Le désert, de nuit... Il n'y avait aucun spectacle plus apaisant que la vision d'un désert sans la moindre présence apparente. L'obscurité, le sable, l'air frais... Autant de particularité que nous apprécions tout particulièrement ou dont nous nous étions accommodés avec le temps. La vie à Kaze no Kuni était bien différente de celle sur l'archipel qui nous avait vu naître. Le climat était plus rude et la culture ou la mentalité bien différents. Mais nous avions appris à aimer ce pays pour ce qu'il pouvait nous offrir et non ce qu'il nous offrait. Nous attendions plus et si on ne nous le donnait pas, nous le prendrions. Mais pour l'instant il fallait avant tout user de patience, renforcer les acquis avant d'explorer de nouveaux arts ou de nouvelles perspectives. Construire des fondations solides sur lesquelles baser un jour une renommée qui ferait de l'ombre même au plus puissant des shinobis. Un jour! Mais pas maintenant...

- "Nous te trouvons tout à fait adapté! Rejoins les autres!"

Ma voix était basse et semblable à celles de plusieurs personnes s'exprimant en même temps. Ce qui n'était pas si éloigné de la réalité à vrai dire...

Le cadavre que nous venions d'exhumer du sable se plia aisément à notre volonté et rejoignit ses congénères qui se pressaient derrière-moi avec moins de volonté que des moutons suivant leur berger. Si nous apprécions ce fait nous regrettions également de ne pouvoir insuffler une véritable personnalité à ces serviteurs de chairs. Ils se contentaient d'obéir au doigt et à l'oeil mais n'étaient pas capables de prendre des initiatives. Une bonne et une mauvaise chose à la fois...

- "Vous nous servirez fidèlement, amis! Bienvenue dans ma grande famille!"

Nous leur adressâmes un sourire qui n'avait rien d'encourageant mais qui était pourtant parfaitement sincère. C'était impressionnant de voir le nombre de vies que le désert avait absorbé au cours des années. Des imprudents, des gens ayant fait une mauvaise rencontre ou s'étant simplement perdus. Autant de cadavres que personne viendrait réclamer et qui allaient agrandir les rangs de mes serviteurs. C'était une merveilleuse affaire que nous apprécions évidemment à sa juste valeur malgré le travail qu'arpenter le désert demandait...

Malheureusement le temps poursuivait sa marche et il était gentiment l'heure de rentrer à Suna. Et avant ça il fallait que je règle un petit problème. Les gens n'appréciaient pas vraiment de voir des défilés de cadavres qui perdaient os et chairs. Je ne comprenais pas vraiment ce rejet de la mort alors qu'elle faisait partie intégrante de la vie. Mais je savais également que la majorité des avis définissaient la morale et qu'il valait mieux s'y plier. Une simple question de bon sens. Ou plutôt de survie...

- "Nous allons rentrer!"

Bien entendu pas le moindre de nos suivants ne fit le moindre commentaires même si nous eûmes droit à plusieurs râles graves. Nous leur adressâmes à nouveau un sourire et posâmes nos mains sur leurs joues à tour de rôle pour y apposer un sceau qui les fit presque immédiatement disparaître. Nous nous occupions de la dernière poignée d'entre eux quand Envie donna l'alarme.

*Quelqu'un arrive!*

Ses yeux apparurent dans ma nuque et Colère et moi pûmes partager sa vision. En effet il y avait bien un jeune homme qui descendait d'une dune énorme pour nous rejoindre. Il nous avait forcément vus sceller les corps pourtant, qu'est-ce que tout ceci pouvait bien signifier? Un curieux? Un gêneur? Un nouveau cadavre pour notre collection? Le regard d'Envie disparut à nouveau dans ma chaire tandis que nous nous retournions lentement pour faire face au nouvel arrivant. Les bras le long du corps, la tête inclinée sur le côté comme si cette position m'offrait une meilleure vision des choses, nous nous contentâmes d'attendre. Parler le premier? Parfaitement inutile puisque c'est l'inconnu qui semblait vouloir engager une conversation ou un combat...

Le cimetière, quelqu'un venait de profané une tombe, mais pas n'importe laquelle, sans qu'il s'en rende compte il venait de profaner la tombe de Yamada Ta, membre du Rinyuaru, pour cette raison j'avais posé un sceau sur cette dernière afin que personne ne puisse y dérober les secrets de son corps. Ce sceau, discret, ne faisait que m'avertir si quelqu'un forçait la sépulture. C'était arrivé ce soir. J'enfilais donc vite une tenue adéquate avant de me diriger dans le désert. Le cimetière était proche du village mais pas trop non plus. Il devait être séparé de cinq-cents mètres environ.

Je sautais de toit en toit avant d’escalader la falaise puis de la descendre à nouveau. Je parcourai cette distance dans le plus bref délais afin d’apercevoir la personne qui avait commis l'acte. Et je tombais nez à nez avec elle, seule, au milieu du cimetière. Je le vis, une masse distincte dans la pénombre, je le vis sceller quelque chose certainement un corps. Il avait visiblement fait plusieurs tombes. Qui était-il ? La chose la plus étrange c'est que dans ce corps quatre âmes cohabitaient. Je n'avais jamais vu ça à part dans les livres traitant un clan initialement installé à Kiri. Je m'approchais un peu plus d'eux et c'est là que je vis la simple vérité. Ils étaient effectivement un grand nombre à habiter cette enveloppe charnelle. Je m'exclamais alors envers ces individus.


« A qui ai-je affaire ? Êtes vous des amis ou des ennemis de Kaze no Kuni. Dans les deux cas, ne tentez rien d'inutile. Sauf si vous consentez à y laisser vos vies. »


Je m'exclamais avec assurance mais je n'avais aucun doute sur les conséquences d'un échange entre nous, ils y perdraient la vie, peut-être pas tous mais une bonne partie d'entre eux et je souhaitais éviter les combats nocturne surtout dans un cimetière, les âmes des défunts ne méritent pas temps d'irrespect. Je m'exclamais donc à nouveau en direction de ces hommes puisqu'ils étaient plusieurs en déclarant ceci.


« Je suis le Nidaime Kazekage, mon nom est Araakoa Aare. Déclinez vos identités. »


Un instant de pause avant de reprendre dans des délais brefs.


« Parmi ces cadavres que vous subtiliser sans aucune raison. Il y a un de mes proches, sur sa tombe était inscrit Yamada Ta. Laisser ce cadavre à terre et fichez le camp. C'est le seul ultimatum que je vous propose. Dans le cas contraire, nous allons jouer avec des cadavres tous ensemble mais je peux vous assurer qu'à l'arrivée, il y aura quelques trous en plus à creuser. »


Je faisais bien entendu référence à une place pour leurs dépouilles mais ça je pense qu'ils l'avaient très bien compris.

L'indivu qui venait d'arriver était énigmatique et certainement plus loquace que la plupart des gens que j'avais l'habitude de croiser. Je l'avais laissé s'exprimer jusqu'à ce qu'il expose la raison de son intervention. Oui car ce n'était pas de la curiosité qui l'avait mené jusqu'ici mais bien l'envie de s'opposer à mon activité. Du moins à un certain niveau puisque ce qui semblait l'intriguer était principalement l'une de mes nouvelles acquisition: un cadavre qui avait autrefois porté le nom de Yamada Ta. Est-ce qu'il me surveillait depuis un moment? Où notre rencontre n'était due qu'à un hasard. Bon au mauvais, je n'allais pas tarder à le savoir...

L'homme semblait également avoir perçu ma particularité puisqu'il ne m'avait pas demandé de décliner mon identité mais bien mes identités. Les gens capables de comprendre ce que j'étais - ce que nous étions - vraiment n'étaient guère courants et ça renforçait encore l'intérêt que je lui portais. Et pour ajouter encore à ce constat, il s'était présenté comme le Nidaime Kazekage. Je ne voyais pas pourquoi il mentirait sur ce point mais j'étais tout de même surpris. Seuls les personnes ignares ne connaissaient pas cette personne qui avait si fortement influé sur l'histoire de Suna. Et si je me sentais flatté d'avoir attirer son attention, je compris également qu'il n'était guère dans mon intérêt ou celui de me fratrie de l'attaquer. Après tout s'il était bien qui il prétendait être, je ne voyais aucun avantage à tenter une approche agressive.

J'observai encore un instant le jeune homme en me demandant comment il pouvait avoir ce corps alors que j'avais entendu parler d'un vieillard dont l'âge le rapprochait de la mort naturelle. Je penchai à nouveau la tête sur le côté comme si ce simple geste me permettait de mieux le jauger même s'il n'en était évidemment rien. Plusieurs choses m'intriguaient dans son récit mais avant de le questionner à ce sujet je consentais à bien vouloir discuter avec lui puisque c'est ce qu'il semblait lui-même vouloir faire en cet instant. Même si sa requête tenait plus de l'ordre que de la demande et que la menace qu'il avait émise était sûrement à prendre au sérieux.

- "Araakoa Aare, hein? Je suis flatté de vous rencontrer même si votre apparence s'éloigne du vieillard que je m'imaginais..." fis-je en préambule, la voix toujours amplifiée par ma fratrie. "Mais puisque vous me faites l'honneur de vous présenter il serait impoli de ne pas vous rendre la pareille n'est-ce pas?"

Je marquai une courte pause pour lui décocher un sourire neutre tandis que mon regard restait rivé dans le sien. J'apprécierais déjà cette discussion, ne serait-ce que pour la forme qu'elle prenait.

- "Je suis Jinmenju Sasori, Chûnin de Suna. Ce qui répond à votre première question je suppose... Et puisque vous avez compris qu'il ne faut pas se fier aux apparences tout comme je l'ai fais lorsque vous m'avez annoncé que vous étiez le Nidaime, je ne vous ferai pas l'affront de nier la présence d'autres personnes cohabitants en moi. Leurs noms importent peu mais sachez qu'il s'agit de ma fratrie. Ils s'expriment et vous entendent à travers moi aussi lorsque vous vous adressez à moi, vous vous adressez également à eux..."

J'étais curieux de savoir comment il avait pu deviner leur présence en si peu de temps mais ma curiosité n'avait pas besoin d'être assouvie pour l'instant. Pour le moment il s'agissait avant tout d'éviter un affrontement que je ne désirais pas et qui ne m'apporterait rien. Je balayai les environs du regard en cherchant la présence d'autres personnes mais nous étions bel et bien seuls. Ce qui favorisait une discussion constructive...

- "Je ne fais jamais rien sans une bonne raison, Nidaime!" expliquai-je en réponse à sa dernière remarque. "Ces cadavres me sont utiles et ma présence ici ne relève pas d'une simple obsession ou d'un désir douteux. Il est vrai que j'ai exhumé ce Yamada Ta et s'il est important à vos yeux je veux bien consentir à le laisser reposer en paix. Mais..."

Oui, car il y avait un mais! Même si mon interlocuteur avait certainement l'avantage en terme d'expérience ou de puissance il n'en restait pas moins demandeur: j'avais en ma possession quelque chose qu'il désirait et ça me mettait en position de force. Une force toute relative, certes, mais une force tout de même. Et j'aurais sûrement été fou de négliger cet état de fait. Après un rapide débat interne avec ma fratrie, nous décidâmes de la marche à suivre. Nous jouions un jeu dangereux mais c'est ce qui faisait tout l'intérêt de cette discussion.

- "Comme vous l'avez fait remarquer j'ai exhumé des cadavres. Pratique que la plupart des gens craignent et jugent incompatible avec la morale. Mais vous ne semblez pas perturbé par ce que vous venez de voir! Et au lieu de me menacer de me dénoncer comme la majorité des gens l'auraient fait, vous demandez simplement à ce que l'un de vos proches puisse continuer à reposer en ces lieux. Je suppose que vous comprenez mon étonnement! Dois-je en déduire que si j'obtempère je n'ai pas à m'inquiéter d'une éventuelle dénonciation?"

Il aurait pu m'appréhender lui-même ou me demander de relâcher l'entièreté des corps. Au lieu de cela il focalisait son attention sur un seul d'entre eux. J'aimais les énigmes et cet homme en était une, à n'en pas douter. Encore une fois, ça ne faisait que renforcer ma curiosité et l'intérêt que je lui portais déjà.

- "De plus vous ne semblez pas étranger à la pratique de la nécromancie comme vous l'avez fait remarquer en me menaçant de diriger des cadavres contre moi. J'avoue que je suis surpris mais vous semblez pourtant quelqu'un de raisonnable sans quoi je serais déjà mort, sous les verrous ou pire encore n'est-ce pas? Peut-être accepteriez-vous de répondre à certaines de mes questions et prendre part à ce que la plupart des personnes appellent un échange de bons procédés?"

C'était la partie la plus dangereuse de notre échange jusqu'à maintenant. S'il refusait il pouvait fort bien m'attaquer directement en estimant que satisfaire ma curiosité n'était pas nécessaire. D'un autre côté on n'obtenait rien sans rien et il fallait parfois prendre des risques pour gagner quelque chose. Rien n'était gratuit, jamais...

- "Comprenez-moi bien: je ne cherche pas à gagner du temps ou à échapper au sort que vous semblez vouloir me réserver en cas de refus. Comme je vous l'ai dit je suis disposé à vous rendre le corps de votre ami, même sans contrepartie. Mais une bonne discussion est parfois plus profitable qu'un combat même si ce dernier est gagné d'avance. Qu'en pensez-vous?"

Avant de me risquer à la questionner je voulais m'assurer qu'il veuille bien accéder à ma demande et accepte un dialogue qui, je le pressentais, pouvait nous être mutuellement profitable. Les nécromants n'étaient pas répandus à ma connaissance et puisque j'avais la chance d'en rencontrer un en cet instant il aurait été dommage de ne pas en profiter. J'effectuai quelques mudras après lui avoir adressé un signe apaisant à mon interlocuteur: le cadavre du dénommé Ta apparut d'un sceau apparut sur le sol et resta immobile, debout sur ses jambes en partie décharnées.

- "Voici votre... proche, comme vous le souhaitez!" fis-je sur un ton neutre. "Puis-je suggérer que vous preniez ceci pour un acte de bonne volonté et non pour de la peur découlant de votre menace? Et qu'ainsi vous me sacrifiiez quelques minutes de votre temps?"

J'avais fait ce qu'il me demandait sauf que je n'avais pas déguerpis comme il l'avait demandé. Je n'allais pas tarder à savoir si j'avais raison de croire qu'il valait mieux rester en sa présence pour l'instant ou si j'avais commis une erreur. Erreur qui, malheureusement, pouvait également être la dernière...

L'homme comme toutes les personnes rencontrées qui l'avait précédé avait fait une remarque sur le fait que je n'étais pas celui que je devais être, à savoir un vieillard en fin de vie. Par la suite le jeune homme fit montre de politesse ce qui eut donc pour effet de radoucir la tension présente à ce moment précis. Jinmenju Sasori, chûnin de Suna. Le clan Jimenju est connu comme étant un ancien clan de Mizu no Kuni, dont les membres se sont éparpillés suite à la destruction de Kiri Gakure. C'était la première fois que je rencontrai quelqu'un de son espèce. J'étais intrigué de savoir de quoi il était composé et je devais bien admettre que des envies de disséquer son corps avaient émerger dans mon esprit, mais malgré tout je continuais à me retenir de le faire.

Il m'expliqua ensuite qu'il consentait à me rendre le cadavre de mon cher ami Yamada Ta avant d'émettre la réflexion que s'il obtempérai il n'avait pas à craindre d'une dénonciation de ma part ? Je secouais la tête de gauche à droite avant de reprendre en toute simplicité.


« D'une part, tu ne consens à rien, puisque le choix ne t'es pas permis. Ce choix te permet juste de décider si tu repars d'ici avec une tête au dessus des épaules ou non. D'autre part, à qui veux-tu que je te dénonce ? Je suis une des entités les plus puissantes dans ce village. Hormis la Kazekage je ne vois pas à qui je pourrais rapporter ce genre de propos. Et personnellement moins je m'entretiens avec Habashi Zanshi et mieux je me porte. »


Il me parla ensuite de la pratique de la nécromancie et du fait que je n'y était pas étranger. C'était limite vexant quand on sait que j'étais reconnu comme étant certainement un des plus grands nécromanciens de tout les temps. J'étais d'ailleurs reconnu principalement pour ce fait. Je répondais au reste de ses paroles d'une traite après avoir récupérer le corps de Ta.


« Je t'ai menacé à plusieurs reprises et malgré tout tu souhaites discuter avec moi ? Comme tu sembles le dire, je ne t'effraie pas et mes capacités de nécromanciens non plus. J'imagine que pour venir dans un cimetière en recherche de cadavres, tu dois être un confrère ? Quel est le but de cette collecte ? Travailles-tu sur l'élaboration d'une technique en particulier ? Ou souhaites-tu simplement approfondir tes connaissances du corps humain ? »


Cet homme était louche, mais la première impression passée, on pouvait en conclure qu'il cherchait quelque chose, il avait un objectif derrière la tête même si je ne parvenais pas à en voir la portée. Que pouvais-je dire de plus ? Rien il me semble, je devais attendre que ce jeune homme me dévoile un peu plus ses attentes me concernant avant d'approfondir ma réflexion, je me contentais donc de rajouter simplement.


« Ceci est ta discussion, donc poses toutes tes questions sans en omettre aucune. Si tu éveilles mon intérêt, il se peut que tu y gagnes bien plus que tu ne puisses l'imaginer. »


Après tout s'il était un nécromancien, il pourrait parfaitement devenir un disciple, non ?