Elle avait réalisée que je l’observais. Eh oui il faut dire que je n’étais pas très discret tout à l’heure. Je ne réponds rien. Il est déjà suffisamment humiliant de se faire attraper en pleine observation. Elle n’en fit rien et me donna son nom. Yuki… elle s’appelle Yuki. Un nom à l’instar de la petite poupée sucrée qu’elle est. Elle parait si inoffensive assise là. Mais je sais que les plus beaux minois cachent peut-être les pires démons.

Je remarque soudain que sa main se rapproche de mon carnet. J’avais complètement oublié de le ranger et voilà qu’elle allait le saisir. Heureusement, elle s’arrête à la dernière minute et résiste à la tentation de s’en emparer. Je ne sais pas très bien si je dois parler de ce carnet. Ça ne fait pas très viril de se promener avec un carnet rempli de poésie. Je ne suis pas sûr de faire bonne impression. Mais en fait, je n’en ai rien à faire de faire bonne impression. Si ça ne lui plait pas, ce n’est pas le seul banc de Kiri.

A ma plus grande surprise, la jeune Yuki devine ce qui se trouve dans les pages de mon carnet. Du premier coup comme ça, c’est plus que suspect. Ma méfiance augmente mais je lui laisse encore le bénéfice du doute. On ne sait jamais, peut-être est-elle seulement perspicace.

Il y a quand même quelque chose de louche dans cette histoire : ses questions ne me dérange pas le moins du monde. Bien sûr le fait de devoir cacher ou non mon carnet m’impose une décision mais je n’analyse pas chacune de ses phrases comme j’ai l’habitude de le faire habituellement, C’est étrange, mais je me sens en confiance. Peut-être est-ce son joli minois ou sa voie douce.

Heureusement, je me ressaisis vite et je recommence à cogiter. C’est à ce moment qu’elle se met à fouiller dans son sac en papier kraft. Je profite du fait qu’elle a les yeux baissé pour l’observer plus attentivement. Elle a vraiment une peau très blanche, un peu comme la mienne. Ses yeux sont d’une couleur vraiment perturbante et sa masse capillaire la rend vraiment plus grande. C’est plus qu’une petite fille, c’est un spécimen étrange. Je crois que l’envie me prend d’en apprendre plus.
Elle finit de fouiller et me tend un pain au chocolat en me le proposant. Je ne sais pas vraiment quoi faire mais je crois que je n’ai plus vraiment besoin de réfléchir. Il est évident que cette fille n’a pas envie de me tuer ou de me chercher des noises. Peut-être devrais-je être plus coulant et lui accorder un peu de confiance.

Je saisi le pain sans dire un mot et croque dedans. Il est vraiment très bon. Le pâtissier qui l’a fait est vraiment très doué. Sa chaleur me réchauffe et me fait reprendre un peu le fil de mes pensées.  Je décide de me montrer cordial et gentil. Après tout, elle l’avait bien mérité. Je saisis mon carnet et le lui tend.

-Ouai… c’est un recueil de poème. J’y inscris tout ce qui me vient par la tête lorsque je vois quelque chose de suffisamment spécial pour que l’inspiration me vienne. Je n’en ai pas encore écris beaucoup mais j’ai tout mon temps pour ça.

Je prends une profonde inspiration, croque à nouveaux dans le pain au chocolat et je continu.

-Tu t’appelle Yuki donc. Comment une pauvre petite colombe comme toi peut-être ninja. Si tu me racontais un peu qui tu es ? Je t’en dirai plus sur moi ensuite.

Quelle curieuse petite fille. Elle me semble courageuse. Et c’est bien là le problème. Je ne devrais pas m’attacher à certaines personnes. Pourtant, elle est particulièrement attachante. Ne serait-ce que dans sa façon de saisir mon cahier et de me le rendre tout en me complimentant. Dans sa façon de raconter son histoire et de me montrer sa cicatrice. Sa manière de me dire que pour elle,  l’objectif est de prouver sa valeur. Je dois admettre que lorsqu’elle me parle de la raison pour laquelle elle est devenue shinobi, je ne peux m’empêcher de penser aux propres facteurs qui ont fait que je me suis également engagé dans cette voie.

Je réfléchis quelques instants et je me rends compte que m’étaler là-dessus ne serait pas une bonne chose. Si je suis devenu shinobi, c’est avant tout parce que mon père et ma mère l’étaient avant moi. Mais c’est surtout parce que cette force insoupçonnée en moi n’avait cessé de m’y pousser. Cette force maléfique qui siège dans mon cœur et qui de temps en temps me fait part de ses idées malveillantes. C’est en partie sa faute si je me méfie de la petite Yuki alors que jusque là, elle ne fait qu’être gentille.

C’est étrange… Je parle de cette force comme si c’était quelque chose de différent de moi-même. Je suis pourtant bien placé pour le savoir, Il s’agit d’une partie de moi. Je suis peut-être bon de temps à autres mais je suis également foncièrement mauvais. Je suis un peu comme du gris, mi blanc mi noir. Je crois que c’est le peu de sagesse que je possède qui fait que je n’ai pas encore fini en prison pour avoir étriper tout le monde.  

Finalement, mon objectif s’impose de lui-même, ignorez ma partie perverse et me concentrer un maximum pour paraître normal aux yeux de la jeune Yuki. Je ne voudrais pas l’effrayer. Curieuse prise de conscience quand même….

« Je ne suis pas là depuis très longtemps… Je ne connais pratiquement personne »

Ma voix se perd légèrement dans le vent. Je la regarde dans les yeux. Mon dieu que ces yeux sont magnifiques ! Je décide de rejeter ses pensées hostiles qui me viennent à l’esprit. Qui sait, peut être y arriverais-je. Il faut néanmoins que je fasse quelque chose pour ne pas être trop méchant.

Soudain je trouve la solution. Heureusement pour moi, je fais attention aux mots prononcés par mes interlocuteurs et, même si Yuki a le pouvoir de me calmer et de me faire arrêter de réfléchir, je suis quand même suffisamment concentré pour avoir comprit comment rejeter la noirceur que j’ai dans le cœur en ce moment même.

Je saisis la main de Yuki et l’entraine avec moi en marchant vers le terrain d’entrainement qui se trouve non loin. Une fois au milieu du terrain, je lâche sa main, je la regarde dans les yeux et je soupir. Je bondis en arrière et je me mets en garde, les poings serrés.

"-Pratiquons un peu de taijutsu toi et moi…

Cette fille est vraiment à part! Elle me dit d’y aller doucement et gentiment et elle charge sur moi comme un aigle sur un mulot. Elle fonce droit sur moi, les poings serrés. Elle vise tout d’abord mon visage, son coup est facilement prévisible mais je ne tiens pas à contrer, je veux voir ce dont elle est capable en enchaînant les coups. Elle attaque donc et juste avant l’impact, je recule la tête suivant le mouvement de son poing, lui faisant croire qu’elle m’a touché. Elle enchaine ensuite par un coup sur ma poitrine. Là je n’ai pas le temps de prévoir et je me prends le coup directement. Heureusement, cette petite fille n’est vraiment pas très douée en taijutsu alors le coup ne me fait pas vraiment mal. Le troisième coup par contre, lui, est plutôt prévisible. Elle projette sa main vers mon bas ventre et je crois qu’elle charge même un peu de chakra dans sa paume pour amplifier le coup. Mais heureusement, je suis assez doué en taijutsu. J’élance mes jambes en arrières et appui mes mains sur le sol avant l’impact. Je fais tournoyé mon pied ce qui lui fait perdre l’équilibre et, juste avant qu’elle ne tombe, je la rattrape dans mes bras. C’est sûr que je veux qu’elle s’entraine un peu au taijutsu mais je ne veux pas qu’elle se blesse.  Je la récupère donc et la remet sur ses pieds. Je recule de quelques pas et je la regarde.

«Le taijutsu n’est pas quelque chose qui s’apprend comme ça d’un seul coup. Cela demande de la pratique, surtout pour un sabreur. »

Je me dis alors qu’il est plus que temps de lui faire part un peu de ce que je suis, de qui et de ce que je sais faire.  Je retire Aurore et Crépuscule de leur fourreau et je lui tends Aurore, la sublime lame blanche tandis que je porte Crépuscule par son manche. J’avais bien sûr détaché mes chaines d’Aurore pour ne pas qu’elle reste attachée à moi mais j'ai pris soin de garder celle de Crépuscule. Je me demande comment elle va réagir...

« Envi d’essayer le Kenjutsu ?» Je demande d'une voix assurée. Je veux qu'elle se sente en confiance et qu'elle s'y mette à fond. Et qui sait, peut-être que c'est elle qui m'apprendra quelque chose tout à l'heure.

Elle se saisit de la lame et quant à moi, je laisse pendre mon sabre noir vers le sol et je fais quelques pas. Je me mets en position et je regarde Yuki dans les yeux. Ses yeux me troublent toujours autant. Je me perds pratiquement dans cet enfer bleu ou blanc, je ne sais plus du tout.

« Tout est dans le jeux de jambe et dans le regard de l’adversaire. Vas-y, essaye de dompter Aurore »

Et à partir de là, je n'ai plus quitté son regard des yeux. Tout est dans dans les prunelle quand on se bat contre un sabreur. Toute la stratégie réside dans le bleu, le vert ou le noir des yeux. Mais je suis prêt à le lui faire comprendre...

Etrange… Elle semble coutumière à l’art du sabre. Je ne le vois pas à travers son regard mais à travers sa posture et sa manière de tenir l’arme, de l’observer et d’en examiner le tranchant. Décidément cette jeune fille est pleine de ressources !

Nous nous observons pendant quelques secondes avant qu’elle n’ouvre la bouche. Elle m’invite littéralement à lancer l’assaut. En même temps je la comprends. Elle n’a pas très envie de se faire avoir comme tout à l’heure. Je vais donc devoir lancer le premier coup. Mais je ne suis pas un idiot. Attaquer sans stratégie reviens à ne pas attaquer du tout. Je n’ai pas dans l’esprit de la blesser mais il faut bien prendre quelques entraînements aux sérieux. Je vais donc me donner dans cet exercice, quitte à l’égratigner un peu. Je pense qu’elle ne m’en voudra pas…

Mon sabre à la main droite, je le fais coulisser doucement sur mon avant bras gauche juste sous mon nez et je me prépare. Soudain, un plan bien en tête, je passe à l’attaque. Je bondi dans la direction de Yuki en tourbillonnant à l’horizontale dans les aires, mon sabre tendu. J’entends un claquement de métal et je comprends que nos épées se sont entrechoquées. Je retombe sur mes pieds, faisant à nouveau face à mon adversaire.   Là, je décide de changer de stratégie afin de voir comment s’adapte la petite.

Je déverse du chakra dans ma chaine (sanglée à Crépuscule) elle se met alors à faire léviter le sabre, me laissant pleinement l’usage de mes poings. Je regarde Yuki et je me demande comment vont se passer la suite des évènements. Je suis curieux de savoir comment elle va s’en tirer. J’envoi ma chaine –et donc mon sabre- droit sur elle et l’oblige à contrer chacun des assauts.
Quand elle s’est bien essoufflée, je charge plus de chakra dans ma chaine et en transmet dans Crépuscule. Alors le sabre se met à briller de plus en plus fort d’une lumière blanche feutrée au bleu. Le courant qui passe dans l’acier est presque vivant tant il est instable. Je fais foncer Crépuscule sur Yuki en espérant qu’elle sera assez maligne pour contrer avec Aurore. Les deux sabres étant complémentaires, ils ne peuvent pas se briser mutuellement. Et dès le moment où Crépuscule touchera Aurore, elle-même se mettra à émettre du courant.

Mais à présent, voyons comment se débrouille la petite Yuki face à cette attaque frontale. J’en frissonne déjà... Comme c'est grisant! Ne rien savoir de ce que l'adversaire est capable de faire, de ne pas faire. Je n'avais jusque là jamais vraiment combattu quelqu'un, même en entrainement. C'est bien mieux que ce que l'on a bien pu me raconter. Ce sentiment... Je me demande quel sentiment procure le fait d'ôter la vie. Bien sûr ce n'est pas sur Yuki que j'expérimenterais cela, ce ne serait pas correct. Et puis, je me prends un peu d'affection pour cette petite. Mais je dois rester sur mes gardes, aucune erreurs n'est acceptable, c'est ma spécialité. Pour l'instant, j'attend de voir, je regarde dans es yeux cette lueur quand elle se sent en danger. Serait-ce du plaisir???

Dommage… Au final elle n’a pas réussis à contrer ma lame de foudre comme je le prévoyais et elle s’est prise le choque des deux lames électriquement chargées de plein fouet. Elle valdingue sur plusieurs mètres et met plusieurs secondes à se relever. Je suis un peu déçu mais je ne perds pas espoir en elle. Je suis sûr qu’elle en a encore à revendre. Au moment du choc, Aurore avait elle aussi volé dans les airs et Yuki, une fois relevée s’empressa d’aller la chercher. Elle la repris en main. Elle était cette fois plus déterminée, plus sûre d’elle que tout à l’heure. Elle prenait de bons appuis sur ses jambes, lui prodiguant une base stable. Il allait être difficile de la déstabiliser. Je fonce néanmoins tête baissé, cette fois l’arme solidement empoignée. Les claquements de l’acier sont nos seuls paroles et j’avoue que c’était particulièrement agréable de ne pas avoir à parler. Les épées choisissaient elles-mêmes les mots que nous prononcions. C’était… magique.

Je remarque dans la technique de la jeune Yuki une nouvelle façon de se battre. Elle est plus agressive, plus désinvolte et plus rapide. J’avoue éprouver quelques difficultés en tentant de reprendre l’avantage mais elle ne me laisse pas le temps pour ça. En tant que pratiquant du combat à deux sabres, je me sens quelque peu démuni avec Crépuscule dans une main et Aurore dans le camp adverse. Je me bats néanmoins du mieux que je peux et je pare la plupart des coups. Elle tente soudain de m’asséner un coup d’épée que je bloque sans difficulté. Je décide de profiter de l’ouverture offerte pour tenter un coup de poing mais, à ma plus grande surprise, elle parvient à le contrer. Nous nous retrouvons nez à nez. Il n’y a que quelques centimètres qui me séparent de son visage laiteux. Nos regards se perdent l’un dans l’autre, au gré du blanc étincelant de ses pupilles et du bleu azur des miennes. Je suis complètement troublé. J’en oubli complètement que nous sommes en pleine passe d’arme et je me fais avoir ! Yuki murmure quelque chose que j’arrive à peine à percevoir. Je comprends alors que je suis pris au piège. Soudain je glisse sur ce qui semble être de la glace. Je tombe littéralement à terre tandis que la petite démone s’en sort parfaitement bien avec un bond en arrière.

Elle revient vers moi, le sourire qui lui est si propre est imprimé sur son visage. Je comprends qu’elle est satisfaite.  Elle me tend Aurore en me disant que l’arme est une fine lame mais qu’elle est trop lourde pour elle. Je me relève et saisit Aurore pour la ranger dans son fourreau avec Crépuscule. Je ne sais que dire. Nous venons d’échanger des coups de Taijutsu et de Kinjutsu. Je ne maitrise pas encore le Genjutsu alors je suppose que la prochaine étape sera le ninjutsu. Je regarde Yuki dans les yeux, elle est toujours souriante.

«Eh bien maintenant, si on pratiquait un peu de ninjutsu ? »

Tout en disans ça, j’effectue quelque mudras et je murmure :

« Téléportation Raiton »

En un clin d’œil je me retrouve derrière la jeune Yuki tandis qu’elle se demande encore où j’ai bien pu passer. Je viens d’épuiser pas mal de chakra alors je lui pose une main sur l’épaule en me penchant, plaçant mon visage à côté du sien.

«Mais si on allait se promener avant ? »

Je ponctue cette phrase par un sourire des plus complets. Cela faisait longtemps que je n’avais pas souri spontanément. Je ne me rappelle même plus la dernière fois où j’ai vu mes dents. Je me contente de faire ce que j’ai envie de faire. Cette petite diablesse cache peut-être un lourd secret, mais je préfère m’en faire une amie. Ça pourrait même être la première depuis mon arrivé à Kiri. Je ne sais pas exactement pourquoi je raisonne ainsi. Je dirais que sa présence m’apaise. Quand je lorgne vers ses yeux opaque, j’en oubli que je ne suis peut-être pas aussi équilibré que je le devrais.

Je lui prends la main...

Spoiler:

La petite Yuki dit qu’elle ne connaît pas très bien Kiri. Ça me parait difficile à croire vu ce que je sais sur elle. Mais après tout, pourquoi pas. Elle est peut-être ermite de temps en temps. Et puis je n’ai pas besoin de carte pour l’emmener là où je plane de l’emmener. Je connais le chemin par cœur. Je ne l’ai pas beaucoup emprunté mais je sais pertinemment quel genre de route il est préférable de  prendre pour y arriver. Droite, gauche,droite, gauche… tout est inscrit dans ma tête jusqu’au plus insignifiant des carrefours. Si j’ai un sens plus développé que les autres, c’est bien mon sens de l’orientation. De ce côté-là je n’ai rien à craindre.

Nous marchons donc, main dans la main. Je reste concentré sur la destination, nous sommes presque arrivés. Je ne ressens pas plus que ça le besoin de parler pendant le trajet mais peut-être est-ce différent du côté de Yuki. Beaucoup de question se bousculent dans ma tête mais je ne me sens vraiment pas la force psychologique nécessaire pour les affronter. Je n’en demeure pas moins perplexe et un peu perdu. Oui, je suis en train de parcourir les rues avec une shinobi que j’ai rencontré il n’y a pas deux heures. Oui, j’ai souri volontairement et je l’ai prise par la main pour l’emmener avec moi marché à travers Kiri.
Au bout d’un instant, la jeune Yuki se décide enfin à se mettre à mon niveau et elle se met à parler. Ce qui sort de sa bouche est une question. Elle me dit qu’elle n’en sait pas grand-chose sur moi. Je me demande alors de quoi il faut bien que je parle. Lui dévoiler une partie de mon passé me rendrai encore plus vulnérable que je ne le suis maintenant. C’est assez déstabilisant et cela m’oblige à me remettre en question et de savoir si elle mérite ma confiance. Finalement, je m’arrête et je regarde dans ses prunelles blanches. Je ne me lasserais jamais de ses yeux bleus-blanc. J’avais pris une décision.

«Eh bien, nous sommes arrivés. Je t’en raconterais plus une fois qu’on sera là-haut. »

Je souri légèrement alors qu’elle à l’air interloquée. Alors je rejette du chakra dans ma chaine et la fait s’enrouler autour de la taille de Yuki. Je monte petit à petit sur l’arbre qui se trouve juste à côté en utilisant l’adhésion de chakra. Nous montons en même temps, elle dans les airs et moi sur le tronc. Nous nous retrouvons vite au sommet de l’arbre, là où j’avais prévu d’aller. Ça peut paraitre étrange mais cet arbre, bien que pas si haut que ça, nous donne de ses branches une vue imprenable sur le village. Une fois en haut je m’allonge contre le tronc, les pieds sur une branche et je relâche mon étreinte sur elle en la posant à mes côtés sur la branche. Je ramène ma chaine autour de mon bras et je retire toute sorte de chakra de mon arme.
Je regarde Yuki, assise à côté de moi, elle se demande ce que je vais bien pouvoir dire.

«Je monte ici de temps en temps. Ça me permet de prendre un angle de vue différent. Quand je suis perdu, confus ou que je dois résoudre un problème, je regarde le village et je me met à comprendre que la seule chose qui nous permet de résoudre un problème, c’est le changement de perspective. Tu vois Yuki, tout est une question d’angle de vue.»

Je m’arrête quelques secondes, j’hésite toujours à lui offrir ce qu’elle a demandé. Je devrais peut-être remarque. Mais alors je serais entièrement investit et elle aura un pouvoir certain sur moi. Néanmoins, elle aussi m’en a dit plus sur elle. Autrement dit, elle m’avait déjà fait confiance et cela bien avant que nous nous mettions à marcher. Oui… Elle mérite que je lui en dise plus. Elle l’a amplement mérité. Je détourne le regard de ses yeux et je me mets à regarder le village, les hommes et les femmes qui marchent dans les rues, le palais du Mizukage et les différentes infrastructures.

«Je n’ai jamais connus ma mère. Elle était shinobi et est morte avant que je ne sois en âge de me rendre compte de ce qui se passait autour de moi, juste après ma naissance. Mon père m’a élevé tout seul. Je lui en suis entièrement redevable. J’ai énormément de respect pour les gens dans son genre. Il était shinobi aussi mais à tout quitter pour moi…. Je n’en avais jamais parlé à personne. »

Je retourne ma tête dans sa direction et mon regard dans le sien. J’attends qu’elle dise quelque chose. Après tout, elle a peut-être quelque chose à dire ? J’apprécie de plus en plus cette jeune fille.

Cette fille est vraiment cool. Je l’écoute parler de sa façon de voir le monde. Elle me parle de mon père. Elle m’explique que j’essaye sans doute de m’évader à l’aide de mes poèmes. Elle me comprend. Elle continue ensuite en me disant que la nature des gens est changeante et sur ce, quelque chose de particulièrement étrange se produit. Déjà qu’elle avait déjà commencée à me caresser la main en début de conversation, voilà qu’elle la porte et la rapproche de ses lèvres. Je ne comprends alors plus rien à ce qui se passe. La situation est si étrange, si singulière. Je ne sais que dire. Rapidement, je sens un souffle glacé se créer dans mes mains et je comprends que Yuki transmet du chakra. Petit à petit, un joyau de glace se forme au creux de ma main. C’est un minuscule cristal ! Je regarde Yuki mais elle ne me rend pas mon regard. Elle se met à souffler sur le cristal et celui-ci se décompose en centaines de petits flocons qui flottent désormais autour de nous. Je suis désemparé. Je ne le laisse pas transparaître mais je suis profondément ébranlé. Jamais encore je n’avais vécu des moments d’une telle poésie. Si je le pouvais, je prendrais ma plume et mon carnet et je me mettrais à écrire. Malheureusement, je n’ai pas le droit de sortir mes affaires dans un moment pareil et puis… je n’ai pas envi de gâcher ce merveilleux moment. Pourtant, il me vient une idée, d’un coup, comme ça ! Je regarde le fond des yeux blancs de la jolie Yuki. J’y cherche une lueur, ce qui fait que je suis si apaisé quand je suis avec elle. Et au bout de quelques secondes, je trouve cette lueur. Je lève alors ma main vers son visage, doucement, tout doucement. Je lui caresse la joue du dos de ma main et je lui ferme les yeux de mes doigts.

«Garde-les ainsi » Je murmure…

Elle ferme ses paupières et je l’entends respirer. Je charge alors du chakra Raiton sur l’extrémité de mes doigts. Je tends le bras et transmet le chakra dans les airs. La neige qu’elle a envoyé nous entourer fait de l’atmosphère autour de nos deux personnes une zone fortement humide et aqueuse. Le chakra Raiton n’a donc aucun mal à se propager dans l’air et je sais le contrôler. Je fais plusieurs mouvements que Yuki n’est pas en mesure de voir, seul le résultat final paraîtra. Je prends plusieurs secondes et alors, une fois que je termine ce que j’ai entrepris, je prends quelques secondes pour examiner mon œuvre.
Dans les airs, les lettres bleues flottent juste en face de nous. Elles ne sont pas très stables mais les phrases s’enchainent aisément. On peut y lire les vers suivants.

Le lion au pelage d’or avait l’esprit torturé
La colombe de neige vint alors tenter de le libérer.
Des ailes blanches sortirent des flocons petits et grands
Recouvrant le passé du lion et le soulageant
Alors le pelage d’or devint foudre bleue
Et de la foudre et de la neige naquit,
Dans un enfer polaire brûlant de mille feux
L’un des plus grands mystères que peut offrir la vie.

«Tu peux ouvrir les yeux à présent» Je chucotait aux oreilles de Yuki.

Voilà comment me venait l’inspiration. La poésie ne découle que de la poésie. C’est la seule matière qui a besoin d’elle-même pour se renouveler. Ce moment était poétique, alors j’en ai fait un poème. Sans encre, sans cahier pour écrire les vers. Juste les yeux de Yuki pour ne jamais oublier…

Je suis heureux… Je suis heureux de voir qu’elle apprécie le spectacle. Je suis heureux de voir que je suis capable d’offrir à une autre personne un peu de bonheur. Je suis assez fier de moi il faut dire. Cela faisait longtemps que je n’étais pas arrivé à faire sourire quelqu’un. Parce que oui, Yuki affiche encore maintenant son éternel sourire dont je ne me lasse pas. Ce sourire qui me rappelle l’enfant qui se cache en elle mais aussi la jeune fille qui a su se démener dans la vie. Je sais qu’elle est forte. Je le vois dans ses yeux. C’est ça, en fait, la lueur si particulière dans ses yeux ! C’est toute la force qu’elle a accumulé en se battant, en ne baissant pas les bras. C’est une incroyable, incommensurable effort que de se battre sans jamais renoncer. Il faut avoir sacrément de courage pour affronter un tel monde et pouvoir en ressortir en souriant. Ce n’est pas que de l’affection que j’ai pour Yuki, c’est un profond respect et de l’admiration. Elle est vraiment à part cette fille.

Je  la regarde se saisir de mon carnet de note, vouloir écrire quelque chose dessus et puis renoncer. Elle me le tend de nouveau et me dis que c’est trop personnel, que ça doit être moi qui doit l’écrire. Je saisis le cahier mais loin de moi l’idée de retranscrire les vers que je viens d’écrire dans les aires. Je ne veux pas gâcher une si belle scène en créant une pâle copie sur papier. Je veux du magique, je veux du beau, du sensationnel. Je veux quelque chose d’unique. Je veux qu’à chaque fois que je me remémore ce moment, je me souvienne de tout ce que j’ai ressenti à cet instant. Je veux me souvenir des bouffées d’air et de chaque flocon.
Je me saisis donc du cahier et je prends ma plume. Je sais ce que je vais écrire.

«Souviens-toi des flocons qui tombait sur le blé… »

Je déchire la page où je viens d’inscrire ces mots et la glisse dans la main de Yuki. Je ne veux pas qu’elle se méprenne mais je ne veux pas en dire plus. Je sais qu’elle comprend ce que j’insinue. Je veux qu’à chaque fois qu’elle lira cette phrase, qu’elle se souvienne de ce moment que nous avons partagé.
Malheureusement je vois des rayons émerger au loin…le soleil se lève. Je regarde une dernière fois Yuki dans les yeux. Ses yeux sont si bleus… si beaux… un océan dans lequel je me noie.
Je lui caresse le visage et là, sans dire un mot, je saute de l’arbre. Ce n’est pas que j’ai envie de la quitter mais j’ai une mission à accomplir. Quand la romance s’en va, le sang dit bonjour  

HRP: