Je n'avais pas pris le temps de regarder à droite à gauche. Je n'en avais pas la possibilité surtout. À peine avais-je franchi les lourdes murailles de pierres, que les portes se refermèrent dans un bruit sourd dans mon dos, me faisant sortir dans la sorte de transe dans laquelle je suis plongée. Tel une dormeuse sortant des bras de Morphée, les yeux vides de toutes vitalités, la petite lumière en ces derniers s'éveille soudain.
Je cligne alors deux yeux une ou deux fois et regarde Panach, juste à côté de moi qui piétine sur place, effrayée par le bruit des portes. Mes yeux regardent alors surpris ces dernières. Alors que quelques secondes auparavant j'étais dans les prisons de Konoha avec l'hokage et Tenzo.
Je réagis alors d'un coup et frappe brutalement la porte en hurlant comme une démente :


"NON !!! VOUS NE POUVEZ PAS FAIRE ÇA !!! HOKAGE SAMA !!! OUVREZ LA PORTE !!!!"


J'ai beau frapper la porte jusqu'à m'en faire saigner les mains, rien à faire. Cette dernière reste résolument close. J'ai perdu ... J'ai échoué dans la mission que je m'étais fixée et désormais, je suis seule ... La tête appuyée contre le bois défraichis de l'entrée du village caché du feu, je m'accroupis doucement, comme ci, je m'évanouissais. Pourtant, je suis bien consciente mais incapable de contrôler les muscles de mes jambes. J'en tremble tellement les émotions que je ressens sont puissantes. Quelles sont-elles ? Peur ? Souffrance ? Détermination ? Angoisse ? Non, aucune de ses sentiments n'étaient le reflet de mon âme, de ma tristesse.
C'est en m'appuyant sur la porte que je finis par parvenir à me redresser. Je titube lentement jusqu'à Panach et grimpe avec souplesse sur son dos malgré le fait qu'une fois en selle, je m'affale sur son encolure les yeux rougis par les larmes.
Il est temps à présent de partir. Rester ici ne feras qu'attiser une fois de plus ma haine. Pourtant cette dernière ne me semble pas vouer à disparaître et il me suffit d'un élément perturbateur pour la faire réapparaître aussi fort, aussi puissante que jamais ... C'est alors qu'au loin, se profile dans mon champ de vision

Kakeshuou Samui ...

Un frémissement me traverse lorsque j'aperçois son regard. Un regard que je connais bien. Un regard méprisant, hautain, plein de reproches. Il n'en faut pas plus pour enflammer mes sens et je talonne ma jument tellement fort que cette dernière fait un saut sur le côté avant de s'élancer au travers de la forêt du feu sans en suivre le chemin.
Seule ... J'ai besoin d'être seule ...
Je traverse les sous-bois sans me soucier du paysage, sans même me soucier du fait que je ne connais pas cet endroit et que je suis, sois disant passant ... En territoire ennemi ... Ce n'est que lorsque je commence à apercevoir les vestiges du passé que je ralentis petit à petit avant de me stopper devant ce qui semble être ... Un vieux temple...
Quel est cet endroit. Je laisse mon cheval à l'entrée et m'enfonce petit à petit dans les ruines du lieu délabré...
Enfin pas si délabrer que ça.
Au bout de quelques mètres, je finis par apercevoir des échafaudages.
Visiblement, le bâtiment est en reconstruction, mais quel est donc cet endroit ? Je m'avance doucement au travers des salles assombries par l'architecture et m'avance timidement vers un autel couvert de bougies et d'offrande.
Pourtant, je ne reste pas dans ma solitude longtemps et bientôt des bruits de pas commencent à se faire entendre.

Jeté aux limites du Village caché de la Feuille, Kakeshuou Samui avait gardé sa rage et s’était contenté de grincer des dents. Il ne pouvait pas vraiment en vouloir à ceux qui l’avaient mis à la porte. Après tout, il aurait du être exécuté pour son outrecuidance ! C’est ce qu’il se serait personnellement employé à faire si les rôles eurent été inversés. Dans ce sens, quelque part, il devait une certaine reconnaissance à Konoha pour ne pas avoir ordonné son exécution. Mais patientez donc : il n’est pas dit que le village n’allait pas envoyer des hommes à ses trousses pour le réduire au silence. Ces crapauds étaient bien capables d’une telle ignominie. De son côté, la rage du quinquagénaire se portait toujours sur la même personne. Celle responsable de sa présence en plein territoire ennemi ; celle coupable de haute trahison envers son Clan et son village ; celle qui était incapable de contrôler ses émotions et d’agir de façon rationnelle et logique : Yuki Samui, nièce de son Excellence et jeune kunoichi de Kirigakure no Sato.

Si le voyage avait laissé un temps – relativement court mais bien existant – de réflexion pour notre vieux guerrier sur le pourquoi de ce départ précipité, désormais rien n’avait d’importance. Il en avait assez de ces caprices, de ces exigences de gamine gâtée et mal éduquée. Si les conversations tournaient court, elle pouvait être mise à mort, voire pire : servir d’otage ! Ces enfoirés ont déjà le Mizukage, que veux-tu leur donner de plus !
Pester sur place n’était par contre pas la meilleure solution. Aussi, quitte à attendre, notre homme se dirigeait vers l’arbre le plus proche, et s’asseyait à sa base. Croisant les jambes, ses mains fouillèrent son barda amassé en quelques secondes au Pays de la Cendre, pour retrouver un semblant de réconfort et d’attente sur les lieux. Tiens, la voilà ! Sa pipe à tabac en main, notre homme était prêt à patienter des siècles. Quoi qu’il arrive, il retrouverait immanquablement ses compatriotes. Il aurait le choix entre le nouveau représentant du Village, qui devait arriver un peu plus tard pour négocier pour la libération du Kaguya ; ou la pesteuse qui le mettait à ce point dans l’embarras et qui mériterait dès sa sortie une bonne correction. Un peu de tabac, des allumettes, et c’est parti pour une petite fumée le tout sur un visage cherchant la détente (avec néanmoins de grandes difficultés). Le temps paraît long, lorsque l’on n’a rien à faire de particulier dans le coin. En revanche, il est toujours apprécié de profiter du soleil et de la paix avec les gazouillis d’oiseaux pendant un temps. Après tout, on ne profite guère du temps et du paysage lorsque l’on est combattant de l’Ombre dans le Pays de la flotte et de la brume permanente … .

Il faut attendre plusieurs heures pour que les choses évoluent ; et qu’enfin apparaisse la personne responsable de tout ce tapage. Observant les premières réactions de la gamine qui venait d’être jetée comme une moins-que-rien, le vieux briscard se contentait d’imaginer le tenant et la conclusion de la conversation qui venait d’avoir lieu. En revanche, cela ne l’empêchait pas de prévoir certaines choses. Et en quittant sa position paisible au pied de son compagnon de sieste, il frappait d’un coup sec sa pipe pour en extraire le tabac non brûlé. Écrasant ce qui venait de tomber au sol, Kakeshuou Samui rangeait ses affaires, et faisait désormais volte-face pour affronter directement cette petite idiot qui les mettait en danger chaque seconde du temps qui passait. Se retournant, et comprenant la colère noire qui composait ce regard glacial, l’enfant n’eut pas le courage de rester là à attendre l’Épée de Damoclès, et préféra prendre ses jambes à son cou. Que crois-tu, petite sotte ! Que j’ai couru jusqu’ici pour te laisser t’échapper ?? Ne crois pas que tu vas t’en sortir aussi facilement. Tu es certes jeune et rapide ; mais je suis un vétéran qui ai traqué et éliminé plus d’hommes que tu ne crois. Ce n’est pas ton obstination et ta fougue jeunesse qui vont te dépatouiller du bourbier dans lequel tu nous as plongé.
La voilà qui part sur son destrier. J’ai couru après cette bête pendant plusieurs jours ! Je n’ai pas peur d’effectuer le même exercice ! Reviens là tout de suite, tu ne m’échapperas pas ! Sur cette pensée vénéneuse, le Lion des Neiges s’engouffrait dans la forêt de troncs et de feuilles, à la poursuite de sa nièce.

Une petite course dans les bois ne fera pas de mal ; mais il fallait rester prudent. Nous sommes en terrain adverse, et on ne peut pas supposer qu’il n’y aura personne. Désormais, peu importe la valeur de la délégation : elle avait échoué et on pouvait s’attendre à ce que des hommes soient lancés après eux dans les prochaines heures ! S’il n’y a pas de paix décidée, on ne peut attendre que certaines règles – pourtant élémentaires – soient respectées. Et pour éviter toute mauvaise surprise (la mort, par exemple !!), il faut impérativement mettre de la distance au plus vite ! Toujours dans sa pointe de vitesse, Kakeshuou Samui ne perd pas de son ouïe les sabots martelant le sol du canasson sur lequel s’est enfuie la jeune fille. Esquivant les arbres puissants, passant entre les ombres et les branches, un trait de lumière droit devant. Une clairière, peut-être ? Si elle le voyait en train de le courser, peut-être se déciderait-elle à subir le châtiment réservé aux imprudents et aux idiots de naissance ? … .
L’ancien ralentit le pas, et observe la jeune femme pénétrer dans une enceinte. Un temple ? Et pourquoi pas ? Après tout, le Pays de l’Eau dispose lui aussi d’un ancien temple. Mais pour que celui-ci soit aussi proche, il doit certainement avoir un rapport particulier et important pour le Village ninja voisin. Peu importe. Notre homme n’attend pas des heures : il se jette à terrain découvert, et escalade dans quelques pas et lancées de bras cette petite muraille qui le mènera à l’intérieur. Cette gamine a voulu se jouer de lui, il compte bien lui faire comprendre que c’était là une grossière erreur de sa part !

Elle était là, pied à terre, en train d’observer les environs. Elle se doutait certainement qu’elle ne resterait pas tranquille très longtemps. Mais le laps de temps qui était accordé au doyen du Clan était amplement suffisant. Prenant son élan et n’attendant pas très longtemps pour agir, l’Ombre de Kiri se déplace lestement et prend position sur le flanc gauche de la merdeuse. Inutile de lui laisser le temps de comprendre ce qui se passe : la claque qu’il lui assène est certainement bien suffisante pour lui faire comprendre ce qu’il pense de toute cette histoire ! Ne retenant pas sa force, la baffe aurait certainement assez de puissance pour mettre la princesse des Neiges au sol. Droit sur ses positions, le regard furieux et les traits forcés, toute la stature du vieux Lion était en alerte et prête à en découdre. Le quart d’heure qui allait suivre serait certainement synonyme d’apocalypse pour cette gosse surprotégée ! …

~ Que crois-tu avoir fait ! Te rends-tu compte de l’immensité de ta bêtise ! Tu n’as donc aucune cervelle, aucune retenue ?! Crois-tu vraiment que l’on puisse abandonner aussi facilement son devoir lorsque l’on est ninja ! Hein ?! Je me contre-fous des raisons de cette … insubordination des plus criantes ! Par ta folie, notre Clan pourrait être condamné pour trahison, alors que nous sortons il y a moins d’un an d’un épisode difficile !! Les nôtres nageant dans le sang, et nous deux condamnés à mort pour avoir quitté le village sans autorisation !! Tout ça … pour un seul homme ?!? Un Kaguya ?!!!

La main de mon tuteur effleure ma joue de porcelaine avec une force incroyable, si bien que je me retrouve propulser par la force de l'impact et que j'atterrit un mètre plus loin, sur les dalles informes de pierres abimées par le temps.
Il me faut quelques secondes pour me retrouver, pour arriver à sortir du léger état d'hébétude dans lequel m'a plongé cette gifle. D'instinct, je porte ma main à ma joue pour tenir cette dernière à l'endroit ou la peau commence à chauffer, à devenir douloureuse. Un hématome va se former, s'en est certain. Pourtant, je ne pleure pas. Je ne tremble pas de peur, mais de colère et mes pupilles couleurs ciels se tournent vers mon ainée, le foudroyant du regard alors qu'il me prête un sermon des plus tapageurs. Moi qui pensais que la guerre Kaguya-Samui était finie. Une fois encore, je me suis laissé bercer pas de très belles illusions
J'en frémis de dégout devant la question que vient de soulever le vieil homme. Ai-je réellement eu fait de mes actes ? Étais-je consciente lorsque je me suis enfuie au plus profond du pays du feu. Mon regard et ma détermination répondent pour moi-même et alors que je rassemble mes genoux sous mon corps et que je trouve un appui au sol pour me redresser, je ne lâche pas des yeux le lion des neiges. Princesse contre Lion, la jeunesse contre la sagesse, le fou contre l'enfant ... Encore une fois, nous nous retrouvons en proie à une confrontation mémorable. Pas la première et ... Certainement pas la dernière.
Lorsque je prends finalement la parole, c'est pour parler d'une voix froide, cruelle, une voix qui ne me ressemble pas :


"Je ne sais vraiment pas ce que grand-mère vous trouve d'intéressant Kakeshuou ! Vous êtes aussi grotesque que pitoyable ! Tant par vos paroles, que par vos actes !"


Je ne le lâche pas du regard alors que sans aucun ménagement, je viens d'abandonner la formule de politesse que j'ai toujours employée avec lui. Le "Sama" a disparu aussi purement et simplement que l'once de respect que je pouvais avoir pour cet homme. En proclamant une nouvelle fois, son aversion pour le clan Kaguya, pour mon frère plus particulièrement, encore plus en sachant que ce dernier est aux portes de la mort, c'est toute la haine enfouit au fond de mon cœur qu'il vient de libérer. La clé est désormais perdue et le démon est à nouveau libre de s'exprimer.
Je n'attends, mais pas qu'il prononce la moindre parole avant de poursuivre :


"Vous êtes un fléau Kakeshuou Samui ! Par chance, vos actes seront oubliés, votre descendance étant inexistante et votre réputation ... Pitoyable ... Vous ne marquerez pas beaucoup l'univers dans lequel nous vivons ... D'ici quelques mois, quelques années dans le pire des cas, on aura oublié le lion des neiges que vous étiez. Vous serez comme ces vieux livres dont on ne prend même plus la peine de tourner les pages ... Justes bons pour la poubelle ..."


Je ferme alors les yeux, cherchant au plus profond de mon esprit le chakra nécessaire pour enfin en finir avec cet homme qui cherche à m'entraver depuis bien trop longtemps à présent. Puis ... Après avoir pris une courte respiration, j'effleure mes poignets du bout des doigts :


"Buki Ten'kei !"


Je me saisis alors de mes deux armes et m'élance vers le vieillard, car je veux le voir souffrir et je veux que cette souffrance provienne de mes propres dextres.

HRP:

La claque avait certainement été un peu de trop. L’engueulade était déjà forte. Mais notre homme ne regrettait pas son geste. Il est des fois où des mesures sont nécessaires ; et lorsqu’elles n’ont aucun effet, on passe à la vitesse supérieure. En l’occurrence, cette baffe n’était pas de mauvais augure. C’était l’annonce d’un renouveau ! Celui d’une gamine qui, jusqu’à maintenant, avait vécu dans son palais d’or et qui s’y complaisait. Nageant dans un océan de mensonge sans même chercher à entrevoir le rivage de la vérité. Le rivage d’un monde sombre, aride, sec et agressif. Où la compassion et la compréhension ne sont d’armes que pour les faibles, et où seul l’homme aguerri, endurci et déterminé peut tracer un chemin qui lui est propre sans avoir à s’enfoncer dans les ronces.
Oui, je ne regrette pas du tout de t’avoir orienté vers le droit chemin par cette claque. Et, si cela peut te rassurer, je suis même prêt à m’y employer encore plusieurs fois ! D’autant que, si j’ai bien suivi la situation, ce n’est certainement pas cela qui va te peiner. Depuis notre première rencontre, tu me perçois comme un étranger. Un homme qui s’est immiscé dans ta vie sans que tu n’en veuilles. Pas de chance, je suis un de ces fameux éléments sombres et arides de ce monde sanglant. Je fais même partie des pires éléments que tu trouveras sur cette planète. Mais laisse moi te dire une chose : je serai ton salvateur ! Ton sauveur ! Vois en moi ce prof d’histoire-géographie que tu détestais à l’école ! Il t’en faisait baver, il te collait des crasseuses ; mais grâce à lui, tu as un grain de culture générale et tu sais que Marignan a eu lieu en 1515 !! Maintenant, remercie-moi et suis mon exemple !

Mais la jeunesse est ingrate ! Et n’hésite d’ailleurs pas à le faire savoir. Les propos de la gamine fusèrent, comme un shuriken envoyé en pleine face. Son dégoût, son mépris, … son aversion pour une logique selon elle dépassée depuis la nuit des temps. Une avalanche de reproches, de critiques, destinés à meurtrir moralement et psychologiquement, avant que le contact physique et brutal ne prenne le dessus. Une joute verbale à sens unique, dans l’unique but de détruire l’ennemi de l’intérieur avant d’abréger son calvaire de détritus humain.
Pourtant, le vieux Lion des Neiges reste impassible. Froid et distant. Il continuait à toiser cette misérable créature qui pensait être en mesure de le rabaisser. Ces mots de haine, comment devait-il les accueillir ? Était-il ravi d’être l’objet d’un pareil sentiment de répugnance ? Peu importe, notre homme n’a que faire de la violence pestiférée d’une enfant surprotégée incapable de voir le monde tel qu’il est. Il est des fois où il faut ouvrir les yeux d’autrui par la force. Cette merdeuse avait trop longtemps vécu dans une panoplie : un jeu où on lui avait offert tous les jouets sans lui faire prendre conscience de la réelle signification de ce jeu. Il y a des règles à respecter ; des risques à prendre ; des pertes à assumer et à endurer. Elle, préférait que le monde soit parfait, certainement sculptée à son image de petite déesse. Alors que l’on ne peut prétendre à tant d’avantages et de bienfaits dans une vie d’homme. Nous restons des êtres humains, condamnés à une tâche à la fois écrasante et sans valeur ! Notre rôle est de survivre dans un monde qui sait qu’il peut avancer sans nous ! C’est à nous de nous imposer, et de suivre les règles que nous nous sommes imposés. Toi y compris, Yuki !

Se précipitant sur le vétéran armes à la main, la malheureuse enfant perdait tout sens des réalités. Quoi, en me chargeant de front, tu crois pouvoir me vaincre aussi facilement ? Est-ce mon âge qui t’a mis dans une telle confiance, ou tes principes à deux balles qui te font croire que tu peux venir à bout d’un ancien combattant comme moi ? Tu vas être drôlement surprise, crois-moi ! Tu fais partie des personnes qui m’ont vu combattre une fois et qui ont cru tout deviner. Laisse-moi te dire que je ne compte pas faire dans les fleurs et les gâteaux au chocolat pour te ramener à la raison. Si la première claque n’a pas suffi, la seconde s’y emploiera ! Et toutes les autres, jusqu’à ce qu’on t’insère un disque dur capable d’enregistrer les données !
Arrivée au corps à corps, la gamine ne montrait aucune hésitation à frapper. Mais les mouvements de Kakeshuou Samui restaient simples, marquant là un corps rigide, fier et dur, prêt à encaisser et à agir en toute circonstance. Profitant de l’instant où la portée était la plus adéquate, notre homme eut un rapide mouvement de hanche, et tira sabre au clair. La lame tinta à la sortie du fourreau, et vint briller une fraction de seconde au soleil avant de venir ricocher contre la première lame de gauche. Sa main, rugueuse et ferme, s’empara du poignet de la fillette, arrêtant tout mouvement et mettant face à face les deux protagonistes de ce déchirement familial. Tout ce que Yuki Samui pouvait désormais voir était ce visage : un visage d’acier, empli d’une colère sans limites et d’un mépris absolu. Pas le temps d’attendre que les oiseaux chantent. D’un mouvement puissant et leste, le quinquagénaire, repoussait le bras dont il s’était saisi et le rejetait en arrière, écartant ainsi l’arme blanche de la princesse des neiges et libérant sa main droite. SLAP !! La deuxième claque, plus violente que la précédente, eut exactement le même effet, mais avec moins de retenue et plus de rancœur.

Pendant que la gamine retournait s’échouer en arrière, le tyran du Clan des Glaces se rassemblait et reprenait la pose, droit comme un « i ».

~ Oui !! Je suis un fléau !! Le fléau de mes ennemis et de tous ceux qui ne respecteront ni les règles, ni notre Village ! Que l’on m’oublie ?! C’est le propre du Ninja ! Ce dernier doit combattre, lutter, et mourir pour sa mission ! Celui qui recherche la gloire et la reconnaissance n’est qu’un misérable qui a oublié la nature de sa mission sur cette Terre ! Nous sommes des combattants de l’Ombre ! Ni des justiciers, ni des héros ! Juste des outils, et il serait temps que tu t’en rendes compte, Yuki Samui ! Tu n’appartiens pas à toi-même ! Tu appartiens au Clan, et au Village caché du Brouillard ! Tout comme cet homme que tu espérais naïvement sortir de Konoha !

La claque heurta ma joue avec une vitesse et une force fulgurante. Si bien que mon visage se déforma sous l'effet de l'impact avant de me propulser en arrière. C'est dans un magnifique vol plané que je traversais une partie du temple avant de faire un roulé boulet dans les escaliers de ce dernier et d'atterrir lourdement à leurs pieds.
L'ancêtre n'y était pas allé de main morte et loin de me remettre les idées en place, cette action n'avait eu pour effet que d'augmenter la haine et la fureur qui grandissait en moi.
Je me redressais alors d'un bond, me remettant sur mes jambes plus rapidement que je m'en serais cru capable un jour. Je m'apprêtais à retourner auprès du vieillard pour lui mettre les idées sous terre, mais c'était lui qui venait vers moi à présent.
Descendant une à une les marches des ruines pour réduire la distance entre nous. De sa bouche sortait un flot incessant de paroles. Mon front fut alors pris d'une convulsion de haine à son encontre.
Désormais, je n'allais plus retenir mes coups et alors que je réajustais d'une main souple ma tenue, je dressais à nouveau un regard fier et méprisant à l'encontre de l'ancêtre.
Mes mains se déployèrent alors aussi rapidement qu'une ombre et je me mis à composer une série de mudra :


"Hyouton ! Aisufaia !"


Pourquoi cette technique ? Pourquoi à cet instant. Pour le déstabiliser. Pour lui montrer que j'avais à présent atteint le niveau de ma grand-mère.
De mes mains se formèrent une multitude de pétales enflammés que j'envoyais en direction du Samui alors même que j'effectuais un bond en arrière, m'éloignant encore plus du vieux temple en travaux. Il y a des merveilles en ce monde que l'on se doit de conserver. Pour le reste, nous devons les détruire.
Alors même que mes pétales stagnaient doucement au-dessus de la silhouette massive du vieux lion des neiges, je décidais de leur donner un petit coup de pouce et une nouvelle fois, je croisais les mains rapidement, formant mes mains de façon impeccable :


" Hyouton ! Hatsuyuki no Jutsu !"


Pourquoi en rester là en ci bon chemin ? Je faisais brutalement chuter la température extérieure alors même que j'emprisonnais le vieillard dans ma tempête de glace, lui ... Mais aussi mes terribles pétales de feu !

On peut justement espérer, lorsque l’on est adulte avec un enfant à charge, que l’on servira d’exemple pour ce bambin qui doit évoluer, apprendre, grandir, mûrir. Et la question, sur un plan éducatif et pédagogique, se pose au cours de cette douloureuse expérience pour chaque parent : doit-on faire comprendre par des mots (au risque de n’obtenir aucun résultat), ou doit-on savoir faire usage de la force pour intégrer chez le petit d’homme les concepts même d’ordre et de discipline ? La société a récemment répondu à cette question, en condamnant un père de famille à 250euros d’amende pour avoir donné une fessée à son fils de 9ans. Il est donc tout à fait logique que l’adulte, dans une position de personne mûre et intelligente, fasse usage de mots et de négociation pour calmer et apprendre la vie à l’enfant. En tant que personne responsable.
Rien à foutre de vos théories ! Face à un merdeux perturbé pas foutu d’aligner correctement deux idées sans gueuler pour ne rien dire, seule une bonne claque peut remettre le cerveau jusque là absent à sa juste place. Et en administrant baffe et re-baffe, le vieux Kakeshuou Samui espérait que la jeune princesse des neiges sorte de sa bulle et réalise un peu le monde dans lequel elle vivait. Etait-ce en raison de sa mauvaise éducation, d’un encadrement trop laxiste ou d’une volonté de nager dans un monde de sucettes avec papillons et Winnie l’Ourson ? Peu importe. A partir du moment où tu as décidé de plonger dans l’univers du Ninja, il est primordial que tu acceptes ce qui t’entoure, avec tous les mauvais points que cela représente. Si tu ne l’intègre pas maintenant, tu ne le feras qu’une fois morte !

Cette fois-ci, la violence du coup avait été assez forte pour projeter littéralement la fillette de l’autre côté du temple ! Un exploit ? Pas vraiment, notre homme faisait attention à retenir en partie ses coups. Son but était de punir, pas d’éliminer. Encore que la frontière n’était pas si éloignée entre les deux ! Si cette gamine pourrie gâtée montrait la moindre insistance sur la question, et refusait de le suivre aveuglément et sur une attitude respectueuse et obéissante, il était encore possible qu’il eût à laver l’honneur de son Clan par un sacrifice nécessaire. Même s’il préférait ne pas en arriver là, le quinquagénaire préparait quand même un ou deux tours à rapidement exécuter si les circonstances l’exigeaient … .
Pas à pas, il traversait le temple. Au diable toutes ces fioritures au nom d’un dieu ! Je suis un envoyé de la mort, et je ne peux pas perdre de temps en tourisme et autre distraction du même accabit. Là-bas, non loin, se trouve une jeune écervelée qui doit être ramenée sur le droit chemin. Que ce soit de plein gré ou par la force – même si la force semble déjà bien engagée !

Et pourtant, dès qu’elle fut en vue, ce ne put être autre chose qu’une fureur sans nom encore trouvée sur cette terre qui envahit le cœur du doyen du Clan Samui. Elle persistait ?! Tu tiens tant à ce que je te rappelle ta place, et ton rang au sein du Clan comme du Village ? Tu fais passer tes principes avant les autres ; c’est ce qui te perdra ! Le Ninja est, par essence, un être communautaire : il doit protéger la communauté, être ignorée de la communauté, lutter pour la communauté, mourir pour la communauté. Ses sentiments n’ont pas à intervenir au cœur d’une géopolitique trop complexe pour le moucheron qu’il est ! Et toi, tu estimes avoir le droit et le pouvoir d’être rappelé ? Ce n’est ni le cas, ni dans tes cordes ! En choisissant de combattre dans les Ombres, tu t’es engagée dans une voie où tu ne verras jamais la Lumière !

~ Alors tu veux continuer ? Dans ce cas, je ne compte pas me retenir plus longtemps ! Et tu vas vite comprendre quelle est la différence entre l’Homme dévoué et ta petite personne !!

Faisant exploser son chakra, le Lion des Neiges ne se retenait plus. Aucune limite, aucun verrou ne l’empêcherait ici de faire étalage de sa rage, et il ravagerait ce paysage jusqu’aux rivages de l’océan pour le faire savoir à tous ! Tu veux m’affronter, continuer à me défier sur le terrain du Shinobi ?! Voyons voir ce que tu vaux vraiment ! Relâchant dans l’instant ses précautions, les verrous de chakra dans le corps de notre vétéran sautaient les uns après les autres. Porte Initiale … Porte de la Vie … Porte de la Guérison … Porte de la Blessure ! L’aura qui englobait le corps du vieux combattant des Ombres envoyait un message très clair : ce n’est plus ton oncle que tu affrontes. C’est un soldat prêt à tout mettre sur la balance, y compris sa vie s’il doit agir ainsi ! Et rares sont ceux qui parviendront à l’arrêter maintenant qu’il a rejoint cet état !
La petite nièce n’est pas sans reste. Enchaînant mudras, les deux antagonistes semblaient mimiquer des singes, afin de savoir lequel paraîtra le plus idiot. Mais en l’occurrence, la copie n’est pas tout à fait exacte. En peu de temps, la jeune Yuki relâche un feu de pétales glacés accompagné d’un vent glacial qui s’empare peu à peu du terrain. Du froid ? Quelle mauvaise blague ! As-tu oublié que je suis membre du Clan Samui, Manipulateur de Glace et capable de résister à des températures jusque là jamais défié par l’Homme ?! Attendant le moment opportun, Kakeshuou Samui ne se laissait pas aveugler par sa rage ; il était bien conscient qu’il ne ressortirait pas de cette situation indemne. En revanche, il comptait bien rendre coup pour coup. La jeunesse est certes de ton côté, mais l’expérience et la Loi sont du mien ! Et crois-moi pour graver ce droit et cette supériorité sur ton corps !

Le vent se rapproche, et le tout se fait de plus en plus menaçant. Ne t’inquiète pas ! Notre homme n’est pas sans action ! Sa section de mudras achevée, il parvient encore bien à distinguer cette jeune femme si prétentieuse. Son brouillard n’est pas encore bien installé, alors qu’il lui suffit d’user des éléments. Achevant avec le symbole du Tigre, l’air se contracte, se densifie, et fait apparaître plusieurs miroirs, çà et là, dont un face à notre homme. La violence de l’attaque à venir se laissait déjà sentir. Mais la vitesse d’exécution était de son côté ! Plongeant dans le miroir face à lui, le quinquagénaire parut disparaître l’espace d’une seconde de ce monde. Lourde erreur ! Ma vitesse était telle que tu étais bien incapable de la voir entre les deux miroirs. Et cette rapidité avait le mérite de subir moins de dommages de la part de la technique de rang S ! La douleur n’était pourtant pas absente : le centième de seconde dans mon passage entre deux miroirs n’ignorait pas le contact, certes caressé mais bien réel, d’une flamme brûlante par sa fraîcheur, venant se poser délicatement sur les vêtements et les hanches. La vache, c’est pas rien ! Elle veut vraiment me tuer !! Si elle veut jouer à cela, je suis son homme !!
Les miroirs n’étaient pas innocents face à cette attaque. Le premier miroir, celui qui avait permis le bond, se brisa au bout de trois secondes. Le second, intermédiaire, au bout de cinq. Les deux suivantes ne connurent pas plus de dix secondes de vie. Il en restait pourtant encore deux ; et ils se devaient de résister, en tant qu’armes du même élément, le temps que Kakeshuou accomplisse son œuvre. Lorsque les deux derniers miroirs implosèrent, la figure puissante de notre combattant surgit de nulle part, se jetant sur la prétendue capsule sensée protéger la jeune guerrière. Brisant la couche de protection, l’instant qui suivit fut extrêmement bref. Posant pied à terre devant une gamine qui n’avait certainement pas vu cela venir, le Lion en profita pour appliquer son pied sur celui de la jeune fille ; et l’entraîna dans la terre, faisant craquer les os et cartilages du pied droit ! Pas le temps de voir la suite, un poing vigoureux s’était refermée sur le col de la gamine, et un élan minime propulsa de nouveau les deux combattants dans les airs, jusqu’à les envoyer au dessus du nuage ! Si Kakeshuou Samui s’en sortait ainsi d’une extrême justesse, il ne pouvait pas en ignorer les nombreuses brûlures qui lui couvraient le corps. Il ne sentait déjà plus sa jambe gauche, et son flanc droit était, pour ainsi dire, inexistant. RIEN A BATTRE, je ne me ferais pas avoir comme ça !! Profitant de son sérieux avantage sur la surprise et la vitesse procurée par l’ouverture de la Quatrième Porte, une simple technique de mise en glaçons fut appliquée pour geler les mains de la merdeuse : plus de patounes, plus de Jutsus ! La pluie de coups qui suivit se fit sans chakra, mais certainement pas sans force et détermination. Profitant de chaque seconde qui était encore la sienne, les attaques ne cessaient de pleuvoir sur ce visage enfantin et pourtant sensé être si mature et mûr. Dommage, nous verrons bien si les cicatrices te rendent plus intelligentes et tenaces !

La retombée au sol était inévitable : hors de question de retourner dans la fournaise hivernale qu’avait créée la gamine, l’homme âgé reprit son empoignade et la projeta en direction du bois le plus proche afin qu’elle ne souffre pas elle-même de sa technique, tandis que lui se laissait choir dans un bosquet non loin. Il les avait tiré de cette position compliquée, certes ; mais la chute n’en demeura pas moins violente, et le fait d’avoir subi une grande partie de l’attaque adverse n’était pas rien. Encore fourbu par l’expérience, le vieux combattant regardait son corps meurtri : plus de flanc droit avec de sérieuses marques de brûlures, une jambe gauche qui ne le porterait pas plus loin pour aujourd’hui, voire plus jamais, et une oreille et une partie de la nuque sur le côté droit prise dans la glace, quasiment gelé. Cette pimbèche n’était pas si mauvaise lorsqu’elle se donnait à fond : mais il devenait urgent de régler cette histoire.
Il parvenait à la voir. Elle aussi avait certainement souffert. Et au moins à égalité sur la question du déplacement : en lui brisant les orteils, elle aurait du mal à s’agiter pour la suite !

~ Ne vas pas croire que tes techniques m’empêcheront de mener à bien ma mission. Je te ramène au Village, et tu y seras punie, par le nouveau Mizukage tout comme par notre Clan ! Car dans un monde régi par la violence et les combats, il y a une chose que l’on ne peut bafouer : c’est la Loi !!

Résumé:

L'affrontement fut violemment. Le vieux lion mettait toute la fougue de son expérience dans ce combat ... A mort. Oui, le mot était donné. Nous nous renvoyons coup sûr coup. Mais il y a des moments ou l'expérience prime sur la fougue de la jeunesse.
La fut mon erreur et après un échange de coup pour le moins violent, je voyais mon cocon de glace se fendre en deux alors que nous volions à présent dans les airs, loin, très loin au dessus de mon blizzard. Mon esprit se laissait aller à vagabonder au rythme de nos enchaînements, mon corps répondant d'instinct et essayant de parader au mieux aux attaques du vieillard. Pourtant, je me sentais, affaiblis, diminué. Il était rapide, trop rapide pour moi et je finis par perdre pied. Mon pied pour être exacte.
Les coups s'en suivirent et j'en pris plusieurs hurlant ma douleur et ma surprise, je finis par retomber inerte sur le sol. Affaiblie et blessée, mon seul orgueil était celui de savoir que je n'étais pas toute seule dans cette position défavorable. Le lion s'approchait à présent de moi. Il allait me donner le coup fatal ? Malgré l'importance et le drame qui allait en découler, je ne pouvais m'empêcher de sourire devant la mort. Au moins, cette fois-ci, j'étais allée au bout de mes pensées.
C'était sans compter sur l'intervention de mon cousin. Les poings des deux hommes s'entrechoquèrent dans un grand fracas de glace brisée puis finalement, le silence se fut alors que j'entendais à peine les flux de chakra salvateur s'immiscer dans mon cœur pendant que nous subissions le sermon du jeune homme. Je n'étais pas peu fière malgré tout de m'être opposé à l'un des doyens. La jeune génération était en route et j'avais saisi le wagon alors qu'il roulait déjà à vive allure. N'aie crainte vieillard, la relève est assurée même si sa mentalité ne te plaira pas forcément. Pour l'heure, une nouvelle mission nous attend.
Dès que Kyoji à fini de me soigner, je le regarde et j'affiche pour la première fois un peu de gênes devant lui tout en baissant les yeux de gratitudes :


"Merci ..."


Mais le temps n'est plus à la discussion. Nous avons une mission à accomplir. Kakeshuou se redresse à son tour et nous sommes prêts à partir, chacun dans une direction opposé

hrp: