Le meilleur chien de garde est un loup avec un os [Shio/Kake]

Une simple mission de garde. Pourquoi pas, après tout, c’était bien là le devoir du Shinobi.

Dans le style traditionnel, on ne peut en attendre plus de la part d’un homme qui a respecté toute sa vie des préceptes enseignés depuis des générations. Ayant plié aux attentes du village, le vieux combattant avait préparé ses affaires et mit le cap vers les Portes principales du Village. Il s’était déjà imposé plusieurs fois cet exercice, que ce soit un ordre direct ou une décision personnelle. Après une petite trotte de moins d’une demi-heure, notre homme était arrivé sur les lieux et s’était installé de façon adéquate, pouvant – de sa position élevée – observer tout mouvement devant de près ou de loin. Assis sur un collecteur d’eau de pluie, son regard perçait inconsciemment le moindre visage, chaque pas de chaque personne. Quand on est soldat, le pire de tous les vices est de devenir soupçonneux. Bien plus que l’on ne le devrait. Un homme qui a vécu plusieurs générations de guerre avec ses épisodes psychotiques de pertes humaines, de trahison et de déception était contraint à changer. Kakeshuou Samui ne faisait pas exception à la règle : il s’était replié sur les dogmes du Ninja. Et chaque individu qui traversait ses portes, bien que présentant des papiers en règle ou étant affilié au Village caché de la Brume, pouvait désormais être un suspect potentiel ne recherchant qu’à nuire aux intérêts de Kiri.

Progressivement, dans l’attente la plus posée, les habitudes reprenaient leur place. Ayant porté inconsciemment la main sur sa sacoche à ustensiles de travail, le Jônin avait sorti ses armes. Profitant d’une surface lisse, il les rangeait – sans poser ses yeux dessus – par ordre de taille sur une ligne bien droite. Un vrai maniaque ! Mais il faut bien croire que des hommes come le Lion des Neiges sont cibles de tics dont on ne se débarrasse pas aussi facilement. Pourquoi ces armes ? Il n’avait rien d’autre sous la main. Certes, il aurait pu se mettre à fumer, mais il tentait de réduire sa consommation dernièrement. Après tout, il risquait sa vie à chaque mission, peu importe son rang. Autant essayer de rester en vie le plus longtemps possible : arrêter progressivement la fumette ne lui ferait pas de mal … .

Le jour passa plus rapidement qu’on ne pouvait le croire. Ayant plusieurs fois effectué son rituel, notre vieux briscard avait fini par ranger son matériel et à quitter son perchoir. Rien de bien affolant pour aujourd’hui ; durant la fin d’après-midi, plusieurs gardes s’étaient approchés d’un convoi pénétrant l’enceinte située derrière le tunnel du Nord. Mais il ne s’agissait que d’une troupe de retour de mission. Des nouvelles de l’extérieur, des collègues très certainement. La conversation avait duré cinq minutes, puis dix minutes … . Le vétéran était descendu pour signifier de son regard perçant la nécessité des hommes à retourner à leur poste. Ceux-ci s’exécutant rapidement, il était retourné sur sa position initiale. Mais maintenant que l’obscurité tombait peu à peu, tout portait à croire que la relève aurait bientôt lieu. De son côté, le membre du Clan Samui comptait rester encore un peu. Il n’était guère fatigué … et préférait s’occuper l’esprit en bougeant plutôt qu’en restant chez lui pour de la lecture.
Au sol, il avait rejoint la première faction d’inspection.

~ Je me charge des torches, je vous laisse continuer jusqu’à la relève officielle … .

D’un signe de tête, les Siens avait acquiescé avant de le quitter. Depuis peu, l’ancêtre bénéficiait d’une nouvelle respectabilité. Son rang, mais aussi sa réputation, semblaient lui apporter un nouveau statut, un regard neuf de la part d’un village militaire qui l’avait longtemps vu comme un vieux grigou ancré sur ses principes ancestraux. A vrai dire, cela le peinait. Non pas le côté grincheux, mais celui qui visait à lui donner une notoriété toute neuve pour une bête question de prestige et de rang. Pour lui, il n’en demeurait pas moins un homme, aussi capable – et peu capable – qu’un autre, et sans se poser de questions. Chez notre homme, les ambitions personnelles sont difficiles à trouver. Lorsqu’elles existent, c’est dans l’unique but de servir son village et son Clan. Un véritable automate, qu’on ne pourrait dévier de son rôle et de ses engagements.

Allumant les torches situées aux angles des rues les plus proches, la place progressivement plongée dans la nuit se trouvait teintée d’une drôle d’ambiance, presque ténébreuse. Le jeu d’ombres s’emparait des lieux, et aiguisait l’esprit méfiant de notre chasseur. Un instant immobile, observant les lieux, il pensait avoir scruté quelque chose. Mais préférait l’ignorer et passer à la suite. Et cherchant cette fois-ci un espace directement en contact avec le sol, il se décida à poser ses fesses sur le sol poussiéreux, reprenant ses habitudes étranges de classements d’objets tranchants. Seul au milieu de la place et dans le silence, le voilà l’un des rares gardiens de ce lieu.
Mais il sentait bien une présence dans les environs. Une menace ? Peu de chances, il aurait repéré cela bien avant … . Une personne dans le bon camp ? Laissons-le s’approcher. Mais on n’efface pas en un instant des années de vigilance : et de façon discrète, Kakeshuou Samui récupérait un kunaï qu’il dissimulait dans l’ombre de son poignet. L’homme sage est toujours prêt à agir avec discernement … et sans hésitation lorsque cela est nécessaire.

« Faire le bien sans chercher de récompense ; fuir le mal sans craindre le châtiment : homme rare sous le ciel. »

La journée fut consacrée au clan Kaguya, j'avais eu deux trois affaires à régler, en tant que petit fils adoptif du chef du clan, j'étais à une place importante et au centre des attentions. Je devais chaque jour prouver un peu plus mes valeurs et faire valoir mon respect. Pour cela, il me fallait me battre, faire de la paperasse, régler des conflits internes, contrôler l'image que le clan reflète. Concrètement je n'avais plus beaucoup de temps libre ces derniers temps. Une fois de plus la journée fut chargée et désormais j'étais envoyé aux longs tunnels. Ma fin de journée allait être rythmée par des tours de gardes. La nuit commençait à tomber sur le village, c'était parfait, j'aimais particulièrement ces rondes lorsque la nuit avait pris place. C'était dans un tout autre décor que Kiri se dévoilait la nuit, d'autant plus que l'astre blanc serait là pour me surveiller. Le clan avait aussi prit ses précautions, en effet deux confrères que je connaissais bien m'avait été assigné, toujours ensemble d'ailleurs. Shinzo et Shujo, je n'avais pas vraiment de relations particulières avec ces deux là. Mais je ne crachais pas sur de la compagnie, je savais à quel point les tours de gardes pouvaient être long lorsque la solitude nous accompagne.

Nous étions dans aux quartiers résidentiels, en effet j'avais besoin de remettre quelques documents à mon père avant d'effectuer ma tâche. Une fois cela fait, nous étions prêt. Mon accoutrement était comme depuis quelques temps le même, ce chapeau dissimulant mon visage meurtri, ce grand manteau avec cette corde le traversant. Sur celle-ci des clefs y étaient accrochés, plus d'une étaient celles des geôles du village caché de la brume. Néanmoins un petit médaillon de glace venait quant à lui illuminer le tout, il s'agissait du cadeau de la jeune Samui Yuki. Ce petit bijou avait une valeur particulière à mes yeux, j'y tenais bien plus que tout les documents confidentiels de Kiri ou autre. C'était un cadeau et rare étaient les personnes à m'en avoir fait, pour être franc la jeune manieuse de glace était la première. Prenant le pendentif dans le creux de ma main droite, je l'observais l'espace de quelques instants, toujours rêveur, préoccupé par mes pensées, j'en oubliais même ma petite mission du soir. Peut-être que dans le fond je me rendais compte qu'il y avait plus important que le clan. Je n'avais pas vraiment eut le temps de réfléchir à la question, Shinzo et Shujo venaient de me tirer de mes pensées, me rappelant notre tâche :
✘ Ne me dîtes pas ce que je dois faire ...
Au moins les règles étaient fixées dès le début. Il est vrai que je détestais qu'on me rappel sans cesses mes objectifs ou tâche à accomplir. J'estime avoir passé l'âge pour recevoir leur conseil, d'autant plus que ces deux là étaient de vrai tire au flanc. Bref, nous arrivions près des long tunnel, les clefs sur ma corde faisaient un petit bruit aigu de temps en temps quant l'une d'elles se touchaient, un petit bruit qui rappelait en quelque sorte notre rôle à Kiri. Nous étions là pour surveiller, protéger et tuer, certains habitants avaient peur à notre passage, il est vrai que le clan n'était pas tellement apprécié des autres. Mais notre force et courage à nous battre n'était qu'un avantage pour ces derniers puisque nous les protégions au péril de notre vie. Pour moi, peu m'importais, qu'on m'aime ou non, j'étais à pour accomplir mon rôle, ma tâche de shinobi et s'y possible laisser une trace avant de partir, mais ça c'était autre chose. Soudain je sentis un énorme chakra non loin de là, je ne le connaissais guère. Ordonnant à mes deux compagnons d'aller faire un tour, je m'approchais seul de cet homme...
✘ Tu peux ranger ton arme, je ne te ferai pas de mal Kirijin.
Effectivemment j'avais remarqué son bandeau sur son front, il était donc lui aussi du village caché de la brume. Étrange je ne l'avais jamais remarqué par le passé, surement que nos routes n'étaient pas faites pour se croiser. J'avais aussi bien remarqué son Kunaï dans son poignet, bien que dissimulé, on apprend pas à un singe à faire la grimace. J'aurai pus faire de même pour assurer totalement ma protection, mais je ne sentais pas de danger chez cet homme, il semblait bien plus calme et sage que certains Kirijins et pourtant sa force était remarquable, je pouvais sentir son chakra sans même avoir à activer mes dons. Intéressant. Mon âme de guerrier s'éveilla quelques instants, un combat avec cet homme ne pouvait être que fabuleux et titanesque, serait-il un adversaire dans le futur ? Je ne le savais encore, mais rien que cela m'excitait. Remontant alors mon chapeau pour dévoiler mon visage meurtri, je me présentais à lui, en espérant qu'il n'est rien contre les borgnes :
✘ Nous ne nous sommes pas rencontrés par le passé, je pense que des présentations sont nécessaires. Je me nomme Kaguya Shio et toi ?

Un … Kaguya ?!?
Sur cette présentation, la main droite de notre homme avait machinalement fait tourner l’arme autour de son index, avant que ses doigts ne se referment fermement sur le manche ; l’outil était prêt à l’emploi ! Et tout semblait indiquer que le vieux ninja allait sauter à la gorge de l’homme qui venait de s’approcher de lui. Heureusement que son regard restait couvert partiellement par une tête penchée et une chevelure des plus abondantes parmi ceux qui fréquentaient les salons de coiffure à Kirigakure no Sato. Bien que cela n’ait duré d’une demie-seconde, Kakeshuou Samui réalisait bien son erreur dans le geste qu’il venait de commettre. Certes, les jeunes générations oubliaient progressivement le long conflit qui avait usé les clans de la Glace et des Os. Ces derniers apprenaient désormais à vivre et à agir en partenariat, dans une bonne ambiance qui ne faisait que rendre le village plus puissant. Mais de leur côté, ceux de la vieille génération restaient toujours si durement imprimés dans un ancien modèle répressif, où la violence était un moyen pour se dire bonjour, et la mise à mort une manière adéquate de se dire au revoir. Concrètement, la différence relationnelle était à l’image de Yuki Samui et de son oncle ; si la première était toute prête à nouer des relations d’amitié avec ce Clan ancestral du Pays de l’Eau, le second était toujours attaché à d’anciens réflexes, même si ces derniers n’étaient pas les meilleurs dans la situation actuelle.

Les jambes croisés, il fit usage de la force qu’il avait dans les membres pour se donner l’impulsion nécessaire, et se redressait pour se confronter à son adversaire. Même s’il n’avait pas été surpris par l’approche du personnage – on se laisse rarement prendre à revers par un homme dégageant une telle aura – son identité restait un choc. Etant donné l’âge de cet homme, il était très certainement au courant du conflit millénaire qui avait opposé leurs deux clans. Mais tentons autre chose : il ne fallait pas montrer que, pour le quinquagénaire, ce conflit restait encore important. Désormais droit, l’homme présentait son visage. Froid et rigide. Entre ses doigts, il faisait virevolter cette arme qu’il avait jusque là saisi avec tant d’ardeur. Une façon de rester calme, sans doute. Et il cachait ainsi sa réaction trop brusque.

~ Je suis Kakeshuou. Kakeshuou Samui, du Clan Samui. Et, effectivement, nous n’avons jamais eu l’occasion de nous croiser jusqu’à présent … .

Faisant tourner une dernière fois l’arme entre ses doigts, celle-ci disparut dans les plis de sa manche, le laissant un instant libre de ses mouvements … . Et dans un geste ample, il tendit son bras, laissant jaillir le kunaï qui alla se ficher dans une poutre en bois soutenant une devanture de magasin. Son corps ayant légèrement suivi le mouvement du jet, le vieux briscard ramassait son corps, et retournait chercher son outil de travail. Même s’il ne le regardait pas directement, il ne perdait pas pour autant l’attention qu’il lui portait.

~ Il y a peu, un conflit très fort a conduit nos deux espèces à s’opposer sur le plan politique, au sein de Kirigakure no Sato. De ce conflit a failli naître un affrontement meurtrier, une véritable guerre civile … .

Un évènement vieux de moins d’un an. Mais qui restait assez fort ! Avec l’arrivée au pouvoir de Kaguya Tenzö et de nouvelles règles au sein du village caché de la brume, le Clan Samui avait fait savoir sa réticence à voir un tel pouvoir sans avoir son mot à dire. En tant que représentant officiel du Clan, nul doute que votre serviteur avait eu un rôle dans cette histoire. Colporteur de l’avis des Siens, il avait manqué de peu l’arrestation et l’exécution par les autorités. Mais grâce à un habile tour de manche, il était parvenu à rétablir un semblant de paix entre ces ennemis éternels.
Mais tout cela ne cachait en fin de compte qu’une profonde scission au sein de Kiri. Si on se réfère à une théorie ethnique, on put dire que Kakeshuou Samui était raciste. N’y voyez pas le terme portant sur le darwinisme social : il ne croyait pas en l’infériorité d’une race sur une autre (encore que le conflit Samui/Kaguya eut pu faire naître ce genre de sentiments). Mais un tel rejet de ce clan dénotait nécessairement une discrimination forte héritée de plusieurs décennies de guerre clanique avant la création du village. Passons ; si certaines choses lointaines doivent rester dans le passé, d’autres ne sont pas assez éloignées pour les oublier. Et en l’occurrence, quelque chose titillait l’esprit de notre homme.

~ Or, je ne crois pas t’avoir aperçu au sein des troupes envoyées par le précédent Mizukage. Il y avait certes le Misuto ; mais aussi les membres du Clan Kaguya. Et il serait étonnant qu’un homme dégageant une aura comme la tienne n’ait pas été assez puissante à l’époque pour participer à un fait aussi grave … .

Dans la poutre de bois, il taillait une minuscule cible. Ayant fini son ouvrage, il retournait près de son interlocuteur, kunaï en main. Il était curieux d’en savoir plus sur cet homme. Sur son histoire, son implication dans le village, et ses capacités personnelles. Désormais proche du personnage attisant sa curiosité, il lui tendait l’arme blanche. Le binôme se trouvait à une cinquantaine de mètres de la cible riquiqui. Cet homme serait-il capable de faire mouche, à ses questions comme à cet exercice ?

~ Quelles raisons t’ont laissé hors des activités de ton propre clan ? Et comment se fait-il qu’un homme tel que toi soit inconnu des principaux membres du village … ?

« Faire le bien sans chercher de récompense ; fuir le mal sans craindre le châtiment : homme rare sous le ciel. »

Un Samui, mon regard se posa d'un seul coup plus brusquement sur son visage, comme si une tension venait de naître. Et pourtant il n'y en avait aucune pour ma part, je ne faisais que représenter l'image de mon clan, je me faisais passer pour un autre c'était ma mission. Malgré tout je ne me faisais pas méchant ni même offensif, je me contentais juste d'être absorbé par les paroles de cet homme. Il est vrai qu'au moindre dérapage de notre part, la moindre petite faute, chacun de nous pourrait alors s'énerver et devenir plus sombre. Tu es donc un Samui et je dirai vus l'intensité de ton chakra que tu dois être dans les hauts gradés de ta famille. Il est vrai que tu te fais imposant et je pense que tu le sais dans le fond, bien qu'il vaudrait qu'aucun de nous ne nous sous estime, pour le bien de la discussion. Je vois d'ailleurs que tu as un grand nombre de questions à poser. Pourquoi une telle soif d'information ? Que vas-tu en faire ? Ai-je un homme en face de moi, avec des valeurs et de l'honneur, ou un chien du clan Samui qui ira tout raconter par la suite. Puis-je faire confiance à un homme que je connais pas ? Il y avait là beaucoup de remises en question.

Pourquoi voulait-il me rappeler la guère de mon clan, ce passage me fit froncer les sourcils, je ne comprenais pas. Où souhaites-tu en venir Samui, que nous ne devrions pas nous croiser ? Je pense pour ma part que cette rencontre est parfaite pour des hommes tel que nous, mais dans le fond penses-tu la même chose ? Il est vrai que notre sang n'est pas le même, mais au plus profond de notre âge, une rage guerrière sommeille. Dans le fond ce soir, c'était la rencontre des deux clans après les conflits, chacun représentant au mieux son clan, son image et sa politique. Sa manière de parer, ses geste, ses attitudes, tout se rencontraient. Observant ainsi la suite des évènements, celui-ci s'étonnait de mon absence, il est vrai qu'il ne pouvait pas savoir mes conditions de vie. Je n'ai jamais vraiment connu Kiri, je suis encore à sa découverte, jeté dans un monde que je ne connais guère et où pour moi la meilleure manière d'exister est de se battre. Peut-être avais-je tort, mais les épreuves de la vie m'avaient prouvé qu'ici, se battre se révélait la meilleure monnaie.

Continuant alors, il me posa des questions un peu plus précises,celles qui sont un peu plus indiscrètes, celles qui laissent un long silence et plonge dans une certaine réflexion. Je trouvais que cet homme posait beaucoup de questions, mais dans le fond il remplissait un rôle qui lui était propre. Je m'étais assez caché des autres, il était tant de faire parler de moi, que je libère mes ailes. Je comprends tes questions Kakeshou, un homme qui se fait puissant et inconnu de tes yeux d'ancien du village. Dans le fond cela te choque-il vraiment ? Penses-tu que tout les hommes sont honnêtes ? Il y en à bien certains qui œuvrent dans l'ombre, je ne suis qu'un prototype du clan, un enfant éduqué dans le secret, entraîné sans relâche pour devenir quelqu'un. Je ne suis que le reflet du clan, son porte parole, désormais c'est en moi que les espoirs sont placés. Mais cela, tu ne pourras que le deviner par toi même.
✘ Il se pourrait que parfois certaines personnes souhaitent cacher leur plus belles armes. Par peur de les user, briser, trop tôt. Alors elles les confinent dans un lieu et la prépare, lime, tout les jours jusqu'à ce qu'elle soit prête et dès plus tranchante. Je suis cette lame, je suis le bras du clan Kaguya.
Marquant une légère pause, j'espérai que le Samui ne prenne pas mal mes paroles. Je me devais de me faire diplomatique, je ne fus guère précis dans mes propos, je ne laissais que des "et si" "peut-être", des suppositions que l'homme devrait se faire de lui même. Je n'allais pas lui en dire plus sur moi et par ailleurs je ne lui ai toujours rien demandé. Serait-il aussi réceptif que je ne l'avais été. Néanmoins j'allais encore lui parler un petit peu, j'allais même me trahir et lui apporter quelques détails. Dans le fond ce n'était même que quelques précisions dévoilant une facette de ma personnalité, un moi plus docile et moins agressif, bon ou mauvais je ne savais pas, cela dépendait des personnes :
✘ Mais ne te méprends pas, je n'ai aucune rancune envers votre clan. Je ne suis pas là pour prendre partie, si je suis ce que je suis c'est pour l'image d'une famille. Un égo peut-être sur-dimensionné, un besoin sans cesse d'être les meilleurs. Donc je suis. Mais cessons de parler de moi, qu'est-ce qu'un homme tel que toi s'enquiquine à faire des rondes de gardes ? Tu ne devrais pas être sur une mission importante ou possèdes-tu tout comme moi le besoin de prendre l'air de temps à autre ?

Des réponses intéressantes, et une gestuelle assez amusante. Ainsi, tu refusais l’arme que je te tends ? Une mise à distance, malgré tes propos ? Nous verrons bien … . Ramenant son bras et l’objet pointu vers son corps, Kakeshuou Samui esquissait un sourire. Ce qui disait l’homme était très instructif. Le bras du Clan Kaguya ? Ainsi, ces vieux sacs d’os sont capables de garder des atouts en réserve … . Fut un temps, ils préféraient se jeter dans la mêlée avec leurs plus jeunes recrues, dans le seul espoir de gagner la moindre bataille. D’ailleurs, tout le monde faisait comme cela ! Ce n’était guère étonnant de voir des hommes s’affronter et user de toutes les stratégies possibles et imaginables. Même si, dans le cas précis, les guerres intestines entre le Clan des Os et celui de la Glace avaient portés les assassinats et les pratiques guerrières au summum de l’art le plus violent et le plus déshonorant. Une époque que notre homme a bien vécu de ses yeux ; et qu’il ne peut oublier, aussi bien pour ceux qu’il a éliminé sans pitié, que pour ceux qui sont morts dans ses bras. De la rancœur ? Pas vraiment. Mais il est une éducation, un style de vie dont on ne peut se défaire lorsque l’on a été éduqué dans ce sens. Dans ses plus jeunes printemps, le vieux Samui avait appris à différencier les Siens du Monde. Famille contre ennemis, Bien contre Mal : inutile d’en savoir plus. Et même si la donne avait changé depuis, impossible de voir les choses autrement encore aujourd’hui. Oui, notre homme est un vestige. Une relique d’un temps passé, et pourtant parfois encore tellement fort chez l’ancienne génération. Une ancienne génération qui ne demande qu’à former la nouvelle, et à la replonger dans des préceptes hors du temps et des circonstances … .

La preuve avec cet homme. Il était l’arme secrète des Kaguya : ces derniers étaient donc prêts à tout mettre en œuvre pour conserver un atout ? Et pourquoi pas. Si le Pouvoir revenait à un homme aussi abrupte et sévère que Kakeshuou Samui, pouvait-on s’attendre à une guerre civile, et à la mise en place d’un génocide ? Ce genre de fait n’est pas inenvisageable. Les Samui n’étaient pas passés loin de l’extermination sous le règne de Kaguya Tenzö. Si aujourd’hui le vieux Lion des Neiges était le plus haut représentant de son Clan, cet homme serait certainement son rival ; en bien des points.
Mais le quinquagénaire souriait à cette idée. Une nouvelle carte dans un jeu de tarot. Un valet ou un roi ? Une pisse ou un atout majeur ? Il y a tellement de questions à se poser lorsque les choses connaissent un retournement brutal et inattendu. Tu viens d’intégrer la Lumière dans un monde de Ténèbres. Désormais, mon Sang aura un œil sur ta personne, sois-en sûr … .

Mais c’était également la personnalité de cet acolyte de mission qui autorisait le vieux briscard – habituellement rigide – à présenter un faciès satisfait que peu de personnes connaissaient ! Il était rare de trouver quelqu’un parlant ainsi des Siens. L’utopie de la paix dans un monde en guerre perpétuelle, l’espoir de voir un renouveau, ou une puissance émerger au dessus des autres plongeaient les jeunes loups dans un rêve ridicule, leur faisant oublier toute valeur. Les pratiques du précédent Mizukage avaient démontré au grand jour cette volonté de saper l’autorité et l’influence des Clans. Former les jeunes en dehors de leur cercle clanique, cette ineptie ! Finalement, certaines défaites sont préférables … . Quoi d’autre la prochaine fois, spaghetti obligatoire dans tous les foyers le Samedi … ?!?
Redevenons sérieux un instant. Après ce rictus, le Jônin s’était rassemblé, se plaçant à côté de son partenaire et avait porté son bras en arrière, kunaï toujours en main.

~ Je suis soulagé de voir que, même chez mes adversaires, on garde un peu de bon sens … . Il n’existe rien de plus précieux que le Clan. Ceux qui se détournent de cette voie en espérant que le Village les sauvera sont des faibles, incapables de prendre la pleine mesure de la responsabilité pesant sur un Ninja … . Et il n’y a absolument aucun mal dans ce fait naturel !

Sur cette dernière phrase, l’intonation alla crescendo pour accompagner l’élan du vieil homme. Se penchant en avant avec force et vitesse, l’arme prit son envol et alla droit vers la poutre ! Située à une vingtaine de mètres, elle se ficha dans la poutre, en bas du quatrième cercle. Notre homme avait raté le mille de peu ! L’âge sans doute ? Apercevant cette piètre performance, une grimace se dessina sur le visage de l’homme qui passa une main rageuse dans son épaisse chevelure ; comme pour y trouver la raison de ce mauvais lancé ou une autre arme pour renouveler la technique. De dépit, il se lançait en direction de la colonne pour récupérer son bien.

~ Et pour répondre à ta question, je te répondrai de façon très simple. On m’a confié cette mission de garde, je m’exécute. Inutile de voir plus loin. Malgré mon âge et mon « expérience », je reste un combattant au même titre que les autres. Et puis … il est vrai que prendre l’air tout en accomplissant son devoir n’est pas sans intérêt … .

Ayant récupéré son bien, il l’observait un instant, comme pour y repérer un défaut qui expliquerait son erreur. Mais non, rien. Le métal brillait, il restait solide, et rien n’aurait pu changer sa trajectoire. Il y a des jours avec et des jours sans ; c’était donc un jour sans. Maugréant intérieurement, il tournait les talons et revenait sur la ligne de tir. Une nouvelle fois, il tendait l’arme à son collègue. Peut-être voudrait-il lui faire démonstration de la puissance de la « carte maîtresse du Clan Kaguya » ?

~ Mais je pourrais en dire autant de toi. C’est la première fois que je te vois à ce poste, je pourrais donc m’interroger sur tes intentions et sur ta présence. Quels sont tes objectifs maintenant que ton existence est « dévoilée » au village ?

« Insouciant du passé, futur incertain. »

Je voyais beaucoup de sagesse chez cet homme, on sentait particulièrement que les années passées lui avaient offert une forte expérience. Je ne saurai vraiment juger ses capacités, mais autant dire qu'il aurait pus être un honorable adversaire. Je me voyais déjà échanger le fer contre un shinobi de son nive, ô moi et mes rêves de guerriers. Cependant, il fallait que je revienne vite à la raison, le vieux avait aussi la langue pendue, mais bon cela ne me dérangeait pas, en tout cas pas pour le moment. Mon ancien senseï m'avait toujours apprit que des anciens nous apprenons bien plus qu'avec des livres. Et dans le fond, un problème ne peut être mieux expliqué par quelqu'un l'ayant rencontré ? Qui pouvait oser dire le contraire ? Kakeshou, je suis bien curieux de t'avoir rencontrer en ce soir, est-ce maintenant que je dois apprendre ? Cette discussion ne serait-elle pas en fait qu'une leçon. Ou serait-elle un banal choc des générations ? Pour ma part, j'apprenais déjà beaucoup avec une telle prestance. Bien que je sois Jônin, je ne cessais de retenir et mémoriser tout ce qui pouvait m'être utile.

Il n'y avait que réfléchir un temps soit peu aux mots de l'ancien. C'était comme si ces derniers tombaient parfaitement à un espace temporel précis, il n'y avait pas d'hésitations, pas de flottements ou tremblements de la voix de l'interlocuteur. Non, la prestance, l'intonation et le charisme avaient balayé la précédent liste. C'était honorable. Il fallait tout de même savoir reconnaître un grand homme quant on l'avait devant soi et c'était le cas. Kakeshouu était impressionnant, mais je ne pouvais me permettre de le lui dire, c'était ça être un Kaguya. D'autant plus face à un Samui, notre fierté était surement dix fois trop imposante, néanmoins nous étions ainsi et j'avais grandi dans une telle morale. Là où les progrès ne sont jamais félicités et où l'entraînement devient une lutte pour survivre. J'avais connu tout ces tourments, ces années passées dans l'ombre, ce temps qui ne s'écoule pas. Et me voilà en plein sous les projecteurs, je suis l'acteur qui doit émouvoir et surprendre le public, Kiri prépare toi. J'aurai aimé te dire tout cela mon vieil ami, mais je ne le peux, tu comprends ? Mon clan n'apprécierait pas que vos manieurs de glaces possèdent une telle information :
✘ Je ne suis là que pour une simple mission de garde. C'était de mon propre grès, j'avais besoin de prendre l'air, d'observer la lune et de mes laisser bercer par sa splendeur.
Levant la tête vers le ciel, je me grattais alors la tête. Je ne savais pas vraiment si je pouvais tout lui raconter. Et dans le fond je préférai garder le mystère pour le moment. J'avais un réel but à jouer à Kiri et il ne fallait pas sous estimer les projets du clan Kaguya. Et pour le moment je ne pouvais lui réveler les raisons de mon existence dévoilée au grand jour. Après tout je ne sors presque que la nuit, je ne suis pas dévoilé au grand jour de ce fait. Oui c'était nul. Mais bon je m'étais compris, cependant je savais que bientôt d'autres se poseraient autant de question et qu'il serait plus difficile pour moi de mentir. Mais je ne m'en faisais pas, mon clan était bien placé et savait se faire entendre, je n'aurai guère besoin de dire grand chose. Observant alors l'homme je pris la peine de lui répondre et de lui donner quelques explications :
✘ Parfois, il y à des secrets qu'on ne peut dévoiler. Tu vois de quoi je parle ? Donc pour le moment considère moi comme un simple et banal membre du clan Kaguya. Mais bon, ne mourrons pas ici, allons nous faire un feu, la nuit s'annonce longue et j'ai de quoi nous faire un repas.
Invitant donc l'homme à me suivre, je ne savais pas vraiment si il le ferait ou non. J'espérai qu'il ne soit pas vexé part mes réponses, en tout cas je voulais qu'il comprenne que je ne pouvais et non ne voulais pas lui répondre. Après, c'était à lui d'interpréter ceci comme il le voulait. J'avais quelques regrets, j'aimerai tant pouvoir avoir un vrai ami, quelqu'un a qui je pourrai tout raconté, mais les relations humaines ne sont pas mes forts. En effet je le voyais encore une fois, j'avais l'impression de ne jamais trouver les mots justes, devais-je faire un effort ? Bon, soyons gentil un peu :
✘ Et puis les langues se dénouent plus facilement autour d'un bon feu et nous avons beaucoup à apprendre l'un de l'autre ...

Malgré les réponses engagées par son interlocuteur, Kakeshuou ne parvenait pas à tirer des informations. Restant jusque là attentif et sérieux, il n’avait pas démoulé son visage, n’attendant que ses réponses ; et une information à se mettre sous la dent. Mais voilà : il est des fois où on ne parvient pas à ses fins. Et c’est bien dommage. Allons, mon vieux : te crois-tu dans une guerre opposant des frères ? Réponse affirmative ! Non seulement certains clans resteront toujours ennemis malgré les circonstances pouvant exceptionnellement les unir ; mais en plus, ils ne sont pas frères ! Et on ne pouvait pas compter sur le vieux grincheux pour déroger à ces règles. Un ninja n’est pas un humain. C’est un produit. Fabriqué dans un moule avec des matériaux précis. Il est destiné à un usage, à une fonction. Il est utilisé, déplacé, manipulé par des personnes voulant jouer avec. Et lorsqu’il n’est plus efficace, lorsque le sifflet à propos du « serpent dans la botte » ou le parachute déchiré ne marche plus, … on le jette. Ni plus ni moins. En attendant que l’usage vienne, on lui suce la moelle, on lui casse une ou deux jambes … . On peut même se permettre de lui arracher un membre ! Mais une fois qu’il est trop vieux, qu’il est handicapé ou à la frontière de la mort, il n’y a plus qu’une chose à faire. Pour les moins utiles, on attendait qu’ils succombent à l’ennui derrière des travaux de paperasse. Pour ceux qui s’étaient illustrés par quelque moment de gloire pendant leur carrière, on leur confiait une dernière mission afin de mourir en héros. Ou quelque chose qui y ressemble. Le but du soldat de l’Ombre ? Avoir le droit à ce dernier honneur.

Mais pour cela, chaque homme traçait sa voie. Et lorsque le Kaguya proposa à son homologue une petite fringale au feu, et lui tourna le dos pour montrer le chemin, Kakeshuou Samui se surprit lui-même à sourire ! Un petit malin, qui savait mener les gens par le bout du nez. C’était certainement un bon ninja ! Lorsque l’on sait garder ses secrets, on est capable de bien des talents. Cachant bien vite cet aveu de sympathie et de cœur tendre, le vieux Jônin retrouvait son visage glacé, mais emboitait quand même le pas. Voyons voir ce qu’il veut proposer avant tout ; nous verrons bien la suite.
Sur quelques pas, sans pour autant quitter le Tunnel d’entrée des lieux, le duo se posait dans un coin. En quelques minutes, le brasier prend et la lumière forme ses ondes, repoussant les ombres vers les ruelles voisines. Le Sac d’Os espérait que l’ancien se mette à la causette libre pour un peu de lumière et de chaleur en pleine nuit ? Merci, mais le vieux briscard a déjà bravé plusieurs fois le vent et même la pluie sans broncher dans ce genre de mission. En revanche, il était clair que passer cette soirée en compagnie ne serait pas nécessairement désagréable. Voyons voir ce que deux parfaits inconnus, ennemis par le Sang et l’Histoire, peuvent bien se dire par le temps et l’heure qu’il est.

Hé bien, pas grand-chose à vrai dire ! Les deux hommes, bien qu’attentifs aux portes du village, s’étaient contentés ces trois dernières minutes de placer leurs mains face aux flammes, afin de les réchauffer. Ne regardant même pas son interlocuteur, l’ancien restait pour l’instant pensif. Il commençait à se demander si cette rencontre était vraiment le fruit du hasard. Cet homme aurait-il été envoyé pour le surveiller ? Après tout, on ne pouvait pas dire que le Clan Kaguya basait sa réputation sur ses sourires en pleine rue et à un travail de collaboration avec les instances et autres Clans de Kiri. La preuve avec la nomination du précédent Mizukage … . Ce qui, justement, soulevait des questions.

~ Comment ton Clan prend-il les évènements ? Il n’a que très peu participé à la guerre, et pourtant, vous avez perdu un atout précieux avec la mort du Yondaïme, non ?

Voilà la splendide et magistrale démonstration de tact et de sympathie de la part d’un vieux loup à peine sorti de la grotte en plein hiver ! Et pourquoi ne pas demander pourquoi ces sardines aux arêtes visibles si certains au sein du Clan souffraient de cancer des os ! On ne pouvait pas vraiment s’attendre à la plus petite trace de gentillesse et de diplomatie chez le quinquagénaire lorsqu’il était face à un Kaguya en plein jour ; alors, la nuit … . Autant rêver en couleur sans filtre !
En même temps, la question n’était pas dépourvue d’intérêt ! Chaque Clan avait connu son calvaire lors de la guerre. Parfois lourd pour le village entier : la perte d’un Mizukage, la désertion d’un Epéiste et d’un membre du Clan Jisetsu ; d’autres, des pertes plus intimes : les Samui et les Kaguya avaient subis le gros de la guerre. Mais sur les Manipulateurs de Glace étaient parvenus à libérer les leurs, on ne pouvait pas en dire de même pour les Manipulateurs de calcium. Savoir comment se portait le Clan ne serait pas superflu ; bien que l’on pouvait déjà entrevoir l’état réel du Clan. Si, après avoir travaillé des années sur ce spécimen, ils avaient décidé de présenter au monde leur meilleur atout, on ne pouvait que croire qu’ils avaient besoin de retrouver leur place sur la scène politique et militaire du Village. Et d’ailleurs, à ce sujet …

~ D’ailleurs, un remplaçant est arrivé … . Tu l’as rencontré ?

« Insouciant du passé, futur incertain. »

Tu sais mon vieux, comme je dis souvent. Vaut mieux avoir un ami près du feu, plutôt que sur un champ de bataille. De toute façon pourquoi rallumer une vieille guerre, tu penses pas que y a eut assez de blessés ? Franchement, je veux pas perdre un bras pour ce clan. Ah tu comprends pas ? Je n'ai pas d'attache, qu'est-ce que m'a apporter le clan ? Rien. Si ce n'est un toit et encore ... Je préférerai dormir dehors. Et vieux sage de Kiri, qu'est-ce que t'as apporté ton clan ? Ne me parle pas de valeur ou encore d'expérience, j'ai vu des loups solitaires comme nous bien plus mature. Je ne te parle pas de matérielles, je te parle de bonheur. Tu te sens heureux toi ? Dis moi ton secret, je ne vois qu'ici de la brume, pas toi ? Allez fais pas l'aveugle, t'as un borgne en face de toi. Alors si moi je la vois, tu connais la suite.
J'entends le crépitement de feu, comme de petits impacts, la guerre se propage et ne laisse que des flammes. L'éteindre nous meurtrit tous alors, car même si le feu fait mal, il est nécessaire. Tu vois c'est toute une vie réunit dans un petit coin de feu, c'est triste à dire. Arrête je me morfonds, dis pas que tu le lis dans le visage, bien que tu tombes juste. Mais ne le prononce pas, ne pose pas de questions, bien que tu sois un confrère nos sangs ne sont pas dans les confidences. Ne me fais pas la moral je les connais les vieux tours, j'ai passé l'âge papi.

C'est drôle d'avoir un ancien devant soi. On se sent mitigé entre le respect et la pitié. Bien que tu dégages encore énormément de respect. Mais je me dis quelque chose, un jour où l'autre on vieillit. Tu le vis bien ? Pas trop dur de regarder les années défilées et d'y être impuissant, sentir son corps attendre sa limite ou autre. Je sais pas comment tu fais, j'aimerai resté jeune toute ma vie, ne pas avoir me soucier de la mort. De toute façon je mourrai bien avant sur le champ de bataille, je me fais pas de bile. Espérons que ce soit un beau combat au moins, paraît que ce sont généralement les plus spectaculaires, même que certains en pleurent après. Ça doit être pas mal. Franchement tu trouves ça pas drôle d'ôter des vies et de pas savoir ce que ça fait ? Avoue, c'est idiot.
Fin, tu dois connaître tout ça, je te ferai pas de grand discours, c'est pour ça que je reste silencieux, je sais que tu sais. Réciproquement t'es pas bavard aussi, quoi que tiens, tu te décides à parler. Mais bon, me parler du Yondaïme et de sa mort c'est pas fameux. Par la même occasion tu sondes l'état de santé mental du clan. Malin, mais mal joué face à moi. Je te rappelle que j'ai appris toute ma vie à me taire, que je fus formé pour me battre et rien d'autre.
? Tu sais le clan est habitué. Nous connaissons les risques d'une telle vie et les Kaguya ont le don d'apprécier les effluves de sang et ces os qui se brisent. Enfin ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas la première ni la dernière perte ... Mais malgré tout, on a perdu un grand homme.
Le ton est plutôt froid et paraît même crue. Mais, je ne peux le dire autrement. Tu vois faut que tu comprennes que nous possédons une mentalité sans faille, nous ne sommes pas du genre à flancher devant un décès. Cependant, je dis nous, mais je me trompe, je ne suis pas ancré dans ce clan. Je veux juste que tu y crois, faire semblant tu connais ? Dans le fond je suis un loup solitaire qui a toujours fait route seule, je ne suis là que pour exécuter quelques demandes du clan, mais mon esprit lui est bien ailleurs. Si tu savais. Je ne sais pas de quoi je rêve, de liberté ? Seul ? Jamais. J'aurai aimé avoir ma propre famille, mon propre clan, tiens je n'accepte pas celui des Kaguya.
Ma tête se tourne alors une fois de plus vers toi, je te regarde, tu dégages une telle prestance c'est fou. On sent que tu es haut placé dans le village, nos chakras ont envie de se battre, c'est comme si nous retenions deux taureaux prêt à en découdre. Sacré choc non ?
Enfin bref, finis de jouer avec toi, il faut mettre les choses au clair :
? Au fait, tu sais je n'ai aucuns liens avec mon clan. Il fallait que je te le dise, j'ai juste hérité d'un don, je me bats en leur nom. Mais, comment t'expliquer ? Je ne me sens pas heureux. Pas à ma place et pourtant je suis comme eux. C'est étrange ? La peur de la ressemblance ? Tiens dis moi toi, qu'est-ce que t'as apporté ton clan durant ta vie ?
Je lève la tête vers le ciel, ce soir il est bien brumeux, annonçant les prémices d'une longue soirée.

Le regard de Kakeshuou Samui s’était assombri aux questions. D’ailleurs, la rencontre de l’Ombre et de la Lumière émise par les flammes du feu de camp rendaient parfaitement bien ce conflit entre bien et mal sur le visage du quinquagénaire. De quoi rajouter un peu plus à l’ambiance ! Mais notre homme s’en moque. Ce qui le marquait le plus pour l’heure, c’était cette question – pour lui – complètement inutile et vide de sens.
Je m’explique. Lorsque l’on a face à soi un homme qui s’est bâti sur des principes aussi fondamentaux que sévères, lui demander si le Clan a de l’importance pour lui revient à lui demander pour quelles raisons le lapin mange des carottes. Et, soyons sérieux, le vieux vétéran des guerres kiriennes incarne par excellence la rigueur, le sérieux et l’abnégation. Il a construit sa vie autour du Clan ; il a sacrifié son enfance, sa jeunesse et sa vie d’adulte pour le Clan ; il doit ses plus belles batailles et ses cicatrices au Clan ; il donnera sa mort au Clan. Et le plus étrange dans cette histoire ! est qu’il ne remet jamais cela en cause, et ne le fera jamais ! Quand on veut trouver un équilibre, il est primordial de s’y attacher coûte que coûte. Et lorsque cet enjeu prend des proportions sans fin, s’en détacher revient à mettre en question tout ce qui a été fait, et sa vie future. Hors de question de prendre un tel risque. D’autant que notre homme a raison. La discussion s’arrête là.

Tu n’as donc aucun lien avec ton Clan ? Tu fais ton choix. Mais il faut dire que la nouvelle ravissait notre ancien combattant. Après tout, ce détachement était un clair soulagement pour le membre du Clan Samui. De pareilles divisions ne pouvaient qu’affaiblir un Clan. Et en l’occurrence, un Clan qui s’inscrivait historiquement comme l’ennemi juré des Samui. Pas de quoi pleurer donc. Pour autant, les raisons étaient des plus logiques : lorsque le Clan ne parvient pas à éduquer correctement ses éléments prometteurs, rien d’étonnant à ce que ces derniers s’accordent tant de libertés. Et puis, certains Shinobis préféraient vivre ainsi : papillonner jusqu’à ce que le Destin leur arrache les ailes … .

Maintenant revenons à la réalité ! Ces pensées n’écarteront pas notre vieux briscard de ses opinions personnelles, et de sa rigidité légendaire. Aussi la réponse fut-elle décochée sur un ton direct, sec et implacable.

~ Mon Clan m’a apporté la vie, avant tout. Et en cela, tout homme se doit d’être éternellement reconnaissant. Mais plus que cela, il m’a apporté un sens, une mission, un Destin. Ce Clan et moi avons fait un pacte, comme n’importe quel autre Clan, avec n’importe lequel de ses membres. Je donnerais mon honneur, ma vie et ma mort pour ce Clan. Et rien ni personne ne pourra changer cela.

Le regard était toujours sombre. Mais la tension était moins palpable. Certes, pendant quelques secondes, on eut pu croire que le vieux Samui allait se lancer dans la bataille, ouvrant les Portes Célestes et déversant à profusion son chakra de Glace. Après tout, il est des fois où la force du poing est plus efficace que la douceur des mots. Le poing était d’ailleurs serré, mais il ne se lèverait pas. Il ne frapperait ni visage, ni corps. C’était là aussi l’un des Arts du Ninja : cette capacité à contenir ses émotions ; à faire passer la priorité à sa juste place. S’il frappait, il pouvait déclencher un incident diplomatique, et mener de nouveau les deux Clans à une confrontation sérieuse. Or, il s’était engagé au nom de son Clan, et en tant que représentant des Samui, à assurer la paix à venir entre chaque Clan de Kiri. Il ne pouvait donc rompre son engagement aussi facilement. Si telle chose devait arriver, il fallait attendre le bon moment … .
Replaçant ses mains devant le feu, le Jônin s’emparait d’un air plus serein, plus apaisé. Bien que conservant cette touche sérieuse qui faisait son côté « vieux-sage-Yoda-dans-sa-hutte ».

~ C’est sans doute un concept trop vieux pour que tu le comprennes. Nos générations n’ont pas traversé les mêmes conditions et les mêmes objectifs. Fut un temps, la vie du ninja n’était rien en dehors du Clan. On ne vivait et ne mourrait que par ce seul crédo. Aujourd’hui, les jeunes générations développent des intérêts personnels, des ambitions disproportionnées … . Ils se bercent d’illusions et perdent de vue le seul pilier capable de les soutenir à travers toutes les épreuves … .

Un contact bien amer ! Pourtant, notre homme n’avait pas tort. Le fait d’avoir uni les différents Clans, d’avoir réuni ces combattants de l’Ombre dans un même village et de les faire combattre ensemble avait brisé un cercle éternel de haine et de rivalité. Désormais, le Clan n’avait-il plus sa place dans un monde où la guerre elle-même changer de pratiques ? Et Kakeshuou : quelle était sa place, à présent ? Peut-être la mort était-elle la seule issue pour un homme du passé. Devait-iul se condamner à être vestige ou souvenir glorieux ? Quelle valeur avait-il véritablement, pour les Siens comme pour ce village, cette question était régulièrement revenue à l’esprit ces derniers temps.

Mais la question allait aussi dans l’autre sens ! Si un homme ne s’attache pas à son Clan, il se doit de trouver seul ses repères, ses cordes pour soutenir son poids ! Ses lianes pour jouer à Tarzan ! Personne ne vit sans but ; car c’est cela qui fait sa valeur. Ceux qui se prélassent dans la fausseté et l’ennui finissent moins que rien et mis à l’abandon. Celui qui cultive sa passion, qui est prêt à la défendre à tout prix est l’homme d’honneur ; celui qui sera appelé à prendre de grandes décisions et à marquer les esprits par ses choix.
Alors, Shio. Quels sont tes choix ?

~ Et à quoi se raccroche un homme qui a délaissé son Clan et vit pour des missions de garde à l’occasion ? Quel objectif poursuis-tu ? A moins que cela soit encore trop secret … . Des ambitions à déployer dans ce monde où le ninja peut même devenir un homme politique ?

« Les anges pleurent en voyant un tel désastre, la pluie est leur plus beau requiem ...»

Le feu craquait une fois de plus, c'était tout une histoire de nous voir ainsi, deux clans rivaux se faisant face. Je regardais Kakeshou et j'y voyais de l'expérience et des principes bien trop ancrés, quant à mon reflet il était plein de fougue et respirait la jeunesse. Nous étions les opposés, en terme de mentalité, de capacités, de styles de combat. Tout était différent entre lui et moi et pourtant sa compagnie ne me dérangeait pas plus que ça, en fait je n'avais jamais eu une quelconque haine contre ce clan. Rei me soigna, Yuki me porta réconfort, il n'y avait pas réellement de quoi se plaindre vis à vis de ce clan. C'était fou de voir ô combien un nom pouvait nous être défavorable et je dirai même nous porter préjudice. Voyez à quel point la distance entre nous est grande, si bien que même nos regards se font distants. Il faut croire que c'est dans nos gênes, mais revenons au sujet principal, l'apport du clan dans nos vies. Allez raconte moi ce que t'as apporté ta famille, moi qui n'en n'a jamais eu ...

L'ancien parla de vie, de destin et de remerciement. C'était tout le contraire dans ma tête, ils m'ont pris la mienne et m'ont condamné à un destin qui n'est pas mien. Je ne suis qu'une marionnette, as-tu déjà ressenti cette sensation Kakeshou ? Sais-tu ce que c'est de se battre pour une vie qui n'est pas votre, pour survivre dans un monde qui s'écroule ? Connais-tu mes tourments, mes nuits d'évasion, pour souffler, penser à autre chose que ce foutu clan ? Bien sûr que non, dans ton monde droit et rigide, dans la vie si simple des Samui il n'y a pas de place pour la barbarie et les meurtres. Nous ne jouons pas dans la même cour et ça depuis le début, vous avez la glace, nous avons le sang. Je dirai même le sang chaud. Je te laisse ta vie et ton destin pour ton clan, je me bats pour vivre la mienne pour espérer un jour être libre, ne plus avoir toutes ces chaînes. Ce clan n'est pas mon reflet, écoutes moi bien, seul ces os font de moi un Kaguya. Nous sommes nous compris ?

Tandis que mon esprit vagabondait à droit à gauche, l'ancien revenu sur la discussion. Pour lui, la différence entre nos générations était la cause de cette vision divergente du clan. Il n'avait peut-être pas tort. Nous n'étions pas nés à la même époque, ni sous les mêmes lois et traditions. Il y avait vraiment deux mondes entre nous, mais est-ce que l'un de nous serait assez courageux pour pénétrer dans celui de l'autre ? Telle était la question. Il était temps pour moi de lui répondre, bien que sa critique des générations actuelles me firent me mordre la lèvre. Il me coupa dans mon élan, le Samui voulait désormais savoir mes objectifs, ce que je comptais faire ? Plutôt curieux le vieux, mais bon, je n'avais rien à cacher. Pour le moment mon nindô était simple et tout tracé :
✘ La jeunesse doit apprendre des anciens, comme l'hiver laisse place au printemps. Chacun doit apprendre de l'autre, ton clan ne t'a pas apprit ça ?
Un rictus se dessine alors sur mon visage en signe de provocation, en fait j'ai envie de le voir en colère, il me paraît bien trop calme. Néanmoins un sage comme lui ne se fera pas avoir aussi facilement, à moins d'être totalement candide. Néanmoins quelque chose vint bloquer mes pensées l'espace de quelques instants, j'ai l'impression d'avoir senti une présence, ce fut très rapide et très bref. Elle n'était pas seule, ils sont quatre, à deux minutes du village, ils arrivent à une vitesse folle. Des brigands qui vont tenter de pénétrer dans l'enceinte, surement des voleurs expérimentés à en juger leur façon de se mouvoir. Mes mains se joignent, tandis que mon faciès laisse exprimer ma concentration, le Samui doit se douter que quelque chose ne va pas. Rien de bien méchant, cependant nous devons agir.
✘ Quatre individu approche du village à une vitesse folle, à en juger leur chakra je dirai un niveau équivalent à du Chuunin. Je me demande bien quel est le niveau d'un Samui de l'ancienne génération ? Le premier qui en fait tomber le plus à gagner.
Le feu crépite une dernière fois, dans une sourde explosion. Mon pied prend appui et me voilà propulser vers l'avant, je dois rejoindre le mur au plus vite, il n'est qu'à quelques mètres. Ma vitesse est toujours au rendez-vous, j'espère que mon compagnon suis, le Samui serait-il trop vieux ? Il ne me faut que quelques secondes pour parvenir au mur, je le grimpe alors à vive allure, je veux avoir une vision dégagée, pour les repérer au mieux. Mes yeux se font perçants, mon regard transperce la nuit, tandis que je les vois s'approcher. Quatre ombre dans la nuit. Allez deux chacun ? Ne perds pas trop de temps le vieillard, je risquerai de gagner le pari ...

Ils approchent et je saute le premier dans la bataille. Mon corps fait une vrille dans les airs, l'un des opposants me fonce dessus. Mon pied vint alors s'abattre en plein dans son torse le faisant tomber sur le sol à une vitesse folle et dans un grand fracas. Il y à peu de chance qu'il se relève d'un tel coup. La puissance semble folle et pourtant ce n'est qu'un coup de pied. Comment ? Grâce à des années d'entraînements, de durs labeurs, je suis une arme Kakeshou, retiens bien cela :
✘ Être le meilleur Kakeshou, c'est ça mon objectif !!!
Une aura verte m'entoure alors peu à peu, la première porte semble ouverte. Celle-ci devrait suffire face à ces adversaires, ou plutôt mes jouets ...

Les propos de l’Ancien semblaient marquer le Jeune qui les recevait. Le Kaguya était-il choqué d’entendre ces leçons ? Peu importe, le Samui ne fait que statuer des faits devenus évidents pour tout le monde. Il n’a pas fallu longtemps pour que les générations fassent scission. Une fois le village créé et solidement ancré sur le paysage et le Pays de l’Eau, chacun avait souligné l’importance de tisser des liens avec autrui. Il n’y avait guère que les derniers nobles combattants d’une ère désormais éloignée pour se méfier et rester sur leurs anciens préjugés. Un tort ? Pas nécessairement ; tout est question d’éducation. On ne peut apprendre à un homme mûr une nouvelle langue en espérant qu’il oublie sa langue natale. Certains aspects du passé ne peuvent être effacés d’un revers de main. En revanche, on peut espérer que certaines rencontres – celle-ci, par exemples ? – parviennent à adoucir les mœurs et les relations au sein d’une nation militaire … .

Resté patient et silencieux après cela, Kakeshuou avait attendu une réponse, quel qu’elle soit, de la part de son interlocuteur. Il n’y avait que peu de chances que la conviction et la force de caractère d’un homme âgé puisse ébranler et convertir celles d’un jeune indécis qui ne savait en quoi ni en qui croire. Lui en voulait-il ? Non ; en revanche, tu ne fais partie que de la grande foule de personnes déjà croisées jusqu’à présent. Hormis ce nom de Clan auquel tu tiens si peu, rien ne te distingue pour l’ancêtre du reste de la populace moyenne. Une insulte ? Prends là comme tu le souhaites. De toute façon, tu ne peux pas lire mes pensées, pas vrai ?

Si l’on a appris au quinquagénaire qu’il devait apprendre de tous ? Et puis quoi encore ?! Il vient de te dire qu’il ne voulait pas être corrompu par cette pensée jeune qui voulait s’élever au nom d’idéaux inaccessibles et de rêves improbables ! De son côté, le vétéran avait lutté plusieurs décennies en ne comptait que sur l’enseignement reçu et sur ses propres ressources ainsi que ses Frères ! Tu n’espères quand même pas le convertir à une nouvelle école par une simple provocation, pas vrai ?
L’affirmation, ou la question sans réponse attendue du Kaguya, marquait cependant une rupture dans la discussion en cours. De la provocation ? Tu t’estimerais donc supérieur à celui qui est face à toi en raison de ta jeunesse et de ta poursuite inutile de rêves inexistants ? Amusant. Tu n’es donc pas fait que d’os, soit. Mais quant à la présence d’une cervelle ou d’un quelconque objet de réflexion, permets-moi d’émettre des doutes !

Sur le point de répondre à cette bête bravade, le Samui remarqua l’attitude suspecte de son partenaire de soirée. Et cela souleva une question énigmatique que vous vous posez souvent.
A quoi peut bien servir une chevelure aussi épaisse chez un Ninja ?! Le but n’est-il pas d’œuvrer dans l’ombre ? De frapper par surprise et d’accomplir sa mission sans être vu ? Dans ce même sens, avoir une telle coupe, tellement peu à la mode, n’était-ce pas se dévoiler immédiatement aux yeux avisés du garde ou du vigile ? N’était-ce pas pure provocation à l’encontre des Arts Ninjas ? Ha, ta gueule toi ! Laisse-moi au moins m’expliquer ! Une tignasse pareille n’existe pas sans raison. Elle est un signe de fierté. Presque un signe authentique d’appartenance au Clan. Pour un vieux briscard aussi traditionnaliste que Kakeshuou Samui, l’entretien de cette pureté revenait presque à entretenir la pureté de son Clan. En revanche, cela jouait également dans l’esprit et la nature même du personnage. Le surnom de « Lion des Neiges » n’était pas piqué à un poète afin de se la péter. Ressentant un léger frémissement, ses cheveux semblèrent se dresser légèrement, comme le poil d’un animal sentant une approche certes discrète mais évidente. Ayant jeté un regard instinctif vers les Portes ouvertes du Village, l’homme était resté pensif … avant d’être ramené à la réalité par le pari de son camarade de combat.

~ Une compétition ? Je n’en vois pas vraiment l’intérê

Pas le temps de finir sa phrase. Le défi à peine lancé, le Kaguya se lançait en lâche – coïncidence, I think Not ! – vers les murs pour prendre de l’avance et marquer une distance entre lui et le vieux Samui. Il espérait certainement le prendre dans la distance et marquer davantage de points. Histoire de prouver sa supériorité ! Grognant dans l’embarras d’un défi auquel il ne pouvait échapper, Kakeshuou tourna les talons et effectua un sprint vers les Portes. Si tu choisis le panorama, je prendrais alors le contact le plus rapide !

Arrivé aux portes, le Jônin inspirait profondément et relâchait une pression d’air contre le sol. Le Vent, bien que bref, ne tarda pas à se glisser entre les buissons et obstacles environnants, et à rencontrer les fameux individus. Capable de repérer leurs présences, l’homme à la couffe d’enfer ne comptait pas se défouler pour si peu. Si des malfrats comptaient rentrer aussi aisément dans le Village, ils allaient bientôt s’en mordre les doigts ! Tout ne se passe pas toujours comme on le souhaite ; mais encore moins lorsque deux hauts gradés du Village gardent la porte ! Des amateurs : il n’y a pas d’autres noms.
Alors que Shio Kaguya se jetait dans le vide afin de faire intervention, Kakeshuou faisait irruption dans les environs, avec bien assez de force et de détermination pour laisser à son tour une empreinte. Mais s’il doit y avoir une différence entre un Kaguya et un Samui, c’est dans le rapport à la civilisation. Le premier se contente de ronger les Os, le second patine sur la glace avec grâce. Tournant sur lui-même, le doyen du Clan Samui envoyait successivement un, puis deux, et encore deux kunaï vers les adversaires. Le premier se planta dans le pied d’un des agresseurs présumés ; les deux suivants se logèrent dans les deux bras du deuxième ; les deux derniers furent parés in extremis par le troisième homme. Le quatrième finissait allongé dans la boue par le coéquipier. Ayant fini ses exercices de danse, le vieux Lion des Neiges portait un regard glacé sur l’assistance, mais n’en perdait pas pour autant ce qui lui était adressé. Il souffla de dédain.

~ Tu vas être confronté à un problème, mon ami. Le meilleur ici, … c’est moi.

Avec un jeunot déjà mis K.O., un autre paralysé par l’arme de jet et un troisième incapable de se servir correctement de ses bras à l’avenir, l’histoire semblait décidément bien rapidement écrite ! Il n’y avait guère que le troisième homme ; mais serait-il digne d’intérêt ? Malheureux : tu ne t’en rends pas compte, mais tu es arrivé au milieu de la cour de récré de deux bêtes sauvages. Reste à savoir dans quelle gueule tu finiras … .

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