Le calme, au milieu des tempêtes. Le sable était chaud dans les Déserts Arides de Kaze no Kuni, mais Rei s’en était accoutumé. Qu’importe la température, qu’importe sur quoi il marchait. L’important était qu’il avait la tranquillité, la solitude. Une solitude qui lui avait ouvert les yeux. Ce sentiment était pourtant vu comme le plus difficile, le plus meurtrier mais si on y survivait, alors on devenait capable de tout. Et le Kyoshi était la preuve vivante de cette théorie, de cette réalité. Lui qui avait tant fait pour en arriver là.
Lorsqu’il y repensait, tout lui paraissait encore si proche. Le Reidan, les captures de prisonnier, l’alliance secrète avec Uriô, puis celle avec Gogyou Makka… Il avait trompé les shinobis les plus puissants et importants de la planète. La seule explication était la plus évidente : il faisait lui aussi partie des grands, chose qu’il n’aurait jamais osé imaginer dans son enfance. Mais pourtant, c’était vrai : il était à la fois le Kazekage et à la fois l’Homme Masqué. Il allait changer le monde, il allait le purifier du mal shinobi.
Pour dire vrai, Rei oublia un moment tout ce qui était lié à Suna, son nouveau village. L’affaire de Raiu no Kenji, l’opposition à la conquête de Kumo, l’histoire de la statue d’or, son équipe et ses élèves… Tout ça s’échappa de son esprit, berceau de la mort. Car tous ces Sunajins, comme les autres ninjas, allaient mourir dans un futur plus ou moins proche. Même s’ils seraient sans doute les derniers à succomber, ils devaient mourir. Plus aucun shinobi ne devait vivre.
Mais pour cela, il fallait que l’Homme Masqué réapparaisse. Kyoshi Rei posa un parchemin dans lequel il y avait un sceau, puis activa son sceau du zéro temporaire, avant de disparaître du Pays du Vent.
Anami se tenait là, dans l’ombre d’un des quelques repaires du duo. Même si cette situation avait été vécue plusieurs fois, Rei était soulagé et plutôt heureux de revoir sa belle-sœur. Et c’était la même chose pour elle. Après quelques instants de silence, les deux êtres se serrèrent. Tout l’amour de cette étreinte était définitivement porté pour leur plan, pour Ema.
Et c’est aussi pour elle qu’ils ne perdirent pas de temps pour en revenir à leur plan.
─ La miniature est-elle terminée ?
─ Oui. J’ai apposé les sceaux sur les deux. Ils sont juste derrière.
Rei se dirigea vers le fond la grande grotte, et revit l’Artefact, ainsi qu’un Artefact miniature. Ce dernier allait s’avérer utile puisqu’il pourrait être invoqué dans n’importe quelle pièce suffisamment grande, contrairement à l’autre. Le Yondaime Kazekage se mordit le pouce, et apposa sa main sur le sceau du grand Artefact, qui disparut aussitôt. Il fit de même avec la miniature, qui disparut elle aussi en un instant.
─ Qu’en est-il d’Araakoa Aare ?
─ Toujours au même endroit que tu m’as indiqué.
─ Bien.
Rei se devait de surveiller Araakoa Aare, puisqu’il était avec Myakudou Onpu le seul à peut-être avoir des informations sur son identité. L’Homme Masqué prit une chaise, et s’assit sans dire un mot. En le voyant fermer les yeux, Anami comprit qu’il était en train de réfléchir, et que dans ces moments-là il ne fallait pas le déranger.
Rei vérifiait ses sortes de « données ». Maintenant que les sceaux du zéro avaient été détruits, aucun ancien membre du Reidan ne pouvait poser problème. Kadoria Uriô avait été tué. Il ne restait donc plus qu’Onpu et Aare. Araakoa Aare pouvait être aisément surveillé grâce à l’Artefact, puisque ce dernier étant handicapé, il ne pouvait pas bouger de là où Rei lui avait rendu visite. Et même si ce dernier disparaissait, il serait simple de le retrouver : il suffirait de trouver un objet lui ayant appartenu. Et ça ne serait pas une chose compliquée, puisque le Kyoshi était maintenant Kazekage.
Le cas Myakudou Onpu était plus complexe. Rei avait à la fois fait l’erreur et la bonne initiative de ne rien prendre lui appartenant. Ainsi, il n’avait pas pris le risque d’être repéré ou traqué par des Konohajins lors de sa capture. Cependant, s’il l’avait fait en arrachant par exemple un de ses cheveux, il aurait pu le surveiller avec l’Artefact. Il aurait même pu attendre le moment opportun pour le tuer. Mais ce n’était actuellement pas possible.
Cependant, le risque était presque nul. Aare ne pouvait connaître que les informations de son descendant Saï, à savoir une vague description physique, un prénom et sa voix. Onpu quant à lui, vu qu’il semblait du type sensoriel, pouvait connaître sa signature de chakra, son odeur et sa voix au maximum. Ces informations, tant qu’elles ne rentraient pas en collision, ne pouvaient pas avoir d’impact sur le secret du Yondaime Kazekage. Rei devait juste éviter de se retrouver face à un de ces deux hommes tant qu’il n’aurait pas achevé son Nibai.
Car le Nibai allait être la clé de tout ce problème.
─ As-tu prévu quelque-chose pour Myakudou Onpu et Kenji ?
─ Non, il faut juste éviter les contacts avec les Konohajins pour l’instant. Quant à Kenji, mieux vaut aussi patienter. De toute façon si son Furyou a pris le dessus, nous ne tarderons pas à le savoir comme les autres villages.
Anami comprenait. Raiu no Kenji n’était pas mort à Hai no Kuni, ce qui laissait supposer plusieurs pistes. Soit il avait été capturé, soit il avait déserté délibérément Suna. Dans le dernier cas, son Furyou aurait pris possession de lui, inévitablement. Surtout que l’objectif ultime de l’ancien Kazekage avait toujours été de tuer Makka. Alors maintenant que c’était chose faite…
─ Et donc, pour Jisetsu Gabushi, qu’as-tu décidé ?
─ Elle a été enfermée à Suna, mais avec l’explosion des prisons de Makka, elle s’est enfuie. J’ai de quoi la retrouver avec l’Artefact. Je pense que je vais agir en tant que Kazekage, et en faire une Sunajin. Cette méthode sera plus simple, et ainsi je n’aurai pas à attendre le Nibai.
Rei avait donc pris sa décision concernant l’ancienne chef du Misuto. Cette dernière était-elle la meilleure ? Probablement. Mais le plus important pour l’instant, c’était que le Kyoshi termine le projet Nibai.
─ D’ailleurs, où en es-tu ?
─ J’ai presque achevé la liste de ce qui nécessite sa création, et j’ai déjà appris les bases des arts médicaux.
Voilà longtemps, même avant sa prise de pouvoir à Suna, que le Changeur s’entraînait à maîtriser les arts médicaux. Ce n’était pas une tâche aisée, mais plus les semaines s’étaient écoulées plus sa maîtrise devenait importante. Il était d’ailleurs proche de pouvoir concevoir le Nibai.
Mais quelques minutes s’étaient déjà écoulées, et il ne fallait prendre aucun risque. Le dialogue avait été fait, et les informations importantes avaient été échangées. Et puis surtout, Anami et Rei s’étaient retrouvés.
─ Bon, je vais y aller. Normalement, nous nous reverrons soit lorsque j’aurais finalisé les schémas du Nibai, soit pour chasser Gabushi. Prends-soin de toi et surtout, fais attention.
Rei effaça le sceau du zéro qu’il avait sur le ventre, et regarda une dernière fois sa belle-sœur. Puis il composa un mudra qui le fit disparaître de la sombre grotte. Il était de retour dans le désert, devant le petit parchemin qu’il avait laissé. Il le prit, avant de coller à un parchemin explosif. En se retournant, il activa ce dernier et les deux parchemins explosèrent. Puis le Kazekage retourna dans son village, conscient qu’il allait bientôt redevenir l’Homme Masqué…
