Une volonté de fer dans le pays du feu [Solo]

Aussi loin qu'elle se souvienne, Nozomi du clan Myouga a toujours suivi sa famille sur les champs de bataille. Toute son enfance s'est déroulée auprès de shinobis blessés, mourant, agonisant. Ce n'était certainement pas l'endroit idéal pour une petite fille, et pourtant elle y était et, aussi étrange que cela puisse paraître, y a survécu. Lors de sa quatrième année, l'enfant soignait une nouvelle fois un shinobi. Encore la même chose, tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. Les jours se succédaient et se ressemblaient. Ce jour là, l'adolescent souffrait particulièrement, et le faisait savoir en poussant d'atroces hurlements de douleur. La petite fille avait beau tenter de le soigner, elle comprenait bien qu'elle ne pourrait pas le sauver. Son niveau était beaucoup trop faible, et la dose de chakra qu'il aurait fallu posséder l'était encore d'avantage. Le jeune homme hurlait, hurlait. S'il restait des ennemis dans les environs ils étaient certainement au courant de sa présence. La petite fille avait beau s'affairer à la tâche, la plaie ne se refermait pas assez vite, pas assez bien. Et c'était très douloureux pour le jeune shinobi. Ses cris devinrent rapidement désagréables aux oreilles de l'enfant. De plus, l'émotion très forte ressentie par le shinobi rendait la malédiction du clan Myouga très efficace. Nozomi en arrivait presque à la sentir dans son corps elle aussi. Elle se boucha les oreilles, mais l'entendit toujours. Et il la mettait très mal à l'aise. Debout, les mains toujours en place, les yeux fermés, elle attendit que ça passe. Elle voulait le calme. Du calme.

- « La paix ! La paix ! LA PAIX ! »

Mais elle l'entendait et le ressentait toujours. C'en était devenu insupportable pour l'enfant. Elle ouvrit les yeux et aperçut un objet brillant au sol. Un kunai. Elle le prit, et le planta dans le cœur du shinobi. Un jeune adolescent tout juste de l'âge d'être genin. Et alors que la vie le quittait, le calme revint enfin. Et avec lui un certain soulagement. Elle entendit d'ailleurs un soupir. Elle se retourna alors vers... son oncle, qui avait subi toute la scène lui aussi. Honteuse d'avoir été vue, et surtout d'avoir tué un homme, l'enfant regarda le sang sur ses mains.

- « Je suis désolée... Il... Il... Criait trop. »

L'oncle se rapprocha d'elle. Il prit ses mains dans les siennes et lui essuya.

- « Parfois, c'est mieux ainsi. Lorsqu'ils souffrent trop et qu'on ne peut rien pour eux, tout ce qu'on peut faire c'est abréger leurs souffrances. Ce n'est pas mal, ce n'est pas bien. C'est ainsi, c'est tout. »
- « Pourquoi on fait ça ? C'est toujours pareil. On les soigne et ils retournent se tuer. J'en ai marre, tonton. C'est inutile. »
- « Ce n'est pas inutile, nous sauvons des vies ! Notre présence ici est indispensable. Sans nous, il y aurait beaucoup plus de morts. »
- « Mais ça n'arrête jamais. Je suis fatiguée...»
- « Nozomi. Tu ne dois jamais baisser les bras. Tu entends ? Plus tu sauves de gens ici, plus tu progresses, et plus tu pourras en sauver ensuite. C'est notre voie. »
- « Je m'en fiche de les sauver ! Ils n'arrêtent pas se battre ! Ils sont stupides ! Je ne les aime pas, et je les déteste ! Jamais je ne voudrais être shinobi ! S'ils étaient pas là, il y aurait pas de guerre !»

L'oncle ne poursuivit pas. Il ne pouvait pas lui donner tord. Mais jamais il n'avait connu autre chose que la guerre, et ce qu'elle apportait. L'enfant pleurait, le visage dans les mains. Et son oncle, en la regardant, espérait qu'un jour elle puisse connaître la paix. Cette utopie. Oui, il l'espérait du plus profond de son cœur. Un jour, peut être, les enfants n'auraient plus à se battre sur les champs de bataille pour le bon vouloir des adultes.

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Deux ans plus tard, sur un autre champ de bataille. La guerre était loin d'être terminée. L'enfant avait grandi, et mûrissait vite. Bien trop vite pour son âge. Elle avait apprit à se contrôler face aux émotions des shinobis. Elle savait parfaitement leur annoncer que leur vie touchait à sa fin. Et ce en gardant un visage impassible et une voix neutre. Elle avait également apprit à se détacher de tout ce qui l'entourait, de tout ce qu'elle voyait. Comme si tout ce qu'elle faisait ne l'atteignait pas. Elle venait d'annoncer encore une fois à un shinobi qu'elle ne pouvait rien faire pour lui. Celui ci tentait de retenir ses entrailles qui s'échappaient de son corps. L'enfant prit une inspiration, ramassa un kunai et leva le bras. Alors qu'elle allait l'abaisser, elle sentit qu'on lui attrapait vivement le poignet. Sous la douleur, elle lâcha son arme. On lui fit faire volte face. Un homme, ou plutôt une montagne, se tenait devant elle. Il devait bien faire presque deux mètres, et sa musculature était impressionnante. Son regard lançait des éclairs.

- « Je peux savoir ce que tu allais faire, petite ? »

Sans se démonter, et sans montrer aucune peur, elle lui répondit calmement.

- « Il souffre trop, et je ne peux rien faire d'autre pour lui que d'apaiser ses souffrances. »

A cette réponse, une puissante main la saisit par la gorge, tandis que l'autre lâcha son poignet. Il la souleva d'une seule main comme si elle n'était rien d'autre qu'une plume. La petite fille tentait vainement de desserrer la poigne de l'homme.

- « C'est donc ainsi que vous « soignez » les gens ? Je croyais que vous deviez préserver les vies, pas les ôter ! »

Nozomi ne répondit pas et cherchait simplement de l'air. Il resserra son étreinte.

- « Je suis sûr que tu soignes les partisans des Senju et tues ceux des Uchiha en te faisant passer pour une gentille petite fille. »
- « N-Non ! C'est faux ! »

Elle avait réussi difficilement à s'exprimer. Les Myouga ne soutenaient aucun parti, seulement celui de la vie. Mais l’homme n'était pas du même avis et ne la lâcha pas. Bientôt les mains de l'enfant glissèrent sur celle de l'homme, et elle tomba dans l'inconscience. Lorsqu'elle se réveilla quelques minutes plus tard, elle vit son assaillant à terre, mort. Puis son oncle. Celui qui avait toujours veillé sur elle. Il était aussi à terre, et la vie le quittait. Nozomi se rendit précipitamment à ses côtés, et tenta de le soigner. Il lui prit les mains et la stoppa. Il était trop tard pour lui. La petite fille aux yeux bleus versa des larmes pour la dernière fois de toute son enfance. Les deux hommes s'étaient battus, chacun pour protéger quelque chose qui lui était cher. Et ça leur en avait coûté la vie. C'était cela, la guerre. Deux côtés campant chacun sur ses positions. Et le défendant férocement, quitte à devoir en mourir. Alors que tout aurait pu être réglé par le dialogue et la compréhension mutuelle.

Plusieurs années avaient passé. Les conflits s'étaient enfin atténués, mais il était trop tard pour la jeune famille. Le clan avait beau s'être déplacé en groupe, comme une meute afin de se protéger les uns les autres, ils étaient quand même tous morts un par un. Les Myouga s'étaient fortement réduits, et ne se composait plus que de trois membres : une femme, avec sa fille et sa nièce. Il ne restait de la meute que trois louves. Nozomi n'avait plus jamais sourit, ni même pleuré. Elle était devenue un être crée par et pour la guerre. Un être froid et dénué de tout sentiment. Elle était presque une adolescente, maintenant. Et portait depuis ce jour là de larges colliers cachant son cou et les marques que l'homme lui avait faites .

La guerre était quasiment finie, et elles s'étaient déplacées à Ta no Kuni. Les batailles façonnaient les hommes et les rendaient pires que des animaux. Assoiffés de sang. Se permettant tout ce qu'ils voulaient sous le prétexte qu'ils en avaient le droit. C'était la guerre, après tout. Qui viendrait leur blâmer quoi que soit ? C'est comme cela que de trois elles passèrent à deux. Deux. C'est le nombre de shinobis qui vinrent les aborder. Ils leur tournèrent autour, les dévorant du regard. Tels des prédateurs devant leurs proies. Puis ils commencèrent à faire des commentaires salaces. Nozomi se plaça d'instinct devant sa petite cousine. Les plus vieux avaient toujours protégé les plus jeunes. Et c'était elle la plus âgée des deux. L'un des shinobis s'avançait dangereusement vers la tante de Nozomi. Tandis que l'autre... Lançait un regard des plus éloquents vers les deux fillettes. L'enfant aux cheveux blancs reculait doucement, faisant reculer aussi sa petite cousine blottie dans son dos. Et un cri :

- « Courez ! »

L'unique adulte du clan devait protéger les enfants. Le shinobi la jeta au sol et la fit taire.

- « Maman ! »

Nozomi se tourna vers l'autre petite fille.

- « Fais ce qu'elle te dit, cours, cours aussi vite que tu le peux. »

Elle la saisit par la main et la tira. Une course poursuite, qui semblait plus exciter l'homme qui les suivait qu'autre chose. Elles couraient, couraient, de tout leur possible. Nozomi se retourna pour voir si l'homme les suivait toujours. Ce qui était le cas. Elle aperçut au loin une scène qu'elle aurait préféré ne jamais voir.

- « Ne te retourne surtout pas. »

L'autre hocha la tête. Haletantes, les deux enfants enjambaient les cadavres du champ de bataille. Puis elles arrivèrent bientôt dans une petite forêt. Les obstacles étaient plus nombreux. L'homme qui les suivait en riant se rapprochait de plus en plus. La plus jeune des deux chuta en se prenant le pied dans une racine. Nozomi voulut la relever, mais la petite fille avait mal et ne pouvait plus se déplacer. Elle se plaça alors devant elle pour la protéger. Lançant un regard de défi à l'homme qui arrivait vers elle. Il n'était pas essoufflé du tout. Il avait prit cela comme un jeu. Une chasse. Et il pouvait maintenant savourer.

- « Ne l'approche pas ! »
- « Oh mais ce n'est pas elle, que je veux. Elle est encore un peu jeune. Toi, par contre... Pile à l'âge où je les aime. »

La petite main tatouée lança un projectile de fortune vers la tête de l'homme : une gourde d'eau. Ce qui n'eut pour effet que de le tremper et de l'énerver. Il poussa la jeune fille au sol et ne lui laissa pas le temps de se relever. Il s'allongea dessus de tout son poids. L'empêchant ainsi de bouger. Alors qu'il déchirait violemment ses vêtements, elle se surprit à ressentir de nouveau des émotions. La peur. La haine. Elle tenta de se débattre mais l'homme la maintenait fermement. Il la frappa pour la calmer. Oui, elle avait peur. Elle ne voulait pas ça. Elle tenta de le repousser.

- « Non ! Non ! Crève, sale porc ! »

Elle commençait à paniquer. Il déboutonnait son propre pantalon. L'autre enfant pleurait. Nozomi la regarda, et prit une décision. Il était hors de question que sa petite cousine assiste à ce genre de choses. Elle rassembla toute sa volonté et son chakra, et à son grand étonnement ce ne fut pas un scalpel qui se forma sur ses mains. Des éclairs sortaient de tout son corps. L'homme sur elle sembla encore plus étonné. Mais il n'eut pas le loisir de l'être longtemps. Ils étaient tous dirigés vers lui. Le shinobi grilla littéralement sur place. Le fait qu'il soit trempé n'arrangea pas la chose. Il s'écroula sur la jeune fille. Elle eut bien du mal à repousser ce poids mort animé de petits soubresauts. Elle se releva et se dirigea vers sa cousine. Puis la prit dans ses bras pour la rassurer.

- « C'est fini ».

C'était terminé. Et la guerre aussi. Il commençait une période de paix. Une paix fragile, composée des mêmes Hommes que durant la guerre. Ces mêmes Hommes qui se changeaient en animaux dès qu'ils en avaient l'occasion. Mais la jeune fille savait maintenant que grâce à sa volonté, elle pouvait se battre jusqu'à obtenir ce qu'elle voulait. Et ce qu'elle voulait, c'était la paix. Une paix durable, sans aucun conflit. Où les générations futures pourraient avoir une enfance normale.

Oui, c'était cela qu'elle voulait. Et elle allait y mettre toute sa volonté pour y parvenir.

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