Une goutte de sueur heurta le sol friable du village. L'air était chaud, et un vent de fraicheur semblait avoir perdu son chemin dans l'auguste village des Sables. Si le désert semblait bien funeste, la place forte Sûnajine était un endroit agréable. Les tempêtes de sable, fréquente dans les profondeurs du Pays du Vent, ne semblait qu'affecter que légèrement le village. Les immenses murailles, aussi solide que la roche, arrêtaient jusqu'à la plus dangereuse tempête. A l'intérieur de ces épais massifs sablonneux, seule une légère brise soulevant les grains éparpillés du village. Ce courant d'air qui faisait virevolter les poussières était d'une nature lourde mais rester agréable. C'était une ambiance unique qui s'élevait de ce village. Cet environnement était propice à la déprime. La couleur terne des bâtiments, les gens étaient peu souriants ; beaucoup n'aurait pas emménagé dans ce maudit village. Et malgré tout, il y avait un parfum de sécurité. Les grandes barrières rocheuses -ou ce qui semblait être de la roche- aidaient bien. Les nouveaux habitants étaient serein. Sûna Gakure avait un bel avenir devant lui, et en tant que ninja un jeune marionnettiste espérait bien y participer.

Perdu au sein des grandes habitations, un terrain plat prenait toute sa dimension lorsqu'on observait ses habitants, ces hommes qui le faisaient vivre. Une grande motte de sable, solide mais friable, faisait office de mannequin. Certains shinobis, dont une poignée n'arborait pas de bandeau frontal, s'entrainaient comme ils le pouvaient. Au loin, on pouvait voir quelques rares marionnettistes qui utilisaient des combinaisons vaguement créé sur le tas. Au contraire, quelques académiciens s'entraînaient à la maîtrise des bases. La technique de la substitution semblait avoir dompté la foule, mais quelques rares courageux s'essayaient à la maîtrise des shurikens. Un peu plus loin, un jônin donnait un cours à trois cadets, des genins probablement. Il tentait de calmer un élève un peu trop bavard. Puis, plus loin, isolé, un jeune homme, brun frappait une botte de sable solidifié à la forme de mannequin. Il avait, semble t'il, accroché au mannequin de fortune sa propre cape beige et son bandeau frontal. Il révisait ses bases de taîjutsu. Un œil avisé pouvait immédiatement voir que le jeune ninja n'était pas spécialisé dans le corps à corps. Il avait néanmoins le mérite de s'y atteler.

Le temps passait. Les bases semblaient toujours être les mêmes. Répétant indubitablement les mêmes mouvements, le ninja semblait légèrement progresser dans leurs exécutions. Il était plus rapide, plus précis. Ses mouvements restaient léger. Il était bien loin de pouvoir avouer qu'il était un spécialiste de cet art secret et mystique qu'est le taîjutsu. Autour de lui, là où les entraînements pullulaient précédemment, il semblait y avoir un calme olympien. Personne. Personne ne s'aventurait sur ce terrain. Quelques kunaïs, dont la pointe semblait abîmé, parsemés encore le champs de bataille. Akage, le marionnettiste qui s'entraînait donc au taîjutsu, n'y prettait pas une grande attention. Soudain, son ventre lui rappela ses priorités. Il s'arrêta net. Il n'était plus question pour lui de s'entraîner dans ces conditions. Ramassant ses affaires, il daigna se diriger vers un grand bâtiment. C'était la nouvelle, mais non moins fameuse, cantine de Sûna. Mis en place pour nourrir les shinobis qui le désirait, Akage décida de restaurer son énergie avant de reprendre des exercices plus simple à maitriser : l'art du Kugutsu no jutsu.

A l'intérieur, une unique jeune femme, à la chevelure de feu, s'occupait de l’accueil et du service de ce qui semblait être une cantine réservé aux shinobis. La plupart des occupants avaient des traces de poussières sur eux, signe d'un récent entrainement. Akage pretta rapidement attention au local. Des tables par dizaine occupaient l'espace principal. Un escalier semblait monter à l'étage et un acceuil froid et impersonnelle était réservé aux nouveaux arrivants. Au niveau des tables, un véritable brouhaha semblait perturber l'hôtesse. Akage s’avança et fit la queue pour retirer un repas. Un grand gaillard était devant lui. Il ne voyait rien. Il entendait seulement.

« Donnez votre nom. Montrez votre bandeau. Une table vous sera affecté. » répétait t'elle mécaniquement, sans répit et sans prendre la peine de dévisager le shinobi qui se présentait à elle.

Akage s'avança d'un pas lorsque le grand gaillard qui le précédait eu terminé. La jeune femme devait avoir une trentaine d'année, voir une quarantaine. Quelques cicatrices parsemaient son jolie minois, et elles gâchaient littéralement tout. Le marionnettiste s'imagina que la femme aurait pû être magnifique, si elle avait vécu à une autre époque. L'ère actuelle étant synonyme de guerre et de conflit, la beauté était loin d'être une vertu.

« Chikamatsu Akage. »

Se présentant ainsi, Akage tapota le bandeau qui fixait sa cape à son corps lorsqu'elle leva ses yeux azurés sur lui. Sans un sourire, elle lui glissa un plateau. Akage baissa les yeux pour observer l'objet de son attention. Sur le plateau, un vulgaire verre mal lavé semblait destiné à recevoir de l'eau. L'assiette, unique, voyait acceuillir de la bouillie multicolore. Akage observa les plateaux de ses compères. Aucun ne se distinguait. Cette bouillie était le repas. Dans un visage de dégoût, Akage s'installa à la dernière table disponible. A défaut d'éviter de manger cette « patée », il n'avait personne en face de lui.. pour l'instant.

Une installation lente, symbole de la motivation d'Akage d'avaler ce que cette cantinière nommait un repas, fut de rigueur. Lentement installé, rouleau et cape posés convenablement sur la chaise d'à côté, Akage observait son repas. Une bouillie multicolore. Littéralement, des morçeaux de viande se noyait dans un sauce blanchâtre, altéré de temps en temps par une autre sauce rougâtre,. Avec ces morceaux de viande, on pouvait distinguer des légumes vaguement coupé. Ils étaient de taille variable, et ne laissait pas place à l'admiration du talent culinaire. Le plat était immangeable, littéralement. Akage passa sa main, dépourvu d'outil tels que ces fameux gants ninja, au dessus de l'ustensil. Il ne ressenti aucune chaleur. C'était froid.

Akage leva les yeux à ce moment précis. Il vit immédiatement un homme s'installer à côté de lui. Table de quatre. Vrai. Mais il espérait rester seul. Décidemment, ce repas semblait bien triste. Il observa vaguement l'homme, et son regard fuyant. Il devait, approximativement, avoir le même âge que le marionnettiste. Son regard lui indiquait une certaine timidité, ou une honte. Akage n'était pas vraiment bon dans les relations humaines, alors il n'allait surement pas parler le premier. Ce n'était pas son truc.

Si son camarade était si fuiyant, si son repas était si infect, Akage chercha du réconfort dans la salle. Il se dit que peut-être un ninja aurait eu un coup de génie, et aurait amené une sauce miracle. Peut-être que cet imébcile du désert serait là avec sa boisson euphorisante. Non. Rien. Le brouhaha semblait ne pas se calmer. Avec du recul, Akage écouta attentivement les bruits. Personne ne semblait disposer à manger, et pire l'ensemble des ninja semblait faire avec la pauvre assiette. Les rares qui s'essayaient à la nourriture adoptaient immédiatement une tête de dégoût. Il n'y avait rien à remettre en question. La nourriture était infect, point.

La cantine avait, soit, ses avantages. Elle était réservé aux ninjas, donc naturellement elle était gratuite. Financé probablement par le Daimyô du Vent, ou par le village en lui-même comme une infrastructure; elle restait mal organisé. Akage était pleinement conscient que le village n'avait pas encore une grande ancienneté, et que beaucoup d'équipement fonctionnait mal.. Personne n'avait le recul qui les juger. Néanmoins, il semblait peu acceptable de manger cela. Il songea donc à protester, mais au fond il n'avait pas le comportement d'une grande gueule. C'était pas sont truc de rouspeter. Pourtant, pour le coup, il en avait bien envie. Mais dès qu'il songeait à cette action, il voyait le spectre du vieux sage de son clan, Chikamatsu Shizan, se dessiner derrière lui. Inutile de préciser que le spectre était loin d'être gentillet.

Soudain, un grand bruit se dessina dans la salle. Un ninja, costaud et lourd, venait de jeter son plateau contre le mur. Tapissé de l'ideuse collation, le mur beige en était que plus horrible. C'était comme si un alcoolique avait vomît dessus. Le ninja rebelle avait une sémantique des plus ordinaires. Akage en avait honte pour lui. Les ninjas présents avaient tous tendance à lui jeter des regards, puis à observer l'hôtesse pour observer sa réaction. Aucune. La femme ignora tout bonnement l'homme, ce qui sembla le mettre encore plus en colère.

C'est à ce moment qu'un second individu, acquis aux idées du premier, se leva. Il pointa le voisin d'Akage du doigt. « Ils sont amis ! Avec l'hôtesse ! » répétait-il, comme si il avait découvert la nouvelle du siècle. Le secret révélé, une foule de regard noir se glissèrent vers le voisin d'Akage. Lui, plus calme, continuait à observer son assiette. Alors que les mécontents semblaient tous se retourner et cesser leurs activités, qui en somme était la même qu'Akage c'est-à-dire regarder le repas en priant pour qu'il se change en délicieuse collation.

Face à ces regards noirs, Akage -sans tourner la tête- glissa un mot à son voisin.

« Ne déranges pas mon .. » Akage chercha un mot adapté. « .. repas. »

Comme une menace, Akage ne semblait pas acquis à la cause de l'ami de la ninja de l'acceuil. Erreur de sa part ? Possible. En attendant, il y avait foule de regard noir à son égard, et surtout.. une colère montante. A défaut de pouvoir s'attaquer à la personne de l'acceuil -ce qui voudrait dire s'attaquer à Sûna-, son ami n'avait pas la même protection. Et Akage.. Il n'était pas un homme qui intervenait pour si peu..

Parmi les qualités héroïques hérités de nos aïeuls les Dieux, le courage a toujours été celle qui fut méprisé par le genre humain. La signification du véritable courage s'est perdu, et peu savent aujourd'hui ce que signifie ce mot. On avait enseigné cette sagesse à Akage dès son jeune âge. « Tu reconnaîtras le courage lorsque le verras ! » Ces mots avisés furent enseignés, encore et encore au sein du clan Chikamatsu. Et aujourd'hui, Akage ne vit point de courage.

Un homme, dont le nom lui échappait encore, se leva pour protester contre une foule de ninja en colère. Gentil. Oui, mais stupide également. Akage lorgna l'homme se levant, et tapant du poing sur la table. Ingratitude. Le mot s'éleva de la conversation entre le shinobi gentil et ses braves ninjas du sable. Akage ne se mêla pas du conflit, mais les divers cris de son voisin le perturbèrent au plus haut point. Il songea alors à ces mots précédents. Il était impossible que cet énergumène ne les aient pas compris. Ce ninja lui tapa décidément rapidement sur le système. Akage souffla. Son repas était dégouttant, alors si l'environnement n'aidait pas.. que faire.

Le shinobi naïf.. celui qui se mit en colère pour venir en aide à ce ninja de pacotille qui s'occupait de l'acceuil tapait sur les nerfs d'Akage. Ces déclarations étaient indigne d'un homme ayant vécu la guerre, et ses conséquences. Une telle prise de parole ne pouvait qu'irriter le caractère initialement froid d'Akage. Ce dernier serra doucement le poing afin de se calmer, tant que les propos du shinobi lui semblèrent indigne. Mais au fond, la chose qui énerva véritablement le marionnettiste, c'est d'être assimilé à un ami de la vieille vioque de la cantine. Il détestait cette femme. En une semaine de présence, elle ne lui avait décoché aucun sourire, aucun bonjour. Elle répétait juste mécaniquement une phrase. En matière d'acceuil, elle était horrible. Horrible était le mot parfait.

« Ridicule. »

Le ninja, son fameux voisin, se rassit. La colère de la foule n'avait pas diminué, elle. Au contraire, de nouveaux ninjas s'étaient mêlé à la protestation. La femme de l’accueil, intouchable par son statut « en mission » ne bougea guère. Akage se demanda instantanément si elle n'était pas un robot programmé par le clan technologique dont le nom lui échappait encore. Toujours est-il qu'en face, la foule sembla plus en colère. Agitant doucement son repas avec ce qui semblait être une cuillère, Akage bouillonnait intérieurement. Ils étaient tous énervants. Il n'y en avait pas un pour en rattrapper un autre. Akage glissa à voix basse à son voisin.

« Tu as perturbé mon repas. » Attendant prudemment de voir la réaction des autres, Akage ajouta. « Tes excuses ? »

Oui. Akage voulait des excuses. Son mauvais caractère avait encore parlé. Il était froid par nature, mais il était également un de ces petits crétins à n'avoir du respect que pour lui-même. Il refusait d'admettre qu'un autre que lui pouvait avoir du talent. Une erreur qu'il payait parfois à hauteur de son talent. Akage tourna la tête vers les clients de la cantine ninja. Ils affichaient toujours ce regard mauvais et menaçant. Desserrant doucement son poing, Akage lança un regard du même type à ces individus, qui ne mérité rien d'autres à ces yeux. Il n'y avait qu'à espérer que le tout ne se termine pas en bagarre générale. Les hautes instances en entendraient parler, et il s'éloignerait considérablement de son objectif.

Dans un geste de répit, Akage but un verre d'eau. L'eau était si trouble qu'il senti une légère pression à la porter dans son corps. Il reposa le verre après une petite gorgée. Il ne voulait pas tenter le diable. Se retournant doucement, il se demanda s'il valait pas mieux à présent quitter la salle et se payer un repas digne de ce nom. Il se souvînt alors que son « adhésion » administrative mettait du temps, et que le village ne pouvait lui confier de mission pour le moment. Akage soupira en pensant aux paroles de sa logeuse. Cette dernière, Hikari, qui appartenait pourtant au même clan qu'Akage, lui avait signifié qu'elle l'acceuillait à cause de son sang, mais qu'elle ne financerait aucunement ses repas. Pourtant, le local appartenait au clan. Mais Hikari avait pris position des locaux... Quelle plaie sérieusement !

Et paf.. Le repas fut dérangé. Comme un poisson dans l'eau, le voisin de table d'Akage le derangea de manière flagrante la prise d'aliment du jeune marionnettiste. Ce dernier lui signala, avec son attitude serraine et froide. Le favori de ces dames demanda alors des excuses au chenapan qui avait, potentiellement volontairement, dérangé son repas. Ce dernier l'ignora. L'attitude choqua, intérieurement du moins, Akage. Il se dit immédiatement que ce dernier ne devait pas avoir beaucoup d'ami, et que sa grande gueule était vraiment limité. A ce stade là, Akage semblait avoir une once de respect pour l'homme qui s'était tenu face à une grosse poignée de ninja, de seconde zone mais tout de même. Le respect était loin d'être un concept acquis, en témoignait son monologue face à l'imbécile nauséabond du désert. Toujours est-il que se tenir face à des adversaires en nombre, potentiellement plus fort que soi, était une raison de respecter un homme.

Puis, à peine Akage demanda des excuses à ce ninja qu'il fondit sur place. La tête du jeune homme vira au rouge sang. Les veines de son visage se gonflèrent, et la peau prit cette tournure désagréable, ideuse et significative. Alors que les ninjas de la salle poussèrent des bruits encore plus fort qu'auparavent, Akage les ignora.. mais avec froideur. Il observait son voisin tourner couleur sauce tomate. Immédiatement, le marionnettiste se demanda s'il avait honte de son intervention. Il pouvait. Il avait brisé la règle suprême des ninjas, du moins d'Akage. On mange silencieusement, surtout quand on se connaît pas son compère. Akage ne supportait pas ces inconnues qui perturbaient ses repas. Et pourtant, celui là était une énigme.

Luisant au pourpre, il prit la fuite. D'un coup, et soudainement, il courrut vers la sortie. Sous les applaudissements et les propos haineux des autres ninjas, il partit. Il quitta la salle. Les ninjas de seconde zone, c'est-à-dire tous mise à part Akage, le siflèrent. Mérité. C'est le mot qui vînt à l'esprit d'Akage. Il laissa son repas. Etait-ce un argument de poids pour les ninjas ? L'ami de l'hôtesse -qui n'avait pas réagit elle- avait abandonné son combat verbal.. Son aptitude à aider les autres étaient probablement plus faible que prévu. Cette courte pensée fit sourire Akage.

Malheureusement, les ninjas se retournèrent désormais contre lui. Ils ne dirent mot, mais le regardèrent avec ce regard haineux. Le marionnettiste, ne pouvant clairement pas manger dans cette ambiance austère, se leva. Il récupéra ses affaires rapidement, et laissa son plateau dont il n'avait quasiment rien touché. Son regard se crispa. A son tour, il regarda les ninjas. Lui, il n'avait besoin de dire mot. Les freluquets s'écartèrent sur son passage. Il faut dire qu'à ce moment précis, Akage se senti puissant.. Il se senti invincible.

Quittant la salle, le marionnettiste s'interrogeait sur cet étrange individu mêlant bravoure, idiotie et lâcheté. C'était un mélange qui l'interloquait. Ainsi, Akage se mit en tête de confronter son compère. Il n'avait pas envie de s'entraîner, et sa situation administrative était en transit. Le village rechignait donc à lui confier des missions. Akage se décida alors à retrouver son « compagnon » afin de soulager sa curiosité malsaine.

Réfléchissant, il se demanda où un lâche pouvait se réfugier. La réponse la plus logique était de partir loin, très loin du conflit. Néanmoins, en shinobi Sûnajin, il était probable qu'il se soit remis à l'entraînement. Les ninjas de Sûna était si prévisible. Même vaincu, même apeuré, ils songeaient quasiment tous à la victoire. Puis, Akage s'interrogea sur son propre comportement. Il n'avait pas le mental d'un guerrier, songeant à tuer son adversaire peu importe ce qu'il lui en coûtait; mais en cas d'humiliation il avait souvent besoin d'un punching-ball. Puis, le terrain n'était pas loin de la cantine, et Akage se décida à voir si l'homme y était.

Marchant vers le terrain, Akage observa celui-ci. Mis à part une poignée d'irréductible et un dormeur qui n'avait pas compris que l'heure de la sieste était terminé -ou pas commencé-, un seul ninja s'entraînait à lancer des shurikens. Ce dernier semblait user d'aucune technique particulière. C'était un simple entraînement au shuriken. C'est à alors, lorsqu'un shuriken vola vers sa cible, qu'Akage lança ses propres shurikens afin de modifier la trajectoire des armes ninjas de l'inconnu. En plein dans le mille. Les shurikens dévièrent de leur trajectoire et se plantèrent dans le sable fin. Akage, ayant donc attrapé son attention en vol, s'avança vers lui. Silencieux.

Et ainsi les armes ninjas se plantèrent au sol. Akage, le brave marionnettiste du clan Chikamatsu, s'avança vers son compère. Un pas. Puis deux. L'homme qui lui faisait face semblait porter un bandeau ninja, mais son comportement était éloigné des standards shinobis. C'est donc avec une véritable curiosité, probablement mal plaçé, qu'Akage s'avança vers lui.

Le marionnettiste n'avait pas hésité une seconde à interrompre l'entrainement du pauvre bougre. Pour dire vrai, il n'imaginait pas une seconde que l'homme mystérieux pouvait être autre chose qu'un aspirant. Il s'arrogea alors le droit de lui parler, de le derranger voir même de l'embêter. Akage n'avait jamais respecté des codes sociaux, et ça lui avait déjà joué des tours. Désagréable, le jeune homme fixa sans rien dire son compère. Le marionnettiste ignorait tout de lui, mais il pouvait affirer sans se tromper que l'homme était un ninja. Il ne l'imaginait être autre chose qu'un aspirant, et quelques secondes en présence de cet énergumène l'avait convaincu qu'il ne serait jamais rien de plus. Il semblait timide. Akage détestait les gens timides et modestes, ceux qui rechignait à se vanter de leurs exploits et de leur force. En même temps, Akage détestait tous le monde. Aucune exception.

S'avançant encore d'un pas, lentement, comme s'il jouait à un jeu pour bambin, le Chikamatsu se gratta derrière la tête. Il fixait le jeune ninja avec la même hargne que plus tôt. Ne dégageant aucune sympathie, Akage cherchait à comprendre ce ninja. Depuis son arrivé, récente certes, dans le village du sable, il avait du mal à comprendre ces ninjas. Il avait rencontré de sacré énergumènes, des fillettes ninjas inutiles s'extasiant devant les magasins.. Chaque ninja avait son caractère, mais chacun semblait être à sa place dans ce monde. L'homme qui lui faisait face, et dont il ignorait encore le nom, semblait au contraire être un véritable sot, un de ces imbéciles devenu ninja parce qu'il voulait vivre une vie d'aventure. Akage détestait ce genre de personne. Il avait perdu tant d'amis lors des conflits ninja dans l'est du pays. Son père en personne, Shimatôki, avait été victime de ces guerres incessantes. Pire que tout, le marionnettiste savait la douleur qu'amenait la mort. Les premières victimes n'étaient pas les morts, mais bien les proches. C'était sur eux que reposait toute la douleur. La pire des douleurs.

Akage s'avança alors d'un dernier pas avant de jeter un regard rapide autour de lui.

« Qui es-tu ? »

Simple question. Simple réponse espérait-il. Les désirs d'Akage était-il si vague ? Lui, il n'avait jamais été doué avec les gens. Ses rapports humains n'était que trop souvent peu acceptable. Il était probablement un peu associal. Il ne s'entendait avec personne, même les rapports avec sa stupide marionnette étaient mauvais.

Aspirant.

Il était un aspirant ninja, comme Akage. Pourtant, ils semblaient si différent. L'un était si timide, frêle; l'autre était un de ces enfants impertinant qui n'écoutait qu'une seule personne. Les deux aspirants ne se ressemblaient guère. Cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Le marionnettiste, sur de lui, s'avança d'un pas. Il observa avec intérêt la réponse du gamin. Ce dernier était si hésitant que sa réponse ne fut pas du goût de Akage, qui pour changer, ne se présenta pas à son tour. Un manque de respect, dîtes-vous ?

Alors que le balbutiant genin s'exprima, Akage jeta un coup d’œil furtif au terrain. Il était la première heure de l'après-midi, et le soleil était encore haut dans le firmament azuré. Pourtant, le sable avait déjà été imprégné par milles invasions ninjas. La structure d'entrainement était si usé, et pourtant le sable contraignait les aspirants à faire mille efforts pour s'entraîner. C'était un choix osé, mais il faisait des enfants des hommes. Alors qu'il fit un pas en avant, le jeune marionnettiste senti ce geste osé du village. Son pied s'enfonça légèrement dans le matériel soluble, et Akage observa une perte d'équilibre. « Bouger dans le sable est toujours plus difficile que bouger sur la terre. » conclut-il à lui-même. Prenant une forte respiration, le jeune ninja souffla légèrement devant lui. Peut-être était-il timide lui aussi.

Non.

Akage Chikamatsu, le marionnettiste le plus doué depuis sept générations de Chikamatsu, n'avait point de problème relationnel de ce type. Il pouvait apparaître arrogant aux yeux de certains, mais respectueux avec d'autres. Aujourd'hui, il était juste curieux. La réponse du jeune Ketsueki lui apporta plus de question que de réponse. Et comme il était curieux, il ne se posa point la question de sa présentation ou de la façon dont il apparaîtrait aux yeux de l'aspirant en question.

« Es-tu un lâche ? »

Akage était naturel. Il se posa rapidement la question. L'hésitation de son « ami » ne lui apportait aucune réponse, et la seule question qui frappait son esprit semblait être celle-ci. Pourtant, le nom de Ketsueki illuminait son intellect. Il était célèbre. C'était un des clans les plus célèbre du village. Il avait entendu parler de tous les soupçons qui courrait sur ce clan disparate.

Toussotant, Akage se reprit immédiatement ne laissant guère à son interlocuteur le loisir de répondre à sa question.

« Oublie ça ! Ca m’intéresse pas. »

Manque de respect. Peut-être. Mensonge. Probablement. Mais Akage ne voulait pas s'éterniser sur ce terrain. L'heure tournait, et les imbéciles de la cantine n'allaient pas tarder à revenir s'entraîner. Aujourd'hui, il ne valait mieux qu'ils voyaient le marionnettiste en compagnie de cet étrange individu. Question de réputation. Et, sans laisser d'autre mot au manieur de sang, Akage disparu.