Le voyage avait était long et éreintant. Heureusement, il était ponctué de petits plaisirs que j'avais perdus depuis longtemps.
Tenir sa main, dormir dans ses bras, respirer son odeur jusqu'à en être ivre.
Ce voyage avait pourtant bien mal commencé.
Suivre l'ancien du clan Samui était une vraie plaie pour moi et les menaces et autres insultes avaient fini par pleuvoir sur notre jeune couple jusqu'à ce que je me rebelles.
Là, nos chemins s'étaient alors séparés.
Kakeshuou Samui avait préféré couper par la terre, traverser les nombreuses nations de notre monde afin de rejoindre le dit pays de la terre.
Moi, j'avais fait confiance à mon amoureux, mon guide. Lui, c'était déjà rendu une fois au Shûkai. Il connaissait donc le chemin et c'est ainsi que nous nous étions engagés dans une longue traversée maritime qui nous avait fait débarquer sur les cotes verdoyantes de Taki no Kuni pour enfin couper à travers plaines et canyons désertiques pour enfin atteindre la cité promise.
Plus d'un jour de marche selon Yusuke et je commençais à être anxieuse à mon tour :


"Tu penses qu'ils seront d'accord pour que je les rejoigne ?"


Aurait-il seulement le choix une fois que Kakeshuou aurait débarqué avec son document officiel signé par l'un des capitaines. Je n'en avais que faire, autant me présenter comme une simple civil en attendant. Ou une amoureux transit ? Cela pouvait faire l'affaire.
Je serrais donc fermement la main de Yusuke dans la mienne alors que nous prenions la direction de l'un des portes de cette citée dantesque dont je n'avais jusqu'alors jamais soupçonné l'existence.

Un soupçon de surprise ponctuée par une exclamation impressionnée alors que nous faisions enfin face à un garde.
Mon compagnon était immédiatement reconnu, mais je sentais bientôt se poser sur moi un regard lourd et pesant. Je baissais les yeux et j'attendais alors les questions tout en me pressant un peu plus dans les bras de mon compagnon. Je n'aimais pas trop cette passade que l'on appelait interrogatoire, sans doute de trop mauvais souvenirs tournaient autour de cette simple action.

Pourtant, finalement, je me décidais à montrer un petit regard furtif et timide en direction de mon perquisiteur. Mes pupilles croisèrent les siennes moins d'une demi-seconde avant qu'un sourire des plus timides me fassent perdre pied et me cacher une nouvelle fois dans ma timidité tout en baissant les yeux.

Il n’est jamais facile de quitter son foyer. Que ce soit pour partir loin ou juste chez la marchande de lait d’a coté. Je crois que je ne peux pas imaginer le déchirement qui est en train de se produire dans le cœur de Yuki. Il m’est clair qu’elle abandonne tout pour moi. Au début, je pensais qu’elle disait ça comme ça, parce que son coté mélodramatique avait prit le dessus. Mais non, plus le temps passe et plus le temps je me rends compte que c’est tout le contraire. Elle a fait bien plus qu’abandonner sa famille, elle a abandonné l’amour des siens afin de me suivre. Je suis subjugué par tant de dévouement et de loyauté. Je ne sais pas si j’aurais pu faire la même chose pour elle. En fait, je me demande même si un de ces jours, ce n’est pas précisément ce dévouement qui causera notre perte. Toujours est-il que la princesse des neiges reste a mes cotés autant qu’il est humainement possible de le faire. Elle s’éloigne de plus en plus de ses proches et de ses repères claniques.

La route qui nous mène jusqu’aux portes du Shukai est longue et plus nous avançons avec sa famille plus nous nous faisons rejeter. Je sens bien que les siens n’ont aucune envie de frayer avec moi plus de temps que nécessaire. Il faut dire que lorsque Yuki ne regarde pas, je leur rends leur regard de haine avec en plus dans le regard la promesse de les tuer tous si jamais ils tentaient quoi que ce soit. Je ne fais pas vraiment attention à la route, je suis concentré sur Yuki. Nos caresses sont plus spirituelles qu’au début de notre relation et je sens que son attachement est plus profond. Désormais je suis sa bouée de sauvetage et je n’ai pas le droit de la laisser couler. C’est assez nouveau pour moi : avoir la responsabilité de quelque sur les épaules. Je n’y suis pas vraiment préparé et cela me fait un peu peur.
Je vous passe les détailles inintéressant de notre traversée pour parvenir jusqu’aux portes de l’imposante citadelle du Shukai. Nous arrivons donc, Yuki et moi devant l’imposante entrée. Les portes sont closes bien évidemment et je peux voir un garde à l’entrée… Je ne sais pas très bien si je le connais, à mesure que nous nous rapprochons, je commence a mieux le distinguer.

-Ne t’inquiète pas, il ne t’arriveras rien et je suis là !

Je serre la main de ma bien aimé alors que nous faisons de plus en plus de pas vers l’avant et vers l’entrée de la citadelle. Aura-t-elle elle aussi droit à son petit interrogatoire ? Aurais-je le droit d’y assister ? Que de question, je m’inquiète pour ma protégée.

Un regard insistant des gardes, puis l'intervention d'une femme qui s'adresse immédiatement à Yusuke. J'observe cette dernière durant les quelques secondes où elle lui adresse la parole. L'examinant elle et son visage. Comment se sont-ils connus ? Naturellement, mes yeux se tournent vers mon amant. Je ne suis pas des plus rassuré pour lui et il doit bien le sentir. Ma main devient moite et le serre un peu plus fort jusqu'à ce que soudainement, je la relâche lorsque la femme se tourne vers moi et observe nos mains liées. Aucune expression ne trahit sa pensée.
Je soutiens alors son regard quelques secondes sans faire preuve de la moindre animosité à son encontre avant de m'exprimer avec le respect que l'on m'a toujours appris :


"Bonjour ..."


J'attends alors quelques secondes avant de reprendre la parole, ne sachant pas trop comment présenter tous les éléments que j'ai à ma charge. Mes mains se croisent alors traduisant une certaine nervosité que j'ai du mal à cacher dans ma voix :


"Je me nomme Samui Yuki !"


Autant commencer simplement en répondant à sa question. Mais très vite, les choses se mélangent un peu dans ma tête avec la naissance de ce puissant sentiment qui me pousse à vouloir parler. Mais comment parler du clan, de Shio, de Kakeshuou qui arrivera dans les jours prochains, sans vraiment me mélanger... Je choisis donc d'aller au plus simple :


"Kaguya Shio est venu à la rencontre de mon clan il y a quelques jours en terre des neiges. Il nous a proposé de nous joindre à vous ... Choses que je comptais faire avant cela avec mon compagnon ..."


Je baisse alors les yeux un peu intimidés une nouvelle fois :


"Je ne suis pas une grande combattante, mais je suis médecin ... Je pense que cela peut être utile aux ambitions de votre pays !"


Qu'elle sera à présent la suite des opérations ? Un interrogatoire plus poussé ? Des questions plus intimes ? Je n'en ai aucune idée, j'espère juste que je ne serais pas refusée à l'entrée et que je pourrais continuer à m'exprimer peut être pour annoncer les désirs de mon clan et essayer de me faire une place à mon tour.
Mais j'en ai peut-être trop dit.
De façon presque imperceptible, je bats des cils en direction de Yusuke. J'ai l'impression que mon cœur va exploser tant il bat vite.