Envolé, le pays du froid éternel, désormais mon voyage prenait un nouveau tournant puisque je me dirigeais de gré vers les terres connues et méconnues du pays du bois. Une volonté poussée de ne pas me faire remarquer, mon voyage avait duré plus que de raison. J'avais passé les frontières, rejoins les cotes de Kaminari le plus discrètement du monde avant de m'enfonçait à travers les plaines verdoyantes. J'évitais les villages et toutes formes de civilisation pour ne pas qu'on puisse remarquer ma présence.

Il me fallut en tout et pour tout, deux semaines et demi pour voyager incognito et enfin parvenir dans le pays natal de mon époux. L'immense forêt marécageuse de Ki no Kuni avait de quoi faire des envieux. Elle regorgeait d'une vitalité insoupçonnée et de créature que l'on ne voyait nulle par ailleurs.
Malheureusement, je n'étais pas ici pour du tourisme, mais bel et bien pour retrouver la piste de mon amant disparu. Sunilda à mes côtés, elle ne me quittait pas depuis que nous avions réussi à partir du temple Kuma et je regagnais petit à petit la civilisation en rejoignant cette ville installée dans un immense arbre. Un arbre maison. Cela me plaisait et je savais qu'ici, je pourrais en apprendre plus sur les parents de celui avec qui je voulais partager ma vie.

Nagisa et Saiichi Naoe ! J'avais tellement été angoissé par notre rencontre, que j'étais loin de m'imaginer ainsi, cela va s'en dire, que je n'avais pas perdu leurs noms. Avec ça, j'espérais pouvoir les retrouver. Je savais qu'il était des gens humbles, des paysans, Il fallait absolument que je les retrouve et c'est donc dans la première échoppe que je trouvais, que je me renseignais pour savoir si on connaissait le couple. Ce n'était pas le cas, mais j'étais bien décidée à poursuivre mes recherches. Je continuais, je persévérais et cela paya lorsqu'une vieille femme m'informa qu'ils étaient ses fournisseurs.

J'avais enfin leur adresse ! Une petite ferme à l'extérieur de la grande ville, dans un petit paradis de verdure, se tenait leur modeste maison.

Voilà que j'hésitais et puis finalement, je m'approchais, passais le petit portillon de bois et je frappais à la porte en espérant que quelqu'un soit présent.

Voilà qui était des plus déstabilisant sans pour autant être rassurant. J'aurais vraiment préféré me présenter dans d'autres circonstances, mais non seulement, je n'avais pas le choix et en plus. En venant ici, je pensais trouver des indices, des solutions à mes problèmes ! Retrouver Kibo ! J'étais certaine qu'il serait venu se réfugier dans sa famille. Mais ce n'étais pas le cas et alors que le couple se disputait de façon "joyeuse" si je puis dire, moi, je perdais petit à petit en confiance en moi. J'allais sans doute les attrister, leur faire peur ... Me faire détester ... Comment allait-il me percevoir lorsque j'allais leur annoncer qui j'étais et ce que je faisais ici.

Allons Yuki, on ne t'a pas éduqué de cette façon. Souris et essaye de te vouloir rassurante ...


"Je ... Hem ..."


Je ne parvenais pas à en placer une en fait, mais la vieille femme se tourna finalement vers moi et un léger sourire fit son apparition sur mes lèves :


"Je m'appelle Samui Yuki ... Et je suis là ... Fiancée de votre fils !"


Voilà, c'était dit. Une bombe lancée dans l'arène, mais je ne leur laisser pas le temps de me répondre que je demandais immédiatement :


"Je pensais que Kibo été chez vous ! Je suis à sa recherche, mais vu vos dires ... Ce n'est visiblement pas le cas ..."


Là, mon petit sourire avait décidément disparu et je me terrais petit à petit dans une mine déconfite, ne sachant pas trop comment ils allaient réagir, n'y même u me mettre tant la situation était gênante alors ... Je regardais le sol à défaut d'oser affronter le regard de mes futurs beaux-parents.
Il valait peut-être mieux pour moi que je prenne la poudre d'escampette, aussi, je faisais deux pas en arrière, m'apprêtant à partir :


"Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger plus que de raison ! Je vais vous laissez !"

Compte tenu de la situation, j'aurais pu me douter qu'il allait me retenir. Ou plutôt j'espérais qu'il le fasse, car ça serait une sorte de soulagement pour moi. Peut-être m'accepterait-il ? Ça me donnait de l'espoir, et l'espoir, à l'instant présent, j'en avais besoin.

Une main palpa la mienne et je me retournais à peine pour apercevoir le visage de cette femme, visiblement aimante, si attristée. Je ne pouvais décemment pas partir comme une voleuse sans les rassurer un minimum.
Je choisissais donc de me retourner et je répondais d'un simple hochement de tête à la proposition de ses deux parents.

Je restais cependant attristée, voir dépitée par ce que j'allais devoir leur avouer :


"Il y a un deux mois de cela, nous étions ensemble à Kaze no Kuni. Nous étions en train de préparer quelques petits trucs techniques pour notre mariage avant de venir vous voir pour ... Vous annoncez la nouvelle ... Seulement, tout ne s'est pas passé comme prévus et moi et Kibo avons été séparés de force ..."


Comment leur expliquer par des mots simples que, j'étais morte tout simplement ? Il valait mieux éviter le sujet, ou le contourner peut-être.


"Kibo m'a perdu et lorsque j'ai enfin était en état de reprendre mes esprits, il y a quelques semaines de cela, j'ai appris qu'il était dans un état assez critique psychologiquement ... Je ... Je n'en sais malheureusement pas plus, c'est ce que mes parents m'ont dit le concernant. Je n'étais pas en état de le voir, n'y de pouvoir juger par moi-même ! Mais je le recherche pour qu'il aille mieux, je pensais qu'il serait venu se réfugier chez vous ?"


Mes réponses leur seraient-elles suffisantes ? Je n'en étais pas certaine, car je savais le doute qu'elle allait créer en eux serait plus fort encore que toutes les idées que je venais de leur évoquer. Je regardais donc ostensiblement le sol, peiné et tellement désabusé par la situation. J'aurais temps aimé faire quelques choses pour les rassurer et pour me rassurer moi-même ... Tout ce que je pouvais faire à l'instant présent, c'était juste un :


"Je suis désolée ..."

Comme je m'en doutais, les parents de Kibo étaient des braves gens. Mais des braves gens perplexes et surtout malins dans leurs attitudes. Bien entendu que mes explications ne leur avaient pas suffi. Ils voulaient comprendre le fond du problème et en savoir plus.

Mes yeux aussi bleus que ceux de mon amant se plongèrent dans ceux de sa maman adoptive et je baissais presque immédiatement le regard, cédant à leur demande, car c'est ce qui nous permettrait d'avancer réellement. Ils avaient parfaitement raison sur ce point :


"Asseyez-vous alors s'il vous plaît ! Je préférerais éviter qu'il n'arrive un malheureux accident avec ce que je vais vous racontez ..."


Hem ... Chose plus facile à dire qu'à faire, mais quand bien même. J'entendais une chaise reculer autour de la table et la femme s'installait dessus. Je pouvais commencer, car désormais et après un petit soupir, j'entamais donc mon récit :


"Étant moi-même shinobi, j'ai participé à des guerres, des batailles, des combats ... Beaucoup d'évènements dont je ne me suis que rarement sortie indemne ..."


Mes yeux se posèrent rapidement sur les deux parents du jeune homme avant de poursuivre d'une voix hésitante :


"A treize ans, j'ai été capturé par Kumo et torturé à mort ..., mais je m'en suis sortie ... Malheureusement, ma vieille blessure s'est rouverte il y a un mois de cela à Suna, alors que nous préparions le mariage et ... "


Je levais les yeux vers eux, c'est là que tout allait se jouer :


"Je suis morte ..."


Comment dire les choses autrement ? Oui, j'étais morte, mon cœur s'était arrêté de battre et bien que mon encéphalogramme n'est jamais été plat, j'ai été inscrite aux registres des personnes décédées. Je soufflais un grand coup, inquiéte de la réaction de mes beaux parents. J'avais peur, on pouvait clairement le dire comme ça, mais je ne pouvais pas m'arrêter là dans mes explications :


"Restez calme, je vais vous expliquer pourquoi, je me tiens aujourd'hui devant vous ..."


Une nouvelle fois, j'attendais que le silence revienne pour poursuivre :


"Je suis issue de deux puissants clans shinobi ... L'un maitrisant la glace ... L'autre, les sceaux. Dans le clan Samui qui maitrise la glace, nos morts ne sont pas enterré, mais conservé à l'état de statue de glace dans un temple au pays de la neige ... C'est ce qui m'a permis de survivre ... Ça plus un sceau qui a été placé à ma naissance par mes grands-parents sur mon visage pour me préserver de toutes blessures trop graves ... Un sceau qui s'est activé et qui combiné à mon état de cryogénisation à fait que je me suis réveillé ... Bel et bien vivante, il y a quelques semaines de cela ..."


C'était mon histoire ... Comment allait-il réagir ?

Et voilà ou retombait une nouvelle fois mon univers ... Le néant ! Les paroles de ses parents, loin de me rassurer, me firent de plus en plus perdre pied. J'écoutais et j'assimilais les paroles de ce dernier d'une façon difficile. Trop faible, trop gentil, les épaules pas assez larges ... Connaissions-nous la même personne ? Mon Kibo était beaucoup plus vaillant que les dires de ces vieilles personnes ! Pourtant, c'était ses parents, ils devaient le connaître sans doute beaucoup mieux que moi et c'est cela qui me perturba plus encore ...

Je ne laissais rien paraître et pourtant, je me murais dans un mutisme inquiétant alors qu'ils continuaient de parler sur leurs fils et ce qu'il aurait pu devenir jusqu'à ce qu'on me conduise à ce qui était ... Son ancienne chambre.
Une chambre pleine de couleur et de jouet, une chambre aux mille couleurs ou les dessins enjoués d'un enfant ne pouvait être que la réflexion profonde de ses rêves ... Ces même rêves que j'avais sans doute brisé avec ma folie. Une larme s'écoula sur une de mes joues timidement, puis une autre avant que je la sache d'un revers de la main tout en m'appuyant contre un mur :


"Je suis désolée ... Tout cela est ma faute ... Si nous ne nous étions jamais rencontrés, il n'en serait pas là ... Et s'il commentait une bêtise ? Je ne m'en remettrais pas ..."


Il fallait absolument que je me mette en quête du jeune homme. Que je le retrouve plus rapidement encore quitte à ne pas dormir, ne pas manger !

Je ne pouvais pas rester au pays du bois plus longtemps ... Je ne pouvais même pas me permettre d'attendre mon oncle comme je lui avais demandé !

Non, je n'avais plus de temps à perdre et alors que ma main se posait sur ma bouche pour étouffer une ribambelle de sanglots plus difficiles à contrôler les uns que les autres, j'échafaudais dans ma tête un plan.

Je n'avais plus vraiment de temps à perdre désormais, car alors que les parents de Kibo me confortaient à me reprendre et à ne pas perdre espoir en me prenant dans leur bras et me couvrant de paroles rassurantes, moi, je me fixais moi-même une mission, une mission sans précédent ! Une mission qui m'amènerait peut-être là ou je n'avais encore jamais été, mais je me sentais prête à tout cela, c'est donc en repoussant légèrement ma belle-mère et en essuyant les quelques larmes qui obstruaient mes yeux que je repris la parole :


"Excusez-moi ... C'est que ça me fait bizarre de voir toutes ses choses ... Je me rends compte que je connais bien peu Kibo en comparaison de vous ..."


Et surtout qu'il avait beaucoup changé, sans doute un peu trop ... Voir beaucoup trop après l'annonce de ma mort. Je n'avais plus vraiment de temps à perdre en discussion vierge, il fallait que j'avance. Je hochais alors la tête positivement à l'intention des deux parents :


"Je vais devoir, vous abandonnez, je ne tiens pas à perdre plus de temps que j'en ai déjà perdu ! Je pense qu'il faut que je le retrouve le plus rapidement possible !"


Et c'était peu de le dire, c'est donc en me faisant raccompagner jusqu'à la porte de leur petite maison que je recevais une nouvelle fois des embrassades dignes de ce nom avant de leur fausser compagnie.
Direction l'auberge où j'avais élu domicile pour mon séjour au pays du bois. J'allais devoir raccourcir mon séjour ici et pour ce faire, je devais aller à la rencontre de mon grand-oncle Samui pour lui faire les révélations que j'avais promise.

Je ne devais plus attendre désormais et suivre la voie qui se dessinait doucement devant moi.