La route était longue, mais ce n'était pas un problème. Quand on rentre chez soi, rien ne parait infranchissable. Nous sommes poussés par un sentiment, une envie, une force inconnue qui nous entraîne à continuer notre chemin. C'était mon cas aujourd'hui. Je venais de passer la frontière et j'étais enfin sur les terres de Kaminari no Kuni. Mon entretien avec un certain Mamoru Lessa m'avait ralenti de quelques heures, mais rien de bien conséquent. Le vent et la chaleur de Kaminari venaient s'enlacer autour de mon corps. Je me sentais comme sur un nuage. Mes yeux se fermaient et je prenais une grande inspiration. J'étais de retour chez moi. Je ne pensais pas ressentir cela un jour, mais plutôt que de me questionner longuement, je décidai de profiter de ce bref instant où j'oubliai les querelles, les ordres, les missions, le sang que j'avais sur mes mains et biens d'autre chose. C'était un moment unique dont la disparition allait être aussi rapide que l'apparition.

Mes yeux s'ouvraient et sans attendre, je me mis à courir. J'augmentai progressivement ma vitesse afin d'atteindre un bon rythme. Avec ce dernier, je devrai arriver à Kumo en début d'après-midi. Pour être dans les temps, j'avais décidé de ne pas dormir, mais que voulez-vous, je me devais de rentrer au plus vite. Le sommeil n'était qu'un obstacle qui me barrait la route. Qui plus est, mon séjour à Konoha avait duré que bien trop longtemps. Le manque de communication avait rendu mes recherches bien plus difficiles. Cependant, ce n'est pas un léger contretemps qui allait me faire abandonner ma mission. En ce jour, je détenais le parchemin contenant le corps du chef des Samouraï que j'ai moi-même scellé. C'est pour dire ma résolution envers cette mission.

Les heures passaient et je me trouvais maintenant sur le sentier perdu que j'avais déjà tant arpenté. Au bout de ce dernier, deux shinobi de la foudre attendaient. Les deux me reconnurent et me laissèrent entrer sans problème. Ne passant pas par chez-moi, je me dirigeai sans attendre en direction du Palais du Raïkage. Une fois sur place, je demandai une audience avec Zennosuke. Dans un premier temps, la jeune femme qui gérait tout ça n'était pas d'accord, mais lorsque je lui expliquai toute l'histoire avec le chef des Samouraïs, le second temps arriva. Ce dernier était simple. Elle m'indiqua que je pouvais me rendre dans le bureau du Godaïme sans attendre, ce que je fis.

Je frappai à la porte avant d'entrer dans le bureau. Zennosuke était en train de consulter quelques papiers quand leva la tête pour me voir. Sans attendre je pris la parole.

« Mes hommages Raïkage-sama. Je suis désolé de vous déranger de la sorte, mais je viens tout juste de revenir du village de la feuille et comme vous vous en doutez, j'ai beaucoup de choses à vous dire. Suis-je autorisé à commencer mon rapport ? »

Le temps nous était compté, car plus vite mon rapport était terminé, plus vite, nous pourrions restituer le corps à Tetsu.

Avant même qu’il ne parvienne à moi, j’étais au courant. Le Chokkatsu… Nul ne pénètre ce village sans que je n’en sois informé. Surtout lorsqu’il s’agit d’un shinobi plus ou moins important au sein de Kumo. N’est pas Jônin qui veut. Et celui qui se dirigeait vers mon bureau, disposait de bien d’autres titres et rôles. Des casquettes qu’il pouvait user et utiliser à sa guise : membre du Conseil de Kumo, chef de clan et bientôt membre d’une unité spéciale inconnue du commun des mortels. Il faut voir ce qu’il en ferait.

Le voilà qui entrait dans mon bureau. J’arrêtais sur le champ mes activités. J’étais en train de lire des rapports de mission tout en notant les prochaines activités que nous devions rapidement exécuter afin de résoudre certaines affaires pressantes. Mon regard parcouru le shinobi de haut en bas. Un coup d’œil rapide pour évaluer dans quel état de forme il se trouvait et est-ce que tout allait bien psychologiquement pour lui. La mission que je lui avais donnée n’était pas des plus dangereuses, mais elle était d'une grande importance pour le Raikage que je suis. Aller chez l’allié ou ex allié konohajin afin de chercher des pistes ou des réponses liées au décès de notre allié samouraï : le grand Yakogôte Tochirô. Seki Akame m’avait rapporté qu’un nukenin avait scellé le corps de l’ancien dirigeant du Pays du Fer puis s’était dirigé vers Konoha. Il cherchait probablement à marchander ses informations sur les furyous et le corps du samouraï en échange de quelques avantages. Pourquoi n’était-il pas venu à Kumo en ce cas ?

Je désignais un siège à Shinji qui me saluait déjà. Il était prêt à faire son rapport. Je hochais de la tête et l’invitais à aller de l’avant.

« Bonjour Shinji. Quelles sont les nouvelles ? As-tu été bien accueilli par les konohajins ? »

Un détail. Certes. Un détail qui pourrait avoir toute son importance dans un futur proche toutefois. Je notais que les relations entre nos deux villages se délitaient tout simplement par manque… d’échange. Un être vous manque et tout s’écroule. À l’image de son Hokage présent-absent, Konohagakure no Sato semblait en perdition. Un village en perdition ne peut nouer de quelconques relations avec un autre. Je comprenais que Konoha pouvait faire face à de réelles difficultés internes, mais ce que je ne cautionnais pas, c’est cette espèce d’animosité envers les kumojins. Une chose que j’avais ressentie lors de mes deux derniers déplacements dans la contrée du Pays du Feu. Mais, il faut l’avouer, c’était encore du temps de la toute-puissance de l’Intendant Sabakyô. Encore ce nom dans mes réflexions… Les choses avaient-elles changé depuis la désertion de cet ancien homme fort de la feuille ?

Mon geste favori dans mes moments de réflexion et de grande attention portée à un de mes interlocuteurs : mes mains jointes à hauteur de ma bouche, coudes posés sur le bureau, formaient une espèce de triangle. Sourcils froncés, j’étais toute ouïe.

Je m'étais littéralement imposé dans le bureau du Goadaime. Certaines personnes peuvent penser que c'est une forme d'irrespect, mais je pense que c'est le contraire. Je préfère entrer de la sorte et ne pas perdre mon temps, plutôt que de perdre du temps avec des formalités. J'estime que le temps de notre Kage ne doit pas être gaspillé. Comme à son habitude, le Raïkage était de bonne humeur. Il me salua et me demanda de commencer mon rapport. Celui-ci était assez conséquent et je ne devais pas perdre une seule minute.

« Merci Raïkage-sama. Je suis partie il y a maintenant quelque temps et comme vous vous en doutez, j'ai beaucoup de choses à vous dire. Commençons. J'ai été très bien accueillit à Konoha. J'ai fait la rencontre d'un certain Rakuzan Satochi. C'est un chûnin de la feuille qui a effectué son travail avec brio et qui m'a très bien accueilli. Après quelques vérifications, j'ai obtenu l'autorisation de passer les portes de Konoha. Tout de suite, j'ai commencé mes recherches »

Je fis une brève pause et repris.

« Je me suis dirigé vers le palais de l'Hokage afin de le rencontrer lui ou une haute instance de Konoha. J'ai discuté longuement avec une shinobi qui se trouvait dans le hall du palais. Dans un premier temps, cette dernière m'a indiqué que l'Hokage n'était pas en mesure de me recevoir et qu'il en était désolé. Dans second temps, je demandai alors de rencontrer un certain Gekei Po Aux portes, Satochi m'avait indiqué de rencontrer ce dernier. La shinobi en question m'expliqua que Gekei Pô et Yamanaka Meia était absent du village en ce moment. »

Je soupirai pendant quelques secondes et repris.

« Par conséquent, j'ai dû mener mon enquête seul, sans aucune information. J'ai sillonné tout Konoha afin de trouver ne serait-ce qu'un indice. Après une brève discussion avec un shibobi de la feuille, ce dernier m'a indiqué qu'une équipe avait été envoyée en direction de Kumo pour nous remettre le corps du défunt Yakogôte Tochirô. De là, j'ai consulté pendant des semaines, les archives de Konoha afin de trouver l'itinéraire exact. Je l'ai finalement trouvé et par conséquent, je l'ai suivi à lettre pour trouver des indices. À mon grand regret, j'ai trouvé l'escouade morte depuis des mois. En cherchant leur dépouille, je suis tombé sur un parchemin où le corps du chef des Samouraï était scellé. Le sceau étant faible, je l'ai scellé de nouveau afin de vous l'apporter. J'ai envoyé les corps des Konohajins à leur village avec une lettre adressée expliquant toute l'histoire. Ma mission est donc un succès, mais je tiens à nuancer ce dernier. »

Tout en finissant mon discours, je posai le parchemin sur le bureau du Raïkage et repris.

« J'ai de très sérieux doutes sur notre alliance avec Konoha. Je suis peut-être arrivé au mauvais moment, mais je n'ai pas pu ne serait-ce que dialoguer quelques secondes avec un haut gradé de Konoha. Cependant, je n'étais pas à Konoha pour faire de la politique. Maintenant que ma mission est terminée, je vous donne mon point de vue. Konoha me semble instable et nous devons prendre nos précautions. »

Je parlai en tant qu'émissaire de Kumo et Conseiller. C'était mon point de vue, mais en ce moment, je n'étais pas le seul à penser cela. Cependant, j'avais oublié un petit détail.

« Désolé d'en rajouter, mais j'ai oublié un détail. Satochi-san m'a demandé, avant de me laisser enter, un petit service. En effet, ce dernier prétend détenir des informations sur le Shoraizen. Il désirait vous rencontrer pour en discuter avec vous. Je lui ai indiqué que j'en parlerai avec vous et que je lui enverrai une lettre pour lui indiquer votre réponse. »

J'avais fini mon rapport et j'attendais maintenant la réaction du Raïkage.

Citation :

Je me corrige plus tard

J’écoutais le rapport du Chef Monjara. Il commençait par répondre à ma question en m’affirmant que tout s’était bien passé pour une fois, aux portes du village. Je faisais une rapide rétrospective avec mon propre dernier passage dans ce village. Il était visiblement tombé sur un shinobi ayant bien plus de tact que l’Aburame de garde sur qui j’étais tombé. On peut aussi voir la chose autrement certes. On pourrait dire qu’à l’époque, je n’avais pas été très conciliant non plus, mais à mes yeux, en tant qu’allié, je n’avais pas à être traité comme le premier déserteur venu. Je retenais le nom de ce Chuunin : Rakuzan Satochi. S’il était aussi correct, pour sûr que j’en entendrai parler à nouveau.

La suite du récit expliquait les longues difficultés du Chef Monjara, à rencontrer une personnalité au sein de Kumo. Rencontrer Myakudou Onpu, le Rokudaime Hokage me paraissait relever du doux rêve. Si ce dernier n’avait pas daigné répondre à mes lettres, il y a peu à parier qu’il accepte de recevoir un émissaire. Par contre, j’étais surpris en entendant le mot absence allié au nom de Yamanaka Meia. Je fronçais les sourcils, enregistrant cette information dans ma mémoire. Les disparitions de shinobi sont fréquentes. Même les plus hauts gradés, au bout d’un moment en viennent à ne plus suivre un chemin qu’ils ont emprunté depuis leur tendre enfance, en dépit de toute logique. Je n’avais jamais affronté la Yamanaka, mais je sais reconnaître, au premier coup d’œil un shinobi puissant ; et cette fois où je l’avais rencontré aux portes de Konoha, elle m’avait semblé être une kunoichi de haut niveau, en plus d’avoir autorité sur une grande partie des troupes du village de la Feuille.

Quant à Gekei Pô… Ce nom, je l’avais déjà lu quelque part. J’écoutais distraitement mon interlocuteur en attendant de me remémorer où… Mais rien ne me vint à l’esprit. Je notais tout juste la curiosité. Un Gekei, important à Konoha. Ces gens ne comprenaient donc rien. A force de faire confiance au premier venu, ils en paieraient à nouveau le prix, comme avec le Sabakyô.

Je me focalisais à nouveau sur les propos du Monjara lorsqu’il prononça le mot-clé « Yakigote Tôchiro ». L’histoire racontée était tout bonnement incroyable. Un tel niveau de laisser-aller à Konoha… J’en étais bouche bée. Si le Rokudaime n’était plus apte à diriger, pourquoi le Daimyo ou le Conseil du village ne proposait-il pas un autre pour le poste de Kage ? Comment peuvent-ils se laisser aller dans une pareille inertie au point que nul ne soit capable d’accueillir un émissaire d’un village censé allié et même pire ! Ils ont envoyé une escouade rapporter le corps d’un illustre homme et malgré le temps que cette escouade a passé à l’extérieur de leurs murs sans nouvelles… nulle réaction. Je secouais la tête ! IN-CROYABLE ! Mais vrai !

Je passais la main droite sur mes cheveux hirsutes, mon Kusa sur la table. J’étais mal à l’aise pour eux. Mal à l’aise pour ce village que j’estimais réellement, mais qui chaque jour, faisait preuve d’une incompétence sans limites. Mon regard se posait sur le parchemin apporté par Shinji. Ainsi le corps de l’illustre samouraï se trouvait là. Je soufflais d’une voix rauque, yeux rivé sur le parchemin tout en me levant de mon siège :

« Honoka ! »

Yui Honoka:

Et sur le champ, le membre du Satoru apparaissait, sorti de nulle part. Avec son air joyeux, sa tenue légère comme toujours, main droite posée sur la hanche. Elle salua Shinji d’un malicieux clin d’œil puis me suivit du regard. Pour ma part, je m’étais emparé du parchemin que je menais à un endroit spacieux du bureau. Je posais l’objet à même le sol. Honoka s’approchait et probablement Shinji aussi, mais j’étais plus préoccupé par la présence du membre du Satoru et parce que ce que contenait ce parchemin.

« Il semblerait que ce parchemin contienne les restes du Seigneur Tôchiro. » Je lui jetais un regard de biais. Elle comprenait. Exécution de mudra et des sortes de particules emplirent l’endroit, comme s’il avait s’agit de poussière. Elle semblait toute suite plus sérieuse. Bien. Je préférais cette attitude dans un moment aussi sérieux.

J’exécutais trois petits mudras puis j’apposais ma main sur le parchemin, au-dessus du sceau dont j’avais identifié les mécanismes. On peut dire que j’étais très bon en ninjutsu. En tant que Seki, quoi de plus normal ? Mais ma spécialité restait le fuinjutsu. Les sceaux… ça me connaît. Même si certains sont plus complexes que d’autres, celui était largement à la portée d’un maître es sceaux tel que je l’étais. Devant nos yeux, le parchemin s’agrandit et s’élargit sur 2m de long et 1m de large en laissant tout de suite signaler une odeur connue de tout shinobi : celle d’un cadavre. Progressivement, le corps de celui que j’identifiais comme Tôchiro apparaissait.

Honoka se penchait immédiatement et exécutait des mudras appliquant des jutsus dont elle seule avait le secret. J’imaginais qu’elle tentait de renforcer la qualité du corps qui devait déjà pourrir de l’intérieur. Nous devrions faire vite.

_ Il faut le sceller à nouveau Godaime Sama, j’en ai terminé. Mieux vaut le rendre à Tetsu au plus vite.

J’étais du même avis. Rien que l’odeur que j’avais perçu, m’en avait persuadé. Je m’exécutais tout en renforçant le verrou. Une fois que l’opération était terminée, je confiais le parchemin à Honoka.

« Nous partons dans trois heures pour le Fer. Informe Ats’u et tous les membres du Satoru. Dis à Taiyo qu’il viendra avec moi. Convoque la Chuunin Akame. Elle sera du déplacement. Tu seras aussi du voyage… »

Je faisais un signe à la kunoichi de m’attendre puis je revenais vers ma place. Séance tenante j’écrivais un mot pour Tetsu, puis je le lui remettais afin qu’elle le transmette au Fer via le moyen le plus rapide et le plus sécurisé. Ce message annoncerait ma venue.

Alors que la kunoichi s’en allait, je m’intéressais à nouveau au shinobi que j’avais devant moi. Je pouvais réagir à ce qu’il avait dit avant que je ne m’empare du parchemin. Ses idées sur l’alliance avec Konoha, ainsi que la demande du Chuunin.

« Dis à ce Rakuzan Satochi qu’il sera accueilli comme il se doit ici ; d’autant plus qu’il est prêt à nous communiquer, je suppose, d’intéressantes informations. »

Une brève pause, j’enchaînais :

« Qu’il m’attende jusqu’à mon retour. Qu’il soit logé et nourri à nos frais… Pour ce qui est de Konoha, je suis conscient de tout ce que leurs problèmes internes impliquent. S’ils continuent à être aussi désorganisés, il n’y a pas à douter un seul instant, ils seront la proie des premiers charognards qui percevront leur faiblesse. Imagine ce que le Shoraizen pourrait leur faire dans une situation pareille ? »

Je respirais un grand coup, tête baissée. J’étais en train de juger la désorganisation interne de Konoha, mais mon village n’était pas encore tout à fait à l’abri de toute attaque d’où qu’elle provienne. Même si je m’étais attelé jusqu’ici à tout mettre en œuvre pour renforcer l’organisation et la structuration du village. Je relevais la tête et posais mon regard sur Shinji. Oui. J’avais déjà décelé des aptitudes à la négociation et à la diplomatie en cet homme. J’avais espéré que son déplacement au pays du Feu soit l’occasion pour lui d’expérimenter cette aptitude et d’en faire bénéficier au village. Je ne lui avais rien dit, car après tout, lorsque l’on veut réellement tester quelqu’un, le mieux est de ne rien annoncer et de l'éprouver dans le plus grand secret. Si Shinji n’avait pu expérimenter cette facette de sa personnalité, il n’en restait pas moins, qu’à mes yeux, il pouvait apporter plus notamment sur un plan.

« Shinji, je crois ne rien t’apprendre en t’affirmant que là où le soleil donne de sa lumière se trouvent les ombres ; qu’en ce monde, il est des choses tues et d’autres révélées, l’apparent et le caché. Notre enseignement même de shinobi repose sur ces basiques et si nous êtres de chairs intégrons ces deux dimensions dans nos méthodes opératoires, il va de soit qu’il en est ainsi pour nos organisations, nos villages… »

Je venais de lever la main droite vers le ciel, comme un effet de scène. Pourtant, je n’étais pas dans le démonstratif. J’expliquais avec à la fois autant de distance et de précision que je le pouvais en cet instant précis.

« Oui, j’imagine que tu t’en doutes. Le Raikage que je suis dispose de forces connues et d’autres cachées toutes à mon service pour le bien de Kaminari no Kuni. J’aimerais que tu joignes une des unités de l’ombre car tu disposes de qualités pour. »

Mes doigts se mettaient à se déployer de mon poing fermé au départ :

« L’intelligence, la maîtrise de soi, la discrétion… J’ose croire aussi le sens du sacrifice. »

Mon regard était appuyé sur son visage, ses yeux. Il devait ressentir un certain changement de l’atmosphère. Chose normale, nous, ou plutôt, je, parlais de choses éminemment importantes. Dès lors que je plaçais un individu dans une unité spéciale, surtout de cet acabit, c’est que je lui manifestais ma confiance… Et ce n'est pas rien.

« Es-tu prêt à te salir les mains, à agir dans le secret, en compagnie de shinobis à la double vie dans le seul intérêt de Kumo ? Es-tu prêt à te donner corps et âme quelle que soit la tâche qui te sera demandée ? Si c’est le cas, prête serment de ne jamais dévoiler à quiconque l’existence, le nom des membres, les projets et activités de cette unité ; ni à tes parents, ni même à ton plus proche ami. Prêtes serment de ne jamais trahir ton village. »

Après tout c’était ça le plus important. Un nouveau shinobi venait d’apparaître dans mon dos, bien visible du Monjara. Tout drapé de noir seuls ses yeux apparaissaient. Je savais qui il était. Le seul membre du Naitei connaissant les passages secrets menant ici. Il avait largement la carrure pour être membre du Satoru, même s’il ne l’avait jamais été. Le bonhomme déployait un parchemin, au centre de celui-ci, un sceau. Le sceau de liaison. Le sceau qui prendrait son serment et le lierait dans ce parchemin. Je n’avais pas bougé d’un poil. J’attendais que mon interlocuteur, lui, réagisse.

Je me tenais droit et silencieux au milieu du grand bureau du Raïkage. Mon rapport était terminé et j'avais assisté aux différentes réactions de Zennosuke face à mon discours. De l'espoir, de la joie, de l'incompréhension, et même, un soupçon de dégoût. Mon rapport l'avait emmené dans un monde d'motions multiples. Ce serait mentir de dire que je ne cherchai pas ce résultat. Même si mon discours se voulait objectif, je devais montrer au Godaime les problèmes que j'avais rencontrés, surtout vis-à-vis de Konoha. Le Seki devait se douter des problèmes déjà présents au village de la feuille.

Cependant, la nouvelle à retenir était ce parchemin qui était actuellement sur le bureau. Ce dernier contenait les restes du grand Yakigote Tôchiro. Zennosuke regarda attentivement ce bout de papier dans un silence monacal. Il réfléchissait à quelque chose qui m'était inconnu, pour l'instant. D'un coup net et précis, il se leva de son siège en prenant le parchemin dans ses mains et en appelant une certaine Honoka. Je connaissais bien entendu cette personne. C'était un membre du Satoru. Cette dernière arriva en un éclair et me salua d'un clin d'œil discret. Pendant ce temps, le Godaime avait déroulé et posé le parchemin au sol. Honoka et moi-même approchions vers le parchemin afin d'examiner les prochaines manœuvres de Zennosuke.

La Raïkage, expliqua la situation en résumé à jeune femme afin que celle-ci se prépare. Dans la foulée, le Seki exécuta une série de mudras afin de poser sa main sur le sceau. Le sceau présent était très simple et j'avais, comme Zennosuke, réussi à le percer sans trop de difficulté. Après tout, notre Raïkage était aussi un maître dans l'art du Fuinjutsu. En attendant, après quelques secondes, le sceau fut percé laissant apparaître un nuage de fumée. Une fois ce dernier dissipé, on pouvait apercevoir la dépouille du défunt Seigneur de Tetsu no Kuni. La décomposition de ce dernier était déjà bien avancée, mais grâce au Fuinjutsu, on pouvait encore reconnaître le chef des Samouraï. Sans attendre, le membre du Satoru exécuta une technique afin de renforcer la qualité du corps dans le but de rendre quelque chose de « présentable » à Tetsu. Cette dernière indiqua qu'il fallait le sceller de nouveau et que le départ vers Tetsu devait se faire rapidement.

Très vite, le Godaime Raïkage scella le cadavre et confia le parchemin à Honoka. Il lui indiqua que leur départ était prévu dans la journée et qu'elle devait prévenir certaine personne. Dans la foulée, le Raïkage se mit à écrire une lettre qu'il donna aussi à Honoka. Cette dernière sortit finalement de la pièce et Zenno se tourna vers moi. Il m'indiqua que Satochi sera bien accueilli à Kumo. Je notai ça dans un coin de ma tête et sans attendre, le Seki reprit la parole pour m'expliquer son point de vue sur Konoha. Il était conscient de toutes leurs mésaventures, mais s'il continuait sur cette voie, leur fragilité sera connue de tous et des personnes mal intentionnées vont en profiter.

Ces propos étaient, malheureusement, vrais. Nous ne souhaitons pas que Konoha tombe dans l'oubli, mais le village doit se ressaisir et cela peut commencer par un Rokudaime Hokage bien plus présent pour son village. Les coulisses de Konoha sont sombres et remplies de mystères. Enfin, il est vrai que tout cela amène une certaine réflexion en tant qu'allié. Pouvons-nous compter sur Konoha ? C'était la seule et unique question que nous devions nous poser. La relation entre Kumo et le village de la feuille remonte à quelques années maintenant. C'était à l'époque du Sandaime Raïkage et d'un certain Hayashi Daiki. Les relations avaient vraiment débuté ici. Cependant, le temps est passé par là et beaucoup de choses ont changé. Konoha a connu un nouveau Kage. Kumo a connu une régente et deux nouveaux Kage. Rien n'est plus comme au début de cette alliance.

En parlant, le Godaime me sortit de ma réflexion. Il m'expliqua que s'il y a de la lumière, il y a aussi de l'ombre. Il m'indiqua que ce monde était semblable à un iceberg. Une partie émergée que tout le monde peut voir, connaître et une partie immergée contenant des secrets et autres informations cachées. Il ajouta que notre corps est ainsi, que le système est ainsi, que le monde était ainsi. Après une brève pause, il expliqua qu'en tant que Raïkage, il possédait des forces connues, mais aussi des forces insoupçonnées. Le Godaime voulait que j'intègre l'une d'elles, car il estime que je dispose des qualités nécessaires à savoir l'intelligence, la maîtrise de soi, la discrétion et le sens du sacrifice. D'un dernier élan, le Seki me demanda, dans les yeux, si j'étais prêt à me salir les mains, à agir dans le secret, à mener une double vie, à me donner corps et âme dans les missions que l'on me confie. Il voulait que je prête serment de ne jamais dévoiler mon existence et toutes autres informations concernant cette unité de l'ombre. Le Raïkage voulait que je prête serment de ne jamais trahir mon village. C'était maintenant à mon tour de parler.

« Je ne prêterais pas serment de ne jamais trahir mon village. »

Les paroles provocatrices étaient voulues. Je ne voulais pas prêter serment comme tout le monde.

« J'ai déjà prêté ce serment lorsque le Sandaime Raïkage a permis au Monjara de rejoindre Kumo et que je suis devenu un shinobi de Kumo. »

Je ne suis pas comme ces autres shinobis qui s'engagent pour partir quand les choses se corsent. Kumo m'a donné une communauté, un toit. La moindre des choses est d'honorer ce serment.

« Vous connaissez mon sens du devoir et mon amour pour Kumo. Je suis prêt à être l'ombre de Kumo. »

Ce n'était pas la peine de faire un grand discours, car après tout, je n'étais pas ce genre d'homme. Je me dirigeai vers le grand parchemin afin d'y apposer un sceau me liant à mes nouvelles fonctions. J'étais devenu, l'ombre de Kumo.

Citation :

Je vais manger, je me relis après

Je crois bien que depuis que Shinji avait pénétré ce bureau, c’était bien la première fois que je souriais. Dents toujours masquées derrière mes lèvres, je souriais pourtant. Cette petite fossette sur ma joue droite pouvait en attester, de même que cette moue sur la bouche. Ma tête venait de faire un mouvement sur le côté afin de voir le Monjara se diriger vers Hakushi Shadis. J’étais amusé par l’attitude de Shinji, mais en même temps, je confirmais par ce simple mouvement au shinobi dans l’ombre, derrière moi, que la requête n’était pas recevable. Nul besoin de secouer la tête. Il comprit le message.

L’homme replia le parchemin déployé puis le tint dans ses deux mains jointes. Il n’avait toujours pas bougé, mais son regard, malicieux, se portait sur Shinji. Quant à moi, même si je n’avais plus Shinji en visuel, il était dans mon dos, comme l’était Hakushi Shadis, l’homme tout vêtu de noir, je m’adressais pourtant au Conseiller.

« Oui, à vrai dire, ce n’est pas tant de ne pas trahir le village le plus important à l’instant précis. Car je sais pertinemment que tu ne trahiras jamais Kumo. Tu n’es pas devenu Jônin, Chef de clan, membre du Conseil du village uniquement parce que tu es quelqu’un de classe. Non… Tous ceux qui t’ont porté à ces niveaux de responsabilités l’ont fait parce qu’ils ont eu foi en toi. Moi y compris. »

Autrement, je ne lui aurais jamais proposé d’intégrer cette unité. La vraie question était ailleurs. Ce serment qui lui était demandé de formuler, à bien y regarder portait plus sur les aspects secrets de la dimension dans laquelle il allait être plongé. Une étape nécessaire, car le niveau d’implication au sein du village était différent, plus important.

Je comprenais que c’était l’aspect légèrement théâtral qui le gênait profondément, mais la vie est ainsi faîte. Mon sourire était toujours dessiné sur mon visage. Je venais de me souvenir d’un moment assez similaire que j’avais vécu avec le Yondaime Raikage. Ce jour où, enfermé dans une cabane à peine assez grande pour que nous puissions nous asseoir et nous y entretenir, Karasu Tsumei m’avait demandé, pour lui prouver ma fidélité à lui, de me couper le petit doigt dans le plus grand des sérieux. J’estime être, sans exagérations, le shinobi le plus fidèle à Kumo car dans mon cœur et mon âme, rien n’est plus important que ce village : ni ma chère mère, ni mes propres enfants. Terrible à penser n’est-ce pas ? Et pourtant… Sans les kumojins, je n’aurais probablement jamais existé jusqu’à ce jour. Je leur devais tout, ma vie était leur. Dès lors, il n’y avait aucun sens pour moi que je sois diminué physiquement uniquement pour faire preuve d’une foi qui était déjà totale en moi et totalement exprimée dans mon attitude de toujours. Bien sûr, j’avais rejeté la requête du Yondaime tel que Shinji venait de le faire. Le même procédé : mettre le Raikage en face de ses responsabilités en lui rappelant en quelques mots, que j’aimais le village autant que lui. Rien que pour ce geste, je respectais Shinji. Maintenant plus qu’avant. Mais… ce n’était pas suffisant car la situation est, je pense, légèrement différente.

A cet instant précis, deux voies s’offraient pour ce Jônin, membre du Conseil du village. Ou accepter ce qu’il devait considérer comme une futilité, ou continuer en tant que Jônin, membre du Conseil jusqu’au moment où j’aurai besoin de lui dans une unité spéciale ou pour un autre rôle d’importance.

« Shinji, tous les membres de cette unité cachée ont prêté le serment de ne jamais dévoiler à quiconque l’existence, le nom des membres, les projets et activités de cette unité. Même lui… »

J’indexais du pouce, sans me retourner, le shinobi tout en noir. Puis je poursuivais dans la foulée.

« Ce n’est qu’une formalité, certes chiante, mais une formalité nécessaire, car vois-tu, à mesure que l’on monte vers les hautes sphères, on est obligé, d’une manière ou d’une autre de prouver à nouveau, notre ré-attachement à ce serment que nous avions tous passés en quittant l’académie pour devenir Genin. »

Je ne lui expliquais pas que s’il refusait à nouveau de prononcer ces paroles, il ne pourrait être de cette unité, car je savais qu’il le comprenait très bien. Après tout, ce ne serait pas la fin du monde. Il n’y a que mes plans d’utilisation optimale des shinobis à ma disposition qui en pâtiraient. Le Monjara, lui, continuerait de grandir au sein de ce village car il avait tout pour être un grand. Il venait de me le montrer aujourd’hui encore.

Hakushi Shadis, tout de noir vêtu, redéployait le parchemin. Puis attendait. Tout comme moi d’ailleurs.

Le parchemin se fermait devant mes yeux, tout comme mes espoirs actuels de devenir un membre de cette fameuse unité. Je n'aimais pas ce système de serment. Une parole qui reposait sur l'honneur de la personne. Enfin, que représente l'honneur maintenant dans ce monde ? Pour ma part, ce n'était qu'un principe d'engagement. Je me suis engagé à devenir Kumojin, à défendre ce village etc. Le serment de ne pas trahir le village était implicite. Un serment au final n'est qu'une parole dite à voix haute. N'importe qui peut trahir un serment si la raison le pousse à le faire. Je préfère montrer en engagement envers Kumo via mes actes et mes sentiments.

Cependant, le système ne fonctionne pas ainsi. Lorsque que le parchemin se ferma, je ne pouvais m'empêcher de jeter un coup d'oeil vers le Godaime. Ce dernier semblait sourire discrètement. Il faut croire que ce petit numéro l'amusait. Pour sa défense, je l'étais aussi. Cette situation devait être sérieuse, mais au final, elle venait de tourner en comédie-tragique. De grands auteurs auraient donné beaucoup pour assister à cette scène théâtrale ! Cependant, ce n'était clairement pas l'idée première de ma venue ici. Je me devais de m'adapter à la situation comme tout bon shinobi.

Les paroles de Zennosuke étaient presque dans mon sens. Il m'expliquait qu'à l'heure actuelle, trahir le village n'était pas la question. Il savait pertinemment que j'étais fidèle envers Kumo et que je ne serais pas devenu l'homme que je suis sinon. C'était logique, mais c'était toujours plaisant à entendre. Brièvement, je regardai l'homme qui me fixait depuis de nombreuses minutes maintenant. Il restait au fond du bureau, sans bouger et sans même parler. L'atmosphère qui était devenue légère tendait à devenir de nouveau sérieuse.

L'homme le plus puissant du village m'expliqua que tous les membres de cette unité ont prêté le serment de ne jamais dévoiler l'existence, le nom des membres, etc. Il rajouta que l'homme qui se trouvait derrière avait prêté ce serment. Intérieurement, je rigolais. L'homme en noir ne devait pas aimer ce refus et bon, il faut avouer que c'était compréhensible. Le Godaime ajouta que ce n'était qu'une formalité, mais elle était nécessaire. Il m'expliqua que plus on monte, plus il faut montrer son attachement par le biais de serments. J'avais donc le choix. Formuler mon serment ou bien camper sur mes positions. Bien entendu, j'avais l'intention de rentrer dans cette unité depuis que Zennosuke m'avait demandé, mais je ne voulais pas être un membre traditionnel. Malheureusement, je ne pouvais m'échapper de cette normalité. Dans un élan d'envie, je me redressai, me mettant presque au garde-à-vous et prit la parole.

« Je prête serment de ne jamais révéler l'existence, le nom des membres, les projets et les activités de cette unité. Je suis prêt à me salir les mains pour Kumo. Je fais le serment de devenir l'ombre de Kumo »

Je me dirigeai doucement vers le parchemin avec un sourire aux lèvres. Je fixai l'homme en noir pour peut-être observer une réaction, mais rien. Je m'approchai délicatement du parchemin tout en posant cette simple question.

« Puis-je ? »

Dès que le Monjara eut finit de prononcer son serment, le shinobi tout de noir vêtu, exécuta un jutsu qui sembla recueillir les paroles du Chef Monjara pour le sceller dans le parchemin. Un bien curieux procédé, qui en réalité, se matérialisa par une distorsion de l’air directement attiré au cœur du parchemin. Là où un nouveau sceau venait d’apparaître. Quel type de fuinjutsu était-ce donc ?

Alors que le Monjara s’approchait pour apposer sa signature chakratique, l’homme en noir referma le parchemin sur lui-même, à nouveau avec un sourire laconique. Son regard soutenait celui du Chef Monjara, mais aucune lueur de défi. De l’amusement plutôt voilé d’une forme de respect. Ils se verraient pour sûr. L’homme disparut.

« Ne t’en fais pas Shinji, tu le reverras car il s’agit de l’actuel coordonnateur du Naitei, cette unité secrète. Hakushi Shadis… Tu as certainement entendu parler de lui j’imagine ? »

Hakushi Shadis ? Juste un Jonin réputé pour ses fuinjutsu. Un Jonin qui ne faisait jamais de vague, régulièrement sur le terrain. À la fois connu et méconnu du grand public. Étonnant n’est-ce pas ? C’est ce type de double capacités qui m’intéressait et parce qu’il avait fait ses preuves, je lui avais confié le poste de coordonnateur de cette unité, le temps que j’en nomme le chef. Celui-ci était tout trouvé à mes yeux, encore lui fallait-il faire preuve de quelques capacités de leadership.

Je m’étais tourné vers Shinji, de profil. Je lui expliquais :

« Je vais me préparer pour mon déplacement à Tetsu. La plupart des shinobis du Satoru resteront ici au village pendant mon absence. Sait-on jamais… Il s’est souvent passé des choses à Kumo lorsque j’étais absent. »

Une petite moue tristounette rapidement effacée sur mon visage.

« Je viens de le décider. Tu m’accompagnes à Tetsu ainsi que la Chuunin Koémi. L’unité dont elle a parlé lors du Conseil est proche d'être opérationnelle. Il y a des chances que je lui donne pour affectation Tetsu no Kuni. À voir… »

Je me levais de mon siège le saluait d’un hochement de tête et m’avançais droit vers mes appartements. Il était temps de rencontrer les alliés samouraïs.