Ainsi donc, il me fallait de nouveau fouler cette terre perdue au milieu de l’océan. Cette île, visitée il y a quelques mois de cela. Un lieu étrange, où régnait un grand et mystérieux pouvoir. Un lieu où la règle pour avancer était simple : surmonter chacune des épreuves qui étaient dressées contre nous. Nous ne l’avions pas explorée dans son intégralité, autrefois. Les secrets de cette terre désolée étaient bien gardés. Et honnêtement, avec la situation actuelle, jamais je n’aurais pensé y remettre les pieds. Et pourtant.

La situation était catastrophique. Tout d’abord, l’emprisonnement de Seitô à Kumo. Un violent choc à encaisser. Ainsi donc, sa mission à Kumo avait mal tourné. Et le pire dans tout ça, c’était que nous étions dans l’incapacité de réagir. S’attaquer à Kumo ne rimerait à rien. Nous avons beau être puissants, notre force de frappe n’était pas encore suffisante pour rivaliser avec un village entier, qui pouvait être soutenu par son éternel allié, notre ancienne nation. Ce serait du suicide. D’autant plus qu’on se doutait que la Foudre ne prendrait pas la décision de l’exécuter. Il détenait bon nombre d’informations qui pourraient les faire languir. Et je sais pertinemment qu’il n’en dira pas une miette, de quoi gagner du temps.

Surtout que si l’exécution a lieu, elle se déroulera à Konoha. Il y aura donc un transfert. C’est donc là qu’il faudra intervenir.

Mais là n’était pas le seul problème. Nozomi s’était mise en danger, certainement sans le savoir. Elle était partie, en direction d’une certaine île. Je n’en savais rien. Et quand je l’ai appris, et que l’on m’a décrit la situation, j’ai tout de suite fait le lien : c’était bien cette île. Pour y avoir été, contrairement à bon nombre d’entre nous, je sais le danger qu’elle représente... on ne pouvait pas laisser l'une des nôtres, et avec une place aussi importante s’y aventurer comme ça. Avec l’aval des autres, j’ai rapidement constitué une équipe, pour venir me soutenir, et ramener la médecin à la maison.

Malheureusement, elle avait de l’avance. Elle était sans doute déjà arrivée sur l’île depuis quelques temps, au moment où mes pieds se posèrent sur cette sinistre terre.

La zone m’était connue. Jusque là, du moins. Les premières épreuves me paraissaient beaucoup plus claires. Je savais à quoi m’attendre. Guidant l’équipe, que j’avais choisie en fonction de leurs capacités respectives, on parvint à s’engouffrer dans ce dôme obscur. Et là, ce fut la même qu’autre fois.

Que s’était-il passé la dernière fois... ? Rien. Nous étions perdus dans ce dôme. Après y avoir erré, après avoir été séparé, nous nous étions retrouvés dans l’incapacité à passer de l’autre côté. Pourquoi ? C’est une très bonne question. Tout ce que je sais, c’est que nous avions tous les trois décidé de retourner sur nos pas. Avec succès, là, par contre. Et c’est ainsi que s’était terminée notre expérience sur cette île.

Mais maintenant, me revoilà dans la même situation que la dernière fois. Dans l’obscurité la plus totale. Le néant. Seul, sans mes partenaires. La situation se répétait, encore et toujours. Il fallait réussir à se frayer un chemin dans ce dôme de chakra sinistre. Autrefois, mes capacités sensorielles n’étaient pas très poussées. Maintenant, c’était tout à fait autre chose. Je ressentais ce chakra, comme s'il était mien. Je me laissais guider, inconsciemment. Il n’y avait rien d’autre à faire. Mes sens s’éteignaient à l’intérieur... il n’y avait plus qu’une chose pour me guider : l’instinct.

Sans réellement comprendre, l’obscurité disparaissait, peu à peu. Un nouveau paysage s’offrait à moi. Une vaste forêt. Et un élément bien particulier qui surplombait chaque arbre, que l’on pouvait apercevoir en regardant plus haut, dans le ciel. Cela semblait être une tour. J’avais l’impression d’être ailleurs. Cette haute tour… comment cela se fait-il qu’elle n’est visible que maintenant ? C’est étrange. J’avais l’impression d’être transporté dans un univers complètement parallèle. Et c’était peut-être le cas, qui sait. En tout cas... j’étais maintenant seul. Mes partenaires n’étaient plus avec moi.

Tenez bon... et toi aussi...

... Nozomi, le Uma. Je ne te laisserai pas seule, ici. J’ignore tout ce qu’il se passe ici, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre la main sur toi. Rien que l’idée de la savoir peut-être seule, ici, m’angoissait. Il faut dire que nous avions passé un long moment ensemble, dans le désert de Kaze no Kuni. Un sentiment protecteur était né pendant ces quelques semaines. Et il perdurait, malgré tout.

Dans la terre, un chemin était tracé. Mes sens à vif, j’analysais la zone avec une précision sans faille, tout en économisant un maximum mon chakra. Il était question de ne pas tomber bêtement dans un quelconque piège. Calmement, j’avançais. Sans aucun doute. Je suivais ce chemin, qui était pour l’instant ma seule indication. Et il n’était pas question de faire marche arrière, pas si prêt du but. Bien que insignifiant, chacun de mes pas me rapprochait peu à peu de cette tour. Il en faudrait encore beaucoup, certes.

Quelques minutes de marche, avant qu’une silhouette se dessinait devant moi. Elle suivait un autre chemin. Des sentiers, qui se rejoignaient... avec une autre personne en face. Elle ne m’était pas vraiment inconnue. À vrai dire, cette apparence me rappelait d’anciens souvenirs. Des souvenirs qui remontaient à plusieurs mois en arrière, alors que j’étais encore un shinobi de la Feuille. Oui, cette femme était une Konohajin. Et même, elle était haut placée dans la hiérarchie. Un kunoichi de rang supérieur...

Aburame Miko. Drôle de contexte, pour des retrouvailles avec la Feuille.

Oui, son nom ne m’était pas inconnu. Elle pouvait être flattée. Elle avait une certaine influence au village. D’autant plus que j’ai entendu parler de son cas, pour une mission qu’elle a eu en commun avec la chef du clan Yamanaka. Oui, cette mission qui s’est déroulée à Kumo, et qui nous a plus nuit qu’autre chose.

Que devais-je penser de cette rencontre ? Aucune idée. Il est clair que la situation ne se prêtait pas tellement pour une altercation avec mon ancienne nation. Mais avais-je le choix ? Malheureusement, sans doute pas. Si moi, je n’avais aucune envie de me battre... qu’en est-il d’elle ? J’allais bientôt être fixé.

Dans tous les cas, je savais à quoi m’attendre avec elle. Son clan était réputé à Konoha, après tout. Le contrôle des insectes... pour être franc, je n’ai jamais eu l’occasion d’affronter un membre de ce clan, et donc cette capacité. Néanmoins, je connais le potentiel de ce pouvoir. Une puissance à faire froid dans le dos. Ce qui allait bien avec l’hôte de toutes ces formidables petites bestioles. Il fallait être prêt à tout. L’information est mon arme, et je tâcherai de m’en servir convenablement.

Spoiler:

Elle avait fait le bon choix. Elle devait s’en convaincre. Et ce même si la foret supposait le contraire. L’ambiance qui régnait ici était loin d’être conviviale… plutôt … dérangeante. Cette forêt n’avait rien de naturelle et même ses insectes le ressentaient. Avançant sur le sentier alors qu’elle demeurait songeuse, l’Aburame se rendait compte progressivement d’un détail qui la dérangeait : il n’y avait nulle âme qui vivait ici. Non pas qu’elle avait utilisé une technique de sensorialité ou qu’elle avait envoyé ses insectes en repérage, mais elle le constatait par l’absence du fourmillement habituel d’êtres vivants qui régnait dans une forêt. Ici nulle vie, nul bruissement d’animaux et d’insectes. Seul le vent qui balayait les arbres et agitait les branches perturbait le silence pesant.

Miko avait changé depuis sa prise d’indépendance. Aurait-elle véritablement pu laisser la Yamanaka à son sort comme elle venait de le faire avant ? Peut-être mais probablement pas. Elle aurait privilégié sa mission devant sa propre sécurité. Elle était devenue quelque peu égoïste malgré tout, et ce même si elle continuait de se convaincre que se séparer de sa partenaire augmentait leurs chances de réussite.

Levant les yeux vers la tour qu’elle avait repéré entre les feuillages, l’Aburame continuait d’avancer aux aguets, son chakra étant un peu revenu depuis ses premières péripéties sur l’île à l’entrée du dôme de chakra. Elle avançait encore et encore mais allait-elle vraiment parvenir à atteindre la tour qui semblait être le centre de l’île ? Elle avait déjà perdu ses vêtements, puis Meia, il ne restait plus grand-chose dont elle pouvait se débarrasser pour avancer.

Bonjour Kohei…

Ainsi la silhouette qu’elle apercevait était celle de l’ancien chef du clan Hyô, enfin plutôt celui actuel du groupe de renégats qu’il dirigeait. Mais était-il réellement là ou n’était-ce qu’une nouvelle manifestation ? Non probablement la première option, elle n’avait aucune attache avec l’élève de Seitô qui avait participé au massacre de civils au temple. Une idée traversa son esprit : celle de le capturer et le ramener au village. Mais elle l’abandonna bien rapidement. Celui qui contrôlait l’île n’était pas à prendre à la légère. Et ses approches du Shoraizen avaient été un échec jusqu’à présent, autant ne pas ruiner son plan initial et rater une telle opportunité.

Drôle de contexte ? Allons bon, vous deviez sûrement vous douter que vous ne seriez pas le seul à être attiré par cette île, que ce soit pour des raisons militaires ou plus personnelles. Mais nul besoin d’adopter ce genre de posture défensive pour le moment. Avec la Feuille dites-vous ? On m’avait parlé d’un garçon spécialisé dans le secteur de l’information, j’avoue être quelque peu déçue…

Soupirant tout en replaçant une mèche de cheveux, l’Aburame peu joviale continua sur sa lancée.

Enfin …peut-être étiez-vous trop obnubilé par l’arrestation de Seitô pour vous soucier des moindres détails se déroulant à Konoha. Après tout, mon départ a dû se fondre dans la masse des autres que vous avez provoqués…

À lui de répondre, en espérant que ses paroles auraient calmé sa suspicion … et éveillé sa curiosité.

L’Aburame. Ici donc. Qui l’eut cru ? Je pouvais tomber sur n’importe qui en ce bas monde, mais il a fallut que ce soit une Konohajin. Et pour couronner le tout, une qui était bien gradé. En même temps, vu les premières épreuves, il semblerait que ce ne soit pas à la portée de tout le monde d’arriver jusqu’ici. Seulement l’élite ? Peut-être bien.

Et la discussion commença donc avec cette femme. Si un affrontement a lieu, je risquais de beaucoup y perdre. Néanmoins, elle aussi. Et puis... nous sommes en territoire ennemi. Serait-ce judicieux de nous affronter ici, alors qu’un ennemi peut sortir de nulle part, et à n’importe quel moment ? Non. Et puis, pour être franc, je n’en avais nullement l’envie.

J’écoutais alors calmement ses paroles. Elle ne m’apprenait rien quant à l’effet qu’a eu cette île dans le monde. Elle était au coeur même des problèmes actuels, avec les Furyou. Un lien qui n’était plus à prouver, désormais. Néanmoins, ce fut la suite de ses paroles qui m’intriguait plus. Tout laisser à entendre que notre amie avait quitté le village. Seulement, elle ne nous avait pas suivi, et nos routes se croisaient aujourd’hui. L’observant de la tête au pied, il n’y avait effectivement aucun symbole prouvant son appartenance à Konoha. Cela ne voulait rien dire, certes. Néanmoins, cela ne pouvait qu’appuyer son affirmation.

En tout cas, elle savait des choses. Malgré toutes nos tentatives pour rester discrets, et ne pas faire trop de grabuge, depuis le début des informations. Elle connaissait ma position. Et elle avait eu vent de l’arrestation de Seitô. Encore pour ce dernier, vu les relations entre Konoha et Kumo, rien de bien surprenant. Sauf si elle avait réellement quitter Konoha.

Hm. Elle ne semblait pas simuler, en plus. La méfiance était toujours de mise, certes. Mais la possibilité de faire face à la réalité était tout de même conséquente.

Eh bien, vous m’intriguez.

Une posture plus calme, plus posée. Baisser ma garde ? Non, jamais. Néanmoins, je commençais à me poser quelques questions. Il est vrai que la fuite de Konoha n’a pas été de tout repos, et que j’ai du bien vite m’exiler jusqu’à Kaze no Kuni, le temps de ma mission. La Feuille était loin d’avoir été ma priorité durant ces derniers mois, notamment lors de cette période de fuite, où certains Konohajins sont intervenus. Comme Natsuki. Est-elle partie durant cette période là ? Sans doute.

J’ai du mal à y croire. À vrai dire, jamais je n’aurais pensé que votre nom se rajouterait à cette liste de désertions. Et pourtant, vous prétendez que c’est le cas. En tout cas, y a pas à dire, vous êtes bien renseignée.

Il n’était pas à oublier qu’elle semblait savoir pas mal de choses sur nous. Elle connaissait mon rôle dans l’organisation, alors que celui-ci était censé être resté secret. Y avait-il eu une faille ? Pouvait-on envisager que l’un de nous se soit fait capturé, puis interrogé ? Non, impossible. Je l’aurais su bien assez tôt. Un traître parmi nous ? Là encore, ce serait dur à imaginer. On l’aurait sans doute vite retrouvé.

Non, cette rencontre était un pur hasard. Si elle a un quelconque plan en tête, ce serait bien joué de sa part. Et si elle avait ses informations, ce n’était probablement pas grâce à Konoha. Parce que si ces informations étaient accessibles à la Feuille, on en aurait vite entendu parler. S’ils ont réussi à en savoir plus sur mon rôle, sans doute ils en sauront bien plus. Une offensive serait vite venue. Il y avait encore beaucoup de questions sans réponses. Et ce n’est pas en lançant les hostilités, ou en restant fermé que j’en apprendrais davantage. C’est risqué, certes. Mais qu’est-ce qui ne l’est pas depuis la désertion de Konoha ? Chaque parole, chaque action... tout pouvait nous nuire. Vivre dans la crainte d’être retrouvé, et de se faire avoir. Telle était cette nouvelle vie. Tel était le fléau que l’on voulait combattre. Pour nous, mais aussi pour tous.

Rien ne laissait à croire qu’elle mentait. Le problème venait juste de l’incertitude de la chose. Rien n’était impossible après tout.

Dites-moi, Miko. Pourquoi avoir quitté Konoha, dans ce cas ? Vous n’étiez pas là le jour où tout a commencé. Une mission vous retenez à Kumo. Que s’est-il passé pour que vous décidez de déserter, vous aussi ?

Non, je n’étais pas tellement convaincu. Je l’observais avec attention, tout en restant détendu. Calme, mais concentré. Et pas que sur elle, même sur les alentours. Rien ni personne d’approchera notre position sans que je n’en sois informé. Mes sens étaient aux aguets.

En tout cas, on devrait bouger. Rester plantés là ne ferait qu’agrandir le risque de se faire repérer. Bien que cela ne m’étonnerait pas que nos ennemis sachent déjà que nous sommes sur leurs terres.

Le début d’une coopération ? Hm. Trop tôt encore pour affirmer ça comme ça. Il n’était pas à exclure que cela soit la vérité. En tous les cas, connaissant la puissance de l’ennemi présent sur cette île, je sais qu’il vaut mieux être accompagné. Soit. Nous verrons bien.

Il ne l’avait pas directement attaqué. Il était loin d’être stupide en tout cas. Ce n’était pas très surprenant. Il avait beau être jeune, il avait été rapidement promu Jonin et chef de son clan, à cela on pouvait ajouter qu’il avait été en quelque sorte le second de Seitô alors que les deux étaient encore à Konoha. Une simple supposition, mais sans doute Kohei toujours au Shôraizen devait avoir du poids dans cette nouvelle organisation. Pourquoi être ici et non en train de réfléchir à un plan pour sortir Seitô de prison ? Existait-il une solution sur l’île ? Un artefact dont il aurait entendu parler peut-être ? Ou bien avait-il décidé d’abandonner Seitô à son sort pour prendre les rênes du « pouvoir » ? Elle avait beau s’être renseignée rapidement avant de partir, la psychologie du personnage qui se tenait devant elle était loin de lui avoir été totalement révélée. Peut-être depuis le début attendait-il son heure. Après tout la trahison était affaire d’habitude dans le monde shinobi

Comme c’est flatteur.

Elle l’intriguait ? Bien. Au moins avait-elle ferré son attention, ne restait qu’à remonter sa prise, et l’affaire s’annonçait bien plus difficile que … non en réalité elle avait déjà envisagé les obstacles qu’elle rencontrerait lors de sa rencontre avec l’une des autorités du Shoraizen. Avec un peu de chance les choses se dérouleraient correctement même si elle avait l’impression de marcher sur une corde raide. Il avait raison de se méfier, elle en aurait fait de même à sa place. Peut-être aurait-elle-même été plus radicale … si elle ne s’était pas trouvé sur l’île.

Si je vous disais que j’avais mes raisons, cela ne suffirait pas n’est-ce pas ? … Oui, nous devrions nous diriger vers la tour. J’ai le sentiment que c’est dans cette direction que nous trouverons les réponses à nos questions concernant ce lieu. À moins que vous ne soyez pas tout seul ?

Était-il tout seul ? Une simple question afin de jauger la dangerosité du personnage. Seul ils étaient à armes égales et pouvaient ainsi se parler sans que cela ne dérape, mais avec une équipe le soutenant, elle avait toutes les raisons de craindre un renversement de situation. Tournant pour continuer à remonter le sentier et mettre fin à leur face à face provocateur, l’Aburame adapta sa cadence à celle de son interlocuteur, tout de même aux aguets au cas où … Mieux valait une petite part de paranoïa ici, que ce soit l’île ou le Hyô, les menaces étaient réelles et un peu de méfiance pouvait sauver une vie.

Disons que j’ai eu quelques désaccords avec le village et la façon dont celui-ci était dirigé également. Lors de votre fuite, vous deviez savoir de quelle mission me retenait : escorter Meia Yamanaka à Kumo pour qu’elle y rencontre le Kage des Nuages en cette période de crise. Nul doute que votre sensei était fortement intéressé par l’issue de l’entrevue avant de déserter.

Leur marche n’était pas de tout repos sans pour autant être pressante. Mais ils ne se faisaient pas suffisamment confiance pour foncer tête baissée, craignant chacun un coup en traître de l’autre. Arrivant à l’entrée d’une petite clairière, ils distinguaient à présent d’avantage la tour, leur destination. Aurait-elle ses réponses sur les Furyous, sur Daken ?

Pour faire court, l’élément déclencheur de ma décision aura été l’aveu que le Raikage a fait à Meia Yamanaka : l’inquisition des deux Seki au temple n’était que pure provocation envers votre sensei pour le piéger et l’inciter à commettre une erreur. Il savait que ses soldats s’acquitteraient parfaitement de leur tâche… Vous auriez dû voir le sourire satisfait du fameux conseiller Kumojin Hasaki Seki alors qu’il laissait Meia vérifier dans ses souvenirs si ce qu’il affirmait était juste...

Se crispant car pour le coup elle le pensait véritablement, l’Aburame desserra les poings et continua, tâchant de garder son timbre de voix monotone comme à son habitude.

Comprenez-moi bien. Je ne dis pas que Seitô est innocent. Ni vous d’ailleurs. Mais Kumo est loin d’être étranger à ce meurtre collectif. C’est à cause de ce village que tant de Konohajins, de personnes, sont mortes ces derniers temps. Shinobis mais aussi civils. Et comment la Feuille se comporte-t-elle avec ceux qui l’ont bafoué ? En continuant à considérer ce village comme un allié de valeur, chose qu’il n’a jamais été, accueillant à bras ouverts l’ingérence de La Foudre. Peut-être le savez-vous mais le Rokudaime a perdu sa puissance d’antan, sa mémoire. Konoha est au bord du gouffre, et les personnes encore influentes du village telles que Meia Yamanaka n’ont que faire des vies innocentes.

Petite pause alors que le vent balayait ses cheveux et la clairière. Elle s’emportait. Et c’était tant mieux.

Tout ce que j’ai fait jusqu’à présent n’a jamais été pour le village. Mais pour les villageois, pour les protéger. Mais je m’aperçois aujourd’hui que la politique et les complots ont pris le pas depuis longtemps sur le simple bien-être de ceux que nous shinobis sommes censés protéger. Civils qui nous pointent désormais du doigt à la simple bévue, influencés dans leur décision par la désinformation des hautes sphères. Seitô en est un exemple, mais il y en a eu, et aura de nombreux avant et après lui.

S’arrêtant elle regarda le jeune homme dans les yeux avant de finir, se lançant au tout pour le tout.

C’est pour cela que je suis partie. Afin de ne plus être un outil et faire enfin mes propres choix. C’est également pour ces raisons que j’ai tenté de retrouver Seitô sans pour autant y parvenir avant Kumo : pour changer la hiérarchie qui s’est instaurée malgré les années entre les différents individus..

Une légère brise, qu’allait-il en dire ? Et le maître des lieux ? Ils avaient bien avancé à croire que cette forêt était vide. Mais ce n’était probablement qu’une impression. Après le dôme elle pouvait s’attendre à tout.

Votre curiosité est-elle satisfaite maintenant ?

En effet, me dire qu’elle avait ses raisons ne suffiraient pas. Si tel était le cas, je ne pouvais lui accorder ni aucun crédit, ni aucune confiance. À vrai dire, je ne savais pas qu’elle avait déserté Konoha. Et d’ailleurs, ça m’étonnait.

À la base, je n’étais pas seul. Quelques membres du Shôraizen m’ont accompagné, avant que nous soyons séparés par le Dôme de Chakra. Sa traversée n’a pas été fructueuse pour tout le monde... je ressens très faiblement leur chakra, ils n’ont pas réussi à passer, et sont de l’autre côté. Donc oui, je suis seul maintenant.

Sans ne laisser rien paraître, j’étais pour autant bien plus concentré qu’elle ne pourrait y penser. J’étais concentré... sur son chakra. Je l’épiais avec insistance. La moindre fluctuation de celui-ci ne m’échappera pas. Ainsi, je pouvais savoir si elle tentait de proliférer le moindre mensonge dans son discours. Je l’écoutais alors, attentivement. Elle commençait à me conter son histoire, qui était bien plus intéressant que je n’aurais pu l’imaginer, alors que l’on s’avançait vers la tour.

L’arrivée des deux membres du clan Seki... une provocation ? Ils n’étaient venus que pour nous piéger... ainsi, ce n’était pas les informations présentes sous le Temple de Kyûbi, qui étaient la raison de leur venue ? C’est... impensable. Et pourtant, ça ne m’étonnait pas venant de ce village, tout compte fait. Ils nous avaient eu... ils ont obtenu ce qu’ils voulaient. Donc... tout ce qu’il s’est passé... c’est de leur faute ? Oui, c’est bien ça. C’est à cause d’eux, principalement, que nous en étions tous là... sans leurs magouilles, qui sait, nous serions sans doute encore au village à l’heure actuelle. Je serrais le poing, dans un sentiment de colère non caché.

Miko avait tout à fait raison, et ne mentait pas, en plus de cela. Mes sens ne me trompaient pas, comme quoi, j’ai sans doute eu tord de ne pas lui faire confiance. J’avais tout intérêt à m’en méfier après tout, mais je pense que je pouvais lui faire confiance sur ce point là, du moins...

Si ma curiosité était satisfaite ? Oh que oui. Bien plus que je l’aurais pensé.

J’y crois pas... ils ont tout manigancé, depuis le début. Ils ont bien réussi leur coup, ces...

Je me retenais lancer une injure à leur encontre, pour rester un minimum poli. Bien que je ne devrais pas.

Je ne me suis jamais considéré innocent de ce qu’il s’est passé, ce serait complètement immoral de ma part. Mais de là à penser que c’est ce que fait Kumo... passer pour les gentils, alors qu’ils sont derrière toute cette mascarade...

Je serrais les dents, lâchant un soupir frustré. Et le pire, c’est que Konoha n’ouvrait pas les yeux. Qu’ils se laissaient influencer par ce village, et son influence plus que néfaste. Ils ont gagné. Ils ont eu ce qu’ils voulaient... un village bien égoïste, mais plus malin que je ne l’aurais pensé. Il allait me falloir du temps pour digérer ça.

Vous avez bien fait, Miko. Malheureusement, Kumo a une bien trop mauvaise influence sur Konoha, depuis cette histoire... et vos dires ne font que confirmer cette pensée.

Et aucun mensonge n’a été perçu. La pure vérité. Je pense pouvoir lui faire confiance. Qui sait... une rencontre entre elle et Seitô pourrait aboutir à quelque chose d’intéressant.

Néanmoins, rien n’était sûr sur cette île. On assistait maintenant à une scène... un peu particulière. Trois femmes, trois bandeaux de Konoha. Elles comptaient nous attaquer ? Si tel est le cas, preuve supplémentaire que l’Aburame soit réellement partie de Konoha. Les voyant, je ne perdis pas un instant, et activai une technique sensorielle de haut niveau, me permettant de prédire à l’avance le moindre de leurs mouvements.

J’observais les trois femmes agir. Toutes trois étaient assez spéciales... la première était relativement petite, et s’était envolée. La seconde, plus enrobée, s’était enfoncée sous la terre. Et enfin, la dernière, était sorti d’une fleur, puis était restée en retrait, entourée d’une inquiétante aura. Elles veulent nous tuer.

Konoha... pour de bon ce coup-ci. Miko, préparez-vous !

Je n’avais sans doute nullement l’intérêt de la prévenir. Elle était sans doute plus expérimentée que moi, après tout. Pourtant, je préférais ne rien laisser au hasard. Ces trois là comptaient nous tuer... il fallait maintenant riposter.

Pour commencer, il fallait en apprendre plus sur elles, les tester. C’est dans cette optique que j’envoyais, dans la direction de la femme à l’aura, un loup d’encre qui se ruait sur elle. Le loup avait pour but de la lacérer de ses griffes, pour la réduire en charpie. Bien sûr, je sais très bien que ça ne sera sans doute pas aussi simple que ça...

Spoiler: