La journée s’annonçait belle, un ciel bleu et sans nuages. J’étais de retour au service actif après sept longues années de non-activité, sans vouloir intervenir durant les moments chauds du village de la feuille comme la guerre contre Suna. Certaines personnes devaient penser si j’avais des remords ou non pour n’être pas intervenu durant les combats, mais j’essayais surtout de ne pas y penser, à toutes ces morts et à cette défaite de Konoha. À quoi bon s’empoissonner l’esprit quand je pouvais penser au présent et à l’avenir ?

Après quelques jours d’attentes, je n’avais toujours pas reçu de mission à exécuter, ce qui était étrange. Mon grade était celui de genin, donc les petites tâches devraient être nombreuses. Si on parlait de mon cas spécifique, je devrais même en souffrir, vu mon inactivité.

* En réalité, je n’ai aucune idée ce que les autres avaient en tête à propos de moi. * pensais-je, assis sur un toit pour observer les visages des hokages dans la roche. Le vent caressait mes cheveux avant d’entendre des bruits de pas, me faisant partir en vitesse vu que j’étais plus ou moins autorisé à être sur ce toit.  

Pour « tuer » le temps que j’attendais à recevoir une mission, je m’entraînais puisque j’avais quelques années rattraper de temps perdus. J’aidais aussi des villageois, de temps en temps. C’était justement en finissant de travailler avec un civil, tôt le matin, que le ninja s’était présenté à moi pour me donner un ordre de convocation de la part du Godaime. L’Hokage en personne voulait me savoir ? C’était assez étrange, mais je ne pouvais pas m’en sauver. Avant de prendre congé, le militaire m’avait indiqué l’endroit du rendez-vous : le terrain d’entraînement.

Rapidement, pour ne pas être en retard, je m’étais dirigé vers ce lieu entouré d’une clôture pour empêcher les civils d’entrer dans ce lieu d’entraînement pour les ninjas. Beaucoup de dangers s’y trouvaient, selon ce que les autres m’avaient dit puisque cet endroit m’était inconnu de mes yeux.

J’avais attendu peu de temps avant d’attendre un léger bruit et en me retournant, je faisais face à Hayashi Daiki, Godaime Hokage du village de la feuille. Il était seulement mon ainé de deux, voir trois années tout au plus, mais selon ce que les gens racontaient, il était un génie parmi les membres de son clan.

« Godaime-sama. » avais-je dit en mettant un genou sur le sol, la tête légèrement inclinée vers le sol. J’attendais les raisons de ma présence devant lui, alors que je n’avais rien fait d’extraordinaire depuis mon retour.

Un cas plutôt particulier qui amenait Daiki à quitter la morosité de son bureau pour le plein air et les terrains d’entraînement. Un certain Saitô Daiki. Unique rescapé d’un clan connu de certains comme étant des utilisateurs de Yôton. Une affinité assez spéciale. Pas rare mais assez complexe à maîtriser. A la portée de n’importe quel shinobi sachant se débrouiller en Katon et Dôton mais sans pour autant exagérer. Mais là n’était pas le sujet. Daiki avait demandé audience avec ce nouveau Genin de Konoha pour justement le fait qu’il soit nouveau. Il ne le faisait pas avec chaque nouveau Genin non plus mais ce cas avait attiré son attention et il méritait quelques éclaircissements au vu de ce qu’avait appris le Godaime.

Pour cesser les formalités bureaucratiques, il lui avait donc donné rendez-vous aux terrains d’entraînement, ne serait-ce que pour que lui-même puisse se changer les idées de la paperasse. Il se mit donc en route tranquillement. Sa garde lui avait lâché un peu de lest. De toute façon, Akainu avait toujours un « œil » sur lui et savait où il se trouvait ou s’il lui arrivait quelque chose. Pas d’inquiétude à avoir de ce côté-là. Et puis au sein du village très franchement, comment avoir un accident ! Le plus risqué serait de se faire renverser par quelqu’un. Un danger d’ordre national ! Mais bon, sur ces pensées, il sautait de toit en toit pour se rendre au point de rendez-vous fixé. L’heure approchait et il serait pile poil à l’heure s’il continuait sur sa lancée. Il n’accéléra donc pas, profitant de l’air frais et de cette belle journée pour admirer les paysages et tendre l’oreille aux bruits de la ville s’affairant à tout son commerce et ses activités variées.

Il finit par arriver. De son perchoir, il vit que l’endroit n’était pas désert. Il détailla le jeune homme se tenant là-bas et reconnut celui qu’on lui avait décrit lorsqu’on lui avait exposé les faits. Il poussa un petit soupir avant de se plier en deux et de décoller pour finalement atterrir derrière le garçon. La rencontre serait étonnante. Dans le sens où comme ils ont le même prénom. Bon la conversation ne porterait pas sur ça. Pas du tout même. Lorsque l’autre Daiki se rendit compte de la présence du Daiki Kage, il déposa un genou à terre pour le saluer. Quel supplice ça aussi. nombre de fois qu’il se répétait à ce sujet…Mais bon, s’il faisait ça, c’était justement car il venait d’arriver dans le système shinobi et qu’il n’avait pas rencontré Daiki. Le médecin commença donc par là en lui intimant de se relever :

Pas de ça ici. Relève toi jeune Saitô.

Sans attendre qu’il obéisse, le Godaime créa une chaise à dossier en bois qui se forma à partir de racines sortant du sol pour venir se nouer en un siège. Il s’installa dessus et déposa un coude sur l’un des accoudoirs pour ensuite poser le poing sur sa tempe et reprendre la parole :

J’ai appris pour l’histoire de ton clan. Une tragique histoire qui ne doit pas être facile à vivre j’en conviens. Néanmoins…

Il prit un air un peu plus dur. Il en arrivait au sujet qui les amenait tous deux ici.

Néanmoins j’aurais une question à te soumettre. Est-ce pour cette raison que tu as négligé l’appel de Konoha pendant toutes ces années ? Où y a-t-il une raison nous échappant totalement à moi et les précédents dirigeants de la Feuille qu’il serait bon de savoir ?

J'étais surpris, mais pour bien paraître, je m'étais relevé rapidement pour écouter ce que Hayashi Daiki, le cinquième hokage du village de la feuille, avait à me dire.

Comme si ce n'était qu'un claquement de doigts, le chef s'était créé une chaise à l'aide sa très bonne maîtrise du mokuton. Cela ne devait pas être un grand exploit, loin de là, mais je pouvais très bien imaginer le fait que ce n'est pas tous les ninjas qui peuvent faire cela, se concentrant surtout à créer des techniques offensives ou défensives. Ils devaient éviter de perdre leur temps d'utiliser l'art du bois en des moyens pratiques, mais je pouvais tout aussi bien me tromper.

Je n'avais pas pu m'empêcher de figer, lorsque le chef avait abordé l'histoire(destruction) de mon clan. Un jour ou l'autre, un hokage m'aurait posé la question. Je ne pouvais pas fuir longtemps les reproches ou les regards, mais pourquoi fallait-il que ce soit lui ? Pourquoi un Hayashi ? Pourquoi ce membre de la famille génétiquement lié à celle des Senju, meurtrier des Saitô ? Je faisais de mon mieux pour rester calme malgré que si je réfléchissais rationnellement, le clan Hayashi n'avait rien à voir avec la mort de ma famille. Ma patience avait ses limites au-delà de la raison. Encore ces cauchemars ...

« Godaime-sama, je me suis retiré dès la fondation du village de la feuille. Je ne voulais plus combattre pour bien des raisons, mais ce n'est pas la question que vous m'avez posé, j'en conviens ... » disais-je, pour tenter de rassembler mes idées.

« Cela fais ... sept années, bientôt huit que les conflits reliés à la Grande Guerre Shinobi sont finis en Hi no Kuni. Encore aujourd'hui, je dors peu la nuit. Il y a des gens que j'ai connus qui se sont enfermés au plus profond de la forêt, en ermite. D'autres sont même en prison, car ils sont trop dangereux et surtout fous à cause de ces combats. » disais-je, essayant de garder mon calme.

« Jusqu'à tout récemment, je ne pouvais pas tenir une arme sans trembler. Je n'arrivais pas à malaxer correctement mon chakra. J'étais une honte pour mon clan, mort à cause d'une stupide erreur. Si j'avais accepté d'aller combattre, c'était signer mon arrêt de mort et celui de mes camarades parce que je ne me sentais pas capable de le faire. J'aurais figé et des ninjas seraient morts à tenter de me sauver, s'ils avaient pris la peine de le faire. » rajoutais-je, en le fixant dans les yeux.

« Je préférais passer pour un lâche et ne pas répondre à l'appel de Konoha que de passer pour déserteur, car je ne sais pas comment j'aurais réagi face à l'ennemi. Ce n'est pas pour rien que je suis resté à Konoha et que j'ai aidé tous les jours les civils dans le besoin. C'était ma façon d'aider le village, même si j'ai agi avec indifférence face aux messages et messagers qu'on m'a envoyés durant toutes ces années ... » finissais-je sans rien dire. Je continuais de fixer l'hokage dans les yeux. J'avais beaucoup parlé et il était trop tard maintenant pour revenir en arrière. J'assumais mes paroles, même si elles pouvaient sembler contradictoires à ce que pensaient le Godaime et ses prédécesseurs.