Il faisait noir… J’étais épuisé. Je me trouvai sur une surface dure tandis qu’une brise fraîche vint me caresser le visage. Je plissais les sourcils tout en tentant de bouger le bout de mes doigts. Je tremblais légèrement : ce simple geste semblait être un effort surhumain. Mon poing fermé, j’essayai maintenant de lever le bras, petit à petit, j’arrivais. J’essayai d’ouvrir les yeux laissant entrevoir légèrement un ciel bleu et quelques feuillages. Jusqu’où avais-je été après mon combat contre les Kirijins ? Je n’en savais rien. Tout ce dont j’étais au courant, était ma simple présence dans une forêt où la canopée laissait à peine entrer quelques rayons de soleil. Une vague frappant un rocher provoqua un bruit tellement agréable qu’il me poussa à me lever. Je relevai mon buste, ma tête parti en avant et fut retenu par la simple force de ma main. J’avais mal à la tête et mon humeur était au minimum : j’étais sur les nerfs.

J’inspirais profondément : la guerre était-elle terminée ? M’avait-on déplacé jusqu’ici où j’avais subi quelques soins ? C’était le trou noir total… Je me mis à genou avant de prendre un appuie m’aidant à me lever. Une fois debout, ma vue se troubla légèrement tandis que l’envie de vomir me prit. Je commençai à marcher, zigzaguant de tronc en tronc m’aidant à me maintenir debout. Ma tête tournait, une migraine commençait à se manifester tandis que l’envie de vomir se faisait plus intense… Si intense que je mis mon épaule sur un arbre présent tout proche et tout en me maintenant en équilibre, j’évacuai de la bile de ma bouche. Après quelques spasmes d’estomac, je m’essuyai la bave d’un revers de manche avant de reprendre la route…

Après avoir marché tant bien que mal, je me retrouvai face à une côte : les vagues frappaient les rochers en dessous tandis que le vent s’élevait rafraîchissant ma peau bouillante par la fièvre qui m’assommait. Je n’étais pas au mieux de ma forme et je devais faire vite pour rentrer au village. Je n’avais nul autre choix. Observant le ciel, je voyais de la fumée se dégageait des différentes zones de combat dans lequel un affrontement eut lieu jadis. Quand ? Je ne saurais le dire, j’étais plus ou moins amnésique sur les événements passés… Soudain, alors que j’étais dans mes pensées tentant de trouver des réponses à mes questions, je vis une ombre au loin : trop loin pour que je puisse voir ce qu’il faisait, mais il était probablement au courant de ce qui se passait…

Je fis le tour avant de m’arrêter : la main sur mon visage, j’étais à découvert. Mon masque d’ANBU avait disparut : aucun doute sur le fait qu’une personne m’avait déplacé et peut-être même dépouillé… Je serrai le poing tant l’énervement s’avérait énorme. Mais je continuais : c’était mieux ainsi au fond, je n’étais pas identifiable.

Ce n’est qu’au bout d’une dizaines de minutes de marche que j’arrivai à sa hauteur, toujours aussi mal en point psychologiquement et physiquement parlant, que je décidai de prendre la parole en premier, en espérant ne pas l’effrayer au vue de mon corps ayant de nombreuses cicatrices visible – mon haut étant je ne sais où… Hésitant, je m’exclamai…

« Tu détiens très certainement des informations que je nécessite… » Je regardai un peu ailleurs tandis que je mis mon avant bras au niveau de mon abdomen. « Déjà, j’aimerais savoir quel jour où on est ? » Observant les alentours, je continuais. « Il y a eut une guerre ici, où en est-elle ? Tu dois savoir ces choses, tu ne peux pas être là pour rien, alors… » Je plissais les sourcils, un air de douleur se dessina sur ma bouche tandis que je lui lançai un ordre. « Parles ! »

Le soleil commençait à se coucher, mes forces me quittaient petit à petit, et je me retrouvais face à une personne dont l’identité m’était inconnue. Je me tenais l’abdomen la douleur étant de plus en plus intense, tandis que ma migraine rendait mon attention proche du zéro. Un œil fermé par la douleur, c’était un réveil des plus brutaux. Mon regard allait de gauche à droite et de haut en bas, je scrutais l’ensemble de la zone, ne faisant même plus gaffe à mon interlocuteur qui eut la bonté de me répondre. La guerre a effectivement eut lieu… Le plus intriguant était qu’elle avait prit fin il y a peu, aujourd’hui… Je m’étais donc évanoui pendant quelques heures : pas assez pour récupérer entièrement de mes blessures. Je fléchis le genou sous la douleur avant de me stabiliser une nouvelle fois, écoutant ce qu’avait à dire l’étranger : je devais m’inquiéter pour moi… Je pouffai rapidement, montrant que je maitrisais totalement la situation tandis qu’il m’interrogea sur mon identité et les raisons de mon état…

Tout était flou sur ce qu’il s’était passé : je savais que je m’étais battu contre trois Shinobi de la brume. Je savais aussi que j’œuvrais pour la feuille. Mais lui ? Qui était-il ? Je n’en savais rien, et mon instinct d’ANBU me disait de ne rien divulguer sur moi : je devais mentir, trouver des excuses… Dire que j’étais un civil ? Peu probable qu’il y croit. Je fermai les yeux tout en serrant les dents tout en mettant ma paume de ma main sur un tronc à côté de moi tandis que mon second bras continuait de maintenir mon abdomen.

« On s’en fou de qui je suis. » Dis-je en donnant un coup circulaire avec mon bras. « Je me suis retrouvé au milieu d’une attaque et j’en ai subi les conséquences… » Je jetais un œil au niveau d’une colline. « C’est derrière ça… Je n’ai rien vu venir… »

Je mentais. Evidemment que je mentais. Il ne fallait pas que je donne trop d’information à mon sujet et je préférais mentir entièrement en y apportant un maximum de détail. Un mensonge réside dans le nombre de détail qui lui sont apportés : plus nous sommes crédibles à ce niveau, plus l’interlocuteur est susceptible d’y croire. La douleur s’avérait plus intense que prévu, et je tombai à genou. Ma main tenant mon buste me retenait de la chute total tandis que mes yeux observaient le sol, de la sueur longea mes cheveux avant de goutter à terre. J’étais à bout de force. Je me trainais jusqu’à l’arbre qui me maintenant debout avant de m’y adosser. Ma tête collait contre l’écorce, les yeux fermés et essoufflé, je décidai de la jouer mec sympa.

« Je marchais, tranquillement à la recherche d’un coin où m’poser… Quand j’ai vu des personnes en train de s’affronter… » Je repris tant bien que mal ma respiration. « Et une attaque m’a touché de plein fouet et m’a projeté des dizaines de mètres plus loin. Mon dos a heurté un rocher, et j’ai perdu connaissance. »

J’ouvrai les yeux péniblement, le phosphène étant toujours présent me rendant aveugle l’espace d’un instant. Je me redressai légèrement, ma main au sol, une jambe repliée en tant qu’appuie. Mon regard dans le sien, les paupières lourdes, je décidai de lui dire une chose sur moi : l’unique vérité…

« Je viens de… » Un petit gémissement de douleur me coupa dans mon élan. « … De Shimo, le pays du givre. » Je crachai de la salive sur le côté, mélangé à mon propre sang. « Et toi, tu fais quoi ici ? Etais-tu l’un des Shinobis qui ont combattu durant cette guerre ? D’ailleurs, de quoi est-elle partie ? Quelle est la raison de cette guerre ? »