Sa sœur lui avait dit que c'était une mission, mais cela sonnait étrangement faux. Le voyageur se doutait que la Kazekage souhaitait voir son frère jumeau s'investir un peu plus dans le village, elle voulait le voir reprendre un semblant de vie et surtout ne pas le savoir à rôder dans le village; pour une raison qui lui échappait. La mission semblait tellement simple... Une simple patrouille. Une simple patrouille qui allait lui prendre au bas mot une journée complète. L'Habashi avait récupéré une carte, et se dirigeait donc maintenant dans le désert. Ses facultés de senseur lui permettaient de ne pas trop s'égarer, et surtout son anneau spécial détecteur à Habashi... Enfin, une autre histoire que de cet anneau!

Il était parti de bon matin, la chaleur n'était pas encore au rendez-vous, alors il profitait. D'ailleurs, le jour lui même ne s'était pas encore levé. Ainsi effleuré par la fraicheur du petit matin, il avait l'impression de se trouver à Yuki no Kuni au printemps, en pleine journée et en plein soleil. C'était une sensation assez douce pour ne pas dire plaisante. Cela faisait maintenant quelques heures qu'il marchait et le soleil commençait à poindre, brillant de ses premières lueurs orangées. Anseï continuait, tout comme cet astre, sa route; suivant scrupuleusement le chemin de guet. Le Yukinjin se demandait ce qu'il devait surveiller en dehors de dunes, de monticules de sables et quelques rares plantes desséchées...

Effectivement, aucun bandit, ni barbare; n'avaient été signalés dans la région ces derniers temps.

Cependant, une poignée de secondes après cette observation, il s'immobilisa en haut d'une dune. L'air qui l'entourait venait de fluctuer, augmentant soudainement de trois degrés, exactement. Oui, le manipulateur de la chaleur reconnaît les températures, même s'il ne peut vraiment influer dessus. Ce faible changement néanmoins trop important pour être naturel, signifiait qu'une personne se trouvait dans un périmètre de cent mètre autour de lui. Il observa alors dans toutes les directions, jouant un peu au jeu du ni chaud ni froid et localisa à quelques mètres prés, l'origine de cette augmentation. Toujours droit devant lui.

Il se tenait prêt à combattre. Il descendit une dune, en remontra une autre; comme un navire passant d'une vague à l'autre, et finalement se dessina devant lui une silhouette dont les traits se brouillaient avec la lueur naissante de soleil en arrière plan. La personne s'était elle aussi arrêtée. L'individu avait du le voir malgré l'obscurité qui baignait encore le désert. Ne sachant trop quoi faire entre engager la discussion ou les hostilités; il s'avança un peu plus. N'ayant rien à reprocher à l'inconnu il opta donc pour la parole. Mais, ça aussi il ne savait pas trop comment le présenter; que devait il dire ? Après une dizaine de secondes, il se décida.

-Je suis Habashi Anseï, de Sunagakure; veuillez... vous identifier!

Acheva-t-il maladroitement.

Levée aux aurores. Dans ce désert cela prenait tout son sens. La jeune femme était réveillée depuis une poignée de minutes, elle s'était fixée comme objectif de traverser ce désert pour voir ce qu'il y avait de l'autre côté, au delà de cet endroit qu'on appelait le Yuukan. Peut-être là bas n'y aurait il aucun shinobi... En attendant, Yaeko était à peu prés sûre de tomber sur l'un d'entre eux, à nouveau, statistiquement elle avait d'ailleurs plus de risque de tomber sur un ninja que sur un scorpion, même dans ce désert. La Samouraï marcha donc pendant une bonne heure, le soleil commencer à poindre dans son dos et là ses sens se mirent en éveil. Elle pouvait sentir une présence chakratique à quelques mètres devant elle. Yaeko s'arrêta net, tentant d'observer au loin. La source de chakra s'approchait, venait dans sa direction. Quelques secondes après la voix d'un homme s'éleva. Elle pouvait tout juste en distinguer les formes.

Sa voix n'était pas très grave, assez douce même; mais restait masculine quand même. Il s'était identifié. Et voilà, comme prévu : un shinobi, et de Suna en plus. Ce désert grouillait de ninja provenant de ce fameux village, la fréquence à laquelle elle les rencontrait signifiait une chose, elle s'approchait de leur nid. Ce ninja ne semblait pas très sûr de lui quant aux mots qu'il employait pourtant, d'après ce qu'elle pouvait ressentir, il s'agissait d'un opposant de taille. Mais qu'il parle plutôt qu'il n'agisse indiquer qu'il ne voulait pas entre en conflit, pas tout de suite tout au moins. Elle aussi hésita avant de répondre. Depuis sa rencontre avec l'alcoolique fumeur; elle avait compris une chose : elle n'était pas chez elle, mais sur leur territoire. Elle devait montrer un peu plus de respect et de... docilité. Un grand mot pour la jeune femme de Tetsu habituée au rudoiement et la nonchalance. Sans bouger d'un centimètre elle répondit à son nouvel interlocuteur.

"Je suis une voyageuse, je souhaiterai rejoindre... L'autre côté."

Dit elle de sa voix encore embrumée par le sommeil. Malgré sa bonne foi, comme à son habitude, Yaeko n'avait pas oublié de poser sa main sur le pommeau de son chisakatana. Elle n'avait pas envie de se battre à cette heure-ci, puis ses réflexes comme ses yeux étaient encore marqués par une nuit agitée et assez difficile. En effet, il n'était pas si simple de dormir dans un tel endroit sans protection adéquat. Elle se demandait ce qu'allait lui dire le nouvel arrivant. Pourrait elle continuer sans avoir à converser plus ou bien ce Shinobi, comme l'autre, l'obligerait à parler ? En fait, afin de s'en assurer, elle ajouta quelques mots.

"Puis-je continuer mon voyage ou bien... ?"

La fin de sa phrase était pleine de sarcasmes, elle ne pouvait s'empêcher de se montrer froide envers ce genre de personnage...

Le voyageur n'attendit pas plus d'un instant avant que l'individu de s'identifie comme il l'avait exigé. Bien que, voyageuse, n'était pas vraiment la réponse à laquelle il s'attendait. La suite de sa réponse était étonnante. La femme qui s'adressait à lui; parce que c'était belle et bien une femme apparemment, souhaitait aller de l'autre côté. Mais de l'autre côté de quoi ? Anseï haussa les sourcils, ne comprenant pas de quoi voulait elle parler. Il allait lui demander de préciser son langage lorsqu'elle reprit, demandant si elle pouvait continuer. La façon dont elle parlait exprimait un certain dédain, ou bien quelque chose s'approchant du rejet. Que rejetait elle se demanda le nouveau Sunajin.

Devant lui et derrière elle, le soleil rougeoyant du désert continuait son ascension lentement mais sûrement, précisant un peu plus chaque seconde la silhouette de cette nomade. Il n'y avait aucun doute sur le sujet qui se tenait à quelques pas de lui, c'était bien une femme. Une femme armée d'ailleurs. Le soleil, même encore faible, lui avait permis de voir les formes de ce qui devait un sabre, ou deux. Une guerrière ? s'interrogeait il. Pourtant, il n'avait pas ressenti son chakra. Une rencontre bien étrange, se répondit il. Il aurait bien aimé voir les traits de son visage, mais le contrejour empêchait toute identification plus poussée; ils ne pouvaient que parler, ou se rapprocher.

-Heu... De l'autre côté de quoi ?" Interrogeait-il.
Rapprochez-vous, je peux peut-être vous aider, non ?

L'Habashi avait un bon fond, toujours prés à aider son prochain tant que ce dernier ne tentait pas de lui nuire. Si cette femme se disait voyageuse, alors elle n'aurait aucune crainte face à la proposition de son opposé. En fait, Anseï était intrigué par les mots de la guerrière sans chakra. Allait voir de l'autre côté... C'était assez tentant, même s'il ne savait de quel côté elle parlait. Il patienta quelques secondes, puis finalement se décida à rejoindre la jeune femme qui semblait ne pas vouloir bouger. Il venait de briser une règle de sécurité essentielle pour un shinobi, mais les choses devaient bien avancer, à un moment ou un autre.

-Ne m'attaquez pas, j'approche. Rigolait il à moitié.

La voix de l'illustre inconnu raisonna de nouveau du haut de la dune. La samouraï n'eut pas besoin de le question, il s'était présenté de lui même comme un shinobi servant le village contrôlant cette région. La jeune femme soupira d'ennui. Encore un! se dit elle. Cet endroit était un vrai paradoxe pour la demoiselle, on l'appelait le désert de Kaze mais il n'avait rien, finalement, de si désertique que ça. En moins de deux jours c'était déjà le troisième ninja qu'elle croisait sur sa route.

Cependant, celui-ci semblait plus courtois que la moyenne, plus hésitant. Etait il un débutant, un de ceux qu'ils nommaient genin ? Elle ne s'attarderait pas pour le savoir, plus vite elle aurait refusé sa proposition mieux ce serait. Mais elle fut devancer par le dit Sunajin, sans lui laisser le temps de répondre, il l'informa qu'il se rapprochait. Elle aurait pu l'éliminer rapidement, mais... Elle n'avait pas été éduquée de la sorte et elle avait bien trop de respect -si ce n'était pour les Shinobi- pour la vie.

Rapidement il fut à son niveau et le soleil naissant éclaira son visage. Ce n'était pas un jeune homme comme le premier qu'elle croisa le précédent, ils semblait à première vue plus calme et surtout moins rustre, ou mieux élevé. Mais il restait tout de même un Shinobi. Dans la pénombre elle ne distingua pas les couleurs qui animaient son visages ou sa tenue, en fait, seulement quelques traits se dessinaient.

Yaeko avait un peu de mal à croire qu'il s'agissait bien d'un Shinobi. L'homme état avenant, presque chaleureux; même si leur échange restait plus officiel qu'autre chose. Mais, ce qui la laissait l'entrevoir comme autre chose que ses congénères était sans doute, finalement, sa proposition d'aide. Aussi qu'elle pouvait se remémorer personne hors-mis sa senseï ne lui avait jamais proposé d'aide. Elle devait se résoudre à une conclusion déplaisante : peut être que tous les shinobi n'étaient pas les mêmes.

Afin de s'assurer de ses premières observations, elle décida donc d'entamer un dialogue plus poussé qu'à l'ordinaire. Malgré son bon vouloir, elle restait assez froide, et méfiante.

"Bon... jour"

Dit-elle en l'observant plus attentivement. Un rayon de soleil venait de percer un nuage pour éclairer la dune devant elle ainsi que le visage du ninja qui semblait attendre la suite. La lueur orangée du soleil levant se refléta sans sa chevelure rougeâtre et rendit leur éclat à ses iris. Une apparence bien singulière, le genre de physique qu'elle n'avait jamais rencontré.

"Hum... De l'autre côté.. Oui! Je voudrais aller de l'autre côté de ce désert. Il doit y avoir autre chose par delà ces terres et ce pays, non ?"

Elle tentant tant bien que mal de se montrer courtoise, mais malgré tout, sa main n'arrivait à se décrocher du pommeau de son katana...

Le voyageur écouta et observa sa jeune interlocutrice, oui parce qu'elle était encore assez jeune, ça se voyait à ses traits. La dame, ou demoiselle demandait des choses surprenantes, rejoindre l'autre côté de ce pays. Anseï se retrouvais dans une situation insoupçonnée. Quelqu'un, un étranger, lui demandait à lui, un autre étranger; de l'aiguiller dans ce désert. C'était paradoxal pour ne pas dire risible. Il savait où se trouvait la capitale, une ville portuaire à l'ouest du pays et donc il y avait une mer ou un océan... mais où s’arrêtait il ? Le rouquin n'en avait aucune idée.

Il sourit bêtement alors que les couleurs encore nacrée du soleil donnait une lueur dorée aux dunes. Il allait devoir expliquer qu'il n'était pas du pays et donc d'aucune utilité, enfin, pas complètement non plus, ils verraient bien.

-Et bien, je serai ravi de pouvoir vous aider, cependant... Comme vous je ne suis pas d'ici. Néanmoins, je peux toujours vous mener jusqu'à la capitale. Nous ne somme pas très loin à vrai dire.

Souriait il toujours. L'Habashi savait, inconsciemment, qu'il pouvait faire confiance à son interlocutrice. En effet, elle portait des armes, au vu de leur fourreau, de très bonne facture pour appartenir à un novice ou à quelqu'un qui ne s'y connaissait pas. Il fit demi tour et l'invita à le suivre, si elle lui faisait confiance tout au moins! Et elle lui emboîta le pas. C'était soit ça soit se débrouiller tout seule.

Maintenant une heure qu'ils marchaient. Le silence pesant força le voyageur à parler, il n'aimait les longues marches sans un bruit, surtout lorsqu'il était accompagné.

-Vous n'êtes pas très bavarde. Enfin... Je suis un inconnu, quoi de plus normal. Moi non plus d'ordinaire je ne suis adepte de la conversation... Je dois faire un bien piètre Sunajin non ?

Il se tut quelques secondes.

-Vous n'êtes pas obligée de parler, si vous ne le voulez pas.

Achevait-il en ralentissant pour se retrouver à sa hauteur. La jeune femme, dont il ne connaissait pas encore le nom était un peu plus petite que lui, et avec la lumière, maintenant, il se rendait compte que ses yeux n'étaient pas tous les deux de la même couleur.

Il y avait donc parmi les Sunajin des personnes capables de penser aux autres avant elles mêmes. Bien qu'elle n'appréciait pas cette catégorie d'êtres humains, la jeune Samouraï ne pouvait nier qu'elle avait affaire à un modèle bien singulier. Il n'était pas agressif, au contraire même : avenant. Il aurait simplement pu lui indiquer le chemin et la laisser se débrouiller, ou même tenter de la capturer. Etait il possible que cet ait pu sentir ses intentions candides ? Peut-être était il capable de faire la différence entre sincérité et duperie rien qu'en écoutant la voix de son interlocuteur ? Ou était il simplement inconscient. Enfin, elle ne pouvait décemment pas refuser. Certes la Tsukimi aurait pu trouver cette fameuse ville par elle même, mais cela lui aurait prit un temps considérable.

Ainsi, elle consentit à lui suivre. Ce n'était pas donner à tout le monde que de parvenir à la convaincre, mais lui avait réussi. En fait, il correspondait à peu prés au cadre de son éducation : poli et respectueux. Mais ce n'était pas suffisant, pas encore, pour parler de confiance. Il pouvait très la conduire vers un traquenard. La jeune femme purgea son esprit de cette pensée, en effet comme pouvait elle douter ainsi, après il ne s'agissait pas d'un shinobi renégat mais d'un factionnaire dicté et tenu par des lois, des devoirs et la volonté de préserver une certaine image. La première heure qu'ils partagèrent entre levé de soleil et foulée dans le sable frais fut silencieuse, presque reposante.

Yaeko observait Ansei de dos. Les rayons de soleil éclaircissaient sa crinière rougeoyante. Elle n'avait jamais vu auparavant quelqu'un ressemblant à ça, ils devaient être rares. A Tetsu quasiment tout le monde se ressemblait, cheveux noirs, peau clair et éducation de fer. Chez les Shinobi on ne retrouvait pas de traits communs à tous si ce n'était l'utilisation du chakra. En effet, elle avait rencontré un homme à la chevelure blanche, peut être due à son âge, un autre blond et maintenant lui. Le nom d'Habashi lui disait vaguement quelque chose, mais elle était incapable de resituer exactement l'instant où elle avait pu entendre ce nom. Pendant un peu plus d'une heure donc, elle marcha derrière lui. Malgré son aversion pour les ninjas, elle ne le lâchait pas du regard.

Ce ninja devait avoir une histoire intéressante, pas originaire de Kaze, et malgré les apparences, un tantinet timide. Puis il ralentit. Yaeko ne comprit pas et continua jusqu'à ce qu'elle l'ait rattrapé. Une fois à la même hauteur, enfin, façon de parler vue leur différence de taille; le Sunajin lui adressa la parole. Elle écouta sans un mot prononcer. L'homme ne cherchait vraisemblablement pas la conversation, mais semblait plutôt vouloir, simplement; passer le temps. Si effectivement elle n'était pas une "grande bavarde", elle n'en appréciait pas moins la façon dont il intervenait. Pour une fois elle n'était pas tombée sur quelqu'un de trop lourd... Du coup, elle se tenta à lui répondre et avec une certaine sympathie; tout au moins le minimum syndical.

"Ne vous en faites pas, vous n'êtes pas si mal pour un shinobi. Enfin, je veux dire; vous vous en sortez bien. Hum.. vous m'avez dit vous appeler Habashi Anseï ? Votre nom me dit quelque chose... ça me fait penser que j'ai oublié de me présenter... Je me nomme Yaeko. Tsukimi Yaeko."

Sourit-elle fébrilement. Puis elle reprit rapidement.

"Vous avez raison, je n'aime pas parler... avec le shinobi. Mais vous.. Je ne sais pas, c'est différent... D'où venez vous ? Que faisiez vous avant ?"

La guerrière du fer se montra assez curieuse, le genre de question qu'elle posait à des personnes en lesquelles elle voulait placer une peu de confiance... Saurait-il se saisir de cette chance ?

La touriste semblait se montrer un peu plus en clin à la discussion. Elle se présenta finalement, Tsukimi Yaeko. Anseï l'écouta avec attention, il souriait; amusé. La voix de la jeune femme ressemblait un peu à celle d'une autre femme qu'il eut connu quoi qu'un peu plus chantante. L'étrangère au départ si distante semblait en fait très avenante, voire sympathique. Les raisons de son silence jusque maintenant ou tout au moins de sa conversation limitée était compréhensible. Maintenant qu'il y pensait, il comprenait ses réticences, ou tout au moins ses hésitations. Elle n'appréciait pas les shinobi. Mais lui, en revanche; elle l'appréciait un peu plus. Pourquoi ? Avait elle sentit quelque chose ?

Anseï se considérait davantage comme un voyageur aux capacités spéciales de passage dans un endroit qui réclamait, en quelques sortes, sa présence. Peut-être était ce ceci qu'elle avait ressenti. Son manque d'assurance lorsqu'il s'était présenté comme ninja de Suna, son manque de prudence en l'approchant; tout ceci trahissait sans doute des origines bien martiales que celles d'un shinobi plus lambda. Yaeko était donc passée du tout au tout. D'abord assez silencieuse, elle posait maintenant des questions plus personnelles. Elle voulait donc en savoir plus sur son passé ? Cela ne lui posait aucun problème. Tout le monde pouvait apprendre à le connaître, tout au moins ceux qui s’y intéressaient.

-Habashi vous dit quelque chose ? Oui, c'est probable. C'est un nom assez commun... Dit-il sans entrer dans les détails.
-Je viens d'un peu partout en fait. Kusa, Yuki, ici. Et, je suis un voyageur plus qu'un shinobi. Je suis à Suna pour des raisons... familiales.

Il ne disait pas toute la vérité, mais il ne mentait pas non plus. Anseï avait apprit à omettre les détails, à ne pas trop en dévoiler. Surtout à une étrangère. Cependant cette femme avait quelque chose, tout comme lui, de différent. Elle semblait pouvoir entendre plus de choses que quiconque, en fait, elle voulait certainement en savoir plus. Il posa son regard un instant sur le visage pâle de la guerrière, l'observant un instant jusqu'à ce que leurs yeux s'entrecroisent. Il tourna la tête brusquement, tentant de faire croire qu'il ne l'avait pas regardé. Il se souvenait maintenant parfaitement de la première fois où il avait agit ainsi, à Yuki no Kuni.

Des dizaines de questions se bousculèrent alors dans son esprit. L'incertitude s'emparait de lui. Mais il reprit quand même.

-Et donc, vous ? Vous venez d'où ? Vous n'êtes pas une Kunoichi. Dit-il en posant à nouveau son regard sur elle, et sur ses sabres.
-Seriez-vous originaire de... Tetsu no Kuni ?

L'interrogeait-il en regardant au loin. Le soleil continuait, lui, son ascension dans un ciel complètement dégagé. Cette journée débutait finalement bien, s'annonçait passionnante.

I.

"La famille... c'est la source des grands bonheurs et des grands malheurs..."

Yaeko en savait quelque chose. Elle était allée contre la loi de sa province, son frère était mort en la défendant, sa mère l'eut abandonnée pour la mort de l'aîné; et son père lui fut exécuté pour l'affront de son fils envers la loi. Enfin, ceci pour dire qu'elle avait eu son lot de malheurs bien plus que de bonheurs. Donc, la samouraï n'entra pas dans les détails, chacun avait son histoire. Bizarrement, cet homme ne la révulsait pas, parce que; sans ressembler à Kogan, il dégageait une aura similaire, rassurante. Alors qu'elle commençait à vraiment l'apprécier, une phrase, une question survint, semblant briser tout ce qui s'était difficilement construit ces dernières heures.

Mais alors que la Tsukimi aurait simplement pu garder le silence, elle décida plutôt de répondre. En fait elle ne voulait pas rompre la conversation avec ce personnage d'apparence haut en couleur et visiblement plus sympathique que la normale des hommes et des shinobi. Oui, elle aurait voulu répondre, s'exprimer. Mais lui, Anseï, savait déjà. Elle comprenait mieux à présent ce qu'il voulait dire par "d'un peu partout". Il connaissait sans doute d'autres Samouraïs, connaissait sûrement leur façon d'être. En même temps, elle n'avait pas réussi à cacher ce qu'elle était; dissimuler deux sabres, un kimono typique, une coiffure et des aprioris; non ce n'était pas évident.

"Du pays du fer, oui. Et, effectivement; je suis une Samouraï."
-Une femme Samouraï. Je ne savais pas que c'était possible.
"Oui, c'est étonnant... Alors qu'une femme Kunoichi... Je ne le comprends pas. Mais oui, un concours de circonstances et... voilà."
-Et bien, vous voyez... Votre peuple, où votre culture est ainsi. Les Samouraïs à part des guerriers, sont aussi une caste; si je ne me trompe pas. Alors que les Shinobi... Ils sont là, ils dominent... mais ne descendent pas d'une culture comme la votre... Enfin, en tout cas je ne considère pas tout ça comme une culture...
"Une caste... plus ou moins; c'est un peu plus complexe..."

Les deux connaissances parlèrent ainsi plusieurs heures, jusqu'à la fin de la journée d'ailleurs. La nuit commençait à tomber sur le désert et les deux voyageurs n'étaient pas encore arrivés à la destination que souhaitait Yaeko. Elle, elle aurait voulu continuer, économiser du temps. Mais le ninja n'était pas de cet avis. Il préférait jouer la sécurité. Cela ne posa aucun problème et ce fut sans contestation que la samouraï s'y plia; pas qu'elle ne pouvait se défendre seule, mais éviter un énième affrontement pouvait s'avérer... plus judicieux. Sous un ciel dégagé, où les étoiles commençaient à étinceler; elle pouvait dormir comme ça, sans se soucier de quoi que ce soit. Mais pas lui. Il avait déjà tout prévu. On ne savait pas d'où il l'avait sortie, comme il l'avait transporté mais en moins qu'il ne fallut à la jeune femme pour allumer le feu, il avait monter une tente. Sa nature de voyageur, sans doute.

Ainsi ils se retrouvèrent tous les deux autour du feux, une écuelle à la main mangeant les quelques provisions qu'avait bien voulu partager le ninja. Quelques haricots à la tomate, rien de très typique ni même... romantique, quoi que cela n'avait guère d'importance se disait elle. Mais assez nourrissant quoi qu'il en soit. Ils discutèrent ensuite encore une poignée d'heures, se découvrant des points communs, s'entendant sur certains sujets et éprouvant quelques désaccords sur d'autres; puis ils quittèrent le feu maintenant consumé pour rejoindre la petite tente. L'espace était restreint, loin de la liberté du désert mais il y avait néanmoins assez de sable entre eux pour qu'ils ne se touchent pas. Yaeko aurait pu refuser et dormir dehors en fait, mais étrangement savoir cette présence à proximité la réconfortait, cela faisait depuis si longtemps qu'elle n'avait pas noué de contact avec quelqu'un d'autre que Numiko.

Le sommeil gagna très rapidement la jeune femme. Il ne lui suffisait que de fermer les yeux quelques secondes dans l'optique de dormir, pour s'endormir. Elle n'était pas compliquée. Anseï quant à lui... Devait aussi dormir. Cependant, si Yaeko avait l'assoupissement facile, la durée de celui-ci était tout aussi éphémère. En effet ses nuits étaient trois fois sur quatre ponctuées de cauchemars pouvant parfois se muer quelque chose de plus... Dangereux. C'était d'ailleurs pour cette raison que les katanas ou tout autre objet tranchant restaient à bonne distance de ses mains, puisqu'elle ne savait pas quand pouvait survenir une telle manifestation de son sommeil profond, une sorte de terreur nocturne. Enfin, tout ceci pour dire que la malheureuse jeune femme était atteinte de troubles du sommeil assez préoccupants.

L'Habashi en fit d'ailleurs les frais, à peu de choses prés. Au beau milieu de la nuit un cri le réveilla en sursaut. Redressé et encore hagard il posa directement les yeux sur sa voisine. Celle-ci était assise, droite et silencieuse. Le Yukijin observa dans la pénombre, et alluma la petite lampe à huile suspendue au piquet centrale de la tente. La jeune toujours dans la même position ne lui prêta pas attention, ne bougea pas. Elle fixait droit devant, les yeux écarquillés, la respiration saccadée; comme terrifiées. L'incompréhension du rouquin était palpable. Il n'avait jamais fait face à ce genre de situation et ne savait guère comme réagir, ou intervenir. Puis, elle se mit à baragouiner quelques choses que le ninja ne parvint pas à saisir en intégralité. Il lui adressa quelques mots pour tenter de comprendre, mais elle resta silencieuse, toujours impassible.

Alors, précautionneusement; il posa une main sur son bras. Elle tremblait. La température qui se dégageait de son corps ne semblait pas indiquer qu'elle pouvait avoir froid. Il ne restait donc plus qu'une raison à son état : la peur. Sans réfléchir davantage, il la prit dans ses bras et la serra; juste l'espace de quelques secondes. Puis, aussi soudainement qu'il fut extirpé de ses songes lointains, la jeune femme referma les yeux, retrouvant une respiration lente; elle s'était apaisée. Le chuunin de Suna la déposa délicatement sur son duvet et remonta la couverture jusqu'à son cou. Il ne put détacher son regard du visage paisible de la Samouraï avant de longues minutes, après lesquelles il se recoucha; et, chose qu'il n'aurait certainement pas fait plus tôt, se rapprocha de la jeune femme et passa un bras autour de ses épaules.

Dans son esprit, ce geste n'avait qu'une utilité. Comme pour la calmer, peut être lui permettrait-il de passer une nuit sans davantage d'agitation...

hrp:

II.

"Nous avons fait quelque chose cette nuit ?" Demanda-t-elle au Sunajin alors qu'ils marchaient vers la capitale du pays.
-Non, rien à part dormir, pourquoi cette question ?
"Lorsque je me suis réveillée, votre main et votre bras reposaient sur... Enfin, vous voyez." Répondit-elle, gênée.

Le grand rouquin ne put empêcher son regard de se poser sur la partie de son corps qu'elle ne voulait pas prononcer. Les seins, la poitrine. Il rigola briévement, plutôt nerveusement qu'autre chose. Le souvenir d'avoir pu par mégarde être entré en contact avec cette partie de son anatomie ne lui revenait pas. Son sommeil avait été très profond, et il n'était pas non plus à l'abri de bouger. Peut-être qu'inconsciemment cette posture auprès de la jeune femme lui avait rappelé, quelque part, sa défunte femme ou bien simplement était ce autre chose. Ses yeux incandescents fixèrent le visage rougi de la samouraï, il lui répondit.

-Je n'ai pas cherché à profiter de vous, pas d'inquiétude. Rigola-t-il.
"Dans ce cas, pourquoi..."
-Vous ne vous souvenez vraiment de rien ? Il soupira. Et bien, vous avez fait comme un cauchemar; ou je ne sais pas trop ce que c'était... Et je n'ai rien trouvé d'autre.

Il ne raconta pas exactement que qui s'était passé cette nuit là, et cela s'avérait inutile. Son silence en guise de réponse était parfaitement clair : elle savait ce qui s'était produit. Le regard qu'elle lui jeta changea de celui qu'elle arborait depuis leur rencontre, la veille. Il était adouci, presque reconnaissant. Sans s'en faire une idée précise, Anseï pouvait affirmer que derrière le calme qui émanait de cette personne se cachaient des blessures bien plus profondes qu'un simple coup. Elle était comme lui, dans la dissimulation, s'abritant derrière les mots et une façon d'être suffisamment forte pour ne plus faire que paraître. Il parvenait aussi à comprendre son envie de s'éloigner d'ici.

Cela faisait maintenant quelques heures qu'ils marchaient dans le sable tout juste tiède de Kaze et la capitale n'apparaissait toujours pas dans leur champ de vision. Yaeko n'arrêtait pas de se plaindre de la chaleur; elle n'y était pas habituée, pas encore, ce à quoi l'Habashi répondait toujours la même chose : c'est la caractéristique première d'un désert. Plusieurs autres heures passèrent et déjà le crépuscule s'était établi sur les dunes du pays du vent. Le ninja décida qu'il était temps pour eux de s'arrêter, faire une pause, se restaurer ne ferait pas de mal. Puis, Anseï aussi n'était encore vraiment habitué à tout ça, lui préférait, et de loin; la neige et le froid. Sans autre choix, la Tsukimi se plia; sans se plaindre cette fois.

-Si tout se passe bien, nous devrions arriver après demain. Signifia-t-il.
"Je ne pensais pas qu'il serait aussi long de traverser ce pays..."
-A dos de chameau, cela aurait été plus vite... C'est sûr.
"Hum... Donc... hum.. D'accord, d'accord."

La nuit enveloppait complètement le désert lorsqu'ils eurent terminé de monter leur campement. Il ne leur restait aucune provision, alors en tant que bon voyageur, Anseï avait réussi à chasser quelques serpents et un ou deux gros scorpions. Quelques années auparavant, jamais ne lui serait venue l'idée de manger ce genre de bestioles. Mais depuis qu'il était arrivé à Suna, il avait appris à les apprécier et surtout à les attraper. Cela relevait de la survie lors de ses missions... Lorsqu'elle vit les étranges animaux embrochés, griller au dessus du feu, elle fit une grimace distinctive que ne tarda pas à remarquer l'Habashi. Il sourit et souleva une des brochettes, la montrant ou l'exhibant aux yeux de Yaeko.

-C'est meilleur que ça en a l'air. Ca a un goût de poulet, ou quelque chose comme ça.
"Ou quelque chose comme ça. Répondit-elle avec un scepticisme flagrant."
-Baah... Gouttez avant... En plus, il n'y a rien d'autre à manger!

Elle se retint de soupirer et se résigna. Il avait raison, c'était la seule chose à manger dans les environs. Cette expérience lui apprenait donc, en outre, qu'elle n'était jamais suffisamment préparée, surtout pour un tel voyage. Heureusement que le rouquin était là, avec ses connaissances du désert. Elle prit donc une première bouchée, s'attendant au pire; puis finalement...

"Ce n'est pas si mauvais. Tenta-t-elle d'articuler malgré sa bouche pleine, puis elle reprit après avoir avalé. Tu peux me tutoyer, si tu veux."
-Je veux bien, oui. En général les gens passent assez facilement au tutoiement avec moi. Mais avec toi... Il aura quand même fallut qu'on passe une nuit ensemble. Rigola-t-il.
"Haha... oué.. Dit-elle en rougissant."
-Content que cela te plaise, alors.

Ils finirent leur repas frugale et Yaeko alla se coucher alors que son guide resta au bord du feu, pour monter la garde; soit disant. Allongée dans la pénombre de la tente, la samouraï ne trouvait pas le sommeil. Son esprit était préoccupé par une multitude de pensées, des questions surtout. En effet, elle se demandait si ce qu'elle trouverait par de-là les océans serait mieux que ce qu'il y avait ici, si c'était la meilleure solution que de tout quitter. Puis soudainement, bizarrement; elle pensa à cet homme qui l'accompagnait, Anseï. Un personnage singulier, un ninja qui n'était pas un ninja. Il rayonnait de gentillesse et semblait à la différence de la quasi totalité des autres n'abriter aucunes arrières pensées...

Une, ou deux heures après; le voilage de la tente s'écarta, laissant entrer l'air frais de la nuit, et le Sunajin. Yaeko l'entendit soupirer et se déchausser, il essayait d'être le plus silencieux possible pourtant. Puis, elle le senti s'allonger à quelques centimètres d'elle. Elle se retourna et l'observa. Grâce à la faible lumière de la lune que filtrait le fin maillage du tissu, elle pouvait devenir sa silhouette et vaguement distinguer sa crinière rougeâtre. Elle ne savait si il dormait déjà, mais sa respiration était lente, calme, paisible. Cela faisait longtemps que personne ne l'avait prise dans ses bras, et se souvenir du réconfort que cela apportait l'avait touché. Elle avait aimé ce contact, c'était ce qu'elle désirait.

Alors, à son tour, elle se rapprocha et passa une main entre son bras et son torse. Sentir sa présence, sa chaleur la réconfortait, l'apaisait. Et presque immédiatement, elle trouva le sommeil. Le reste de la nuit fut sans encombre, sans cauchemar, reposante. Elle se réveilla le lendemain, seule dans la tente. D'un mouvement brusque elle se redressa comme paniquée. Puis elle se calma en entendant du mouvement dehors. Elle se frotta les yeux et quitta la tente. Debout devant les quelques braises survivantes de cette nuit se tenait Anseï avec à la main ce qui ressemblait à une tasse mais en métal, en fait c'était plutôt un genre de conserve. Il retourna et lui adressa un sourire en tendant la dite boîte.

-Bonjour! J'avais un reste de café que je viens de faire passer... Tu en veux ?
"Heu... Je ne sais pas ce que c'est.."
-Ah bon ?! Bien... Gouttes. C'est un peu amer au début mais après, ça va. Et ça te donnera de l'énergie.
"Pouah! Fit-elle après la première gorgée. C'est... Particulier. Elle en reprit.C'est plutôt bon en fait. Ajouta-t-elle avant de finir. Maintenant, on reprend la route!"

Ce qu'ils firent après avoir effacé toutes traces de leur passage. Pendant une grande partie du trajet ils discutèrent de tout et de rien, mais surtout de rien. Ne cherchant pas à poser de questions gênantes ou fâchantes, et cela leur convenait bien comme ça. Enfin, jusqu'à ce que Yaeko dérive vers un sujet qu'elle n'imaginait pas si compliqué, ou tout au moins si triste.

-Yuki no Kuni... J'aurais voulu y rester, mais j'ai perdu tout ce qui m'y retenait. Ma femme du moins. J'ai préféré partir... Mais... Puisqu'on en est aux questions personnelles; qu'est ce qui a provoqué ton cauchemar la nuit précédente ?
"Désolée pour ta femme... Mes cauchemars ? c'est très compliqué à comprendre... Et long à expliquer.."
-Bien, vas-y. On a encore pas mal de temps devant nous.
"Eh bien... Là où j'habitais... à Tetsu, je faisais partie d'une famille aisée. Au milieu du printemps, un impôt est prélevé. Une famille n'avait pas les moyens de le payer. Alors, j'ai voulu les aider, financièrement. Mais le percepteur s'en est rendu compte, et prétendait que cela portait atteinte à l'honneur de cette famille. Alors, je me suis interposée pour endosser la responsabilité. Le percepteur m'a battu. Elle pointa son oeil droit du doigt. Mon frère est intervenu pour me défendre et il a tué deux des gardes du percepteur et a été tué par ce dernier. Pour rembourser la perte des deux soldats et l'affront de mon frère; il a été réclamé que mon père soit exécuté et que je sois donnée au Château. Ma mère m'a reniée, et j'ai exécuté mon père. Expliqua-t-elle sans que sa voix de chancelle, continuant de marcher."
-Je...

Il l'observe un instant et sent son coeur accélérer, battre plus fort. Il ne s'était pas attendu à une telle histoire. Il avait parfaitement compris, elle était orpheline; sa situation était plus tragique que la sienne, à lui. Il comprenait aussi sa façon d'être, distante et proche à la fois. Elle ne voulait pas s'attacher mais voulait aussi sentir quelqu'un à ses côtés. Elle voulait une épaule sur laquelle se reposer. Et ce qu'elle était aujourd'hui, une samouraï; avait du la remplir d'une grande fierté ce qui expliquait qu'elle ne se livrait pas facilement.

Il l'attrapa par la manche de son kimono. Yaeko se retourna et fixa l'Habashi qui la tira vers lui et la serra contre lui. Anseï avait finalement trouvé la personne qui lui ressemblait le plus dans ce monde, davantage encore que sa jumelle. Qui aurait pu lui dire qu'il la rencontrerait dans le désert de pays qu'il n'aimait pas ? Personne, parce que c'était impossible. Seule la destinée y était pour quelque chose, lui permettre d'être frappé à nouveau par ce sentiment découlant d'une rencontre fortuite. Le vent souffla un instant sur le haut de la dune qu'ils couronnaient puis Anseï prit le visage de la jeune femme entre ses mains, délicatement.

Yaeko l'avait laissé faire, elle ne savait pas ce qu'il allait faire; mais secrètement, elle l'espérait. C'était sans doute rapide, prématuré, impromptu ou encore impossible mais loin d'être incertain, au contraire. Jamais la Tsukimi n'avait été aussi sûre de ce qu'elle voulait. Elle ressentait pour le rouquin exactement la même chose que pour Mugen, mais avec plus d'intensité encore, comme si elle venait de découvrir et trouver quelque chose qui importait bien plus que sa propre petite personne. C'était étonnant, tout simplement. Qu'un homme, un ninja qui plus est; parvienne à faire tomber le rempart derrière lequel elle s'était enfermée relevait ni plus ni moins que de la fiction, et pourtant.

-Je suis tellement triste de ce qui t'ai arrivé... tu... tu as le droit de pleurer Yaeko; ça ne te rendra pas plus faible. Il la fixait de ses grands yeux écarlates, sans rien dire de plus.

Yaeko fut surprise, agréablement. Quelqu'un se préoccupait d'elle et pourtant il n'était pas en reste. Il était vrai que depuis la mort de sa famille, elle n'avait plus versé une seule larme même sous la douleur ou les violences psychologiques. Elle s'était tellement endurcie durant ces dernières années. Mais face à lui, à ses mots; elle sentait qu'elle pouvait se laisser aller. Alors, pour la première fois depuis si longtemps elle s'abandonna, elle versa une première larme et plongea son visage dans le torse d'Anseï, sur lequel elle pleura, déversant tout ce qu'elle avait pu retenir jusqu'à ce jour. Puis, elle releva la tête et s'essuya les yeux. Son regard ne se détachait plus de celui d'Anseï et finalement elle déposait sur le bord de ses lèvres un délicat baiser.

L'Habashi fut légèrement surprit, il savait que quelque chose se passait entre eux mais était loin de se douter que la Samouraï éprouvait quoi que ce soit pour lui. Finalement il était heureux qu'elle se livre autant. Il esquissa un sourire et lui rendit un baiser plus tendre encore, Il ne savait pas à quoi tout ceci mènerait, combien de temps cela durerait; mais peu importait. Si ce n'était que le temps du voyage vers la capitale, ce serait déjà bien. Puis il n'était pas à l'abri de la suivre, et de tout quitter à nouveau...