HRP a écrit:

Lieu du RP: Heaven's Night

On avait déjà dépassé la phase de la guerre où le bar était vide de ses habitués, tous partis au front. Désormais il se remplissait des blessés de guerre, gueules-cassées et autres rapatriés en tout genre. J'en faisais partie : mon bras dans le plâtre trahissait mon appartenance à cette pseudo-communauté de losers.

Et comme tout les losers ici, j'étais venue pour me mettre une race. La différence, c'était que j'étais venue seule. Rossu était bien trop jeune pour avoir le droit légal de m'accompagner, et mes autres amis n'en étaient pas vraiment. Du reste, il m'arrivait d'en apercevoir quelques-uns à travers les clients, mais je n'avais ni la patience d'aller les saluer ni l'envie d'attirer leurs regards. Ils ne m'intéressaient pas vraiment, et c'était très vraisemblablement réciproque.

Après tout, qui se soucie de Tawako l'intrépide, la fougueuse passe-partout, la balle rebondissante, l'attraction du village lorsqu'elle se traîne un bras invalide ? Depuis que ce Kumojin m'avait défoncée avec son Yôton, j'étais littéralement devenue une espèce de daube.

Y'avait ça, et Rei-sensei qui nous avait fait un gros doigt dans la tronche en désertant le village, pour d'obscures raisons dont je me moquais comme de mon dernier senbon. J'en avais terminé avec les leaders. C'était aussi pour ça que j'étais venue là : tourner la page.

Je n'eus pas besoin de forcer : il ne me fallut que deux Saké pour la voir arriver. Gabushi-sama.
Evidemment. Ce bar devait être devenu un peu son repère depuis que Rei l'avait ramenée au village. Elle n'était pas là par hasard, c'était le destin.

Ce fut une question de timing.
Au moment où elle s'accouda au comptoir, à une demi-douzaine de tabourets de moi, mon regard se tourna vers le barman. J'avais retrouvé l'étincelle.

- Ô, tavernier.

J'attendis de capter son attention avant de continuer. Il me zieutait avec un regard dubitatif comme seuls le faisaient ces vieux nazes qui passaient leur temps à me répéter «  t'es pas un peu jeune pour ça, gamine ? ».

- La distance entre cette personne et moi, lui fis-je en indiquant la Sennin du regard.

- Ouais, et ben quoi ?

- Ben cette distance.

Haussement de sourcil. Soit il me prenait vraiment pour une gosse, soit j'étais pas claire.

- En shooters de sake.

Le doute avait cédé la place au mépris dans son regard de merlan frit. Et ça n'avait pas loupé :

- Tu serais pas un peu jeune pour ça ?

Je brandis quelques billets avant de les flanquer sur le comptoir ; ce fut suffisant pour le convaincre du contraire, ou du moins pour clore la conversation.

Une longue lignée de shooters s'installait et se remplissait entre Gabushi et moi. Je ne la quittais plus du regard. Ce n'était pas un défi, ni une tentative de l'impressionner. C'était un pont, entre elle et moi.
Après tout ce temps, j'allais enfin pouvoir lui parler, et me gorger de ses enseignements. Grand moment, gros stress.
Le saké qui nous séparait allait sûrement m'aider à évacuer la pression.

Il lui était souvent reproché, à tord, d'être une veritable barique de vinasse bon marché. Mais rien n'était plus faux, certes de temps en temps, un petit rouge modeste pouvait rechauffer pendant les nuits de Yuki no Kuni, mais la plupart du temps elle ne buvait que les meilleurs liqueurs que le monde avait à lui offrir. C'est pour ça que la Nomade est "la Nomade", si elle voyageait autant c'était principalement pour découvrir et entreposer dans son petit parchemin à bouteille, ce qui se faisait de mieux d'un coin à un autre du monde.

Mais sans parler des ces moments là et surtout depuis qu'elle avait été nommé Jonin du village du pays du vent, elle ne pouvait plus vraiment s'adonner à ces plaisirs. L'alcool exportés par le tavernier local et surtout les littres d'alcool de cactus remplaçait le malte du pays de l'herbe et autre alcool fort de la neige.

Tristesse que la sedentarité dans un monde où on pouvait découvrire et gouter tant de chose. Mais c'était un bien piètre sacrifice dans la liste de ceux qu'elle avait déjà fait.

La taverne était au milieu du quartier du centre-ville et elle s'y arrètait bien souvent depuis qu'elle était dans les parages. Entre le comptoir du bar et les toits dans la nuits du desert, peut de gens, finallement, voyait la Jisetsu à Suna et puis surtout, pouvait dire qui elle était. Monotone mais pas sans interet, elle lui arrivait de croiser des oiseaux rares dans ses habitudes. Les personnes interessantes n'était jamais là pendant que la plèbe était de sortie.

Elle devait voir le Kazekage, ce matin-là et ses longs discours pleins de mot qui n'en finissait pas, elle était hors de question d'y aller sans s'en mettre un p'tit coup dans l'nez avant. Pas de quoi debarquer en titubant non plus, mais il était question de pas se mettre à trop réfléchir sur ce qu'il allait dire ou ce qu'il y avait entre les mots, cela aurait été direction l'infirmerie pour mal à la tête dans le cas contraire.

C'est avec des questions comme: "Le Kazekage est donc capable de donner plus de maux de tête que l'alcool ?" qu'elle poussa la porte de la taverne. Il était très tôt pour les autres et bien tard pour elle, donc il n'y avait pas grand monde à part quelques pillier du bar qui, s'ils n'étaient plus là, s'éffondrerait surement.

C'est avec le sourire de la Jisetsu pris un siège au comptoir avant de faire en signe de la main au gérant. Mais celui-ci était semblerait-il occupé par quelqu'un qui lui faisait sa commande.
Gabushi tourna la tête vers la jeune fille et leva un sourcil en observant celle-ci, la conversation entre elle et le barman était des plus droles, et c'était vrai qu'une jeune fille comme elle aurait du mal à tenir devant tant d'alcool. Mais si on laisse pas leurs chances aux jeunes, ils ne peuvent pas nous montrer qu'on a tord. Il y a fort longtemps, à son premier pellerinage où elle reçut le nom de la Nomade, elle n'était pas plus agé que cette Sunajin.

Elle s'attarda à observer la jeune fille qui semblait l'avoir remarqué et histoire de ne pas avoir l'air d'une stalkeuse à cette heure tardive, la Jisetsu attrapa le shooter de Sake qui était le plus proche d'elle avant de lever son verre vers la Sunajin.

- T'en aura bien assez, hein ? Un de plus un de moins. Allez, à ta réussite et ton mal de crâne.

Elle vida cul-sec le shooter avant de laisser la jeune fille mener le spectacle.