S'il y a bien une chose qu'Eru aime faire dans la vie, c'est de l'horticulture. C'est une activité peu commune que très peu de shinobi osent pratiquer. Le terme « oser » n'est peut-être pas le meilleur dans la situation actuelle puisque c'est plutôt par manque d'intérêt ou simplement par dégoût que les shinobis ne pratique pas cet art. En fait, le maître de la lumière a entendu entre deux branches - notez le jeu de mot - qu'un certain clan de Konoha s'y intéressait particulièrement. Le Dentô avait donc fait la résolution d'aller faire un tour au pays du feu une fois qu'il aurait obtenu son grade de chûnin. En attendant, il pratiquait sa passion seul dans les bois nuageux. La journée était belle et chaude, un soleil radieux brillait au-dessus du village et c'était tant mieux. Il détestait le froid et le mauvais temps. Même s'il passait la majeure partie de son temps dehors, Eru ne bronzait pas. Sa peau était toujours pâle et terne sans véritable éclat. Il trouvait que ça lui allait mieux au teint et c'est pourquoi il utilisait une infime partie de son chakra pour faire rebondir les rayons qui tombaient sur sa peau.

Entre deux pelletés de terre, l'adolescent remarqua une plante qu'il n'avait jamais vu auparavant. Elle était d'un rouge ocre foncé. Elle était en parfait contraste avec tout ce qu'il pouvait apercevoir autour. Le reste de la maigre flore qui couvrait les alentours de Kumo était d'un vert calme et plat. Même si les plantes avaient toutes des particularités et bénéfices différents, elles se ressemblaient à peu près toutes à la vu. De l'ocre à Kumo c'était une première et c'est pourquoi le genin prit soin de couper la plante à la racine pour ensuite la mettre dans son « bocal à échantillon » qui ne contenait d'ailleurs pas toujours des échantillons. Il l'examinerait plus tard, dans le petit laboratoire qu'il avait concocté dans le sous-sol de la maison de ses parents. Personne ne venait jamais voir ce qu'il faisait au sous-sol. Les gens étaient beaucoup trop occupés à dorloter sa soeur. Eru aimait sa sœur, mais toute l'attention qui entourait cet enfant commençait à l'énerver...

Il avait commencé à regarder les prix pour les appartements à Kumo, mais c'était beaucoup trop cher. Le maigre salaire qu'il touchait comme genin ne lui permettait pas vraiment de s'offrir un appartement assez grand pour contenir un laboratoire. Vendre les potions et les élixirs qu'ils concoctaient le soir aurait pu être une très bonne idée, mais ses principes moraux lui faisaient mettre une croix sur cette option. Comme il disait c'est bien « l'horticulture c'est la nature et on ne vend pas la nature! » Cette phrase complètement débile traduisait bien la mentalité du jeune érudit. Il pensait beaucoup à la nature, un peu trop même. Les relations humaines comptaient aussi beaucoup pour lui. En fait, tout était important aux yeux du Dentô sauf peut-être l'entraînement shinobi. C'est peut-être une des raisons pourquoi ça faisait deux ans qu'il était genin...

Venons en au fait. Alors qu'il rangeait ses pelles, ses marteaux et ses objets dans son sac en toile vert équitable fait à la main, Eru entendit des bruits dans la forêt. Il savait juste au son que ce n'était pas un animal, il connaissait trop bien la forêt pour ne pas reconnaître le bruit des petites bêtes. Il se retourna et aperçu une femme. Elle était jolie, ses traits étaient fins et admirables. Ses yeux d'un jaune perçant le dévisageaient. Il ne savait pas trop quoi elle pensait. Il aurait bien aimé laisser sortir de sa bouche un petit wow, mais il se tut. L'adolescent la trouvait belle, mais c'était une impression qu'il entretenait envers au moins la moitié des femmes. Ce n'était pas la puberté, puisque ce stade là avait été passé depuis quelques temps. Il n'avait jamais vécu l'amour et ce n'était pas le bon jour. Elle avait environ dix ans de plus que lui, alors valait mieux ne pas trop faire d'avance... Pour combler le malaise qui venait de s'installer, le jeunot s'exclama d'une voix harmonieuse.

— Comment-allez vous charmante demoiselle? Vous êtes-vous égarez en forêt? Je peux vous offrir le service de raccompagnement, il se fait tard et les bois sont dangereux lorsqu'il fait nuit.

En fait, la nuit était loin de tomber. Le soleil vibrait encore au-dessus de leur tête et il en était à la moitié de sa descente. Eru avait parlé de sa voix de tombeur, celle qu'il empruntait avec les femmes plus vieilles. Il n'avait aucune chance, mais un gars s'essaye comme on dit. Un tantinet nerveux, le garçon passa sa main pour relever une mèche de ses cheveux. À l'heure qu'il était et avec l'angle que prenait le soleil, ses cheveux prenaient une teinte plus rosé. Il détestait le rose, surtout dans ses cheveux. S'en était fini de lui, elle allait rire de ses cheveux et s'en aller en se moquant. Elle l'avait probablement accosté simplement pour lui faire une remarque déplacé. Les dés étaient jetées, sa chevelure allait encore le désavantager. Eru se mettait toujours dans les pires situations dans sa tête. Ses cheveux n'étaient pas tellement rose, ils étaient comme toujours éclatant et lui donnait un air assez mignon. Il complexait beaucoup trop pour rien, c'était peut-être un des effets de passer ses journées dans les plantes...

Elle aimait bien cet endroit, calme, vide de toute civilisation, qu’importe le temps qui passait, les âges qui changeaient, la forêt était le domaine de mère nature, où l’homme n’avait que la place pour une visite de passage. La brune continuait son chemin au hasard, elle n’avait pas de destination précise, perdue… ? C’était trop tôt pour le penser le détail dont elle ne se souciait qu’à la nuit tombée, d’ailleurs la nuit en forêt, elle aimait bien, ça lui rappelait ses jeunes années où elle jouait avec un cannibale à chat comme de rien n’était. Une inconsciente puisque même maintenant qu’elle connaissait sa vraie nature, elle arrivait à regretter sa présence, car oui dans ses souvenirs, ses balades ici étaient moins ennuyantes à deux…

Seule, la brune avait comme une envie de déprimer, la pensée lui donnait le gong du départ, il fallait rentrer, aussi elle commençait à regarder autour d’elle… Un repère voyons…

Non, mais une voix en continuant de marcher, la kunoichi regardait surprise le protagoniste à l’allure tout en contraste à cette heure. Son regard se bloquait sur la plante qui semblait captive dans un bocal, sa tête se penchait quelque peu étrange, ça lui rappelait quelque chose, mais quoi ? Impossible de se souvenir, mais son retour sur terre se faisait très vite, on lui parlait !

-Bon…jour.

Un de ses sourcils se relevait, qui était ce gus ? Aucune idée, mais il avait l’air tout sauf farouche, ça lui convenait parfaitement du coup, la surprise passée, elle lui fit un sourire, parce que c’était largement mieux.

-Ne le prend pas mal, mais ça un côté effrayant proposé comme ça !

La voilà qui se mettait à rire, à l’aise comme toujours, c’était dans sa nature après tout, pas farouche pour un sou tant qu’on ne la poussait pas au retranchement, c’était loin d’être le cas, il était charmant en plus d’être bien éduqué. Pas comme elle. La pensée la fit sourire, il fallait se rattraper ?

-Je veux bien de l’aide oui, même si on a de la marge avant la nuit encore, vous vous promenez aussi ?

Elle se doutait que non, vu le peu qu’elle avait aperçu, mais bon, une façon comme une autre d’engager la conversation, d’autant que ce qu’il avait dans les mains la troubler.

-Cela pousse ici ce genre de truc… ? Jamais vu… Pourtant, j’ai passé mon enfance dans cette forêt, étrange.

La fille faisait un moue en réfléchissant, puis comme une illumination dans son esprit.

-Oh ! Et moi c'est Miaë, charmant jeune homme.

Un ricannement, bon un bon début !

Le début de la conversation s'était bien déroulée. La jeune femme qui portait le nom de Miaë s'adressa à lui en ricanant ce qui détendait l'atmosphère. Leur différence d'âge était considérable et ce n'était pas toutes les jeunes femmes qui avaient du temps à perdre avec des adolescents horticulteurs. Elle avait remarqué que la nuit n'était pas prête d'arriver et lui proposa donc une balade en sa compagnie. Eru était ravis de rencontrer une nouvelle personne qui deviendrait peut-être un jour son ami.

— Ça me plairait bien de me balader avec vous. N'ayez pas peur, je n'ai rien de dangereux. Vous avez déjà vu ça vous un horticulteur faire mal à quelqu'un? Pas moi. Il faut être patient et délicat pour manipuler les plantes et ce sont deux aspects de mon travail qui se reflètent dans ma personnalité.

Miaë observait avec étonnement la plante rouge qu'il avait trouvé quelques minutes plus tôt dans la forêt. C'était la première fois que la kunoichi apercevait ce genre de plante. Quelle chance elle avait d'avoir grandit dans cette forêt! Le jeune homme adorait le contact avec la nature et aurait tout donné pendant son enfance pour quitter les grottes sombres qu'il habitait avec le reste de son clan pour la forêt. Le souffle des plantes et des arbres l'apaisait, lui donnait l'énergie de continuer d'aller vers l'avant.

— Cette forêt n'a pas trop de secret pour moi non plus. J'exerce ma passion dans le bois nuageux depuis maintenant des années. Les plantes rouges s'y font rares. Je ne sais pas trop comment cette plante a pu prendre cette pigmentation, mais c'est certainement un phénomène à explorer.

Il aurait amplement le temps d'examiner la plante seule dans son laboratoire. Pour l'instant, il avait envie de discuter de sujets normaux avec la jeune femme. L'utilisateur de l'énergie lumineuse avait l'habitude de rapidement de se désintéresser de ses interlocuteurs vu leur manque de connaissances générales. Cette femme était différente, elle dégageait quelque chose d'intriguant. Ses traits cachaient une personnalité intéressante qu'il voulait connaître. La balade était le moyen parfait de faire connaissance. Le Dentô se releva et accrocha son sac sur son dos.

— On peut marcher vers Kumo et on voit qu'et ce qu'on fait une fois là-bas? Qu'en dites-vous? Je marche rarement avec les gens, encore moins avec les femmes... La chevelure rosée ça repousse souvent les demoiselles de mon âge. M'enfin, j'imagine que je me ferrai teindre un jour.

Eru ne comprenait pas pourquoi il venait de dire ça. Il n'aimait pas sa chevelure rose - qui était d'ailleurs beaucoup plus rouge que rose - et venait de parler de son principal défaut. Miaë allait maintenant se concentrer sur ses cheveux et le trouver répugnant. Quel imbécile! Il fallait remédier à la situation, mais comment? Trop tard, elle venait de commencer à parler. Il espérait qu'elle ne le juge pas trop. En attendant, Eru commença à marcher. Le soleil qui se couchait tranquillement au dessus de leur tête donnait un aspect féerique à la discussion. Le ciel devenait rosée.

Encore et toujours du rose. Cette couleur ne le lâcherait visiblement jamais.

-Ils ne sont pas roses !

Le rattrapait-elle banco en rigolant.

-Enfin, plus rouge que rose en tout cas, contrasté ça c’est sûr, comme les pétales d’une fleur exotique.

La brune souriait en finissant sa phrase, pas comme si elle n’avait pas compris le complexe évident de son interlocuteur, peut-être aussi pour ça qu’elle avait dit, va savoir.

-Je n’aime pas spécialement être accompagnée non plus en général, m’enfin, c’est connu les spécimens de la même espèce s’entendent bien en général.

Le chemin se faisait, malheureusement, il avait lancé le sujet sur le point que parmis tout il voulait sûrement le plus taire et comme la fille était sadique dans son genre, même en le sachant, elle ne pouvait pas s’empêcher de le laisser sur le tapis de leur discussion. Néanmoins, elle trouvait étrange de ne l’avoir jamais croisé encore, mais il y avait plus troublant encore.

-Arrête de me vouvoyer tu veux, j’ai l’impression d’avoir cent ans !

C’était bien connu, pas le genre de chose qui plaisaient aux filles ! Se sentir vieillie bien sûr et cela particulièrement quand elles n’étaient plus ado, comme la Bakushô, mais dangereusement proche de la trentaine… Cette pensée la déprima un peu, mais bien sûr, son jeu la détournait de ça.

-Pourquoi les teindre ? C’est contraignant et puis franchement entre nous, la nature fait bien les choses, cette couleur va bien avec ton teint… Au pire, profite de la pigmentation d’un shampoing pour les rendre plus rouge encore, que rose je veux dire…

Elle se marrait en lui tirant la langue, vilaine, pourtant ce qu’elle disait n’était pas totalement insensé, quant à comment faire, elle fixa la fleur qu’il avait trouvé…

-Bah voilà, elle aussi ne devait pas aimer le rose, tu la tiens ta solution sur quoi en faire, découvre ce qui lui a donné cette couleur pour l’appliquer à tes cheveux. En fait, c’est un cadeau de la forêt qui t’as entendu.

Les plaisanteries les meilleures étaient souvent les plus courtes, voilà pourquoi elle se décidait enfin à changer de sujet… Ou presque.

-Dis moi, que fais tu des plantes au juste ? Tu les collectionnes ou tu les transforme ensuite ?

Quelle curieuse celle ci !

Kumo n'était pas un village spécialement reconnu pour ses horticulteurs. Il y avait bien une petite boutique où on pouvait entrevoir des plantes par ici et par là, mais ces boutiques s'attribuaient plutôt le qualificatif de fleuriste. Eru avait longtemps pensé à ouvrir son commerce d'alchimie dans le village caché de la foudre. Il aurait pu y vendre des élixirs bons marchés qui aidaient réellement les gens malades. Le Dentô vouait une haine profonde aux pilules et à tous ces autres produits chimiques qui ne donnent jamais de résultats. Il croyait en la nature pour régler les problèmes du corps. Le problème dans toute cette histoire, c'est que son entraînement de genin et éventuellement de chûnin ne lui permettrait jamais d'avoir assez de temps pour tenir une boutique. C'était un projet qu'il pourrait réaliser lors de sa retraite si jamais il ne mourrait pas au combat avant d'atteindre l'âge vénérable.

Ce jour là, Eru avait rencontré une personne qui s'intéressait un peu à ses plantes ce qui lui faisait beaucoup de bien. Il aimait répondre aux questions et éclaircir les esprits des autres. Miaë était également une femme charmante qui avait complimenté la pigmentation de ses cheveux. Elle lui avait même fait une suggestion concernant sa teinte rosé. Est-ce qu'un bon shampoing serait LA solution à son problème de cheveux? Si oui, la vie était géniale. La Bakushô ne s'était pas arrêté là puisqu'elle s'était empressé de lui reprocher de la vouvoyer.

— Désolé, c'est dans mes habitudes de vouvoyer les gens... La politesse se fait si rare de nos jours...

Au fait, elle avait quelle âge cette femme? Lui demander directement serait très voir trop impoli, mais il n'avait rien à perdre... Eru était très intrigué par la question. Il se résout à ne pas la poser tout de suite pour ne pas mettre un terme à ce début de relation. Et puis, Miaë finirait bien par avouer son âge, c'était inévitable. Avant de la remercier pour ses précieux conseils sur ses cheveux, il sortit le bocal qui contenait la plante ocre de son sac. En utilisant ses capacités de maître de la lumière, l'adolescent changea la pigmentation de la plante en faisant dévier les rayons du soleil couchant du bocal. La plante prenait maintenant une teinte jaunâtre à l'image de l'étendard de Kumo. Le rouquin prit la plante et la déposa délicatement dans les cheveux de son interlocutrice.

— Petit cadeau que je te fais. Cette plante a la couleur de tes yeux et fait ressortir leur beauté, j'espère que tu aimeras.

Eru avait ce petit côté romantique qui finissait toujours par ressortir. Ce qui était marrant dans tout ça, c'est qu'une fois qu'ils se sépareraient, la plante redeviendrait rouge. Il aurait aimé l'étudier pour comprendre sa pigmentation, mais les relations d'amitié sont plus importantes que la science...

— Laisse moi répondre à ta question sur les plantes. Beaucoup de gens me trouvent un peu parano avec mes outils et mes plantes, mais ce n'est pas le cas. Je les étudie et je concocte des élixirs, des potions et des tas d'autre chose. On peut tout faire avec la nature! Un jour je te montrerai, enfin, peut-être...

Ils s'entendaient biens. Miaë avait la parole facile et Eru aimait bien sa personnalité. Elle était mystérieuse et intéressante. Il appréciait son contact, pas par amour, mais parce qu'il se sentait bien. Il ne savait pas pourquoi, mais cette jeune femme le faisait sentir lui-même. Les gens le jugeaient souvent pour rien alors qu'ici c'était tout le contraire.

C'était une habitude pour beaucoup de gens de glisser des choses sur elle, ou dans ses cheveux, ce qui la faisiat sourire quand le jeune homme s'y mettait aussi, enfin ou alors c'était la fascination qu'il avait su gagner en faisait changer de couleur à la fleur... Un magicien et au risque de faire une répétition, c'était de loin, le meilleur compliment que la Bakushô pouvait donner, à son sens, ces derniers n'avaient nuls pareils, tous exceptionnels dans leurs arts; tous... Digne de son plus grand intérêt, à la hauteur de son intarissable curiosité.

-Je te remercie, quel dommage de ne pas pouvoir constater ça de mes propres yeux... Comment tu as fait ça? Lui faire changer de couleur je veux dire....?

Comme si un magicien dévoilait ses astuces, enfin, si, mais qu'en partie, encore que, la fille ne voulait pas l'imiter, elle aimait observer, comme une enfant, la place de spectatrice lui avait toujours davantage plu que celle du devant de la scène. Pourtant, en vrai animal de foire, elle l'occupait souvent. La pensée la fit rire et attentive, la brune était toute ouïe quand sa nouvelle connaissance lui parlait de sa passion. Une sorte d'herbosite quoi? Il attisait de plus en plus sa soif de connaissance tandis qu'elle les faisait dévier de chemin, en effet, une étendue d'eau pas très l'eau, un mirroir naturel, quoi de mieux pour contempler le reflet des ses yeux sublimés par une plante sauvage.

-Quels genres d’élixirs? Des poisons ou des soins? Tu dois avoir du succès auprès des dames.. après tout, tous nos artifices de beautés viennent souvent de mère nature.

Le fille en tête aimait bien passer des heures avec des soins parfumés après de longues journées où la douceur n'avait eu aucune place. Et quand enfin Miaë découvrait son reflet en se penchant sur le miroir liquide, elle s'étonna de la perfection avec laquelle le jaune doré des pétales correspondait à la couleur de ses yeux...

-Impressionnant... ça serait la lumière qui définie la couleur des plantes?

Question pertinente, car la fille n'avait pas la science infuse, d'ailleurs, elle eut comme mal au coeur en pensant à un détail...

-Elle va fânée... C'est triste comme fin finir jeter une fois sa beauté passée. J'ai du mal à m'y résoudre, tu ne préfèrais pas en faire quelque chose une fois notre chemin fait jusqu'à Kumo...? Oh ! Si tu me montrais comment la transformer en quelque chose que je conserverais?

Il lui en avait fait cadeau après tout... non?

Cette fille avait de l'intérêt pour les fleurs. C'était l'une des rares personnes capables d'entretenir une conversation sensé à ce sujet avec Eru. Il s'en réjouissait énormément. Ça leur faisait un point en commun qui mènerait peut-être à une prochaine rencontre, qui sait. Miaë voulait savoir quel genre d’élixir le Dentô concoctait par ses soirées sombres d'hiver où il n'avait rien d'autre à faire que de mélanger du jus de plante dans des dizaines de récipients. Il aurait très bien pu lui dire qu'il s'adonnait parfois à la création de poisons mortels et douloureux, mais ça n'avait rien de très charmant. L'adolescent préféra lui faire part de ses créations plus féminines comme les parfums ou les sens bon.

— J'ai en ma possession de nombreux parfums aux fragrances parfois réussis et parfois très moches! On peut arriver à des saveurs très intéressantes pour peu qu'on est un peu d'imagination. Un jour je te montrerai, enfin peut-être.

C'était le même tour de passe-passe que tout à l'heure. Eru essayait d'espionner son interlocutrice en lui montrant ses talents. Jusqu'à maintenant, ça fonctionnait plutôt bien puisqu'elle était encore là!

— Pour le succès auprès des dames, faut croire que non. J'suis pas vieux moi, j'ai pas encore la côte. Dans quelques années peut-être bien! Un peu de muscle et je serai un vrai tombeur, non?

Même s'il était complexé par sa chevelure, Eru était au courant qu'il avait des très faims relativement attirants. Les filles le regardaient, mais lui il préférait les plus vieilles. Il aimait la maturité des traits plus mures et aussi les poitrines plus... plantureuses. Il jouait au gamin magicien avec Miaë, mais il cherchait à avoir un peu plus. Il voulait se faire une amie plus vieille ce qui le mènerait à entrer dans le monde des grands. Le manipulateur de la lumière n'avait pas envie de passer sa vie dans la cours de réaction avec les plus jeunes. Il fallait parfois vieillir et on ne vieillit pas en passant sa journée au contact des plantes, mais si ça peut aider. Vous savez que certains arbres vivent depuis des centaines d'années? Intéressant, non? Mais c'est un autre sujet.

— Quant à la question de la lumière et des plantes, tu vois juste. Je suis un Dentô et je connais la lumière comme le fond de ma poche! Si tu veux, je peux t'échanger la plante contre un parfum, mais ça sera pas gratuit!

Eru déposa son sac à dos sur le sol et y plongea sa main avec énervement. Où l'avait-il mis? Ce sac avait tellement de compartiment qu'il était impossible d'y retrouver quelque chose. Le garçon l'avait acheté pour pouvoir bien y classer tous ses objets, mais c'était rapidement devenu un fouillis.

— Le voilà! Je te présente l'une de mes confections les plus particulières. C'est une fragrance très douce et subtile. Ce parfum est un peu spécial puisqu'il affecte le système respiratoire. La senteur s'intensifie à chaque fois qu'on le respire. Si tu vas dans les bars où je ne sais trop quoi, t'auras aucun problème à te faire des mecs avec ce truc là. Juré! Si tu le veux, faut payer, mais je suis un bon petit gars, je te charge juste un bisou.

Eru avait pris confiance en lui au fur et à mesure que la discussion avançait. Ça ne lui dérangeait pas d'avoir l'air d'un pitre et de recevoir une baffe. Il tendit donc sa joue droite ainsi que le parfum dans la direction de Miaë. Un bisou et c'était réglé. Il avait des centaines d'exemplaires de ce parfum dans sa réserve. C'était un truc très basique qui n'avait absolument aucune propriété spéciale. Eru s'était fait avoir lorsqu'il l'avait acheté pour faire des tests au centre-ville de Kumo et il répétait la même arnaque depuis. Ça fonctionnait bien, les gens était naïfs et pensaient avoir fait une nouvelle découverte.

Le bisou allait-il venir?

Un bisou, contre un parfum ? Etonnement, malgré son caractère bien trempé, cela la fit rire doucement, elle était prise de court ; surprise en ne s’étant pas attendu à cela, le môme avait l’air tout innocent, mais il était un louveteau avant tout.

-Aphrodisiaque hein ? C’est fait avec une base d’alcool non ? Donc on change pas de mes méthodes habituelles.

Elle rigolait de nouveau, avant de déposer le dit payement sur la joue qui lui était tendue, non pas sans ajouter…

-Mais c’est assez insultant de me dire que j’ai si je peux de charme que je dois recourir à cela…

Elle avait détaché ses lèvres pour glisser cela à son oreille, son regard doré et perçant, fixant le coin de son regard à lui. Morveux va ! Elle l’aimait bien. Aussi elle lui ébouriffa les cheveux en récupérant son dû pour le humer, au moins, il sentait bon et dans les mauvais jours, elle ferait semblant d’y croire, sait-on jamais si ça pouvait illuminer son humeur. Puis le moment de décrocher la fleur et de lui rendre non pas sans la contempler une dernière fois.

-T’es un sacré numéro toi, j’aurais pas cru, comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences, la preuve.

Puis comme c’était dans la logique des choses, elle rangeait le flacon dans une de ses poches en reprenant sa marche.

-Effectivement, tu as encore le temps visiblement pour t’encombrer des jeux avec les d ames, un casse tête plus qu’autre chose ! Mais elles ne sont pas très différentes des plantes les filles tu sais. Toutes ont besoin d’une attention et ont leur propriété propre, parfois, elles sont sacrément vénéneuses !

Souvent même, dans tous les cas presque, de sacrés poisons ! Mais pas question de l’effrayer avec ça, ça non, il avait le temps de vite voir tout ça par lui-même. Comme les copains, non il y avait plus intéressant.

-Des parfums, tu n’as que ça dans ton stock ? Pas d’huile, pas de crème ? Pas de poison, ni de compo miracle pour la santé ? Mon dieu ce que je pourrais être une bonne cliente si tu étais commerçant, la qualité de nos jours, c’est difficile à avoir. D’ailleurs, tu m’as l’air tout jeune où as-tu appris tout ça ?

C’était encore plus surprenant de la part d’un Dantô, elle était persuadée qu’ils vivaient dans des souterrains eux… Des plantes dans le noir ? Surement vu qu’ils savaient créer la lumière… Quel étrange don…

Il avait eu son bisou! Et un vrai! Miaë avait déposé ses délicieuses lèvres sur sa délicieuse joue pour lui donner un délicieux baiser. Ce n'était pas le premier baiser qu'il recevait puisque sa mère avait l'habitude de lui en donner des tonnes quand il était tout petit. Cependant, c'était le premier baiser qu'il recevait d'une femme qui ne faisait pas partie de sa famille. Eru aurait bien aimé le mentionner à Bakushô pour lui faire comprendre toute l'importance du moment, mais il ne voulait pas paraître pour un imbécile. Il décida donc de se taire et continua à s'exalter devant la douceur des lèvres de la demoiselle. Suite à son baiser, elle s'était adressé à lui en le regardant droit dans les yeux et ce à seulement quelques centimètres de son visage.

Miaë termina cette suite de gestes affectueux en lui ébouriffant les cheveux. Le Dentô passait un bon moment même s'il avait dû payer pour ce fabuleux baiser. L'explosive lui parla de sa connaissance des jeunes femmes. Elle fit un parallèle intelligent avec les plantes pour décrire la gente féminine. Eru se foutait un peu de tout cela, ce qu'il voulait c'était elle! Il savait bien qu'elle ne serait jamais sa copine vu la différence d'âge, mais il pouvait au moins s'en faire une bonne amie à qui il saurait raconter ses problèmes. Le rouquin avait des amis, mais pas d'amis proches et c'était quelque chose qui lui manquait gravement. Il était un jeune homme très indépendant qui n'avait pas beaucoup besoin de se confier aux autres, mais il avait quand même besoin de parler de tout et de rien d'un temps à l'autre.

— Les dames un casse-tête tu dis? Bof, avec un petit parfum on peut tout avoir tu sais. Un jour je te montrerai.

Eru était un jeune homme taquin et ce trait de personnalité venait de ressortir dans ses paroles. Il voulait rigoler avec elle et se faire une amie. C'était déjà bien parti, on ébouriffe pas les cheveux de quelqu'un qu'on aime pas, c'est un principe dans la vie. Tout en continuant à marcher vers le village dont on pouvait presque apercevoir les portes à travers le bois, Miaë posa de nouveau des questions au Dentô.

— J'ai appris tous ça dans les bouquins! Avec de la lumière on peut faire pousser beaucoup de chose. Je ne sais pas pourquoi j'ai de l'intérêt pour les plantes, c'est comme ça. Si tu veux je peux te faire de la crème hydratante, mais c'est moi qui te l'appliqueras.

Oulah, il s'imaginait déjà entrain de poser ces mains sur ce doux visage avec de la crème. Bien entendu, Miaë allait refuser en se moquant de lui, mais ce n'était pas bien grave. Ils seraient bientôt arrivés à destination, la discussion prendrait probablement fin. Allaient-il se revoir?

L’expression de son fascié à ce moment-là, il eut beau contenir pour éviter le ridicule, c’était compliqué de passer à côté, quel étrange spécimen, encore plus qu’elle au final. Le temps jouait souvent en la défaveur des gens, mais pas pour lui, il intriguait et par ce biais suscitait l’intérêt. Difficile de ne pas rire en le voyant fourber le vile. Loin d’offusquer la brune néanmoins, elle appréciait sa malice, allant même jusqu’à en rajouter une couche…

-Un parfum hein ? Soit, allons tester le tien !

Aucune chance que ça marche ? C’était mal la connaitre, elle ferait en sorte que si, encore que, le plan B avait un côté tout aussi intéressant. Ses pas se stoppaient et toute l’attention de la fille de la fille se retournait vers le jeune homme qui avait parlé trop vite, mais ça il ne le savait pas encore…

-Me l’appliquer hein ? Pour ça il faudrait que tu me montres ton labo. Tu le fais souvent appliquer les soins que tu crées ?

Un petit ricanement lui échappait, il fut suivi d’un clin d’œil et quelques minutes après ils étaient là, devant les portes, elle lui tendait alors une bille d’argile d’un blanc pur.

-Tu sais ce que c’est ?

Bien sûr, elle donnait la réponse aussitôt, cette fille n’avait aucune patience.

-De l’argile, elle retient l’eau dans la terre quand on les mélange dans un pot, ça pourrait être utile pour toi qui adore les plantes. Je les aime aussi, mais je n’ai ni la patience ni la main verte ! Elles meurent toutes…

Elle grimaçait avec comme un air de désolée qui s’affichait sur son visage, pourtant il s’illuminait soudainement !

-Hey, mais, je pourrais t’embaucher comme jardinier pour prendre soin des plantes à ma place…

La brune se rapprochait taquine pour lui mettre un petit coup de coude…

-Comprend moi dans les belles plantes…

Ses collègues des portes regardaient le duo passait sans trop s’y intéresser et la voilà qui reprenait.

-Je suppose que tu dois avoir une sacrée collection de végétaux pour tes travaux, elles viennent toutes de Kumo ?

L’air de rien, la fille les poussait à entrer dans un café ou du moins sa terrasse où elle se posait avant d’inviter son jeune ami à la rejoindre, elle était d’un bavard aujourd’hui, tant qu’il finirait surement par s’en plaindre. Un signe pour le serveur et ils passaient commande, d’ailleurs, juste avant, elle appliquait le parfum offert un peu plus tôt, tout en sachant que ce n’était là qu’un parfum… Son plus beau sourire pour l’employé et amusée, elle taquinait…

-S’il sent aussi bon qu’il ne marche bientôt tout Kumo sera à nos pieds.