Me voilà donc dans le village de Konoha, venant de franchir les Grands remparts, j’avais été quelques peu interrogés mais comme convenu les shinobis de la feuille attendaient notre arrivée. Il ne fut donc pas difficile de décliner mon identité et l’objectif de notre venue. Ma première mission était de rencontrer l’Hokage pour lui remettre une certaine lettre, moi-même je ne savais pas ce qu’elle contenait. De toute façon elle était scellée et regarder à l’intérieur ne me disait rien, je n’étais pas du genre à m’occuper des affaires des autres bien que parfois ma curiosité prenne le dessus. Bref, une fois à l’intérieur, je me dirigeais vers ce palais qui, grâce à sa hauteur et sa splendeur, ornais le village de la feuille. À croire qu’il faut construire des palais spécialement pour les Kage dans chaque nation, un simple bâtiment ne leur suffit donc pas . Je n’étais pas ici pour faire un scandale de toute façon, mais faire des monuments pareils, rien de plus facile à détruire pour un ennemi du village. La marche allait durer quelques minutes, et encore je ne comptais pas l’ascension pour rejoindre le sommet, car oui les bureaux sont toujours au sommet.

Les rues étaient agitées, un évènement allait peut-être se dérouler, une cérémonie d’accueil pour moi . Qu’est-ce que ça serait gentil de leur part… Non il ne fallait pas rêver, certes je ne passais pas incognito dans ce village à cause de ma tenue quelque peu différente et de mon bandeau attaché à mon bras. À moins que ce soit le signe en lui-même qui les dérange, d’après mes sources, le dernier Sunajin à avoir posé un pied dans ce village était Ao Kuroï… Il est mort quelque temps plus tard, de quoi me réconforter dans cette mission assez périlleuse. Nos deux villages possédaient des histoires différentes mais qui parfois s’entrecoupaient, une guerre dont nous sommes ressorties victorieux puis une sorte d’alliance pour vaincre Maka. Moi-même je ne savais toujours pas aujourd’hui à quoi ressemblaient les relations entre nos deux patries, bien entendu le ton ne serait pas jovial mais j’espérais ne pas être reçu par des coups de fouet de la part du Hokage. Ici aussi l’ancien dirigeant avait laissé la place à un autre, en réalité je ne savais pas si l’ancien Hokage était mort ou bien simplement en quête d’aventures, mais dans tous les cas une nouvelle tête était sortie dans les sommets de ce village. Hayashi Daiki pour être plus précis, personnellement je ne le connaissais que grâce aux nouvelles qui nous parvenaient du monde entier, son visage, son caractère, tout m’était inconnu. De toute manière, un être humain reste un être humain, je ne devrais pas être mal à l’aise pour lui parler.

Arrivant finalement en bas de cet immense palace, je commençai à monter les marches l’une après l’autre. Je pourrais courir et sauter pour y arriver rapidement mais je n’étais pas pressé, j’avais l’habitude de me remémorer mes objectifs et surtout les choses à ne pas dire. Par exemple reparler du passé, de la guerre gagnée par Suna, on va vite oublier ce détail et ne rien dire. Après tout j’étais dans un territoire à peu près neutre pour l’instant mais qui pourrais bien devenir hostile après avoir lu la fameuse lettre du Kazekage. Le danger me guettait, gardant mon calme je me rendis compte que des marches, il n’y en avait plus. Passant à présent dans un couloir, une porte vint s’offrir à moi. Aucun doute, derrière se trouvait l’homme le plus affluant de ce village, un homme capable de me réduire en poussière si ma formule de politesse ne lui plaisait pas. Alors que j’allais frapper, un garde arriva à mes côtés et déclina son identité afin que je puisse rentrer. Une sorte de code peut-être, il m’ouvrit la porte et je put enfin apercevoir l’Hokage. M’avançant un peu dans cette pièce qui faisait le double de mon appartement, c’était pour dire dans quoi il travaillait l’Hokage, je me baissai doucement en guise de salut et pris la parole.

- Je suis Kawaguchi Yasuki, jônin du village de Suna. Je suis ici de la part du Kazekage pour vous remettre une lettre, ma venue dans votre village montre bien l’importance de celle-ci.

Quelques secondes plus tard je la sortis de ma veste et la posai sur son bureau, à lui de voir s’il voulait la lire ou bien la détruire. Dans tous les cas je ne pouvais m’empêcher de regarder cet homme qui, étrangement, me donnait confiance en moi. Il ne m’inspirait pas la peur, bien au contraire, mais tout le monde peut se tromper…

Akainu avait été parmi les premiers informés et il n’avait pas perdu de temps pour prévenir son Hokage et ami en priorité comme ce dernier lui en avait donné l’ordre expresse. Les Inuzuka avaient été désignés pour s’occuper de principalement repérer les Sunajins en approche de Konoha. Quelques heures auparavant, Akainu était venu interrompre Daiki en plein discours avec son assistante. Il les avait interrompus pour de bonnes raisons en tout cas. Des Sunajins avaient été repérés et semblaient se rendre à Konoha. L’ordre avait été donné qu’il y ait une intervention de la part des Konohajins aux portes pour accueillir cette délégation. D’après le dernier rapport transmis il y a quelques secondes, le chef de cette expédition se rendait maintenant au Palais. Il n’y avait pas eu d’escorte rapprochée mais des hommes de confiance avaient été dépêchés pour surveiller en toute discrétion l’homme en question. Rien de connu sur lui et il ne s’agissait pas de l'ambassadeur envoyé il y a quelques temps à Konoha après la guerre.

Daiki attendait donc son invité surprise. Il avait d’abord fait les cents pas dans son bureau à se demander pour quelle raison ce Sunajin avait été envoyé pour le trouver. Il semblait avoir une raison précise à cette visite. En tout cas, l’Hayashi se retrouvait un peu perdu. Son poste le forçait à agir d’une certaine façon en totale contradiction avec son cœur ou ce qu’il pensait réellement de tout ceci. Il en saurait plus de toute manière en conversant avec cet envoyé. Il avait laissé son va et vient incessant pour se rassoir dans son siège et attendre. C’était une véritable épreuve mais il prit sur lui, changeant toutes les minutes de positionnement sur sa chaise. Jusqu’au moment où il perçut du bruit à proximité de son bureau. Quelqu’un arrivait enfin. Atsue qui venait annoncer son visiteur certainement. Et pourtant non.

Ce fut la voix d’Inuzuka Akainu qu’il perçut derrière la porte et qui déclina son identité. Son ami avait à la fois suivi et escorté le Sunajin jusqu’ici. Il ignorait comment il avait procédé mais c’était plutôt satisfaisant de voir que son compagnon de toujours ne l’avait pas lâché et savait toujours se montrer aussi efficace. Le Sunajin fit finalement son entrée. Des vêtements plutôt atypiques pour quelqu’un d’ici. Et le bandeau à son bras terminait de convaincre qu’il n’était pas originaire de ce pays. Des cheveux rouges et des yeux dorés contrastant l’un avec l’autre. L’homme salua et se présenta tout en déposant sur le bureau du Godaime une lettre. Elle provenait du Kazekage et semblait extrêmement importante pour mener deux Sunajins jusqu’ici. Aucune action depuis la guerre contre Makka. L’ « alliance » qui prospérait du temps du Yondaime semblait lointaine, presque oubliée. Avec un changement de dirigeant qui allait de pair il faut dire, difficile de s’y retrouver. Pour peu que les deux dirigeants aient un avis divergent de celui de leur prédécesseur, cela s’annonçait délicat pour la suite.

Les deux hommes échangèrent un regard une fois l’enveloppe déposée sur le meuble en bois. Une main se leva et désigna un siège. Daiki préservait avant tout ses bonnes manières. Il attrapa le bout de papier d’une main et brisa le court silence :

Hayashi Daiki.

Des présentations sûrement inutiles qui n’avaient pas besoin d’être faites si le Sunajin avait entendu parler de lui. Mais là encore, pur savoir-vivre plutôt que réel sentiment. Daiki décacheta l’enveloppe et prit donc connaissance de son contenu :

Spoiler:

Daiki prit soin de lire attentivement chaque ligne pour bien interpréter et comprendre la portée de ses informations. Puis il tint le bout de papier à bout de doigt avant que celui-ci ne s’embrase pour terminer en un tas de cendre sur le bureau. Le médecin fixa le Sunajin dans les yeux :

Je vais me montrer clair et concis car j’ai peu de temps à perdre. Alors surtout retenez bien ce que je vais vous dire car je ne me répèterais pas.

Il prit un temps avant de reprendre pour laisser le soin à son interlocuteur de se préparer. Et, sans prévenir, l’Hayashi commença à débiter d’un ton assez rapide :

Konoha a effectivement eu affaire à ce fameux Homme masqué par le passé alors que je n’étais pas Hokage. Il n’y avait pas eu pour autant plus de renseignements à son sujet. Il en va de même sur cette histoire de Furyou. Nous n’avons de mémoire pas eu affaire à ce genre de choses et le fait qu’il s’agisse de Raiu no Kenji, ancien Kazekage m’étonne au plus haut point car ce dernier aurait disparu dans un nuage de phosphore aux dernières nouvelles. Cette dernière information, surtout venant de la part d’un parfait menteur, me semble erronnée. Ensuite, en ce qui concerne une potentielle rencontre, je n’y vois guères d’inconvénients. Transmettez donc ceci à votre supérieur et cela sera amplement suffisant.

Il s’arrêta un instant, reprit sa respiration puis la parole :

A moins que vous n’ayez quelque chose à rajouter, je vous saurais gré de bien vouloir écourtez au maximum votre séjour. Mes hommes ont plus urgent à faire que de surveiller ou escorter des shinobis d’un autre village actuellement. Nous vous fournirons gîte et couvert pour trois jours grand maximum. Après quoi je vous demanderais de rentrer au plus vite chez vous. Non seulement vous avez des choses à dire à votre chef mais j’aimerais que tout ceci se termine au plus vite.

Daiki s’étant montré le plus clair qui soit, il attendit tout de même la réponse du Sunajin. Il répondrait en cas de questions supplémentaires. Cet entretien lui avait appris beaucoup. Il lui faisait se poser des questions sur la nature de cette créature rencontrée auparavant et lui ouvrait les portes d’une diplomatie future avec Suna qu’il saurait mettre convenablement à profit. Il n’aura pas perdu son temps en tout cas. Ce qui était déjà pas mal en soi.

Moi qui m’attendais à un peu de politesse, j’étais en effet servie mais disons que ma pensée n’allait pas vraiment dans ce sens. Je sentais que l’Hokage était une personne organisée et sensée, bavarder ne faisait pas partie de son temps d’organisation et ma présence n’avait pas l’air de le ravir. Je pris quand même la peine de m’asseoir sur le siège qu’il m’indiqua, de toute façon je n’allais pas rester ici bien longtemps d’après les quelques mots qui sortirent de sa bouche. Les présentations ? Très courte, deux mots pour sa part, juste de quoi prononcer son nom et son prénom. Au niveau gain de temps, on ne peut pas faire mieux. La suite fut différente mais tout aussi dure à vivre pour moi, très froid et direct, j’allais devoir me concentrer pour bien tout retenir. Lui faire répéter ne semblait pas faire partie de mes options, à moi donc de bien écouter pour ainsi tout retransmettre au Kazekage.

L’homme masqué avait donc bien fait une apparition dans ce village avant de le faire à Suna, cela datait de l’ancien Hokage d’après lui. Avant la guerre contre Maka donc. Cet homme parlait très rapidement histoire que tout ceci soit pesé et emballé en quelques minutes, au moins le message d’accueil était bien passé. Surtout ne reste pas longtemps dans mon village, tu n’es qu’un boulet pour moi… Mais quelque chose me semblait étrange, je ne changeai pas d’expression durant son discours pour ne pas laisser paraître de mimique d’étonnement. Aucun furyou n’avait attaqué ce village d’après lui, savoir si c’était un mensonge ou non, je ne pouvais absolument pas le savoir. Et de toutes les manières, cet homme était bien la personne qui pourrait mentir sans que je le sache, à dire vrai il me faisait froid dans le dos. Sa manière de parler ainsi que sa corpulence, des traits de caractères très peu conviviaux pour moi. Sa réponse était en soi très logique, il était vrai que Kenji avait disparu dans une tempête de phosphore, encore une fois cette hypothèse se détériorait de jour en jour autant pour nous que pour nos adversaires. Notre ancien Kazekage était quelque part dans la nature, pourquoi cet homme masqué nous aurait dit un mensonge ? Pour que des troupes de Suna viennent à Konoha . Souhaite-il recréer un conflit entre nos deux villages ? Je trouvais cela bien louche, tout en écoutant les propos du Hokage, mon esprit se troublait au fil des secondes.

Il écourtait au maximum notre conversation, c’était son choix et il avait enclin à rencontrer le Kazekage en personne. Voilà déjà une bonne chose, peut-être veut-il donner plus d’informations mais seulement à un shinobis de son rang. Bref, je n’avais plus rien à faire ici. Des questions je n’en avais pas tellement et je comprenais parfaitement le message qu’il essayait de me faire passer. Je me levai donc de ma chaise et le saluai de nouveau tout en lui parlant.

- Je ne compte pas vous déranger plus longtemps, j’ai été ravi de vous rencontrer Hokage. Je ferais parvenir toutes ces informations au Kazekage, soyez en sûr.

Me relevant je me dirigeai vers la porte, m’arrêta quelques mètres avant celle-ci et regarda une nouvelle fois l’homme le plus affluant de ce village. Avant de quitter cette pièce, je me devais de lui dire encore quelques mots.

- Merci beaucoup de votre accueil Hokage, en espérant vous revoir dans un endroit plus convivial pour une discussion plus tranquille. Sur ce, bonne journée.

Je lui tournai le dos, ouvrit la porte et sortit de ce bureau, de cet espace diplomatique où se rencontre chaque jour des hommes affluant. Mon rapport vers le Kazekage ne devait pas tarder, je ne savais pas encore si j’allais lui écrire une lettre ou bien rentrer immédiatement. Descendant les longs escaliers de ce palais, mes pensées s’entrecoupaient et je réfléchissais à des milliards de choses en même temps.