Dans un bar à la mauvaise réputation de Shimo no Kuni ...

La tête bouge de bas en haut, automatiquement comme un robot. Le son provoque un effet d'oubli total, supprimant tout les stress du quotidien, la guitare m'emporte et cette douce voix par la même occasion. Le confort y joue aussi, ce fauteuil me permet de me relaxer, simple et moelleux, pas besoin de plus. L'ambiance tamisée dès lieux y apporte aussi son petit plus, le bar est sombre, seule la scène semble éclairée. L'alcool coule à flot et glisse tout seul comme la mélodie, les femmes m'accompagnant jouent aussi un grand rôle dans ce petit coin de paradis. L'une d'elles me fredonne dès mots doux, tandis que l'autre parcours mon corps de ses doigts. Sans jamais dépasser certaines limites. L'heure ? Je n'y fais plus vraiment attention, les secondes semblent être des heures, mais c'est tellement agréable.

La clope sort doucement du paquet, la blonde à ma gauche la porte à ma bouche. L'autre l'allume, de la fumée en sort venant rejoindre l'atmosphère des lieux. Je remonte légèrement mon buste pour attraper le verre posé sur la table, le liquide ne va pas tarder à se poser sur mes lèvres. Quelques secondes plus tard on peut le voir glisser le long de ma gorge. Celle là c'était pour l'ambiance. Je replonge dans mon petit paradis me confinant au fond de la banquette, les musiciens jouent encore et encore, ma tête bascule, bas en haut, haut en bas. J'aurai mieux fait de regarder de gauche à droite.

La musique s'arrête d'un seul coup. Quelques cris, signaux d'alertes. Ils sont là. Un, deux, trois, autant arrêter de compter, ils sont une dizaines. Ils sont venus danser ? Ou serait-ce la présence des femmes de joies qui dérange ? Quelques shinobis se redressent un peu, des bouteilles éclatent, gros bordel. En attendant vous venez de détruire mon paradis, alors on fait comment ? Pour le moment je ne bouge pas, mais je vais très vite devoir me faire petit face à ces hommes, qui ne sont là que pour une seule chose. Moi.

▬ ON ARRÊTE TOUT ICI ! Nous recherchons cet homme, nous source nous ont communiqué qu'il serait dans ce bar !


Arrêt sur image. D'un coup toutes les lumières s'éteignent, des bruits de tables qui volent, des verres cassés, du brouhaha. Bref le moment parfait pour prendre la fuite. Mais où est la sortie ? Une main m'attrape, ami, prostituée, voleur, musicien ? On me tire quelque part avec trop de force pour que je recule. C'est quoi la suite ? De la lumière au loin, me voilà dans une ruelle, face à cette personne ...

▬ T'es qui toi ?
▬ Qui je suis importe peu pour l'instant, suis moi faut qu'on file.
▬ En quoi je peux te faire confiance ?
▬ Tu serais déjà mort si je le voulais !
▬ Je le suis déjà de toute façon


Pas le temps de débattre, je me sens attiré par sa force. Elle a une bonne poigne, un corps plutôt plaisant à regarder. Tout ça semble se passer si vite, on dirait une scène irréaliste. Drôle de personnage. Faire confiance à un inconnu peut-être risqué, de plus si il s'agit d'une femme. Nous courons ensemble, je ne regarde pas derrière moi, seul fuir m'obsède. Une telle rencontre et pourquoi me sauver. Il me faut une explication, ton silence me plonge dans mes doutes, tandis que tes actions m'inquiètent. Les ruelles défilent, le temps passe et je sens que nous nous rapprochons du port, pourquoi ? Je suis bien à Shimo j'y ai mes repères, mes habitudes. Ne brise pas mon monde, n'y ajoute pas ta griffe. Arrête tout.

▬ Mais tu vas me dire où on va à la fin ?
▬ Je nous sauve la vie et par la même occasion te ramène au Shûkaï, il faut que tu te reprennes en main ...

Shûkaï ? Elle me connaissait donc et bien plus que je ne le pensais ? Pourquoi pas ne pas la suivre et prendre un autre chemin ? C'est peut-être ça le destin non ? Suivre une femme aux yeux noisettes, aux courbes délicieuses. Ça me parait faible pour un homme, dois-je me remettre en doute ? Si je craque aussi facilement, cela signifie que je suis influençable ? Dans le fond c'est surement mon destin, je te donne ma main, vas y guides moi. Allons sur ton bateau ou ta barque, le port n'est qu'à quelques mètres, nous y sommes presque. Très vite nous nous engouffrons sur un quai, l'embarcation semble au bout, il n'y a que ce chemin. Vers la liberté, la gloire ou le cloisonnement de l'Alliance ? Le retour aux sources ? Je te suis aveuglement, je ne suis qu'un pantin pour toi ?

Le saut est spectaculaire et digne de shinobis en fuite. Je remarque une certaine agilité chez la jeune femme. Me réserves-tu d'autre surprises ? J'ai bien hâte de le découvrir. Le vent s'engouffre dans la voile, nous voilà partis. Pourquoi j'ai cette facilité à dire nous ? Y aurait-il déjà une alchimie entre nos deux personnes ? Pouvons-nous parler de coup de foudre ou d'amitié très forte ? La femme sort alors une fiole d'alcool, grise et petite, un petit flacon qui se glisse aisément dans une poche. Elle boit une gorgée, puis me la tend, comment refuser ? La gorgée se fait importante, d'une traite, c'est fort et chaud à la fois. Puis vint la douceur et la sensation d'apaisement, alcoolique à mes heures perdues, je sais. Une clope s'invite alors en direction de ma bouche, j'en propose une à la jeune femme qui ne refuse pas, mais au fait comment elle s'appelle ?

▬ Je suppose que tu as bien un petit nom ? Pour ma part c'est Suoh. Enchanté.
▬ Je suis Syla, ta soeur.

Je tire une taffe de plus sur la clope et recrache la fumée tout en plongeant mon regard dans celui de la femme, c'est vraiment une situation étrange. Comment ? D'où sort-elle ? J'étais persuadé d'être le seul, l'unique et voilà que nous sommes deux, nous voilà en fuite. Une fois de plus je tente de respirer, il faut que je relativise, mais tout paraît complexe maintenant. Me voilà reparti en direction du Shûkaï avec une nouvelle invité, ma sœur ... Tirant une dernière barre sur la clope je lui tends la main et lui rend la fiole tout en prononçant quelques mots :

▬ Je t'écoute.