Yuki no kuni était une contrée tranquille, mais il arrivait que certaines personnes ayant de mauvaises intentions viennent dans ces pics enneigés afin de trouver le calme inexistant dans les autres nations de ce monde. Beaucoup de déserteurs venaient en ces lieux parce que le climat arrêtait les chasseurs et autres qui pouvaient éventuellement les poursuivre pour atteindre à leur vie. Il y avait aussi au pays de la neige énormément de samurai et de brigands en tout genre qui sortaient de la juridiction des shinobis des pays majeurs, c’était donc l’endroit rêvé pour des shinobis d’aller s’entraîner sans risquer sa peau, si ce n’est par le froid et les problèmes de santé qui s’en suivent.

C’était pourtant le risque qu’ils allaient prendre en ce début de mois. A bord d’une barque commerciale, le polymorphe du pays de l’eau avait payé le capitaine afin qu’il fasse un bref détour pour déposer les deux shinobis dans ce pays. Et oui ! Pô n’était pas venu seul dans ces contrées gelées, il y avait emmené son élève afin que celui-ci se pèle le jong dans la neige du pays. Un véritable ninjas devait tout surmonter, la douleur, la fatigue et les problèmes moraux. Tout était dans la tête, et il n’aurait de cesse de le rappeler au nécromant, même s’il devait le battre pour ça. Le jaguar avait de grandes convictions, de grandes ambitions, et il voulait transmettre cette force à son unique élève. Ensembles, ils pourraient devenir une grande force de frappe pour la brume, mais pour le moment, il n’était qu’un simple genin, la proie préférée des shinobis lors des guerres. Il voulait faire du Shinda un puissant shinobi, une grande force de frappe pour servir le village caché de la brume.

A bord du bateau, Pô regardait se dessiner à l’horizon les pics du pays, c’était un pays magnifique, nappé d’un blanc manteau, mais dont les températures variaient énormément, toujours dans le côté glacée du terme bien entendu. Michiki et le Jûunin étaient tous les deux vêtus d’un manteau de fourrure bien épais, qui couvrait leur corps de cette température glaciale, mais cela n’allait pas durer longtemps. A encore quelques kilomètres des terres. Pô fit signe au capitaine.

« Merci pour tout, mais nous descendons ici ! Michiki, allons y ! »
« Vous êtes surs ? »
« Certains ! »

Cette décision semblait surprendre Michiki, mais il ne comptait pas rester sur le bateau seul. Pô sauta alors du bateau rapidement pour se retrouver marchant sur la surface de l’eau, comme un véritable shinobis. En plein océan, il fallait user de bien plus de chakra pour rester à la surface, mais pas assez pour vider les deux shinobis. Le maître fit signe à son élève de passer devant, mais avant que celui-ci n’ait fait quelques pas, il l’attrapa par le manteau et le souleva en le tirant vers lui de force. En usant de toute sa puissance, Pô le fit passer par-dessus ses deux épaules avant de l’envoyer sur quelques mètres. Il fallait qu’il fasse attention, car s’il ne prenait pas tout de suite appui sur ses pieds grâce à l’usage de son chakra, il allait faire un vol direction l’océan. Et l’eau n’était pas d’une température très agréable, Pô s’en était certifié juste avant de passer à l’attaque.

« Je vais t’attaquer, ton rôle seras de tenter de me faire couler, et moi de même. L’eau est glaciale, tellement que quelques dizaines de minutes te mettrais dans un état d’hypothermie et tu mourrais quelques heures plus tard. Surtout que n’oublies pas, je ne suis pas médecin.. C’est à tes risques et périls ! »

Sans plus attendre, le Jûunin composa une courte série de mudras et posa une main sur la surface de l’eau. Un serpent d’eau se forma sous sa paume et se déplaça dans l’océan en direction de son élève. C’était une technique faite pour que le serpent ne disparaisse pas tant qu’il n’est pas détruit. Comment Michiki allait-il réagir face à une technique de ce genre ? Il était très mal tombé, car Pô maîtrisait l’affinité Suiton aussi bien que le Raiton ou le Kâton, mais il avait toujours montré des résultats exemplaires lors de situation bien désavantageuses, ce garçon saurait toujours le surprendre.. Toujours..

Une virée à Yuki ? Voilà une idée assez…originale. Néanmoins Michiki ne comptait pas remettre en cause une décision émanant de son senseï. Ce dernier lui avait juste précisé de prévoir des vêtements chauds et de prendre le matériel nécessaire pour « quelques combats ». Au moins cette virée serait divertissante. Michiki gardait un souvenir assez amer de son dernier séjour à Yuki. Il ne s’était pas fait avoir ce coup-ci et il n’avait pas lésiné sur les moyens. Le manteau qu’il avait pris était triplement rembourré avec une fourrure épaisse. Elle préservait son corps à une température raisonnable. Dès lors que le vêtement ne le couvrait pas, le froid s’insinuait sur chaque millimètre carré de sa peau, traversant ses autres vêtements comme des lances. Il le resserrait donc plusieurs fois pour ne pas finir en glaçon humain.

Alors que le bateau approchait de la côte, Pô remercia le capitaine et lui demanda de s’arrêter là. Michiki écarquilla des yeux arrondis par l’étonnement. Qu’avait-il en tête ? L’eau devait être encore plus froide que l’air ambiant ! Il n’eut pas le choix. Le Gekei avait posé un pied sur l’eau et commençait à marcher vers le rivage. Michiki le suivit. Heureusement l’eau était profonde mais pas à l’excès comme s’ils étaient au milieu de l’océan. Le chakra qu’il faisait circuler dans la plante de ses pieds ne s’épuisait pas trop vite. Il s’interrogea sur les raisons qui pouvaient pousser son maître à parcourir les derniers mètres qui les séparaient de la côte à pieds. Peut-être pour une embuscade sur la plage ? Un gain de discrétion pour se lancer à la traque d’un cartel de dangereux déserteurs ? Et alors qu’il échafaudait milles suppositions plus acadabrantesques les unes que les autres, Pô le saisit par le manteau et il l’envoya valdinguer un peu plus loin.

Michiki se releva, assurant ses appuis au niveau du chakra. La surprise l’avait empêché de faire ça plus tôt et il avait pu tâter la température de l’eau. Il aurait préféré se retrouver nu comme un ver à l’air libre qu’habillé là-dedans ! Alors qu’il songeait aux profondeurs abyssales et polaires qui se prélassaient en dessous de lui, Pô lui proposa une sorte d’entraînement. Le but était de couler l’autre avant que ce dernier n’y arrive. Le Gekei le mit en garde que s’il tombait dans l’eau, il ne devrait pas y rester plus d’une dizaine de minutes. Une précision que le nécromancien avait eu l’occasion de vérifier tout seul. Et pour ajouter à la difficulté de l’exercice, son maître forma un serpent aqueux qui évolua à son aise sous l’eau. Aussi loin de la terre ferme, impossible de l’avoir avec une technique Dôton. Ses cadavres se noieraient. La situation était plus que critique.

Le reptile d’eau se rapprochait de sa position. Il n’avait aucune idée pour l’esquiver. Son senseï l’avait-t-il fait exprès ? Une interrogation qu’il repoussa à plus tard pour se concentrer sur une stratégie. Il n’avait que sa force physique pour s’en sortir. Ses techniques seraient inutiles ici. Le serpent finit par surgir de l’eau glacée. Il vint s’enlacer autour du Genin qui dut le repousser à la force de ses bras. En plus d’avoir pu se mouvoir dans l’environnement, il en avait emprunté la température. Une étreinte glaciale enserrait Michiki. Il redoubla d’efforts pour le faire céder. Ce qu’il fit enfin. Quand ce fut fait, il se jeta sur son senseï pour l’empoigner. Il tenta plusieurs manœuvres pour le faire basculer mais le combat au corps à corps était une chose innée chez le Gekei. Finalement, il lâcha sa prise et prit un peu de recul. Il sortit deux fumigènes qu’il prit dans chaque main. Il prit une grande inspiration et se relança sur Pô. Lorsqu’il le saisit par les bras, les fumigènes explosèrent pour diffuser le poison vertigineux. Voyons ce que le Jônin ferait face à ça ?

La réaction de Michiki fut immédiate, lorsque Pô l’avait propulsé dans les airs, avec comme intention qu’il ne se rattrape pas correctement pour bien s’enfouir sous la température glaciale de l’eau de cet océan, il s’était magnifiquement rattrapé, sur ses deux pieds, comme un chef, mais cel n’étonnerait pas la serpent de la brume qui s’attendait bien à un tel résultat. Il aurait été plus que déçu s’il s’était fait avoir rien que par cette manœuvre, mais c’était sans compter sur les progrès fulgurants de son élève. Pour lui, notre gentil Michmich avait déjà le niveau d’un chûunin voir même plus, il était terriblement doué c’était une certitude. D’ailleurs, s’il s’accrochait autant à son élève, c’était parce qu’il savait que beaucoup trembleraient s’ils devaient affronter Michiki en combat. Il le saurait capable de tenir et de vaincre, même en deux contre un, surtout que ses capacités en nécromancie lui donnaient un certains avantage.

Quoi qu’il en fût, Michiki ne resta pas de marbre lorsqu’il vit le serpent d’eau fondre sur lui. La créature du monde animal s’enroula autour du corps de Michiki, commençant déjà à humidifier ses vêtements. A cette idée, un large sourire apparut sur le visage du Jûunin qui restait là, stoïque à observer la scène sans en perdre une miette. Ne sachant que faire, face à la surprise, il usa de sa force physique pour se débarrasser momentanément du serpent qui retourna dans l’eau. Cependant, le genin ne resta pas là à attendre un autre assaut du serpent, il se contenta de l’ignorer avant de partir à l’assaut de son maître, en attaque frontale, au taijutsu. Etait-il fou ? Partir en attaque frontal face à un Jûunin était une bien mauvaise idée, surtout que Pô était plus âgé et plus fort physiquement que lui, donc il prenait plus de risque qu’autre chose.

Le repoussant simplement, il le vit sortir deux boules de sa besace avant de se relancer à l’assaut de Pô. Il savait cependant qu’il allait faire en sorte que les fumigènes s’écrase sur lui afin d’empoisonner son maître. C’était finement joué, même s’il prenait des risques au taijutsu. Comme il l’avait prévu, une boule fumigène s’écrasa sur le corps de Pô et explosa en libérant un gaz toxique. Il usait toujours de ses petites fumi le petit Michmich ! Malheureusement, le nuage n’avait pas été assez petit pour que le Gekei n’inhale pas un peu de poison. Il sentit directement les effets, bien que léger. Pô sentit un déséquilibre et fit quelques pas en arrière..

« Vertige hein.. »

Cependant, Pô regarda difficilement son élève et afficha un large sourire. Il leva la main pour qu’il y découvre son deuxième fumigène. C’était une technique de rang C en taijutsu qui permettait de manipuler la douleur du poignet de son adversaire afin qu’il lâche son arme. C’était de cette façon qu’il avait pu récupérer le fumigène de Michiki. Prenant une certain sérieux, il la lança sur Michiki, et sachant qu’une esquive serait de mise, il lança le serpent s’interposer entre la boule et Michiki, près de lui, afin que la boule explose devant lui.

« Victime de sa propre technique.. »

Pô n’était pas Jônin pour des prunes. Il avait déjà l’avantage de la force physique et l’avantage d’un panel de techniques diverses et variées. Le simple assaut avec les fumigènes empoisonnés avait réussi à être retourné contre l’utilisateur. Tout cela grâce à une simple torsion du poignet. Les deux participants au combat se retrouvait donc à souffrir de légers vertiges. Car Pô avait consciencieusement jeté l’arme subtilisée directement après. Michiki ne l’avait pas prévu et s’était fait surprendre. Il était donc sous l’emprise de son propre poison. Il respira profondément pour faire passer les effets plus vite. Le renouvellement régulier de l’oxygène dans l’organisme dissipait plus vite les substances toxiques à l’origine de ces vertiges. Ce n’était pas LE remède mais c’était mieux que rien.

Son seul avantage pour le moment c’est que Pô était dans le même état. Mais il n’avait que quelques secondes. Même pas. Il décida de passer aux choses sérieuses. Il ne s’en sortirait pas comme ça. Ce qui allait suivre lui coûterait cher en chakra mais c’était son seul espoir d’arriver à renverser la tendance. Car pour l’instant, soyons honnête, Pô dominait. Michiki se saisit d’un rouleau à sa ceinture. Il le déplia en vitesse, apparition d’un nuage de fumée habituelle, deux kunaï lancés à cette occasion et les cadavres de ses père et mère surgirent, arme au poing, pour se jeter sur le Jônin. Ils se lanceraient plusieurs fois à l’assaut dans le simple but de venir harceler le Gekei. De son côté, Michiki patienterait pour attendre le moment opportun pour renverser son maître.

La réserve de chakra prit un coup. En effet, en invoquant ses cadavres, Michiki avait déjà dû utiliser une dose de chakra conséquente. Mais maintenant, il devait assurer leur équilibre en partageant son chakra avec eux. Enfin il ne partageait pas vraiment. De par la technique de ressuscitation, un lien s’établissait entre les cadavres et le nécromancien. Ce dernier se voyait vider de son chakra pour alimenter les actions de ses pantins. Là en l’occurrence, le maintien à la surface de l’eau s’opérait pour trois personnes. Et une seule personne devait gérer ça. Une étape un peu difficile pour Michiki. Il ne maintiendrait pas sa technique très longtemps sinon il finirait dans les abysses glacials. Tout devait se jouer maintenant. Plus que jamais, le nom de l’équipe devait lui porter bonheur. Il devrait gagner le plus rapidement possible.

Il donna donc deux ordres aux cadavres : attaquer sans pour autant vouloir blesser et renouveler cette action jusqu’à ce que leur soit donné l’ordre d’arrêter. Une fenêtre d’action pourrait s’ouvrir avec un peu de chance. Michiki sourit. Lui qui avait un excellent sens de la stratégie se retrouvait à remettre le sort d’une victoire entre les mains de la chance.

« Le froid ne me réussit pas ! »

Imitant son élève, le Gekei du jaguar respirait profondément afin que le poison se disperse bien plus rapidement dans le sang, le rendant alors inoffensif. Avec un mal de cœur naissant et la tête qui tourne, il reculait en respirant de plus en plus fort. Cela ne durerait qu’une minute à tout casser, mais il fallait tout de même faire attention. Une fois son état normal revenu, il attendit que son élève fasse de même et tente une nouvelle offensive pour faire couler son maître. Cela ne serait pas simple, mais pas impossible, cependant, lui maîtrisait le Dôton dont n’était pas avantagé du tout de par la situation actuelle. Fuck ! Il attaquait quand même, sortant son rouleau en invoquant ses deux parents, ils se lancèrent à l’assaut de Pô avec des armes blanches de petits gabaries. En les voyant arriver vers lui, le jûunin attrapa le manche de son sabre pour entamer un combat au kenjutsu, comme à leur première rencontre.

Cependant, rien n’allait se passer comme l’avait prévu Michiki, car il Pô comptait bien renouveler exactement ce qu’il avait fait lors de ce premier affrontement, sauf que là, le binoclard n’était absolument pas en position de force. Evitant la lame de sa mère, il passa derrière et planta son sabre dans son corps alors qu’elle se débattait encore. Le père arrivant, il tapa de sa main dans son bras pour repousser le coup de lame avant de lui asséner une droite monumentale pour le faire tourner. Une fois de dos, Pô l’attrapa et le tira vers lui, le plantant alors en compagnie de sa femme sur le sabre. Une belle brochette ! Mais cela ne durerait pas longtemps, car Jagaa n’aurait pas la force de les maintenir embrochés de la sorte. Les poussant alors toujours avec le sabre dans le corps, il allait se concentrer sur une autre phase !

Composant une rapide série de mudras, Pô plongea son regard glacial dans celui de son élève avec un léger sourire, puis apparut alors soudainement sur les environs une brume épaisse couvrant métaphoriquement chaque pupilles d’un voile blanc, les rendant aveugle à tout ! Pouvant se repérer dans sa brume, il rattrapa les cadavres et retira son sabre avant qu’il ne finisse comme le titanic, six lieux sous les mers. Puis il se dirigea lentement, sans un bruit vers la position initiale de Michiki, de toute manière, il sentait très clairement son chakra. Il allait lui faire subir sa technique fétiche, qui avait rendu bien plus d’un inapte à poursuivre le combat, c’était la seule technique créer de Pô qui venait de son imagination, qui n’était pas une reprise d’une autre technique. Il arriva derrière lui :

« La froid ne réussit à personne »

Puis avant même qu’il ne se retourne, il plaça la paume de sa main sur le haut de sa tête. Après cela, le corps de Michiki tomberait au sol, dans l’eau même, assommé. C’était une technique de rang A du répertoire Suiton, elle consistait à envoyer une décharge dans l’eau présente dans le corps de l’adversaire, infligeant des dégâts aux organes internes. C’était une technique redoutable qui assurerait la victoire de Pô, mais comme dit le proverbe : « ce qui ne te tue pas, te rends plus fort ». Le Gekei ramassa alors le corps de son adversaire ainsi que ses parents avant de se diriger vers la terre ferme..

Michiki avait eu beaucoup d’espérances en lançant cet assaut contre son senseï. Seulement les cadavres de ses père et mère ne firent pas long feu. L’habile maîtrise du sabre dont était capable Pô lui permit de transformer les pantins de Michiki en une brochette macabre. Il plongea son regard dans celui du Genin. Ce dernier savait que cela n’augurait rien de bon pour lui. L’azur de ses yeux promettait une défaite cuisante. Et elle ne tarda pas à venir. Après ce regard lourd de sous-entendus, une brume épaisse se leva sur les lieux. La visibilité n’excédait pas deux centimètres devant soi. Avec le bruit de la mer en arrière fond, il était compliqué de distinguer les mouvements par un autre moyen que la vue. La seule chose dont se souvint Michiki était la réplique de son maître dans son dos. Suite à ses quelques mots, il posa une main sur lui.

La force de la technique était impressionnante. Il n’avait jamais ressenti une telle douleur. Il sentait quelque chose en lui qui se mouvait brusquement comme pour s’extirper de son enveloppe charnelle. La douleur occasionnée était insurmontable et elle engendra une perte de connaissance immédiate. S’ensuivit un rêve assez bizarre. Michiki voyait ses parents, pas leurs cadavres, au domicile familial. Chacun semblait heureux et serein. Ils regardaient leur fils avec bienveillance. Ce dernier voulut les rejoindre mais un gouffre se créa entre eux trois. Il les voyait s’éloigner. Des profondeurs abyssales du gouffre entre eux surgirent des cadavres. Michiki se faisait happer par cette vague de macchabées. Puis il se réveilla en sursaut.

Il se tenait par terre dans un duvet. Un feu de camp flamboyait près de lui et son senseï se tenait face à lui. Il l’observait reprendre connaissance. Michiki cala ses bras derrière lui pour tenir son buste droit. Il vit une bouteille d’eau posé à côté de lui. Il s’en saisit et avala goulument plusieurs gorgées. Il avait un mal de crâne terrible et des courbatures violentes. Il se remémora ce qui s’était passé. Il paniqua en premier pour les cadavres de ses parents mais il finit par les voir, allongés plus loin. Il voulut se rendre près d’eux pour les sceller dans leur parchemin bien à l’abri. Mais il avait beaucoup de mal à bouger. Il contenta donc de s’informer de ce qui lui était arrivé.

-Qu’est-ce qui s’est passé senseï ? La victoire me serait montée à la tête ?

Il préférait tourner la question sur le ton de l’humour. Il ne doutait pas que son maître saurait comprendre le trait d’esprit comme il se doit.

Après avoir infligé une lourde défaite à son élève, le polymorphe du pays de la brume l’avait attrapé lui et ses parents avant qu’ils ne se rendent à vingt milles lieux sous les mers et il s’était dirigé vers la terre ferme. En arrivant, il laissa ses deux parents sur le sol froid, de toute façon, ils n’avaient rien à craindre, ils n’étaient que des cadavres au sang froid, sans vie et sans âme. Cependant, il fouilla dans son sac et en tira un long sac de couchage rembourré au maximum et le glissa autour de Michiki avant de le poser sur un bout de rocher nettoyé de sa neige afin que la couchette ne soit pas humidifiée par la neige. Le Jûunin comptait bien le laisser se reposer pendant encore quelques heures, jusqu’à ce qu’il se réveille de lui-même, après tout, la technique qu’il venait de lui faire subir provoquait une grande douleur ainsi qu’un traumatisme assez grand pour une personne la subissant pour la toute première fois. Tous ses organes internes avaient étés touchés, pas gravement fort heureusement, mais bien assez pour qu’il ne puisse pas combattre pendant une longue journée. Après s’être occupé de son élève, il ramassa aux alentours quelques rondins de bois qu’il disposa de manière à l’allumer avec sa maîtrise du Kâton. Un grand feu réchaufferait encore plus Michiki, et il allait en avoir besoin après l’épreuve qu’il avait subit, plus celle qu’il allait subir, car l’entrainement de ce dernier ne s’arrêtait certainement pas là, pas en si bon chemin..

Prenant son temps, il avait encore quelques heures devant lui et il partit donc en quête de nourriture. S’approchant de la surface de l’eau, il concentra son chakra pour repérer les être vivants et une fois repérer, il se changea en un gros serpent avant de s’engouffrer dans l’eau pour attraper quelques poissons. Une fois fait, il retourna au camp avant de faire griller ces délicieux mets. D’ailleurs, ce fut très certainement cette odeur qui extirpa le genin de son sommeil. Un sommeil plutôt profond, enfin, ça dépend pour quoi.. Cependant, au lieu de se précipiter sur le repas, il regarda rapidement autour de lui et stoppa net son regard sur ses parents. Non effectivement Pô ne les avait pas laisser couler, c’était son gagne pain donc bon, ca aurait été bien cruel d’obliger Michiki à aller les rechercher si profondément sous l’eau. Rassurer, il porta alors son regard vers son maître avant d’avoir une parole ironique, c’était une preuve qu’il allait bien, c’était déjà ça. Pô lâcha un sourire avant de tendre un poisson embroché et grillé à Michiki puis de se rasseoir sur son bout de rocher. Il croqua un morceau de poisson, finit sa bouche avant de répondre à Michiki.

« Savais-tu que le corps humain est constitué d’environ soixante-dix pourcent d’eau, en plus des litres de sang que nous avons dans le corps ? Il marqua une pause avant de reprendre. Sesshoku, c’est ma technique favorite, mais aussi celle dont je suis le plus fier. Elle permet à un utilisateur du Suiton de provoquer une impulsion dans le corps de sa victime pour que l’eau présente dans le corps de l’adversaire touche les organes vitaux. Ont peut entrainer ses muscles à recevoir des coups, mais pas ses organes internes, donc même un gros balèze serait bien touché avec cette technique. Je l’ai créé de toute pièce, juste avec ma maîtrise du Suiton et mes connaissances en anatomie humaine. Tu as été blessé par cette technique.. Tu ferais mieux de manger si tu veux reprendre des forces pour ce qui va suivre.. »

Mais qu’est ce qui allait suivre ? En croquant un nouveau morceau de poisson, sans prêter gare aux arrêtes, il vit une certaine interrogation dans le regard de son élève. Effectivement, il devait certainement se poser cette question.. Que serait la prochaine étape de cet entraînement ? Encore un combat ? Non, ce serait bien trop.. Bien trop répétitif surtout, et entrainer le physique n’était pas la seule chose dont un shinobis devrait se soucier, car il y avait aussi le mental, l’intuition etc.. C’était ce que Pô réservait au binoclard. Sans un autre regard, Pô montra derrière lui d’un geste de la main droite. Dans son dos se tenait une immense montagne, et à y voi de plus près, on pouvait y voir une fente dans la montagne. Autrefois, c’était l’entrée d’une grotte, mais d’une grotte assez spéciale..

« C’est la grotte de Yami, c’est son nom.. Autrefois, il y avait une grande entrée, mais beaucoup de samurais du pays de la neige ont essayés de la refermer car ils considéraient cette grotte bien trop dangereuse. Ne me demande pas pourquoi elle serait plus dangereuse que les autres car je n’en connais pas les raisons. Je connais simplement les effets. Dans cette grotte, tous tes sens seront coupés les uns après les autres. Ce sera d’abord la vue, ensuite l’ouïe, puis l’odorat, le goût et pour finir, le toucher. Je ne sais pas comment c’est possible, mais une véritable magie emplie cette grotte. Beaucoup de shinobis venaient s’entraîner ici autrefois, mais plus maintenant, seul quelques personnes connaissent réellement ses effets, et encore moins y croient. Cependant, mon grand-père est venue dans cette grotte, d’après les dires de mon père, il n’en est jamais ressortit. Je ne t’obligerai pas à y aller, mais ta puissance sera décuplée, son esprit sera vide de toute chose. A l’intérieur, tu n’as pas d’eau, tu n’as pas de nourriture, tu n’as que le vide, et ton imagination.. Mon père me disais autrefois, que beaucoup de ceux qui en sont sortit sont devenus fou. Je ne l’ai jamais fait non plus.. Qu’en penses tu ? »

Il croqua une nouvelle fois dans son poisson, il se souvint soudainement de tous les dires de son paternel concernant cette mystérieuse grotte, c’était justement la raison pour laquelle il avait décidé d’y emmener Michiki, il avait un cœur noble et fort, il saurait certainement y résister. Mais même pour Pô ce serait une épreuve, car l’instinct animal serait certes d’une aide précieuse, mais insuffisante pour le reste. Lorsque le toucher disparaitrait, les deux shinobis ne se rendront même pas compte de s’ils stagnaient ou s’ils se mouvaient. Une véritable épreuve..

Le senseï de Michiki avait accueilli son trait d’esprit avec un sourire. Il lui tendit ensuite une branche où était embroché un poisson légèrement grillé. Se rendant compte qu’il avait faim, le nécromancien prit la nourriture et attaqua avec voracité. Il mordit à pleines dents dans la chair, s’arrêtant entre certaines bouchées pour ôter les arrêtes. Tandis qu’il dégustait son repas bien mérité, le Gekei apporta une réponse à ce qui s’était passé. La perte de conscience de Michiki était due à une technique Suiton inventée par son maître. Et quelle technique ! Pas étonnant que le Genin n’ait pu résister à cela. Un choc intra-corpus via l’eau présente dans le corps. Le nécromancien se méfierait de ne plus provoquer son maître au corps-à-corps à l’avenir. Tandis qu’il mangeait, Pô enchaîna avec des mots énigmatiques. Apparemment il n’avait pas fini d’en baver.

Même si la surprise et l’interrogation n’était pas exprimée clairement, le Jônin apporta une réponse. Il désigna une montagne derrière lui et concentra l’attention sur une fente dans la roche. Il décrit ensuite ce qui se cachait derrière cette fameuse fente. Il s’agirait de la grotte de Yami. Une grotte où tous ceux qui s’y étaient aventurés perdaient tous les sens. Un petit cours d’histoire rapide fut donné par Pô quant au passé de cette caverne aux pouvoir étranges et inquiétants. Il ponctua son explication en demandant à Michiki ce qu’il en pensait. Ce dernier savait très bien où son maître voulait en venir. Il s’agissait plus d’une question rhétorique qu’autre chose. Une seule réponse serait acceptée par son maître.

Le nécromancien prit néanmoins le temps de se lever, doucement à cause de ses blessures. Il se dirigea sans un mot vers les cadavres de ses parents. Il sortit leur rouleau et il les scella à l’intérieur avant de ranger le bout de papier à sa ceinture. Il ne mit pas longtemps à exécuter cette opération devenue familière pour lui. Il retourna ensuite à son duvet où il termina les restes de poisson qu’il n’avait pas fini. Toujours sans un mot. Il préférait faire languir son maître, au risque que ce comportement l’énerve au plus haut point. Il le regarda ensuite droit dans les yeux avant d’enfin ouvrir la bouche :

-J’en pense que ça a l’air d’une balade de santé. Qu’est-ce qu’on attend ?

Il avait gardé le ton de l’humour car il savait qu’ici, il n’y avait que ça qui le sauverait. De toute évidence son maître semblait avoir l’air de l’endurcir. Il serait donc confronté à bien d’autres épreuves. L’humour et la rigolade étaient ses uniques moyens de ne pas virer à la paranoïa et de craindre la suite des évènements. Il commença donc à ranger ses affaires puis ils prirent tous deux la direction de la grotte. Une fois à l’entrée, ils s’arrêtèrent en même temps. Ils observèrent la cavité, se regardèrent et échangèrent un hochement de tête. Ils allaient y aller. Chacun craignait ce qui les attendaient mais ils ne préféraient rien laisser transparaître. A l’intérieur, il ne pourrait compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir. La concentration serait de rigueur. Ils avancèrent d’un pas synchronisé et les ténèbres les engloutirent.

La réponse du shinobis de la brume plaisait énormément à Pô, même s’il semblait ne pas comprendre ce qui l’attendait réellement. Beaucoup appelait cet endroit : « la demeure du Diable », car peu de personnes y ressortaient. Mais c’était également parce que la pire punition pour un homme n’est pas la mort, mais la rupture de tous ses sens. Le laisser seul face à ses pensées, face à ses remords, cela pouvait rendre fou n’importe qui, même une personne saine n’ayant pas de sang sur les mains. Autrefois, son père lui racontait son histoire, l’histoire de son grand père également, qui avait été s’aventurer dans cette grotte, jusqu’à s’y perdre. En plus, aucun secours ne pouvait être apporté dans cette pénombre, car les sens étaient également coupés dans le sens inverse. Par exemple, un senseurs ne pouvait ressentir la présence d’un autre chakra dans la grotte, et ainsi de suite. Sans un mot, le jaguar regardait l’entrée de cette grotte, hésitant toujours à y aller, bien qu’il savait pertinemment qu’il le ferait. Cependant, il y avait une bonne chance sur deux qu’il y reste, cela dépendait de son mental, de sa faculté à rester calme et à avancer qu’importe ses pensées. Il savait pertinemment qu’une fois la dernier sens coupé, ses pensées se dirigeraient directement vers son paternel et cette fameuse nuit où sa vie bascula, où il abandonna son père à une mort certaine, entre les mains d’une dizaine de sbires. Le jaguar, père de famille trouva la mort cette nuit-là, où plutôt, personne ne le retrouva..

Les deux shinobis se levèrent.. Ils rangèrent leurs affaires avant de se diriger lentement vers l’entrée de cette dite grotte. « Yami » leur tendait les bras, devant l’entrée se trouvait des panneaux interdisant l’accès, menaçant de ne plus revenir de cette grotte. Les Samurai de ce pays tenaient certainement à ne pas entasser les cadavres dans les fausses communes, surtout que leur village respectif ne viendront jamais faire des recherches dans ses lieux. Surtout que plusieurs personnes qui en sont sortit sont devenus fous et s’en sont mortellement pris aux villages voisins. Pô lança un dernier regard à son élève suivit d’un léger sourire, puis ils s’engouffrèrent dans l’obscurité de Yami..

Du coin de l’œil, Pô voyait peu à peu son élève disparaître, même s’il restait à ses côtés.. Quelques minutes plus tard, le premier des cinq sens de l’homme disparut. Il n’y avait plus aucune visibilité, vraiment plus aucune. Cependant, on pouvait entendre le bruit des pas qu’ils faisaient, le bruit des gouttes d’eau tombant des stalactites jusqu’au sol. Faisant en sorte de faire le moins de bruit possible pour qu’ils s’habituent d’ores et déjà à la perte du deuxième sens, mais qui n’arriverait lui que dans quelques heures. En pensant à la difficulté qui ne ferait qu’augmenter, Pô eut un léger sourire, son grand-père était passé par là. Mais d’après son paternel, lorsque le troisième sens disparaîtrait, ils commenceraient à marcher sur des cadavres de toutes les époques. Cet endroit était glauque au possible et puait la décomposition. Ce n’était pas la demeure de Satan pour rien, espérons simplement que Michiki s’en tire vivant. Perdre son seul élève de cette manière serait un gros échec pour Pô, mais il en était conscient, si Michiki venait à mourir dans cette grotte, il devrait en prendre les responsabilités envers les autorités de la brume.

Le noir prenait place sur tout ce qu’il voyait et engloutissait les couleurs. La lumière céda face à l’implacable obscurité qui régnait dans cette caverne oubliée. L’extérieur laissait poindre une once de luminosité dans cet étroit caveau pendant quelques temps. Mais une fois bien avancé dans la grotte de Yami, s’en fut fini. Ils avaient beau regarder partout, ils ne voyaient rien. Les deux Kirijins ne se concertèrent même pas mais ils n’en avaient pas besoin pour connaître la situation de l’autre. N’importe qui se retrouverait privé de la vue ici. Seul l’ouïe leur permettait encore de se diriger et de savoir à peu près où ils se trouvaient. Michiki craignait ce voyage. Il n’en avait rien montré mais c’était le cas. Il serait confronté à ses peurs et à ses doutes. Une chose très désagréable que seuls les plus forts était capable de gérer sans problème. Le nécromancien n’avait pas la moindre idée s’il était à la hauteur de la tâche.

En avançant, les ténèbres devinrent habitude. Le Genin ralentissait un peu l’allure pour prendre le temps de se diriger et éviter les parois rocheuses. Qui sait ce qui avait bien pu arriver aux malheureux qui étaient restés prisonniers de cette grotte. Une pensé à congédier immédiatement. le pessimisme naturel de Michiki devait rester loin de lui. Ici, il risquait de le faire plonger. Peut-être un jour des historiens du futur se pencheront sur son cadavre découvert des milliards d’années plus tard et ils se diraient : « Ah ! Son pessimisme l’a pris ». Quelle gloire immense pour le nécromancien de la Brume. Il préférait une mort spectaculaire qui resterait gravé dans les mémoires plutôt qu’une mort causée par un manque de volonté.

Ces quelques pensées le remontèrent et le motivèrent à nouveau. Il ignorait où se situait son maître par rapport à lui. Il pouvait utiliser son flair mais il n’était pas aussi aiguisé que celui du Gekei. Normal en même temps quand on a des gènes de jaguar dans le sang. Michiki pouvait donc tirer un trait sur ce sens-là. Comme les ténèbres dominaient tout, sa vue était inutile. Il en vint même à avancer les yeux fermés. Pour ce que ça changeait de toute façon. Il lui restait donc son ouïe, le goût et le toucher. La noirceur des environs semblaient s’épaissir encore plus. Etait-ce possible ? Il fallait croire que oui puisque c’est ce qu’il se passait. Michiki n’avait encore jamais vu ça. Et il y avait d’autre jamais à la situation. Il n’avait jamais ressenti un malaise le tirailler depuis les tréfonds de son être. Il n’avait jamais éprouvé une peur aussi tenace. La perte de la vue l’avait plus touché qu’il ne l’imaginait. Et il ignorait quoi faire pour arranger ça. C’était une épreuve où seul le mental comptait et était en mesure de vous sauver.

Les gouttes d’eau s’écrasant au sol après avoir parcouru la courbe des stalactites étaient le seul moyen de se repérer ici. Un balisage par les sons. Un moyen de se situer assez efficace dans le noir. Mais terriblement stressant et agaçant à la longue. Quand est-ce que ce cauchemar prendrait fin ?

Comment s’en sortait son élève favori ? La panique commençait sérieusement à prendre la dessus sur sa raison. Son instinct bestial pourrait reprendre le dessus sur la conscience humaine ? Telle serait la question.. Mais pour le moment c’était une toute autre question qui se posait, vraiment, comment s’en sortait Michiki ? Peut-être avait-il fait demi-tour, peut-être avait-il continuer. A vrai dire, il savait de par son flair qu’il avait prit de l’avance sur son élève aux lunettes. Mais combien d’avance exactement, tous ses sens étaient perturbés, puis viendrait le moment où aucun de ses cinq sens ne marcheraient. Pô ne craignait qu’un seul instant, celui où le toucher disparaîtrait pour de bon, car son instinct, ses facultés de senseurs et son bon sens disparaitraient avec.. Peut-être que la folie atteindrait le shinobis de la brume, peut-être se transformera t-il sans même le vouloir, peut-être que l’instinct brutal de survie reprendrait le dessus.. Si c’était ça, il finirait par sortir de cette grotte, mais dans quel état ?

Cependant, il avait foi en Michiki, il le savait fort capable et débrouillard en toute circonstance, il n’avait d’autre choix que de croire en lui vous me direz, mais l’heure était à se concentrer sur sa propre folie, car très vite, ce fut l’heure de l’ouïe de disparaître. Il se bloqua lorsqu’il sentit que sa capacité auditive avait disparue. Il n’entendait plus du tout les bruits des gouttes d’eau s’écraser sur le sol, il n’entendait les plus bruits de pas de son élève derrière lui. Il n’entendait plus rien. Il tenta de hurler, mais aucun sons de parvint à ses oreilles, même son propre cri était devenu inaudible pour le Gekei qui était censé avoir une ouïe supérieure à la moyenne des hommes. Mais il ne devait pas s’arrêter en si bon chemin, il reprit donc ca marche sans se retourner. Au cas où Michiki l’entendait il cria un message de motivation avant de revenir au silence complet, de toute manière, l’ouïe de Michiki disparaitrait bientôt s’il était sur ses traces..

Comment s’en sortirait-il ? Le polymorphe secouait déjà de plus en plus la tête afin de chasser de son esprit les mauvaises pensées qu’il pouvait avoir. Il avait peur de se retrouver seul face à ce souvenir de son père, le dernier souvenir d’une vague de sang et du corps de son père tomber sur le sol froid, avec le visage face à lui, son regard dans sa direction avant de le voir bouger ses lèvres sans émettre un son, puis ses paupières se fermer définitivement. Cette pensée le hantait depuis la nuit des temps, depuis son arrivé à Kiri, depuis la création du village. Chacun de ses rêves étaient ravagés par cette fameuse nuit, où sa vie bascula, où il jura sur sa vie qu’il détesterait les humains jusqu’à la fin de ses jours, où son père rendit son dernier soupir..

« Senseï, à quoi pensiez-vous quand vous avez eu cette idée ? »

C’était tout ce qui traversait l’esprit de Michiki. Sortir de la grotte de Yami serait une grande victoire et un excellent entraînement pour avoir un esprit paré à toute éventualité. Seulement fallait-il y arriver. Et c’est là que ça se compliquait. Le nécromancien comprenait les raisons qui avaient motivés le Gekei à l’amener ici mais pourquoi ça précisément ? D’autant que Michiki imaginait qu’il n’y avait pas que lui qui devait galérer dans cet étroit corridor sinistre. Même si son maître avait l’avantage de sa qualité de senseur, il ne lui serait bientôt plus d’un très grand secours. Déjà que la visibilité était nulle, bientôt ils perdraient un autre de leur sens.

Seul moyen de se guider, les gouttes d’eau s’écrasant sur le sol. Vite agaçant, Michiki en eut marre et il se boucha les oreilles. Ce fut une réussite. Le clapotis avait disparu. Il put se détendre un peu. Il avançait avec prudence pour ne pas se cogner quelque part et éviter de rentrer dans son senseï. La technique de se boucher les oreilles finit par les faire bourdonner. Comme c’était plus désagréable que les gouttes d’eau, Michiki ôta ses deux mains. Le bourdonnement continua quelques minutes avant de laisser place au silence. Cela étonna le nécromancien. Il y a quelques minutes, la grotte était emplie du bruit des gouttes d’eau. Peut-être était-ce tout simplement fini. Le nécromancien voulut s’adresser à son maître dans l’obscurité pour s’estimer heureux de la fin de ce bruit. Quelle surprise quand il se mit à parler.

Il était bien conscient de formuler des mots et de les exprimer à voix haute. Il en douta au début et il se mit à crier. Mais rien. Il n’entendait pas le son de sa propre voix. Que s’était-il passé ? Etait-ce la parole ou l’ouïe qu’il avait perdue ?! L’ouïe sans aucun doute vu que la parole ne faisait pas partie des cinq sens. Cette impression, qui fut ressentie d’abord comme un soulagement, devint alarmante. Plus aucun repère. Tout s’opérait au toucher. Il étendait ses bras des deux côtés de son corps, bien écartés pour prévoir un rétrécissement du chemin. C’était encore plus frustrant que perdre la vue. Maintenant, Michiki n’avait plus aucune idée de l’endroit où pouvait se trouver Pô. Ce fut à ce moment qu’il réalisa le problème que cela pourrait poser.

Dans le noir, la paranoïa serait décuplée. Privé de tous sens, si les Kirijins se rentraient dedans, ils n’avaient aucun moyen de savoir qu’il s’agissait de l’autre. Ce qui signifiait qu’il pouvait confondre ce contact avec une présence ennemie et attaquer leur propre allié ? Non impossible. Ce doute fut balayé après quelques secondes de réflexion. Il n’y avait qu’eux pour décider de s’engager dans cette épreuve. Personne d’autre n’était présent ici. Ou pas ? Michiki se fila une claque, qu’il n’entendit pas. Il pouvait encore se sentir par le toucher. La baffe lui chauffa rapidement la joue avant de s’estomper. Personne d’autre ne se trouvait ici. En douter ne serait que rajouter de la difficulté à l’épreuve. C’était pourtant là la première épreuve de Michiki. Son premier combat contre un de ses plus gros défauts, le pessimisme. Restait à voir s’il y survivrait ou si ce dernier l’emporterait dans les profondeurs de la grotte de Yami pour ne plus jamais en sortir.

Mon dieu que c'était stressant, réellement stressant, je ne savais plus vraiment quoi faire, mais à vrai dire, la question ne se posait pas vraiment, car je n'avais pas d'autre choix que de continuer de marcher tout droit. Cela devait maintenant faire plus de six heures que je marchais dans cette grotte, comme si elle n'avait pas de fin. Six heures, approximativement bien entendu, parce que je ne savais même pas si c'était la bonne heure, si je ne m'étais pas emmêler les pinceaux. Tout allait extrêmement vite dans cette grotte, une petite perte de sang froid et l'on pouvait rester dans cette grotte jusqu'à ce que mort s'en suive, jusqu'à la fin de ses jours, perdu dans l'espoir de retrouver la lumière un beau jour, ou jusqu'à ce que les rats s'offrent un festin avec vos cadavres, enfin.. Si les rats étaient plus chanceux que nous. Michiki et moi avons étés séparés, ou du moins, peut-être qu'il était à côté, mais impossible de l'entendre, ni de le voir. Il me restait encore mon flair, mais je sentais bien que celui-ci s'atténuait, même pour moi, la grotte de Yami était une épreuve cruelle, dont j'ignorais la chute..

Quelques minutes plus tard, je sentis que mon coeur s'accélérait, j'avais perdu mon odorat, mes capacités de senseurs étaient également inutiles dans cette partie de la grotte. J'étais arrivé au point de non retour. Il ne me restait plus que le toucher, car le gout disparaissait en même temps que l'odorat. Peut-être que je devrais poser ma main sur le mur et marcher jusqu'à la sortie, mais le toucher disparaîtrait aussi dans quelques kilomètres. Finalement non, le point de non retour, serait dans quelques kilomètres. Je m'arrêta pendant qu'il en était encore temps, jamais se retourner pour toujours garder la même direction c'était la clé, donc je resta stoïque, sans bouger, respirant à fond afin de calmer et de décélérer mon rythme cardiaque, si je m'affolais, je perdrais ma concentration, je cèderait à la panique, et Michiki ressortirait seul de cette grotte, s'il ne tombait pas sur mon corps sans vie. Après quelques minutes, je repris ma marche. Je sentais encore la douleur dans mes jambes, la douleur de l'usure des muscles après quelques heures de marche stressante, je sentais encore les gouttes d'eau froide qui tombait sur ma nuque et glissait sur ma peau. C'était bon signe, je continuais donc ma route confiant, bien que légèrement perplexe quant à la suite des évènements.

Mes pensées se tournèrent alors rapidement vers mon élève, il n'était que genin, comment tout cela se passerait pour lui ? Je le savais fort en caractère et en détermination bien que très pessimiste comme garçon. Je me mis à penser à la première mission de rang C que nous avons fait ensembles. Me remémorant lorsqu'il avait convaincu le marchand en lui montrant ses cadavres, je me surpris à sourire. Je m'arrêta soudainement, un sourire dans un moment aussi glauque. C'était comme apporter une lueur de lumière dans la pénombre. Je me mis à rire à grosse gorgée, sans m'entendre bien évidement, mais je sentais dans ma gorge que je rigolais. Je repris donc ma route. Oui, Michiki allait s'en sortir..

Le son ne lui était plus d’aucune utilité. Quelle joie d’utiliser son odorat quand ce dernier est un simple odorat d’humain non développé. Tout ce qu’il était capable de sentir distinctement était principalement tout ce qui dégageait une forte odeur. Et aucun produit de ce genre ne se trouvait dans la grotte pour guider le nécromancien. Michiki pouvait déjà s’estimer emputé d’un de ses cinq sens lorsqu’il était rentré dans la grotte. Pour Pô c’était différent mais pour le Genin il se débrouillait sans depuis le début.

Il n’avait donc que sa pensée contre qui il était confronté. Son esprit et tous ses doutes. En avaient-ils ? Il n’avait pas l’impression. Michiki avait toujours agi comme avec sa tête. Il avait toujours agi comme son instinct lui disait d’agir. C’est ce qui lui avait permis de ne pas souffrir de regrets. Certains de ses choix personnels pouvaient paraître incohérents, voir même contradictoires, mais il s’en moquait éperdument. Il n’avait cure de l’avis des autres. Ses actes étaient dictés par de mûres réflexions prises après plusieurs délibérations intérieures et solitaires. Le nécromancien était à l’aise dans ses baskets de ce côté-là. Mais alors pourquoi perdait-il du temps à se dire ça ? Pour gagner du temps ? Dissimuler la vérité derrière des réussites ? Cette épreuve le coupant du monde avait l’objectif principal de le confronter à ses peurs. De quoi un manipulateur de cadavres pouvait avoir peur ?

Tant de questions et aucune réponse. Son esprit pouvait être comparé à cette grotte dans laquelle il avançait sans savoir où il était. Si ça se trouve il faisait fausse route et s’était retourné sans même s’en rendre compte ! Son esprit semblait aussi obscur que cette galerie. Sans une lumière de réponse. Juste l’obscurité oppressante de l’ignorance. Car après tout, objectivement, il n’avait aucune peur. Du moins lui semble-t-il… Non son pessimisme naturel reprenait le dessus encore une fois ! C’était lui qu’il ferait mieux de combattre dans ses ténèbres. Lui seul pouvait lui porter préjudice. Lui seul pouvait l’égarer dans les entrailles de la grotte de Yami.

Alors que le Kirijin continuait d’avancer sans savoir où il allait, il posa ses mains à sa ceinture. Il ne comprit jamais ce geste. Mais ce dernier eut pour effet de l’amener à effleurer le rouleau où étaient scellés les cadavres de ses parents. Il eut une petite pensée pour eux. Pour leur « bravoure » à le défendre malgré leur appartenance à l’au-delà. Un nouveau domicile qu’il devait à leur fils unique. Qui les avaient lâchement assassinés. Et pour quoi ? Pour une simple divergence d’opinion ?! Cette fois, Michiki déglutit avec difficulté sa salive. Il venait littéralement de mettre le doigt sur sa faille. La mort de ses parents qu’il utilisait maintenant pour se battre. Il n’y avait jamais réfléchi mais cet évènement avait forcément des répercussions sur lui et sur ce qu’il était. Cette pensée le fit frémir et pour la première fois de sa vie, il hurla. Il cria sa rage et sa peur en s’abimant les cordes vocales. Il avait mal à la gorge mais il s’en fichait. C’était la première fois qu’il regardait la vérité en face. Et toute vérité n’est pas bonne à dire ou à admettre. Il en faisait l’amère expérience et ce serait là son défi à lui. Vaincre cette peur inconsciente qui avait germé en lui sans qu’il s’en doute. Même s’il ne s’entendait pas crier, il savait que ce son devait glacer d’effroi toute personne qui l’entendait.

Un cri provenant des tripes de l’Homme pour manifester au grand jour ce qui le contrariait tant. Se sortirait-il de ça ? Seul le temps pouvait le dire.

J'avais le regard vide d'expression. Je pensais que cela faisait un ou deux jours maximum, mais finalement, ca faisait déjà plus d'une semaine que j'étais dans cette grotte. Je me rendis compte que je marchais, donc finalement, c'est que j'avançais malgré tout ! C'était une bonne chose, mes sens allaient tous revenir petit à petit, mais tout à coup, je vis une vive lueur m'éblouir, jusqu'à me brûler les yeux. C'était le soleil ? J'étais déjà à la sortie de la grotte ? Mais pourtant, je ne sentais rien, aussi bien à l'odorat qu'à mes capacités de senseurs. Je n'entendais toujours rien, jusqu'à ce que j'entende quelque chose claquer violement à côté de mes oreilles. Le bruit me fit pousser un hurlement, puis je me sentis tomber sur le sol. J'étais tiré quelque part ? Je tombai sur mes genoux tout en essayant avec beaucoup de difficulté de résister à cette attirance vers l'avant. En se concentrant sur ce que je ressentais, je sentis quelque chose autour de ma gorge, un fouet ? Qu'était-ce ? Qui était-ce ? Ce qui était sur, c'est que ce n'était pas Michiki, jamais il n'oserai lever la main sur son maître sans en avoir eut l'autorisation.

" ....... "

QUOI ? J'entendais des brouhahas incessants, mes oreilles subissaient une douleur atroce, je ne voyais toujours rien. J'avais mes mains autour de mon cou, je ne savais pas comment réagir, ma dernière visite à la grotte de Yami ne s'était pas déroulée ainsi. Des hommes criaient.. J'essayais de m'enlever ce fouet, mais il semblait bien plus résistant qu'un fouet normal.

" Tu es enfin sortis.. Tu es le premier. Tu seras donc le premier à mourir.. "

Mon ouïe semblait se réadapter au son environnant, mais j'aurais préféré ne pas entendre ce que cet homme venait de dire. Mais finalement, tout s'arrangeait assez rapidement dans ma tête, nous avions étés pistés. C'était un bon stratagème, laisser les shinobis entrer dans cette grotte et les attendre à la sortie, c'était un vraiment très bon plan. En sortant de la grotte de Yami, les shinobis seraient à bout de force, tellement vulnérable qu'ils seraient des cibles extrêmement simples. Je ne voyais rien, j'entendais des rires, puis un homme tira brusquement sur le fouet à ma gorge, je fus propulser ventre au sol, crachant et toussant à cause de l'étranglement du fouet toujours autour de mon cou. En touchant, je sentit que ce fouet était parcouru de chakra, et à la sensation que j'en ressentais, c'était du Suiton. Ils étaient donc des shinobis ? Certainement de bas calibres pour s'en prendre à des personnes en piteux états, mais assez dangereux à l'instant pour avoir peur pour sa vie.

Petit à petit, mes sensations revenaient, celles de senseurs également. Ne me souciant pas de mon état actuel ou de celle de mes adversaires, je lançai immédiatement les recherches vers la grotte. Puis je sentis alors que Michiki progressait, lentement certes, mais il allait y arriver. il serait là dans quelques heures, je devais alors me débarrasser de mes adversaires. Heureusement, bien que je n'avais pas ma vue, j'avais mon flair et mon ouïe. Je sentis un homme me soulever, grosse erreur de sa part. Feintant d'être faible, je posa simplement ma main sur son visage maladroitement en prononçant des grognements de pitiés. Il me pensait à sa merci. Cependant, j'eut un sourire sournois..

" Héhé "

Sesshoku, l'une des techniques dont j'étais extrêmement fier. Sans sceaux, sans préparation.. Je venais grâce à ma maîtrise du Suiton de bousculer l'eau dans son corps pour attaquer ses organes vitaux. L'homme cracha une gigantesque gerbe de sang avant de beugler un coup en s'effondrant au sol. Je me suis ainsi débarrassé de tous mes assaillants. Finalement, ils étaient faibles.. Pitoyablement faibles..

J'attendais, maladroitement assis sur un bout de rocher enneigé, j'attendais qu'il sorte de la grotte.

A quand la fin de cette épreuve ? Michiki commençait à s’impatienter. L’obscurité environnante lui tapait sur le système. Ce qu’il craignait se produisait après plusieurs heures, jours, mois ou années passées dans cette grotte qui rend fou : ses nerfs lâchaient. Il venait de perdre toute sensation lorsqu’il touchait quelque chose. Cela faisait quelques temps déjà. Et il se rendit compte à ce moment à quel point cela été difficile. Il en payait le prix émotionnellement. Ses vieux démons ressurgirent. La faille qu’il s’était trouvé un peu plus tôt s’élargissait à chaque pas qu’il faisait. Elle s’ouvrait un peu plus pour laisser se déverser souffrance et haine. Il n’avait jamais pensé à ses défunts parents tués par ses soins. Il avait juste pété un câble ce jour-là. Jamais il n’avait ressenti une telle haine pour quelqu’un. Sauf que là il s’agissait de ses géniteurs. Et sa rage avait été immédiate et aux effets irrémédiables. De ce côté-là nécromancie lui avait permis de garder un certain lien avec eux sans pouvoir autant ressentir de la culpabilité. Mais maintenant qu’il se retrouvait seul face à ses pensées, il ressentait ce sentiment si douloureux qu’était la culpabilité.

Il en vint à se poser des questions sur lui-même et sur ses actes. Les ténèbres envahissaient son esprit et le forçaient à se recroqueviller tel un enfant apeuré au plus profond de son être. Il ne savait comment aborder la chose, comment amorcer son introspection de soi-même et comment arriver à justifier psychologiquement le meurtre de ses parents. Il n’avait jamais réfléchi à ça. Aujourd’hui était venu le temps des comptes. La Vie le faisait passer à la caisse et la note était salée. Il se rendait compte à quel point il avait été stupide, infantile et barbare pour commettre un pareil acte. Personne ne pouvait être aussi pourri de l’intérieur que lui. C’était le sentiment qu’il avait actuellement. Il se laissait progressivement dévoré par ses doutes lorsqu’il repensa à Kazumi. Il repensa à sa gentillesse et à la confiance qu’elle avait en lui. Il repensa aussi à Pô qui l’avait pris sous son aile pour le former au stade d’élite de Kiri. Le chemin était encore important mais plus aussi vague qu’avant ces rencontres.

Michiki avait beau avoir un lourd passé, il avait réussi jusque-là grâce à sa détermination, aux rencontres qu’il avait fait et aux personnes qui lui avaient tendus la main où il était seul chez lui. Cette simple pensée émit un bref éclairci dans ses réflexions si obscures. Ce bref éclat devint une lueur palpitante et fragile qui devint pour finir une lumière aveuglante qui ramena le nécromancien à la raison. Et alors que l’espoir lui revenait grâce à cette luminosité intérieure, la luminosité extérieure caressa son visage.

Progressivement, chaque sens lui revenait. Il était d’abord submergé de sensations avant de pouvoir se réhabituer à voir, entendre, sentir, goûter et toucher. La lueur du dehors s’accompagna de bruit de combats. Que se passait-il là dehors ? Après avoir saisi un scalpel pour se préparer à l’assaut. Michiki avança doucement pour habituer ses yeux à la lumière. Il se rendit finalement compte qu’il n’avait pas à avoir peur. Son senseï était sorti avant lui et il avait déjà « fait le ménage ». Face à ce carnage, le Genin afficha un sourire qui s’étendit lorsqu’il repéra le Gekei perché sur un rocher. Chacun d’eux avait envie de se détendre après une telle épreuve. Autour d’un verre par exemple. D’un simple hochement de tête, les Kirijins se retrouvèrent côte à côte et prêts à partir. Puis finalement, Michiki revint en arrière pour effectuer une dernière chose.

Lorsque Pô se retourna, il put voir son élève accroupi en train de récolter les cadavres des vulgaires brigands incosncients qui avaient osés s’en prendre au Jônin. Il scella les corps dans des parchemins qu’il rangea ensuite à sa ceinture. Une fois sa tâche macabre effectuée, il revint près de Pô et lui accorda un regard complice. Il s’exprima par la suite, avec une voix enrouée et fatiguée :

-Alors ? Un petit verre pour fêter cette réussite ? Je ne sais pas pour vous mais personnellement j’ai légèrement galéré. Mais que très peu !

Et ils discutèrent chacun de leurs sentiments personnels dans cette caverne avant de tomber sur un bar en bordure du chemin.

Après avoir achevé le dernier homme de mes propres mains. Je laissais ainsi les corps de ses saloperies de lâches pour me mettre à genoux. Ma main droite attrapa un peu de neige pour l'appuyer sur mes paupières, ma vue était améliorée grâce à mes capacités animales, cependant, je souffrais plus qu'un être humain normal lorsque mes yeux étaient touchés. Après avoir entièrement recouvré la vue, je décidais de m'asseoir sur un rocher pour attendre Michiki. Je sentais la trace de son chakra approcher de ma position. Finalement, il aura mit à peine quelques heures de plus que moi, remarquable ce gamin, vraiment remarquable. En sortant, sans même adressé une seule parole à son maître, il ramassa les corps sur le sol dans un parchemin. Avec ça.. J'avais complètement oublié qu'il faisait partit du cercle très fermé des nécromants. Le voir jouer avec des cadavres était vraiment glauque, un frisson de dégoût traversa ma colonne vertébrale avant que je quitte le rocher où mon postérieur était posé. Jouer avec la mort était une chose que je ne pouvais comprendre, mais qui était nécessaire à la puissance de mon élève. Il basait sa force sur ça et c'était grâce à cette capacité que je l'avais repéré d'entre tous..

Ses premiers mots furent une proposition, d'aller boire un verre. Cette demande me choquait à première impression, mais non pas à cause de la demande en elle-même, mais juste en pensant que depuis que nous faisions équipe tous les deux, nous n'étions jamais sortit autre que pour le travail. Il fallait donc se rattraper, et nous allions le faire immédiatement. Un simple acquiescement de la tête et je conduisis Michiki vers le premier village que nous croiserions. Mais un bar attira notre attention après une heure d'échange d'impression sur la grotte de Yami. Je laissais mon élève entrer avant moi et le suivis, sur ses talons. En entrant, le spectacle que nous vîmes aurait pu être bien plus accueillant, bien plus chaleureux. Des hommes avec des grandes cicatrices se retournèrent tous vers nous, sans cligner des paupières. Je poussais Michiki de la main en se dirigeant vers une table libre tout au fond, dans un coin du bar. Heureusement, c'était un bar qui faisait également restaurant, ou fast-food, comme vous voulez. Un bar cependant pas très accueillant..

Finalement, quelques minutes plus tard, les conversations reprirent, même s'ils gardaient tous un oeil sur nous. Le serveur venait de prendre nos commandes. Un petit et gros monsieur tout à fait respectable qui vraisemblablement n'avait pas peur de la présence de ces personnes dans son restaurant. Nous commencions à manger tout en continuant de parler jusqu'à ce qu'un homme, vraisemblablement ivre s'énerva en tapant du poing sur la table. Son acte fit naître un silence pesant. Il tourna sa tête vers nous.

" Vous allez fermez vos gueules bandes de minables ? Nous tolérons votre présence sur notre territoire, mais fermez-là " dit-il en s'énervant, rouge de haine.
" Ta gueule gros porc ! " rétorquais-je, fatigué. Ce n'était pas le moment de me taper sur le système. Même les animaux les plus sages, ont une limite..

Alors qu'il se rapprochait, je lança un regard de défi à Michiki. Le fait que j'ai insulté celui qui semblait être le chef de cette bande de ionfs semblait les avoir tous mis sur les nerfs. Tous s'étaient levés en même temps que le chef et regardaient vers notre position. J'étais dos à l'homme alors que Michiki lui pouvait le voir arriver.

" Tu dois être sur les nerfs toi-aussi. Permets-toi de te lâcher. Montre à ces hommes comment nous sommes éduqués nous Kirijins.. "

Le message était en gros.. DEMONTE LES !

Arrivés dans le bar, l’accueil fut aussi chaleureux qu’une technique de Samui. Le seul potentiellement aimable était le petit gros qui les servait. Il devait avoir l’habitude de cette troupe de mammouths et aucun d’eux n’osait s’en prendre au saint homme qui leur apportait leur vinasse. Pô et Michiki s’étaient installés en silence à une table dans un coin et le silence précédant leur entrée s’était vite dissipé pour laisser le brouhaha des conversations reprendre le dessus. Mais, alors qu’ils discutaient calmement dans leur coin, un gaillard bâti comme un roc s’emporta, ragaillardi par un trop plein d’alcool dans le sang. Il commença à gueuler après les Kirijins en leur demandant de se taire sous prétexte qu’ils étaient sur « son territoire ». Pô l’envoya boulé, plus fatigué qu’autre chose. Cela eut pour effet de lancer un rassemblement de groupe vers leur table. Le Gekei venait d’insulter le chef vraisemblablement, un grand gars au crâne rasé marqué par de nombreuses cicatrices. Il portait un long manteau au col à fourrure. Une sale trogne pour de mauvais goûts vestimentaires. Qui se ressemble s’assemble comme on dit.

Le gars vint se mettre au niveau de la table, entre les shinobis. Toute sa bande de copains le précédaient de peu. Michiki n’avait pas envie de se battre mais cela s’annonçait très mal parti pour éviter l’affrontement. Il pouvait tenter de calmer le jeu. Ses instincts meurtriers le poussaient à aller au front mais la grotte de Yami l’avait épuisé. Il allait parler lorsque Pô en rajouta une couche. Ses mots firent rire le nécromancien. Pas le gorille à côté de lui. Lorsqu’il finit par comprendre que c’était le jeune garçon à lunettes qui serait son adversaire, il le saisit par le col et le souleva comme une vulgaire allumette. Rien d’étonnant vu la carrure contrastée des deux hommes. Pour faire une comparaison réaliste, le Genin de la Brume était le cure dents taillé dans le tronc qu’était le chef de cette bande de poivrots. A quelques centimètres du sol, Michiki ne se sentait pas à l’aise. Il demanda donc gentiment au gros balourd de le relâcher :

-Très impressionnant ! Maintenant que tu as montré à tous tes petits copains à quel point tu avais une force phénoménale, et il insista de manière volontaire sur le mot, tu peux me reposer. Pour tout te dire, je n’ai pas la moindre envie de me battre. Je veux juste profiter de mon repas tranquillement sans interruption.

Il eut d’abord le droit à un regard interloqué. Le cerveau de pachyderme de son interlocuteur devait faire la traduction des mots trop complexe qu’aurait pu employer Michiki. Pourtant ce dernier s’était assuré d’adopter un langage qu’un nourrisson pourrait comprendre. Mais même là ça ne semblait pas suffire. Après un instant de vide intersidéral dans le blanc de ses yeux, le gros lard se mit à rire. Michiki pouvait faire un trait sur son repas. Il fut ramené à terre après un violent coup de poing asséné à l’estomac. L’ensemble des gars présents dans le bar se mit à rire. Le nécromancien essuya un filet de sang au bord de ses lèvres une fois qu’il avait repris sa respiration. Il se releva avec difficulté, un sourire carnassier largement affiché sur son visage. Il eut le droit à une grande droite dans la mâchoire. Une nouvelle vague de sang lui emplit la bouche. Il évacua le tout en la crachant sur la tronche du gros face à lui.

Cet acte eut pour effet de faire taire tous les rires tonitruants et de laisser place à celui de Pô. Le chef poivrot n’accorda pas un regard au Jônin. Il fixait avec une haine féroce le nécromancien. Humilié devant toute sa bande, il allait répliquer avec toute sa force et sa colère. Il balança grossièrement son poing sur le côté. Michiki le reçut en déplaçant rapidement sa main armé d’un kunaï. L’arme blanche se ficha dans la chair, arrêtant le geste. Le gros hurla de douleur et tâcha de stopper l’hémorragie en serrant avec sa main valide. Il se recula et beugla l’ordre à ses sous fifres de lui amener la peau du nécromancien. Enfin, ce détail là il l’ignorait. Du moins jusqu’à ce que Michiki en fasse une démonstration. Alors que les clients du bar se resserraient autour de lui, il lâcha le kunaï pour saisir un rouleau à sa ceinture. Il le déplia pour dévoiler six cercles tracés sur le rectangle blanc. Six figures géométriques qui disparurent pour laisser place aux cadavres des brigands qu’avaient éliminés Pô devant la sortie de la grotte. Et là, stupéfaction générale.

C’était visible à des kilomètres qu’il s’agissait de cadavres. De plus, certains connaissaient les morts face à eux. Il y avait là des frères et des cousins qui s’apprêtaient à frapper le Genin. Ce dernier s’esclaffa lorsqu’il entendit les gémissements de certains et lorsqu’il comprit les liens que partageaient ses adversaires avec ses pantins. Ce rire était effrayant d’ailleurs. A moitié chargé de sang à cause de ses blessures, donc sonnant comme un raclement de gorge, et l’autre moitié qui exprimait toute la folie qui habitait Michiki à ce moment-là. Il n’avait pas eu envie de se battre sur le début, mais maintenant il voulait. Il voulait semer la mort. Et ses nouveaux cadavres allaient rendre la chose plus divertissante.

Le corps tout entier du Kirijin était secoué de violents spasmes. Il leva ses mains, recouvertes d’un peu de son sang. Il voulait qu’elles soient à l’origine de la mort de certains se trouvant là. Mais il n’avait pas assez de force pour ça. Comment faire alors ? Une idée toute bête lui vint alors. Il se concentra un instant. Puis au bout d’un petit moment, il créa sans le vouloir une technique déjà existante. Il ignorait juste qu’il n’en était qu’aux prémices et qu’il lui faudrait encore gagner en force pour la maîtriser parfaitement. Mais pour l’heure elle suffirait. Il venait de concentrer du chakra dans ses mains, les transformant en arme de corps à corps. Sans le vouloir, Michiki venait de s’essayer aux célèbres scalpels de chakra. Il n’allait pas causer de gros dégâts internes comme c’était possible avec ce jutsu, mais la force de ses coups se retrouveraient décupler. L’aura bleue qui entourait ses mains vint frapper un premier adversaire qui se trouva avec une coupure sur le bras. Le flot de sang aspergea Michiki qui sembla se nourrir de l’énergie que dégageait le sang. Puis il se lança dans une danse macabre.

Il frappait n’importe où comme une vraie tornade et les malheureux qui s’approchaient en payaient le prix. Les cadavres l’aidèrent bien. Il encaissa quelques coups qu’il rendit au centuple jusqu’à qu’il ne reste plus que le directeur du bar, tapi derrière le comptoir, des chaises cassées et le chef, mort de peur maintenant. Son teint cramoisi alcoolisé avait repris une teinte aussi blanche que la neige qui couvrait le pays. Michiki s’avança délicatement vers lui. Il n’avait plus d’aura bleue sur les mains et les cadavres étaient de nouveau scellés. Le gorille était à genoux contre le comptoir, tout tremblant. Le nécromancien s’arrêta devant lui. Il regarda l’homme qui lui faisait « face » de haut. La tête du mammouth lui arrivait en dessous du menton. Michiki huma l’air un instant, toujours avec un sourire inquiétant, puis il parla au gros :

-Aaaah ! Tu vois ! C’est ça que je demandais depuis le début !

Le gaillard voulut parler mais il resta à bredouiller quelques paroles incompréhensibles. Michiki lui lança un sourire presque paternel pour l’inciter à s’exprimer. Mais comme il restait aussi loquace qu’un bègue, le nécromancien poussa un soupir d’exaspération. Il leva sa main droite sur le côté. Il lui restait assez de chakra pour exécuter cette action. Le sol en dessous de sa main se mit à trembler pour se soulever par endroit et former une faux à l’aspect terrifiant dans la paume du nécromancien. Le Genin souleva son arme, observa la lame d’un air satisfait avant de la mettre bien droite à côté de lui. Il remonta ses lunettes de sa main gauche, émit un sourire qui ressemblait à un rictus puis il s’adressa à une dernière fois au poivrot en chef :

-J’espère qu’ils ont de l’alcool pour toi et tes potes là où vous vous retrouverez.

D’un habile mouvement de poignet, il prit la faux à l’envers, la lame recourbée se drigeant vers le haut. Puis il embrocha le type avant qu’il n’ait eu le temps de le supplier ou n’importe quelle autre bêtise que font les scélérats avant de mourir. Ils pouvaient avoir un minimum de tenue quand quand même. Sans adresser un regard à son maître pour le moment, il entreprit de ramasser les corps en les scellant dans les rouleaux. Il en laissa certains, trop abîmés ou inutiles. Quand il eut terminé, il rejoint Pô à la table. Ils échangèrent un regard entendu, Michiki sourit puis ils terminèrent leur assiette. Le patron de l’établissement avait été tellement terrifié par le spectacle qu’il n’osa pas apporter l’addition. Mais Pô et Michiki lui versèrent de l’argent sur le comptoir. Pour le repas et les dégâts occasionnés. Et c’est ainsi qu’ils repartirent de Yuki. Cet entraînement avait été rude et il avait amené Michiki à se perfectionner dans les trois branches principales du shinobi. Le combat sur l’eau pour le Ninjutsu, la grotte de Yami pour renforcer son esprit et lui conférant ainsi un petit bonus face à des utilisateurs éventuels de Genjutsu basiques et enfin ce petit combat pour améliorer son Taïjutsu. Les Kirijins quittèrent cette terre qu’ils rejoindraient pourtant dans quelques temps pour la guerre contre Kumo. Même si ça, ils l’ignoraient encore à ce moment-là.