Le soleil pénétrait peu à peu dans la pièce, il annonçait un long périple.

Il n'était pas seul dans le lit, Sahori était là elle aussi. Elle dormait paisiblement, elle ronflait un peu même, il sourit un peu en se tournant vers elle. Sa main se faufile dans ses cheveux et un bisous délicat se dépose sur sa joue. Il n'y a aucun bruit dans la pièce, tout semble paisible, tout semble parfait, très lentement il se défile du lit pourtant bien douillet.
Suoh semble pensif, ce jour est bien particulier, c'est le moment de partir, mais pas n'importe où. Kumo, village réputé pour ses méthodes parfois barbares, fidèle ennemi de Kiri par le passé, de nombreux troubles étaient peut-être à prévoir. Dans tout les cas, il ne répondrait que par les mots, il ne partait pas en guerre, bien au contraire.
D'ailleurs, le Capitaine de l'armée n'était pas seul, il escortait le Capitaine de la Justice, en fait c'était surtout Kakeshuou qui allait parler, le général de l'armée n'était qu'une sorte de sécurité. Un rempart à d'éventuelles attaques et dans le fond cela lui plaisait. C'était surtout une manière de se sentir important, de se sentir utile.
Ayant pris soin de se laver, de se préparer, il ferma la porte de la chambre, désormais seul dans les grands couloirs de ses quartiers. Quelques gardes étaient présents, il se décida à se rendre dans la chambre de son fils avant de partir, il se présenta devant ses sujets qui s'écartèrent de la porte sans plus attendre, il entra alors et se dirigea vers le lit, d'un pas léger.

Suoh déposa un baiser sur son front, c'était une sorte d'habitude avant de partir, au moins si il venait à tomber sur le champ de bataille, le visage de son fils serait toujours inscrit dans son esprit. Quittant alors la pièce, il fit signe aux gardes, c'était le moment du ralliement. Il leur ordonna d'aller chercher Shin, il ne partirait pas sans lui, c'était son plus fidèle soldat.
Le bras droit au cheveux verts sortit de nulle part, il apparut au côté de notre homme qui ne réagissait même pas, l'habitude surement.
Les échanges de regards furent bref, ils savaient très bien pourquoi ils étaient là, prochaine destination les portes du Shûkaï pour rejoindre au plus vite la justice, Samui Kakeshuou. Notre homme dans le fond n'était pas vraiment pressé, dans le fond les rapports qu'il possédait avec cet homme ne sont pas vraiment bon. Mais, il y avait le respect et c'était l'essentiel et ils savaient pourquoi.

- Shin, téléporte nous.

S'en suivit une obscurité profonde pour rapidement retrouver la lumière. Ils étaient aux portes, Kakeshuou n'allait surement pas tarder. Suoh regardait de gauche à droite sans réellement être attentif, il se posait plein de question en fait. Allait-il devoir se battre, ce n'était pas le mot d'ordre, mais rien ne pouvait être prédit.
Il patienta un instants, mais Shin prit la parole d'un ton moqueur, il connaissait son capitaine ça c'était sûr et c'était assez drôle en le voyant. Il avait le don de piqué au bon endroit, c'était un peu pour le réveillé même si il ne voulait pas vraiment l'avouer. L'homme aux cheveux verts voulait faire rire celui au cheveux rouge, pour le faire penser à autre chose. Ah, ils étaient particuliers ça c'était sûr.

- Vous semblez pensif ... Auriez-vous peur Capitaine ? HAHAHA !!

Suoh sourit, il grince des dents dans le fond, la scène commence alors quant l'Ôda arrive, comme à son habitude tout en prestance. Les choses sérieuses commençaient et il s'en mordait les lèvres. Kumo, nous approchons.

Il ne soucia pas de sa présence, il avait l'habitude. 

Il est vrai que les relations entre les deux hommes n'étaient pas bonnes, mais le respect était la.  L'Ôda était arrivé sans un bruit, tel une ombre, même notre homme avait eu du mal à repérer sa présence malgré ses facultés sensorielles. Souriant au parole du vieux, il n'écoutait presque pas, l'ancien avait l'expérience,  il décidait de tout et notre protagoniste ne pouvait rien dire. C'était plus une question d'ancienneté que de hiérarchie et dans le fond cela convenait au Capitaine du Buki.  Pas besoin de débattre plus ou quoi, le plan de voyage était simple et arriver à la destination ne devrait pas être compliquer. Il acquiesça et se contenta d'avancer d'un pas, la délégation allait commencer à partir.

Néanmoins, il y avait un hic. Comme toujours.  Passer par Shimo no Kumi, semblait risqué, Suoh ne désirait pas retrouver ses vieux démons du passé, pas en ce moment, pas maintenant. Il allait devoir trouver une parade,  une astuce pour passer incognito durant le voyage, sûrement grâce à un Henge qui lui permettrait de se dissimuler. En place ils avançaient à leur rythme sans se soucier des uns des autres,  pour être franc ils étaient peu bavard et c'était fort dommage. Dans le fond Suoh aurait aimé en apprendre plus sur le vieux, son expérience aurait pu être un atout pour le Buki, surtout que notre homme respectait son homologue, pouvions nous parler de rivalité ? Peut - être. Mais aucun n'était décider à prendre la parole, soucis de fierté sûrement.  Croquant son pouce il fit alors apparaître Yompaï, un Caméléon qui allait servir d'éclaireur.
 

- Avance devant nous et transmets toute menace sur notre route, rejoins moi lorsque nous serons à Shimo no Kumi.

Le Caméléon claqua sa langue et avança sans broncher en se camouflant.  En quelques instants il venait de disparaître de la vision de notre protagoniste. Toujours stupéfait par ce phénomène, Suoh sourit. Peu importe ce que pensait Kakeshuou. En terme de front, de combat il s' y connaissait. Vaut mieux prévenir que guérir. Il s' alluma alors une clope en claquant des doigts comme à son habitude,  tirant une grosse bouffée de celle - ci il se sentait mieux. Peut - être que Kakeshuou grognerait, mais peu importe. Il prit alors la parole pour casser l'ambiance terne :
 

- Votre fierté  vous rend peut être silencieux, mais moi je ne peux pas. Oublions notre passé l'espace de ce voyage.  D'ailleurs,  première fois à Kumo ?
 

Il ria un peu et continua de tirer une barre sur sa clope. C'était bientôt la fin, annonçant les débuts d'une conversation. Ou d'un monologue ...

Quant on le titille, il sait se montrer bavard.

Perdu dans ses pensées, il en avait même oublié ses paroles. Il en avait omit son arrogance, sa provocation qui lui collait tant à la peau. Comme absent de la scène, il semblait ne cesser de tirer sur sa cigarette, comme pour oublier, fuir une réalité qui le tourmentait. Pourtant, tout allait bien ces derniers temps, avait-il tant peur de rencontrer une fois de plus ses démons du passés ? C'était fort possible et il ne préférait même pas y penser pour l'instant, c'était bien trop récent pour lui dans sa tête, la Capitale était pour lui un nouveau départ, un moyen de faire le bien avec des dons destructeurs. Se repentir d'une certaine manière, c'était peut-être ça son nindo dans le fond. Observant le ciel, il cherchait en vain des réponses, personne ne pouvait lui apporter, personne n'était capable de chasser ses hésitations. Souriant bêtement face à ses doutes, il reprit conscience en se percutant au visage glacial du Samui, rien que son expression en disait long sur ses capacités. C'était surement ça qui les distinguait, le feu et la glace, c'était déjà mal parti, des contraires de bases. Il ria, sans faire de bruit, à l'intérieur pour ne vexer personne.

Il tendu alors l'oreille face au remarque du vieux, il était plein de sagesse et Suoh était obligé de le reconnaître. Il y eut même un sourcil qui s'arqua, du genre "T'es sérieux d'être aussi froid ?". Mais bon, que voulez-vous y faire, on ne peut rien y faire, c'est ainsi qu'il expliqua qu'il était de nature peu bavard. Ce qui ... n'était un secret pour personne. Le Capitaine eut envie de rire, cependant il se retenu, il valait mieux ne pas manquer de respect à un ancien, d'autant plus à un camarade. Il se contenta d'écouter, il n'y avait que ça à faire. Néanmoins, l'odeur du tabac semblait avoir chatouillé les narines de son homologue qui ne tarda pas à sortir une pipe et du tabac ! Totalement surprenant, tellement que cela fit éclater de rire le général de l'armée. C'était complètement impensable qu'un homme tel que le Samui fume, on aura tout vu ! Voyons un peu de retenu Kakeshuou-sama vous allez faire tâche à votre réputation et puis le feu, fait fondre la glace non ? Attention, vous allez vous créer des faiblesses. Bien sûr, il se retenu de lui dire tout ça, Suoh se calma et prit la parole comme pour s'excuser de son moment de joie, très bref certes, mais intense :

- Désolé, mais vous voir fumer. Je n'aurai jamais pensé ... Comme quoi chacun ses secrets.

Après ces paroles prononcées, Suoh se contentant d'observer le ciel, comme pensif, il avait un sourire bête sur les lèvres. Il se rendait compte qu'il n'était pas le seul à avoir sa part de secrets, de ces choses dont on ne peux parler, ni même partager, sous peine de se créer une faiblesse. Laisser paraître une faille qui pourrait nous coûter cher, vous pensez surement que ça part d'une pipe à fumer et pourtant ça va bien plus loin, mais l'expliquer serait bien trop long et une perte de temps surtout. Et ça, il n'en n'avait pas le temps. Les deux hommes marchaient toujours et le Capitaine de l'Ôda se mit alors à parler. Apparemment il n'avait fait que de brèves missions à Kumo, rien de palpitant, d'autant plus qu'y pénétrer par le passé semblait complexe, Suoh espérait que le vieux ait fait le nécessaire pour qu'ils puissent entrer. Cependant, quelque chose mit la puce à l'oreille de notre homme, le Raïkage qui semblait entouré de ténèbres et de mystères, intéressant. Cela devenait beaucoup plus appétissant pour le capitaine de l'armée, il allait surement rencontrer un homme puissant, il avait hâte ... Sortant de ses pensées, il répondu instinctivement à la question de son collègue, comme du tac au tac, pourtant lui qui semblait si perdu :

- Je vois, Kumo semble être redoutable. C'est ça qui me motive, le risque, le danger, vous devriez le savoir. Alors vous vous demandez si un homme comme moi sortit de nulle part s'est déjà rendu à Kumo ? La réponse est non. Mais ...

Il prit son souffle l'espace d'un instant et jeta sa cigarette qui commençait à lui brûler les doigts. Ses iris rouges brillèrent de milles feux et son regard se plongea dans celui du Capitaine, le ton était plus grave cette fois ...

- Mon passé m'a amené à Shimo no Kuni et ... Je ne suis pas vraiment le bienvenue. Une fois là-bas, je me ferai très discret ...

Il n'en dit pas plus, comme pour laisser planer le doute. Pour le moment il n'avait pas envie de s'étaler sur le sujet, cela ne le tentait pas. Néanmoins, si l'Ôda lui posait des questions, il se sentirait obligé d'y répondre, mais ... Pouvait-il lui faire confiance ? C'était une bonne question. Les deux hommes n'étaient plus très loin du port pour prendre le bateau, une autre étape les attendait cette fois ..

Pour être en haut, il faut savoir encaisser les coups bas.

Il écoutait le vieux vouloir prendre les devants, dans le fond il s'en foutait. Ils passeraient par Shimo no Kuni quoi qu'il en soit. En fait, c'était surtout une bonne chose pour lui, ça lui permettrait de régler certains détails au retour. Néanmoins, tout ne serait surement pas facile. Toujours plongé dans ses songes, il ne prêtait pas tellement attention à la route et à Kakeshuou qui tentait d'établir un nouveau trajet, Suoh était bien trop pensif. Ses vieux démons le tourmentaient et il espérait ne pas se faire repérer. Cela valait mieux pour tout le monde, Kakeshuou, le Shûkaï, lui et sa famille. Sahori les connaissait et elle savait très bien ce qu'elle pourrait avoir à affronter. Et c'était donc son rôle de la protéger, elle et son fils, mais aussi tout les habitants du Shûkaï, car la menace qui planait au dessus de la tête de notre protagoniste était grande. Après, nous ne pouvions pas parler de peur en soit même, c'était plus de la crainte, de devoir retomber dans des vices, de mettre en danger ses proches. Sa vie lui importait peu dans le fond, celle des autres était plus importante. Et qui pouvait se permettre de mettre en péril la vie d'autrui à cause de problème personnel ? Personne.

- Nous passerons par Shimo no Kuni tout de même, je sais me rendre invisible. Ne t'en fais pas, personne ne me remarquera.

Il avait dit ces mots avec un ton sec, comme ci son confrère l'avait vexé en désirant changer de chemin. Ce qui était un peu le cas, sauf que notre refusait de se l'avouer, de ce fait la réponse fut un peu brutale, passer par Shimo ou Yu, cela ne changeait pas grand chose pour notre homme, si ce n'est les conditions de son voyage et encore. Il observa le vieux Samui un instant, c'était drôle de le voir se tenir avec autant de prestance, un respect naturel se mettait en place alors. Cependant, notre héros ne pouvait cesser de le taquiner, c'était comme ça plus fort que lui, surtout que c'était le moment de répondre au pique du manipulateur de glace. Et pour le coup, Suoh avait de la répartie en stock, d'autant plus pour un ancien vieux rabougri vivant dans une époque révolue :

- Drôle de provocation, mon passé est-il plus sulfureux que ceux des seigneurs qui m'ont fait me battre dans une arène aux yeux de tous, au péril de ma vie, pour prétendre à ce poste. Ah j'oubliais, vous étiez là. Qui sont vraiment les monstres ?

Il se mit à rire un instant, il savait très bien que le vieux ne le prendrait pas au sérieux et qu'il radoterait quelque chose du genre "Ah les nouvelles générations vous êtes insolents". Mais, pas un instant il ne pouvait penser au passé qu'avait eut le capitaine de l'armée. On n'apprend pas à se battre du jour au lendemain et encore moins dans un village basique. C'est quant on frôle la mort que l'on devient plus fort. Dîtes un chiffre, Suoh l'aura frôlé bien plus.

- Nous voilà au bateau, des revendications pour le chemin, des conseils d'anciens ?

Petit pic et oui, c'était donnant donnant, du tac au tac. Plutôt drôle à voir, on aurait dit deux gamins en train de se chamailler pour un bonbon et pourtant ils étaient capitaines de l'alliance des pays neutres. Le trajet ne devrait plus être très long, Kumo serait à portée de vue dans deux jours maximum ...