J'ai reçu la news, j'sais pas, c'était dans la matinée ?

C'était un pauvre petit humain pas très rassuré, il a laissé ça devant la porte, sans faire un bruit. Mais je l'ai entendu. Et j'suis sortie pour l'accueillir. Avec un grand sourire carnassier, qui l'a limite fait pisser dans ses chausses. C'était marrant de le voir galoper cela dit ... Il a du dépasser un record, ou si c'est pas le cas, ça devait être limite je dis ! Mais bref. J'ai vu la lettre. J'ai cru à un ordre de mission. C'pour ça que je l'ai jeté dans la pièce, sur la table, de façon négligente. Motoko m'a demandé ce que c'était, j'ai dit que j'en avais rien à faire. Elle m'a regardé comme le ferait une maman qui n'approuverait pas ce que fait sa fille.

Je me suis sentie un peu mal, du tout. Mais j'ai toujours pas ouvert l'enveloppe. Motoko l'a fait à ma place dans un petit soupir, et l'a fait à ma place.

Et là, son visage s'est illuminé d'un petit sourire un coin. Elle m'a annoncée la nouvelle à haute voix. Et même moi, je n'y ai pas cru. J'ai demandé plusieurs fois, elle m'a répondu à chaque fois la même chose.

J'ai été promu Chuunin. Chuunin, allô quoi ! Et c'tait même pas une blague, y'avait le sceau officiel apposé !

La nouvelle a fait le tour du Quartier, tout le monde s'est rameuté pour me féliciter, me charrier, m'inviter à boire un coup. Un repas a été spécialement organisé pour moi, une tradition depuis qu'on était ici. Un repas et une nuit de boissons sans fins pour chaque Gekei promu. Une nuit où tous les différents sont oubliés, et où on se réunit pour festoyr.

J'étais dans un état assez sale, quand je suis sortie de ce dernier bar. J'avais aucune idée d'où j'allais, je marchais de travers, et n'importe qui regardant mon visage aurait compris que j'étais pire que saoule. C'est comme ça que je suis revenue à mon appart', après une longue errance nocturne. Même si mon appart', il était 'achement plus grand comparé à la dernière fois où j'y étais rentrée ! Mais j'ai quand même trouvé la cuisine, et j'ai quand même vidé le frigo'. Bah quoi ? J'étais affamée moi ! Mais bon ... C'pas ça qui m'a empêché de vomir à l'endroit même. Beurk ...

J'nettoyerai ... Genre ... Plus tard, voilà. Je titube, chute, griffe les murs alors que je cherche ma chambre. J'trouve un truc qui ressemble à un futon, et je m'y engouffre sans chercher à comprendre. Mais avant, j'prends bien le temps de me désaper entièrement, et de jeter aux quatre coins de la pièce mes affaires.

Après tout ... I don't care, I'm Chuunin !

Un jour comme un autre, à se lever le matin, manger, se préparer, discuter avec la famille, devoir rendre des comptes, aider aux tâches quotidienne. En somme, suivre un rythme de vie qui n’était celui du jeune homme, mais imposé par ses parents comme toute personne vivant encore chez les siens. Un quotidien usant, lassant, dénué de tout sens aux yeux de celui qui s’est vu imposé chacun de ses gestes, le fait même de vivre, par des autres. Les journées passées chez lui se faisaient de plus en plus longue et éreintantes. Rei se décida donc à en parler à ses parents et prendre un appartement en ville. Il était temps pour lui de quitter la demeure familiale, ce serait le premier en ce sens puisque le reste de sa fratrie avait déjà choisi de rester. Rares étaient les bons moments pour annoncer de mauvaises nouvelles, le jeune homme se décida donc à les réunir dans la soirée afin de leur annoncer la nouvelle. Leur première réaction fut de l’étonnement, puis ensuite un brin de tristesse mêlée à de l’incompréhension.

« Mais je ne comprends pas, pourquoi est-ce que tu veux quitter la maison ? Regarde ton frère et ta sœur, ils sont restés et ça ne leur cause aucun tort ! »

« Père, je ne suis pas comme eux, de plus j’ai changé et tu le sais même si vous avez du mal à l’accepter. Je dois tracer mon propre chemin, trouver mes propres réponses, seul. Je sais que cela vous peine mais ma décision est prise. L’appartement est déjà loué, il ne me reste plus qu’à prendre mes affaires. »

Il ne leur laissa pas le choix, de même qu’il ne ressentit aucune tristesse. Ce jeune homme auparavant si proche de sa famille s’était métamorphosé. Devenu un solitaire dans l’âme, il se devait de chercher un foyer à sa convenance, sans ces êtres pour qui il n’avait aucun intérêt. Une fois la nouvelle de son départ annoncé au reste des membres de la maison, ils décidèrent de l’aider à transférer ses biens durant la fin de semaine. Cela prit peu de temps puisque les seules choses qui l’appartenaient se trouvaient dans sa chambre, au contraire acheter tout ce qui lui manquait se révéla bien plus pénible. Lorsqu’il eut terminé il put enfin finir de créer son cocon, celui qui ne serait guidé que par ses propres règles et rythmes de vie. Mais quel fut sa surprise lorsque le soir de la fin des préparations il se réveilla, sentant une présence dans son lit. Rei se retourna et lorsqu’il ouvrit les yeux se leva brusquement, une respiration autre que la sienne était bien présente, dans son lit.

« Mais c’est quoi ce bordel… ? »

Il alluma alors le plafonnier apercevant ainsi l’étendue des dégâts. Le frigo à moitié ouvert dégoulinait de vomit, qui s’’était également répandu sur le sol. De la nourriture tapissait le sol, mélangé elle aussi au liquide vert. Pour finir des vêtements féminin tapissaient la pièce, la coupable se trouvait dans son lit bien confortablement en train de dormir. Une fois la surprise passée, la rage le prit, preuve en était la boule d’eau collante qu’il cracha sur celle qu’il venait de reconnaître.

« NODOKA, REVEILLE-TOI ! C'EST QUOI CE FOUTOIR ?! »

Dit-il tout en enlevant brusquement le drap qui la recouvrait, laissant ainsi exposé devant ses yeux le corps dénudé de la jeune femme.

Je me retournais dans le lit, en soupirant d'aise. J'étais confortablement installée, même si c'était un peu une fosse commune dans ma tête et dans mes tripes. Je bavais sur le coussin, une bave avec une couleur un peu chelou à cause de vous savez quoi. Je rêvais pas, c'était un sommeil plat et calme, où il n'y a que ténèbres. Puis il y a eu la lumière. Une lumière vive qui m'agresse les yeux, me fait gémir. Mal de tête qui me reprend, alors qu'il s'était à peine calmé. Et un cri. Un long cri. De la rage avec de l'incompréhension. Je me contente de gémir, une seule fois, un gémissement qui ressemble à rien. Même après qu'un jet d'eau m'éclabousse le visage.

J'étais pas en état de faire quoi que ce soit, j'avais juste envie de rester couchée, bien que la chaleur apportée par la couette me fut retirée. Je prenais le coussin, et le plaçais sur ma tête, m'entourant avec alors que disais sur une voix pâteuse, épuisée, faible.

- Parle pas si fooooort ...

Je gémissais à nouveau, pathétiquement, mes entrailles décidant de m'étreindre et de me faire souffrir sans raison aucune. Juste pour que je me cambre, prise d'un haut le cœur, et que je vomisse une nouvelle fois, une bile jaunâtre sur le coté. Je toussais, crachais. Effluves d'alcool remontant dans mes narines, gorge. Alors que je reposais ma tête sur le coussin, épuisée par l'effort. Puis je remarquais un truc ...

- Qu'est-ce ... Qu'est-ce tu fowhd ... Fou, dans mon appart', keunard ...

Je gémissais, alors que je tirais sur la couette, faiblement.

- Rend-moi ça ... Pervers ...

Je continuais de tirer, mais voyant que je n'arrivais à rien, je me contentais d'enfouir mon visage contre le coussin, en espérant que le Samui présent dans la chambre ne soit qu'un effet secondaire de la consommation folle d'alcool. Parce que si c'était pas le cas, j'allais le défoncer. D'où il me voit nue ?! D'où il contemple mon corps de déesse SANS mon autorisation ?!

- Casse-toi, ou j'dis que t'es rentré chez moi pour m'violer ...

J'avais levée la tête pour dire ça, le regard vague, avant de retomber lourdement sur le conseil, les yeux mi-clos.
Commençant à somnoler, tout doucement.

Lorsqu’il eut enlevé la couette, laissant apparaître le corps dénudé de la jeune femme, en plus de lui avoir craché une eau très collante sur le visage, sa seule réaction fut de se mettre le coussin sur la tête afin de protéger ses yeux de l’agression de la lumière. Appelant le Samui, d’une voix pathétique à ne pas crier. Si un autre homme, avec moins de l’avait trouvé dans cet état, l’a fin aurait pu être toute autre, bien que Rei ne doutait pas que la jeune femme n’aurait pu en faire qu’une bouchée. Puis elle vomit une seconde fois, le liquide jaunâtre dégoulinât sur l’oreiller et les draps, emplissant la pièce d’une odeur nauséabonde. L’appartement au préalable propre était maintenant recouvert de liquide stomacale mélangé à de la bile, et pour finir des vêtements de femmes. Elle reposa ensuite sa tête après l’effort que lui avait demandé l’effluve de liquide.

« Qu'est-ce ... Qu'est-ce tu fowhd ... Fou, dans mon appart', keunard .. »

Puis elle retira faiblement la couette sur sa peau et accusa le jeune homme de pervers. Tout en continuer de tirer pitoyablement, elle enfonça sa tête sur le seul coussin rescapé du carnage, le sien. Puis elle leva la tête afin de prononcer ses derniers moments avant qu’elle ne retombe dans les vapes. La colère de Rei était à son paroxysme, mais il savait qu’agir de façon irréfléchi avec une personne aussi mal en point qu’elle ne mènerait à rien. Il décida donc d’employer des méthodes moins agréables. Concentrant de l’eau dans ses deux mains, il la fit refroidir afin de l’amener près du zéro. Puis quand il eut fini de le faire, il largua le liquide transparent sur tout le corps de la jeune femme, en prenant garde d’y mettre une certaine énergie espérant que cela la réveille.

Avant même d’attendre sa réaction, il se dirigea vers le lavabo, prit dans le meuble sous celui-ci un sceau et une serpillère et les jeta sur Nodoka.

« Tiens, voilà de quoi nettoyer, car là tu es chez moi, pas chez toi. Ne m’oblige pas à user de mon énergie pour enlever l’alcool contenu dans ton sang, car je te promets que j’y ajouterai un produit qui t’empêchera de dormir pendant un bon bout de temps, ou peut-être du viagra, je ne sais pas lequel serait le mieux. »

Le ton ne se voulait comique, sa colère était palpable dans ses dires, la jeune femme ne s’en sortirait pas aussi facilement car la prochaine étape serait plus violente.

Je sais pas si être con c'est génétique chez les Samui (comme ça l'est chez les Jisetsu), ou si c'est juste lui qui comprend pas que non, je ne me sentirai pas MIEUX si il M'ASPERGE D'EAU et si il continue à gueuler comme ça dans mes oreilles ! Putain sérieux, merde quoi ! Quel connard ce Yéti ! Je grelotte, me recroquevillant sur moi-même sous le froid de son eau de merde ! Brrr ... C'est glacé ! Glacé ! Remarque, c'est un peu légitime venant de sa part, si ça va été chaud, je me serai quand même posée pas mal de questions ... Mais il était plus là. J'étais trempée, je tremblais de froid, j'avais pas assez de forces pour me redresser ou lui faire regretter d'exister.

Et il m'avait faussé compagnie. Genre il m'avait fait chier POUR RIEN ?!

Ça aurait été trop beau pour être vrai. Il était revenu avec un sceau et une serpillère, et me les avait balancés. Je les ai pas esquivés, si bien que ma tête retombait lourdement sur le coussin après avoir reçu le manche de la serpillère. Et il me menace de plein de trucs que je comprends pas si je nettoie pas son appart'. Minute, son appart' ? Depuis quand ?! Avec pas mal de difficulté, j'arrive à me mettre en position assise. Puis, mon regard vague fait le tour de la pièce. Pour s'apercevoir qu'en fait, il avait un peu raison. Voir totalement raison : C'était pas ma piaule, ça. Merde ... Sérieux, plus jamais je me la mets comme ça ...

Je laisse échapper un long bâillement, qui fait frémir tout mon corps. Et sur une voix toujours affaiblie, je me contentais de lui dire.

- Okay, okay, tu te calmes ... On va faire comme ça, j'me sappe, je prends un café et je bouffe un truc. Et après, si j'suis rétablie, j'nettoie ton appart', ça te va chouchou ?

Je lui laissais pas le temps de répondre, que je me redressais lentement, réunissant mes affaires avant de me diriger vers la salle de bain.

- Ah ouais, j'emprunte ta salle de bain, trente secondes.

Je claquais la porte de la pièce en question, et m'enfermait dedans. Le temps de prendre une longuuuue douche chaude, qui me fait exhaler des soupirs de plaisir. Et une fois que j'ai fini, je brosse longuement mes cheveux histoire de défaire tous les nœuds. Pour finalement me saper entièrement, ayant eu la chance que mes habits ne soient pas souillés par quoi que ce soit venant de moi ou de quelqu'un d'autre. Bref, une heure plus tard, je sortais plus fraîche et en meilleur état.

Juste pour me diriger vers la cuisine, ignorant totalement Rei alors que je fouillais dans les différents placards.

- Dis, tu le mets où ton café ? Et tu aurais du lait et du sucre ? Et des croissants ? J'adore les croissants. Mais je préfère les chocolatines. T'en as ? Si t'en as, ça serait parfait chouchou !

La patience de Rei était mise à rude épreuve durant cette soirée. Si elle s’était passée plus tôt, il aurait pu faire preuve de moins de contrôle et employer la violence. Mais il commençait à connaître la jeune femme et il ressentait envers une certaine attirance. Non pas physique comme beaucoup pourraient le croire, mais sentimentale, il appréciait sa compagnie malgré qu’elle soit d’une immaturité sans limite, sans parler de sa violence. Il voyait en elle un trait de caractère de Ao’ lorsqu’ils ne se connaissaient pas encore. De plus il connaissait les soirées arrosées donc il savait dans quel état devait se trouver Nodoka. Après qu’elle ait reçu le sceau ainsi que la serpillère sur elle, la Gekei se releva afin d’observer les lieux. Elle put donc se rendre compte de son erreur, laissant échapper un long bâillement elle expliqua à Rei qu’elle s’occuperait du nettoyage une fois lavée, habillée et nourrie. Toujours aussi dénudée, elle se releva puis saisit ses vêtements avant de se diriger dans la salle de bain afin de prendre une douche. Les effluves d’alcool et de vomi commençaient à devenir pestilentiels, Rei ouvrit donc toutes les fenêtres afin de changer l’air un tant soit peu.

Claquant la porte sans prendre garde, une nouvelle fois, qu’elle n’était pas chez elle, la douche qui devait prendre quelques secondes prit plus d’une dizaine de minute. Pendant ce temps, le jeune homme commença à nettoyer le liquide verdâtre se trouvant sur le sol et les tissus avant qu’il ne puisse les imbiber irrémédiablement. Tout en prenant soin de laisser le reste à la concernée. Lorsqu’elle sortit de ladite salle de bain, elle lui demanda où se trouvait ses cafés et thés ainsi que les viennoiseries.

« Déjà c’est pain au chocolat. Ensuite tu vas d’abord nettoyer ton massacre, ensuite tu auras le droit de manger et de boire. »

Puis un lourd bruit sur sa porte d’entrée vint interrompre son discours, en effet son voisin de palier venait se plaindre pour le brouhaha causé par l’arrivée de Nodoka.

« Euh vous ne pouvez pas faire un peu moins de bruit ? Il y en a qui essayent de dormir ! »

« C’est vous me dîtes ça alors que vous faîtes un boucan monstre tous les jours ?! Occupez-vous d’abord de vos affaires avant de vous occuper des miennes. »

A ces mots il claqua violemment la porte devant son interlocuteur afin de ne pas lui laisser la liberté de répondre. Cet homme était connu dans l’immeuble pour être bruyant et également très agaçant, mais alors que Rei se dirigeait vers Nodoka, le voisin de palier tapa de plus belle sur la porte. Poussant un long soupir, le Samui écarquilla les yeux de colère, se redirigeant vers son entrée tout en serrant ses poings afin de se préparer. Cela faisait longtemps que sa patience n'avait pas été poussée à bout, pas assez longtemps.

« Je vais le tuer… »

Le petit Samui n'était pas de bonne humeur, semble-t-il. Il me regarde l'air revêche, avant de me dire que pour me repaître, il faudra d'abord que je nettoie. Il n'est vraiment pas marrant, c'est confirmé. Je lui lance un regard par dessus l'épaule, en fronçant les sourcils histoire de dire que ce qu'il me dit ne me plait pas beaucoup. Et ce qui me plait encore moins ? Qu'il appelle chocolatine, pain au chocolat. C'était quand même la pire des hérésies, je le dis direct ! Comment on peut avoir autant de mauvais goût ?! Aussi peu de jugeote ! On dit CHOCOLATINE, CHOCOLATINE, CHOCOLATINE !

- T'as pas de goût si t'appelles ça pain au chocolat, je le dis direct. Tu viens de baisser dans mon estime !

Mais voilà qu'on frappe à la porte, interrompant l'échange animé. Si bien que j'en profite pour foutre le bordel dans ses placards, sortant plein de trucs dedans jusqu'à trouver ce qui m'intéresse. Et naturellement, je ne range rien, après tout, who cares ? Pas moi tout du moins, c'est pas mon appart' après tout. J'entends d'une oreille distraite l'échange à la porte et le grand claquement de celle-ci. Le petit glaçon est à cran, j'aime ça ... Un petit sourire en coin se dessine sur mes lèvres, alors que je commence à faire bouillir l'eau. Juste au moment où Rei entend encore des martèlements à la porte, et qu'il se dirige pour l'ouvrir une nouvelle fois.

Hmm, hmm ... Oh bah tiens, j'ai une idée ! Et pas une bonne.

Lorsque la porte de l'appartement est ouverte une nouvelle fois, je ne laisse pas le proprio' s'exprimer, et prend les devants.

- Coucou vous ! Désolée du comportement de chouchou mais il est un peu à cran, il a pas beaucoup dormi vous savez ... On a eu une nuit, assez ... agitée, si vous voyez ce que je veux dire.

Je gloussais toute seule, alors que je sortais un pain au lait et le fourrais dans ma bouche. Et je disais, la bouche pleine, en un tendant un vers le voisin envahissant.

- Ca vous dit de nous rejoindre dans ce petit déj' ? Y'a le café qui fume là !

J'avais un magnifique sourire mutin sur les lèvres, alors que j'attendais la réaction de deux concernés. Rei n'apprécierait pas du tout, à coup sûr ... Mais si il appréciait, ça enléverait tellement de fun à la chose ! Oh oui, je vais commencer à m'amuser, et comme une petite folle !

Rei sentait la rage monter en lui tandis qu’il s’approchait de la porte, il imaginait les différentes manières dont ii pourrait user pour faire taire cet homme. D’un simple geste il aurait pu lui sectionner les cordes vocales, ou encore tout simplement l’assommer. Mais il n’était pas du genre à s’attirer des problèmes, le Samui devait tant bien que mal retrouver son calme. C’était sans compter sur la volonté sadique de Nodoka de lui en faire baver. Lorsqu’il ouvrit sa porte, elle vint se rapprocha gloussa tout en parlant.

« Coucou vous ! Désolée du comportement de chouchou mais il est un peu à cran, il a pas beaucoup dormi vous savez ... On a eu une nuit, assez ... agitée, si vous voyez ce que je veux dire. »

Rei se retourna et vit la jeune femme enfourner son pain au lait dans sa bouche, puis tout en mangeant elle invita l’autre homme à venir les rejoindre. Tout en esquissant un sourire, elle regarda son hôte, se délectant de sa réaction. La colère du Samui grandissait encore, mais il comprenait bien dans quel jeu il était en train de tomber. Plus ses réactions se feraient sous ce sentiment, plus elle y prendrait de plaisir. Il n’allait pas lui faire ce plaisir. Sans que son interlocuteur ne puisse rebondir sur la provocation de la Gekei, le jeune homme décida de couper court à la discussion.

« Bon, ou vous vous la fermez, ou je vous prive de votre magnifique voix. »

Un halo vert se dessina autour de sa main qui s’approcha dangereusement du cou de son interlocuteur.

« Je crois que vous avez oublié dans quel village nous nous trouvons. »

Le regard du voisin devint alors plus agressif et tendu, il ne possédait aucune arme contre le Chunin, il le savait. Il rebroussa chemin tout en déblatérant des insultes à haute voix.

« Vous ne vous en sortirez pas comme ça...! »

Rei ferma alors la porte. Il s’approcha de la jeune femme et la saisit par les deux poignets afin de la bloquer contre le mur derrière elle. Il esquissa un sourire sadique et fronça les yeux.

« Tu veux peut-être qu’on passe à la réalité maintenant chaton ? »

Il a envie de me tuer. Et vous savez quoi ? Ça me plait. Beaucoup. Mon sourire s'agrandit, alors qu'il se retourne et darde ses prunelles givres sur les miennes. Surtout au moment où je les sens me poignarder. C'était assez exquis, au fond. Vais-je faire craquer le glaçon ? Peut-être que oui, peut-être que non. Mais il perd patience, ô cette si ennuyeuse patience ! Il s'emporte contre un voisin qui au fond, n'est pas si gênant. Ou peut-être qu'il l'est, mais je m'en moque quand même. Il le menace avec ses jutsus chelous à auras encore plus chelous. Lui dit que si il tient à la parole, il a intérêt à se casser de là vite fait. Et quelque chose me fait penser, à tort ou à raison, que parole rime pas mal avec gorge. Même si y'a pas de rime, qu'importe.

Il chasse l'intru qui se gémit, se plaint faiblement. Incapable de s'opposer à la volonté du proprio' de l'appart'. Il fait des vaines menaces, mais elles sonnent si ... futiles. Je souriais toujours, le premier pain au lait dévoré. Il fait volte-face, je lui adresse un nouveau sourire goguenard. Lui tend une viennoiserie.

- Bon, on aura pas d'invités chouchou. T'en veux un toi sinan ?

Mais le voilà sur moi, voilà qu'il me prend par les poignets et me plaque contre un mur à ma plus grande surprise. Je glapis en sentant le mur contre mon dos, affiche une petite mine étonnée. Pour peu de temps. Je me reprends, et mon sourire reprend ses droits sur mes lèvres alors qu'il me demande si ça m'intéresserait de passer à la réalité. De quoi il parle ? Oh, de ça ? Je lui pouffe de rire au nez, alors que je réplique.

- Et bah, t'es pas un glaçon on dirait ! Maintenant, j'vais t'appeler Cendres Froides, il t'faut qu'une étincelle pour t'embraser, grrr ...

Je continue de glousser, alors que je le regarde de façon clairement provocatrice, ma longue queue venant effleurer son dos.

- T'as pas ce qu'il faut, Cendres Froides. Et si tu l'as, bah ... Prouve le ...

J'approchais mon visage du sien, et déposais une petite léchouille sur son nez, mutine.

- Alors, qu'est-ce qu'il y a ? T'as peur de moi ? J'attends. A moins que ... Tu ne te défiles ? Que tu refuses en disant de pathétiques excuses allant du *T'es tellement moche que j'te toucherai même pas avec un bâton* au *Ca ne se fait pas, mes principes me l'empêchent* en finissant par *Je ne rentrerai pas dans ton petit jeu* ..?

Ma voix s'était faite un ronronnement, lascif.

- Prouve moi que t'es un mec. Ou j'vais finir par croire qu'Ao' t'a volé les couilles et se les aient greffées.

J'essayais de le pousser à bout, définitivement. Et pourtant, je savais qu'il n'irait pas plus loin. Je me sentais sereine, parce que malgré toutes mes provocations, les gens comme lui avaient trop "d'honneur" pour s'abaisser aux choses que je lui proposais. Et il fallait en profiter pleinement.

La jeune femme ne semblait pas le moins du monde intimidé par la provocation de Rei, au contraire elle en riait. Nodoka était enfin parvenu à lui faire perdre patience et prit un malin plaisir à continuer ainsi. Elle le surnomma Cendres Froides, puis gloussa encore une fois alors que sa longue queue venait effleurer le dos du jeune homme.

« T'as pas ce qu'il faut, Cendres Froides. Et si tu l'as, bah ... Prouve-le ... »

Argumentant ses propos d’une léchouille sur le nez du Samui, elle continua à le provoquer de différentes manières. Sa voix ressemblait à un ronronnement alors que parole et rire se mêlaient, donnant une impression de sensualité.

« Prouve-moi que t'es un mec. Ou j'vais finir par croire qu'Ao' t'a volé les couilles et se les aient greffées. »

Il lui restait donc deux choix. Ne pas répondre aux basses attaques de la jeune femme et l’ignorer, ou lui prouver qu’elle avait tort et donc entrer dans son jeu. Pendant quelques instants Rei plissa les yeux, signe d’une intense réflexion. Sa sagesse le poussait à ne pas agir sous l’impulsion de ses sentiments, mais il ressentait une certaine attirance envers Nodoka. Cette Gekei sauvage n’avait pourtant rien pour plaire à un homme. Elle ne montrait ni tendresse, ni pitié, ni même chaleur envers qui que ce soit. Mais il ne pouvait s’empêcher de ressentir une alchimie.

« Je n’ai pas ce qu’il faut ? Je dirai que c’est plutôt toi qui a peur et qui provoque pour te protéger. Mais je me demande bien ce qui se cache derrière cette carapace que tu t’es créée. »

Il fixa ses yeux d’un regard brulant, puis attrapa son menton de sa main droite afin de l’embrasser langoureusement. Il n'avait encore jamais embrassée d'une telle manière une autre femme, le Samui n'avait même jamais encore eut de relation. Son cœur battait rapidement, qu'il observait toujours Nodoka avec la même ardeur.

Je le sentais craquer. Il allait, à un moment ou un autre, céder. Il reculerait, et me dirait de quitter sa bâtisse. Peut-être le dira-t-il dans un chuchotement. Peut-être le criera-t-il de telle façon que l'immeuble entier soit au courant. Peut-être sera-t-il violent, me giflera-t-il ou pis encore. Mais il y avait une chose de laquelle j'étais sûre. C'est que dans les secondes qui suivraient, il me demanderait de quitter. C'est pour ça que j'affichais cet air si suffisant, un sourire aussi grand. Et au début, j'y ai cru. Il m'a lâché les poignets. Mon sourire s'élargissait. J'avais gagné, c'est ce que j'ai pensé. Avant de voir qu'il me saisissait le menton. j'écarquillais les yeux.

- Nan mais qu'est-ce tu fou-

Je sentais ses lèvres contre les miennes, ardentes, étouffer mes vaines paroles. Il n'avait pas fermé les yeux, ils les avaient gardés rivés sur les miens. Un sentiment de peur indicible m'envahissait. C'était pas prévu ça ! Il était sensé me virer ! Me frapper ! Me jeter comme une malpropre ! Pas ... Pas ... Pas ça ... J'étais totalement crispée. J'essayais de reculer, mais mon dos était stoppé par le mur. La panique m'envahissait. Ma tête commençait à tourner. Un gémissement assez pathétique à germer de mes lèvres. Je ... Je me suis détendue. J'ai eu l'impression que mes jambes allaient lâcher. Je crois que j'ai tourné de l'oeil pendant une infime seconde.

Et, je crois que le baiser m'a plu. J'ai glissé mes doigts le long de son dos.

Mais ça, c'était juste l'espace d'un instant. Que je me rappelle où j'étais et qui m'embrassait. C'est à ce moment là que la colère m'a envahie, en un coup. Et que j'ai abattu mon genou entre ses jambes. Je crois que je lui ai fait mal, je m'en fiche. Je crois qu'il était à terre. Je crois que je lui ai foutu un coup de pied dans le ventre, juste parce que je le pouvais. Je me suis éloignée de quelques pas, alors que je me mordais les lèvres. Les lécher à peine. Avant de quitter, sinistre, sans un mot, l'appartement.

J'étais en colère, mais dans un différent type de colère. Une colère glacée. En colère contre moi.
Parce qu'au fond, je crois. Je crois que ça m'a plu. Mais ça, personne a besoin de le savoir.

- Quel connard ...

Je donnais un coup de pied dans la rembarde de l'escalier. Me faisais mal. Maudissais le monde entier.
Me calmais. Et soupirais. Un brin triste.

Un regard de braise, scrutant les moindres détails de celui qui lui faisait face. Ses yeux s’écarquillèrent sous le geste de Rei, un geste que lui-même n’aurait jamais imaginé faire. Il n’était pas de ceux qui ayant déjà ressenti une alchimie envers une personne du sexe opposé. De même son impassibilité habituelle s’était envolée comme de vulgaires feuilles. Que ce soit la colère, la fatigue, ou un autre sentiment, le jeune homme venait d’agir sans considérations. Nodoka laissa s’échapper sa surprise par des paroles rapidement étouffé sous le baiser. Elle émit un gémissement puis laissa glisser ses doigts le long du dos de Rei.

Un violent coup de genou vint alors rencontrer l’entre jambe du jeune homme qui gémit de douleur tout en s’écroulant sur le sol. Cette douleur était l’une des plus grande qu’il avait ressenti jusque-là, malgré s’être habitué à la souffrance il ne parvenait pas à occulter ces pensées. Sans un mot, Nodoka recula puis quitta l’appartement tandis que son camarade gisait au sol. S’il avait pu, il l’aurait poursuivi, mais la douleur était telle qu’elle le rendait impuissant. Au bout de quelques minutes, il parvint à se calmer puis à se relever. Dans sa pièce se mélangeait vomit, vêtements en tout genre et nourriture. Son chez soi auparavant si ordonné ressemblait maintenant à un champ de bataille, qu’il mettrait du temps à rétablir.

Il commença tout d’abord par se débarrasser du cadeau odorant que lui avait laissé la jeune femme, s’attelant rapidement à nettoyer les tissus avant qu’ils n’en soient imprégnés. Il passa sa langue sur ses lèvres, se rappelant de la sensation éprouvée lors de son baiser. Une sensation dont il n’avait jamais fait connaissance, mais qu’il trouva agréable. Son visage resté gravé dans sa mémoire, ainsi que les mains qui lui caressait alors le dos. Des mains lui rappelant au combien il se sentait encore seul. Malgré ses blessures cicatrisées, elle restait toujours bien présentes en lui. La solitude qu’il éprouvait, ainsi que la méfiance envers les autres. Il n’avait aucune confiance envers la Gekei, ou tout du moins il refusait d’en accorder. Elle possédait contre lui une arme bien trop puissante à son goût, une arme dont elle pourrait user sans égards, sans remords. La situation était bien différente de celle de Aoji’, en qui il avait éprouvé cette confiance par le temps et les crises.

Alors qu’il finissait de débarrasser les dernières bricoles dans son appartement Rei se posa contre le mur et glissa jusqu’au sol, se perdant dans ses pensées.

« Que dois-je faire maintenant… »

Il ne pouvait faire comme si rien ne s’était passé, de même viendrait un moment où il croisera à nouveau Nodoka. Le Samui devait assumer ses actes, ses sentiments, mettre un mot sur chacune de ses sensations et trouver des réponses à ses questions. Avant de se retrouver une nouvelle fois devant elle, Rei devait décider d’une ligne de conduite tout en acceptant ses sentiments. Un travail qu’il ne pouvait fournir si près de l’élément déclencheur. Il décida donc de sortir afin de se rafraichir les idées, sachant pertinemment que la nuit ne serait pas faite de sommeil mais de réflexions. Après avoir rapidement enfilé une tenue adéquate, il ferma à double tour sa porte d’entrée puis se dirigea vers un parc, dans lequel il se posa, observant le ciel étoilé.