« Où a-t-il bien pu disparaître ? » Se demanda-t-elle sérieusement.

Les négociations avaient finalement eu lieu avec le Ministre des Affaires Etrangères – ou du commerce – du Pays du Feu ainsi qu’avec le représentant de Konoha pour cette occasion, en l’absence d’Akuzu Shinji. En effet, elle avait décidé d’écarter son coéquipier des échanges en raison de son caractère impatient, vulgaire et perturbateur.

Cependant, elle avait espéré le retrouver dans les bras d’une fille dans la forêt d’Ame, ou encore dans quelques bars du pays. Peine perdue. La forêt était épaisse, sombre, grise, peu accueillante pour des caresses et des belles paroles entre amants. Quant aux lieux de divertissements, ce pays en était totalement dépourvu. Hormis le Marcassin Agité, il était difficile de mettre la main sur un bar ou sur un club de strip tease – lieux de prédilection du borgne. Les rares bars miteux trouvés … étaient dépourvus de Shinji et personne ne semblait l’avoir vu.

« Sincèrement, il a dû se perdre dans les bras de quelques filles d’Usines quelque part » conclut-elle, en se rendant à nouveau à l’Auberge pour récupérer ses armes soit son arc et son carquois. Il fallait qu’elle s’entraîne à une ou deux défenses en l’absence de chakra et surtout apprendre à chasser et être utile durant le voyage. Elle n’allait pas laisser Shinji se charger de tout.

- Vous avez reçu une lettre Mademoiselle Kawaguchi, annonça le propriétaire.

Elle remonta dans sa chambre pour lire en paix. C’était la réponse de Yami à sa précédente lettre. Au fur et à mesure de la lecture, le visage de Tsukiko s’assombrit. Ce qu’elle retenait était la maladie chronique de la Ketsueki et de sa probabilité de mourir dans les deux ou cinq ans. Une nouvelle qui fut un coup dur pour la blonde. Une nouvelle qui l’enflamma de colère vis-à-vis de Shinji.

Comment pouvait-il abandonner celle qu’il disait aimer alors qu’elle pouvait mourir à tout instant, alors qu’elle avait besoin de soutien et d’amour de ses proches ?

« Il va le regretter amèrement ». Elle n’avait pas quitté sa propre famille jusqu’à ce qu’ils meurent. Pourtant, les secondes qui les avaient séparés toute leur existence semblait être des secondes jetées inutilement à la poubelle.

Enervée, elle ne resta guère longtemps dans sa chambre, préférant aller tirer quelques flèches pour évacuer cette soudaine colère et tristesse. Elle n’avait plus de larme pour exorciser ces sentiments et plus de bracelets électro-choc pour l’assommer. Elle était plus que jamais livrée à elle-même et à ses sentiments. Elle eut une petite pensée pour Kioshi et Kibo … Elle aurait voulu les avoir là.

Elle s’enfonça à nouveau dans la forêt et commença une autre série d’entraînement au tir à l’arc. Elle rata plusieurs cibles soit par manque de précision, soit par manque de force. Elle était plus qu’énervée. Si énervée que quelques grains de sable à peine visible à l’œil humain virevoltaient autour d’elle, matérialisation de ses sentiments.

Cependant les grains disparurent dès qu’une silhouette noire, à la chevelure blanche, apparue, usant d’un langage familier à son égard. La surprise avait remplacé la colère.

- Petit, les accidents arrivent surtout si tu es hors sentier. Et tu pourrais les éviter si tu restais auprès de tes parents, sur les sentiers, répondit-elle en soupirant, agacée par l’attitude du gamin de trois pommes.

Elle n’était guère grande mais elle dépassait déjà le petit d’une vingtaine de centimètre. Elle finit par descendre la capuche qu’elle avait pour fixer le bandeau visible du garçon.

- L’Alliance des Pays Neutres … Tu es un Shinobi donc. Alors sache que tu te retrouveras dans plus d’une fois où tu risques plus qu’une simple flèche accidentelle.

Il serait temps d’arrêter de vivre dans le monde des rêves. Il fallait grandir un peu.

- Si tu permets, j’ai encore à m’entraîner, déclara-t-elle en récupérant ses flèches, les traits à nouveau sombre. Au revoir.

Yami malade, Kibo et Oniri absents, Kioshi déprimé, Shinji étrange, la proposition d’Howaito … Les sujets de réflexion étaient nombreux et sombres pour la plupart. Elle était tout sauf heureuse à cet instant-ci.

« Je suis maudite … » se dit-elle.

Elle était un tantinet sur les nerfs. Elle appréciait cet éloignement de Suna, mais en même temps, elle craignait un peu de ne pas être présente pour … un éventuel danger. Elle appréciait également ce petit tête-à-tête avec elle-même et la nature mais en même temps, craignait un tantinet cette solitude avec des bracelets d’entrave chakra.

Sa vie n’était qu’une suite de contradictions. Et autant dire qu’elle était sous sauf « heureuse » ou « détendue ». Autant dire que son humeur n’allait pas en mieux au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient, et qu’elle voyait le petit homme la poursuivre et l’observer.

« Si j’étais une Shinobi sans affiliation à un village, est-ce que je pourrais le tuer ? » se demanda-t-elle. Elle pourrait le tuer concrètement car elle n’engendrera aucun conflit de village stupide – ou risquer un conflit village stupide – et donc la vraie question est de savoir SI elle le voudrait. Est-ce que sa morale, si non Sunajin, l’aurait poussé à le tuer.

« Je le tuerai » finit-elle par dire lorsque le petit homme eut l’intelligence de faire un petit commentaire sur l’entraînement de la Kunoichi. Pourquoi n’insufflait-elle pas de chakra dans son arc ? Peut-être parce qu’elle n’en avait pas pardi ! Sauf qu’elle ne le dira pas. C’était presque une porte ouverte pour un avenir d’otage ou pour un avenir de baby-sitter d’un enfant haut de trois pommes qui ne la prendrait pas au sérieux.

- Je suis Kawaguchi Tsukiko, Shinobi de Suna, village caché du Pays du Vent, dit-elle en montrant son bandeau. Lorsque tu sors de ton pays petit, apprend un minimum le symbole des autres villages. Tu pourrais éviter de très mauvaises surprises.

Elle remit son arc sur le dos, conscient qu’elle ne pourrait pas se débarrasser du « petit » avant un certain moment. Soupirant, elle continua sa marche jusqu’ à la route principale. Comme elle s’y était attendue, le petit continuait à la suivre.

- Si j’avais été un ennemi de l’Alliance des Pays Neutres et sadique de surcroît, j’aurais pu être tenté de t’achever vois-tu … Et faire passer cela pour un stupide accident de chasses. Tu aurais pu tomber sur un criminel détestant ton village. Où est ton binôme d’ailleurs ? demanda-t-elle en lançant un regard à droite et à gauche désespérément.

Et elle repensa à quelque chose.

- Comment sais-tu que je n’insuffle pas de chakra dans mes flèches ? J’aurais pu le faire mais en petite quantité …

Elle arqua les sourcils, attendant la réponse du petit. Et attendant un binôme qui n’arrivera jamais. Encore un autre regard critique sur son paquet de bonbons et elle soupira.

- Arrête ses conneries. Tu vas te retrouver gros, incapable de bouger, ou avec des dents pourris. Le jour où tu deviendras célèbre pour des hauts faits, si tu y arrives, on t’appellera « Dents pourris ». Dans toute l’Histoire. Pour des générations entières.

Elle était vraiment cassante certains jours. Il était tombé sur ces certains jours.

Tsukiko soupira longuement. Cet enfant était totalement inconscient du danger et, si elle avait toutes ses capacités Shinobi, elle aurait volontiers soumis le petit à un combat amical dans l’unique but de l’aplatir à plate couture. Peut-être qu’il comprendrait à quel point le monde Shinobi était dangereux et sans pitié ?

« Étais-je aussi insouciante à l’époque ? » se demanda-t-elle, se promettant au passage de le demander à Kioshi lors d’une prochaine lettre. Qu’ils s’entendent ou non, elle avait promis des lettres et elle tiendra sa promesse. Il pouvait brûler les lettres, les garder, les renvoyer, les ignorer elle continuerait.

« Fort dommage que je ne maîtrise plus aussi bien le sable. Je l’aurais bien enfoncé dans le sous-sol de cette terre » se disait-elle.

- Je suis à Ame no Kuni dans le cadre d’une mission pour mon Pays.

Sa mission était noble et semblait être une réussite. En effet, elle avait pour objectif de négocier une alliance commerciale comme militaire avec Konoha pour plusieurs raisons. Tout d’abord avoir les ressources nécessaires pour son projet de développement de Kaze et de Suna d’un point de vue économique et technologique. Ensuite, avoir droit à un allié pour les prochains conflits ou batailles ou menaces. Isolé, un village n’ira guère loin.

Cependant, voilà une mission pour grande personne. Et surtout, voilà une chose qu’elle ne dirait pas à un membre de l’Alliance des Pays Neutres. Ce dernier regroupement aura bientôt droit à une visite de sa part, pour une mission similaire, mais pas dans l’immédiat. Elle devait d’abord attendre le feu vert de Zanshi sous forme d’une lettre signée de sa main, et l’autorisant à poser un pied dans ce pays étranger sans risquer un petit passage dans les Geôles.

- Vous ne devez guère avoir du soleil au Shukai. Entre le pays des neiges ou les autres pays du Nord. Vous devez avoir sacrément froid … au point où même les cheveux sont gelés éternellement. Des cheveux blancs avant l’âge, je te plains gamin. Etes-vous aussi froid que votre pays petit homme ? Je risque de venir au Shozaichi un jour, vais-je finir dans les prisons ou dans une confortable chambre parce que je suis Sunajin ?

Elle savait qu’il allait faire cette « tête mignonne boudeuse ». Une tête qui réussit – presque – à lui arracher un semblant de sourire. Cependant, le fantôme de ce croissant disparut bien vite lorsque le gamin fit une référence à son chakra « inexistant ». Elle avait dû chakra mais pour deux ou trois tours de passe passe.

- La curiosité est un atout mais également un bien vilain défaut. Là maintenant, je dirais que c’est un vilain défaut. Je n’aime pas les gens trop curieux. Si tu veux savoir, tu dois le découvrir toi-même et astucieusement. En me l’ayant dit, tu viens de perdre toute chance de le savoir.

Elle ferait plus qu’attention à ses poignets maintenant. Il manquerait plus que le gamin saute dessus et découvre le système des bracelets imaginé par les Saibogu.

- Tu es donc un petit senseur hein. En voilà un talent qui peut aider. Cependant, c’est très réducteur en combat … Hormis esquiver, ou te cacher, tu ne peux rien faire, dit-elle avec un air bien désolé.

Elle disait peu, s’attendant à ce que l’enfant soit le plus bavard sur sa vie personnelle.

Elle abattit sans aucune pitié le bout de son arc sur le crâne de cet être malpoli. Ne savait-il pas qu’il ne fallait pas critiquer le physique d’une demoiselle, surtout si cette dernière frôlait les vingt-deux ans à peine.
 
- Mes cheveux sont blonds … Pas blancs.
 
Il était de notoriété publique que la couleur blanche se voyait rarement dans cette épaisse chevelure dorée. C’était l’un des rares avantages d’une telle couleur au sein du pays du Vent. En effet, cheveux blonds étaient souvent synonyme d’une peau blanche et cette dernière était un brin trop exposée aux rayons du soleil, virant davantage au rouge qu’au caramel doré.
 
- Je plains le jour où tu commenceras à draguer les filles … se mumure-t-elle, soupirant déjà pour les pauvres futures fillettes en proie aux avances douteuses de ce petit homme blanc ou même pour ce dernier qui aura droit à plus d'une gifle.
 
Elle continua à marcher, écoutant plus ou moins les propos de l’enfant. Il y avait une chose qui n’avait pas cessé de la chiffonner depuis le début : l’Alliance des Pays Neutres. Il semblerait qu’il y ait quelque changement car il s’embrouillait entre des mots comme « depuis » - signe de changement – ou encore avec le nom même de l’Alliance.
 
- Pour un Chunin, tu hésites sacrément au sujet de ton village, que ce soit pour son nom ou ses méthodes. Je te demandais juste comment l’Alliance accueille les étrangers et tu ne me donnes aucune réelle réponse.
 
Un soupir agacé s’échappait de ses lèvres. Comment avait-on pu nommer un enfant « Chunin » alors qu’il était à peine au courant de sa propre patrie.
 
- Si tu viens à Suna, tu auras droit à un interrogatoire en règle aux portes. Ensuite, tu seras sous escorte. Simple, efficace, clair. Toi, tu te contentes de me dire « peut-être », comme si vous n’êtes pas d’accord sur votre propre sécurité au sein de l’Alliance. Je vous imaginais plus organisé.
 
Suite à la destruction de Kiri, beaucoup s’était attendu à ne plus voir l’émergence d’une quelconque puissance. La surprise fut de taille lorsque les pays neutres se regroupèrent sous une Alliance afin de contrer la puissance des villages Shinobis. L’idée pouvait être noble mais elle était un brin … étrange. Comment prétendre battre un idéaux en devenant soi-même une partie de cet idéal ? Au final, sous les traits du Triumvirat ou de la suprématie des Daimio, le Shukai était comme Suna ou Kumo ou Konoha, soit un village Shinobi.
 
« Une boucle sans fin » conclut-elle.
 
Ils finirent par arriver devant un cimetière. Etrange à dire mais beaucoup portait le nom de Sabakyo. La répression avait été vraiment forte par le passé il semblerait. Ne les connaissant pas, et n’ayant aucune famille en son sein, elle fit tout de même quelques prières. Certains – peut-être une majorité – étaient des innocents. Ils étaient morts injustement.
 
C’était pour eux qu’elle priait.
 
- Montre du respect pour les morts. Et rappelles toi que c’est notre fin, à tous.
 
Sauf que les Shinobis ont une fin plus rapide que la moyenne, à moins d’être la crème de la crème du monde Shinobi. Quant à ce dernier objectif, il était des plus ardus et compliqués.

- Aussi te rappeler qu'ils pourraient venir te hanter la nuit ... rajoutait-elle, prise d'une envie soudaine de taquiner cette petite tête.

Elle riait sous cape devant l’innocence et la naïveté de l’enfant. Il pouvait être un Shinobi et il aurait pu assister à la mort de quelques compagnons mais sûrement pas à celles des frères d’arme ou même à des membres de sa famille. En effet, ceux qui avaient déjà perdu un proche et qui se rendaient donc régulièrement dans de tel lieu ne craignaient plus les morts et leur repos. Pire, ils attendaient le moindre signe de ces derniers … Un seul et unique geste afin de savoir s’ils étaient en paix ou s’ils pouvaient revenir réconforter le vivant.

« C’est encore un gamin » conclut-elle en souriant sincèrement pour la première fois de sa vie, ne rejetant pas l’enfant qui s’était réfugié derrière elle.

- Nous sommes des Shinobis, on les arrêtera au pire voyons, répondit-elle en se permettant même de rire.

Cependant son air amusé laissa place à un air perplexe. L’enfant avait désigné « l’Alliance » sous le nom « d’Empire ». Ce n’était peut-être qu’un infime détail du langage mais les retombées politiques étaient importantes. L’un était davantage tourné vers collaboration entre différentes puissances ayant leur pouvoir alors que le second semblait plus enclin vers la tyrannie et la concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul et unique homme.

- Je serais amusée de voir si les gardes de l’Alliance … ou de l’Empire, sont enclins à emprisonner une simple blagueuse, répondit-elle dans un premier temps pour ne pas brusquer l’enfant.

Elle se tut un court instant pour fixer à nouveau ces tombes longuement.

- Tu hésites sur le fonctionnement de l’Alliance et tu vas jusqu’à le désigner sous le nom « D’Empire ». Il semblerait que les choses changent au Shukai. Pourrais-tu me dire exactement quoi, que je sache si je fais bien ou pas de choisir votre capitale comme seconde destination ?

Elle devait s’y rendre avec Shinji sur ordre de Zanshi – la lettre faisant office de laissez-passer était dans son sac – et souhaiterait à priori y entrer vivante et en ressortir vivante, sans emprisonnement ou embrouille. Si la situation était catastrophe et la politique dure et lourde vis-à-vis des étrangers, alors autant se tenir loin et se contenter de correspondre.

« Enfin, espérons que cela ne changera en rien nos plans. L’alliance que Suna propose peut être bénéfique pour tout le monde, même pour un nouvel Empire. Peut-être même que grâce à ce nouveau système, ils seront plus enclins à nous écouter » pensa-t-elle, se promettant de faire signe à Zanshi dans une prochaine lettre.

L’idée d’envoyer une lettre à l’Ecarlate la mettait mal à l’aise. Comment garder un quelconque sérieux, professionnalisme ou une conscience « propre » quand elle avait sur sa conscience une aventure avec l’amant de cette dernière ET également mentor de la blonde ?

« Pas de regret … mais les conséquences … » ne put-elle s’empêcher de penser, soupirant devant cette complication qu’elle s’était créé.

- Un Empire veut dire un Empereur avec tous les pouvoirs n’est-ce pas ? Qui est donc … votre Empereur ? Où est donc passé votre système de Triumvirat.

Son clan, pendant qu’il l’avait formé, l’avait mis au courant du système politique de chaque village. Celui du Triumvirat fut le plus ardu à apprendre en raison de la fonction de chacun. Encore aujourd’hui, elle serait incapable d’expliquer ce qu’on lui avait appris. Tout ce qu’elle avait retenu était que trois hommes, soumis aux Daimios, dirigés le village militaire de l’Alliance des Pays Neutres.

« D’ailleurs, l’Alliance était censé protéger ces petits pays de l’oppression des villages Shinobis … les voilà finalement sous l’égide d’un village Shinobi. A moins que cela ne soit un Civil … Hum ».

Les Shinobis étaient si prompts à renverser l’ordre mondial qu’elle ne pensait pas forcément aux Civils.

Il semblerait qu’elle ait tapé sur un sujet extrêmement sensible car, soudainement, les traits du jeune homme se firent sérieux et graves. Il semblait avoir pris deux ans soudainement. Il était étrange de constater à quel point les événements marquants pouvaient vieillir un homme ou une femme. C’est donc par respect pour ce « grand » homme qu’elle se tut, écoutant avec attention chaque parole, n’esquissant ni sourire ni tristesse.

Pouvait-elle le plaindre ? Pouvait-elle l’encourager à emprunter une direction particulière ? Non. Pour la seule et unique raison qu’il était son propre maître, qu’il avait à décider lui-même de son destin. Enfin, et plus important, elle n’était pas une Shukajin mais une Sunajin. Elle n’était en rien « neutre » à ces perturbations et dû à ce manque de partialité qu’elle se retint de dire quoi que ce soit.

Kawaguchi Tsukiko écoutait. Voilà tout. Et c’était déjà beaucoup au vu de son caractère actuel tendant plus vers la sauvageonne solitaire que vers l’oreille attentive.

- Ainsi donc le Shukai a été attaqué. Et vous avez droit à un coup d’Etat maintenant

Le Shukai pouvait ne pas être dangereux pour elle ou tout autre étranger. Le Nouveau « Empereur » pourrait vouloir profiter des richesses et propositions des autres nations pour raffermir et renforcer sa position. Soit, entre autre, accepter la merveilleuse alliance de Suna s’il daignait à écouter. Tsukiko était pour le coup bien moins encline à proposer l’aide économique et, ou, militaire de Suna à cette Alliance. Son « Empereur » actuel ne venait-il pas de briser une promesse d’union faîtes aux différents pays neutres s’étant mis sous son égide ? S’il était apte à trahir son propre peuple, qu’en était-il des autres ? Il fallait qu’elle en informe la Kazekage, à moins qu’elle ne soit déjà au courant.

- Quel âge avais-tu déjà ? demanda-t-elle soudainement.

Dire qu’il était son « ami » serait exagéré mais elle commençait à éprouver de la sympathie pour le garçon. D’une, il ne semblait guère avoir la vie facile en tant que Shukajin – toutes les valeurs apprises à l’Académie ont dû être bouleversé pour le coup – et de deux, il n’était pas aussi inconscient qu’il avait fait croire de prime abord.

- Je ne peux ni te conseiller, ni partager ton désarroi pour deux raisons. D’une, Je n’ai pas juré de protéger l’Alliance mais Suna. De deux, je ne suis pas impartiale car je pourrais y trouver la de l’intérêt.

Elle se tut un court instant, observa le petit être et soupira longuement. Se sentait-il trahi ? Si oui, elle ne pouvait que comprendre ce terrible sentiment à la fois d’abandon, comme de frustration, mêlé à du désespoir.

- J’ai été trahi à plusieurs reprises. Car j’ai accordé ma confiance aux mauvaises personnes. Car je n’ai jamais cherché à connaître la vérité sur mon environnement et les personnes y vivant. Car j’avais accepté de me nourrir de mensonges et d’illusions. Malheureusement, ou heureusement je ne saurais dire, la Vérité éclate toujours. ET elle peut être tranchante si tu l’as ignoré ou tu ne l’as pas cherché plus tôt, dit-elle d’une voix emprunte d’une profonde tristesse.

Suite à ses paroles, plusieurs images l’assaillirent. Son passé de pickpocket dans les rues de Konoha, les vols à la maison ou encore les mauvaises rues fréquentables où elle avait risqué plus gros qu’une bourse d’argent la couvrirent de honte. Son clan et sa surveillance constante eurent le don de la mettre en colère. Ses relations détruites avec ses coéquipiers dus à sa trop grande et stupide méfiance ne déversaient qu’un torrent de désespoir dans son âme éclatée en mille morceaux.

- Malheureusement, les trahisons ou les erreurs ne seront pas des faits uniques dans ta vie, surtout dans ton existence de ninja. Plus d’une fois nous serons utilisés, plus d’une fois nous serons sacrifiés pour des idéaux ou des jeux de pouvoir.

Finalement elle mit une main sur le crâne du garçon et plongea un regard bienveillant – mais avec un fond dur – sur le visage de l’enfant.

- Ce qui différence un ninja ne servant que de chair à pâté d’un ninja servant une cause est que l’un sait pourquoi il se bat et l’autre non. Savoir ne se limite pas à accepter ce qu’on te dit. Savoir … c’est ce que toi tu sais, et que tu as appris. Le Savoir c’est le pouvoir Hiko. Et précisément parce que c'est un grand pouvoir qu'y parvenir est ardu. Seuls les plus forts, les plus astucieux et les plus intelligents en apprennent tous les ... filons.

Pourquoi lui disait-elle de telle chose, qui peut-être, n’auront ni queue ni tête pour l’enfant.

- Si je meurs, je veux savoir pourquoi. Si … on me tue pour une hypothèse que je n’ai pas pu prouver, je serais bien triste. Et sinon ... Je saurais beaucoup de chose. ET je déciderai quoi faire. Eviter une catastrophe, la déclencher ... Ca sera mon choix. Et uniquement le mien,, conclut-elle en souriant ironiquement, abandonnant ce court contact physique, réajustant l’arc et le carquois, pour emprunter un sentier.

La Vérité et la Survie.
Voilà deux mots qui la définiraient dorénavant.

- Confies-toi si tu désires mais, et voilà la seule fois où je serais entièrement et totalement honnête avec toi, je ne dirais rien, je ne te conseillerai ni en mal ni en bien. Et je garderais tout dans ma tête. L’utiliserais-je si j’ai un intérêt ou non, je ne sais pas.

Elle lança un regard critique au garçon.

- Tu es bien jeune alors je veux bien faire une exception. Je ne dirais rien, je ne répéterais pas, et je n’userais pas. Ce que tu diras aujourd’hui restera entre nous. Parole d’une Kawaguchi, clan fier et orgueilleux dont la parole vaut de l’or.

« Treize ans trois quart … Ce ne sont que les enfants qui diront cela » se dit-elle, souriant devant tant « d’énergie » et de « précision ». Aussi loin que remonte ses souvenirs, elle n’avait guère eu le droit de pouvoir jouer ainsi sur son âge. Elle avait toujours à se faire vieillir en mentant clairement sur l’âge afin d’obtenir un ou deux travails dans le village de Konoha, pour avoir du pain le soir. La vie d’orpheline n’était guère une chose aisée, et elle ne laissait guère le droit à être un « enfant » et à vivre cette « enfance et jeunesse » pleinement. Elle ne pouvait s’empêcher d’être « triste » pour lui. Il mériterait de vivre une enfance joyeuse et non une vie de Shinobi lourde et douloureuse.

- Je vais réinstaurer le Triumvirat.

Elle le fixait longuement, les yeux un tantinet rond devant une telle déclaration. Un court instant, elle imaginait ce petit être frêle devant cette figure nommée « Empereur » - sûrement un ninja colossal, ou extrêmement sournois s’il avait trouvé suffisamment de support pour faire un tel Coup d’Etat – et aussitôt son regard se voilà de tristesse. Peut-être que ce sera la dernière fois qu’elle verrait cet enfant, et peut-être allait-il mourir prématurément.

- Si c'est pour quoi tu veux te battre, c'est ton droit. Cependant, Ne meurs pas bêtement. Les morts n’ont aucune utilité comparés aux vivants.

Elle était persuadée – pour le moment – que la vie offrait plus de plaisirs que la mort. C’était vrai en somme, mais jusqu’à maintenant, elle n’en avait guère eu droit. Elle avait toujours à choisir les offres sombres ou perverses, contre ses principes et la morale du monde. Cependant, qu’elle le veuille ou non, c’était cette phrase emplie d’espoir qui l’avait maintenu en vie jusqu’à maintenant.

Après ce conseil plein de « sagesse », la demoiselle quitta le cimetière pour s’engouffrer à nouveau dans la forêt. L’enfant demanda alors s’il pouvait essayer son arc. Levant les yeux au ciel, elle accepta. Elle n’était guère douée et elle n’était guère attachée à l’arme … Alors si le gamin s’y amusait plus, pourquoi. Ainsi, pendant qu’il s’entraînait à tirer, elle se contentait de s’asseoir dans un coin, et s’y assoupir, répondant de temps en temps aux exclamations du gamin par des « oui oui » ou « hm hm ». Aujourd’hui, elle était décidément peu encline à la discussion. Etait-ce dû aux récents événements ou par « Jalousie » ? Se dire, en voyant ce sourire, que jamais elle n’avait eu droit à de tels épanchements, que la vie était injuste ?

Cependant, lorsque le soleil annonçait petit à petit la fin de son parcours pour la journée – colorant le ciel d’un gris bien déprimant – elle conclut qu’il était temps de se séparer.

- Peut-être nous reverrons-nous, dit-elle. L'enfant l'arrêta un court instant pour lui glisser des mots griffonnaient sur un papier. Sans y jeter un coup d'oeil immédiat, elle le plaça dans un coin de son petit sac en bandoulière. Bon voyage.

Et sans un mot supplémentaire, ou geste ou regard, elle le quitta, tournant son dos pour se diriger tout droit vers le Marcassin Agité, l’Auberge où elle logeait. Elle était loin de deviner qu’elle allait faire face à un nouveau bien sinistre, qui allait la plonger dans un profond désespoir. En effet, après une dizaine d’années sans la moindre perte, elle s’était confortée à l’idée qu’elle ne perdrait plus personne. Malheureusement ce n’était pas le cas. Pire, cette mort allait la mener à un croisement dans sa vie, et pencher petit à petit la balance vers une seule et unique décision et vision de la vie.

Doucement mais sûrement, Tsukiko alla à la rencontre de la Mort. Et à nouveau, cette dernière avait préféré rendre visite à ses amis proches plutôt qu’elle. Décidément, en voilà une figure mortelle des plus capricieuses …

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