue un instant. Celui d’après, je créais un rempart doton devant moi avant de le décomposer pour envoyer des morceaux effilés de mon barrage à grande vitesse ainsi couplé à une impulsion fuuton. Les débris allèrent jusque dans les gradins où se trouvait Eichi.

Je me concentrais principalement sur ma maîtrise du ninjutsu puisque Méphisto ne m’accompagnait pas et que je n’avais pas envie de l’appeler à moi pour le moment et que j’évitais d’user de mon pouvoir Ketsueki pour ménager mes forces et surtout ma santé : mais bien entendu je me gardais bien de le dire et nul ne pouvait voir la souffrance que j’affrontais pourtant chaque secondes et qui me demandait une grande maîtrise de moi-même pour ne pas m’écrouler et me tordre de douleur.

« Il faut que je devienne plus puissante… Mais je ne suis pas faite pour le taijutsu. »

Me contentais-je d’avouer.

• Je vois ça... Bon on arrête de se tester ? Je pense quand même avoir la plus grosse...

Eichi stoppa mon doton sans difficulté et je n’en espérais pas moins. Il semblait amusé tout en proférant que nous devrions arrêter de nous jauger même si cette petite démonstration de nos capacités ne me déplaisaient pas. Je n’avais pas l’intention de l’affronter, j’étais venue ici pour m’entraîner et non pour perdre mon temps ! Toutefois l’analyse était un élément aussi clé que la pratique pour l’apprentissage.

J’arquais néanmoins un sourcil lorsqu’il parlait d’avoir la plus grosse… De quoi parlait-il ? La plus grosse quoi ? S’il pensait qu’il s’agissait de la puissance sans aucun doute : je ne pouvais pas rivaliser en force brute contre un utilisateur du Taijutsu en revanche, je me jugeais plus fine stratège que lui… S’il pensait jouer la carte des propos machistes il déchanterait rapidement si j’usais de mon don contre lui : il pourrait alors voir par lui-même de quoi était capable le soit disant « sexe faible ».

Cependant, je ne cherchais pas à entrer dans ce genre de relation conflictuelle avec lui. Bien au contraire, s’il pouvait m’apprendre deux ou trois petites choses je n’étais pas contre. Il avait été le bras droit de ma Kazekage et sensei, en cela, j’étais certaine qu’il était un homme de confiance : sans doute un peu trop clément à en voir sa réaction face à notre prisonnière…

Le Wada se redressait pour venir dans ma direction, prenant un ton plus sérieux en ajoutant qu’il avait le dessus sur mes affinités et qu’il pourrait me faire mal… La souffrance ne me faisait pas peur, c’était même lorsque je la partageais avec mon adversaire qu’elle était la plus enivrante… Il me conseillait également de ne pas user de mon don sur lui sans quoi il pourrait s’en retrouver énerver. Je me laissais aller à un petit ricanement cristallin suite à cette réflexion.

« Si j’avais voulu utiliser ton sang alors même qu’il est désormais sous mon contrôle, je l’aurais déjà fait et toi tu ne serais plus Eichi-kun… »

Je lui adressais un regard en coin amusée. Je ne cherchais pas le conflit et je n’avais pas l’intention de me battre avec un membre de ma nation : il ne s’agissait donc là qu’un rappel de mes capacités dont je ne pouvais pas user librement…

Eichi posait ensuite sa main sur mon épaule tout en me précisant qu’il ne comptait pas user de son pouvoir contre moi du moins pas encore… Mon regard se tournait vers son geste : je n’avais pas vraiment le contact facile malgré tout, et pour ne pas attiser l’animosité que j’avais pu sentir en lui un peu plus tôt, je tâchais de ne rien laisser paraître, mon regard se posant dans le sien, pétillant de malice tandis que je répondais à sa question.

« Oh… Pas encore hein… Un jour, peut-être, si le temps nous le permet… »

Et s’il ne m’avait pas déjà emporté dans son sillage, me fauchant comme la germe de blé…

« En ce qui concerne l’étrangère je dois dire que je n’en ai pas la moindre idée… Elle a l’air frêle et c’est peut-être justement pour cette raison que c’est elle qui a été envoyée. Peut-être que ses commanditaires pensaient que nous n’aurions pas de doutes la concernant. Pourtant il est aisé de penser à cette alternative et d’au contraire surveiller de près les inexpérimentés. En tout cas, tant qu’elle ne parlera pas, elle restera ici. Kioshi parlait de la mettre à jeun quelques temps histoire qu’elle comprenne que la prison ne valait mieux pas comparé à ses aveux. Si la prison ne consiste qu’en un enfermement auquel elle va s’habituer elle pourrait bien ne jamais parler. Et toi qu’en penses-tu ? »

Il avait déjà causé du tort à cause de cette dernière et je me demandais bien ce qu’il pouvait avoir en tête :

« Tu comptes maintenir tes projets la concernant ? »

Ce n’était plus vraiment Yami qui parlait mais l’intendante du Kakumeigun. Je ne l’empêchais pas de faire ce qu’il voulait faire tant qu’il en assumait les conséquences qui en résulteraient.

« Le village est en proie à plusieurs infiltrations de ce type en ce moment c’est pourquoi nous devons nous montrer vigilants. Il n’est pas impossible que le bruit ait couru sur notre projet confidentiel de développement… Certains shinobis malintentionnés cherchent sûrement à en savoir davantage et nous ne pouvons pas nous permettre que ce genre d’informations soient détenus par quiconque en dehors des Sunajins. Il en va de l’avenir du village. »

Je me demandais quels étaient ses objectifs du moment et le questionnait sur l’un d’eux.

« J’ai d’ailleurs entendu dire que tu souhaitais créer ta propre équipe de shinobis ? Il est vrai qu’un sensei supplémentaire ne sera pas de trop pour former les genins. »

Je jetais un coup d’œil aux terrains avant d’ajouter :

« Comme tu peux le voir les terrains d’entraînements sont tristement vides… Il faut dire que les demandes de missions n’arrêtent pas et ils y sont donc envoyés sans répit : comme par exemple pour réparer les murs du Kakumeigun… »

Je lui adressais un regard accusateur couplé de taquinerie : après tout ce n’était qu’un mur.

• C'est une énigme cette fille... Ose me dire qu'elle parait dangereuse ? On dirait presque qu'elle fait ça sans vraiment comprendre les enjeux et les aboutissants, c'est très étrange... J'ai essayé de m'attirer sa confiance, de la menacer, de lui faire mal, rien n'y fait. Elle a une idée dans la tête et elle n'en démord pas. Donc non, mes projets ne la concernent plus.

• Dis moi, ta maitrise du sang te permet de soigner ? Car je cherche à corriger le plus gros défaut des Portes Célestes en trouvant un moyen de soigner les contrecoups. Tu imagines ? Je pourrais les ouvrir sans peur des dommages en me soignant de suite, mais je n'y connais rien. Peut-être aurais-tu un moyen de renforcer mes muscles où je ne sais pas quoi ?

Je ne pouvais qu'être d'accord sur les propos d'Eichi à l'encontre de notre prisonnière toutefois je me demandais s'il avait vraiment agit seulement et uniquement pour suivre ses convictions...

« Elle ressemble plus à une brebis apeurée qu'à une vraie manipulatrice... Je me demande pourquoi elle ne parle pas... Peut-être que ses commanditaires lui ont fait jurer de menacer ses proches si elle parlait mais si tel était le cas, elle devrait au contraire nous le dire pour que l'on puisse mettre fin à cette histoire tout en protégeant les siens : ce n'est pas comme-ci nous le lui avions déjà dit... »

Je l'observais avec un regard taquin en poursuivant :

« Tu es sûr que tu n'as pas le béguin pour cette fille ? »

Cela pourrait expliquer sa prise de position pour gagner son cœur en se la jouant chevalier servant. Je haussais les sourcils pour appuyer mes mots, amusée par la situation.
Il s'en allait sur les gradins, s'asseyant tout en me parlant soudainement de ma maîtrise tout en m'expliquant son plus gros problème avec la sienne. Je penchais la tête, avisant sa requête avant de prendre place à ses côtés comme il me l'avait demandé.

« Pourquoi est-ce que je te révélerais tout ça ? Si je t'expliques comment fonctionne mon pouvoir tu gagnerais une longueur d'avance sur notre futur combat : ce n'est pas dans mon intérêt. »

Je fermais les yeux et détournais la tête, l'air hautain. Je laissais deux secondes s'écouler le temps qu'il avise mon comportement avant d'ouvrir un œil rubis dans sa direction et de me laisser aller à un nouveau ricanement.

« C'est ce que je pourrais dire mais je t'aime bien et je te fais confiance alors je vais répondre à tes questions... Tu m'en devras une. »

J'étais d'humeur taquine et joviale aujourd'hui et ce n'était pas pour me déplaire : cela me changeait des longues heures que je passais à l'hôpital ces derniers temps pour soigner ma maladie.

« Oui ma maîtrise du sang permet de me soigner mais seulement de façon très minime et que moi même. Pour me soigner j'ai développer autre chose... »

A ces mots, je passais la bague a pointe que j'avais au pouce sur mon bras pour créer un sillon écarlate. Je le laissais observer le spectacle alors que j'augmentais le débit de mon sang pour le faire couler en quantité plus importante puis je la réduisais jusqu'à la stopper totalement, sans rien faire d'apparence, me contentant d'user de mon chakra. Finalement je coagulais la plaie, durcissant légèrement mon fluide écarlate pour arrêter le saignement.

« Voilà le genre de soin que je peux m'apporter. Si la blessure est plus importante, ma maîtrise seule ne suffit pas à me soigner. Je peux toujours faire circuler mon sang normalement et éviter une hémorragie mais cela s'arrête là. Mais désormais... »

Je portais mon bras « blessé » à ma bouche, révélant mes canines effilées et affûtées que je plantais dans ma chair sans ménagement. La marque de mes crocs étaient visible et la plaie bien plus profonde. Je posais mon bras meurtri sur les genoux d'Eichi pour bien lui montrer ce que j'allais faire. Comme précédemment, je stoppais le saignement puis, je concentrais mon chakra médical sur la paume de ma main libre que j'appliquais sur la blessure. Une chaleur s'en dégageait et la plaie se résorbait en très peu de temps, peu à peu, reconstituant la chair et les tissus qui n'étaient plus.

« Je peux me soigner presque comme je l'entends. C'est Kioshi qui m'a appris l'art de la médecine. Quand je ne suis pas au Kakumeigun, je suis à l'hôpital pour soigner les patients et parfaire ma nouvelle maîtrise. Tu pourrais restaurer ton corps sur le moment, même si cela te demandera une quantité de ton chakra importante , toutefois, de ce que j'en sais, les contrecoups des Portes Célestes ne peuvent pas vraiment être effacés. Plus tu soumettras ton corps à cet exercice et plus il en payera les conséquences. »

Finalement cela nous faisait un point commun : mon existence était réduite à cinq années maximum si je ménageais mon organisme en évitant d'user de ma maîtrise. Pourtant, même si cela devait signifier mourir dans deux ans, je ne pouvais simplement pas me ménager. J'avais des choses à accomplir et je savais que je devrais endurer des souffrances terribles pour y parvenir. Toutefois, ma motivation et mon objectif quant à redorer le blason de mon clan et parvenir à me faire un nom à Suna prévalaient sur le reste.

• Non, du moins pas dans ma position actuelle. Comment pourrais-je aimer une traître ? Soyons clairs... Puis je préfère réserver mon cœur pour LA fille, elle arrivera bien un jour ou l'autre...

• Oui je sais bien, plus ça va plus les portes me font souffrir. Mais si tu peux au moins restaurer les tissus et les muscles avec tes techniques, c'est déjà très intéressant. Dis moi juste jusqu'où peuvent aller les techniques de médecine, par exemple peux-tu te soigner entièrement mais pour une durée limitée ? Par des pilules ou autres ? Et au plus haut rang, le rang S, que peut-on espérer ?

Il avait l'air intéressé par de telles propriétés mais je ne pouvais m'empêcher de sourire à l'idée de l'imaginer portant une blouse de médecin. Il avait le cœur sur la main, cela était indéniable mais il n'avait pas l'air des plus patients : sa maîtrise du taijutsu en témoignait, il aimait pouvoir rentrer dans le tas sans vraiment réfléchir alors que l'art de la médecine demandait une concentration indéniable qu'il fallait savoir contenir d'autant plus lorsqu'on se trouvait sur un champ de bataille. Pour autant, je répondais à ses questions pour l'aiguiller un peu sur ce que je savais.

« Plus j'utilise de chakra et plus je peux exercer des soins poussés. Je peux reconstituer des tissus ou des muscles oui. En revanche, même après une telle technique, la personne soignée ne retrouvera pas sa parfaite mobilité et il se peut que la douleur persiste même si la reconstitution est faite. Il ne faut pas voir cela comme un soin miracle qui permette de courir comme un lapin alors que l'instant d'avant nous étions aux portes de la mort. Toutefois, cela permet de gagner du temps et de réaliser encore quelques actions avant de perdre conscience par exemple voir carrément avant de perdre la vie. »

Je l'avisais d'un regard sincère : rien ne servait de lui mentir.

« J'imagine qu'il me serait possible de concocter des remèdes pour soigner les maux mais il faudrait pour cela que je me concentre sur l'herboristerie, ce que je n'ai pas le temps de faire. Pour autant, effectivement, certains shinobis maîtrisant cet art préconise la prise de médicaments réalisé en amont pour gagner du temps et économiser du chakra. Au plus haut niveau de maîtrise tu peux espérer une régénération complète de tes cellules et de tes tissus, grièvement brûlé tu pourrais t'en sortir presque indemne par exemple. C'est un art encore nouveau pour moi, je ne connais pas toute ses capacités mais personnellement, il m'est utile pour ma maîtrise du sang puisque j'ai besoin de m'ouvrir les veines pour l'utiliser, il m'est indispensable de pouvoir me soigner alors que je m'occasionne parfois à moi même de lourde blessure pour atteindre l'ennemi. »

Inutile non plus de lui cacher toute la monstruosité de mon clan. Nous aimions constater de la souffrance et faire couler l'élixir écarlate à flot : nous étions prêt à tout pour ne serait-ce que déceler la peur dans le regard de notre proie. C'était euphorique. Une véritable frénésie s'emparait de moi alors que j'infligeais toujours plus d'affliction.

« J'espère avoir répondu à toutes tes questions. En ce qui concerne celle que je souhaiterais te poser, elle ne te concerne pas directement... Toi qui était le bras droit de Zanshi, as-tu remarqué un comportement anormal chez notre sensei depuis quelques temps ? »

Je n'avais pas vraiment eu affaire à elle depuis un moment et pourtant, Kioshi m'avait chargé de la surveiller et de lui rapporter si elle avait un comportement étrange. Je ne connaissais pas suffisamment l'Ecarlate pour savoir si sa façon d'agir actuelle n'était pas celle qu'elle avait toujours adopter : mais peut-être qu'Eichi le savait.

Tout en posant ma question, je retournais mon bras sur ses genoux de façon a avoir la paume de la main touchant son pantalon. Je posais le bout des doigts sur les tâches écarlates de sécher sécher et coaguler pour leur redonner un souffle de vie et ôter les salissures qu'elles avaient commises sur les vêtements du Wada. Les gouttes lévitèrent devant nous un instant, je trouvais ce spectacle mirifique... Pour finalement retomber sur le sable et s'assécher de nouveau, laissant les habits de mon camarade sans plus aucune tâche tandis que je lui adressais un fin sourire.

• Je n'ai pas souvenir de l'avoir vu être étrange, du moins pas plus que d'habitude. Pourquoi donc cette question très chère ? Vous ne la pensez tout de même pas mêlée à toutes ces histoires ? Zanshi-Sama incarne le renouveau de Suna, et pour une fois qu'un Kage ne trahit pas le village durant son mandat... Ne me brisez pas cette douce euphorie par pitié !

• Le contact te plait ? Tu sais quoi, je n'aurais jamais pensé ça de toi, je te voyais plutôt comme une fille distante et n'appréciant pas forcément ma compagnie, c'est vrai que je me la joue beaucoup parfois... Après je suis le seul à Suna capable de faire exploser mon chakra en aura, de faire blondir mes cheveux avant de relâcher un rayon dévastateur de mes propres mains ! C'est un bon spectacle quand même !

Les choses prirent une tournure plutôt inattendues. J'étais dans l'attente d'une réponse à ma question concernant notre Kazekage et sensei que Kioshi m'avait demandé d'observer et voilà qu'il répondait à mon contact auquel je n'attendais à la base pas de réponse. Pourtant, il avait bel et bien posé sa main sur la mienne et m'avisait d'un regard que je ne lui connaissais pas. Ses pupilles couleurs rubis flamboyaient et capturaient les miennes sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Je n'étais certes pas très douée en ce qui concernait les relations sociales et leur décryptage mais je pensais pouvoir affirmer qu'il ne m'adressait pas un regard qu'il aurait pu faire à n'importe qui : il semblait si solennel et décontenançant.

Je tachais d'y faire abstraction, lui adressant pour un part un regard qui l'incitait à répondre à ma question pour laquelle il avait affirmé répondre sans tabou. Finalement, il m'apprenait n'avoir rien observé de particulier chez elle qui aurait pu trahir un comportement changé. Il avait pris un ton plus détaché pour s'adresser à moi, me vouvoyant même et s'exprimant d'une manière soutenue comme pour marquer une certaine distance entre nous alors que, paradoxalement à ces mots, sa main était toujours sur la mienne... Je lui adressais un fin sourire en en concluant qu'il s'agissait là d'un moyen d'alléger la situation qui le gênait malgré qu'il soit l'instigateur de son atmosphère. Certes j'avais posé mon bras sur ses jambes pour lui montrer ma faculté de guérison mais ma main posée n'avait eu pour but premier que de retirer le sang séché de ses vêtements. Je trouvais son comportement attendrissant et presque juvénile par rapport à la situation.
Nullement gênée pour ma part, je répondais à ses interrogations à mon tour concernant la Kazekage.

« A vrai dire je n'ai pas connaissance des détails mais je suis chargée de l'observer. J'ignore si elle est suspectée dans l'affaire des conseillers ou si mon supérieur veut la faire surveiller pour une raison plus... personnelle diront nous. »

Il était connu au sein de Suna que Kioshi et Zanshi entretenait une relation même si je ne parvenais pas à la comprendre tant ils semblaient distants entre eux... Kioshi m'avait confié plusieurs fois que malgré qu'elle soit dans sa vie et qu'il était entouré, il se sentait affreusement seul. Je savais qu'il ne me disais pas tout mais j'avais cru comprendre qu'ils s'étaient entre déchirés avant de s'aimer : une relation chargée d'histoire en somme.

« Pour ma part, je n'émet pas d'avis quant à sa possible implication. Je crois en elle et j'admire la femme et la dirigeante qu'elle est mais je n'exclus pas non plus cette hypothèse pour avoir été présente sur les lieux le soir de la disparition des conseillers. »

L'un de ses clones nous avait bel et bien attaqués pour attenter à la vie des conseillers, j'en étais presque certaine. Sans compter que l'aile de l'hôpital avait explosé alors même qu'elle venait d'arriver sur les lieux... Je savais que des shinobis étaient en charge de l'enquête et j'espérais que nous pourrions en apprendre davantage sur toute cette histoire.

Après mon explication, je posais une nouvelle fois le regard sur ma main qu'il gratifiait de légères caresses de son pouce, frissonnant un instant à ce simple contact. Son discours se montrait cette fois beaucoup plus léger alors qu'il m'expliquait ne pas me penser comme ça et croyait même que je ne l'appréciais pas spécialement. Il était vrai que ce n'était pas la personne que je connaissais le plus à Suna mais il avait su attiser ma curiosité à son égard entre notre voyage à Kaze pour délivrer un convoi et rapporter les marchandises nécessaires, la fois où il m'avait confié la nukenin et où il avait perdu son sang froid à différentes reprises et encore aujourd'hui sur les terrains d'entraînements : il gagnait à être connu. C'était un personne intrigante à la personnalité bien trempée et intéressante : il n'hésitait pas à agir selon ses convictions même si cela devait aller à l'encontre de ce que les lois lui imposaient tant qu'il respectait ses idéaux. Sa dernière remarque concernant sa vantardise me faisait partir dans un rire amusée alors que j'imaginais la scène de ses cheveux devenus dorés défiant la gravité en recouvrant son corps d'un halo de même couleur tandis qu'il pourrait presque léviter du sol et exécuter une technique dévastatrice : cette représentation énigmatique avait quelque chose de mystique comme si, dans cette posture, il s'apparenterait plus à un Dieu qu'à un être humain. C'était drôle à imaginer.

Remise de mes émotions, je plantais mon regard pétillant de malice dans le sien, répondant à ses propos :

« Le contact de ta main ou le contact en général ? Mmh... Je ne suis pas vraiment tactile, sauf avec les personnes que j'apprécie. »

Considère donc que je t'aime bien puisque j'ai moi même initié le contact et que je n'ai pas repoussé le sien Voilà ce que je cherchais à dire.

« Ta main est chaude : ça ne me dérange pas. C'est même plutôt appréciable à vrai dire. »

Ajoutais-je au cas où sa question portait exclusivement sur ce contact ci. Même avec ce climat, mon corps avait dû mal à se réchauffer, d'où le fait que ma peau était de couleur presque porcelaine alors que j'étais pourtant native du désert.

« Concernant mon caractère distant tu ne t'es pas trompée, je le suis de prime abord. C'est parce que je suis d'un naturel méfiant. Toutefois, lorsque l'on apprend à me connaître, je suis bien différente. »

Pouvais en témoigner les personnes qui m'étaient le plus proches et qui m'avaient vu verser des larmes ou les enlacer.

« En revanche, je ne comprends pas pourquoi tu t'es mis en tête que je n'appréciais pas ta compagnie. Tu es une personne intéressante à connaître et j'apprécie ton caractère obstiné qui fait que tu n'en démords pas quitte à te mettre des personnes à dos, pour atteindre tes objectifs et resté centré sur tes idéaux. »

Son côté vantard en revanche, me rappelait Shinji. Même si, contrairement à ce dernier, Eichi n'était pas immature. Tête brûlée certes mais pas immature. Il fallait croire que toutes les personnes maîtrisant le taijutsu étaient des gens préférant foncer dans le tas sans prendre le temps d'élaborer forcément une stratégie.

Mon regard se montrait toujours insistant, laissant nos pupilles écarlates se jauger tandis que je poursuivais :

« Je ne suis pas étonnée par contre de te voir si chaleureux et attentionné mais peut-être est-ce un trait de caractère que tu ne réserves qu'aux femmes, si j'en juge par la manière dont tu t'es montré doux et proche avec la nukenin. »

Je lui adressais un sourire taquin, laissant sous entendre qu'il réservait cet aspect de sa personnalité à toutes les femmes et qu'il était donc un simple charmeur parmi tant d'autres. Après tout n'avais-je pas déjà prétendu qu'il éprouvait de l'affection et peut-être même des sentiments à l'encontre de cette étrangère ?

• D'ailleurs je n'ai presque pas d'expérience avec les filles, tout juste j'ai découvert les joies de l'amour tu vois le truc ? Je n'ai jamais su concilier nos vies de shinobis avec les vies civils. Pour nous le bonheur est délicat dans nos vies. Je ne sais pas si tu es d'accord avec moi.

Eichi m'assurait qu'il n'agissait pas de la sorte avec toutes les femmes et je le croyais volontiers mais son comportement un brin gêné m'amusait. Pourtant le contact de sa main perdurait, j'en concluais donc que ça ne lui était pas si désagréable que cela. Il poursuivait en disant qu'il m'appréciait beaucoup et que son comportement en était la preuve, étirant plus volontiers mon sourire encore.

« De l'affection ? Possible... Tu aurais sans doute agit de la même manière pour moi mais tu me connais un peu, elle, c'était une étrangère et une potentielle et certifiée espionne pour le coup... »

Je n'étais pas une experte des sentiments mais pour moi cela sonnait un peu plus que de la simple affection, c'était de l'attachement. Toutefois, je ne poursuivais pas la conversation sur le sujet, je préférais lui laisser le loisir d'en tirer les conclusions tout seul. Peut-être même qu'il agissait de la sorte avec moi pour refouler cette envie qu'il avait d'être avec la nukenin ? Allez savoir...

Il poursuivait dans son honnêteté, m'avouant qu'il n'avait que peu d'expériences avec la gente féminine ce qui me fit éclater de rire :

« AHAHAH ! Ça tu vois je n'en doutais pas ! AHAHAHA ! »

J'essuyais la larme qui apparaissait à mes yeux sous l'euphorie. Son comportement bourru et tête baissé me laissait facilement imaginer qu'il n'avait jamais abordé une fille de manière douce et attentionnée. Je commençais a croire que me prendre la main avec tant de tendresse avait été presque un effort pour lui et qu'il s'agissait là de son premier contact doux. Cette image me faisait rire et sa tête vexée encore plus :

« Oh je te taquines ! Je suis sûr que tu peux faire un amant parfait et un compagnon qu'il l'est tout autant... Et je suis d'accord avec toi : il n'est pas aisé de goûter à ce bonheur... Il faut être prêt à accepter que la vie de l'autre peut être prise à tout moment et nous sommes peu présents... On ne peut pas aspirer à une vie de couple et de famille « normale » si tu veux mon avis. »

Je l'observais tout en prononçant ces mots avant de pencher la tête pour observer le groupuscule de shinobis assez jeunes qui venaient s'entraîner :

« Voilà la relève ! »

Aussitôt, Eichi lâcha ma main et se redressa, feintant une posture plus sérieuse pendant que je le regardais, toute sourire en secouant la tête de gauche a droite :

« Regardez le qui a honte... Fais gaffe Eichi, tu as les joues toutes rouges ! »

J'en rajoutais un peu, disant tout cela a voix basse simplement pour nous deux : je voulais le mettre encore plus mal à l'aise.

« Tu es mignon quand tu es tout gêné. »

Ça aussi ça allait accentuer sa gêne.
Il fuyait mon regard, observant le ciel et je m'étais assez moquée de lui. Je me redressais, m'étirant longuement avant de venir à sa hauteur et de lui murmurer :

« A la prochaine... Don Juan »

Le tout en flanquant un baiser fugace sur sa joue, amusée.
Je tournais les talons, attrapant de nouveau ma faux et me remettait sur le terrain d'entraînements, visualisant les plus jeunes s'entraîner avant d'en faire de même. Je m'étais assez amusée pour aujourd'hui, il était temps de passer aux choses sérieuses.