C’était idiot, mais depuis que Karasu Tsumei s’était dit que presque plus rien ne pourrait le faire sortir de sa flegme nouvelle, les choses s’étaient accélérées. Kadoria Sho était venu avec des idées intrigantes, le cas Sabakyô Seitô s’était approfondi et avait forcé le Raïkage à se préparer à agir et Seki Zennosuke était rentré au village. Et là, c’était encore un évènement important qui se préparait. Des hommes étaient venus… représenter le Shûkai auprès du village caché des Nuages. Ils choisissaient bien leur moment pour sortir de l’ombre.

Le dossier présentement sur le bureau du Yondaime renfermait les premières informations sur l’île qui était aussi bien mystérieusement que soudainement apparue sur la grande mer. L’Ile Inconnue, voilà le nom que beaucoup lui donnaient. Les rapports préliminaires parlaient d’un terrain pluriel et dangereux. Et pourtant, cette description avait été quémandée et fournie par de véritables shinobis. Le terme dangereux avait donc un sens réel à ne pas sous-estimer. Et il était difficile d’imaginer que cette île n’était pas liée aux Furyous. C’était même impensable.

Il le referma, sachant que le dénommé Samui Kakeshuou ne tarderait pas à arriver. Il faisait partie du Triumvirat qui avait été mis en place depuis la fondation de cette Alliance des Pays Neutres. Certains des fondements de ces dernières étaient directement opposés à ceux des grandes nations et des villages shinobis, mais la volonté de venir se présenter et probablement parlementer était tout à leur honneur. De là, l’homme qui dirigeait Kumo n’avait plus qu’à espérer que cette entrevue ne serait pas gâchée comme la dernière avec Konoha et son Intendant.

Enchanté, Kakeshuou. Je suis Karasu Tsumei. Je vous en prie, asseyez-vous.

Il avait dit ça tout en pointant de sa paume droite le siège qui faisait face au bureau. Le bras gauche manquait toujours au Raïkage, mais c’était surtout Kuchibashi, son épée allongée sur le mur de derrière, qui lui manquait réellement.

Je vous écoute, Capitaine.

En temps normal, Tsumei se serait accoudé sur son bureau et aurait croisé les bras. Mais cela lui étant impossible, il se contenta de se redresser sur son fauteuil, sans lâcher son interlocuteur de son regard azur.

Lorsque le Capitaine sous-entendit que le Raïkage avait d’autres choses à faire, un petit rictus faillit s’afficher sur le visage pourtant resté neutre de ce dernier, qui repensa à tous les dossiers ouverts. Certains étaient bien entendu à renfermer dans les plus brefs délais, comme celui de Sabakyô Seitô qu’il considérait comme l’ennemi le plus dangereux à l’exception des Furyous. Il avait lu dans son jeu dès sa première rencontre, et sa seule faute n’en était pas vraiment une : il aurait du faire le nécessaire directement à Konoha, mais sans doute les relations auraient été bien plus compliquées s’il s’était permis d’agir. Au moins avec le plan qu’il avait mis en place et qui avait parfaitement marché, l’Intendant s’était vu obligé de quitter le village et Konoha avait été épuré des criminels : une pierre deux coups. Mais il était difficile d’imaginer que le Shûkai pourrait soutenir une action envers un déserteur qui n’avait pour l’instant rien fait en territoire de l’Alliance. C’était un problème qui concernait Konoha et Kumo.

Même si le quinquagénaire parlait d’une coalition, Tsumei ne jugea pas bon de parler du Sabakyô, ni des évènements qui s’étaient déroulés à Konoha. Après tout cela ne les regardait pas et quand bien même ils auraient eu vent de certaines choses, c’était au Samui d’en parler et non l’inverse. Le dirigeant de Kumo n’avait jamais considéré le Shûkai comme des ennemis, mais pas non plus comme des amis. Hors de question de leur dévoiler des informations sensibles pour l’instant. Et ce malgré le respect que Kakeshuou commençait à gagner avec son discours.

Un pacte anti-déserteur : une alliance entre les grandes nations y compris la nouvelle Alliance des Pays Neutres. C’était une idée basée sur le rassemblement et le désir de montrer au monde un message d’harmonie et de partage des règles communes. En bref, c’était une bonne idée. Mais pourtant, Tsumei était hésitant. Il l’était peut-être même trop.

J’apprécie votre démarche, et votre idée. Néanmoins je pense que nous devrions réfléchir au contexte actuel dans lequel notre monde est plongé : celui des Furyous.

Son unique poing alla à la rencontre de son bureau, pour mieux appuyer un discours qui allait être important de par la réflexion qui en était au cœur.

Lorsqu’ils sont apparus au Sommet des Kages, nous avons adopté ce que vous proposez, à savoir une coalition sans faille et bien structurée. Ils ont répliqué en détruisant Kiri et en balayant nos armées à Tsuchi no Kuni. Lorsqu’ils ont apporté leur message à Suna là encore nous avons agi de concert et résultat Monwa s’est entouré de plusieurs de ses sbires. Même certains de nos shinobis se sont combattus eux-mêmes !

Un rappel froid, triste et historique se devait d’être prononcé. Cela avait été fait ne serait-ce que pour mieux appuyer la suite.

Pourtant depuis le message de Monwa, il n’y a presque rien eu. A plusieurs reprises, nous avons pu voir qu’en nous opposant ou pire, en allant initier le combat contre les Furyous, ils attaquaient et nous battaient. Leur force de frappe s’est toujours adaptée à la nôtre : plus nous étions alliés et nombreux, plus ils avaient préparé de Furyous et de pouvoirs pour nous infliger des « punitions » à la hauteur de notre effort.

Il se relâcha et s’enfonça dans son fauteuil. Un léger soupir s’était échappé de sa bouche.

Vous comprenez où je veux en venir ? J’accepte avec joie votre idée de partenariat, mais que de manière officieuse : sans annonce officiel, sans papier à signer… Rien ne doit laisser présager ni aux Nukenins ni aux Furyous que nous sommes officiellement unis. Nous devons les laisser s’imaginer que leur nombre et leur message nous ont affectés voire divisé mais dès qu’une nation aura besoin de Kumo, je ferai agir mes hommes. Et une fois que les Furyous seront éradiqués, nous pourrons pleinement et officiellement afficher nos lois et notre coalition.

Ne pas répéter les fausses erreurs du passé. Laisser les ennemis s’imaginer que les grandes nations sont indécises et ne savent pas si défendre autrui n’est pas un risque trop grand. Et quand le jour viendra… frapper à l’unisson.