Arekushi et Aokiji avait échappé aux griffes de Yusuke et son acolyte. Même si le sabreur s’était présenté au binôme prônant un échange pacifique, ce n’était pas pour autant que le Samui n’était pas resté méfiant. Ce jeune homme était tout de même l’un des criminels les plus recherchés non seulement au Shûkai mais au niveau mondial également. Si les choses en serait venu à se dégrader, les deux officiers de l’Alliance n’auraient surement pas été en mesure de faire face à un tel shinobi. C’était pour cela qu’Aokiji s’était montré très délicat lors de leur échange. Le moindre faux pas, un geste trop brusque ou un mot déplacé, et la discussion aurait pu dégénérer en une fraction de seconde. Par chance, tout semblait s’être déroulé sans accros. Yusuke avait pu transmettre sa déclaration de guerre au Shûkai et le village de mineurs put être épargné d’un affrontement sanglant. Du moins c’est ce que pensait le Chûnin, car en fait, la réalité était tout autre…

Quoiqu’il en soit, le duo était maintenant en route pour rejoindre Yuki et les autres afin de rentrer au Shozaichi. Ils s’étaient donné un délai d’une semaine afin de se retrouver pour le départ et la date se rapprochait de plus en plus. Pour le coup, ce petit retour aux sources ne fut pas aussi transcendant qu’Aokiji l’aurait pensé. Certes, il ressentait une certaine nostalgie à être revenu sur sa terre d’origine. Pourtant, il ressentait comme un sentiment d’action inachevé. Il aurait souhaité rester bien plus longtemps et bien entendu enquêter sur ses frères. Depuis les révélations d’Arekushi, ces derniers occupaient toutes ses pensées. Ils seraient des pirates aujourd’hui, rodant sur ce territoire désolé. Le Samui ne savait pas trop comment gérer cette information. S’ils venaient à se rencontrer, comment réagiraient-ils ? Sont-ils toujours du côté du « bien » ?

Tant que questions qui se bousculaient dans la tête du blond, alors qu’il avait les yeux rivés sur l’horizon. Il s’était séparé temporairement d’Arekushi et était venu contempler l’océan qu’il voyait si peu souvent désormais. Le bruit des vagues se heurtant à la falaise rocheuse. L’air marin. Le vent sur sa peau. Tant de sensation qui lui rappelait sa vie dans ce Pays désormais maudit. Quelle heure était-il ? Il n’en avait aucune idée. La brume était si épaisse qu’elle masquait complètement les rayons du soleil. Quoiqu’il en soit, Aokiji savait qu’il n’allait pas tarder. Il devait se remettre en route et afin de rejoindre le reste de l’expédition.

Soudain, un bruit se fit entendre derrière lui. Dans les bois situés à quelques mètres de lui, une ombre immobile l’observait. Le jeune homme se mit immédiatement en garde. Ces terres étaient hostiles, ce ne serait pas étonnant qu’il tombe à nouveau face à un criminel ou un simple pirate. Quoiqu’il en soit, il restait méfiant alors que l’individu semblait s’avancer vers lui.

« Qui es-tu ? »

Il s’agissait donc d’un homme, jeune, grand, brun. L’inconnu avait adopté une attitude plutôt désinvolte, décontractée, contrastant donc avec celle du Samui, beaucoup plus méfiant et sur ses gardes. L’individu se présenta sous le nom de Jisetsu Demon, revendiquant son appartenance au célèbre clan qu'Aokiji ne connaissait que trop bien. Cependant, son prénom n’évoquait rien à celui-ci. Etait-ce un pirate ? Un Nukenin ? En tout cas, le blond n’avait jamais croisé ce jeune homme dans les couloirs du QG de l’armée au Shozaichi. Bien entendu, Aokiji ne pouvait pas connaitre l’identité de chacun des soldats de l’Alliance, mais une chose était sûr, il ne faisait pas partie de leur expédition. Il avait peut-être été envoyé en renfort. Le Samui en doutait, surtout lorsque l’homme lui demanda son nom à son tour, n’hésitant pas le traiter de blondinet.

« Jisetsu ? »

Aokiji marqua un temps d’arrêt, se redressant afin de prendre une pose beaucoup moins hostile. Il se tenait droit, le menton relevé, ses yeux couleur sang fixant ce fameux Demon.

« Je m’appelle Samui Aokiji. »

Ces mots créèrent donc une certaine tension, du moins ce fut le ressenti du Chûnin. S’il s’en référait à sa relation avec Arekushi, on ne pouvait pas dire que c’était le grand amour entre leurs deux clans. Pourtant, Aokiji n’avait pas du tout l’intention d’engager un quelconque affrontement contre cet individu. Yuki lui avait demandé de rester discret et il comptait respecter ces ordres. Il n’était pas aussi impulsif que son partenaire. C’était peut-être pour cela qu’il y avait tant d’animosité entre eux deux.

Enfin bref. Le Jisetsu lui demanda la raison de sa présence ici. Mais en fait, Aokiji n’avait aucune obligation de se justifier, d’autant plus qu’il faisait rien de mal. En effet, il était juste là à contempler l’horizon…

« Rien qui puisse t’intéresser. A moins que je me trouve sur ta propriété, ce dont je doute fortement. »

Ça avait le mérite d’être claire. Mais le Samui était tout de même intrigué par ce jeune homme.

« Et puis, je pourrais te retourner la question, Jisetsu. Que fais-tu seul dans un endroit pareil et pourquoi venir m’aborder de la sorte ? Es-tu… d’ici ? »

Aokiji se doutait un peu de la réponse de son interlocuteur mais il souhaitait tout de même poser ces questions. Il n’allait pas se laisser intimider par un inconnu…

Aokiji n’aurait peut-être pas dû lui révéler son nom de famille, mais il devait avouer que la tentation était trop forte. Quoiqu’il en soit, le mal était déjà fait et le Jisetsu se montra très perspicace. En effet, le Samui était un ancien Kirijin et son appartenance au Shûkai était quasi-évidente. Le blond resta tout d’abord silencieux, esquissant tout de même un léger sourire en coin alors qu’il ne quittait pas son interlocuteur du regard. Le brun affirma être ensuite l’instigateur d’un accord entre le clan Jisetsu et l’Alliance des Pays Neutres. Aokiji ne le montra pas mais fut tout de même très surpris par cette révélation. Il se contenta de garder une attitude désinvolte, teintée de provocation.

« Vraiment ? Je pense que tu aurais pu t’en abstenir si tu me demandes mon avis. »

Il est vrai que l’expérience du Samui avec le clan Jisetsu n’était pas des plus joyeux. Il ne pouvait pas dire qu’il haïssait ce clan, car ce serait un mensonge. Il les appréciait moyennent nous dirons. Aokiji se montrait surement imprudent en se montrant aussi provocateur, mais avait-il vraiment le choix ? Il se trouvait en territoire hostile et une chose que son éducation de Kirijin lui avait appris, les faibles se faisaient toujours bouffer par les plus menaçants. A quoi ça lui servirait de s’écraser face à cet individu ? Contrairement à la situation avec Yusuke, ils étaient seuls, sans civils autour d’eux. S’il devait mourir en ce lieu, ainsi soit-il. Mais le jeune homme avait tout de même le sentiment que son heure n’était pas encore arrivé.

Il écouta donc ce Demon lui répondre, répétant mot pour mot la réplique d’Aokiji. Ce mimétisme fit ce dernier échapper un léger rire étouffé. En effet, il trouva cela plutôt bien trouvé et pour le moins comique. Le Chûnin croisa ses bras et inclina légèrement la tête sur le côté.

« Et maintenant quoi ? »

Aokiji qui avait une posture assez décontractée jusqu’à maintenant, reprit une attitude un peu plus sérieuse.

« Tu es perspicace, Jisetsu. Je n’en dirais pas plus. Mais je suis tout de même intrigué par ta relation avec le Shûkai. Tu es visiblement un Nukenin, criminel ou errant, peu m’importe. Ma question serait, pourquoi avoir signé un tel accord alors qu’à en juger par ton discours, tu n’appartiens pas à cette institution ? »

Le Samui s’interrogeait surtout sur le rôle de ce Demon au sein de son clan. Il ne savait pas vraiment comment s’organisait celui-ci. Etait-il quelqu’un d’influant ? Surement. Ou peut-être était-il juste un bouffon mythomane. Aokiji n’allait pas tarder à le savoir, à condition que le Jisetsu accepte de lui répondre bien entendu.

Le Jisetsu affirmait avoir offert son clan au Shûkai. Il s’agissait de mots bien forts. Avait-il tant d’influence ? Aokiji n’était forcément impressionné, mais plutôt surpris. Il se demandait si Arekushi connaissait ce Demon. Il y avait de grandes chances que ce soit le cas et du coup le Samui se demandait si leur rencontre se ferait sur un ton amical ou dans une atmosphère beaucoup plus hostile. Enfin bon, dans l’absolu, cela ne regardait essentiellement que les Jisetsu dans un premier temps.

Mais ce qui interpella davantage le Chûnin fut que l’individu se décrit à demi-mots comme étant un meurtrier. Il dit avoir trop de sang dans les mains, ce qui l’empêchait, d’un point de vue moral de toute évidence, d’occuper la fonction de soldat et véhiculer ainsi les valeurs qui allait avec ce poste. Aokiji pouvait tout à fait comprendre cette approche qui lui paraissait éthiquement logique. Mais il fallait avouer que le Shûkai ne partageait pas tout le temps cet avis.

« Je respecte ton choix. Tu sembles trainer de lourds bagages derrière toi et dans un sens, j’aurais préféré que certaines personnes pensent comme toi. Car, tu as surement dû l’entendre, mais de nombreux anciens criminels ont déjà rejoint nos rangs. Donc finalement, si tu nous rejoignais, tu ne ferais que te fondre dans la masse en quelque sorte… »

Il ne s’agissait pas vraiment d’une invitation, pas du tout en fin compte. La dernière chose qu’Aokiji voulait c’était un autre criminel en tant que camarade, un Jisetsu qui plus est. Mais bon, à part cela, un point intriguait assez le Samui.

« Dis-moi, considères-tu encore ces terres comme les tiennes ? Il s’agit tout de même de la terre de nos ancêtres. Si je m’en tiens à ton discours, pourrais-je penser que tu ne serais pas contre si, comment dire, ce territoire revenait à la Nation à laquelle tu as « confié » ton clan, à savoir le Shûkai ? »

Aokiji tentait tout de même de rester le plus subtil possible, mais il aimerait tout de même connaitre l’avis de son interlocuteur. Il résidait encore de toute évidence ici, donc son opinion sur la question était dans un sens non négligeable.

Le Jisetsu sembla pour le moins surpris par la question d’Aokiji, mais également perturbé, il faut le dire. Il dit ne pas être le bienvenu au Shûkai, du moins, il le supposait. Il y avait-il des antécédents dont le Samui n’en avait pas entendu parler ? Quoiqu’il en soit, la réponse n’était ni oui, ni non et cela surprit étrangement le blond. Il s’attendait à une réponse catégorique, plus précisément, un non catégorique. Au lieu de cela, ce Demon affirma ne s’être jamais réellement posé la question. Maintenant qu’il pouvait se la posait, son attitude était confuse et hésitante. Aokiji se contentait de l’observer, ne faisant aucun commentaire. Il ne pensait pas que cette question aurait tant d’impact. Mais bon, il ne voulait pas spécialement que l’individu les rejoigne, mais si ce dernier le souhaitait réellement, qui était-il pour le lui refuser ? Un Jisetsu de plus au Shûkai, qu’est ce ça changerait après tout ?

Enfin bref. Sa réaction aux autres propos d’Aokiji, elle au contraire était beaucoup plus concise et voir même un peu démesurée. Du moins, c’était l’avis du Samui. Le Jisetsu se montra des plus hostiles face une éventuelle occupation Shukaijin de ces terres. Le discours du jeune homme avait complètement changé. Il semblait plus sombre, voir même menaçant. Le Chûnin écarquilla donc ses yeux alors que Demon exprimait son point de vue. Aokiji n’était pas forcément d’accord avec ce dernier, mais il ne voulait pas s’engager dans un débat houleux face à cet inconnu.

« « Vous » ? Je ne me souviens pas t’avoir clairement confirmé ou infirmé mon appartenance au Shûkai. Regarde toi, tu es bien un Jisetsu n’appartenant pas à cette institution. Pourquoi, moi Samui, ne pourrais être dans le même cas ? Et puis je ne fais que des suppositions. Crois-tu réellement que si j’étais un général de guerre de l’Alliance, je me retrouverais seul face à toi, dans ce lieu pour le moins insolite. »

Aokiji laissa échapper un long soupir. Son interlocuteur semblait s’emballer un peu trop vite.

« Pour ce que ça vaut, je vais tout de même de donner mon avis sur la question. Je trouve ton point de vue bien fataliste. Même si cette terre est maudite comme tu l’affirmes, est-ce une raison pour la laisser à l’abandon de la sorte ? Toute chose mérite d’être sauvée, à mon avis. Je t’avoue, que je n’ai pas toujours porté ce pays dans mon cœur, pourtant il reste la terre de mes ancêtres, et rien que pour cela, cela me chagrine dans la voir dans un tel état. Dans un tel chaos. Je ne sais pas exactement ce que le Shûkai veut faire de ce pays, mais ce sera surement meilleur que ce que ses habitants actuels vivent, ne penses-tu pas ? »

Le Samui avait pris un air sérieux. Il s’étonnait que ce Jisetsu est une vision si négative de la situation, lui qui semblait vivre ici depuis toujours.

Le Jisetsu s’interrogeait donc sur la véracité des propos d’Aokiji et ceci était tout à fait normal. Les Samui ne répondant pas à l’autorité du Shûkai étaient assez rares. D’ailleurs, il en connaissait deux qui trainaient dans les parages. Ses deux frères qu’il croyait aujourd’hui mort, mais qui s’étaient avérés être sous la direction d’un chef pirate. Il pourrait d’ailleurs utiliser cette histoire pour justifier sa présence ici, mais il préférait laisser ce Demon dans le doute. Dans un sens, cela l’amusait assez.

« Hum… »

Il resta donc silencieux, écoutant son interlocuteur poursuivre ses propos. Il campait sur ses positions. Selon lui, Mizu devait rester dans son état actuel, à savoir à l’abandon et dans le chaos total. Puis il vint à aborder le sujet des Furyous, auteurs de la destruction de Kiri. Aokiji ne pouvait le contredire, ces « choses » représentaient à elle seule la menace mondiale la plus sérieuse en ce moment. Mais ces propos intriguèrent assez le Samui. Que savait réellement cet homme sur les Furyous ? Rien, si cela se trouvait, mais il avait tout de même piqué en quelque sorte la curiosité du blond.

Cependant, le Samui comprit très vite que le Jisetsu s’était déjà fait une idée bien claire de la question. Tenter de lui faire changer d’avis serait surement inutile, et en fin de compte, ne mènerait nulle part. Aokiji se contentait donc de l’écouter argumenter sur le fait qu’une éventuelle conquête serait une erreur monumentale.

« Même si nos opinions semblent diverger, je ne peux que saluer ton intérêt pour ce pays et les tiens. Tu sembles être quelqu’un de très dévoué, Jisetsu Demon. Je ne pourrais surement pas en dire de même pour moi, mais ceci est une autre histoire. Je voulais simplement te demander, que sais-tu réellement à propos des Furyous ? As-tu assisté à la destruction de Kiri ? »

Le Samui posait cette question car lui n’y avait pas assisté. Il était en exil à Yuki no Kuni à cette époque. Il trouvait intéressant d’avoir l’impression d’une personne n’appartenant pas au Shûkai.

Demon était comme Aokii. Lui non plus ne savait pas grand-chose sur les Furyous et lui non plus n’avait pas assisté à l’attaque du village. Le Samui l’écoutait attentivement, se retrouvant même par moment dans le discours du Jisetsu. Ce dernier dit même se réserver le droit d’ôter la vie à l’un de ces monstres. Décidemment, il n’avait pas froid aux yeux ce type. Il proposa d’ailleurs en passant à Aokiji de lui prêter main forte, un jour, si éventuellement il aurait à affronter l’un de ces Furyous.

« J’y penserais… »

Il s’agissait en effet là d’une proposition intéressante, mais pour être franc, le Samui ne pensait pas qu’il lui ferait honneur. Quoiqu’il en soit, un autre point interpella Samui. Demon affirma que son maitre avait été posséder par l’un Furyou responsable du massacre. Aokiji ressentit une certaine ironie.

« Quelle coïncidence… Mon maitre a été également l’un des acteurs décisifs de l’attaque de Kiri. Si ça se trouve, nos deux maitres se seraient donc affronter. C’est drôle, tu ne trouves pas ? »

Bien entendu, il n’allait pas dévoiler son lien avec Kakeshuou à cet inconnu. De plus, il se faisait tard. Mine de rien, les deux hommes avaient bien papoté, surtout pour des individus ne se connaissant ni d’Eve, ni d’Adam. Cette discussion aura au moins permis à Aokiji de prendre un peu la température quant à une éventuelle occupation Shukaijin. En ce qui concernait ce Demon, qui s’insinuait influent, c’était un non catégorique. Soit. Il fallait si attendre. Il était évident qu’ils allaient devoir faire face à de nombreux opposants pour leurs futurs projets. Mais ils n’en étaient pas encore là. Pour l’instant, il devait retourner auprès d’Arekushi afin de rejoindre Yuki et les autres.

« J’ai apprécié notre échange, Jisetsu-san. Mais je vais devoir te fausser compagnie. J’ai un voyage à poursuivre et je suis persuadé que toi également. »

Aokiji s’avança donc et frôla le jeune homme de quelques centimètres. Aucun regard ne fut échangé, mais le Samui souhaitait tout de même rajouter quelque chose…

« A bientôt… Surement… »

HRP: