- Elle prétend que les Kawaguchi complotent contre Suna ! Quelle impertinence ! s’exclama une Ancienne du clan.
- Comment peut-elle nous insulter sur notre propre domaine ? enchaîna un autre.
- Pourquoi dit-elle une telle chose ? Elle a des preuves peut-être, souligna un énième ancien.
- Alors qu’elle fasse appel à un jugement devant un tribunal avec ses preuves ! Ne vivons-nous pas dans une démocratie ? s’insurgea un autre. Nous serons les premiers reconnaissants si elle déniche des traîtres !
- Peut-être était-elle soul pendant qu’elle l’a discuté avec ce Kira.
- Kira est aussi reconnu pour être impertinent !

Tsukiko écoutait, le teint toujours plus pâle qu’elle cachait par des couches de maquillage toujours plus importantes. Son bras droit, Suno, comprenait à quel point elle atteignait une limite tant physique que « mentale ». Il aurait désiré, plus que tout, « jeter » ces Anciens indignés pour permettre à la cheffe de se reposer mais malheureusement, c’était exclu. Par un tel acte, Tsukiko perdra tout respect et crédibilité au sein de son clan : elle se devait de se montrer forte et toujours prête à défendre les intérêts de son clan, ou à y mettre un ordre immédiat. Consciente de ce rôle, elle réfléchissait profondément. Suno pouvait voir aux plis sur son front.

« Elle va avoir des rides bien jeunes » se disait le vieil homme. A peine était-elle devenue cheffe de clan qu’elle ne cessait de gérer des situations improbables ou de crises. Il se demandait, sincèrement, quelle sera la durée du règne de la jeune blonde. Si elle se maintenait en tête durant de longues années, elle sera surement une femme effrayante. Si elle abandonnait en cours de route, elle sera sûrement un tout autre danger ou une source de sagesse … En somme, c’était un pile ou face.

- Suffit, finit-elle par dire d’une voix atone. Ma décision est prise.

Aussitôt chacun retint son souffle.

- Nous ne vivons nullement dans une Tyrannie, en théorie, mais au sein d’une démocratie. Avant le Conseil nous avons également eu des Tribunaux. Ainsi, je vais apporter ce fait à un Tribunal, public, connu de tout Suna.

Chacun s’étonnait devant cette mesure. Soupirant, la demoiselle continua.

- Aujourd’hui, je vais vous avouer quelque chose qui concerne une vieille affaire mais dont nous subissons tous et toutes les conséquences aujourd’hui. Je connais le véritable assassin d’Habashi Zanshi d’une source sûre que je ne peux révéler aujourd’hui. Cet assassin semble être au courant de ce savoir, et semble être maintenant une menace. Oui, vous l’avez compris, le meurtrier est Saibogu Oniri.

Elle raconta dès lors que sa source secrète faisait partie d’une organisation secrète crée par Zanshi, et dont Oniri faisait partie. Que pour une raison bien « floue », elle avait organisé le meurtre de l’Ecarlate. Que Kira avait été là durant cette rencontre de fortune.

- On va être scandalisé de mes propos, on risque de me traiter de menteuse, ou au contraire, on va apprécier ma volonté de mettre la vérité sous lumière. On peut déformer, sciemment ou non, mes propos. Qu’importe : ma décision est prise. Un Tribunal public se tiendra. Chacun aura à avancer les preuves de son innocence ou de sa culpabilité, être jugé ou s’excuser.

Elle se tut à nouveau.

- Dans cette épreuve, je compte sur mon clan pour me soutenir. Car je dis l’unique vérité. J’aurais souhaité enquêter plus longtemps mais Oniri se montre dangereuse à menacer mes proches, mon clan. EN parallèle, j’ai eu vent que certains membres de cette unité sont mort dans une embuscade en plein Ki no Kuni. Presque tous. D’un coup.

Le silence pesa dans ce hall de la demeure de Tsukiko. Finalement, après une vérification de ses paroles par senseurs Kawaguchi, chacun admettait une chose : elle disait vraie. Plus que jamais, le clan Kawaguchi se tiendra aux côtés de son cheffe.

***

Les nouvelles couraient dans toutes les rues. Patience, elle patientait dans ce hall vide, attendant qu’une autorité vienne. Qu’elle ne fut pas sa surprise de voir que c’était le Kazekage lui-même. Elle se releva, le salua du mieux qu’elle put, et attendit avant de répondre.

- Je souhaite expliquer devant un Tribunal composé de juges, et de quelques senseurs. Je ne souhaite nullement que mes paroles se perdent entre quatre murs de sable.

Elle se tut et lança un regard à cet homme qui était son professeur.

- Je dis la vérité : Saibogu Oniri est celle qui a tué Habashi Zanshi. Je ne mens pas.

Elle ne mentait nullement.

- Tout ce que je dirais, je le répéterais au Tribunal, sachez-le. Posez les questions, je répéterais les mêmes réponses aux juges.

Selon la loi clanique, toute menace devrait être exécutée. Qu’elle soit interne ou externe. Cependant, en intégrant les rangs de Suna, les Kawaguchi avaient sacrifié certaines lois claniques, et aujourd’hui, en voilà une première preuve.

Spoiler:

« Tendu comme un arc » conclut-elle dès qu’elle le vit rentrer. Ajoutons à cela qu’il n’était nullement « concentré » étant donné qu’il n’avait pas immédiatement remarqué la présence évidente de la Kawaguchi dans le grand Hall. Elle se disait qu’il n’était – peut-être pas – l’interlocuteur idéal. Malheureusement, tous les signaux corporels et chakratiques de Kioshi indiquaient qu’elle n’avait nul choix que de donner un début d’explication ici au lieu du tribunal.

« La Démocratie, une belle farce » se disait-elle.

- Je suis la preuve, se contenta-t-elle de répondre. Je n’avais guère le choix. Je souhaitais attendre la fin de l’examen et le retour de chacun à son pays mais … les événements ont précipité l’inévitable, je suppose, concéda-t-elle.

Elle aurait voulu soupirer mais elle se retint.

- Je ne suis pas douée pour mentir, Kazekage-same. Je dirais aujourd’hui la vérité, et vous n’aurez qu’à confronter avec les paroles d’Oniri. Vous verrez bien vite … le crime, finit-elle par dire doucement, indécise sur le ton à adopter.

Il n’avait cessé de proclamer être l’amant de Zanshi mais avant même d’enterrer la dame qu’il avait déjà vagabondé dans plusieurs bras, disait-on. Et Tsukiko devait admettre qu’un bras y était, et nullement celui de Zanshi. Ainsi, après un an, avait-il oublié l’Ecarlate pour une autre ou des autres ? Ou alors avait-il encore un soupçon de flamme pour la défunte ?

« Il n’a nullement été investi dans l’enquête que ce soit pour trouver les complices, ou la vérité ». Autant dire, elle ne savait pas s’il était énervé par une annonce publique ou s’il était en colère vis-à-vis de la « bombe » jetée le ramenant vers un passé finalement douloureux pour sa personne.

- Pour que vous compreniez, il est nécessaire que je « remonte » le temps. J’ai rencontré à deux personnes qui ont dit exactement la même « histoire », et Oniri ne vient que confirmer par ses agissements qu’ils disaient vrais, parlait-elle toujours avec droiture et impassibilité, l’esprit léger et libre. Elle ne mentait pas au final, et ne voyait nullement la raison d’avoir « peur ».

Et l’histoire commença …

- J’ai été envoyé en mission pour rencontrer un « informateur » d’une organisation nukenin sur les terres de la Foudre, aux côtés de Kawaguchi Kira. L’ordre de mission peut être vérifié. J’ai rencontré en dehors des frontières Umi Ji, une Chunin Archiviste de Suna en mission pour la Godaime, apparemment. Suite à la mort de Zanshi, et face aux réformes politiques qui n’étaient nullement de son goût, elle a avoué les différentes … actions de la Godaime. Cette dernière aurait créé une unité secrète qui n’obéirait qu’à elle. Oniri en faisait partie.

Elle n’allait pas s’étendre bien longtemps sur les buts et objectifs de l’Unité. Elle laissera ce soin à Oniri qui en était un membre, et qui avait été accepté sur une certaine base connaissant la Kage. Cependant il ne fallait nullement être un devin pour comprendre les missions peu éthiques confiées à ces personnes : on ne cachait que le répréhensible par le code moral.

- Elle m’a orienté vers un Kawaguchi qui aurait plus d’informations. Une fois à Suna, il m’a confirmé cette théorie, en me donnant le nom de quelques autres membres. Et les deux ont admis que c’était Oniri la meurtrière, finissait-elle sur un ton solennel.

Elle se tut, attentive au moindre geste de cet homme. Elle n’appréciait nullement la présence de ce Katana mais elle ne craignait rien : toute la demeure a été fait de son sable. Un geste menaçant ou furieux de lui, et il sera enseveli … Kage ou non. Elle savait qu’il pensait plus par le cœur que par la raison, et elle ne désirait nullement avoir la chair brûlée comme avec le corps mort de Zanshi juste pour une « caprice » furieuse passagère. Et elle doutait sincèrement que le clan Kawaguchi accepte qu’on fasse du mal à sa Cheffe injustement – car elle n’était pas en faute, n’est-ce pas ?

- Je ne voulais pas croire, et je désirais faire mon enquête discrètement, sans que cette fameuse Unité ne me traque. Kawaguchi Kira était également présent durant ses révélations, ayant été mon compagnon de mission de fortune pour cette rencontre surprise avec Umi Ji. Croyez- le ou non, je n’ai nullement cherché une rencontre avec cette Umi Ji et c’est à peine si je la connaissais.

A nouveau pure vérité. Jusqu’à cette fameuse mission qui était « lambda », elle ne connaissait aucun nom d’Archiviste.

- Soit, je ne croyais pas immédiatement mais personne ne semblait mentir, et l’histoire pouvait être cohérente. Il faut être un excellent Sniper pour tirer de si loin … Et il fallait connaître la sécurité des lieux, et donc avoir accès à des archives non accessibles à de simples Shinobis. En tant qu’élève de Zanshi, et en tant que membre de l’Unité, elle aurait pu l’avoir. Mais ce n’est pas ces « peut-être » qui m’ont mis sur la voie. C’est Oniri elle-même, inconsciemment.

C’était au tour du point révélateur.

- Elle est venue au quartier Kawaguchi durant mon « absence » pour rencontrer Kawaguchi Kira, et boire une bière avec. Ils se connaissaient déjà vaguement, mais très vaguement. Il a refusé, disant qu’il avait une cheffe de clan à retrouver, et ce refus n’a guère plu je crois bien. Elle a prétendu qu’elle aurait été celle à m’avoir Kidnappé avec la cheffe du Kakumeigun. Tu me diras « gamineries » mais SAibogu Oniri n’est plus une « gamine » mais une conseillère. Ajoutons à cela qu’elle a griffé dangereusement Kira, en disant de ne répéter nullement tout cela à quiconque au risque de me tuer … soupira-t-elle, plus lassée que sérieuse. Sincèrement, età nouveau, ce n’est pas ça qui me mettait totalement sur le sujet. J’aurais pu penser à une simple coïncidence et à une Conseillère droguée. Mais. ..

Le « Mais » qui planait tombait.

- Les autres membres de l’Unité ont été envoyés en mission à Ki, et sont tous morts … Dans une embuscade. Je connais l’un deux, c’était Kawaguchi Kajiro, et c’était un as de la défense. Les autres étaient tout aussi bonnes, et donc je doute sincèrement qu’ils soient morts si « simplement ». Les membres de l’Unité qui meurent, l’unique « survivante » actuellement à Suna qui commence à faire un chantage au seul témoin de l’entrevue avec Ji … c’est bien trop de coïncidence et j’ai appris que trop de prudence ne tuait pas.

Elle se tut, jaugeant cet homme.

- J’aurais voulu qu’elle soit innocente mais tout ce que je vois est une potentielle coupable qui tente de dissimuler un crime.

Avait-elle menti ? Nullement.

Elle arquait les sourcils.

- Qui a tué Zanshi ? interrogea-t-elle avec un certain doute. N’avait-il pas lu ses tracts ou entendu sa longue tirade ? Elle répéta, malgré tout. Cependant une pointe d’agacement commençait à poindre. C’est Saibogu Oniri qui a tiré sur Zanshi. Quant à la raison, ce n’est nullement mon « rôle » de le dire. C’est le vôtre, ainsi que celui du Kakumeigun de la trouver. Demandez à Saibogu Oniri qui a partagé les us et coutumes, secrets et idéaux de ce groupuscule un court instant.

Elle était à nouveau énervée. Depuis quand le témoin avait-il à connaître les motifs de meurtre de l’assassin ? Ce travail incombait clairement aux hautes autorités de Suna. Elle aurait pu y participer ou montrer une meilleure foi, mais elle avait été un brin malmené pour non-suivi des procédures. Alors, elle allait suivre la procédure : elle ne se contenterait qu’énoncer quelques faits. Le reste, c’était à la charge d’autrui. Occultait-elle quelques données ? Oui, notamment celles qui étaient nébuleuses ou qui risquaient de laisser la dangereuse Oniri bien trop longtemps dehors. Tant que ses intentions n’étaient pas claires, Tsukiko ne désirait nullement la voir fouler Suna sans une surveillance étroite. Très étroite.

- J’aurais voulu l’amener avec moi, mais elle me semblait étrange. Je n’ai pas osé. Je me suis dit qu’elle était seulement folle, et qu’il valait mieux la laisser divaguer et mourir dans un coin. Enfin … Je voulais vérifier avec son « fameux » contact qui était le Kawaguchi en question avant de juger. Après tout, je ne suis pas adepte de punir sans preuve. Glissa-t-elle un tantinet, en référence sur la situation actuelle de Suna. Suite à ce contact avec ce Kawaguchi … Disons que je désirais comprendre les actions décrites, mais en prenant mon temps et mes précautions. Qui y était mêlé, qui serait menacé si on savait mes suspicions … Je ne voulais pas d’autres morts.

Cette dernière phrase résumait tout. Effectivement, elle désirait enquêter à son rythme. Malheureusement pour des raisons obscures, tout avait évolué trop vite ! Il n’y avait là que trois raisons possibles : Umi Ji, Kawaguchi Seijiro et Kawaguchi Kira. L’un des trois avait « parlé » mais comment, dans quelles circonstances … telles étaient les questions.

- Umi Ji, Kawaguchi Seijiro et Kawaguchi Kira sont les seuls au courant de cette histoire. Hormis nous quatre, je ne sais comment elle aurait été au courant. Je n’ai rien dit, et je ne l’ai pas croisé depuis des lustres. Reste les trois autres. Je n’ai pas pu discuter longuement car, entre mon kidnapping, et ce retour bien mouvementé avec des Anciens offusqués des accusations ou des assertions de la Conseillère …

Comprenait-il qu’il devait arrêter de chercher plus de réponse de sa personne ? Elle était épuisée, et elle avait déjà tout dit. Plus, c’était à lui de chercher, et comprendre.

- La sécurité de Suna est assurée par Oniri et Yami. Quant à ma libération, elle a été assuré par un piège par l’un des … anciens de la Corporation ayant été trahi. C’était un mécanisme Saibogu.

Elle se tut longuement.

- Les Saibogu ont trempé dans bien des histoires et je ne sais jusqu’où Saibogu Satoshi a vendu son clan, et je ne sais pas plus à quel jeu joue Oniri. Toujours est-il qu’il y a trop de Saibogu dans l’histoire. Je ne sais si Oniri a été vraiment mon ravisseur, sincèrement, mais je sais qu’elle est un danger à mon égard. Et je veux en être protégée, selon les lois et procédures de Suna, et m’assurer que je me trompe. Si je me trompe, si elle n’a pas tiré sur Habashi Zanshi, je m’excuserais, promit-elle.

Tout était sincérité.

- Ma mission avec Umi Ji remonte à quelques semaines *. Sa dernière destination connue est Kaminari. Peut-être pourrions-nous retrouver les traces de sa personne. Je peux également vous confier ce Kawaguchi Seijiro, l’un des rares survivants … mais j’aurais besoin de temps. Il s’est réfugié dans les Ruines, et malgré mon autorité sur les lieux, le réseau est trop important et changeant.

En somme, elle pouvait coopérer un peu. Elle n’était pas si obtus d’esprit.