Salut ! Elles sont où les filles ?

L’homme au costume rouge et noir était entré en un éclair, et posait désormais tel un abruti devant quelques clients des plus stupéfaits. Il eut beau chercher durant son immobilité pas très classieuse, il n’y avait pas de jeune demoiselle ici. Dommage, il chercha une nouvelle fois, et se redit dommage. Ce bar ne servirait donc qu’à boire ? Il prit une nouvelle pose, cette fois-ci en levant une jambe tel un moine singe.

Puis il mima des petits coups de poing et des coups de pied. Le ridicule ne l’avait jamais tué, et ce n’était pas aujourd’hui que la tendance s’inverserait. Les regards convergeaient encore vers lui, mais certains semblaient avoir compris que l’homme qui venait de rentrer n’était qu’un clown, un comique de bas étage. Keigo n’en avait rien à faire, il continua son petit numéro de combat à mains nues dans le vent. Puis il s’arrêta et regarda un peu autour de lui.

Un bar sans nana ? C’est trop nul ! Heureusement que j’ai trop la classe !

Il soupira derrière son masque rouge, puis s’avança à grandes enjambées et petits sauts vers le comptoir. Derrière, un vieil homme continua de le dévisager et lui demanda ce qu’il voulait à boire. Sur quoi le Nukenin s’accouda au bar et leva un doigt, comme pour dire non.

N’importe quoi, mais je veux à emporter. Hors de question que je vous montre ma bouche. Si y avait des filles, pourquoi pas mais là…

Puis il fit volte-face violemment, et une nouvelle fois les bourrés et les clients de passage le regardèrent prendre une nouvelle pose ridicule. Tous s’étaient probablement demandé d’où il sortait et s’il allait rester encore longtemps ici. Et à vrai dire, Keigo n’en savait rien. C’était ça la liberté !

Une liberté totale à laquelle il était devenu accro. La liberté était la chose à laquelle il s’accrochait et tenait le plus. Même s’il s’en servait principalement pour foutre ce qu’il appellerait poliment… Le bordel.

Il n’y avait pas beaucoup de bordel, et ça le gonflait. Après, il n’avait jamais eu besoin de l’action des autres pour le mettre là où il était et surtout pour se sentir bien. Mais la vérité était qu’il aurait préféré un peu plus de réaction. Les gens semblaient blasés, ivres, désintéressés et malgré le spectacle affligeant du clown, personne ne voulait se mettre à crier un bon coup ou tenter de le frapper. Les gens ici étaient ennuyeux à mourir, et voyaient sûrement au fond de leur breuvage leurs visages morbides. Ils s’apitoyaient probablement sur leur sort, tous autant qu’ils étaient. C’était sûr.

Mais alors qu’il continuait de bouger dans tous les sens, il entendit quelqu’un parler dans son dos. Le barman ? Il se retourna lorsque cette personne cria un bon « monsieur ! ». Non ce n’était pas le gérant, mais bien un individu des plus particuliers. En effet, il portait comme des katana en nombre. Un sabreur des plus redoutables ? Non, plutôt quelqu’un qui se la pétait ! Et qui, de surcroit, gueulait comme un agneau à l’abattoir !

Eh bidule, ça va j’te dérange pas trop ? Tu veux pas gueuler plus fort pendant qu’t’y es ?

Il s’était rapproché à quelques dizaines de centimètres à peine de l’homme. Puis il se redressa, et montra son costume rouge et noir à l’inconnu, qui du probablement le prendre pour un idiot. Mais ce n’était pas grave, bien au contraire, il aimait ça !

Il se retourna tranquillement et retourna crier un peu partout tout en bougeant dans tous les sens. Hormis cet inconnu qui venait de beugler, les gens n’osaient pas réagir. Ils avaient peur, assurément. Keigo a trop la classe, c’était pour ça.

Ah et au fait le con… si tu recommences à beugler comme une vache j’t’enfonce les gros orteils dans tes oreilles de lutin capiche ?

Sur quoi il continua à faire n’importe quoi. Comme n’importe qui.

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