Des paquets dans les bras, c’était rare, mais ça lui arrivait comme tout le monde de faire des courses, bon ça se limitait au stricte minimum, mais normal, cette fille avait une flemme sans pareil. Pas de surprise pour une porte pas verrouillée, elle ne le faisait jamais aussi, flemme encore ? Oui là vu la hauteur et les escaliers, ça seraient les voleurs qui l’auraient. La brune débarrassait ses bras sur la table non loin de l’entrée et là très vite un truc qui cloche… Un instinct.

Etrange odeur, son iris dorée parcourait la pièce, le tour était vite fait et au fond, près de la bais vitrée du balcon, son lit en boule. Ok, rien de nouveau, les pieds qui dépassaient par contre…

-Hum.

La brune affichait une mine peu commode, elle n’aimait pas plus les visites que les invités mystères, sèchement, sans tact, elle relevait la couette, pourtant elle la laissait tomber aussitôt dans un sursaut de recul…

-Non, mais je rêve…

Pas sûr, pas sûr du tout, elle soupirait blasée, voilà autre chose, la couette à nouveau relevée et la belle balafrée aux poings dormants bien loin dans l’univers de Morphée. Soit. Elle se gênait pas celle-là, typiquement Kirijins après tout. La brune se serait plu là-bas en fait. Finalement c’était un sourire qui s’esquissait, son esprit malsain qui se réveillait, elle allait lui apprendre à envahir son espace sans invitation, sans nul doute !
Un détour vers son évier, un récipient d’eau, tiède néanmoins, oui la brune savait être attentionnée des fois, si, si. Puis rapidement le tout qui se déversait sur sa rousse préférée, difficile de ne pas avoir envie de rire en pareil situation, en fait, elle ne se retenait même pas. Bon elle rirait moins devant son trempé, mais c’était une autre histoire.

-Tranquille ou bien ? C’est un genre de coutume à Kiri, s’invitait chez les gens, dans leur lit durant leur absence ?...

Elle se penchait pour mieux la voir, avant de rajouter.

-A Kumo, on préfère s’y invitait avec eux.

Sourire et un sourcil qui se relève, ouais, elle se fou d’elle, puis très vite, le flot de questions, rien de nouveau après tout, une kunoichi malgré tout, malgré elle, c’est dommage de s’en rappeler des fois.

-Tu as un laissez-passer officiel, ou il faut que je te planque en plus ?

De la réserve ces foutus Kirijins et la Kumojins ? Un manque de niveau pour lutter flagrant, tant mieux, car c’était une bonne excuse pour se laisser faire dans les bras d’une brume plus douce qu’ ensanglantée auprès d’elle. Elle contemplait la rosée du terrifiant sud perdu, un sourire en coin, aucune riposte, autant jouer jusqu’au bout, d’ailleurs, très vite, un argument pour la faire rire, comme le proverbe était vrai, femme qui rit, à moitié dans ton lit… Leur emplacement justement.

-Pas besoin d’assistance toi ?

Impossible de redevenir sérieuse après ça et ce n’était pas tant l’action de l’eau chatouilleuse même si elle y était pour beaucoup, rire à en pleurer, sans protester, ça faisait longtemps et se débattre n’avait pas grand effet en fait. Le supplice s’arrêtait de lui-même, enfin un bien grand mot, dernière larme de joie qui s’écoulait le long de sa joue venait donner un goût salé à ses propres lèvres qu’elle mordait, pas la seule dans ce cas. La Bakushô la repoussait pour l’aider à se redresser gentiment.

-Pas besoin de menace pour boire quand je suis en civile rassure toi !

En service non plus ceci dit… Mais bon, autant faire genre. La voilà qui fouillait dans ses placards, pas de surprise, un stock impressionnant, sa petite Koémi en coupable pour la plupart… Quelque chose de bon ? Son regard se glissait sur un liquide vert, mais terriblement fort. Un sourire mesquin, voyons à quel point ils tenaient le choc les kirijins…

-De l’ Absinthe tu connais ? On appelle ça la fée verte en montagne par chez moi.

Vu la vitesse à laquelle elle montait à la tête, la rousse allait d’elle-même vite comprendre pourquoi ce charmant sobriquet. Deux petits verres se posaient sur l’unique table de ce une pièce au final, une cage à poule et déjà s’en occupait été une corvée. La brune versait deux fonds, puis deux étranges cuillères trouées se posaient au-dessus des verres, avant qu’elle ne pose un demi sucre sur chaque, qu’elle diluait avec de l’eau glacée sortie du frigidaire. Le vert foncé se perdait dans un éclaircissement, ce qui n'enlevait en rien le parfum d'anis qui s'en dégageait. Après un « santé » , la brune avalait aussitôt le sien sans difficulté, même si elle fit une grimace, normal vu le liquide…

-Raconte-moi tout, tu es en visite ? Tu restes un temps ? Chez moi je suppose en prime !

Rire, ouais, elle le prenait plutôt bien.

La brune capturait le bâton fumant, un terrible faible pour ces trucs-là. Le moment se voulait festif, mais les dires par moment semblaient grave, pour autant, Miaë gardait son sourire en écoutant, retenant sa curiosité et étouffant un mauvais pressentiment, chaque chose en son temps. Un nouveau verre, puis un autre et un autre, ainsi de suite tandis que la rousse parlait.

-Diplomatique ? Toi ?

Un premier point de départ et la Bakushô n'en pouvait plus de rire, elles étaient aussi diplomates l'une que l'autre et quand on connaissait un des deux oiseaux, on savait ce que cela voulait dire.

-Tu vas finir en cellule et moi à te garder derrière des barreaux. Quel plan d'enfer !

La femme relâchait sa fumée en formant des cercles, il fallait qu'elle s'amuse de tout, plus fort qu'elle. Puis son regard se remettait, plus insistant sur son amie, à qui tout d'abord elle validait sa présence ici durant le séjour. Pas qu'elle en avait besoin ceci dit.

-On visitera les bars ouais, si tu veux. Le reste, pas grand d'intérêt pour moi, je ne vais pas me forcer pour toi, rêve pas.

D'autant que patrouilleuse depuis dix ans, la kunoishi connaissait très bien la ville, peut-être trop, pour ça qu'elle n'aimait pas sortir et préférer dormir, d'ailleurs sur ce point vital, sa voix se voulait d'être parfaitement écouter.

-Le sommeil, c'sacré, si tu veux une place dans mon pieu, t'avise pas de me réveiller et ton épée elle dort pas dessus !

Un gros chat faisait son apparition en miaulant, comme pour lui aussi venir défendre sa place, sa moman le gratifiait d'une caresse, mais non, elle ne l'avait pas oublié, d'ailleurs, la kirijins ne semblait pas non plus la chasser de sa mémoire. Quelque part, ça lui faisait plaisir, va savoir...

-Je cuisine pas non plus.

Important aussi et quand la cigarette venait à sa fin, la fille la jetait sans plus de chichi par la fenêtre entre-ouverte d'un mouvement expert de ses doigts.

-Je me disais bien qu'il gelait ici. Je suis frileuse moi, laisse pas tout ouvert bordel ! Et touche pas mes affaires.

On avait fini là ou bien ? Qui sait, mais ne pas allait à la pêche aux infos n'aurait pas été Miaë.

-Dis moi ce que tu prépares au lieu de faire tant de mystère, peut-être, je dis bien peut-être que je pourrais me montrer mignonne si tu es coopérative... J'ai une baignoire... des saletés parfumées, de quoi faire beaucoup de mousse et des bougies.

Concluait-elle sourire en coin.

-Grand luxe, dans une bassine de la classe moyenne !

Sa propre connerie la faisait rire.