J'étais en compagnie d'Hiriko à l'extérieur du Shôraizen, dans un village qui avait eu certains problèmes à cause de la présence de bêtes nuisibles. C'était aussi un moyen pour le Shôraizen de devenir de plus en plus ancrée au sein de Yu no Kuni, mais aussi une source de revenue appréciable... D'autant plus que ce village était, généralement, un passage obligé pour tout Shinobi souhaitant parcourir le Pays des Sources Chaudes en provenant de Konoha.

Il fallait dire que l'efficace barrière montagnarde que nous avions était particulièrement utile dans ce genre de situation. Bien exploitée, elle était un atout de taille face à tous les dangers. Que ce soit de façon défensive ou offensive. Et alors que nous étions sur le chemin du retour, Hiriko tourna la tête en direction de l'entrée Sud du village. Lui jetant un regard, il annonça d'une voix claire et pure.

« Quel drôle de Chakra inconnue. Il a l'air en proie à une profonde tristesse... »

Mes yeux se fixèrent sur ses paupières closes.

« Sérieux Client ? »
« Un Chakra équivalent au mien ou au tien... »

Vraiment ? C'était une chose relativement surprenante. Maintenant, il fallait savoir : quel était son camp ? C'était ça, la vraie question. Car même si nous avions une certaine distance de sécurité, il n'était pas impossible que cela soit un Ninja Traqueur. Mais venir me chercher jusqu'ici ? Toutes les Hypothèses étaient finalement possibles, après tout...

« Retourne à la base, je vais m'en occuper. »

Usant un Shunshin, j'attendais ce fameux Ninjas jusqu'à la bordure du village. Une fois arrivé à ce niveau-là, j'observais cette fameuse source de chakra triste. Cheveux de neige, yeux de glaces, chaudement habillées. D'après son équipement il devait être en route depuis un certain temps, mais ce qui était notable, c'était son bandeau du village de Suna. Pourtant, je ne devais pas apparaître dans les Bingo Book du Pays du Vent ? Est-ce que l'Habashi avait eu la jugeote de m'y rajouter ? C'était une bonne question. Elle avait eu tendance à me sous-estimer lors de notre dernier rendez-vous, c'était une bonne chose...

Adosser contre le tronc d'arbre, assis sur une branche, je prenais la parole.

« Que viens-tu faire si loin de ton village, Sunajin ? »

Mon regard le fixa de façon intense. Je pouvais ressentir d'ici toute sa tristesse. De quel malheur était affublé ce jeune garçon ? Je continuais.

« Je ne suis pas ton ennemi, à moins que tu ne sois l'initiateur de massacre innocent, afin de te décharger des tristes pulsions qui t'habitent. »

Je restais en haut de mon arbre, mes yeux pénétrant dans son âme.

« Délaissons nos titres et de nos origines, puis présentons-nous. Mon nom est Sabakyô Seitô. Comment t'appelles-tu et qu'est-ce qui t'arrive pour que ton chemin te mène jusqu'ici ? »

Je regardais et observais attentivement chaque mouvement du Sunajin, décryptant toutes les émotions et le schéma cognitif qu'il avait en ce moment même. D'abords snob, ignorant ma présence, me confirmant l'idée qu'il n'était pas là pour moi, mais bien pour un objectif plus... Personnel. Mais malgré tout ses efforts, il avait dû cédé à ma persistance. Ce qui signifiait, probablement, une perte de patience. Assez rapide pour un Shinobi de ce niveau : preuve que les émotions affectent la vision clairvoyante d'un Ninja.

Il continua son chemin avant de se retourner, d'un air intrigué. En tous les cas, il me répondit. Ou il me fit une réponse partielle à mes questions. Il s'appelait donc Kibo, du village de Suna, mais je n'en savais pas plus. Ni sur ce qu'il faisait aussi loin de ces terres, ni ce qui l'affectait tant. Et je dois dire qu'être dans le flou me plaisait guère. Non, j'aurais préféré, largement, une réponse bien plus claire que celle-là.

Le fixant toujours avec une certaine intensité, j'avais hâte de savoir ce que me réservait ce Shinobi. Sa tristesse était semblable à la mienne, autrefois... Mais ce que j'avais envie de voir, c'était comment allait-il s'en sortir dans les règles régissant les pays neutres. Ici, il n'y avait ni village, ni clan... Simplement des êtres humains n'ayant ni foyer, ni endroit de retour pour la plupart. Des errants sans but... À qui j'avais offert un foyer, un lieu de rassemblement : le Shôraizen. C'était la première phase du changement de ce monde.

« Je suis ici depuis bien plus longtemps que toi, Kibo... Bien plus longtemps que toi. Si ton village est ton foyer, le Monde est le miens. »

Je continuais de le regarder, entrant toujours plus profondément dans son âme. Les ténèbres attirent les ténèbres... Et c'était ça, que je percevais au fond de son cœur. Un être comme moi, une Arme du Monde Ninja, n'avais aucun mal à reconnaître la source du mal. C'était comme lorsque quelqu'un se regardait dans le miroir, il suffisait simplement de l'apercevoir afin de se rendre compte que c'était l'un de ses semblables... Une partie que l'on avait en soit.

« Je perçois en toi des pulsions bien sombres, Kibo... Une froideur semblable à celle des plus grands tueurs de sang-froid de l'histoire. Mais tous possèdent un point commun que tu ne possèdes pas... Veux-tu savoir ce que c'est ? »

Je pointais grâce à mon index droit mon œil.

« Le Regard. »

Je laissais ma main retomber dans le vide.

« On raconte que les yeux sont le reflet de l'Âme. Et j'ai beau observer les tiens, je n'y vois pas un tueur de sang-froid... Je n'y vois que tristesse... »

Mon regard se faisait de plus en plus pénétrant.

« Je vais te reposer ma question... Quelle tristesse t'amène ici, aussi loin de ton précieux village ? »

Kibo confirmait donc mes dires. Ce n'était pas un tueur de sang-froid, mais tout simplement quelqu'un de perdu. Mais perdu pourquoi ? Il assouvit très rapidement ma soif de curiosité. Alors, cet homme-là avait perdu sa fiancée. Et malgré le fait que mes yeux restaient d'une neutralité sans pareille à cette nouvelle, mes lèvres dessinèrent un léger sourire. C'était un Ninja du Sable, et malgré toutes leurs promesses, le fameux village n'avait pas réussi à protéger sa fiancée.

Une pitoyable et pathétique réalité. Et je ne pouvais que le croire, au vu de son état. À la suite de cette annonce au ton sec et au goût bien amer, il me posa une simple question. Ce que je faisais tout seul, ici, à Yu no Kuni ? Je n'allais pas m'embêter à lui répondre.

« Ce que je fais ici, tout seul ? »

J'observais le Sunajin, tout en réfléchissant à la réponse à sa question. Je savais pertinemment que, malgré son état, il y avait une probabilité que chacun de mes mots soit rendu dans un rapport à la dirigeante du village du Sable : Habashi Zanshi. Et bien que la complimenter m'arracher les cordes vocales, je devais admettre qu'elle avait fait une réussite en arrivant à avoir une si grande emprise dans le flux d'information de son village. Idée fictive ou réelle ? Je n'avais rien pour confirmer cela. Mais mieux faut-il partir pessimiste dans ce genre de situation...

« Je prends les mesures nécessaires pour que votre malheur ne s'abatte pas sur d'autres personnes, ou tout du moins, les prévenir du mensonge qu'est la sécurité qu'offre un village. »

Une phrase qui devrait rafraîchir son intérêt qui avait du mal a rester éveillée, au vu de sa situation psychologique...

« L'idéal des villages Ninjas n'est-il pas la sécurité, la paix ? J'applaudis vraiment comment cette "paix" est devenue réelle depuis leurs créations. Ils ont bien protégé ta fiancé, ils ont bien protéger ma soeur, ils ont bien protéger les civils mort par les Serviteurs fous des Furyou, félicitation. »

Cette phrase allait probablement le mettre dans une colère noire, et c'était bien le but de cette intervention.

« Que ce passe-t-il ? Est-ce de la colère que je vois dans tes yeux ? Mon ami, avant de commettre un acte insensé, pose-toi cette question... Qui est responsable de cette colère ? »

J'observais son corps, prêt à réagir au moindre mouvement me signalant la présence d'une attaque. Laissant un léger silence, je reprenais ensuite.

« L'assassin en soit ? Effectivement, c'est l'auteur de ce malheur. Mais le vrai responsable n'est personne d'autre que ton fameux village. Ils t'ont promis quelque chose non ? La sécurité, l'assurance d'une paix d'avenir, l'alliance pour un monde meilleur. Dis-moi, en quoi ce monde est devenu meilleur ? »

Je soutenais son regard par le mien, le questionnant sur le fondement même du monde Ninjas actuel.

« Ma sœur est morte, ta fiancée est morte, je suis banni de mon village pour l'avoir protégé, et je ne peux que voir la mort et la souffrance dans mon sillage à l'extérieur. Les routes ne sont pas plus sûres, la paix n'est pas plus présente, l'utopie promise n'est pas là. Par contre... L'abus de pouvoir, l'endoctrinement forcé de Ninjas venant d'un certain "clan" sont de plus en plus présente, je te l'accorde... »

Je fis une petite pause, avant de reprendre.

« Nous avons réussi à créer un système ou les Ninjas de pouvoirs possèdent le droit de vie ou de mort sur nos têtes. Un système où ses mêmes Ninjas de pouvoir usent et abusent de leurs pouvoirs et pour le conserver, peu importe le prix. En tous les cas, félicitations à nous. »

Mon regard resta posé sur le sien pendant quelques instants silencieux, avant de reprendre.

« D'ailleurs, as-tu retrouvé l'assassin ? Et si ce dernier fut engagé par ton village qui ne voyait pas cette fameuse "union" d'un mauvais œil ? Même si tu penses connaître la vérité, tu n'en as aucune assurance... Comment croire en quelque chose qui n'arrive même pas à faire ce pourquoi il fut créé. J'appelle ça un système défaillant, qu'ils tentent tout de même de garder à tout prix. Pourquoi ? »

L'avidité d'une réponse...

« Pour conserver les avantages qu'incombe leurs positions. Et je m'organise à détruire ce système impur, voilà ce que je fais ici, Kibô. »

Pas responsable de la mort de sa fiancée ? Peut-être. Mais si ce n'était pas Suna, c'était un autre village. Au final, tout le monde ne faisait que se renvoyer la balle, accusant l'autre des maux qu'eux-mêmes provoquaient. Une boucle infinie, que j'avais pour but de mettre fin. Couper ce cycle de guerre et de sang, en détruisant à mon tour l'essence même de ceux qui provoquent les maux : Les villages Shinobi.

Douce illusion que la sienne de pensée que Suna était un village juste. Autrefois, peut-être ? Mais plus aujourd'hui. Et encore, je doutais même que le village de Suna fût un simple jour « juste ». Tous ceux qui avaient étaient mis à la tête de ce village avait fini par être absorbée par l'ivresse du pouvoir. Mais au fond, n'était-ce pas là, le vrai problème de tout système sociétal ? Le pouvoir devait être détenu par une poignée : « L'élite » afin de guider le plus grand nombre : « Le peuple ». Mais comment faire pour résister à la tentation ? À l'accumulation de pouvoir appelant toujours à acquérir plus de pouvoir ? La volonté. Voilà ce qu'il nous fallait.

La question qui suivait était intéressante. Comment j'allais m'y prendre ? Je le fixais du regard, avant d'annoncer.

« Je compte éveiller les consciences de chacun afin qu'ils réalisent qu'un monde de paix et de liberté est possible. Qu'ils réalisent que les villages Ninjas nous manipulent tous. Ils nous avaient promis la paix, et nous voilà en perpétuelle guerre, enchaînée comme des chiens au « devoir » qui nous incombe : ce battre pour eux. Tu penses que Suna possède un système juste ? Alors pourquoi t'as Kazekage refuse tout contact sous prétexte que je n'ai pas les forces militaires suffisantes pour l'écraser ? La diplomate écarlate... Mais écarlate de sang. Je ne vois aucune justice dans Suna, tout ce que tu me dis n'est qu'une insulte à mes yeux, sonnant terriblement faux. »

Je ne le lâchais pas du regard, continuant mon discours.

« Ouvre tes yeux, et dis-moi. Dis-moi ce que tu vois ? Depuis combien de temps sers-tu le village de Suna ? Peux-tu prétendre que tu as apporté la paix ? Non, bien sûr que non. Tu n'as rien fait qu'obéir à des ordres une simple passerelle de Terre portant le nom de « Pays du Vent ». Et j'imagine que cette blessure était tout aussi naturelle ? Quand l'a-t-elle reçue ? Lors de quelle guerre provoquée par les villages Shinobi t'a fiancée a-t-elle était blessée ? Cette même blessure qui a fini par la tuer... »

J'observais ses réactions, tout en continuant.

« Mais je ne suis pas dupe. Les Kage ne se rendront pas si facilement... Le sang coulera, c'est le prix à payer pour tout changement avec les Hommes. À nous de faire le nécessaire pour qu'il coule de façon utile à atteindre ce but. »

Il me demandait par la suite ma version sur mon bannissement du village de Konoha.

« Très bien. Mais sache d'abords que, comparé aux versions des villages, je n'ai aucune raison de te mentir. Je n'ai rien à perdre, après tout, ne suis-je pas déjà un criminel recherché par beaucoup de monde ? »

Je prenais une simple inspiration, avant de commencer.

« Ma « désertion » n'était qu'un piège. Un coup-monté par Kumo afin d'obtenir des informations confidentielles que Konoha avait sur les Furyou. Information que je comptais utiliser afin de m'assurer d'une alliance entre toutes les grandes puissances contre un ennemi commun. »

Faisant un léger silence, je continuais.

« Comment ? Pourquoi ? Laisse-moi te faire un simple résumé... Konoha avait fait une alliance avec Kumo depuis de longue date. La feuille avait même apporté son soutien financier... Après la première attaque des Furyou, Kumo ne donna plus aucun signe de vie. Ils avaient pourtant récupéré le corps d'Apeti sans même nous en informer, alors qu'un ninja de Konoha avait participé à cette réussite. Et un jour, sans même prévenir... Seki Hasaki et Seki Zennosuke sonnèrent à nos portes demandant nos informations, comme s'ils étaient sur territoire conquis.

De là, j'ai moi-même accueillit le conseiller du Raikage. Au vu des conséquences de cette alliance totalement négative pour le village, et en mes responsabilités d'unique Intendant n'ayant pas fui son poste, j'ai demandé de revoir les termes de l'alliance entre nos deux villages. Pour le bien des Ninjas de Konoha, et pour le prix de leurs sacrifices. Pour le bien des habitants sous ma protection et pour leurs avenirs à tous, c'était mon devoir. Mais il a refusé, perdant son sang-froid et agissant comme un gamin dont le parent ne voulait pas lui acheter un nouveau jouet.

De là, j'ai renvoyé les Kumojin chez eux en suspendant l'alliance entre nos deux villages le temps que le Yondaime Raikage en personne se déplace afin de régler cette affaire. Mais l'entretien ne c'est pas passé dans la bonne entente. D'autant plus que Myakudou Onpu est intervenu sans prévenir, de là, j'ai bluffé. Cela a fonctionné, mais à quel prix ?

L'alliance rompue de notre côté, les Kumojin ont ensuite envoyé les deux mêmes ninjas pour enquêter sur le Temple de Kyubi. J'ignore comment, mais il devait savoir que les informations sur les Furyou étaient sous le Temple. Je suis donc personnellement intervenu, avec Nara Natsuki et mon élève : Hyô Kôhei. Ils ont ensuite refusé de partir, j'ai donc effectué une intervention armée sur le temple. Malheureusement, l'ordre d'évacuation que j'avais initialement prévue n'a pas eu le temps d'être effectué... »

Je fis un simple silence, avant de continuer.

« Les Kumojin se sont échappés. Et mon pouvoir ne pardonne pas... Les civils présents dans le temple furent touchés, certains allaient mourir... De là, dans le but de permettre d'offrir un Casus Belli valide à Konoha afin de rompre définitivement cette alliance, j'ai ordonné à Hyô Kôhei de prendre l'apparence d'un Kumojin. Je fis de même... Puis, nous avons simulé une attaque des Kumojin en mettant fin aux souffrances des civils qui n'avait aucune chance de s'en sortir, tout en blessant de façon non-léthargique les civils blessées. De là, s'offrait deux solutions pour l'Hokage...

Il pouvait accomplir ce plan, ou annoncer le fait que les civils avaient tous halluciné pour cause de la présence d'un Gaz hallucinogène. Que tout ceci n'était qu'un simple accident... Et tout serait rentré dans l'ordre avec un lourd bilan de 15 morts et 50 blessés. Mais à la place, il a préféré prétendre détenir ma vie entre ses mains, et le placer dans celle des villageois en dévoilant une vérité sans l'intention de cette dernière, rendant tous ses sacrifices vains. De source sûre, je sais que l'Hokage avait conscience que tout ceci n'était qu'un simple coup monté et pourtant... Il a préféré me sacrifier, après tous les services rendus, me rendant coupable de tous les maux. »

Mon regard se perdit ensuite un instant dans le vide, avant de revenir sur terre.

« Même si le vote m'était favorable, je ne serais plus qu'un simple chien enchaîné, incapable de faire quoi que ce soit, et dont la confiance de tous serait à jamais teintée du sang d'innocent. Si je n'avais pas déserté, je serais devenue un outil paralysé et inoffensif pour le village de la Foudre qui raflait le Jackpot. Voilà pourquoi je suis parti de ce village. Parce que je n'étais plus en accord avec la politique lâche de son dirigeant. Parce que je souhaitais autre chose que cette justice ne profitant qu'aux puissants. Parce que ma propre patrie préféra ses alliés à son fils le plus fidèle. Voilà pourquoi je suis parti. Parce que mon village m'a trahi et bannis... »

Je faisais silence, le laissant réfléchir, avant de poser une dernière question.

« Qu'en penses-tu, Kibo ? Trouves-tu le système des villages Ninjas toujours aussi juste ? »

Je fermais les yeux à la réponse naïve de mon interlocuteur. Kibo avait beau avoir eu une légère teinte de noir dans son histoire, son essence même était celle qui m'apparaissait comme un rêveur, un idéaliste, un utopiste. Était-ce une mauvaise chose ? Non. Ce monde avait besoin d'être muni de cette force pour changer et évoluer. Néanmoins, cette force était fixe, elle ne permettait pas le mouvement. C'est pourquoi il y avait besoin d'être possédant la même force que la mienne. Les deux n'étant que l'ensemble d'un même tout, trop souvent opposé comme il le faisait.

Je me souvenais clairement des mots de la Kazekage, et jamais je n'effacerai cette lettre de mon esprit. Oui, malgré moi, un sourire se dessina derrière mon masque, tandis que je fermais les yeux, tout en écoutant la suite. Sur un autre point, il était naïf... Pensait-il pouvoir garder sa maison qu'il avait au désert et ne pas suivre celle qui s'imposait comme Maîtresse absolue de ce désert ? N'avais-je pas dû, moi-même, quitter ma maison ?

Troisième erreur naïve de sa part. Il pensait pouvoir tout faire par la parole ? C'était impossible. Ce monde n'était pas celui de la parole, mais celui du changement physique. Il y avait de nombreuses solutions où la parole était inutile, inefficace. Où il fallait agir pour obtenir des résultats, et atteindre son but. Les situations où un geste avait plus d'importance que mille mots... Car il était facile de parler, mais agir était quelque chose bien plus coûteux que de la salive...

Après avoir relevé une énième erreur, je reprenais la parole...

« Autrefois, je pense que je t'aurai qualifié d'utopiste, de fou s'armant de belles paroles pour changer quelque chose qui ne peut être changé que par le sang. Mais aujourd'hui, je ne vais te qualifier que de Rêveur. Quelqu'un qui poursuit un rêve, qui agit dans ce sens. Néanmoins, ce monde n'est pas celui du rêve, mais de la réalité. Et même si tu penses que je me trompe, laisse-moi te prouver le contraire... »

Mon regard se reposa sur lui, avant que je le lève mon index.

« Premièrement. Même si tu dis vrai, ce n'est pas la raison que m'a exposé ta Kazekage. Je possède toujours la lettre de sa réponse, là où je me terre mais cet endroit et bien loin d'ici... Ces mots étaient clair et bien choisis. On ne la considère pas comme la diplomate écarlate pour rien non ? Mais je te laisse établir la vérité par toi-même. A ton retour, demande-lui... Je me ferai un plaisir de te montrer la réponse écrite de ses mains... »

Je plaçais mon majeur au niveau de mon index.

« Deuxièmement. Saches que tu ne pourras pas loger dans le désert, et quitter ta Kazekage. Tu devras faire un choix : tes principes ou ta maison. J'ai fait le mien à Konoha, j'ai quitté ma maison et ceux que j'aime car je n'étais pas en accord avec les méthodes et la politique de l'homme qui dirigeait mon village. Je n'ai eu que ces deux propositions face à moi, et j'ai choisi celle qui me correspondait le mieux... Zanshi et Suna ne feront pas exception à cette règle du monde Shinobi actuel. Si jamais cela arrive, tu vas avoir exactement les mêmes choix que les miens... »

Je levais mon annulaire.

« Troisièmement. La parole permet effectivement de changer beaucoup de choses, et sa puissance est souvent sous-estimée. Néanmoins, dans certaines situations, elle ne suffit plus. Parfois, il faut savoir faire couler le sang pour atteindre ce que l'on cherche, non pas par facilité mais par nécessité. Dans ce monde, la Fin Justifie les Moyens. Si la parole est suffisante, alors la vie ne doit pas être éteinte, mais lorsqu'elle ne l'est plus et que la situation l'exige pour une efficacité supérieure, on le fait. Ce sont les sacrifices nécessaires pour changer ce monde. »

Je levais mon auriculaire.

« Quatrièmement. Tu me demandes de me bâtir une réputation d'homme de confiance et honnête. Mais aux yeux de qui ? Aux yeux des dirigeants de ce monde ? Mais tous les dirigeants de ce monde sont des êtres pourris jusqu'à la moelle qui doivent être délogés et supprimés. Je me fiche d'avoir la réputation de criminel, car nous le sommes tous. Dès l'instant où nous venons au monde, nous nous accaparons le bien d'autrui pour survivre. Ces êtres-là ne peuvent voir ce qu'ils veulent bien voir, ce qui est différent pour nous. Demande aux hommes, aux femmes, aux vieillards et aux enfants qui me suivent si je ne suis pas de confiance, et tu comprendras que la réputation ne dépends que du point de vue où l'on se place. Tu peux me qualifier de tueur, de héros, de visionnaire, d'assassin, de terroriste. Tous ces titres sont plus où moins vrai... Non, je ne veux pas perdre du temps à bâtir quelque chose de si fragile et aléatoire que la réputation, je préfère l'user à bâtir un monde nouveau. Et c'est parce que tu es assez sage que tu peux voir ma volonté... Mais tu n'es pas encore suffisamment éveiller pour décrypter mes actions. »

Je levais ainsi mon pouce.

« Cinquièmement. Tu dis avoir agis pour le bien du monde par le compte de Suna ? Es-tu à ce point naïf, Kibo ? En quoi Suna aide le monde ? En rien. Moi aussi, j'y croyais comme toi. Mais ce monde souffre de votre paix, qui est une insulte constante à nos yeux, nous qui vivons dans cette souffrance. Mais les temps vont changer, je vais y veiller. »

Refermant ma main d'un air décidé, je me levais sur ma branche, lui tournant le dos, mais ne le perdant pas de vu.

« J'espère qu'à notre rencontre prochaine, tu seras plus renseigné sur la réalité que vie actuellement ce monde. Libre à toi de croire ceux qui sont sur les trônes dirigeants, ou moi qui la côtoie tous les jours... »

J'étais prêt à disparaître dans un Shunshin.

Merci: