Escroquerie !!!

Déferlante de frustration pour l'adolescente.

Des centaines de phrases lui tordent le visage, lui font frétiller la langue, et perturbent dangereusement son self-contrôle.

« Deux fois de suite que Suna se tape l'organisation de l'éxam ! C'est pas parce qu'on vit dans le désert qu'on est vos putains d'esclaves, ingrats ! »

« Depuis quand on est obligé de se déplacer jusqu'aux frontières pour faire un foutu combat ? Et ces arènes, elles vous ont coûté combien, bande de nazes ? Y'avait déjà le Sen'Sen' à Suna, z'aviez que ça à faire avec le budget du village ? Z'auriez pas pu nous armer contre ces bâtards de Konohajins, plutôt ? Si vous voulez qu'on les écrase, pourquoi pas, mais donnez-nous en les moyens ! Nous enfermez pas dans des cages en nous regardant nous entre-tuer !!! Je suis KUNOICHI, pas GLADIATEUR, nom d'Ichibi!!! »

« C'est dégueulasse !!! Mon adversaire est un Samui, et comme par hasard je tombe sur l'arène avec de l'eau en masse ! Si vous vouliez vraiment que je parte désavantagée, z'aviez qu'à me faire commencer le combat pieds et poings liés, ça revenait au même ! »

« Je rêve, ou je me bats contre un porc-épic albinos ? »

« Kazekage-sensei, où êtes voooooouuuuuuus ? Pourquoi Taku est pas inscrit ? Pourquoi Hana est déjà Chûnin ? Pourquoi je suis là... »

« Arbitre, j'abandonne »

Autant de raisons qui la poussent à réagir de la même façon qu'à son dernier examen chûnin quelques années plus tôt, en utilisant précisément les mêmes mots. « Arbitre, j'abandonne ». Mais ça serait bien trop facile.

Depuis l'avènement de Kyoshi Rei, l'erreur ne lui est plus permise. La promesse qu'elle s'est faite à elle-même, celle de progresser pour prouver sa reconnaissance à son Kazekage et obtenir la sienne, lui apparaît plus gênante de jour en jour, et c'est un véritable fardeau aujourd'hui. Comment lui montrer sa loyauté et son engagement pour le Sable s'il n'est même pas là pour assister au spectacle de son triomphe ? Même ses équipiers n'ont pas fait le déplacement.

Et pourtant, hors de question de laisser passer cette occasion. Les éléments sont contre elle, tout la pousse à tout plaquer et partir élever des chameaux en plein désert, mais pour la première fois de sa vie, elle prend vraiment sur elle.

Après tout, se battre contre un étranger a ses avantages. Au moins, elle pourra essayer de le tuer sans la moindre arrière-pensée.

Sa tête fait un tour complet sur elle-même alors qu'elle fait craquer les os de son cou. Même tarif pour ses épaules, ses cuisses, ses poignets, ses chevilles. Réajustement des lunettes, regard scandaleusement provocateur vers le Kirijin givré qui lui fait face pendant qu'elle attache ses cheveux.

- Torchons ça rapidement, blanche-neige.

Citation :

Bon RP

Ce n'est qu'après avoir entendu le timbre du porc-épic kirijin que Tawako réalise à quel point il fait vieux. A vrai dire, elle s'est contenté de sa silhouette, et il ne lui est pas venu à l'esprit qu'il soit beaucoup plus âgé qu'elle. Du reste, pas autant. Un vieux raté qui voulait se donner une nouvelle chance, peut-être ? A moins qu'il soit resté bloqué à ce niveau toute sa vie ? Ses traits ne laissent pourtant pas apparaître le manque de self-confiance des étudiants désespérés... Briser ses os n'en sera que plus extatique.

- Vos désirs sont des ordres, Hime-sama.

Elle penche la tête, ses cheveux fins suivent. Son échauffement est terminé. Sans un mot, elle se rappelle des consignes qu'elle s'est donnée à elle-même : rester loin de l'eau. Loin de l'eau... mais proche de son ennemi. Les deux ne sont pas incompatibles. Dans une optique purement Taïjutsu, elle fourre déjà la main dans sa sacoche, attrape un kunai, et en place la poignée entre ses dents. Plus le droit de parler pour quelques minutes.

Il suffit d'un mouvement de la bouche de l'arbitre pour qu'elle dégaine le boomerang à sa ceinture. Son bras part en arrière, et se rabat avec violence vers l'avant alors qu'elle plie les genoux pour préparer son prochain mouvement. Le bout de bois tordu décrit une courbe, mais le chakra dont il est gorgé corrigera inévitablement sa trajectoire. Sa cible : le front du Samui.

Tawako déplie les jambes et décolle dans un bond spectaculaire, dans la direction opposée à l'oasis. Hors de question de donner la moindre occasion à ce vieil aigri de retourner le terrain contre elle. Dans son élan, elle enchaîne deux mudras et génère des illusions mineures autour d'elle : quatre beaux Bunshin « à l'Académicienne » l'entourent désormais et l'accompagnent dans ses déplacements acrobatiques.

Les cinq Tawie se réceptionnent sur les mains, et enchaînent les pirouettes aériennes, tout en se rapprochant dangereusement de Kakeshuou. En plein bond, la tête à l'envers, elle gorge ses bras et jambes de chakra. Quelques mètres séparent désormais les deux combattants.

L'adolescente, comptant sur ses doubles illusoires pour la couvrir, prend appui sur le sol ; sa jambe droite s'étire et s'allonge comme un télescope, son pied vise le genoux de son adversaire. Elle commencera par lui priser les tibias pour l'empêcher de marcher : un ennemi immobile, ce n'est jamais qu'un punching-ball qui gémit...

HRP:

"Keuf"? C'est tout?

Tawie s'énerve. Non seulement personne n'est venu pour l'encourager, mais le facteur chance a lui aussi décidé de lui poser un lapin. Une frappe aussi utile qu'un coup d'épée dans l'eau, et un lancé de boomerang mal dosé qui manque sa cible d'une poignée de cheveux. Et comme si cela ne suffisait pas, le temps se gâte... des flocons ? Blanche-neige s'est réveillée...

Se relevant dans une pirouette arrière, Tawie place le bras devant ses yeux pour contrer la neige et l'empêcher de se loger sur les verres de ses foutues lunettes. Son corps, à toute épreuve, ne plie pas sous le froid plus que sous les habituelles tempêtes de sable, la température est la seule différence. Dans un moment aussi fort en adrénaline, cela ne fait pas la moindre différence pour elle...

Le réel problème concerne sa cible, qui a totalement disparu dans ce brouillard givré. Tawie regarde partout autour d'elle, elle gigote, comme perdue. Ses projections illusoires l'imitent, mais plus personne n'est là pour apprécier le spectacle de leur synchronisation.

Du fer fuse à travers le nuage. Deux clones sont touchés par les shurikens et disparaissent instantanément, sans un bruit, comme s'ils n'avaient jamais existé. Papy Blizzard a tiré à l'aveugle... Sans desserrer les dents, Tawako annule ses deux autres clones désormais inutiles, puis se jette à terre pour éviter un éventuel assaut supplémentaire, garde son kunai en bouche, et tend le bras pour attraper deux des trois shurikens échoués dans la neige et les prendre entre ses doigts.

Il faut sortir d'ici. Se barrer de cette neige, le repérer, et l'enchaîner avant qu'il n'aie le temps de prendre son souffle. Ne pas lui laisser le temps de...

« Continuons »...

Continuons ??

Un miracle ? Viendrait-il de parler ? Après s'être décarcassé pour brouiller la vision de son ennemie, l'imbécile trahit sa position en élevant la voix !!! Pas étonnant qu'il soit toujours genin à son âge, le pauvre...

Plus une seconde à perdre. Profiter du temps de sa phrase pour le prendre par surprise. Bondir hors du nuage... mais de quel côté ?
Pas le temps de se décider. La direction par défaut sera donc celle du ciel.

Un bond phénoménal à la verticale plus tard, l'adolescente s'extrait de la micro-tempête par le haut du nuage. Ses oreilles lui ont déjà indiqué la position de Kakueshou, ses yeux désormais lucides la confirment en une fraction de seconde: le voilà, au milieu d'un mignon petit jardin enneigé à son image.. Il suffit qu'elle tende le bras pendant son saut pour l'atteindre et lui trouer le ventre.

Tendre le bras.
Plus loin.
Plus vite !
Encore plus loin !
ENCORE !
ET VLAN !!! DIX METRES DE BRAS DANS TON BIDE!!! C'EST TOUJOURS MOU, PAPY???

Les émotions de la furie se lisent sur son visage, au moment où son bond atteint le point le plus haut de sa trajectoire...

HRP:

- Chalaud! Mugit-elle, la prononciation entravée par son poignard entre les maxillaires.

En même temps, elle aurait pu y penser. Préparée à toutes les éventualités de contre-attaques physiques, notre chewing-gum national s'était préparé à renforcer son épiderme pour lui donner une résistance à toute épreuve, mais voilà que son bras est fait prisonnier. Il n'a fallu qu'une bouchée de secondes au Samui pour changer le fléau de son adversaire en un véritable poids à traîner. Le froid l'envahit, perturbe la gestion de son bond.

Elle retombe.

Le nuage est toujours là, la neige se fait glissante. A quoi bon faire mouche si c'est pour se retrouver à la case départ !!! Elle force quelques secondes, mais le cylindre de glace ne craque que très localement. L'idée lui vient pendant un instant de s'en servir comme massue géante pour balayer le terrain à l'aveugle et assommer son ennemi, mais avec les secondes qui s'écoulent l'effet de surprise lui file entre les doigts, et son chakra se fait déjà rare. Pour avoir une chance de succès, il lui faut tenter le diable et tout mettre au profit la partie valide de sa machinerie. Une solution de secours, vite !!!

L'adrénaline l'inspire. Elle serre les dents davantage sur son kunai, se dit que l'heure est venue de s'en servir. Plus moyen de se déplacer ? Qu'à cela ne tienne ! Pas besoin de bouger quand on est un bloc de pâte à modeler vivant.

Cette fois, c'est son cou qui s'allonge et s'étire comme le corps d'un serpent.

Sa tête s'extrait du nuage à l'horizontale... juste à temps pour voir le javelot de glace lui foncer dessus ! D'un mouvement habile du cou, elle déplace son crâne et esquive l'arme, mais la pointe gelée lui entaille une large zone du cou. Ce ne sera qu'une plaie normale quand il aura reprit sa taille normale, mais le sang coule tout de même ; la douleur l'envahit et lui donne une raison de plus de mordre à la poignée de son kunai.

Le plus dur est fait. Sa cible est en vue, sa tête s'en approche dangereusement alors que son corps et son bras sont restés sur place. Un mouvement à la base de la nuque crée une onde qui remonte son cou, et donne une impulsion de vitesse à son étirement-éclair. Une question de dixièmes de seconde avant qu'elle atteigne sa cible : la plaie creusée dans la poitrine de Kakeshuou.

Si son mouvement réussit, la lame entre ses dents viendra se loger à même la chair du Kirijin pour la creuser davantage et faire jaillir le sang de façon bien plus inquiétante.

C'est un coup risqué et audacieux, d'autant plus qu'elle y a consacré une dangereuse quantité de chakra... La fin du pugilat approche déjà, pour le meilleur ou pour le pire.

HRP:

Plus la force de l'insulter. Ni de se relever. Ni de rembobiner ses membres, que ce soit son bras surgelé ou sa tête colorée de bleu, de brun et arrosée de rouge. La gloire n'avait été que de courte durée, et le plaisir de faire remuer la chair froide de ce vieil aigri s'était révélé aussi éphémère que celui de faire exploser une bulle de savon du doigt.

Le vent se lève à nouveau, et des flocons envahissent à nouveau la zone, plongeant Tawako dans la froide perspective de la défaite. Oui, ses attaques avaient été audacieuses, mais sa gestion du chakra était simplement désastreuse. A quoi bon rusher de tout son être vers son ennemi kunai aux dents si c'était pour ramper comme une limasse agonisante une demi-minute plus tard ? Au moins, dans ce nuage, son sensei ne la verrait pas croupir dans sa médiocrité. Quant à elle, elle ne voit plus rien non plus sans ses lunettes.

Pourtant, elle est consciente. Elle respire. Difficilement, mais elle y arrive. Cela signifie qu'il lui reste de l'énergie ; elle est sur la réserve, mais il lui en reste. Elle n'est pas inconsciente. Pas encore.

Kakueshou élève une nouvelle fois la voix. Elle n'aperçoit pas sa silhouette, mais elle localise sa voix. Il lui laisse une dernière chance.

A ce moment-là, des pensées lui reviennent. Des conseils bien antérieurs à ceux de son sensei, ou des Sunajins qu'elle avait rencontré depuis son arrivée au village. Des conseils de la grand-mère d'une vieille amie.
Elle parlait sans cesse du Tao de la Survie, présentant la survie comme un art difficile et douloureux, nécessitant parfois d'oublier la fierté et le bon sens. Elle disait que la mort n'était rien de plus qu'un prédateur, le plus haut placé dans la chaîne alimentaire, et que comme tout prédateur, elle relâchait son attention devant une proie déjà épuisée. Que le meilleur moyen de rejoindre la vie, c'était de feindre la mort.

Cela dit, ce n'est pas de ces préceptes qu'elle se souvient.
Elle ne se souvient que d'une autre phrase, gravée en elle comme un nom sur une gourmette.

« Dans l'art de la survie, tous les coups son permis.
Même les coups bas.
Surtout les coups bas ».

Ses yeux s'ouvrent.
Son cou s'allonge une ultime fois.
Il se dirige vers la voix de Kakueshou, plongé dans sa phrase. Elle n'en saisit pas les mots.
Sa silhouette se dessine vaguement à travers le nuage. Ses jambes, son tronc. La zone du corps ciblée se situe pile à la frontière entre les deux.

Elle frappe.

*Deadly... Worth it...*

Sa tête s'écroule comme une masse. Son corps suit, quelques mètres plus loin. Elle est vidée, inconsciente.

HRP: