C'est sous une lune décroissante brillant faiblement dans le ciel sombre, qu'Aru repliée contre elle-même sous un arbre, faisait son deuil sur beaucoup de choses, à commencer par sa relation complexe avec Samui Aokiji. Ce dernier ne lui appartiendrait jamais, la belle l'avait comprit. C'était très frustrant pour elle de se rendre compte de cela étant donné qu'elle tenait vraiment beaucoup au jeune homme. Ses sentiments qui au départ n'étaient qu'une simple toquade de jeune fille avaient fini par prendre une importance à laquelle la belle ne s'y était absolument pas attendue. Elle qui avait toujours cru qu'avec son tempérament d'anticonformiste, la graine de la passion ne viendrait pas s'enraciner dans son cœur, elle en était tombée de haut. C'était trop tard pour songer à toute cette histoire, désormais. Quoi qu'elle fasse, les sentiments qu'elle nourrissait à l'égard de son bel adonis ne pourraient jamais atteindre ni son cœur ni sa personne. Pourquoi se cantonnait-elle sur un avis aussi radical ? Tout simplement parce qu'elle avait eu la malchance d'apercevoir le jeune officier en compagnie de celle qui, elle supposa, était sa bien aimée. Il s'agissait d'une charmante jeune femme à la longue chevelure ébène. Lorsqu'elle la vit, la flavescente comprit pourquoi Aokiji tenait autant à elle. Elle avait du charme, c'était incontestable.

Par la suite la flavescente était allée à la pêche aux informations. Lorsqu'on lui apprit que la jeune femme était elle aussi bras-droit, Aru ne posa pas d'autres questions. C'était logique et compréhensible, que son mentor décide de prendre une femme gradée comme lui pour être sa partenaire de vie. S'étant rendue compte qu'elle pourrait définitivement pas faire le poids face à l'amoureuse de son mentor, Aru s'était fortement pincée l'avant-bras. Subséquemment, elle avait amorcé une course effrénée très loin du Shozaichi. Et dire que c'était au moment où elle avait le plus besoin de se confier à quelqu'un comme Aokiji que le destin se décidait à mettre sur son chemin cette situation déplaisante. Elle avait envie d'aller lui confier les récents événements ayant totalement chamboulés son existence. Tout d'abord sa rencontre avec un membre de sa famille qu'elle croyait trépasser, ensuite la découverte d'un terrible secret sur le passé de Shin'nosuke. Ce dernier lui avoua avoir été l'amant de sa véritable mère, Kazunari Amaya. Il lui révéla aussi que si leur relation n'avait pas été brisée, son véritable père n'aurait été autre que lui. Cette révélation n'avait pas manqué de bouleverser la jeune flavescente, qui ne savait plus trop sur quel pied elle devait dorénavant danser avec sa famille adoptive.

Elle avait fait la promesse à son cousin, qu'elle l'attendrait autant de temps qu'il le faudrait mais lorsqu'elle sut pour Shin'nosuke et sa mère, elle se retrouva dans une situation très complexe. Elle n'était plus certaine de pouvoir tenir sa parole encore moins d'avoir envie de revoir Ren, enfin de compte. Haletant bruyamment en allongeant ses pieds, la jeune kunoichi plaça sa main au niveau de son cœur. Celui-lui était enflammé autant par l'amour pourpre qu'elle portait en elle que la sensation de trahison qu'elle ressentait désormais en songeant à sa famille adoptive. Qu'est-ce qui pouvait la sauver de son état ? Et qu'est-ce qui était le plus douloureux en cet instant ? Le fait d'avoir perdu sa famille ou celui qu'elle considérait comme étant son premier amour ? Aru n'était pas vraiment certaine de connaître la réponse. Elle était dans l'incapacité d'y voir clair dans sa mélancolie. Se remémorant les instants passés en compagnie de son aîné, la flavescente se demanda pour quelle raison s'était-elle rapprochée de lui plus que de n'importe qui d'autre ? Était-ce par amour ou par crainte ? Et pourquoi lui et pas un autre ? S’interrogeant là-dessus, la belle soupira légèrement en reniflant. Était-elle capable de lui dire « Si tu es heureux, alors c'est l'essentiel » ? Non, bien sûr que non. Décidant de se concerter avec son esprit vagabond et sa mélancolie, la flavescente s'adossa contre l'arbre.

Lâcher prise et tourner la page sur tout ce qui n'allait pas bien dans sa vie actuellement, voilà ce que la belle flavescente devait faire. Pour l'instant elle en était incapable, mais à coup sûr, elle réussirait à le faire si elle laissait le temps au temps. Les choses s'arrangeraient avec le temps, se dit la flavescente pour se rassurer. Les chagrins ne duraient pas indéfiniment, quoi qu'elle n'en savait rien sur ce qu'elle avançait. Leva ses yeux vers le ciel, Aru tendit sa vers celui-ci comme si elle allait attraper quelque chose. Elle referma sa main ensuite et soupira fortement de lassitude en essuyant du revers de main les larmes qui avaient perlé le long de ses joues. Pour ses yeux gonflés, elle ne pouvait hélas rien faire de plus si ce n'était essayer de se reposer en pensant à autre qu'à tout ce qui la turlupinait. N'étant pas décidée à remettre ses pieds au Shozaichi de sitôt, la flavescente prit la décision de camper sous la belle étoile jusqu'à elle ne savait pas quand...