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Pouaaaaah ! Je me fais chier ! Devoir rester au calme tu parles, je suis une Kaguya bordel ! Je ne reste pas calme oh ! Jouer aux échecs, aux fléchettes, lire des livres ou dormir encore et encore, ça fait chier !
Une toux violente me ramena à la réalité. Kiseki avait réduit les antidouleurs depuis la fin de l’opération, et je le sentais. Même si je n’avais plus la moindre cendre dans le corps, mes organes restaient atrocement douloureux. D’après notre petit toubib ils avaient même brunis ! C’est chaaauuuud, sans vouloir faire de mauvais jeu de mot. Du coup j’avais droit à bien moins d’antidouleurs et par contre je devais boire régulièrement cette mixture dégueulasse, toute verte, au goût hésitant entre du gazon taillé si petit que s’en est devenu une mixture dans laquelle on aurait mit beaucoup d’eau, et de l’écorce de sapin ayant subit le même traitement. Bref c’est infect. Mais il faut ce qu’il faut pour guérir hein ! Après tout, ne ditons pas que les remèdes les plus mauvais sont toujours les plus efficaces ? Bah franchement vu le goût du truc, ça a intérêt à être utile parce que pouah, ce n’est vraiment pas bon. Même visuellement ! Dans un verre ou un pichet transparent, voir la chose reposer et les plus gros copeaux descendre au fond tout doucement … C’est un peu comme un smoothie voyez-vous ? Mais sans le côté sympa des fruits.

Les phalanges frappant sur la table à un rythme de plus en plus soutenu, le regard cherchant un truc à faire pour tromper l’ennui. Mais rien ne me venait. C’est encore trop tôt pour faire de la musculation, trop tôt même pour jouer avec mes os ou faire quoi que ce soit d’un peu folichon … punaise la barbe. Rah y en a marre, tant pis on fout toute cette boisson dégueu dans une gourde, on l’accroche à la ceinture et on sort. L’air frais devrait aider aussi, enfin normalement. Fermons tout de même à clé la chambre de ce faux hôtel, car même s’il n’y a rien à voler, j’ai pas envie qu’un des mecs du groupe débarque et me vole mon matelas. Rigolez-pas, je suis sûr qu’ils en sont capables !
Pouah, enfin dehors ! Ça fait du bien ! Aie aie aie, ne pas faire de mouvement trop brusque oui je sais … Mmh, vous savez ce qui me manque le plus là tout de suite. Oui Tsubaki bon ça c’est évidant, non autre chose. Mizu no Kuni, tout à fait. Une ville saine, propre ou presque, sans toutes les racailles qu’il y a ici, sans les prostituées complètement droguées dans une ruelle étroite qui cherche à te donner envie de les sauter pour avoir ton argent, peu importe ton sexe ou ton orientation sexuelle. Sans les mecs louches aux airs patibulaires essayant de t’attirer dans leur commerce illicite. Et surtout sans cette pollution omniprésente ! Sérieusement ça chlingue !

Faisant mine de rien, ignorant les problèmes et les quelques réflexions, je divaguais dans les rues et avenues, quittant rapidement les quartiers peu fréquentables du nord pour des endroits nettement plus corrects. Plus attrait aux touristes et commerçants honnêtes, il se passait d’ailleurs quelque chose pas loin. Attrapant une affichette qui virevoltait au gré du vent, la réponse sur cet éventement y était notée.
Une sorte de championnat entre combattant de toutes les origines. Ils font ça juste après les attentats de Suna ? C’est pour se foutre de la gueule du monde non ? Qui est l’organisateur, franchement ? N’importe quoi … Et je ne dis pas ça parce que je ne peux pas y participer hein, non non non. Mais après avoir vu tous ces morts et ces innocents au milieu des ruines du village désertique, qui ne se demanderait pas si ce n’est pas une énorme plaisanterie … Mmh est-ce qu’il y a le nom des participants là-dessus ? Non, de toute évidence ça aurait été trop simple. Bon, allons voir ce que ça donne, de toute manière c’est pas comme si j’avais autre chose à faire.

Une fois arrivée sur place, figurez-vous que d’une ça commence demain, et que de deux, l’entrée des spectateurs est payante. C’est abusé ! Bah tant pis pour eux hein, je regarderais depuis les toits des bâtiments. Au moins ce sera gratuit et sans risque d’être coincée entre des types bizarres trop énergiques.

« Et sinon, y a moyen d’avoir la liste des participants ? Pour les paris et tout le boxon ? » Demandai-je à la vielle limace qui gérait cette partie de l’évènement.

Je n’eus droit qu’à un regard vide et une main attrapant un truc sur sa gauche avant de me le tendre. Il s’agissait de la liste des pizzas à emporter, vendues par l’organisme partenaire. De suite après le cagibi d’accueil ferma. Elle, elle se fout réellement de ma gueule, c’est obligé.
Ah putain et sitôt que j’hausse la voix je tousse … Buvons une gorgée et partons à la recherche de quelqu’un de plus aimable.

Demain. Le tournoi organisé par ce dénommé Alpha allait commencer demain, et bien que nous ayons redoublé d’efforts pour rechercher des infos qui pourraient nous être utiles pour la mission, Takeo et moi-même devions faire face à des difficultés que la force ne pouvait, ou très peu, résoudre. En effet, entre les personnes qui refusaient tout simplement de nous parler, celles qui nous donnaient des infos inutiles, et d’autres qui donnaient de fausses informations dans l’espoir d’avoir une compensation, nous n’étions pas dans la meilleure des situations. Nous journées, jusqu’à aujourd’hui, se résumaient à la même routine. Le matin, nous nous contentions de rassembler le peu de choses que nous avions réussi à recueillir afin de faire une analyse pour notre enquête, et nous nous préparions également pour les affrontements à venir. L’après-midi, nous partions en ville, chacun de notre côté, afin de continuer de traquer les personnes qui pourraient nous apprendre quelque chose qui pourrait se cacher derrière ce fameux tournoi.

Cependant, la tâche semblait devenir de plus en plus difficile au fur et à mesure que le temps s’écouler. En effet, après notre inscription, la liste des participants semblait passer de mains en mains de manière illégale à travers la ville, dans le but sans doute de pouvoir lancer une vague de paris. Takeo et moi-même avions choisi de ne pas diffuser nos noms, puisque que nous en avions la possibilité. Ne savait-on jamais, si quelqu’un entendait le nom Inuzuka, ils pourraient faire une association avec Konoha, et moi-même, je voulais éviter la moindre association directe avec le clan Yôgan, il ne leur fallait pas causer des problèmes plus qu’ils en avaient déjà. De ce fait, nous avions juste marqué une croix et étions attribués un numéro. Le problème ? Ce n’était pas le nom des candidats qui étaient diffusés, mais les photos. De ce fait, mon visage commençait à devenir de plus en plus connu dans la métropole, et les gens semblaient vouloir détourner la conversation plutôt sur mon apriori sur le tournoi.

Cependant, aujourd’hui, je m’étais retrouvé face à une situation qui était beaucoup plus énervante que les autres. En effet, alors que les gens étaient en train de faire les paris, il semblait que parmi les différentes côtes, la mienne était plutôt élevée. Ils semblaient miser sur mon apparence assez rustre, ma face balafrée n’aidant pas forcément à me faire passer pour un faible. De ce fait, j’étais la cible de deux types de personnes : celles qui essayaient de me soutirer des informations quant à mes capacités pour savoir si ma côte était justifiée, et d’autres qui, eux, voulaient faire en sorte que j’ai un « accident ». Alors que j’étais en train de faire mes recherches sur une potentielle piste, un homme m’affirma qu’il avait des infos sur ce que je cherchai, et me demandai de le suivre pour qu’on soit à l’abri des regards.
À vrai dire, je savais à quoi m’attendre, mais je préférais tout de même me retrouver dans un endroit isolé pour éviter d’attirer trop d’attention. Comme je l’avais deviné, la ruelle sombre n’était pas si inhabitée que ça. À peine j’avais suivi l’individu que je m’étais retrouvé encerclé par quatre individus supplémentaires, tous armés d’armes blanches. Ils déblatéraient comme quoi je valais gros, et qu’il valait mieux que je me retire du tournoi si je ne voulais pas « qu’il m’arrive bobo », comme ils disaient si bien. Enfin, vous connaissez la suite : ils n’avaient pas compris qu’ils s’étaient attaqués à un Shinobis, et furent tous mis hors combat un à un, certains volant jusqu’à l’extérieur de la ruelle. Cependant, je choisis de garder le dernier homme avec moi, lui demandant bien si ses infos étaient du vent ou non. Devant l’incompréhension de ce dernier, je soupirai avant de l’envoyer rejoindre les autres dans l’inconscience.

Me voilà sorti de la ruelle, essayant de dépoussiérer ma veste alors que je réapparaissais au regard de la population. Me voyant arriver juste après l’homme qui avait volé, ils comprirent que ce n’était pas forcément la meilleure des idées que de m’aborder maintenant. Tant mieux, parce qu’il fallait le dire : j’en avais ma claque de cette journée. Alors que moi j’essayai de faire mon travail tranquillement, voilà que les premiers abrutis venus pensaient que c’était une bonne idée de venir me chercher afin de me retirer du tournoi. Là, c’est bon, j’en avais ras le cul. Il était presque six heures du soir, je ne trouverai personne dans les rues qui pourrait répondre à mes questions. Une seule solution pour réussir à me calmer et à continuer mon Job.

« - … Je crois qu’un verre me ferait pas de mal. »

Grommelant dans ma barbe non-existante, je me mis en route du bar le plus proche afin de pouvoir me poser. Étonnement, mon séjour au clan Yôgan fut aussi celui qui me fit développer une meilleure résistance à l’alcool, et surtout, une envie plus régulière d’en consommer. À mon grand regret, je commençai à développer les mêmes habitudes d’alcoolique que mes parents. Enfin, il fallait avouer que cela rendait mes missions plus faciles. Maintenant, je pouvais plus aisément m’infiltrer dans les tavernes sans pour autant me faire remarquer en commandant de l’eau ou un thé. Rentrant dans le bar le plus proche, se trouvant d’ailleurs près de l’arène, je pus voir que la place commençait à se remplir. De plus, je voyais également qu’affichaient sur les murs se trouvaient les différentes têtes du tournoi. Comprenant qu’au bout de quelques secondes, les regards étaient posés sur moi, je lâchai un regard qui voulait dire un « Faites pas chier ou je vous fais une guerre comme vous avez jamais connu », de quoi les empêcher de trop venir me chercher. Marchant silencieusement jusqu’au bar, je me posai sur le comptoir et commandais un alcool faible pour commencer ma soirée.

« - Je sens que ça va être une longue soirée… »

Il fallut plusieurs minutes pour qu’enfin je mette la main sur un exemplaire du document. De la part d’un gosse assez louche cela dit, pas sûr qu’il ait obtenu ces papiers de façon très légale m’enfin seul le résultat compte hein. Il réclama tout de même une pièce le mioche, n’ayant pas de moins sur moi je lui adressai un simple sourire de remerciement. Vous vous douterez bien que ça ne suffisait pas. Il se mit alors à me donner des coups de pied et à m’insulter. Quel morveux pourri … Ayons une attitude mature et responsable. Hop, soulevé par le col, l’enfant turbulent ne tarda pas à se retrouver au fond d’une poubelle, la tête la première. Piouf, un peu de silence ça fait du bien. Voyons voir du coup qui participe à cet étrange évènement. Étrange oui, après tout ce qui s’est passé non loin des frontières et la sortie de l’ombre du Kaiho-Sha, y en a que ça ne gêne pas pour faire quand même la fête.
Je m’immobilisai en plein milieu de la rue, les yeux rivés sur la photographie d’un des participants. Les noms étaient bidons mais cette tête … Yucei. Pourquoi il participe à ça ? Mmh, faut que je le trouve, en plus il a dû encore un peu grandir depuis notre dernière rencontre ça ne m’étonnerait même pas qu’il soit cette fois-ci plus grand que moi. Déjà sur la photo il a un visage plus adulte, nettement moins gamin qu’autrefois. Ça lui donne un certain charme, un look très sympa. Vous voyez un peu ? Le genre beau gosse un peu ténébreux mais qui est une vraie crème sitôt qu’on gratte un peu sous la surface.

Partons à la chasse au Yucei sauvage !
Regardons déjà dans le public, sais-t-on jamais hein. Même si en théorie les participants devraient plutôt être dans des sortes de loges, à l’abri de tout ce boucan afin de pouvoir se concentrer et se focaliser sur l’objectif, sur la victoire. Mais on sait jamais, certains pourraient préférer l’énergie de la foule pour se libérer du stress. Grimpant en hauteur, je scrutai ainsi la populace à la recherche d’un visage familier. Chose extrêmement difficile, vous vous en douterez. Autant à cause des mouvements incessants des gens que de la taille des estrades. Avec quelques dons en sensorité, ça irait mais ce n’est pas le cas ! Ahah ! Toujours le même problème, la même lacune depuis des années …
Les heures passèrent sans rien donner de probant. Parfois il me semblait l’avoir aperçu et puis quand j’arrivai à proximité il s’avéra que ce n’était pas du tout lui. Mince alors, c’est pas possible. Soit y a une erreur quelque part, soit il s’est déjà barrer. Ça c’est possible aussi, mollasson comme il est. Peut-être qu’il s’est améliorer avec le temps mais à l’époque ce n’était pas fameux. Oh ? Attendez, mais qui sort de la ruelle et dépoussiérant sa veste ? Hohohoh, le voilà. Cachons-nous, y a moyen de lui faire une petite blague. En plus il a l’air sur les nerfs le monsieur, ça devrait le détendre. Mmh, en effet il s’est bien embellit le jeune garçon qui mangeait des onigiris sur les ruines de Kiri. C’est devenu un très bel homme, si je n’étais pas mariée et que je n’aimais pas exclusivement les femmes, y aurait eu pas mal de chance pour que je lui saute dessus. Musclé, légèrement bronzé, une attitude et un regard solide, ouaip il a du charme. Fini le marmot ! Voici le fier et puissant Yusei ! Ahah !

Oh, dans un bar ? À cette heure-ci ? Aurait-il développé une attirance pour l’alcool au cours de sa métamorphose ? Il est à peine dix-huit heures. Suivons-le mais chut. Pas un mot, soyons une ombre, un coup de vent, un murmure.
À l’intérieur, la tête de tous les participants au tournoi était affichée sur les murs, et par conséquent tout le monde savait qui était celui qui venait d’entrer. Héhé, c’est marrant ils sont tous là à le regarder. Et lui qui leur fait comprendre d’un simple regard qu’il vaut mieux les laisser tranquille. Le pire c’est que ça marche ! Chaaaaauuuud, où est passé mon petit Yusei ? Celui qui était tout mignon et timide ?
Ah vous entend vous demandez pourquoi je vais voir de mon propre chef un konohajin alors que le village de la feuille me traque ! Et bah justement parce qu’il en fait partit. Et puis ce n’est pas n’importe qui non plus. Lui je sais qu’il ne me poignardera pas dans le dos, c’est impensable. Il est comme mon petit frère. Un petit frère maintenant plus grand et plus musclé que moi certes mais quand même !

« Je sens que ça va être une longue soirée … » Dit-il au bar après avoir commandé un verre d’alcool doux. Et surtout avant que je n’intervienne.

« QUI C’EEEEESSSSST ?! » Lui criai-je soudainement, arrivant dans son dos en lui cachant les yeux avec mes mains. Le ton un peu niais était volontairement appuyé.

Et peu importe que beaucoup des occupants momentané de l’établissement tournent à nouveau les yeux vers nous. J’avais retrouvé un ami et pouf, retour en enfance ! La poitrine appuyée contre son dos musclé et le souffle chaud dans sa nuque. Miam !

La journée était fatigante, c’était peu dire. Au fur et à mesure que le début du tournoi s’approchait, je commençai à me demander pourquoi j’avais accepté de faire cette mission. Ah si, ça me revient, c’est parce que sinon je me faisais virer des ANBU. Je me demandai encore ce qu’avait vu l’Hokage en moi pour me nommer à cette position (cette dernière ainsi que me mettre en même temps en tant que chef d’équipe également). Je veux dire, oui, sans aucune prétention, j’étais un combattant assez puissant et avisé, mais tout ce qui était travail d’investigation et de traque, comment dire… Disons que je préférais laisser ça aux personnes comme Takeo. Moi-même, je pouvais agir une fois la personne trouvée, vu que j’avais quelques capacités pour faire cracher le morceau aux individus, mais avant… Ce n’était que de la perte de temps. Mais bon, au moins, je pensais qu’après la journée passée, je ne me ferais pas attaquer.

« - QUI C’EEEEESSSSST ?! »
« JE ME FAIS ATTAQUER ! »

Alors que cela devait être mon moment de détente, je sentis quelqu’un se coller contre moi et me bander les yeux. Mon corps se raidit immédiatement, face au danger imminent et je commençai à envisager les différentes solutions qui se posaient devant moi : ne rien faire et attendre que ça se passe, ou tenter de faire une prise de soumission afin de neutraliser la personne. Si la première me mettait dans une situation plutôt délicate et désavantageuse, la seconde qui me permettrait de neutraliser la quelconque menace m’attirerait les regards de la foule… Et me mettrait aussi dans une situation délicate et désavantageuse. Fait chier.

Après m’être résigné à mon sort, j’essayai d’enregistrer les informations. D’abord, vu le timbre de la voix, et la masse volumineuse se collant dans mon dos (ne ratant pas de me faire rosir les joues) semblaient indiquer que c’était une femme. Vint ensuite le truc le plus perturbant selon moi, le souffle dans la nuque qui m’envoyait des frissons dans le corps. J’étais en train de me dire qu’elle se voulait intimidante… Mais dans ce cas-là, elle n’aurait pas essayé de m’exploser les tympans avec sa question rhétorique. Alors que je me posai les questions, j’eus soudain la solution. Vu la proximité et les familiarités que se permettaient l’inconnue, ainsi que le lieu dans lequel on se trouvait, je n’arrivai qu’à une seule conclusion : c’était une Geisha. Alors que je pensais être aux prises de l’ennemi, me voilà qu’en fait, je me faisais aborder par une fille de joie, encore. Oui, je souligne le encore parce qu’au cours de ces derniers jours, j’ai dû trainer dans les bas quartiers pour essayer de trouver des infos, et donc, ait eu la « chance » de rencontrer ces individus. Soupirant en me rendant compte que j’allais devoir à nouveau gérer cette situation, je retirai une de ses mains de mes yeux tout en me tournant.

« - Je l’ai déjà dit à vos collègues, je ne suis pas intéressé par vos gât- »

Mais avant que je ne termine ma phrase, mon regard s’était enfin posé sur la fameuse inconnue, enfin, plu si inconnue que ça. Elle avait beau avoir changé, je reconnaissais la plupart de ses traits rein qu’au premier coup d’œil. Une peau bien mâte comme on en voie rarement prêt de Konoha, des cheveux blond pâle, presque platine (bien qu’ils soient plus courts que la dernière fois que je l’ai vu), des yeux étant dans une teinte oscillant entre le vert et le bleu, et surtout, une tête qui donne l’impression qu’elle est beaucoup plus jeune qu’elle ne l’est vraiment, de par son attitude enfantine (ce qui expliquait les salutations). Là, plus de doute permis. Dévisageant la personne en ayant cligné des yeux plusieurs fois, même si cela n’avait duré qu’à peine trois secondes, je repris.

« - … Milly ? C’est bien toi ? »

Kaguya Milly. Il s’agissait d’une femme que j’avais eu l’occasion de rencontrer deux fois par le passé. La première fois, c’était alors que je n’étais qu’un jeune chûnin, et qu’on m’avait envoyé enquêter à Kiri sur d’éventuelles traces qui auraient pu aider Konoha à vaincre les Furyous. C’était une rencontre banale, où nous étions loin d’être des ennemis. La seconde, c’était quelque temps à peine après la mort de Megumi et les autres, et elle se trouvait dans le « camp ennemi ». Elle faisait partie de celle qui avait été ramenée à Konoha après que Miko les ait « convaincu » de se rendre. Je me souviens encore à quel point la joie des retrouvailles fut unilatéral. Mais bon, j’avais une excuse : je n’étais pas d’humeur. Elle m’avait laissé un objet en os de sa création, qui depuis, reste à accroché à ma ceinture, mais je ne l’avais plus revu. Et alors que j’étais en train de faire mes rapports depuis l’intervention de Nami, j’apprends qu’elle a été déclarée ennemie de Miko et bannie du Territoire du Feu, et que si elle s’en approchait... Je ne savais pas vraiment comment appréhender la décision du Kage, mais je n’avais hélas ni le temps, ni l’envie de me mêler à cette histoire, l’important, c’est qu’elle n’avait pas été tuée.

Et alors que j’échangeai mon regard (des yeux plus expressifs que d’habitude) avec elle, je me rappelai soudain dans la situation délicate dans laquelle je me trouvai. J’étais en mission sur couverture, et pouvait-on dire en « territoire ennemi », vu qu’il s’agissait de là où se trouvait ma cible. Si jamais elle balançait la moindre info sur moi au grand public, la mission entière était compromise. Voyant que les regards étaient posés sur nous, alors que je balayais de la pièce du regard, je compris que le mieux à faire était d’éviter à tout prix de faire une scène. J’allais donc lui parler une nouvelle fois quand je me rendis compte de deux choses. Tout d’abord, j’avais semble-t-il approché mon visage un peu trop près, puisque je pouvais sentir encore son souffle caresser mon visage. La seconde, c’était que bien que je me sois retourné rapidement, sa poitrine était encore collée contre mon bras gauche. Dans une geste précipité élégant, je me décalai rapidement pour gagner un peu en espace vital avant de passer ma main dans mes cheveux pour essayer de me calmer, descendre le sang qui était accumulé dans mes joues, et enchaîner avec le plan initialement prévu.

« - Et bien, t’étais bien la dernière personne que je m’attendais à trouver ici. Je suppose que je dois t’inviter à prendre un verre ? »

Faisant signe au Barman de lui servir le même verre que le mien, je me tournai ainsi vers elle afin de lui désigner le siège qui se trouvait à côté de moi pour qu’elle puisse s’asseoir. Le tout était de faire en sorte de se faire oublier du reste du bar, et surtout, de bien lui faire comprendre qu’elle ne devait rien dire sur moi à trop haute voix. Une fois qu’elle fut assise, je pris mon verre en main et, machinalement, le vidai cul-sec. Je sentais déjà mon Merdomêtre grimper, et un peu de liquide serait faire descendre la tension. Faisant le même signe que précédemment pour inviter à me servir le suivant, je me tournai légèrement vers Milly, avec mon expression habituelle, complétée par un léger sourire fatigué.

« - Je ne t’ai pas vu depuis qu’on s’est croisés à Yu no Kuni. Qu’est-ce que tu deviens. »

Mentalement, je priais pour qu’elle comprenne que je n’ai pas énoncé le vrai dernier lieu dans lequel on s’est vu, à savoir Konoha, pour ne pas à avoir à en parler. J’étais dos au reste du bar, et bien que je pensai que la situation revenait à la normale, je ne pouvais m’empêcher de me sentir observer. Espérons que Milly ne fasse pas de gaffe qui m’oblige à me volatiliser comme si de rien n’était, j’avais vraiment besoin de me détendre un peu…

C’était certainement très enfantin comme approche, avec un fort taux de naïveté en plus si l’on prend en compte qu’il s’agit là d’un konohajin, mais comme dit un poil plus tôt, ce n’est pas n’importe qui. C’est certain que je ne me risquerais pas à agir ainsi avec quelqu’un d’autre de son village, là ce serait vraiment tendre le bâton pour se faire battre. Enfin, examinons ses premières réactions. D’abord la surprise, il se raidit sur place et sa respiration se coupe. Parano ou humour ? Est-ce qu’il se défendra avec violence ou restera calme ? Avec joie, je vis qu’il avait choisi la seconde option. Avec un soupire, il retira une de mes mains et se retourna en croyant que … quoi ? Que j’étais une prostituée ? Ooooooh, ça c’est pas gentil ! Mais bon, ses joues toutes rouges balayent immédiatement l’embarra provoqué par la dénomination, et son refus de coucher pour de l’argent.

« Héhé, comment tu vas ? » Lui demandai-je sitôt qu’il m’eut reconnu.

J’étais toute contente, revoir enfin un visage amical après tout ce temps à trainer avec des meurtriers associables comme Kurasa et Ozaï. Si si, je vous assure ça change ! Ça explique aussi – un peu – pourquoi je ne trouvais rien à dire sur le moment.
Il ne répondit d’ailleurs pas à ma bonne humeur. Au lieu de ça j’avais droit à des messages à travers ses yeux. Des messages incompréhensibles mais je sentais bien qu’il essayait de dire quelque chose. C’est aussi pour ça que je fronçais les sourcils et secouais très légèrement la tête, comme pour lui signifier l’absence totale d’interprétation. Une chose est certaine par contre, c’était quelque chose à ne pas ébruiter. C’est toujours comme ça de toute manière quand on est face à quelqu’un et que des gens vous regarde, essayer de faire passer un message à son interlocuteur par des mimiques codées et des regards insistants, plutôt qu’énoncer clairement la chose. Le souci hélas, c’est que ça réclame d’être exactement sur la même longueur d’onde, sans quoi c’est bien plus louche que productif.

Voyant certainement que ça ne marchait pas, il recula quelque peu et essaya de se changer les idées par quelques soupires et une gestuelle de gentleman. Dans le genre à repousser la poitrine d’une femme sans lui manquer de respect. Ahahah, ce serait ça ? Notre proximité l’aurait rendu si mal à l’aise ? Hihi, c’est trop mignon.
Je m’installai sur la chaise haute à côté de lui, un sourire taquin aux lèvres et approuva de la tête quand il demanda s’il devait m’offrir un verre. C’est la moindre des choses voyons. Le barman reçu une commande double et fit son travail, nous servant un alcool doux et fruité dans des petits verres en forme de pomme. Woah, en effet il a appris à picoler le jeune Yusei, à voir sa façon d’avaler cul-sec la première dose. Personnellement je préférais y aller mollo, si on devait finir la soirée avec le nez rouge, mieux vaut que ce soit le plus tard possible.

« Je ne t’ai pas vu depuis qu’on s’est croisés à Yu no Kuni. Qu’est-ce que tu deviens ? » Questionna-il après avoir légèrement pivoté dans ma direction.

« Yu no Kuni ? Ah tu veux dire … ah oui oui, bah ce que je deviens … mmmh ça. » Fis-je en me redressant et en tournant un peu sur moi-même, autant que le permettait la chaise. « Comment tu trouves ? C’est mieux non, les cheveux gênent moins dans les mouvements brusques, nouveau look vestimentaire et puis je bosse dur aussi devenir plus forte. » Je contractai un peu mes biceps, comme pour frimer légèrement. « Sympa hein ? Moi j’aime bien, et au moins je sens que je peux assurer la protection de ceux qui me sont cher. C’est quand même le plus important. »

Je terminai mon verre et fis signe au barman de nous en resservir un, à Yusei et moi. Dans notre dos, on pouvait par contre sentir plusieurs regards fixés sur nous, et même en vérifiant par soi-même, il était évident que nous ne passions pas inaperçu. Ou alors c’est lui qui ne passe pas inaperçu ? Parce qu’en ce qui me concerne, c’est assez rare qu’on m’inspecte ainsi. Ou alors c’est que la personne en question n’a pas compris la définition du mot danger.

« Dit donc, c’est ta participation au tournoi qui provoque ça ? Ou c’est que t’as fait une connerie ? Parce qu’ici il ne faut pas grand-chose pour que ça dérape. Quoi que, là on n’est pas dans les quartiers qui craignent le plus … Rassures-moi, t’as pas voulu montrer que t’étais le plus fort hein ? Pas déjà ? »

Je jetai un coup d’œil en arrière à nouveau. Il y avait moins de regard que tout à l’heure, mais toujours quelques furtifs, l’air de rien. Il y a très peu de chance pour que ça déclenche une bagarre mais on n’est jamais à l’abri d’une surprise.

« Sinon pour te répondre, j’ai pleins de projets. Et depuis notre dernière rencontre, j’ai beaucoup plus de responsabilité. On dirait pas hein ? Héhé, mais ouaip c’est le cas. Je ne peux pas t’en dire plus pour le moment, mais tu devrais avoir des infos dans les mois qui viennent, que ce soit positif ou négatif. Et relax, tes feuillus ne risquent rien. »

Il valait certainement mieux éviter de parler directement de Konoha dans ces circonstances. Et pourtant il fallait absolument que j’aborde le sujet délicat, maintenant que c’était engager. Mais pour ça j’attendis que le barman s’écarte dans un coin de son lieu de travail, et en plus de prendre une voix plus faible.

« T’es au courant d’ailleurs de comment je suis vue par les tiens maintenant, n’est-ce pas ? L’injustice de cette traque basée totalement sur une erreur de jugement et un quiproquo … Si tu veux bien, j’aimerais qu’on en discute tout à l’heure, à l’abri des oreilles indiscrètes. » Puis je repris un volume normal. « Et sinon toi, quoi de neuf depuis le temps ? Je vois que tu as pris beaucoup d’allure et de muscle. Ça te va vraiment bien. Niveau fille ça doit pas mal aider hein ? Ahah ! Ça en est où d’ailleurs, tu t’es trouvé quelqu’un ? Une belle donzelle forte et aux courbes généreuses ? Ou plutôt le genre peste autoritaire, dominatrice, avec fouet porte-jarretelle ? Ah moins que tu ais viré de bord ? C’est possible hein, maintenant que tu picoles comme un trou. »

Et ça ricane, et ça taquine, et ça tire la langue. Y a moyen de passer une bonne soirée !

La discussion commença tranquillement, et à mon grand soulagement, sans qu’aucun rapport avec Konoha soit fait. Ce n’était que des échanges assez classiques, qui ne m’obligeaient pas à répondre directement ou de manière élaborée, donc je me contentais de hocher de la tête et de prononcer juste quelques mots pour acquiescer. Je donnais sans doute une mauvaise impression en terme d’échange de discussion, mais si dans d’autres circonstances, j’aurais peut-être été plus bavard, dans cette situation j’avais presque envie d’en finir au plus vite. Ce n’était pas que je n’appréciais pas sa compagnie (à vrai dire, je ne savais pas comment définir notre relation), mais entre la journée que je venais de passer, et la pression que j'avais en restant aussi exposé dans un bar, j’étais plutôt fatigué, et le silence était sans doute la meilleure compagnie que j’aurais souhaitée.

Après, comme je l’ai dit, ce n’était pas plus désagréable de revoir la blonde devant moi. Depuis que j’avais lu les différents rapports concernant l’incident de Suna, ainsi que j’eus entendu parler de la mission de traque lancée à son encontre, je ne pouvais m’empêcher de me demander quelle aurait été sa sentence. Hélas, entre la grande opération de Nami no Kuni et les autres affaires, je n’ai pas eu le temps de m’y attarder. J’avais appris plus tard qu’elle n’avait été que bannie du pays, de quoi me laisser lâcher un soupir de soulagement, sans raison particulière d’ailleurs. Sans doute que c’était toujours difficile d’accepter le fait que quelqu’un contre qui nous n’avons aucune animosité puisse mourir, chose qui serait plus que lourdement reproché dans mon rôle d’ANBU…

La conversation dériva alors sur la raison de ma participation au tournoi, point que je m’attendais à ce qu’elle aborde. Il était évident que je n’allais pas révéler l’entièreté de ma mission, mais je savais aussi qu’elle me connaissait suffisamment pour que l’excuse « J’ai voulu voir si j’avais la plus grosse » ne marcherait pas non plus. Trouvant un compromis dans ses questions, je soupirais en prenant une nouvelle gorgée, essayant de me limiter pour la suite.

« - Disons que c’est un peu des deux. Je me demandais pourquoi maintenant après les évènements passés au pays du Vent. Du coup, j’ai décidé d’aller voir ça moi-même, le plus simple étant de m’y inscrire. Je reprenais une nouvelle gorgée de mon verre alors que le Barman servait le second de Milly et m’apportait le troisième. Du coup, tant que le tournoi ne commençait pas, j’ai poussé mes recherches dans la Mégalopole. Et disons que certains n’étaient pas des plus… Coopératif, ça a du faire le tour de la ville. »

La seule chose sur laquelle j’avais menti était sur le fait que j’étais ici de mon propre chef. Après tout, si j’avais dit ouvertement que quelqu’un m’avait envoyé, cela aurait été suspicieux pour l’entourage. De plus, je ne lui révélai rien sur le prétendu créateur du tournoi pour une raison simple : je ne savais pas si elle y était affilée ou non. Après tout, j’avais mes raisons d’être ici, mais je ne savais rien des siennes. N’ayant rien d’autre à rajouter, je me contentai de l’écouter en silence. Elle aussi avait des projets de grande importance ? Voilà quelque chose qui n’était pas pour me rassurer, mais comme si elle lisait dans mon esprit, elle m’annonça que ça n’avait rien à voir avec Konoha. Si je devais la croire ou non ? Aucune idée, franchement. Je ne la connaissais que très peu, mais de ce que j’ai vu, elle n’était pas vraiment du genre à mentir si naturellement. Après, est-ce que je devais endiguer un peu plus sur cette affaire…

Puis vint l’autre question que j’attendais : la traque. Comment j’allais l’aborder avec elle. Elle l’ignorait sans doute si elle voulait en parler avec moi, mais je n’avais aucun droit de décision sur cette directive lancée par l’Hokage, il n’y avait aucun moyen que je puisse l’aider à défendre sa cause. Dans d’autres circonstances… Je sais que cela pourrait me coûter gros d’agir pour une Nukenin, surtout une « ennemie », mais j’aurais tout de même tenté le coup. Puis, sans prévenir, la voilà en train de diverger sur un autre sujet qui n’avait rien à voir. Couvrant le haut de mon visage avec ma main, j’écoutais les élucubrations de la blonde.

« - Tu devrais me connaître depuis le temps : je n’ai que faire de ce genre de connerie. Ma vie demande beaucoup trop d’investissement et de mise en danger pour pouvoir me complaire dans la recherche d’une, et crois-moi, j’ai dû en laisser passer des chances… »

C’était une vraie question que je me posais souvent, lorsque j’avais un temps libre : pourquoi les gens étaient aussi catégoriques sur mon cas. Soit les femmes étaient en train de me mater sans vergogne en me faisant des propositions plus que douteuses, soit les gens pensaient que je n’étais pas de ce bord-là, tout simplement parce qu'on me voyait refuser des avances, ni en présence d’une femme. Je regardai, l’air blasé, en direction de Milly tout en me rappelant d’un détail qui faisait la différence : j’avais un faible pour les blondes et les rousses. De toutes celles qui m’avaient abordé, c’était sans doute celles-là qui m’avaient fait le plus d’effets. La question serait donc pourquoi je ne ferais rien avec Milly ? Simple : j’ai vécu plus de 5 ans avec une femme qui préférait les fleurs aux champignons, à force, je savais repérer les autres dans son cas. Enfin bref, continuant la conversation, je reprenais à nouveau un verre pour me calmer un peu, essayant de ralentir, car je commençais à sentir les effets de l’alcool agir, ce qui n’était pas bon si je voulais garder des informations secrètes.

« - Quant à ces changements, fis-je en posant une main sur mon épaule pour montrer ma tenue, c’est suite à un entraînement à Ki no Kuni. J’ai trouvé de la famille là-bas, et leur ait demandé de m’apprendre deux trois trucs. »

Je faisais naturellement référence au clan Yôgan qui m’avait enseigné les méthodes pour parfaire mon Yôton, et qui m’ont donné ce nouveau look suite à l’entraînement. C’était dur, violent, et plus qu’épuisant. Il fallait dire que le vieil Asuma n’était pas un tendre. Et dire qu’au final, j’étais son neveu, quelles étaient les chances ? Voilà que je m’égare encore alors qu’y avait plusieurs choses qui commençaient à venir en tête. Elle voulait effectivement parler de toute cette « mascarade » selon elle, mais je n’en voulais guère, du moins, pas maintenant. Je ne voulais pas non plus parler de Konoha en général, pour des raisons évidentes. Cependant, je commençai un peu à tomber à court de sujet de conversation, il fallait dire que ce n’était plus vraiment mon fort depuis quelques années.

Cependant, comme la providence, alors que cela était encore à mon tour de devoir parler, du bruit se fit entendre dans mon dos. Regardant par-dessus mon épaule, je pus voir qu’un nouveau groupe d’individus avait fait son entrée dans le bar. Et à ma grande surprise, je reconnaissais deux trois des visages, déformés à ce qu’il fallait dire. Oui, vous avez bien deviné. Les gars que j’avais interrogés plutôt dans la journée étaient semble-t-il venu pour demander rétribution, et ils avaient ramené des renforts. Il était gros, volumineux, énorme (et je ne parle pas du niveau Akimichi, bien pire encore), on aurait dit une barrique à vin sur laquelle on aurait mis deux pieds pour la faire avancer. Les voilà en train de parler entre eux avant de me pointer du doigt.

« - Une soirée tranquille, c’est trop demandé… ?
- Hey ! C’était toi plus tôt ! Répond ! »

Soupirant une nouvelle fois, sans regarder Milly, je tournai sur ma chaise afin de pouvoir être dos au comptoir, les bras posés nonchalamment sur ce dernier, avant de regarder en direction du groupe. Maintenant que j’avais une vue d’ensemble, je pouvais voir qu’ils étaient une petite dizaine au total (le gros comptant pour triple) à attendre une réponse de ma part. Étant donné le niveau d’alcool que j’avais ingéré, j’étais loin d’être suffisamment bourré pour ne plus savoir où j’en étais. Cependant, je n’avais plus ce filtreur naturel que je m’imposai quand je parlais aux gens. De ce fait, je risquais de d’être désagréable… De quoi changer de d’habitude.

« - Ok, c’est quoi le problème ?
- Le problème, fit l’un de ceux que j’avais reconnu, le problème ?! Tu nous as mis dans cet état, et tu oses demander c’est quoi le problème ?
- Crois-moi, vu ta gueule avant, je pense pas que ça puisse faire une différence. En plus, c’est vous qui avez attaqué en premier.
- Ah oui ? Comme ça, ça veut jouer les malins… Laisses-moi faire les présentations. Lui, c’est Shibouji, et il aimerait te dire deux mots… »

Toujours avec ma vision périphérique, je pouvais voir les gens discuter, et surtout, pointer en direction de là où se trouvaient les têtes des participants au tournoi. Sans regarder, je pouvais comprendre c’était quoi l’embrouille. Le dénommé « Shiboji » était un participant, voire même de toutes évidences mon futur adversaire du premier tour. Le voilà alors en train de s’approcher, le sol tremblant presque à son passage (ou était-ce juste mon imagination ?) avant qu’il ne se posta devant moi. Avec une tête qui en dit long sur son degré d’intelligence, il commença à prendre la parole.

« - Il paraîtrait que t’as été méchant avec mes amis ?
- Je répète, mais j’ai fait que me défendre, Gros Papa. S’ils avaient été plus intelligents, il m’auraient laissé tranquille.
- Ah ? Ils t’ont juste demandé de répondre à leur requête, fît-il en craquant ses doigts. Si tu veux, je peux tout te réexpliquer.
- Je penses que t’es pas assez con pour oublier que frapper un participant du tournoi entraine la disqualification, non ?
- AAAAAAAH AH AH AH, tu as peur de te prendre un coup, c’est ça ! C’est pour ça que tu fuis ?!
- Venant de la part de celui qui a envoyé ses larbins me menacer avant le combat, c’est plutôt ironique. Sentant la tension montée, je compris qu’il fallait éviter la moindre emmerde, et pris une légère inspiration avant de soupirer. Très bien, j’ai compris, je m’excuse d’avoir frappé tes potes. Content ?
- Pas encore, fit-il avant de faire un sourire qui montrait bien ses belles dents sales. On aimerait bien une compensation pour les blessures. Ta copine pourrait bien nous donner ce genre de service.
- Ma copine ? Qu’est-ce que tu rac- Je m’interrompis, percutant de qui il parlait, et fit deux-trois aller-retours de la tête rapide entre lui et Milly, avant de reprendre. Désolé de te décevoir, Gros Papa, mais on n’est pas ensemble, elle a rien à voir avec cette histoire. »

La dernière phrase ne semblait pas avoir l’effet escompté sur le gros se concentrant ainsi sur Milly. Et à ce moment, je me disais que c’était comme dans beaucoup de fictions que j’avais eu l’occasion de lire : la belle qui était mise en danger par la vermine et sauvée par le héros. La différence ? La belle était capable de le démonter en deux-deux en lui enfonçant un os dans le crâne. De ce fait, je décidai de ne pas intervenir, elle devait bien être capable de se défendre face à la barrique. Et dans le pire des cas… Je serais là au cas où, dirons-nous.

Que c’est taquin, ohohoh, que c’est taquin tout ça. Au moins il jouait le jeu et souriait également, malgré quelques soupires tout à fait compréhensibles. C’est une réaction logique quand on fait l’objet de moquerie, même si celles-ci sont bon enfant. Après quoi il expliqua pourquoi il voulait participer à ce tournoi, en l’occurrence parce que lui aussi trouvait ça louche, juste après les évènements à Suna. J’approuvai d’un mouvement de tête et remercia le barman quand il me servit le verre suivant. Une bonne chose, de toute manière qu’il soit là de lui-même ou envoyé par Konoha, il fallait bien que quelqu’un aille fouiner un peu dans cette histoire. N’oublions pas que cette ville est régie par la Grande Grue et son réseau de mafieux. Un évènement de cette ampleur juste après les attentats dans un pays voisin, difficile de penser qu’il n’y a aucune manœuvre politique derrière.

La discussion revint à propos des donzelles, lorsque justement une serveuse particulièrement agréable à regarder passa à côté de nous. Non je ne me rince pas l’œil ! C’est pas vrai ! … Nan mais vous avez vu ces fesses ? Elles sont magnifiques, et cette taille svelte, et cet air inflexible presque inatteignable dans le regard … Pardon je m’égare. Revenons-en à Yusei, le garçon – parce que oui c’est encore un garçon, et non un homme, j’en suis certaine – soupirait de plus belle face à mes remarques.

« Tu devrais me connaître depuis le temps : je n’ai que faire de ce genre de connerie. Ma vie demande beaucoup trop d’investissement et de mise en danger pour pouvoir me complaire dans la recherche d’une, et crois-moi, j’ai dû en laisser passer des chances …

- Oh ? Tu aurais donc changé de bord ? Pourquoi pas hein, entre hommes ça marche plutôt bien aussi. »

Le fou-rire aux bords des lèvres, ça devait se voir que je me retenais d’exploser. Je passais complètement outre ses infos sur l’origine de son nouveau look, son entrainement à Ki no Kuni ou même sa famille retrouvée là-bas. Quoi que …

« De la famille ? Il faudra que tu me les présente un jour, ahah. Je me ferais passer pour ta petite amie et genre future épouse et tout. Avec des projets de bébés et tout le bazar ! »

L’alcool commençait sérieusement à agir, et pourtant je ne finissais justement que mon deuxième verre. Elle est corsée leur boisson ici dites donc.
Seulement pas le temps de faire d’autres blagues moisies que des gêneurs arrivèrent pour chercher des poux de notre ami konohajin. D’un mouvement souple des hanches je fis pivoter mon tabouret en un demi-tour propre, le dos à présent appuyé contre le bar et le troisième verre dans la main.
Un gros type, bidonnant, mal rasé surplombait la clique qui l’entourait, comme on en trouve tant ici, des mecs qui viennent juste pour chercher la merde. Observons la scène. Le gros reprochait à Yusei de les avoir frappé, lui et ses sept potes. Oh ? Pourquoi donc ? C’est vrai qu’ils sont tous trop moche pour que quelques claques empire la chose, mais le ninja à présent musclé n’était pas comme moi, il n’agissait pas sans réfléchir, sans avoir une bonne raison. À moins que ça aussi, ça ait changé chez lui. Depuis le temps c’est possible, regarder Oniri. À l’époque elle était super sympa et sociable, maintenant c’est limite si elle ne mord pas tous ceux qui lui adresse la parole.

Bref, le groupe d’empêcheurs de tourner en rond avança ce qui devait être son plus puissant et terrifiant combattant, à savoir le plus gros également. Un dénommé Shibouji, et en regardant sur la liste des participants au tournoi, il en faisait partit. Plus encore, en écoutant les propos de Yusei il semble que les deux doivent s’affronter sur le ring. Effectivement se battre ici n’apporterait rien de bon, et ça empêcherait certainement le fier Konohajin de fouiner sans risque dans les entrailles de cet évènement. Il s’excusa donc malgré sans doute l’absence véridique de faute de sa part. Et comme vous pouvez vous en douter, le gros lard ne fut pas satisfait. Normal hein, ça n’aurait pas été drôle sinon.

« On aimerait bien une compensation pour les blessures. » Lança-t-il avec un sourire bien dégueulasse. « Ta copine pourrait bien nous donner ce genre de service.

- Hein ? » Fis-je en percutant.

« Ma copine ? Qu’est-ce que tu rac- » Répliqua Yusei avant de s’interrompre un moment lui-même. Sans doute le temps de comprendre qu’il s’agissait de moi. « Désolé de te décevoir, Gros Papa, mais on n’est pas ensemble, elle a rien à voir avec cette histoire.

- Exactement, j’ai rien à voir là-dedans alors débrouillez-vous entre vous. » En guise de preuve, je bus la moitié de mon verre d’une traite, mais l’homme fit un pas en avant. « Pouah il est vraiment fort cet alcool, vaut mieux que je m’arrête là moi, sinon je ne réponds plus de rien. »

J’ignorais totalement le gros lard et je le faisais exprès, allant jusqu’à donner une petite tape sur l’épaule de mon faux compagnon pour appuyer mes mots, avant de reposer le verre sur le bar.

« C’est pas mon problème fillette. » Menaça toujours le même type. « Ton copain doit payer pour ce qu’il nous a fait, et il va avoir mal. Sauf si tu te montres généreuse, on sera peut-être un peu plus sympa. »

Ses sbires ricanèrent dans leur coin, et moi j’explosai de rire en regardant Yusei.

« Très franchement les gars, je doute que vous ayez la moindre chance contre lui. » Je lui attrapai son bras sans lui poser la question et tata ses biceps. « Regardez-moi ça, c’est beau, c’est solide et viril … Hey t’en as plus que moi mon salop ! » Rajoutai-je en venant le comparer à mon propre bras. « Remarque c’est bien mieux comme ça, le contraire aurait été inquiétant, ahah. Oh, un bras de fer ça te tente ? »

Là encore j’ignorais de façon magistrale le fouteur de trouble, et il le fit savoir en s’approchant encore, le sol vibrant presque sous ses pas. Faut dire qu’il n’était pas non plus très léger. On aurait dit un Akamichi tellement son embonpoint était imposant. Mais sans la moindre force de chakra dans le corps, enfin rien qu’un ninja pourrait exploiter, la possibilité qu’il fasse partit de ce clan était très proche du néant.

« Arrête donc de te foutre de nous … »

Il n’eut pas le temps d’en dire plus qu’il reçut un coup de pied dans les parties. Ouaip en moins d’une seconde j’étais descendue de mon tabouret, lui avait fait face et bim, dans les roupignoles. Le gros s’immobilisa instantanément, les mains entre les jambes.

« Maintenant arrête de nous faire chier et retourne jouer avec tes petits camarades. »

Vu l’expression sur son visage il n’en avait pas fini, et lui casser quelques dents ne serait pas de refus, mais Yusei pourrait ne pas aimer. Donc au lieu de ça, je chargeai mon chakra dans la paume de ma main droite, et avec la vitesse d’un uppercut orienté vers le gros ventre du gêneur, je le propulsai hors du bâtiment, comme s’il était soufflé par un courant d’air brutal et unidirectionnel, emportant avec lui toute sa clique.
Je me réinstallai ensuite et haussa les épaules.

« T’inquiète, il sera juste un peu sonné. Tu pourras l’affronter et le défoncer dans les règles de l’art au tournoi. » Dis-je à mon ami avec un clin d’œil. « Mais sinon, à part ça. Je sais que je peux paraitre chiante et que dans notre milieu ce n’est pas vraiment une priorité mais côté cœur tu n’as vraiment personne ? Même pas quelqu’un qui te plairait un peu plus que les autres ? Je m’en fiche du sexe de l’autre, je m’inquiète juste pour toi. Passer son temps à se battre et à obéir aux ordres, c’est pas une vie … En plus t’es pas encore plein de rides, il faut en profiter … Est-ce qu’au moins tu as … enfin tu sais, tremper le biscuit, fait le grand saut, tout ça ? »

Je baissai volontairement le volume de ma voix, me faisant plus douce, plus proche au vu de ce sujet plutôt sensible.

« Un grand gaillard comme toi doit avoir des élèves en plus maintenant si je me souviens bien de comment fonctionne ces trucs. Ils ne te font jamais aucune remarque à ce sujet ? Non ? » Cherchons une seconde dans son regard une bride de réponse. « Tiens, donne-moi ne serait-ce qu’un nom, une seule personne avec qui tu aimerais finir ta vie. Une seule, et je te lâche avec ça. »

La logique féminine étant assez complexe pour ces messieurs, avoir les conseils d’une femme qui aime les femmes pourrait lui être bénéfique. Sans parler de l’alliance à mon doigt. Évidemment c’est seulement si ça l’intéresse.

Comme ce à quoi j’aurais dû m’attendre, Milly n’était pas du genre à lâcher l’affaire. J’avais beau montrer que bien que j’étais ok pour parler un peu, je n’étais pas forcément des plus bavards. Il fallait dire aussi qu’avec la journée que je venais de passer, n’importe qui aurait voulu passer plutôt un peu de temps à s’isoler, le temps de souffler un peu, et non à devoir être le centre de toutes les attentions et autres problèmes. Enfin bon, du peu que je savais de Milly, elle n’était pas du genre à vouloir me satisfaire dans cette optique. Elle semblait prendre les choses beaucoup moins au sérieux que moi, voire même que la plupart des personnes du continent. Elle était traquée et considérée comme une ennemi de mon village, et pensait que je ne lui ferais aucun mal ? Enfin, oui, c’est vrai que je n’allais pas lancer d’offensive, mais tout de même, c’était beaucoup trop de confiance qu’elle ne devrait accorder à un Konohajin.

Comme je me doutais, elle n’avait pas réellement apprécié les remarques que venait de lancer le gros devant nous. Et qui ne le serait pas ? Qu’elle soit attirée par un genre ou l’autre, je doute que se faire aborder de la sorte ne lui aurait plu dans tous les cas. Cependant, elle semblait vouloir à la fois rester hors de ce conflit, et en même temps, s’y mêler pour faire des moqueries plus importantes que les petites piques que je m’étais essayé à envoyer. J’étais en train de regarder ailleurs pendant qu’elle était en train de complimenter sur mes muscles, je n’étais pas vraiment du genre à me vanter des entraînements que j’ai faits, même si beaucoup pensent le contraire, et je ne voulais pas une nouvelle fois enfoncer le clou dans la dispute qui commençait à se préparer. Je la vis alors se lever, prête à attaquer, et je me crispai aussitôt, près à arrêter au cas où l’affrontement. Je ne devais pas éliminer mon opposant, cela serait trop dangereux pour la suite des opérations, donc si Milly allait trop loin, je n’aurais pas hésité à intervenir.

Heureusement (ou hélas), ce ne fut pas le cas. Elle se contenta ainsi de frapper mon adversaire avec une force suffisante pour l’éjecter vers le groupe. Je fis instantanément une note mentale de ne jamais mettre en colère Milly. J’avais beau avoir une certaine résistance physique, je n’étais pas non plus candidat au suicide ou adepte des pratiques masochistes. Reprenant mon verre afin de le finir (le dernier de la soirée vu que je sentais que ça n’allait pas faire long feu si je continuai à me remplir ainsi), je me rendis compte que la personnalité de Milly était comme une girouette, pointant vers une direction avant de se faire rediriger par le vent ailleurs. Elle reprit ainsi des discussions sur ma vie sentimentale qui lui paraissait un peu trop « vide » à son goût. Cela commençait à m’énerver très franchement. Je n’aimais pas de base quand les gens se questionnaient sur mes choix de vie, mais en plus, quand j’avais consommé de l’alcool, je ne pouvais pas me retenir de lancer des piques qui pouvaient faire mal, chose qui ne risquait pas de manquer ce soir-là.

« - Tout d’abord, qu’on se mette d’accord sur un point : C’est bien les femmes qui m’intéressent. Je pense que ça aurait dû se voir sur comment ta… Figure ne me laisse pas indifférent. »

Comme je le pensai, je commençai déjà à perdre ma notion de retenue, faisant que je ne pouvais plus vraiment mentir sur mes propos. Déjà, balancer ce genre de phrase était bien loin de mes habitudes, les commentaires déplacés étaient loin de faire partie de mon langage courant. Puis allait venir la suite, que j’allais sans doute regretter.

« - Ensuite, non, je n’ai rien fait. En quoi est-ce un problème ? Je ne suis pas comme n’importe qui qui a une libido incontrôlable et qui ne peut s’empêcher d’aller à droite ou gauche pour « se soulager ». Si je trouve quelqu’un avec qui je me plais, ça arrivera, basta ! »

La honte. Oui, en repensant à ce moment le lendemain de la soirée, je me revoyais encore en train de cacher mon visage rouge de honte à cause de cette réplique. Cependant, ne vous méprenez pas, je n’avais aucun problème avec cette situation. Si la valeur d’un homme ne se mesurait qu’à cet acte, il y aurait un bon nombre de minables qui seraient plus des hommes que moi, chose qui me fait bien rire. Juste que… Je n’ai trouvé personne pour quoi j’ai ressenti une attache suffisante pour exprimer ce désir. Enfin, ce n’était que jusqu’à qu’elle ne se mette à me poser directement la question. À ce moment, je repensai à Satsuki. On passait souvent du temps ensemble à parler des heures de livres, à trainer même si nous n’étions pas en mission. Je la voyais comme une amie seulement, mais c’était ce que j’avais de plus proche et intime. Mais…

« - Bon, y avait sans doute quelqu’un, mais c’est impossible de faire quoique ce soit. Elle est morte après tout… Elle est morte… Par ma faute… »

La fatigue commençait vraiment à s’accumuler, et en mélangeant ça à l’alcool que je venais d’ingérer, je me rendais compte que je commençai à déprimer à moitié. Il me fallait retrouver quelque chose sur quoi me reconcentrer pour éviter de repenser à eux. J’avais réussi à surmonter ça depuis ces deux dernières années, ce n’était pas pour retomber dans la déprime. Je savais que si je faisais ça, Megumi, où qu’elle soit, me le ferait payer avec une prise de soumission. Levant la tête, qui était collée contre le comptoir à force d’explications, je vis alors la main de Milly, et surtout, un truc briller dessus. Si je me souvenais bien, les rapports disaient qu’elle était liée à une autre ancienne membre du Shoraizen. Et alors, je me rendis compte qu’il y avait une certaine « hypocrisie » dans ses paroles, du moins, de mon point de vue. Le regard rouge (enfin, avec le visage en plus de mes yeux), je me redressai en m’accoudant sur la table pour fixer Milly, lui pointant mon gros droit accusateur sur elle.

« - Mais toi, t’es bien barrée pour parler de ça… Tu es ici pour je ne sais quelle raison, mais je doute que ta femme soit ici également. Donc, tu peux m’expliquer comment tu fais pour vivre une « vie sentimentale épanouie » si jamais tu es tout le temps sur les route et incapable de la voir ? »

C’était dur ce que je balançai. Elle essayait sans doute de m’aider, mais vu l’état d’épuisement dans lequel je me trouvai, relâcher un peu de vapeur était sans doute la meilleure solution pour me calmer les nerfs. Sans attendre la moindre réponse je me tournai pour me retrouver dos au comptoir, les coudes dessus, en fixant la sortie que j’aimerais tant emprunter.

« - La vie de Shinobi est faites de devoirs et d’inconvénients. Il est vrai que je passe souvent le plus clair de mon temps à suivre les ordres que l’on me donne, mais… C’est aussi ma propre volonté. Je le fais, car je sais que ça aidera le reste du village à se mettre plus en sécurité. Je le fais parce que là où moi, je peux me battre, d’autres non. Il faut bien quelqu’un pour les protéger... Je le fais, parce que j’ai choisi de le faire. La véritable liberté n’est pas dans le fait de n’avoir aucune attache, aucune restriction, ni aucune personne pour nous diriger… Elle se tient uniquement dans le fait de savoir si l’on regrette les choix qu’on a faits ou non. Si l’on n’a aucun problème avec les conséquences de nos actes, alors on est vraiment libre d’agir, qu’on soit vagabond… ou shinobi. »

Je sentais que là, j’en avais un peu trop dit. Yup, quand je me mets trop à philosopher sur des choses, c’est que je commençai à atteindre le stade de « Bourrer penseur », et ce n’est jamais un bon signe, vu que c’était juste avant que j’aille me coucher n’importe où. De ce fait, je ne pris pas la peine d’écouter les complaintes de Milly et me levai pour me mettre, difficilement, droit sur mes pieds. Je pouvais encore marcher droit, mais pas plus que ça. Tournant légèrement la tête, l’expression fatiguée, j’adressai quelques mots à Milly.

« - Je suppose qu’on se verra une autre fois. Pour le moment, j’ai un tournoi à faire demain, et trop crevé pour continuer à débattre. Sur ce. »

Je commençai alors à m’avancer vers la sortie, sans prendre en compte les regards lancés par quiconque se trouvait dans la pièce, qu’ils soient inconnus, ou amis.

Hum ? Serais-je allée trop loin ? C’est quoi cette tête qu’il me tire maintenant ? On dirait que je l’ennuie et l’exaspère au plus haut point. Dans un premier temps il mit au clair qu’il était entièrement hétéro, pour preuve son expression faciale face à ma poitrine. Ouais parce qu’il dit visage mais c’est un tout autre point de mon anatomie qu’il visait. Ses quelques coups d’œil de moins en moins discret à mesure qu’il consommait de l’alcool le prouvaient sans problème. Le fait qu’il me reluque ne posait pas tant de problème que ça, de toute manière il devait se douter de ce qui arriverait s’il essayait quoi que ce soit, et puis il ne fait pas partit des gros lourds qui réfléchissent plus avec leur cerveau du bas qu’avec celui du haut. Non lui il reste discipliné et respectueux, donc je peux bien lui pardonner quelques regards aventureux.
Le ton de sa voix s’obscurcit quelque peu ensuite, son regard mua d’énervement à culpabilité, tandis qu’il avoua avoir aimé quelqu’un à une époque, mais que cette demoiselle est à présent décédée. Par sa faute.

Ouah, ça c’est moche comme info. Je le regardai avec un air désolé, ne sachant pas vraiment quoi dire alors qu’il collait son front sur le comptoir du bar. D’un geste amical, je lui massai l’épaule d’une main, et déposa l’autre sur l’un de ses poignets. Même si j’aurais aimé en savoir plus, ça aurait été réellement déplacé, et une réaction colérique, agressive presque, aurait été tout à fait compréhensible. Gardons cela pour nous, en tout cas pour le moment, cela vaudra mieux pour tout le monde.
Ce qui vint après fut par contre assez surprenant. Me pointant soudainement du doigt, redresser à moitié sur son tabouret, il m’accusait quasiment de faire comme si de rien n’était en le mitraillant de question alors que ma propre femme était à des kilomètres de moi.

« Ma vie sentimentale n’est justement pas épanouie, mais ce n’est pas la question. Tsubaki me manque terriblement, sous tous ses aspects. Mais on parlait de toi là, je m’inquiète pour toi. Dans ce monde où l’espérance de vie est très faible, les amis sont rares. Je tiens à toi, même si on n’est pas dans le même camp … »

Je n’eus pas l’occasion de terminer. Il se tourna, dos à sa position initial et me servit un spitch sur la vie de Shinobi, les devoirs et les inconvénients. Rooooh ça va, j’ai passé l’âge d’aller à l’école … La loyauté envers son village, la protection de sa population, tous ces trucs que je n’ai jamais connus en étant née errante.

« … La véritable liberté n’est pas dans le fait de n’avoir aucune attache, aucune restriction, ni aucune personne pour nous diriger. » Continua-t-il. « Elle se tient uniquement dans le fait de savoir si l’on regrette les choix qu’on a faits ou non. Si on n’a aucun problème avec les conséquences de nos actes, alors on est vraiment libre d’agir, qu’on soit vagabond … ou Shinobi.

- N’avoir aucun ordre à recevoir de personne, être libre d’aller où on veut, quand on veut et avec qui on veut. Assumer ses choix et toujours regarder vers l’avant, c’est aussi une forme de liberté. Et c’est celle que j’ai choisie. » Terminai-je sur un ton neutre, faisant tourner les dernières gouttes d’alcool présente dans mon verre.

Yusei se leva finalement, la démarche quelque peu hésitante dû à la boisson. Il arriva tout de même à me sortir un au revoir compréhensible et à souligner qu’on allait sans doute se revoir. Ce à quoi je répondis par un sourire et un haussement d’épaule, du genre « sans aucun doute ». Une salutation de la main et je le regardai partir, puis disparaitre à l’extérieur.
Piouf, bon ça aura été sympa quand même. Dommage qu’il eut été aussi fatigué que ça, et que l’alcool n’ait rien arrangé. Ça aurait pu … nan correction, ça n’aurait pas pu mieux se passer. J’espère simplement que la prochaine fois, on pourra discuter plus simplement et calmement que ce soir. Faudra certainement par contre que je me calme sur les questions personnelles et sentimentales de monsieur. De toute évidence il n’aime pas aborder le sujet. Dommage, j’aurais bien aimé en savoir plus sur cette jeune fille pour qui a battu son cœur, à l’époque. Pas pour connaitre les raisons de sa mort, mais plutôt pour en apprendre plus sur les goûts de Yusei en matière de demoiselle. Est-ce qu’au moins il les connait lui-même, ses goûts ? Ce n’est pas sûr du tout, ça …
Bref, il se fait tard, allons dormir nous aussi car demain sera encore une journée bien remplit !

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