Le jeune homme leva l’œil vers le symbole de l'académie shinobi de Suna et se demanda depuis combien de temps il n'y avait plus remis les pieds. Il n'avait jamais gardé un excellent souvenir de son passage au sein du centre de formation mais il était obligé de reconnaître qu'il y avait quand même passé de bons moments. Peut-être même qu'en d'autres circonstances il aurait pu apprécier ce semblant de retour aux sources. Mais vu les circonstances c'était plutôt l'appréhension et l'irritation qui prenaient le dessus sur un hypothétique enthousiasme.
*La prochaine fois je la fermerai! Ça m'évitera ce genre d'emmerdes!*
Normalement à cette heure-ci il aurait dû être en train de cuver dans son lit comme un bienheureux, une bouteille ou une femme sous le bras. Mais quelques jours plus tôt, en rentrant d'une soirée évidemment bien arrosée, il avait croisé une patrouille au petit matin dans les rues du Centre Ville. Jusqu'à la rien d'anormal, d'accord. Sauf que l'Akuzu, titubant, avait heurté l'un des gardes et lâché sa bouteille lors de l'impact. Bouteille qui s'était fracassée sur le sol en y déversant son précieux contenu. Le ton était rapidement monté entre les protagonistes et Shinji, évidemment, au lieu de sa la fermer et poursuivre son chemin, avait commencé à insulter l'indélicat qui n'avait pas eu la courtoisie de s'écarter de son chemin. Un bref échange de coup avait suivi jusqu'à ce que le brun soit maîtrisé. Les mains dans le dos, un genoux sur la tête et sa dignité envolée, il avait terminé la nuit - ou, plutôt, la matinée - dans une des cellules de l'un des postes de garde. Le temps qu'ils dégrisent, qu'ils disaient...
Relâché en fin d'après-midi, le jeune homme avait pensé que l'histoire était réglée. Mais la veille au soir on lui avait remis un message signé par l'un des conseillers de la Kazekage, un certain Ohatsu. Et c'est ainsi qu'il avait découvert avec grand déplaisir qu'il avait été condamné à une journée de travail d'intérêt général à l'académie. D'après le mot, il était sensé participer aux tâches d'entretiens selon le bon vouloir du maître de l'académie. La dernière phrase stipulait qu'il devait bien entendu être sobre, à l'heure et parfaitement docile sans quoi la peine serait commuée en séjour à Ergastule. Malgré son irritation, l'Akuzu n'avait pas mis longtemps avant de se décider à obtempérer.
Par contre on ne lui avait pas précisé qu'il devait être de bonne humeur et la tronche qu'il tirait en ce début de matinée montrait clairement ce qu'il pensait de tout ça. Pour le coup il avait vraiment envie de tourner les talons et retourner chez lui dormir. D'ailleurs, c'est ce qu'il était en train de faire lorsque un raclement de gorge s'éleva derrière lui. Le brun stoppa son élan et resta un instant immobile avec le futile espoir que ce n'était pas avec lui qu'on tentait de.. heu... communiquer.
- "Shinji! Mais quelle bonne surprise!" fit une voix aussi mielleuse qu'ironique. "Si on m'avait dit que je te reverrais traîner dans le coin un jour..."
Le jeune homme leva les yeux et ciel et soupira lentement en reconnaissant celui qui venait de prononcer ces mots...
- "Vous l'auriez pas cru, c'est ça?" rétorqua-t-il, terminant la phrase de l'autre. "Remarquez, moi aussi! Ça nous fait un moins un point commun..."
Shinji tira une dernière latte sur sa cigarette avant de la jeter au sol et l'écraser d'un mouvement du pied. Ceci fait, il se retourna pour faire face au cinquantenaire qui était appuyé sur sa canne devant l'entrée de l'académie. Ashigaru - car c'est ainsi qu'il s'appelait - était le responsable des infrastructures du centre de formation et, par conséquent, celui qui était en charge de l'entretien des installations. Autrement dit, c'était le concierge en chef! Et lui et Shinji avaient eu de nombreux différents quand le second fréquentait l'établissement. Et vu le regard que l'intéressé dardait sur l'Akuzu, à savoir un mélange de sadisme et de plaisir à l'état pur, il n'y avait que peu de doutes quant à sa présence ici.
- "C'est vous qui..."
- "Vais garder un œil sur toi et te pourrir ta journée?" termina l'autre, heureux comme jamais. "Hé oui! Tu ne peux même pas imaginer à quel point j'ai été satisfait en apprenant que tu avais été condamné à du travail d'intérêt général ici!"
- "Ho si, j'en ai une vague idée malheureusement..." soupira-t-il.
Même si l'avait voulu, Shinji était incapable de se remémorer le nombre de crasses qu'il lui avait faites. En revanche il était parfaitement conscient que la rancœur d'Ashigaru était plus que justifiée. Ouais, Shinji avait été tout sauf un élève attentif et calme. Et maintenant que l'autre avait l'occasion de se venger, il n'y avait pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'il allait se faire un plaisir de lui faire payer toutes ses bêtises au centuple. Voir davantage...
- "Tu peux au moins te rassurer en te disant que tu ne seras pas seul! On attend un autre de tes collègues délinquants! Si tu veux en griller encore une c'est le moment parce qu'après je vais tellement t'en faire chier que t'auras à peine la force de lever la main pour tirer une bouffée sur ces cochonneries!"
- "Ben voyons..."
Il suivit néanmoins le conseil du cinquantenaire et vint s'adosser contre un mur avant de rouler une autre cigarette. Le tout en jetant des regards alertes et réguliers autours de lui dans l'espoir de distinguer ledit collègue. Quel genre d'énergumène allait se pointer?
Note:
N'hésitez pas à vous incruster si le coeur vous en dit! J'ai présenté un éventuel autre participant comme un shinobi devant également faire du TIG, mais je peux sans soucis modifier pour que ça corresponde à vos attentes! (surveillant, simple curieux qui passe par là, etc etc)
Dernière édition par Akuzu Shinji le Jeu 25 Sep 2014 - 1:09, édité 1 fois
Aujourd'hui était un jour comme tous les autres à l'exception près qu'il était le dernier que je passais dans le manoir. En effet, c'était demain que le déménagement avait lieu et que je disais au revoir aux murs Ketsueki et bonjour à ceux des Saibogu... Une certaine nostalgie s'emparait de moi à cette simple idée... Je me consolais toutefois en me disant que je pourrais toujours revenir ici de temps à autre malgré tout.
Après avoir passé la matinée a faire malgré moi, un tour du propriétaire, m'évoquant chacun des instants que j'avais passé ici et surtout le premier soir où Megami avait perdu la vie, je me préparais à prendre l'air. Ressasser tout cela n'aidait en rien le moral, aussi avais-je besoin de penser à autre chose et de me divertir un peu. Je comptais me rendre au bureau du Kazekage pour voir s'il n'y avait pas une mission intéressante à faire pour me changer les idées. L'air était lourd et assommant comme à son habitude sur Suna. Les rayons du soleil perçaient violemment à travers les maigres nuages qui leurs barraient la route. Les ondes de chaleur se répandaient comme une traînée de poudres tout autour de moi alors que j'avançais sur l’asphalte terreux du village. Les seules animations présentes au centre ville répercutaient leur écho à travers tout Suna tant les ruelles étaient désertes et silencieuses en cet après-midi chaleureux.
Je me dirigeais nonchalamment sur le lieu de ma destination, perdant mon esprit dans les méandres de mon inconscient en ressassant sans cesse le grand événement que s'annonçait être mon départ. L'idée d'un tel changement dans ma vie m'effrayait quelque peu mais je supposais que cela était normal : après tout le manoir avait été mon seul refuge depuis ma sortie de l'orphelinat et je m'étais vite acclimatée à ses murs et aux souvenirs de mon clan dont il regorgeait. J'arrivais désormais devant l'académie, me souvenant en souriant des calvaires que j'avais pu y rencontrer tout en étant mon seul exutoire. Ici, comme à l'orphelinat j'étais rejetée pour ma maîtrise si particulière qui effrayait bon nombres de jeunes académiciens.
Mon regard se fit soudainement plus insistant en direction de la personne qu'il me semblait reconnaître... Appuyé contre un mur dans l'enceinte de l'Académie, se tenait l'Akuzu, visiblement peu heureux de se trouver là... J'étirais un sourire chaleureux tout en allant à sa rencontre alors qu'il fumait une cigarette :
« Shinji Akuzu, dehors en plein après-midi ?! Ta vie n'était pas censée débuter la nuit ?! »
Je marquais une courte pause avant de reprendre, curieuse :
« Que fais-tu ici ? »
Il m'expliqua brièvement, avec son assurance naturelle, qu'il était également en ballade mais les lamentations de l'homme derrière lui, qui lui ordonnait de commencer puisque son collègue semblait décidé à arriver en retard, semblait exprimer tout autre chose... La voix de l'homme était acerbe, il était visiblement furieux de la non présence de l'autre personne et indiquait prestement à Shinji un seau rempli d'eau savonneuse ainsi qu'une éponge, lui ordonnant de commencer par frotter l'écriteau présent a l'entrée du bâtiment qui indiquait qu'il s'agissait de l'Académie shinobi. Il ajoutait même que des choses à faire ce n'était pas ce qu'il manquait entre ces murs, ayant visiblement décider de reporter sa propre colère sur Shinji en l'accablant de travail...
Sans attendre de réelles explications je lui demandais alors, moqueuse :
« Qu'as-tu fait, cette fois, pour te retrouver ici ? »
Le « cette fois » était bien entendu dûment appuyé. J'avais pu constater son mode de vie et même la connaissance qu'avait de lui certains membres de la garde. Il n'était donc pas difficile d'en déduire qu'il devait avoir souvent affaire à ce genre de « punitions ».
« Et puis... C'est moi ou cet homme ne semble pas beaucoup t'apprécier... Une revanche sur le passé j'imagine ?! »
Mes yeux étaient flanqués dans les siens alors que j'étais toujours amusée de le trouver ici dans cette situation. Il avait définitivement plus fière allure au centre de l'arène il y a quelques jours qu'ainsi avec son éponge et son seau... C'était risible.
Lorsque Shinji posa le regard sur la ravissante noiraude qui s'approchait de l'académie, il resta un instant la bouche entrouverte en se demandant s'il ne rêvait pas. De toutes les personnes qui auraient pu flâner dans le coin aujourd'hui, il avait fallu que ce soit elle! C'était à se demander si le destin ne prenait pas un malin plaisir à lui jouer des tours. Voir, carrément, à lui pourrir la vie. Le brun était évidemment content de revoir Yami mais il aurait donné une bonne partie de ses maigres économies pour éviter qu'elle le voit ainsi, à la merci d'un quinquagénaire revanchard. Comme si la situation n'était déjà pas assez humiliante...
Il l'accueillit avec un signe de la tête et un sourire, le tout en allumant sa cigarette alors qu'elle lui demandait ce qu'il faisait là en pleine journée. Le tout avec un sourire chaleureux qu'il n'avait vu que trop rarement s'afficher sur ses délicieuses lèvres. L'Akuzu profita un instant de cette vision agréable avant de hausser les épaules avec la nonchalance qui le caractérisait lorsqu'elle le questionna sur la raison de sa présence ici. Que faire? Mentir? Dire la vérité et prendre le risque de s'exposer à un regard réprobateur voir carrément moqueur? Le choix n'était guère compliqué...
- "Ho bah tu sais... La routine, quoi! J'avais de la peine à trouver le sommeil alors je me suis dit: et si j'allais faire un tour du côté de l'académie pour voir ce qu'elle est devenue? Et puis une chose en entraînant une autre, j'ai décidé de faire une petite pause ici pour m'en griller une en repensant à tous les... heu... merveilleux moments que j'ai passés ici!" expliqua-t-il avec l'assurance qui le caractérisait.
Dans un monde parfait, il aurait sans doute pu garder secrète la véritable raison de sa présence sur place. Mais c'était sans compter sur Ashigaru qui commença à râler sur le manque de ponctualité de la seconde personne qu'il attendait. Le tout à voix suffisamment haute pour que ça n'échappe pas à Yami, évidemment. Après un regard à l'horloge sur sa gauche, le quinquagénaire s'approcha du duo et adressa un sourire malsain au brun avant de lui désigner un seau d'eau savonneuse flanqué d'une éponge.
- "Au travail, tout de suite! T'es pas ici pour roucouler mon pote! Tu vas m'astiquer l'écriteau jusqu'à ce que je puisse me voir dedans!"
Il croisa les bras et se mit à taper nerveusement du pied sur le sol, visiblement irrité par le manque de réaction du brun à ses propos. Visiblement l'Akuzu semblait porter un intérêt bien plus important à la jeune femme en face de lui qu'à l'écriteau en question.
- "J'AI DIS TOUT DE SUITE!"
- "C'est bon, c'est bon... Relax, d'accord? À votre âge ce n'est pas conseillé de se mettre dans des états pareils vous savez?"
Yami semblait amusée par la situation et lui demanda ce qu'il avait bien pu faire cette fois-ci pour se retrouver dans cette situation. Il leva un sourcil avec un léger sourire lorsqu'elle appuya bien sur le cette fois. Il aurait bien voulu protester, pour la forme. Mais de toute évidence elle avait raison: il n'était pas vraiment le plus calme des citoyens de Suna...
- "Trois fois rien, je t'assure! C'est une erreur!" se justifia-t-il, provoquant par la même occasion le rire moqueur d'Ashigaru. "J'ai heurté un garde en rentrant hier matin et, ce faisant, j'ai cassé ma bouteille! Je lui ai gentiment faire remarquer qu'il avait intérêt à me la rembourser s'il ne voulait pas que sa tête finisse dans son... hem... tu vois, quoi! Et là, c'est possible que la situation ait un peu dégénéré... Et toi en fait? Qu'est-ce que tu fais ici?"
Il ne se souvenait pas précisément de la scène mais il était pratiquement certain qu'il avait réussi à casser le nez de l'indélicat. Mais il jugeait inutile de le préciser, ce n'était qu'un détail. Il adressa un sourire goguenard à la splendide jeune femme avant d'allonger le bras pour récupérer l'éponge, la tremper dans le seau et commencer à astiquer d'un air distrait l'écriteau qui trônait sur l'entrée de l'académie. Le tout en ne quittant pas Yami du regard, évidemment. Elle était de loin la chose la plus agréable à regarder dans le périmètre. Il fut néanmoins interrompu une nouvelle fois par le quinquagénaire qui tapota du doigt sur son épaule.
- "J'ai peut-être oublié de préciser que les jutsus n'étaient pas autorisés?"
- "Ha bon? Et je fais comment alors?"
- "À l'ancienne mon petit Shinji, à l'ancienne..." répondit l'autre avec un large sourire sur le visage.
Ils se jaugèrent mutuellement du regard quelques secondes puis le brun obtempéra. Il n'était pas en position de force et il ne pouvait pas se permettre le luxe de négocier quoi que ce soit. Le mieux dans ce genre de cas, c'était encore de la fermer et obéir comme un imbécile. De toute façon ce n'était que le temps d'une journée, une toute petite poignée d'heures... Certainement les plus longues de sa vie, aussi!
- "Ha? T'as remarqué aussi?" s'amusa-t-il lorsque la Ketsueki ajouta que le vieux ne semblait pas l'apprécier. "Disons qu'il a ses raisons, oui! Je ne lui ai pas laissé le meilleur des souvenirs, ça c'est certain! N'est-ce pas Ashi?"
- "Tais-toi et travail!"
Shinji soupira et leva les yeux au ciel. S'il ne pouvait même pas parler, ça allait devenir sacrément ennuyant. Après un regard entendu à Yami, l'Akuzu alla rapidement chercher une échelle et l'appuya contre l'écriteau avant d'y grimper rapidement et commencer à frotter. Il retira rapidement son manteau puis son haut pour se mettre aussi à l'aise que possible et éviter de les tâcher. Ceci fait, il se consacra à la rude tâche du nettoyage en profondeur. Lorsqu'il tourna une nouvelle fois le regard vers Yami, il découvrit dans ses yeux ce qu'il interpréta comme de l'intérêt. Était-ce la vue de son torse aux muscles finement ciselés qui lui faisait cet effet? C'est en tout cas ce qu'il choisit de croire.
- "Tu pourrais m'apporter un seau d'eau propre s'il-te-plait?" lui demanda-t-il.
- "Règle numéro deux: toute aide extérieur est proscrite!"
- "Dictateur!"
Spoiler:
J'ai pas pu résister :')
Shinji alla donc chercher lui-même son seau d'eau fraîche et remonta sur son échelle. Il ne l'utilisa cependant pas pour le nettoyage mais bien pour y tremper une éponge propre. Ceci fait, il s'aspergea copieusement le corps de manière à faire luire sa musculature sous le soleil brûlant du pays du vent. Il eut vaguement l'impression d'être un prostitué aguichant une cliente potentielle. Après quelques poses lascives et suggestives, le tout en continuant de nettoyer sa saleté d'écriteau, il ne put retenir un rire communicatif tant il se sentait stupide. Et le regard que lui jeta une vieille de passage dans le coin ne fit que confirmer cette impression.
- "Tu es RI-DI-CU-LE!"
Toujours à faire le beau, Shinji ne vit pas le quinquagénaire sauter pour lui décocher une pichenette à l'arrière du crâne. L'impact eut pour effet de le faire vaciller quelques instants sur son échelle et il tenta de se stabiliser avec de grands mouvements du bras. Il y parvint finalement mais ne put retenir le seau d'eau qui, lui, se déversa d'un coup sec sur - devinez? - Yami!
- "Hé merde!"
Si la journée avait déjà mal commencé, elle risquait fort de ne pas aller en s'améliorant...
Apparemment, l'homme qui s'occupait de surveiller Shinji n'avait pas de bons souvenirs de ce dernier lors de ses années passées à l'Académie et c'était visiblement pour cela qu'il se montrait si acerbe avec lui. Je me contentais d'observer la scène, amusée par ce qui se déroulait sous mes yeux. Shinji grimpait à une échelle pour frotter l'enseigne salie et effacée par les années. Il était vrai qu'elle paraissait en meilleur état lorsque je fréquentais moi même ce lieu... L'Akuzu retira son manteau et son haut tout en poursuivant sa tâche. Je ne savais décemment pas s'il essayait de trouver le moyen pour attirer mon attention ou si son geste avait été des plus innocent... Quoi qu'il en soit, voir ainsi son torse nu me faisait me demander quel goût pouvait bien avoir son sang ? La chaleur avait le don de faire se dilater les veines et je distinguais parfaitement bien celle qui se trouvait dans son cou... Cette simple vision m'enivrait d'envie...
Il me tira de ma rêverie en me demandant de l'aider en lui apportant un seau d'eau propre. Je levais un sourcil interrogateur me demandant s'il croyait vraiment que j'allais le faire avant d'être coupé par le concierge qui lui expliquait qu'il était interdit de recevoir de l'aide extérieure et qu'il devait donc se débrouiller. Je venais ici pour discuter pas pour purger la peine a sa place !
Il le faisait donc seul, changeant lui même l'eau avant de remonter sur son échelle alors que je n'avais pas bouger d'un pouce, le suivant juste du regard. Il se mettait soudain à arborer des positions des plus étranges après s'être mouillé le torse avec l'éponge... C'est vrai qu'il faisait chaud mais pourquoi prendre ces poses ridicules ?! Était-ce censé m'être destiné ? Je haussais de nouveau un sourcil, perplexe alors qu'une dame âgée le regardait outrée et a la fois accablée sans que je ne puisses réellement comprendre pourquoi... Le concierge aussi lui rappelait qu'il était ridicule et Shinji lui même riait de sa propre bêtise. Décidément, il y avait biens des choses que je ne comprendrais jamais et d'autres que je ne désirais même pas comprendre...
Empli de rage, l'homme flanquait un coup a Shinji qui perdait l'équilibre et se rattrapait in extrémiste a l'échelle tout en me déversant le contenu du seau sur la tête... L'eau fraîche était saisissante et je me mis a serrer les poings convulsivement alors que la colère me gagnait : j'étais trempée de la tête aux pieds. J'étirais un sourire carnassier à son encontre grommelant des plaintes a travers mes dents serrés tout en ouvrant mes doigts d'un geste du pouce desquels j'étirais un fouet de sang qui vint se planter sur son écriteau bien propre, le salissant de nouveau bien comme il fallait.
« Le sang ça tâche... » Lui dis-je, acerbe et provocatrice.
Il paraissait affligé de devoir tout recommencer. L'homme vociférait sur Shinji :
« Tu ne peux pas faire un peu attention non ?! Tu tiens vraiment a passer des heures supplémentaires en ma compagnie ?!»
Il prenait ensuite un ton des plus mielleux a mon encontre :
« Pardonnez le mademoiselle... Cet homme est un véritable cas désespéré ! »
Shinji descendait alors de son perchoir, me tendant son manteau, une main derrière la tête, l'air gêné. Je considérais son offre et finissais par attraper sa veste. Après tout je n'allais tout de même pas rester détrempée de la sorte ! Et comme je n'avais pas prévu de recevoir un seau d'eau sur le coin du nez, je ne me baladais pas avec des rechanges sur moi ! Sans un mot, je me faisais escorter par l'homme vers les vestiaires de l'Académie puis fut laissée seule. La colère redescendait au fur et a mesure que je me déshabillais et me séchais du mieux que je le pouvais. C'était nostalgique de se retrouver ici...
Retirant ma robe et mon collant, je revêtis le manteau de Shinji par dessus mes sous vêtements avant d'en fermer la fermeture éclair et remettais mes bottines noires. Mes cheveux, quant à eux, sécheront rapidement au soleil et pour ce faire, je laissais le capuchon baisser pour le moment. Lorsqu'ils seront secs, je couvrirais ma tête avec la capuche pour la protéger du soleil meurtrier de Suna. J'attrapais mes vêtements mouillés sous le bras puis ressortais dans la cour, me demandant bien ce que j'allais faire ensuite... Je n'avais plus particulièrement envie de lui adresser la parole...
Shinji avait réussi a faire partir mon sang mais cela avait dû être non sans mal : au moins l'avait-il mérité ! Je soupirais et m'asseyais non loin de son nouveau poste : la palissade. Le concierge vint me trouver, s'excusant encore alors qu'un idée me vint à l'esprit, faisant naître un sourire mesquin au coin de mes lèvres :
« Dites moi... Quel genre d'élève était Shinji ? »
Je regardais l'intéressé, dos à moi, lorsque je posais cette question. Il se figeait un instant alors que l'homme me répondait, à la fois en colère et amusé :
«C'était un sale gosse ! Il n'a pas vraiment changé ! N'est-ce pas Shinji ?! Lorsqu'il y avait une connerie de faite il était dans le coup ! »
Effectivement ça n'avait pas vraiment l'air d'avoir changé. Je me délectais de ses réponses, n'hésitant pas a rire de façon moqueuse lorsque cela en valait la peine. Au moins cela avait le mérite d'être distrayant même si pour ce faire j'avais dû faire les frais du comportement maladroit de Shinji...
« Un jour, en plein entraînement, il a même fini suspendu sur la branche de cet arbre la tête en bas. Il avait voulu sauter a son sommet pour « surprendre » son adversaire mais avait glissé et c'était retrouver pendu par le pantalon. Il avait alors usé de son pouvoir spécial pour toucher le sol et enfin quitter cette posture délicate »
Imaginer la scène me faisait m'esclaffer alors que le pauvre Shinji nous regardait, couvert de honte.
Dernière édition par Ketsueki Yami le Ven 26 Sep 2014 - 15:00, édité 1 fois
Ce n'était pas un jour comme les autres, j'avais enfin obtenu une audience à une sorte de tribunal pour ninja, j'étais maintenant derrière les barreaux depuis quelque temps déjà et je devais avouer que même si étudier les goûts et les méthodes de mes "ancêtres" saibogu était intéressant dans un premier temps, le séjour commençait à devenir lassant. Pour être franc, je pense que j'ai obtenu cette audience parce que les demandes de missions se faisaient de plus en plus nombreuses et qu'un shinobis en prison, c'est un effectif en moins et donc de la thune en moins pour le village, et multiplier ça par le nombre de cons dans mon genre... Voilà, ça fait beaucoup d'argent en moins.
Donc après une certaine période au trou, j'obtenu, parce que les charges contre moi n'étaient pas si lourdes que ça, coups et blessures quoi, la vie normale d'un ninja, un sursis et un quota d'heure de travail d'intérêts. J'étais plutôt satisfait de ce jugement par conséquent, avais fait l'effort de fermer ma grande gueule pendant le jugement.
À la sortie de l'ergastule, on me rendit mes affaires, et je pus enfin, user de mon chakra ! Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu la clope au bec ! Enfin Cessons de faire l'enfant même si en soit, c'est quand même vachement plus marrant... Mon premier TIG était demain et je devais me rendre à l'académie avec une autre personne.
Évidemment, fêtant ma sortie avec mes amis, j'en arrivais à me réveiller en retard et donc arriver à la bourre à ce TIG... Je commençais bien moi ! Une fois sur place, je pus observer qu'un autre "délinquant" était déjà au travail et sous le feu ennemi, si je puis me permettre... Apparemment celui qui "gérait" ce premier job était un ancien de l'académie...
Jeune, je ne m'étais pas fait remarquer plus que ça, j'étais dans le "ventre mou" de la classe comme disaient les profs, ni trop fort, ni trop nul, un branleur quoi... Qualificatif qui me correspond d'autant plus aujourd'hui mais avec une pointe de rebellitude en plus, je ne sais pas d'où ça vient, peut-être les cheveux allez savoir...
- J'avais dit PAS D'AIDE EXTÉRIEURE !
Cria le vieil homme, pourquoi il était si énerver le vieux ? Il cherchait la merde ? C'est ça ? Perso, j'avais pas la pêche de lui en mettre une et de repartir finir mon voyage en prison...
- Ne criez pas, je suis le deuxième participant ! Un peu à la bourre soit...
- Alors comme ça t'es en retard Délinquant ?! Va te mettre au travail et plus vite que ça ! La prochaine erreur et je double tes heures ! Ah ! Tu dois être le taulard, les gars comme toi à mon époque, on ne les laissait pas sortir comme ça !
Oh la la,relou ! Je sens que j'allais bien m'amuser aujourd'hui moi... J'allais chercher le matos à l'intérieur de l'académie, déposant mes fringues pour ressortir en débardeur et rejoins le gars qui était sur son échelle, le voyant dégouliné d'eau... C'est moi, où il était complètement con ? Je n'avais qu'une demi-heure de retard et il était déjà trempé... Je pris une échelle pour m'attaquer à l'autre côté de l'écriteau, et regardais ce mec avec un regard interrogatif...
- Hey, le gigolo, c'est l'aimable et gentille personne âgée qui te fait mouiller comme ça ? haha, plus sérieusement, qu'est-ce tu fais tremper comme ça ? Sinon, moi c'est Notsuu, enchanté de rencontrer un collègue délinquant haha.
- Qu'est-ce que vous complotez tout le deux ?!
Ajouta-t-il avec un ton odieux, entre deux propos qu'il avait avec la jeune fille qui était en train de regarder ce mec nettoyer, naturellement je levais la main pour la saluer mais sans plus, être poli c'est la moindre des choses avec les dames... Enfin bref, je me doutais que ce fût pour cette jeune fille qu'il avait essayer de se la jouer strip-teaseur, ce soir, il voulait tirer !
Enfin, c'était avec beaucoup de paresses et d'ennui que je commençais à récurer ce que je devais récurer... Heureusement que mettre ces deux balles à la catin valait le coup !
Shinji savait d'expérience qu'une femme qui affichait un sourire carnassier après s'être mangé un seau d'eau ne présageait de rien de bon. Il aurait préféré un flot d'insultes voir une grosse claque sur le coin de la tronche plutôt qu'une réaction mesurée qui annonçait une revanche pire encore. Et il ne s'y trompa pas puisque la jeune femme se mordit le pouce avant de propulser du sang sur toute la largeur de l'écriteau. Le tout en y allant de sa petite phrase provocatrice au sujet du sang qui tâchait. L'Akuzu soupira avant de se fendre d'un léger sourire résigné. Ouais, il l'avait bien cherché!
- "Hé ho le vieux! Profites pas de la situations!" rétorqua-t-il au surveillant lorsqu'il s'adressa à la jeune femme d'une voix mielleuse. "Pervers!"
- "Toi, tu les veux vraiment tes heures sups!"
- "Attention Ashigaru, tu vas finir par apprécier ma compagnie!"
L'autre rétorqua en rouspétant comme à son habitude, visiblement peu emballé par l'idée. Puis Shinji se retrouva seul alors que le quinquagénaire emmenait Yami dans les vestiaires pour se changer. Profitant de l'absence du fossile, le jeune homme en profita pour allonger ses bras et ses mains afin d'augmenter son efficacité. Si bien que lorsque Yami revint prendre place sur la palissade, l'écriteau était à nouveau propre. Ses pensées furent ensuite complètement absorbée par la sublime créature qui devait, selon lui, être pratiquement nue sous son manteau. De quoi faire travailler son imagination au-delà des limites du raisonnable. D'ailleurs la jeune femme dut se rendre compte du regard emplie d'envie, limite prédateur, du brun à moins qu'elle ne soit aveugle. Une fille comme elle devait être habituée à l'intérêt que devait immanquablement lui porter la gente masculine...
Lorsqu'elle demanda à Ashigaru quel genre d'élève il avait été, Shinji interrompit son mouvement et prêta l'oreille. C'était plus ou moins la pire des questions qu'elle pouvait lui poser puisque l'autre allait se faire un plaisir d'exposer ses bêtises en long et en large. Et certainement pas les plus glorieuses où celles qui avaient merveilleusement bien fonctionné à l'époque. Non, bien sûr, il fallait qu'il parle de ses bévues et des situations dans lesquelles il n'était pas vraiment à son avantage...
- "Hey, je vous entends! Faites pas comme si j'étais pas là!" râla-t-il en trompant à nouveau son éponge dans le seau. "Et pour l'arbre je tiens à préciser que mon adversaire était tellement mort de rire que j'ai remporté le combat sans le moindre problème ensuite. C'était... heu... une stratégie parfaitement étudiée! Hé oui!"
Ha, la mauvaise foi...
- "Et si tu lui racontais la fois où tu t'es retrouvé en caleçon pendant l'appel, hein? Tout ça parce que tu ne trouvais plus tes vêtements à ton réveil? Cette histoire mérite qu'on s'y attarde vu qu'on en est aux confidences!"
- "Je ne vois pas de quoi tu parles..." répondit l'autre en détournant le regard. "Et puis je ne t'ai pas autorisé à l'ouvrir que je sache?"
- "Comme si j'avais besoin d'une autorisation..." murmura le brun, plus pour lui que pour ses spectateurs.
Quelques minutes plus tard, le vieux se mit une nouvelle fois à hurler. Mais par contre lui, pour changer. Shinji se retourna pour voir ce qui avait bien pu irriter Ashigaru et posa le regard sur un nouvel arrivant qui annonçait avec nonchalance être le deuxième travailleur. L'Akuzu le détailla de la tête au pied avec scepticisme tout en étant rassuré de ne plus être le seul à subir le courroux du quinquagénaire. Avec une personne de plus à surveiller, il allait enfin lui lâcher un peu la grappe. Et ce n'était pas trop tôt...
L'autre se comportait comme un rebelle et Shinji en vint rapidement à la conclusion qu'ils allaient bien s'entendre. Entre délinquants, il y avait une certaine forme de respect même si dans les faits on en avait pas l'impression. L'Akuzu n'aurait pas été jusqu'à appeler ça de la solidarité pour autant. Aussi, lorsque le nouvel arrivant vint s'attaquer à la partie opposée du panneau et se présenta sous un couvert de remarques désobligeantes, le brun ne s'en offusqua pas et allongea sa main pour serrer celle de ce Notsuu.
- "Shinji, enchanté également!" claironna-t-il. "Ça fait longtemps que ce vieux débris ne fais plus mouiller quoi que ce soit, si tu veux mon avis! Non, si je suis mouillé c'est parce que j'essaie d'emballer la jolie noiraude là-bas!"
Essayer, c'était le mot. Parce que pour le moment, à part se payer l'air con, il avait pas beaucoup progressé. Il y alla d'un rire léger avant d'adresser un clin d’œil à l'intéressée en espérant qu'elle n'avait pas entendu la dernière phrase. Bon, de toute façon elle devait certainement se douter de l'intérêt - sincère s'il-vous-plaît - qu'il lui portait. Il fit ensuite les efforts nécessaires pour chasser l'image persistante d'une Ketsueki nue dans son manteau et reporta son attention sur le vieux lorsqu'il les soupçonna de fomenter un mauvais coup.
- "On se salue, rien de plus! Faut pas voir le mal partout non plus!" corrigea-t-il avant d'ajouter quelques mots à l'intention de son collègue. "Pour le moment en tout cas, hein?"
Shinji ne se faisait pas trop de soucis pour la suite des événements maintenant qu'il avait un compagnon de galère. Surtout que ce dernier ne semblait pas être un ange...
- "T'as fais quoi pour te retrouver ici en fait? J'imagine que ce n'était pas seulement un délit de sale gueule?"
Une remarque un brin agressive mais qui restait dans l'esprit d'un échange basique entre délinquants. La politesse, c'était dépassé après tout... Deux ou trois heures plus tard, ils eurent enfin droit à une pause bien méritée. Shinji en profita pour boire quelques discrètes gorgées d'alcool dans une petite gourde avant de la tendre à Notsuu lorsque Ashigaru avait le dos tourné. Puis il vint prendre place à côté de Yami.
- "Désolé pour tout à l'heure! Faut pas m'en vouloir, le nettoyage c'est pas mon truc! Et puis t'as qu'à te dire que tu as déjà pris ta douche du jour, comme ça!" un clin d'oeil plus tard, il lui proposa à son tour de l'alcool. "Un peu d'eau?"
Le retardataire arrivait enfin en subissant les remontrances du concierge qui avait perdu toute patience à cause de l'attitude de Shinji. Il était vrai que la scène d'un point de vue extérieure ne ressemblait en rien à une journée de travail d'intérêt général... Non cela laissait plutôt croire à une heure de retenue qu'un élève dissipé pouvait avoir et qui ne privait pas de s'en plaindre. Je regardais Shinji en haut de son perchoir alors que le second arrivant me saluait d'un signe de main que je lui rendais par politesse conventionnelle. Shinji s'était plaint de tout entendre de ma conversation avec l'homme de l'Académie et cela ne m'en amusait que plus. Il essaya même de détourner l'attention dont il était le centre d'intérêt, sur le concierge en révélant des faits peu glorieux sur ce dernier.
J'évitais au maximum de croiser son regard car mon envie de sang s'était grandement intensifiée depuis qu'il avait révélé des parcelles de son corps... Mes yeux ne se posaient plus que sur sa jugulaire et les veines de son cou, m'enivrant a l'avance du goût que pouvait avoir son élixir vital. Il était difficile de rester de marbre et d'y faire abstraction alors que j'étais assise là avec tout le loisir de l'observer et qu'il me lançait lui même un regard insistant... Maintenant que j'avais cette idée en tête, il m'était impossible de partir sans avoir atteint mon but !
Après plusieurs heures, les deux travailleurs eurent le droit à une pause. Shinji tendait une gourde au nouveau venu pendant que le concierge avait le dos tourné : un véritable gamin... Il vint finalement s'asseoir près de moi, s'excusant de sa maladresse passée en prétextant que le nettoyage n'était pas son fort. Je lui en gardais rancune mais n'étais plus énervée à son encontre : après tout ce n'était pas comme s'il avait fait exprès...
« Si ma douche ressemblait à ça tous les jours et sans savon, j'aurais sûrement la même odeur que la momie... »
Lui disais-je en le regardant de côté et un mince sourire s'étirant sur mes lèvres. Parler de cela me rappelait le commentaire qu'avait fait Oniri sur l'odeur corporelle de Shinji, le fait de porter son manteau me rapprochait au plus près de cette effluve où était concentrée alcool, sueur et sang. Le fait de porter cette veste directement sur ma peau nue ne me laissait pas vraiment rêveuse quand on savait que Shinji la portait aussi pendant ses combats...
Lorsque ce dernier me tendait la gourde en me proposant de l'eau, je n'hésitais pas un instant à la saisir mais me ravisais aussitôt après avoir senti son contenu, le dévisageant d'un air indigné :
« En plus de me renverser de l'eau sur le coin du nez tu oses te moquer de moi ?! Tu joues avec le feu mon cher ! »
Je lui rendais sa gourde et croisais les bras et détournais la tête en fermant les yeux, boudeuse. J'étais frustrée et affligée de voir que cette gourde contenait de l'alcool... moi qui espérait qu'il n'avait pas bu depuis un moment pour pouvoir goûter à son sang... Le concierge avait remarqué notre petit manège et attrapait la gourde des mains de Shinji, sentant son contenu :
« De l'alcool ?! En travaux d'intérêt général ?! Non mais tu te crois où Shinji !! ça ne restera pas sans conséquences ! »
Disait-il tout en versant le contenu de la gourde sur le sol devant les yeux presque larmoyant de l'Akuzu. J'avais ouvert les yeux juste pour voir ce spectacle : bien fait pour lui ! Au moins ne pourrait-il plus se remplir comme une barrique ! Tous mes espoirs n'étaient donc pas perdu !
Je me décalais légèrement pour prendre place à côté du nouveau qui s'était présenté à Shinji comme s'appelant Notsuu. Voulant rétablir la politesse par rapport a son identité révélée, je me présentais à lui :
« Moi c'est Yami. »
Puis marquais une courte pause avant de reprendre :
« Alors comme ça toi aussi tu as une peine à purger ? Pour quel motif ? »
C'était purement de la curiosité et je savais bien qu'il n'était pas tenu de me répondre s'il ne le désirait pas. Cependant, je voulais ignorer l'Akuzu qui m'avait fait tourner en bourrique. Et puis rencontrer de nouvelles personnes avait également du bon.
« Tu appartiens à quel clan ? Pour ma part, je suis une Ketsueki »
J'en étais même, pour le moment, la dernière représentante. La discussion se poursuivait un moment avant que je ne me lève pour me diriger au sein de l'Académie pour boire l'eau que je n'avais finalement pas eu. Finalement seule dans le couloir où se trouvait un point d'eau et après en avoir bu de grande goulées, je fermais les yeux et inspirais profondément tout en expirant de la même façon. Il fallait que je chasse cette envie de sang et j'avais même plutôt intérêt a partir dès maintenant si je ne voulais pas me laisser emporter par cette soif...
Alors même que je me calmais, l'objet de ma convoitise arriva dans le bâtiment avec son seau pour en vider le contenu dans l'évier à côté de moi, m'adressant au passage un sourire éclatant. Je déglutissais. Mon propre sang pulsait à travers mes veines sous la pression que je ressentais. Il m'était difficile de refréner cette soif lorsqu'elle était si présente... Sans même prendre le temps de lui expliquer quoi que ce soit et de demander son avis, ce que je faisais d'ordinaire toujours, je me ruais sur Shinji et le plaquait contre le mur derrière lui. Ma main sur son torse maintenait une pression suffisante pour le maintenir ainsi, tandis que je m'approchais de son cou, faisant courir ma langue tiède au creux de ce dernier. Sentir son sang pulser juste en dessous d'elle me procurait des frissons de plaisir. Les pupilles un rien dilatées par l'excitation, j'ouvrais rapidement mes gencives avec ma bague, créant des crocs de sang que je plantais dans sa jugulaire. Il se raidit un instant, ne comprenant sans doute pas ce que je faisais tandis que je m'évertuais à le calmer en infusant des hormones apaisantes dans son sang par l'intermédiaire du mien. J'avalais de grandes rasades de ce dernier, sentant tout de même quelques restes d'alcool qui ne me génèrent pas le moins du monde, alors qu'il commençait a ressentir le plaisir que je tentais de lui faire ressentir à la place de la douleur. Je renforçais ma pression sur son torse, ne voulant aucunement qu'il cherche à s'échapper bien que ce qu'il devait ressentir en cet instant ne devait sûrement pas lui déplaire...
Ce nectar qui coulait dans ma gorge était divin. Je me délectais de son goût, sa texture et sa chaleur. Ma frénésie redoublait d'intensité à chaque gorgée, me laissant envieuse et avide de son élixir de vie alors que son plaisir se décuplait, le laissant malgré lui émettre quelques râles d'extase.
Après une dizaine de minutes sans que personne ne viennent nous interrompre, fort heureusement, je me retirais, léchant de nouveau son cou pour récupérer les filets qui s'échappaient et coagulait sa plaie pour arrêter l'écoulement. Encore saisie par l'ivresse de se moment, mes yeux pétillaient de malice. J'essuyais le sang qui coulait de ma bouche d'un revers de main, posant ma langue sur cette dernière. Je lui devais quelques explications :
« Excuse moi pour ça... En général je préviens avant d'agir mais je n'ai pas su me contrôler... »
Lui restait coi, incapable de parler après ce qu'il venait de ressentir.
« Mon sang s'altère de lui même au fil des jours et si je veux rester en vie il faut que je le renouvelle. »
C'était succin comme explication mais je n'avais guère les idées en place pour en dire davantage pour le moment. Après coup, je m'en voulais un peu de lui avoir sauté dessus de la sorte... J'avais pour principe d'avoir le consentement de la personne lorsqu'elle n'était pas un ennemi... Maintenant, cela était fait de toute façon...
Ma foi, il avait l'air d'un gars sympathique, quoi qu'un brin agressif, mais que voulez-vous, chacun à ses petits défauts. Il se prénommait Shinji, ignorant si celui-ci faisait partie d'un clan spécifique ou pas, je ne m'avançai pas sur ses possibles capacités, bien que cela ne soit pas le moment pour ce genre de chose, à l'avenir cela sera peut-être instructif.
Il en voulait donc à cette jeune femme, qui depuis le début nous regardais... Avait-elle du temps à perdre au point de regarder deux petits "délinquants" nettoyer des murs ? Ou peut-être avait-elle un fétichisme des bads boys, très présent chez les jeunes filles d'ailleurs... Enfin bref ! Ça présence ne me dérangeait pas plus que ça, mais le vieux commençait à se faire de plus en plus insolent, surveillant soit, mais je ne suis pas ici pour me faire traiter comme un gamin...
Je souris à la remarque de Shinji et ajoutant un petit rire moqueur, j'écoutais les fameuses questions habituelles, pourquoi étais-je ici ? J'allais y répondre avec la plus grande franchise, pourquoi cacher ce genre de chose ?
- Pour trois fois rien, j'ai mis deux balles à une nana qui me cassait les couilles, ne t'en fait pas elle n'a pas eu grand chose, mais ça en valait le coup haha... J'ai échangé mes derniers moments de prison contre ce genre de travail, mieux vaut être en extérieur, au moins on respire.
Je le prenais sur le ton de l'humour, non pas parce que j'étais une sorte de sadique qui aimait faire souffrir les gens, mais parce que cette situation était risible, je n'étais clairement pas à ma place ici, je ne faisais que répondre à une agression, mais hélas, les gens, aussi bêtes soient-ils, ne comprennent que très rarement ce genre de conflit...
Après plusieurs heures de travail, il était venu l'heure de la pause, mais le vieux n'avait pas l'air de cet avis, enfin concernant le rafraîchissement, il avait à peine entamer la discussion avec cette jeune femme que le vioc décida de faire des siennes, il lui arracha la gourde des mains puis la vida devant ces yeux... Franchement, seum pour lui...
Pour ma part, je soulevai mon débardeur, laissant apparaitre une musculature, assez normale pour un ninja en fin de compte, et surtout un sceau sur un de mes obliques... Un coup de chakra et boum, une gourde d'eau apparut dans ma main, pour se désaltérer c'est mieux que rien on va dire haha... Enfin, la fille vint se mettre près de moi afin de se présenter. Yami ? Jamais entendu parler... Elle me posa la même question que Shinji et je lui répondis la même chose :
- Une jeune femme a voulu se jouer de moi, je lui ai mis deux balles, ne t'inquiète pas, elle n'a rien eu de grave.
Ketsueki, cela me disait quelque chose, je l'avais lu quelque part... Ce n'était pas un ancien clan qui avait développé une maîtrise du sang ? Glauque !
- Pour ma part, je fais partie des Saibogu, noble clan, souillé par certaines personnes n'ayant rien à y faire...
Après quelque échange de routine, Yami se dirigea vers l'académie, surement pour aller y chercher, je ne sais quels objets pour ne plus s'ennuyer à regarder deux idiots nettoyer un écriteau. Peu de temps après, je vu Shinji aller la rejoindre, je lui tendis le pouce en remontant sur mon échelle :
- Va-y Champion !
Même si le début de cette journée était plutôt déplorable, la fin pourrait être amusante, sait-on jamais haha...
Ainsi donc Notsuu avait été affecté au nettoyage de l'académie à cause d'un petit dérapage. Enfin, à supposer que le mot soit le plus approprié pour désigner un tir sur une femme au sol motif qu'elle se montrait irritante. D'un autre côté il pouvait comprendre ce qu'il ressentait puisque quelques jours plus tôt il avait rencontré Oniri. Et il aurait mentit en disant que des idées de meurtres ne lui avaient pas aussi traversé l'esprit. Ce type était plutôt sympathique tout compte fait même s'il semblait avoir la gâchette facile!
- "J'imagine qu'à côté de l'Ergastule le nettoyage de l'académie ressemble à la liberté, ouais..."
Il n'avait encore jamais été faire un tour dans cette prison mais il savait qu'il n'y échapperait pas éternellement. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il découvre l'effet que procurait l'absence de Chakra. Et s'il n'y avait que ça...
Quelques instants plus tard, Yami le grillait avec brio lorsqu'il lui proposa de l'alcool. Bon ce n'était pas comme s'il ne l'avait pas cherché aussi... C'était en quelque sorte la réponse de la bergère au berger, c'était de bonne guerre. Par contre Ashigaru ne se fit pas prier pour renverser le précieux contenu sur le sol tandis que Shinji se passait nerveusement une main dans les cheveux. Il jeta ensuite un regard désolé au liquide par terre tout en envisageant brièvement de se baisser pour en laper ce qu'il pouvait. S'il ne lui restait pas un peu d'amour propre, c'est sans doute ce qu'il aurait fait. Mais devant Yami, c'était un peu... ouais, suicidaire!
Agacé et à deux doigt d'en retourner une au vieillard, Shinji se renfrogna et croisa les bras avant de s'appuyer contre la barrière. Il marmonna quelques instants dans sa barbe de trois jours au sujet des surveillants, de leur manque d'humour et de leur absence de respect pour les breuvages alcoolisés. Pour le coup sa journée prenait une sale tournure. Déjà que nettoyer c'était pas fun... Mais s'il fallait le faire sobre, ça devenait carrément l'enfer...
L'Akuzu ignora le reste des personnes présentes pendant toute la durée de la pause et se remit au travail avec le regard sombre lorsque le quinquagénaire leur fit remarquer - avec sa douceur habituelle - qu'ils n'étaient pas là pour se la couler douce. Il remonta donc sur l'échelle pour rejoindre le toit et commencer à nettoyer l'une des fenêtres. Toujours énervé à cause de la perte du contenu de sa fiole, le jeune homme ne remarqua même pas que Yami avait disparu. Ce qui eut pour effet de le calmer. Un regard à Notsuu lui permit de comprendre qu'elle était rentrée dans l'académie. Et c'est sous ses encouragement - certes pas vraiment discrets - que Shinji rejoignit à son tour l'intérieur du centre de formation.
- "Si tu arrivais à détourner l'attention du vioque quelques instants je te revaudrai ça! Quelques verres après le taf, ça te dit? Ce sera pour moi!"
C'est donc en prétextant un urgent besoin de changement d'eau de l'un des seaux que l'Akuzu rejoignit Yami. Cette dernière étanchait sa soif à l'un des points d'eaux et ce fut avec sa délicatesse habituelle qu'il s'imposa à grands renforts de sourires charmeurs. On lui avait répondu de biens des manières lorsqu'il se comportait ainsi mais jamais comme la Ketsueki le fit. Elle le plaqua contre le mur avec un mélange de force et de délicatesse avant de s'en prendre à son cou, baladant sa langue sur ce dernier. Satisfait et surpris à la fois, le jeune homme se fendit d'un sourire amusé:
- "Ha ben quand même! Je me demandais combien de temps tu allais refuser de t'avouer que je te plai..."
L'auto-satisfaction laissa néanmoins rapidement place à une douleur qu'il n'avait encore jamais ressentie. Un liquide chaud et visqueux coula le long de sa peau et il comprit après quelques instants qu'il devait s'agir de son sang. Il se raidit immédiatement mais ne parvint pas à repousser la demoiselle et son étreinte mordante. Parce que la souffrance provoquée par les deux canines enfoncées dans sa chaire fut peu à peu remplacée par une douce sensation de chaleur enivrante. Shinji se décrispa peu à peu, découvrant un plaisir aussi absolu qu'inattendu. Puis il perdit la notion du temps et de l'environnement. Il n'y avait plus qu'elle, lui et cet étrange sensation d'ataraxie. Il ferma les yeux et attira la Ketsueki contre lui, entourant ses bras autours de son dos pour l'inciter à poursuivre sa... son truc! Le tout en poussant de temps à autre des râles habituellement réservés à des cadres plus intimes...
Une dizaine de minutes avaient du s'écouler depuis le début de cette étrange étreinte et Shinji poussa un soupire de regret lorsque la jeune femme recula pour essuyer le sang qui recouvrait ses lèvres. N'importe quelle personne sensée aurait été dégoûté voir effrayé par ce genre de vision mais l'Akuzu, lui, ne la trouvait que plus belle encore. Il se contenta d'acquiescer lentement de la tête lorsqu'elle lui présenta ses excuses. Il aurait bien voulu lui dire qu'elle pouvait recommencer tout de suite si l'envie lui en prenait mais il n'arrivait même plus à produire un simple son. L'esprit embrumé par ce qu'il venait de se passer et le corps engourdi par la décharge de plaisir qu'elle lui avait insufflée, le jeune homme comprit qu'il allait avoir besoin d'un moment pour se remettre! Il acquiesça bêtement une seconde fois lorsque Yami lui parla des raisons qui la poussaient à agir, sans toutefois vraiment écouter ce qu'elle lui disait. Ça parlait vaguement de maladie par contre, ça il en était sûr...
Il l'attira à elle et déposa un long baiser sur ses lèvres encore humidifiées avant de se résoudre à la laisser partir. Il resta pantois un long instant devant le point d'eau, ne sachant pas vraiment que faire. Puis il se passa la tête sous l'eau pour se remettre les idées en place. Ce fut donc dégoulinant mais avec un sourire digne d'un puceau ayant découvert l'amour pour la première fois qu'il rejoignit l'extérieur du bâtiment. Un brin tremblotant, il revint prendre place sur le toit et rejoignit Notsuu.
- "Mec, je me suis fais violer!" lâcha-t-il sans vraiment oser y croire.
Le mot n'était peut-être pas le plus adapté mais il résumait assez bien la situation finalement. Même si ce n'avait rien d'un viol conventionnel, loin s'en faut! Ashigaru y alla de ses remontrances sur l'absence d'efficacité du duo et Shinji se força tant bien que mal à travailler. Il reprit peu à peu ses esprits et son cerveau recommença à fonctionner normalement. Ou, plutôt, comme d'habitude!
- "Tu es un Saibogu alors? Tu connais cette petite peste d'Oniri du coup? Si tu la vois, fais-moi plaisir et vide-lui un chargeur dessus pour effacer son air hautain, d'accord?"
Si ça se trouve il l'appréciait en fait. Ce n'était pas si malin de parler d'une personne d'un clan à une autre personne du même clan quand on y songeait. Même si les relations n'étaient pas au beau fixe à l'intérieur d'une famille, ils avaient tendance à faire bloc contre des insultes extérieures. Mais bon pour ce qu'il en savait, les Saibogus étaient plutôt une sorte de bande hétéroclite sans réels liens de sangs. Ce qui les unissait était surtout l'amour de la technologie mais après...
- "Alors comme ça on perturbe les travailleurs pendant qu'ils rendent service à la communauté ma petite dame?" fit la voix d'Ashigaru quelques instants plus tard. "Oui, ne prenez pas cet air innocent! Vous croyiez que je ne verrais rien peut-être de votre petit manège? Alors puisque c'est comme ça, vous allez aussi me prendre un seau et une éponge! Va falloir rattraper le temps perdu maintenant!"
Shinji décocha un regard amusé à l'intéressée puis à Notsuu. Finalement ils allaient être trois pour faire le TIG!
- "Et si vous refusez on verra ce que la Kazekage pense des élément perturbateurs comme vous! Ou à défaut, l'un de ses conseillers! Oui, j'ai des relations moi!"
Shinji demeurait là : stoïque et hagard, encore sous l'effet émotionnel de notre échange. Pour ma part, je me sentais de nouveau revitalisée ! Son sang courait dans mes veines, régénérant mon fluide altéré pour mieux l'oxygéné et lui faire retrouver son état premier. Je l'observais silencieusement, prise un instant de quelques remords avant de constater de son état empli de gaieté. Je n'avais, pour ma part, aucun regret et savourais encore le goût de son sang qui imprégnait ma bouche.
J'étais perdue dans l'extase du moment lorsque Shinji m'attira a lui et posa ses lèvres sur les miennes, encore tâchées de quelques gouttes de sang. Lui fermait les yeux quand j'écarquillais les miens sans protester pour autant, saisi par la surprise. Qu'était-ce donc cela ? Oniri avait fait la même chose après que j’eus bu le sang de Blake fraîchement mort. Le sang rendait mes lèvres empourprées attirantes ou bien ? Je ne savais pas quoi faire, totalement désemparée et prise au dépourvue. Qu'étais-je censée faire d'ailleurs ? Si cela pouvait leur apporter un peu de réconfort pourquoi le leur refuser alors qu'ils m'avaient accordé une prise de sang... Je leur étais redevable pour ma vie aussi pensais-je que c'était là la moindre des choses. Il relâcha finalement son étreinte tandis que je plantais mes yeux dans les siens. Je lui adressais un faible sourire comme pour annoncer la conclusion de notre échange : nous étions quittes.
Toujours vêtue du manteau de l'Akuzu, je me dirigeais de nouveau vers le vestiaire, laissant mon dernier donneur se remettre de ses émotions. Assise sur l'un des bancs de la pièce, je soupirais en cherchant des réponses. Etait-il possible que mes victimes consentantes donnent une signification à nos échanges qui m'échappait ? Devais-je renoncer à rendre cela agréable pour eux, les forçant alors a subir une souffrance terrible qui leur feraient me tenir rancœur ? Était-ce si mal de masquer les apparences douloureuses au profit du plaisir pour espérer me maintenir dans leur estime ? L'avantage avec mes ennemis c'est que je n'avais pas a me poser la question... Je prélevais leur sang et les rendaient même exsangues si le cœur m'en disait sans avoir à philosopher sur leur avis personnel. Je n'avais pas non plus à faire de distinction de genre : homme, femme, enfant ou personne âgée, tous avait du sang ! Il me fallait juste choisir ceux dont la composition était la plus normale possible pour éviter de ne me sentir plus mal que bien.
Après ce questionnement sans réponses concrètes, je sortais du bâtiment, posant un regard sur Shinji qui avait les cheveux humides et sur son acolyte qui avait dit être un Saibogu. Peut-être connaissait-il Oniri... Tout en avançant, le concierge vint me barrer la route, vociférant qu'il avait compris mon manège – ce dont je doutais fortement – avant de m'intimer de me joindre aux autres pour avoir perturbé les travailleurs. J'arquais un sourcil interloqué avant de lui répondre de ma voix cristalline encore empreinte d'animosité :
« Eh bien faites donc appel à vos relations ! Vous ne disposez pas de leur autorité pour juger m'infliger une sanction sur des faits sans preuves et non avérés ! »
Je marquais une pause avant de reprendre, un sourire provocateur dessiné sur mes lèvres :
« C'est plutôt moi qui pourrait leur parler de vous ! On ordonne pas au sang noble du village de faire des tâches sans aucun fondement ! Quel est votre pouvoir sur les autorités comparé a mon clan qui offre un fort pouvoir monétaire à Suna ? Qui écouteront-ils a votre avis ? »
Mes yeux soutenaient ceux de l'homme qui ne tardait pas a faire profil bas. Il était bon de voir cet homme courber l'échine à son tour alors qu'il n'avait fait que vociférer des plaintes à l'encontre des deux travailleurs ! Le prédateur se trouvait désormais à la place de proie : sa véritable place... Je n'aimais pas abuser de mon titre mais j'appréciais encore moins me faire injurier !
Il balbutiait quelque phrase, cherchant a maintenir les apparences mais je ne m'en souciais guère, tournant la tête vers les deux protagonistes perchés sur leur échelle. J'étirais mes lèvres dans un fin sourire à l'encontre de Shinji avant de tourner les talons et de m'éclipser de l'Académie pour rejoindre mon but premier : me renseigner sur les missions disponibles.
Tout en marchant pour m'éloigner de ce lieu, je m’imprégnais du goût ferreux encore présent dans ma bouche, adressant quelques mots silencieux, par la pensée, à son propriétaire par le biais de ce lien nouvellement créer et de mon chakra :
Nous nous reverrons prochainement Shinji... Après tout, j'ai ta veste à te rendre...
Shinji, dans une minute folie, décida d'aller rejoindre Yami l'intérieur, me demandant par là même occasion de le couvrir au près du vieux... Pas de soucis, j'avais déjà un plan haha, pendant que celui-ci s'égosillait à crier sur tout et n'importe quoi... Dans un mouvement habile et dénuer de naturel, je fis "accidentellement" basculer mon seau d'eau sur le côté, manquant de tremper complètement le surveillant. Celui-ci vit immédiatement rouge et le devint par la même occasion :
- Nan, mais tu ne peux pas faire attention ?! Ce n'est pas compliqué de faire tenir un seau, si ?! Incapable !!
Et après ça, j'avais arrêté d'écouter, je le voyais agité les bras dans tous les sens, gueuler à en réveiller une nurserie mais je continuais à nettoyer comme si ne rien n'était. Ce qui l'énerva encore plus je crois, personnellement, je ne faisais que mon devoir ! Enfin "devoir", je n'avais pas forcément d'intérêt à faire ça, mais il m'avait proposé une petite soirée au bar alors pourquoi pas faire un effort pour un collègue " délinquant "...
Il revint d'ailleurs après quelques minutes, tout tremblotant, mais qu'est-ce qu'elle lui avait fait... Ne me dites pas que non... Il remonta pour me narrer son histoire en quelques mots simples et concis... Ça déclaration me fit rire, violé ? Ce n'était pas commun comme aventure et surtout par une jeune fille qui n'avait pas l'air soumise à ce genre d'instinct... Et je remarquai deux petites marques dans son cou, il avait dû se blesser durant leurs fougueux ébats à l'intérieur de l'académie...
- Tu feras gaffe, on voit les "dégâts" de ce "viol" sur ton cou, haha... Je ne te voyais pas si soumis à ses atouts féminins, haha...
Il ne s'attarda pas sur le sujet et fit tout de suite le rapprochement entre Oniri et moi et je pense que ce que j'allais lui annoncé pourrai le surprendre haha...
- À ton avis, sur qui j'ai tiré ? Haha, je n'ai pas l'habitude d'avoir la gâchette facile mais elle a abuser de ma patience, du coup, j'ai du passer à la vitesse supérieur, même si ça m'a envoyé en prison, je dois avouer que ça m'a fait du bien, mais la prochaine fois, j'irai tirer sur un mannequin, ce sera moins chiant haha.
Répondais-je avec un sourire, regardant le vieux s'énerver sur Yami par la suite, je crois que je l'avais un peu trop titiller, il rabattait sa rage sur la seule qui semblait sans défense, tactique basique de connard quoi... Mais cette jeune fille, se révélait plus intéressante que prévu, sans peur des conséquences qui allaient sans doute tomber sur notre tronche, elle tenue tête à notre féroce geôlier de notre prison ! Brandissant son épée de la haute classe du village frappant de son courroux hautain sur les petites gens sans importance. D'un côté, elle prit notre parti en dénigrant les méthodes de vieux réac du responsable...
Je murmurai à Shinji, pendant que les deux se défiaient du regard, celui qui allait baisser les yeux, ou juste fuir le regard de l'autre allait être le vaincu et pour notre possible malheur, ce fut le vieux qui fit marche arrière libérant Yami de sa présence...
- Tu vas voir, je te parie que ça va nous retomber sur le coin de la gueule...
Par la suite, le jeune femme parti de l'académie, adressant un petit sourire à Shinji, signe que ce premier "rencard" si on peut appeler ça un rencard, avait été un succès, ce soir, nous allions fêter la conquête d'un homme. Mais je calmais mes ardeurs, quand le vieux me reprit en me conseillant quoi qu'un peu férocement de me remettre au travail !
- Bon, on a intérêt à finir vite, si on veut fêter ça haha !
L'Akuzu se passa machinalement une main dans le cou lorsque son compère de galère lui fit remarquer qu'il y avait quelques traces visibles de son "ébat" avec Yami. Toujours un brin rêveur et à peine redescendu sur terre, il se contenta de hausser les épaules avec un sourire un peu béa au coin des lèvres. Soumis, lui? Ouais, il ne pouvait pas vraiment nier que la Ketsueki avait ce don à la fois plaisant et irritant de lui faire tourner la tête. Le pouvoir des femmes était impressionnant lorsqu'elles décidaient de s'en prendre aux cœurs de leurs homologue masculins, ça c'était indéniable...
- "Si tout homme à ses faiblesse alors Yami est clairement la mienne, ouais!" approuva-t-il finalement sans pour autant se sentir gêné ou honteux. "Et c'est une sacrément belle faiblesse!"
L'intéressée était d'ailleurs en train de se faire agresser par Ashigaru qui lui reprochait sa mauvaise influence sur les deux condamnés. Curieux de voir la réaction de la Ketsueki et pour un instant débarrassé du regard inquisiteur de leur surveillant, Shinji en profita pour s'allumer une cigarette et en tirer quelques longues bouffées apaisantes. Ce faisant Notsuu lui apprit qu'il avait attaqué Oniri et que c'était d'ailleurs la raison de sa présence ici. Il écouta avec le peu d'attention dont il était capable son confrère lui expliquer son passage en prison et se mit à rire de bon coeur lorsque ce dernier ajouta qu'il s'en prendrait à un mannequin la prochaine fois. C'est sûr, c'était tout de même moins dangereux. Il l'invita ensuite à lui en taper cinq comme pour lui signifier son soutien moral ou quelque chose s'en approchant.
- "Toi et moi on va devenir de bons potes!" approuva-t-il entre deux lattes sur sa clope. "P't'être même les meilleurs amis du monde!"
Il tourna la tête lorsque Yami remit à sa place Ashigaru et gagna encore quelques points dans son estime. C'était toujours agréable de voir un emmerdeur du genre en prendre pour son grade, c'était un spectacle largement digne d'intérêt. Le quinquagénaire fut sans doute surpris par la violence de la riposte verbale puisqu'il se contenta de courber l'échine en lâchant quelques vagues bribes de mot. Shinji plissa légèrement les yeux comme pour mieux graver cet instant dans sa mémoire et termina rapidement sa cigarette avant de la broyer sur le sol. Il jeta ensuite un regard entendu à Notsuu quand ce dernier lui fit remarquer qu'ils risquaient de prendre cher vu que l'autre allait certainement se passer les nerfs sur eux. Prévisible et lâche en même temps...
- "Ouais à tous les coups c'est pour notre tronche!" confirma-t-il avec un sourire espiègle. "Mais j'ai comme dans l'idée qu'on ne sera pas les premiers à craquer!"
- "Bougez-vous les guignols! Elle va pas se laver toute seule cette académie!" vociféra l'autre dans la foulée.
Après un regard entendu, le duo se remit à l’œuvre avec juste assez de motivation pour ne pas se prendre des bordées d'injures supplémentaires. Shinji suivit du regard Yami qui avait décidé de s'en aller et failli tomber de son échelle lorsqu'il entendit la voix de la jeun femme résonner clairement dans sa tête. Il passa ses yeux marrons sur Ashigaru puis son nouveau pote et comprit qu'ils n'avaient rien entendu à en juger par leurs attitudes sereines. Pourtant l'Akuzu était pratiquement certain de ne pas avoir rêvé et de plus il était encore sobre. Enfin, plus ou moins si l'on exceptait les restes de la veille. Mais quand même!
*Heu... oui d'accord!* se hasarda-t-il à penser, ne sachant pas vraiment si ce lien fonctionnait dans les deux sens.
Il n'obtint pas de réponses et jugea donc que ce n'était pas le cas. Le jeune homme se promit d'en apprendre plus sur ce qu'il venait de se passer la prochaine fois qu'il verrait l'intéressée et eut un léger sourire en se disant que la Ketsueki était décidément pleine de surprise. Il approuva ensuite la remarque de Notsuu qui proposait de terminer rapidement leurs tâches pour aller ensuite se dégotter un bar pour faire la fête!
Le duo mit donc plus de coeur à l'ouvrage mais comprit rapidement que se dépêcher ne servait à rien: Ashigaru leur trouvait sans cesse des petites choses à faire et semblait bien décidé à leur pourrir la vie jusqu'à la fin de la journée. Les heures suivantes ne furent donc pas les plus agréables de leurs vies mais lorsqu'ils décidèrent de se séparer pour aller travailler chacun de leur côté - et, donc, obliger Ashigaru à se concentrer sur l'un des deux à la fois - les choses devinrent bien plus tranquilles. Se donnant le mot pour occuper tour à tour le quinquagénaire, les deux condamnés purent s'accorder plusieurs pauses régulières. Si bien que le reste de la journée ne fut pas si désagréable. Et lorsqu'ils furent enfin libérés - à contrecœur - par Ashigaru, l'académie n'était pas aussi resplendissante que ça.
- "Après l'effort, le réconfort!" s'enthousiasma Shinji en donnant une tape dans le dos du Saibogu. "Comme promis les verres sont pour moi!"
La nuit tombait rapidement en cette période de l'année et l'obscurité commençait déjà à poindre. Le duo s'arrêtèrent rapidement pour manger un morceau puis Shinji mena Notsuu dans son lieu de prédilection: la cave dans le centre ville où se déroulaient les combats illégaux. Il ne savait pas vraiment si son collègue était du genre à apprécier cet endroit mais après tout il y avait aussi de quoi boire sur place. Et quelque chose lui disait que ça lui suffisait largement! Shinji entra donc dans un bar d'apparence anodine dans le centre ville avant de se diriger vers la pièce du fond. Un videur de bonne taille leur barra l'accès un court instant avant de se retirer en reconnaissant l'Akuzu.
- "Salut Shinji! Ça faisait un petit moment qu'on t'avait pas vu dans les parages!" fit le gorille en jetant un regard suspicieux à Notsuu.
- "Ça va Ryuichi? Ouais j'étais occupé à fracasser de la momie! Je te raconterai ça à l'occasion, c'est une longue histoire!" répondit-il avant de désigner le Saibogu. "Il est avec moi t'en fais pas!"
Visiblement satisfait par la réponse, le videur dévoila une trappe dans le sol et une échelle qui s'enfonçait sous terre. Une fois le duo descendu, il la referma immédiatement derrière eux. L'Akuzu et le Saibogu suivirent un petit tunnel sur quelques mètres avant de pénétrer dans une sorte de cavité rocheuse de bonne taille. Au centre se trouvait un ring improvisé et deux hommes dans la trentaine qui se tapaient dessus de toutes leurs forces. Le reste de l'espace était occupé par un bar et une dizaine de tables à moitiés occupées. Il faisait plutôt frais et ça faisait le plus grand bien à vrai dire.
- "Ils servent un alcool fait maison à base de Marula dont tu vas me donner des nouvelles mon gars!" fit-il avec un large sourire avant de lever la main à l'attention du barman: "Jigorô, deux "mambas rouges" et que ça saute!"
- "Ça roule!"
Avec un nom pareil il ne fallait pas se faire d'illusions quant à la teneur en alcool. Mais le duo méritait bien de se détendre après cette journée d'esclavage, non? Ils trinquèrent lorsque leurs commandes arrivèrent sous forme de shots et vidèrent rapidement leurs premiers verres avant d'en recommander immédiatement. Roulant rapidement sa cigarette, Shinji leva le regard vers le Saibogu:
- "T'as passé combien de temps à Ergastule? J'ai entendu pas mal de choses au sujet de cette prison et la plupart ne sont pas vraiment sympathiques! Tu ressens quoi quand tu es privé de Chakra?"
Ils vidèrent à nouveau leurs verres avec entrain et Shinji poussa un léger soupire appréciateur. Puis il parcourut la salle souterraine du regard et s'attarda sur une silhouette gracile dont il ne se lassait décidément pas. Reconnaissant la cascade de cheveux noirs de l'intéressée, l'Akuzu allongea son bras pour venir tapoter sur l'épaule de la jeune femme...
Aucune mission intéressante n'était à pourvoir pour le moment... Je soupirais face à cette constatation. Le déménagement était certes demain mais je ne voulais pas rester inactive dans un lieu qui demeurait inconnu pour moi. J'appréciais Oniri mais je n'avais vraiment pas envie de traîner trop longtemps dans le monde auquel elle appartenait et auquel j'aurais dû appartenir également si mon éducation avait été tout autre.
C'était maussade que je rentrais au manoir Ketsueki, déterminée à ne pas y rester cloîtrée alors qu'il s'agissait de ma dernière soirée entre ces murs. Je m'étais changée pour revêtir une robe marron striée de bandes fines noires à la verticale et étoffée de dentelle de même couleur sur les bords de mon jupon, laissant le manteau de l'Akuzu reposé sur mon lit. J'avais prévenue la femme de ménage qui était présente à mon retour, pour qu'elle lave la veste car son odeur alcoolisée et mélangée de sueur n'était pas des plus agréable et embaumait déjà toute ma chambre. Elle m'avait assurée qu'elle serait lavée, séchée et repassée demain matin : je n'en demandais pas tant et je supposais que Shinji non plus... J'hésitais un peu quant au lieu de ma destination pour la soirée... Je voulais faire passer le temps tout en assistant a quelque chose d'intéressant. C'était finalement voir le manteau de l'Akuzu qui me décidait à me rendre au bar où je l'avais rencontré pour la première fois. J'espérais vraiment que les combats seraient plus palpitants cette fois-ci que la dernière fois et peut-être aurais-je l'occasion de m'abreuver... même si franchement il était beau de rêver pour espérer trouver une personne a peu près sobre dans un tel lieu ! Cela aurait en tout cas le mérite de me divertir !
La soirée commençait tout juste, le soleil daignant nous dire bonne nuit. Je me rendais au bar, les paires d'yeux étaient rivés sur moi et je les sentais même s'écarquillés lorsque je me dirigeais vers le videur devant la trappe secrète et illégale. Je les entendaient maugréer en ce demandant ce que je venais faire là et les railleries et les flatteries continuèrent lorsque j'entrais dans la salle isolée, certains me reconnaissaient et m'affublait du surnom que beaucoup m'avait attribué cette nuit là : la fille glauque. Je m'installais a une table non loin du ring, ne faisant fit des regards braqués sur moi. Il est vrai que je me demandais bien ce qu'ils me voulaient mais au fond je m'en moquais... Ils ne m'intéressaient aucunement. Un combat avait déjà débuté et je le regardais avec attention alors que le serveur se présentait à moi , d'une façon étonnamment courtoise alors que j'aurais juré qu'un homme comme lui en était dépourvu.
« Qu'est-ce que je peux vous servir, mademoiselle ? »
« Peu importe tant que c'est sans alcool »
Lui dis-je tout en ayant le regard rivé sur le match duquel je ne perdais pas une miette. L'un des combattants venait de flanquer une droite à son adversaire, laissant ce dernier pantelant tandis que son arcade s'était rompue sous l'impact. Mes yeux ne quittait plus le nectar divin qui s'écoulait de sa plaie... je m'humectais les lèvres, avide d'y goûter, le visage concentré et sournois face a cette scène. Plus rien n'existait autour de moi si ce n'était ce filet vermeil qui semblait m'appeler...
Je fus toutefois tirée de ma rêverie par une voix familière qui commandait au barman. Inutile de me retourner pour savoir de qui il s'agissait. Il demanda deux boissons ce qui laissait supposer qu'il était avec quelqu'un ou bien qu'il avait une sacré descente... Je me demandais ce qu'il pensait après coup de ma petite prise de sang à son encontre et sans sa permission... J'espérais qu'il ne m'en tienne pas rancune... C'était suffisamment humiliant d'être à ce point dépendant des autres pour sa vie, autant ne pas se créer d'ennemis parmi son cercle restreint d'amis ou d'alliés...
Le serveur revint avec une boisson colorée et sertie d'une petite ombrelle de décoration, lui même m'adressait son plus beau sourire. J'arquais un sourcil dans sa direction, ne comprenant pas trop à quoi il jouait puis le gratifiait d'un hochement de tête avant de porter le contenu du verre à ma bouche. Je n'avais aucune idée de ce que c'était mais c'était fruité et pas mauvais. J'avais quand même sentis le liquide avant de la boire car au vu de l'air suspect que m'avait lancé le garçon je préférais être prudente que de ne me retrouver avec je ne sais quelle drogue parcourant mon sang...
Quelques minutes après, alors que j'étais toujours rivée sur le spectacle, une main tapotait mon épaule et je me retournais pour en connaître l'origine. Shinji, qui se trouvait un peu plus loin, avait allongé son bras pour venir m'interpeller. Je lui adressais un fin sourire et en faisait un autre à l'attention de Notsuu qui était celui qui l'accompagnait. Leur place n'était pas très éloignée de la scène aussi me décidais-je a me lever pour me joindre à eux sans pour autant perdre le fil du combat. A peine avais-je fait quelque pas mon verre a la main, qu'un gorille me rentra dedans, renversant un peu du sien sur ma robe propre du soir... Je serrais les dents tout en laissant ma bouche fermée et le regardais d'un air dissuadant. Je déglutissais bruyamment, encore sous les effets de l'excitation prédatrice qu'avait réveillé en moi la vue du sang du combattant. L'autre bêta s'empressait de me faire des excuses a peine audible du fait de son état d'ébriété avancé, l'air faussement désolé.
« Haha... Je … Je suis désolé m'dame... J'pas fait exprès. J'le jure. »
Des badauds nous observaient et certains retenaient même leur souffle. Les camarades de boissons de l'homme s’égosillaient sur les tables d'à côté. Je les avisais d'un regard en coin : ça allait être leur fête...
J'écoutais Shinji parler de la jeune femme au cheveu noire, et instinctivement, un petit rire moqueur fit son apparition. Non pas que je croyais à ce pouvoir que les femmes peuvent avoir sur le genre opposé, mais c'était plutôt comment elle l'utilisait. Si les hommes sont reconnus pour être connard ne parlons pas de la réputation de certaines femmes. Enfin, ce n'était pas mes affaires, mais un homme aveugle mérite qu'on lui donne la direction de sa route...
- Fais-gaffe quand même, elle pourrait juste se servir de toi aussi haha, si ce n'est pas déjà le cas haha... J'exprimais avec un certain humour, le fait qui était sou mes yeux, cet homme était raide dingue de cette fille, mais cela pouvait lui joué des tours, mais tout ceci ne me regarde pas comme dis précédemment. Ce fut après une longue après-midi de nettoyage que nous fûmes libérés de nos obligations, j'étais un homme en libre, je crois, et pour "fêter" la fin de ce TIG, Shinji me proposa de boire un verre. Il m'emmena dans un endroit vraiment... bizarre, c'était une cave dans le centre-ville, j'avais entendu que des combats illégaux se passaient quelque part dans le village, et bien j'avais maintenant ma réponse.
Le videur ne semblait pas optimiste quant à mon entrée, me lançant un regard suspicieux, je répondis par la même chose, je n'allais pas me laisser marcher dessus par un mec qui se même pas faire fonctionner une théière ! Ce fut après un mot de Shinji, que le gorille nous laissa passer, descendant par une échelle, je me retrouvais bientôt dans une salle plutôt grande qui abritait un ring en son centre... Les mecs se tapaient dessus pendant que ceux assis aux tables regardaient en consommant toujours plus...
Shinji commanda des conso, le premier shot passait comme facteur dans maman, et vint la deuxième tournée, pendant que mon interlocuteur roulait sa cigarette, il me posa une question :
- Je suis resté que quelques semaines, ce n'était pas grand chose, j'ai dû servir d'exemple ou un truc du genre... Pour le chakra ? Bah au début, tu te sens plus con qu'autre chose, impuissant, après tu t'habitue, pour ma part je n'ai pas vraiment eu le temps de m'habituer vu le peu de temps que j'y suis resté...
Je répondis tout en finissant mon verre, tandis que Shinji retourna chasser... Yami ? Quelle surprise... Elle sourit à l'intéresser puis à moi, en guise de bonsoir sans doute... Et à en voir la salle, certaines personnes n'avaient pas l'air ravi de nous voir, je ne voulais pas que ma première soirée se transforme en baston général, mais d'un autre côté, j'avais besoin de me dégourdir les extrémités, commandant un autre verre au barman, je restais un minimum sur mes gardes...
- Yami ? Ici ? Je ne savais pas que tu t'intéressais à ce genre de combat, ni d'endroit d'ailleurs...
hrp : désolé c'est nul et court >< mais ça me vide la tête mon projet
Notsuu semblait surpris de la présence de Yami et il imaginait parfaitement les pensées qui devaient traverser l'esprit du Saibogu à cet instant. Quelques semaines plus tôt, lorsque c'était Shinji qui avait posé le regard pour la première fois sur la jolie noiraude, sa réaction n'avait guère été différente. C'était assez étrange de voir une fille comme elle dans ce genre d'endroit malfamé. Pourtant elle avait prouvé que sous ses airs innocents se cachait parfois une véritable tigresse. Risako en avait d'ailleurs douloureusement fait l'expérience lors d'un duel.
- "Il faut toujours se méfier de l'eau qui dort..." lâcha-t-il à son voisin en vidant un nouveau shot. "Cette fille est une vrai diablesse quand elle s'y met!"
D'un geste nonchalant de la main accompagné de deux doigts levés, l'Akuzu recommanda deux shots alors que Yami les rejoignait. Elle fut cependant bousculée par un type de taille impressionnante et tout chauve. Shinji ne savait plus son nom mais se rappelait que ce dernier se vantait régulièrement de sa force physique et des charges qu'il soulevait lorsqu'il travaillait sur les chantiers. Le genre de mec qui réfléchit avec les poings plutôt que sa tête et qui, en plus, s'en félicite. Mais l'existence de ces gens était plutôt valorisante dans le fond puisque vous vous rendez compte que vous avez encore de la marge avant de toucher le fond...
Le brun vida son troisième verre en imitant le Saibogu et poussa un léger râle de satisfaction en sentant l'alcool glisser dans sa gorge et y répandre une douce chaleur. Il observa ensuite du coin de l’œil Yami et le gorille qui ne semblait pas vraiment décidé à lui libérer le passage malgré ses semblants d'excuses. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que ce type n'avait pas l'intention de la laisser passer. Plusieurs raisons pouvaient expliquer ce genre de comportement mais une seule réponse était adéquate dans ce genre d'endroit: la violence!
- "Je vais distribuer quelques claques, je reviens!" fit-il à Notsuu. "Si tu veux te joindre à nous t'es le bienvenue! Ce qui se passe dans cette cave reste dans cette cave alors on risque pas de se faire attraper par la garde de toute façon..."
Shinji fit quelques pas en direction de Yami et les types qui voulaient la prendre à parti avant de se raviser, revenir au bar et vider rapidement un shot supplémentaire. Se sentant désormais prêt pour une petite session spéciale cave, il alla se glisser entre la Ketsueki et le gros type en face d'elle d'un mouvement typiquement Akuzien. Il tapota ensuite de son index sur le thorax de l'autre tout en allongeant son coup pour pouvoir le regarder droit dans les yeux. C'est dingue ça, il le voyait pas aussi grand depuis le comptoir...
- "Un problème petite tête?"
L'autre écarquilla les yeux tout en haussant un sourcil sceptique en observant le brun. La réaction de ses potes fut pratiquement immédiate puisqu'ils se levèrent de leur table pour venir resserrer le cercle autours d'eux.
- "Tu cherches encore les embrouilles toi?"
- "On peut carrément dire que c'est une deuxième nature chez moi, ouais!"
Shinji lui décocha un sourire goguenard avant de balayer les autres types du regard. Ils étaient quand même beaucoup, même pour Notsuu, Yami et lui réunis. L'un d'entre eux était même un shinobi déchu si sa mémoire était bonne. Et puis l'Akuzu avait toujours la main bandée à cause de sa dernière mission dans ces foutues ruines. Il pouvait bouger normalement les doigts mais de là à distribuer des coups de poings...
- "On va faire ça à l'ancienne d'accord? D'après les règles établies par le vieux Yamamoto! Toi contre moi, le perdant quitte la pièce avec ses potes!"
- "Les règles du vieux? Mouais..." fit l'autre en se passant une main sur le menton, perplexe. "Pourquoi pas après tout..."
Une légère clameur s'éleva dans la foule. Les gens délaissèrent le combat dans le ring pour venir s'agglutiner autours des deux hommes tandis que la tension augmentait d'un cran. Shinji se mit à gesticuler à la manière d'un boxeur qui se prépare à un long combat douloureux. Après avoir fait craquer sa nuque et fait un clin d’œil à la noiraude, l'Akuzu se retourna pour faire face à son adversaire.
- "Prêt à recevoir la branlée de ta..."
Il fut interrompit par une claque magistrale qui lui fit monter les larmes aux yeux et le fit tomber à genoux. Shinji se passa rapidement une main sur la joue comme si ça pouvait atténuer la douleur et releva un regard assassin en direction du bourrin.
- "On avait pas commencé bordel!"
- "Ha oui pardon!"
Après s'être remis du bref vertige qui avait suivi le coup, Shinji demanda à Jigorô de venir arbitrer la rencontre. Après tout en tant que barman respecté il était tout indiqué pour venir réguler un peu tout ça. Il se mit entre les deux adversaires et leva son bras avant de l'abaisser rapidement pour annoncer le début des hostilités. La foule retint son souffle et le tension augmenta d'un cran mais rien ne se passa pendant les premiers instants comme si les deux hommes se contentaient de se jauger mutuellement. Puis ils se jetèrent l'un sur l'autre avant de se saisir sans ménagement le menton. L'oeil dans les yeux, ils semblèrent un instant chercher à tuer l'autre d'un simple regard.
- "Je te tiens, tu me tiens, par la barbichetteuuuuu! Le premier de nous deux qui rira, aura une tapeeetteuuuuu!" clamèrent-t-ils virilement en parfaite synchronisation.
La tension sembla encore augmenta tandis que les secondes s'égrainaient avec lenteur. On pouvait entendre les respirations dans la salle et les bruit de gorgées. Et là, Shinji fut subitement déconcentré par un tic stupide de son opposant et ne put réprimer un léger sourire qui fut immédiatement sanctionné d'une seconde claque dans la tronche. Après quelques instants de récupération le duel se poursuivit et les claques s'échangèrent à un rythme effréné pendant quelques bonnes minutes. Titubant à moitié, le borgne et la brute ressemblaient de plus en plus à des boxeurs complètement groggys mais qui donnaient tout pour tenir bon. Shinji ne dut sa victoire qu'à sa capacité à rendre sa peau élastique pour mieux absorber les choc et lorsque son adversaire tomba finalement à terre, il leva les bras en signe de victoire avec un sourire amusé sur ses lèvres ensanglantées. Il posa un pied sur la tête de type à la manière d'un chasseur qui se prend en photo avec une proie abattue.
- "Victoire pour le peuuuuuuuuple!"
Le jeune homme se retourna pour chercher Yami et Notsuu du regard, parfaitement satisfait de sa prestation mais la gueule complètement rouge. Il s'approcha d'eux d'une démarche reflétant parfaitement la modestie qui le caractérisait - hum - et écarta les bras comme s'il attendait qu'ils se jettent dedans pour le féliciter. Il n'eut de toute façon pas le loisir de vérifier s'ils comptaient le faire puisque il fut cueilli par un gros coup de pied en pleine face qui le propulsa contre le bar où il resta affalé. Visiblement les potes du type n'étaient pas prêt à suivre les règles du duel et à quitter le bar. Et ils semblaient déterminer à le montrer puisqu'ils se jetèrent en quantités égales sur chacun des trois protagonistes...
- "Baston générale!!!"
- "Hé merde!" cria Jigorô en se jetant derrière le bar pour sauver ses précieuses bouteilles.
La colère fulminait de tout mon être. Je demeurais impassible à l'extérieur mais ma hargne était virulente à l'intérieur. Ce misérable... Comment osait-il me faire du tord et m'adresser des excuses sans fondements dont lui même ne croyait pas un seul mot ?! Le tout accompagné par les railleries de ses camarades de boissons : s'en était trop... Je m'entaillais les phalanges, prête a en découdre. Je fus cependant interrompu par Shinji qui s'interposait entre moi et mon adversaire, la surprise encadrait mon visage. Je ne savais pas si j'étais soulagé de le voir intervenir pour le bien de cet homme ou si j'étais contrariée à l'idée que l'Akuzu m'ôtait le plaisir de lui mettre une raclée !
Ce dernier prenait l'homme a parti, lui demandant de régler le problème en un contre un. Je trouvais cette proposition honorable jusqu'à ce que j'assiste à un véritable cirque... Cette technique d'intimidation était de loin la plus idiote et la plus enfantine que j'avais pu constater de mes yeux... Le pire dans tous cela c'est que ce petit manège dura plusieurs minutes avant que l'homme tombe au sol et que Shinji clame sa victoire, déboussolé et du sang sur les lèvres. J'étirais un sourire face a ce spectacle. Ma rage s'était envolé d'un seul coup lorsque mes yeux s'étaient posés sur ce liquide vermeil qui s'écoulait avec innocence de ses lèvres enflées. Je devais me faire violence pour me retenir de ne pas y goûter une nouvelle fois... J'étais cependant vite tirée de ma rêverie puisque les amis du grand chauve décidaient de ne pas en rester là et lançaient les hostilités en flaquant Shinji d'un coup bien placé. Notsuu et moi même décidâmes d'intervenir. Nous avions quatre adversaires chacun. Les clients n'avaient plus que faire du combat sur le ring et lançaient déjà les paris sur notre propre combat.
J'élevais de fins fouets de sang vers mes victimes, évitant leur assaut et leur frappant le cou de mes lianes pour les entailler avec la célérité de mes assauts. Je mélangeais ensuite du sang de mes filaments avec le leur, rappelant le tout a moi. Je portais mes doigts a mes lèvres pour ingérer leurs sangs. Jamais je n'avais pu un nectar si bafoué par l'alcool : s'en était presque un crime. Je grimaçais devant cette hémoglobine souillée, amplifiant ma haine. Je repoussais les assauts de trois d'entre eux en les envoyant valser dans le décor grâce à mes lianes et me concentrait sur le sang du dernier que j'avais bu. Mon regard se focalisait sur lui alors que mon chakra s'imprégnait de son fluide. Je tendais ma main en avant, la tournant sur elle même les doigts rentrés vers la paume. Au même instant, l'homme en face de moi se tordait de douleur et tombait au sol lorsque ma main se dirigeait vers celui-ci. Il était immobilisé par ma technique qui lui tordait les veines sous l'action de sa pression sanguine modifiée. Son corps ne répondait plus, il n'était que douleur et souffrance. Un sourire malsain couplé à un regard similaire se manifestait sur mon visage : comme il était plaisant de voir l'affliction des autres... Je jubilais intérieurement devant ce spectacle en l'exprimant par un rire cristallin. Je me délectais de son mal être : du grand art.
L'air mauvais, je jetais un coup d'oeil à ses camarades qui avaient fini leur course contre le bar, sonnés et incapables de se relever sous l'effet de l'alcool qui inhibait leur sens. Je relâchais alors ma pression sur l'homme, qui se recroquevillé au sol, tremblotant comme une larve misérable. Je relevais la tête et contemplais toute l'assemblée : que cela serve de leçon a quiconque voudrait me nuire. Mes camarades avaient aussi fini de régler leurs comptes aux autres alcooliques. Sans bruit, nous regagnons la table où ils s'étaient installés auparavant. Le silence dura un moment avant de finir par disparaître et la taverne interdite reprenait son cours normal. Je m'adressais alors aux garçons :
« Alors ça y est, vous êtes des hommes libres ?! »
Après une courte pause je me rappelais des questions de Notsuu a mon encontre après leur arrivée :
« ça m'arrive de venir ici. Ça me détend de voir les autres se battent : c'est parfois un bon divertissement... D'ailleurs je me demandais... Toi et Oniri vous habitez sous le même toit ? Car je déménage bientôt pour aller vivre chez elle. Je me demandais si tu y serais aussi ?! »
Puis le laissant me répondre, je rivais mes yeux sur l'Akuzu, j'avais en effet quelques questions à lui poser :
« Quant à toi... Tu ne m'en veux pas au moins ? C'était si... soudain... Je n'ai pas vraiment pris le temps de te prévenir je l'avoue... »
Une interrogation sincère se reflétait dans mes yeux alors que je me sentais toujours gênée de l'avoir ainsi mordu sans lui avoir exposé le topo habituel... Ce n'était pas dans mes habitudes de ne pas informer mes donneurs...
Apparemment quand Shinji était dans les environs, le conflit était inévitable, m'enfin, après avoir défier un des "habitués" du bar à une coutume des plus étrange, celui-ci n'admit pas si facilement sa défaite et finit par déclencher une baston générale... Le barman sauta derrière son bar pour se mettre à couvert et éviter d'être prit entre deux feux. Pour ma part, je continuai de consommer tranquillement jusqu'à ce que certaine personne très désobligeante vinrent me déranger...
Yami, quant à elle, s'occupa des personnes qui semblaient lui en vouloir pour je ne sais quelle raison, décidément, à peine libre, je devais déjà remettre la main à la patte. Quand les hommes arrivèrent, je fis passer un peu de chakra dans le sceau que j'avais dans la paume de la main, inutile de vous dire que l'apparition du flingue en découragea plus d'un, le fait est que certain connaissait la particularité de mon "clan", les armes à feu, et pour être franc, je n'avais pas peur de m'en servir. Pour les deux plus téméraires qui se jetèrent sur moi, c'était tout en buvant ma bière fraîchement commandée que je repoussai leur assaut sans difficulté, une balle dans le bras pour un, une dans la jambe pour l'autre et ils étaient calmés, n'étant pas assez bourré pour ne pas ressentir la douleur de la balle traversant leur chair, laissant gicler leur sang sur le mobilier le plus proche.
Par ailleurs, je m'excusais au près du barman pour le dérangement, parce que je n'allais clairement pas nettoyer haha, je ne faisais que me défendre après tout, si leur clientèle ne savait pas se tenir, c'était à eux de payer les pots cassés... Après avoir virer ces charlots, nous nous installions à leur table, surement notre trophée pour les avoir fait fuir !
Rescellant mon arme, j'écoutais la réponse que me donnait Yami, c'était une fille étrange, il y avait quelque chose d'étrange en elle, je ne savais pas si c'était ça particularité qui la rendait aussi...bizarre ? Je n'arrivais même pas à trouver un qualificatif qui lui allait haha. Enfin, un petit rire m'échappa quand j'entendu ce qu'elle disait :
- Moi et Oniri ? Sous le même toit ? Haha plutôt mourir... Donc pour te répondre, nan, tu ne risques pas de me croiser sous le même toit que cette... hum, comment le dire sans te vexer, vu que tu sembles être son ami, même si cette notion me semble un peu floue pour ce genre de fille...
J'hésitais entre plusieurs insultes, mais je ne savais pas laquelle employée pour bien la représenté, dans toute sa perfidie, je veux dire, même dans une tragédie grec la "méchante de service" ne serait pas aussi atteinte qu'elle...
- Pour être plus clair, c'est la raison de mon emprisonnement...
Rajoutais-je tout en prenant une gorgé de ma bière, je n'avais pas grand chose à ajouter et je sentais que j'allais très rapidement tenir la chandelle entre Shinji et Yami, j'allais donc devoir couper court à cette soirée si je ne voulais pas être coincé le reste de la nuit...
L'affrontement fut bref mais intense, comme souvent lorsqu'une baston éclatait dans ce genre de lieux malfamés. Shinji s'était rapidement relevé après avoir été propulsé contre le bar et s'était même permis un regard amusé en direction de Notsuu. C'était sûrement un peu étrange à comprendre mais l'Akuzu ne se sentait jamais aussi vivant que lorsqu'il devait se battre. Plus qu'un besoin, c'était surtout un véritable plaisir qu'il avait appris à apprécier avec le temps. Il ne fallut donc pas le prier pour qu'il se jette sur ses adversaires désignés avant de leur décocher une série de coups de poings et de pieds élastiques. Deux d'entre eux tombèrent rapidement sous ces coups imprévisibles et quittèrent la pièce sans demander leur reste. Le dernier homme tenta une attaque au couteau qui pénétra la chaire de l'Akuzu sans pour autant la perforer grâce aux capacités de sa peau. Shinji le saisit à la gorge et allongea son bras pour lui fracasser le crâne contre le plafond avant de le rejeter dans un coin de la salle. Il tapa ensuite des mains d'un air satisfait avant de s'épousseter et s'installer à la table que les indélicats leur avaient si gentiment "laissée".
- "Hé ouais, libres comme l'air!" répondit-il à Yami lorsqu'elle leur demanda s'ils étaient enfin libérés de leur TIG. "Jusqu'à la prochaine connerie du moins... Mais Ashigaru nous en a fait baver! Pas vrai Notsuu?"
Maintenant que Jigorô était sorti de son couvert et servait à nouveau les boissons, Shinji usa de ses dernières économies pour commander une bouteille d'alcool tout en tentant de masquer sa déconvenue. Il était encore sur la paille, une fois de de plus... Il avait de la peine à se souvenir de ce que c'était d'avoir une confortable assise financière et de ne pas avoir à se battre chaque jour pour obtenir de quoi manger. Bon s'il buvait moins, aussi... Il décocha un regard gêné à Yami en espérant qu'elle n'avait pas saisi son trouble et s'installa plus confortablement sur la vieille chaise qui le supportait.
- "T'en vouloir?" releva-t-il lorsque Yami sembla regretter son geste. "Ben... non pourquoi? Les choses dégénèrent souvent rapidement ici et tu ne pouvais pas prévoir ce qui allait arriver! Et puis je ne crache jamais sur une bonne bagarre! Je devrais te remercier plutôt!"
Les sourcils froncés, l'Akuzu se dit qu'il avait certainement du manquer quelque chose parce que cette question lui semblait étrange. La discussion s'orienta ensuite sur le rapport entre Notsuu et Oniri. Shinji n'appréciait pas vraiment la Saibogu même s'ils avaient pu travailler en équipe jusque-là avec plus ou moins d'efficacité. Il se retint néanmoins de taper dans la main du jeune homme pour le féliciter de ce qu'il avait fait. Yami était la meilleure amie de l'intéressée - ou quelque chose dans le genre, il n'arrivait pas vraiment à définir leur relation à ces deux-là - et même le plus stupide des hommes évitait de critiquer les proches de la fille qu'il draguait. C'était limite la règle numéro une du parfait petit dragueur. Enfin... À supposer qu'on puisse qualifier le borgne ainsi! Parce que jusqu'à maintenant, ses tentatives étaient restées infructueuses...
- "C'est vrai qu'elle n'a pas un caractère facile, ouais!" ajouta-t-il sobrement sans vouloir trop se mouiller.
En parlant de ça... Shinji tourna le regard vers Yami et la jaugea brièvement en se demandant pourquoi elle allait vivre chez la Saibogu. Une question lui titillait l'esprit depuis un moment et il était peut-être temps de la poser. C'était sûrement l'occasion rêvée. L'Akuzu remplit le verre de Notsuu puis le sien et reprit la parole sur le ton de la conversation.
- "Tu vas habiter chez Oniri alors? Mais... heu... pourquoi? J'ai vu ta demeure en te ramenant chez toi l'autre soir et si elle n'est pas vraiment dans un bon état elle est loin de tomber en ruine quand même..." fit-il remarquer avant de trinquer avec son pote. "Tu es... enfin... tu vois quoi... Vous êtes une sorte de couple elle et toi?"
Vala, le pavé était jeté dans la mare! Mais au moins il serait fixé sur la nature de la relation entre les deux jeunes femmes. Il n'allait pas non plus courir après un fantôme alors que plein de jolies demoiselles - certes, certainement moins intéressantes - courraient les rues de Suna. Sans parler des prostituées du Heaven's Night... On ne vivait qu'une fois après tout!
- "Notsuu ton flingue est plutôt intéressant alors je me demandais si les Saibogu vendaient ce genre de modèles si on le leur demande gentiment? C'est bientôt mon anniversaire et Yami cherche un cadeau à me faire alors je me suis dis que ça pourrait être une bonne idée!"
Il remplit une nouvelle fois leurs verres et attendit que Yami commande l'un de ses breuvages non alcoolisés avant de lever le contenant devant lui.
Notsuu semblait trouver ma réplique ironique. Il n'appréciait visiblement pas Oniri et m'avouait même qu'elle était à l'origine de la peine qu'il avait purgé a Ergastule... Elle ne m'en avait jamais parlé... Qu'est-ce qui avait bien pu être fait pour en arriver là ? C'était quelque chose dont il faudrait que je m'entretiennes avec elle... Je savais que les Saibogu n'était pas une famille a défaut d'être un clan mais je ne pensais pas que leurs relations étaient si houleuses et hostiles... Cette nouvelle me laissait pantoise.
« Oh je vois... J'aime bien Oniri, même si parfois elle se comporte de manière agressive et hautaine... Je ne peux pas lui en vouloir. J'imagine que vivre dans le luxe en étant enfant unique doit conduire à ce genre de comportement... »
Je ne m'étais jamais vraiment faite une vraie réflexion sur Oniri ni même ce que je pensais d'elle. Je l'appréciais énormément, elle était une bonne compagnie et une confidente aussi mais il était vrai qu'elle avait certaine manière qui avait le don de m'exaspérer moi aussi... Toutefois, qui étais-je pour juger de sa personnalité ?! Moi même n'étais pas exemptes de reproches...
Shinji quant à lui demeurait perplexe. J'imaginais aisément que ses pensées étaient tournées vers ses finances... Son esprit divaguant ainsi expliquait d'ailleurs pourquoi il semblait ne pas avoir compris ce dont je m'excusais... Plaçant visiblement l'affrontement récent au centre de cette discussion alors que je m'évertuais à me faire pardonner pour ma rasade de sang prise de manière impulsive un peu plus tôt... Il était déboussolé et affichait un ton sérieux, que je ne lui connaissais pas, en me questionnant sur ma relation avec Oniri. Il semblait perplexe si bien que je me renfrognais, plissant les yeux d'interrogations face à sa gêne palpable. On aurait dit que mes réponses valaient leurs pesants de ryos.
«Oui je vais habiter chez Oniri... Le manoir est encore habitable c'est vrai mais elle a jugé qu'il n'était pas bon pour moi de rester dans cette solitude et dans ce lieu où Meg... où tout mes soucis sont accentués par leur lieu d'origine... »
J'avais failli parler de Megami mais je me souvenais ne pas en avoir parler a Shinji... Aussi était-il un peu compliquer d'exposer ce problème majeur le jour même où il venait d'apprendre pour ma maladie et mes faits pour survivre... Ma vie était déjà compliquée pour moi même donc autant ne pas trop l'exposer aux autres. Je réfléchissais a sa question par rapport à son imagination de couple que nous formions Oniri et moi...
« Oniri et moi ? Un couple ? Qu'est-ce qui te faire dire ça ?! »
Le doute traversait mon esprit alors que j'arpentais un domaine pour lequel je n'étais pas très douée... Un couple n'était pas un terme fait pour désigné un homme et une femme qui éprouvait des sentiments amoureux l'un envers l'autre ? Je savais bien sûr qu'il existait des homosexuels ou des bisexuels mais j'ignorais que l'on pouvait également les qualifiés de couple, croyant qu'ils possédaient un terme qui leur étaient propre... Décidément... Il y avait bon nombre de choses que j'ignorais en ce qui concernait l'amour...
« Je ne suis pas amoureuse d'Oniri si c'est ce que tu crois. C'est ma meilleure amie voilà tout. »
Et encore je n'étais même pas certaine de ce que ce « grade » impliquais réellement... J'étais attachée a elle, cela c'était certain mais dans quelle mesure ? Tout cela était encore si récent pour moi... Et d'ailleurs... Pourquoi cela l'intéressait-il ? Qu'est-ce que cela pourrait bien lui faire si tel était le cas ? Je commençais a me poser des question à son propos... Il était certain que nous n'étions plus seulement des connaissances mais en étions nous au stade ami ? Sans doute... A vrai dire je ne le savais pas mais je le connaissais maintenant, et étais attachée a lui alors oui je supposais que je pouvais le considérer comme tel.
Il changeait rapidement de sujet, portant son dévolu sur des armes Saibogu que Notsuu pourrait lui fournir : je savais d'ailleurs qu'Oniri pourrait m'en concocter une plus qu'utile ! J'adressais un regard entendu lorsque Shinji prétendait que je souhaitais lui trouver un cadeau pour son anniversaire dont je n'avais pas la moindre idée de la date et dont je me fichais absolument. Je savais bien qu'il plaisantait comme à son habitude mais j'avouais qu'il était parfois dur de le suivre dans ses délires... Cela s'avérait d'autant plus dur lorsque je me rendais compte de la façon dont son questionnement m'avait chamboulé. Pourquoi prêter la moindre importance à cela ? Cela ne me ressemblait tellement pas... Chassant ses idées de mon esprit, je commandais une boisson sans alcool et nous levions nos verres pour je ne sais quelle occasion, proclamant :
« A la liberté ! »
Lorsque mon verre fut terminé, et après quelques moments à discuter, je me levais et souhaitais bonne soirée au deux hommes, les gratifiants d'un sourire. Il était temps pour moi de rentrer, après tout demain était le grand jour du déménagement...
Apparemment je n'étais pas le seul à avoir remarquer le caractère plus ou moins insupportable d'oniri, le fait est que Yami semblait supporter cela parce qu'elle était son amie, et malgré tout, tenta de trouver une excuse à cette attitude d'enfant pourri gâté, enfin pour moi ni la richesse ni le fait d'être enfant unique conduit à ce genre de comportement, il s'agit juste de l'éducation, celle d'Oniri avait été négligé mais rien n'empêchait qu'elle se reprenne elle en mains, mais elle semblait vouloir continuer dans son délire de princesse, et bien qu'elle continue et qu'elle reste seul dans sa petite bulle...
De plus, Yami allait habiter chez elle, j'espère qu'elle allait pouvoir lui faire réaliser à quel point sa conduite était... Non-sociable ? Enfin, le principal, c'est que j'espérais toujours pouvoir sortir avec quelques amis même si celle-ci créchait chez une nana que je ne pouvais pas saké...
Mais c'était Shinji qui rendit la conversation plus intéressante, il partit à la pêche au renseignement, avait-il peur qu'Oniri lui pique sa muse ? Ou peut-être était-ce déjà le cas et que tous ses efforts avaient été vains ? En fin de compte, pas de délire lesbien, Yami répondit par la négative à la question de Shinji ce qui, j'en suis sur, allait lui faire très plaisir, il était seul à chasser sa proie, une chance de plus !
Mais rapidement, il fit dériver la discussion sur mon magnifique et si unique accessoire, je souriais la bière à la main, il en voulait un ? Pourquoi pas non plus lui apprendre à construire une tourelle automatique et rechargement bi-standard et automatique ? En vrai, je ne savais pas du tout qu'est-ce était cette machine, mais il fallait bien un exemple, nan ?
La technologie, enfin notre technologie, n'était disponible aux autres qu'en temps de guerre, c'était comme ça que l'on conservait l'unicité de notre art de combattre, sinon tout le monde aurait le même style que nous et nous perdrions petit à petit le titre de "clan" non ? Je le regardais et levai ma bière vers lui :
- Désolé mon gars, mais si tu en veux un, construit le haha ! C'est comme ça que j'ai eu les miens héhé...
Je savais très bien qu'il n'allait pas poursuivre dans cette direction mais sait-on jamais, il pourrait me faire bien rigoler si jamais il se mettait au travail haha !
Je levais ma bouteille vers leur verre, nous trinquions à la liberté, enfin, ce que nous pensions être la liberté, après tout nous sommes des shinobis n'est-ce pas ? C'était après quelques discussions que Yami nous souhaita bonne soirée et se retira du bar, pour ma part aussi, il était temps de partir, j'avais beaucoup de travail demain, dont un projet de tourelle qui allait être, si concluant, quelque chose de fou !
Bon, au moins Yami s'était rendu compte que Oniri avait un comportement hautain et arrogant. J'avais toujours pensé qu'elle n'en avait pas conscience ou, du moins, qu'elle n'y prêtait pas attention. Cette simple remarque de la part de la Ketsueki me poussa à trinquer d'un air entendu avec Notsuu comme si nous venions de remporter une victoire. Au moins nous semblions les trois d'accord à ce sujet même si ça n'allait pas vraiment changer les rapports entre les deux femmes, j'en étais conscient. Mais je n'en demandais de toute façon pas tant. Et puis j'avais en tête la réponse de la noiraude qui venait de me confirmer qu'elle n'était pas en couple avec Oniri. Lorsqu'elle me demanda pourquoi je pensais ça je haussai les épaules avant de vider à nouveau mon verre d'un geste leste.
- "Bah tu vois quoi... Ses regards, son comportement, ses gestes envers toi! J'ai l'impression qu'elle ressent plus que de l'amitié pour toi mais je peux me tromper. Je ne la connais pas suffisamment pour me prononcer! Mais j'avais un doute et quand j'ai un doute, je tente de le dissiper! Excuse-moi si ma question te semble déplacée!"
Je n'étais pas vraiment désolé en fait et le sourire que je ne pouvais m'empêcher d'arborer suffisait certainement à contredire mes paroles. J'étais parfaitement heureux en fait! Je me sentais léger, comme si on m'avait ôté un poids de la poitrine. J'échangeai un regard avec Notsuu qui semblait avoir lui aussi remarqué l'état dans lequel m'avait plongé la réponse de la noiraude .Entre mecs, il n'y avait pas besoin de mots pour comprendre ce genre de choses. Parallèlement cette bête subtilité augmenta l'estime que j'avais pour lui. Je me rendais à présent compte à quel point j'avais besoin d'un type avec qui partager des choses dans mon entourage. Et j'espérais de plus en plus que ça allait être ce Saibogu si particulier et fort sympathique.
Et même s'il refusa poliment de me fournir une arme, ça n'atténua en rien le début d'estime que je commençais à lui porter. Il savait très bien que je n'avais pas les capacités pour construire un flingue comme le sien et je ne pouvais pas lui en vouloir de refuser de m'en donner ou vendre un. Après tout chaque clan avait ses petits secrets et même si nous faisons tous parti de la grande famille qu'était Suna, certaines choses ne se partageaient pas.
- "En construire un?" relevai-je avec un mince sourire. "La dernière fois que j'ai construis quelque chose ça c'est plutôt mal terminé en fait! Mais j'abandonne pas l'idée d'avoir une de ces armes mon pote!"
Ceci dit, nous trinquâmes à la liberté! L'ambiance était vraiment bonne autours de cette table et malgré l'intervention des fouteurs de merde quelques minutes plus tôt, rien ne semblait pouvoir entacher ce moment de calme. Nous décidâmes alors de quitter le bar pour rentrer chez nous. Yami parti la première et j'emboitais ensuite le pas à Notsuu. Nous échangeâmes encore quelques mots avant de se séparer, nous promettant de nous retrouver à l'occasion pour boire un verre et refaire le monde. Puis je pris la direction de chez moi, les mains dans les poches et un sentiment de béatitude dans la tête. J'allais monter les quelques marches qui menaient à mon pauvre chez-moi avant de me raviser. Je tournai le regard en direction des quartiers résidentiels favorisés du village même si je ne pouvais bien entendu pas les voir depuis là où je me trouvais. À défaut j'observai le mur de la maison voisine à la mienne, réfléchissant à toute vitesse.
- "Et merde!" lâchai-je pour moi-même, ma décision prise.
♫:
J'allongeais mes jambes pour enjamber les demeures adjacentes et ainsi gagner un temps précieux. J'avais déjà raccompagné Yami chez elle par le passé et je savais précisément où elle habitait. Mon sens de l'orientation était particulièrement fiable quand je n'était pas torché et là, en l'occurrence, c'était le cas. Les quelques verres que j'avais bus avaient tout au plus atténué ma réflexion mais j'avais encore de la marge avant de tituber. Et quitte à devoir parler à Yami, autant que ce soit dans un état plus ou moins correct. Pressé que j'étais, je fis même appel à mon affinité raïton pour amplifier ma vitesse et rattraper la belle noiraude. Après quelques minutes de recherches je la trouvai enfin dans une petite ruelle et je retrouvai une taille normale avant de me porter à sa rencontre. J'avais souvent répété ce genre de scénario dans mon esprit et j'avais toujours été convaincu que j'arriverais à ressortir mes beaux discours lorsque ce serait le moment. Mais son splendide regard m'ôta tout souvenir de cette préparation mentale et je me retrouvai comme un imbécile à l'observer tandis qu'elle haussait un sourcil interrogateur comme pour mieux me demander ce que je lui voulais.
- "Je ne suis pas un mec subtil, ça tu le sais!" commençai-je en me passant une main derrière la tête. "Mais on dirait que je le suis encore trop pour toi puisque tu n'arrives même pas à voir ce qui saute aux yeux. Alors je m'excuse si ce que je vais dire et faire te semble étrange voir carrément déplacé. Mais j'en ai marre de tourner autours du pot!"
Je m'approchai d'elle avec l'excitation d'un jeune homme découvrant les premiers émoi de l'amour. De l'amour? Non, je ne pouvais pas dire que je ressentais ce genre de sentiment pour elle. Pas encore en tout cas. Mais elle me plaisait, ça c'était évident. Et si la subtilité n'était pas ma tasse de thé, la patience l'était encore moins. Je pus lire dans son regard une sorte de déclic comme si elle comprenait que quelque chose allait se passer même si elle ne devait sûrement pas encore deviner quoi vu son manque flagrant de connaissances des us et coutumes dans les rapports entre humains.
Je glissai lentement une main à sa taille avant de la repousser avec délicatesse contre le mur derrière elle. Je la sentais crispée mais pour le coup je l'étais aussi. J'en avais pris des râteaux dans ma vie. À ce stade on pouvait même dire que je les collectionnais. Mais ils ne m'avaient jamais fait peur et j'avais tendance à m'en amuser. Mais cette fois, cette fois-là, j'avais une boule horrible dans l'estomac. J'avais peur qu'elle me rejette et que mon acte qu'on aurait pu qualifier d'inconsidéré marque la fin de notre relation amicale. Mais j'avais besoin d'être fixé, de savoir si j'avais raison de poursuivre dans cette voie avec elle ou si je faisais fausse route depuis le début. J'avais simplement besoin d'une réponse, d'une simple petite réponse...
J'écartais une mèche de cheveux noirs de son visage délicat tout en lui adressant un regard empli de douceur avant de lui caresser la joue de mes doigts. Nous restâmes quelques instants à nous observer puis j'approchai lentement mon visage du sien pour ne pas l'effrayer même si pour le coup c'était certainement raté. Je glissai ensuite ma main derrière sa nuque avec délicatesse avant de joindre mes lèvres aux siennes. Cette fois je n'avais plus d'excuses pour ce genre d'étreintes, je ne pouvais pas la justifier par la présence d'Ashigaru ou par la nécessité de maintenir notre couverture. Allait-elle enfin comprendre? Allait-elle... m'accepter? Allait-elle comprendre que ce n'était pas à son corps que j'en voulais mais bien à son coeur?
J'arpentais les rues glacées de Suna en cette nuitée déjà bien avancée, me rendant au manoir dans lequel je passerais ma dernière nuit en solitaire avant d'élire domicile chez Oniri. Cette pensée laissait un vide dans mon cœur... J'étais heureuse de rejoindre mon amie et d'apprécier sa compagnie au détriment de la solitude mais je ne pouvais pas non plus nier que cette décision était un choix difficile... Le peu de connaissance que j'avais de mon clan venait de cet endroit où était répertorié tous les souvenirs d'antan de mes ancêtres : de ma famille... Cette famille décimée qui me laissait désormais en proie à la solitude que j'avais toujours connu... C'était pour cette raison ! C'était pour cette raison que je me devais de la quitter pour en apprendre davantage sur moi même, sur les codes qui régissaient notre monde, sur les sentiments et les émotions !
Je ne pourrais pas découvrir tout cela en restant seule. Il me fallait une fois de plus faire des choix cruciaux et quitter ma situation devenue stable pour m'en aventurer dans une nouvelle... La vie était faite de changements qu'il fallait savoir apprécier et saisir. Lorsque je faisais une rétrospection sur ma propre personne, je ne pouvais m'empêcher de penser à tous ce que j'avais déjà parcouru... Tout ce que j'avais pu apprendre a travers mes missions et notamment ma première où j'avais fait la connaissance d'Oniri. D'abord méfiante, j'avais accepté de lui permettre de me faire découvrir l'amitié bien que cette accord avait été donné de ma part non sans une certaine manipulation, prenant un certain plaisir à la voir agir comme une domestique qui souhaitait enrichir ma vie et mes désirs. Au fur et à mesure du temps passé a ses côtés, je m'étais rendus compte qu'elle était non seulement mon égale mais qu'elle était également mon amie... L'amitié... ce sentiment si abstrait pour moi qui s'était révélé la plus belle des choses qui me soient arrivées au jour d'aujourd'hui... Comment avais-je pu vivre si loin de tout cela ?! Comment avais-je fait pour me priver de ce sentiment confortable et réchauffant que de se savoir aimée, savoir que des personnes m'estiment et me portent dans leurs cœurs.
Au fond, je connaissais déjà la réponse à toutes ces questions... Ma vie, ainsi éloignée de tout être cher, m'avait empêché de connaître ce genre de relations, qui ne restaient encore pas naturelles pour moi, si bien qu'en plus de ne pas les connaître, j'éprouvais une certain crainte face à cet inconnu... Malgré tout ces beaux discours, une partie de moi s'évertuait à me protéger de tout cela... Je ne savais pas si cette partie s'appelait Megami ou si j'étais moi même réticente à me lancer dans ce genre de choses complexes à mes yeux. Après tout... A quoi bon s'attacher a des personnes qui sont susceptibles de me faire du mal ou de disparaître ? Pourquoi créer des liens pour ensuite souffrir de cet attachement ? Voilà les questionnements qui régissaient ma vie... A ces derniers, je n'avais toujours pas trouvé de solution. Tout ça s'avérait bien trop complexe et abstrait pour moi pour que je m'y attarde davantage...
Brusquement, et alors de je n'étais plus très loin de ma demeure, je fus tirée de mes réflexions par la présence de Shinji. J'écarquillais les yeux en le découvrant, lui adressant un haussement de sourcil interrogateur. Pourquoi était-il ici ? Pourquoi m'avait-il rejoint ? Je ne comprenais pas... Son œil exprimait lui aussi un air que je ne lui connaissait pas. Son attitude trahissait sa gêne et son sérieux tout à la fois. Je ne le quittais pas un instant des yeux alors que mon esprit était toujours embrumé par mes précédentes pensées. Après quelques instants de silence, il se lançait. M'expliquant qu'il était dépourvu de subtilité – cela je le savais – mais qu'il fallait qu'il le soit encore moins pour que je comprenne quelque chose qui relevait visiblement de l'évidence. Ces paroles me mettaient mal à l'aise... Je cherchais a comprendre à côté de quoi j'aurais pu passé, moi et mon sens relationnel naissant, mais je ne trouvais pas et cela m’agaçait autant que cela me faisait culpabiliser. Il s'excusait d'avance de ce qu'il s’apprêtait à faire et j'avouais avoir un instant de doute, me demandant ce qu'il comptait faire de si surprenant ou de déplacé... Je m'attendais a vrai dire à peu près a tout et m'apprêtais à l'envoyer au tapis au besoin...
Toutefois, je laissais parler ma confiance pour lui et ne faisais rien, me contentant de découvrir ce qu'il souhaitait me dire. Il se rapprochait de moi, passant une main a ma taille tout en avançant vers moi, ce qui me faisait reculer. Mon dos heurta un mur et j'étais bel et bien coincée... Mes pupilles rubis n'avaient pas quitté une seule seconde les siennes, sondant son regard en espérant y découvrir un quelconque éclaircissement sur ce qui était en train de se passer. Ses doigts écartèrent une mèche de mes cheveux avant de caresser doucement ma joue, comme Oniri aimait le faire. Son regard était empli d'une douceur que je ne lui avais jamais vu et je ne pouvais m'empêcher malgré moi de lui en rendre un similaire.
Maintenant je savais ce qu'il s’apprêtait à faire, j'étais parvenue à le deviner. Toutefois, cela semblait différent des fois précédentes... Les autres situations n'avaient pas été si émotives. Les autres situations ne m'avaient pas fait ressentir cette sensation de chaleur qui emplissait mon corps sans que je ne comprenne pourquoi. Les autres situations ne m'avaient pas coupé le souffle avant même que nos lèvres ne s'effleurent... Pourtant, lorsqu'il se pencha sur moi en posant une main sur ma nuque tout en scellant nos lèvres, je ressentais tout cela... Son unique œil s'était fermé pour, sans doute, apprécier le moment alors que je ne pouvais me résoudre à fermer les miens. Je ne savais que faire malgré que j'avais anticipé son rapprochement... Je décidais de ne pas le repousser et de découvrir tout en appréciant ce moment. Je me laissais guider par sa passion, mêlant ma langue à la sienne dans un ballet des plus sensuel alors que je sentais mon cœur battre à tout rompre malgré moi. Je n'aimais pas constater que mon corps semblait réagir à ce genre de choses alors même que je n'en avais pas conscience... Mon corps était capable de bien des choses que j'ignorais, j'en étais certaine mais c'était déplaisant de s'en rendre compte... Je finissais par fermer moi même les yeux, gardant les bras le long de mon corps, ne sachant pas quoi en faire. Je me délectais de sa chaleur et de sa présence alors que nos corps étaient collés l'un a l'autre. Cette sensation nouvelle était des plus agréables et réconfortante. Agissant par mimétisme, je lui rendais son baiser langoureux d'une manière maladroite mais appliquée, renforçant la vague de chaleur qui m'imprégnait. Après quelques instants - qui me paraissaient un peu trop court je dois bien l'avouer – il mettait fin à notre étreinte, reculant la tête en m'adressant un doux sourire, les yeux pétillants de joie.
Je ne savais pas comment réagir à cela... Qu'étais-je censée faire ? J'étais perdue... Constatant mon mal aise, il retira ses mains de ma taille et ma nuque, effleurant une dernière fois mon visage de ses doigts. Ne voulant sans doute pas me brusquer davantage, il me souhaitait bonne nuit et au revoir avant de m'adresser une nouvelle fois une mine emprunte de douceur tandis qu'il s'éloignait. Je le regardais filer dans la nuit, restant hébétée, mon dos toujours contre le mur, face à ce qui venait de se passer et ce que j'en avais ressenti...