¤ Hai no Kuni, avant même l'existence des villages shinobis...

-Saho ! Viens ! Viens !!
-ONEE-SANNN !! Attend moi ! Attend moi !
-Allez viens ! Viens ! N’ai pas peur petite sœur !

Ses bras étaient tendus son corps à moitié englouti par l’eau, parfois plus par les vagues et son sourire enchanteur, il la poussait notre petite Gogyou à le rejoindre au milieu de leur élément. Celle-ci semblait craintive…

-Reviens !

Il lui tirait la langue avant d’éclater en eau littéralement, un prodige dont elle n’était pas capable encore moins à cette époque-là. Son regard inquiet se perdait dans l’eau, plus de trace de son aîné et la surface de l’eau calme à nouveau. Un réflexe elle se mit à courir dans l’eau jusqu’à son emplacement que l’eau sous à son menton n’avait plus d’importance, le perdre, c’était pire que tout.

-Nanata-chan…

Un murmure qui la faisait sursauter et elle glissait dans le trou du lac, sa tête plongeait sous l’eau, l’anxiété gagnait son être et sa main se tendue vers la surface qu’elle n’arrivait pas à rejoindre, vers lui son frère. Elle tentait bien d’hurler son nom, mais l’action ne faisait que la privait de tout son oxygène, l’enfant de l’eau se débattait un temps en coulant par le fond pas si profond au fond et là à sa plus grande surprise, après la peur, l’incompréhension. Sa petite silhouette s’immobilisait confuse, aucune douleur dans son cœur, pas d’air, mais pas de manque, même plus la température de l’eau qui l’atteignait… Pourquoi ?

La réponse arrivait en même temps que son frère aîné souriant sous l’eau, il semblait rire, mais ici un bruit unique celui de l’eau parcourant ses tympans. L’enfant n’osait plus bouger pour observer autour d’elle, lui, puis elle-même, une immense carpe passait entre les deux et terrifiée la gamine se figea, loin d’être le cas de son frère qui s’accrochait à une nageoire de la bête avant d’attraper le bras de sa sœur. Entraînés au travers du lac sans le moindre effort, très vite la Gogyou y reconnaissait le côté amusant, dommage qu’il finissait par la ramener à la surface.

-One-san ! Il était énorme ce poisson, on aurait pu le manger pendant des jours !

Le jeune homme riait de bon cœur.

-Non Nanata, on l’aurait gaspillé à nous deux seulement, en plus, on priverait ce lac de son gardien. Une mort gratuite, inutile.

La gamine le regarda avec insistance, comme si elle voulait une suite, une qu’elle créait tristement finalement en se rattachant à leur propre histoire.

-Comme Maman…

Le regard de l’aîné Gogyou se baissait un instant, avant de se relever pour afficher un fascié plein d’entrain.

- Les gens ne disparaissent pas totalement Nanata-chou, ils se réincarnent en ce qu’ils ont toujours rêvé d’être, le poisson reviendrait sûrement dans son lac.
-C’est vrai ? Alors pourquoi Maman est pas revenue !
-Ahhh Bah, parce qu’elle rêvait d’être libre comme le vent, sûrement un oiseau, genre comme ceux qui te surveille tout le temps !

Il riait à nouveau, pas sûr que cela soit de bon cœur, mais au moins, sa bonne humeur permettait d’avancer.

-Moi je veux être un serpent des eaux… Je mangerai Maman et elle restera avec moi comme ça!
-Quelle idée étrange Nanata !

Pas de grandes difficultés pour la soulever et l’amener hors de là et là la question inévitable…

-Et toi One-san ? Que serais-tu dans ta prochaine vie ?
-Un poisson ! Pas n’importe lequel petit sœur, celui qui vivra avec toi pour toujours, génial non ?
-Pour toujours tu promets !
-Toujours.
-Je te mangerai aussi alors !
-Gloutone !

Il étirait un sourire en les ramenant à leur chez eux qui était en fait d’avantage une planque de fortune.

Dix ou plus avait passé depuis la dernière fois que la Gogyou avait foulée cet endroit. Son fils dans ses bras dormait encore, bien au chaud sous la couverture, la même depuis leur départ du Shukai. Ils avaient pris plusieurs bateau, entres deux marcher un peu, une évidence, l’enfant n’avait pas compris leur départ sans retour, il avait pris ça pour une escapade avec sa mère trop souvent absente ces derniers temps, ça n’avait rien pour lui déplaire donc. Sahori l’observa avec tendresse, comme les premiers jours de sa vie, paisible dans ses bras il était imperturbable, il pesait juste plus lourd maintenant. La pensée la fit sourire, comme le souvenir de son frère qui la bordait ainsi et ici même au bord de ce lac.

Sa tignasse se liquéfiait et le poisson semblait ravi de revoir l’endroit, fait rare et étrange, assise au bord de l’eau, ses pieds dans cette dernière et toujours son enfant entres ses bras, d’un coup de couette elle projetait l’animal dans la masse de liquide en face d’elle. La Gogyou l’observa longuement, particulièrement car il filait vers les profondeurs sans demander son reste, sa mine se fit triste un instant en voyant sa silhouette disparaître, avant que le sourire revienne après la première larme. La même qui éclaboussait son fils ouvrant un œil interrogatif ainsi dérangé. Il s’étira un peu en attrapant sa maman qui reportait toute son attention sur lui, son premier réflexe fut de chercher le compagnon aquatique de sa maternel dans sa tignasse, il fronçait les sourcils en ne le trouvant point. S’il y avait bien une personne qui savait à quel point l’animal était parlant la concernant, c’était lui.

-Où est Nemo Maman ?...

L’interpelait l’observa en silence pour se concentrer sur la formule à employer.

-Le serpent a compris qu’il avait les yeux plus gros que le ventre.

Il releva un sourcil, preuve qu’il n’avait pas compris…

-On vient de ramener Nemo chez lui, regarde comme sa maison est grande ! Il sera heureux enfin.

L’enfant ne fit pas prier pour observer le lac avant de se reporter vers sa mère pour savoir où elle voulait en venir. Non, il n’était pas question aujourd’hui de partager son expérience d’antan avec lui, pour la tout simple raison, qu’il en serait incapable, Gogyou ne voulait pas dire qu’il avait le même élément que sa mère, la preuve, la mère de Saho’ était l’enfant du vent… Non, elle voulait se ramener à la réalité, car c’était au final l’effet qu’avait eu le Shukai sur elle, un rappel sur sa condition réelle. Elle était venue libérer le prisonnier de ses propres craintes, c’était injuste de les faire subir à d’autres….

-Mais maman… Nous on ne peut pas vivre dans le lac… Papa peut faire un lac au palais je suis sûr !

Son regard était le plus sérieux du monde, mais être ensemble ne voulait pas garantir d’être heureux, elle frottait le haut du crâne de son fils à la moue désapprobatrice en comprenant que ce n’était pas dans les intentions de sa mère.

-Je veux rentrer.

Exigeait-il ainsi aussitôt.

-Tu es né ici, comme moi, comme Nemo, alors ton vœux est exhaussé petit homme.

Il quittait ses bras pour protester, tant mieux, une occasion rêvée de rejoindre sa source pour ne pas le subir, l’écouter, elle imitait son frère quand il ne voulait pas entamer ni lui répondre face aux sujets sans issus ou dérangeants. La silhouette de la Gogyou fondait en eau…

-Mamannnn !!!

Même réflexe qu’elle dans le temps, mais cette fois pas de tasse à boire, des bras le retenaient avant sans que jamais sa tête ne passe sous l’eau et elle riait, la vile en reprenant forme. Il l’éclaboussait grincheux en marmonnant avant de vite céder au sourire, il faisait bon ici, aucune crainte de l’eau chez le petit homme, sa mère et elle ne faisait qu’un après tout. Une immense silhouette, du moins son ombre en dessous d’eux, tiens, il était toujours là ? La Gogyou fut forcé de tourner à nouveau vers son fils quand il déclarait…

-Nemo !

Un sourire enchanté et quand elle tourna son regard dans ses cheveux aquatiques, le retour de son fidèle compagnon.

-Tu es libre, file, rentre chez toi.

Le poisson lâchait une bulle en l’observant avant de faire une pirouette, la fille ricanait sans grande conviction.

-C’est peut-être vraiment toi au fond.

Son fils l’observait interrogateur, ainsi alors qu’elle lui faisait parcourir la longueur du lac lui assis sur son ventre et elle flottant, la Gogyou entamait une histoire, celle de deux gamins qui vivaient là, elle et un autre, son aîné et cette histoire de poisson… Un matin dans un bocal après un réveil où elle avait pleuré inconsolable toute une nuit, seule soudainement… Sans lui. Personne ne disparaissait vraiment hein ?...

-Moi aussi je serais ton poisson maman.

Elle secouait la tête négativement.

-Non, c’est moi qui sera le serpent qui s’enlacera à toi très fort ! Vraiment très fort !

Elle mina l’action, bien évidemment la légèreté repris sa place alors que le môme riait aux éclats. L’humeur de sa mère était bien différente contrairement aux apparences.

Le soir tombait, le gamin avait un sacré talent de pyromane déjà, on lui devait le feu de camp et sa mère n’avait déjà plus aucun doute sur sa nature, son parfait opposé ! Voilà qui était amusant, il devait tenir le côté bouillant de son géniteur, une petite pensée pour ce dernier d’ailleurs, il avait dû avoir un réveil difficile, il aurait un couché bien plus terrible encore. La Gogyou regardait l’horizon, s’étonnant de ne voir ni débarquer le Buki, ni Yuki-sama… Elle l’imaginait bien la scène Van et Setsuna en tête de liste puis la Samui qui enverrait sa grosse ours mangeuse de cœur…

Elle riait seule d’un coup, ça lui faisait passer le mal être de les avoir abandonné et le gamin faisait comme elle, sans avoir besoin de savoir pourquoi. Le gamin insista une nouvelle fois sur sa requête de lac auprès de son père dès qu’il rentrerait, bien sûr sa mère ne prenait même plus la peine de lui répondre, soupirant simplement et c’était en marmonnant qu’il s’endormait. Ce moment là où le poisson dans ses cheveux choisissait de s’agiter, elle observa longuement sans en fait chercher à comprendre peut-être la solution depuis le début…

-Nanata-chan-

La voix de son frère qu’elle crut entendre. Un frisson lui parcourait tout le corps quand il la frôlait. Le sursaut se fit de la part de la Gogyou, le poisson s’esquiva de sa couette, car en fait il n’avait jamais s’agit que d’un choix pour lui d’y rester. Il attirait son attention vers le lac et toutes les ombres qui bientôt brisaient l’uniformité de la surface de l’eau, son miroir sur la lune. Des poissons, de tailles et couleurs différentes, mais tous un point commun : Dans ses souvenirs. La fille frottait ses yeux pour être sûre de ne pas rêver, mais tous restaient là à l’observer, il y avait longtemps, elle les avait croisé, après tout elle vivait au bord du lac, le géant, enfant, elle le surnommait Poissiroy, mais le plus gros encore, Poissireine, les nageoires roses/rouges lui faisait penser à une femelle… Son préféré de tous, le plus maladroit qu’elle remettait toujours à l’eau, car il s’en sortait on ne sait comment… était Magicarpe, sans compter Nemo le dernier de sa connaissance pour citer les vedettes.

Elle se rapprochait sans comprendre à sa plus grande surprise une marée d’algues ternissaient la surface, des Kanji : 泉水蛇. Impossible de retenir son sourire en les reconnaissant, difficile de croire à la coïncidence. Le message, elle ne le comprenait pas tout à fait encore, certes, mais au moins maintenant, elle savait qu’il y en avait un, un bon départ pour avancer et une vérité à ne plus prouver quand son fidèle ami sautait de l’eau pour rejoindre ses cheveux à nouveau. Son choix de rester auprès d’elle, car peut-être au fond, la présence de l’un était devenue aussi indispensable à l’autre. Elle regarda son fils amusée, non, non, pas son père qui aura besoin de créer le lac ! Mais elle, une affaire de temps.

-Le tour du monde le plan de base pas vrai. Va falloir s’y mettre sérieusement.

Craquement de doigts, claquement de nageoires sur l’eau, une approbation sans mot, mais tout aussi parlante.